L’érotisme littéraire effraie les auteurs débutants
Quel film ne comprend pas une scène érotique ? Une séquence où l’on nous montre ou suggère un couple hétéro ou homo faisant l’amour ? Quant aux films « chauds » interdits aux moins « de X années », on ne les compte plus. Si au cinéma tout est permis, il n’en est pas de même en littérature. L’auteur qui ose décrire des scènes érotiques dans un roman est souvent « lu d’un sale oeil » tel un pornographe. Car dans notre littérature judéo-chrétienne, les personnages d’un roman, tels les princes et les princesses des contes de fées, séduisent, se marient, font de beaux enfants, mais ne s’accouplent pas. Le mariage pour tous est légalisé, la gay pride s’est généralisée, le coming out est de bon ton, mais l’écriture érotique est toujours considérée comme une sous-littérature réservée aux lecteurs voyeurs animés par un curiosité malsaine. Faites l’expérience, entrez dans une librairie et cherchez les livres érotiques. Ils sont toujours cachés, dans le rayon de la honte. Exception faite pour la trilogie Cinquante nuances de Grey, qui a bénéficié d’un tapage publicitaire médiatique énorme. En revanche, bien en vue et en tête de gondole, vous trouverez des BD très violentes sans que cela ne choque personne… L’érotisme littéraire effraie les auteurs débutants. Il est vrai que c’est un sujet à traiter en pesant ses mots. Dans la plupart des manuscrits, les personnages fictifs sont sentimentaux mais n’ont aucune activité érotique, ou alors, laborieusement masquées sous des métaphores tirées par les cheveux. Pourtant, l’érotisme c’est la vie, au même titre que toute autre activité humaine. Entendons-nous, l’objet de cet article est bien l’érotisme en littérature et non la pornographie. Il y a une différence capitale entre les deux. L’érotisme n’a pas pour dessein d’exciter les lecteurs, mais de suggérer une félicité dans une relation amoureuse. Nous verrons dans un prochain article, que l’activité sexuelle n’est pas la seule manquante dans les textes, la bonne chère l’est aussi. Affaire à suivre…
Pour information culturelle sérieuse, on sait maintenant que Guillaume Apollinaire
fit imprimer certaines de ses œuvres sur du papier fabriqué à base de chiffons utilisés, appelé papier vergé.
Au regard de cette pratique, on comprend mieux l’idée de l’écrivain qui enfante une oeuvre!
Pfffffffff, on vit dans un monde de puritanisme hypocrite!
Inquisition américaine : Apple censure un livre, « Femme » de Bérénice Martin, parce que sa couverture comporte une jeune femme aux seins nus.
Je suis sans voix ! Je ne connaissais d’Apollinaire que ce qu’on nous enseigne à l’école. Tout ce que je peux vous dire c’est que je comprends votre désarroi ! Dorénavant, j’attendrai au tournant le prochain qui me parlera d’Apollinaire.
(Merci tout de même pour ce morceau de culture…)
La difficulté n’est peut-être pas d’écrire des textes purement érotiques mais d’intégrer une dose d’érotisme dans une histoire pour faire de ses personnages des êtres vrais et crédibles. Les auteurs germaniques et nordiques intègrent davantage cet aspect de la vie dans leurs romans, et cela ne choque pas. Une question de culture.
N’est pas Pierre Louÿs (l’auteur des Chansons de Bilitis) qui veut
Je n’ai pas rencontré Gérard quand je suis allée au Négresco! (pour un congrès)
il s’agit d’un barman du Negresco: « avec sa dextérité habituelle, Gerad manipule délicatement la bouteille tout en fixant Juliette, frottant la paume de sa main, de
haut en bas contre la bouteille, le regard pétillant, le regard assoiffé, le majeur terminant son chemin très doucement dans l’ouverture de la bouteille, dans un va et vient pénétrant, et il reprend. Le va et vient s’accélère, la main se referme, leurs regards fusionnent de la même pensée, la cadence suit, frénétique. Juliette frémit, tressaille de plaisir….. CA LE FAIT ???
Quelques fois je m’y essaye. Mais comme dit Pascal, il faut peser ses mots. C’est souvent un échec, je mets tout à la poubelle. Alors je me suis dis » Il faudrait que je lise Les onze mille verges. C’est de Guillaume Appolinaire, ça doit être joli… »
Je l’ai lu la semaine dernière…Suivez le lien,où vous pourrez à votre tour lire le livre. Vous comprendrez mon désarroi!
http://www.arlindo-correia.com/les_onze_mille_verges.html
Ah la beauté des gorges du Verdon!