L’anecdote ‟ je m’entends dire…″

Ms aux conséquences malheureuses mais sans caractère irréparable

La série anecdotes prend fin aujourd’hui.
Pour conclure, je vous invite à trouver des réminiscences d’expressions familiales.

Que quoi s’agit-il ?
Ce sont les expressions toutes faites, dites naturellement par nos parents et grands-parents.
Des paroles que nous nous surprenons à prononcer parfois, tels des échos lointains. Lors d’un fou rire, un étonnement, une anxiété, une colère, une joie, une impatience, une peur, une tristesse, etc.
Subitement, je m’entends dire la même chose que l’un de mes aïeux ou aïeules. L’écho de leur voix me revient aussitôt, je me m’entends dire…

Procédez en 2 étapes :
1 – Pensez aux membres de votre famille.
2 – Entendez leurs dires au quotidien, ces expressions imagées résonnant encore.

Quelques réminiscences d’expressions familiales.

Pendant notre enfance, des phrases imagées ou étonnantes dites par nos aïeux s’incrustent dans notre mémoire. J’entends encore mon père dire qu’untel, pas très vaillant : « a un poil dans la main », ma grand-mère exprimer sa racine en disant  » Je lui garde un chien de ma chienne « , ou au sujet de la météo : « ciel qui caillette, signe de flotte ! »

Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com

48 réponses

  1. Scant dit :

    Com’è dura la vita
    Je me souviens de cette phrase de mon père, certains soirs de découragement, lorsque revenant du travail, n’en pouvant plus de fatigue, il devait affronter les chamailleries des uns et des autres dans notre famille, les cris de notre mère, l’annonce d’un nouveau drame.
    La fugue de l’un, la maladie d’un autre, l’accident d’un troisième ou son renvoi de l’école pour indiscipline.
    Déjà que sur son chantier, le patron lui avait annoncé que le mois suivant, il n’y aurait pas de travail pour lui.
    Com’è dura la vita
    La somme incalculable de tracas et de difficultés qu’il avait à affronter pour joindre les deux bouts et assurer la subsistance de ses neuf enfants, et leur scolarité, en priant Dieu qu’ils ne se fassent pas renvoyer.
    Cela le préoccupait beaucoup cette question de l’école.que nous puissions continuer à étudier, à avoir la moyenne, passer le Brevet, au moins, peut être aller jusqu’au Bac, pour essayer d’avoir une situation moins dure que la sienne. Pour « s’en sortir », sortir de la misère… Parce que c’est dur de vivre disait il, « ricorda te, com’è dura la vita »…
    – alors, vous qui avez la chance d’étudier, et d’avoir une Bourse de l’Etat, ne perdez cette chance. Accrochez vous ! Car si vous êtes renvoyés, on « vous coupera la bourse » et nous perdrons une partie des Allocations Familiales.
    Je le revois assis sur le banc de la cuisine, après avoir morigéné celui-ci ou celle là, donné quelques coups de ceinture au plus récalcitrant, ordonné à notre mère d’arrêter ses « criailleries »… reprenant haleine et réprimant peut être une larme d’impuissance devant cette défaite.
    Com’è dura la vita »… il me semble l’avoir entendu plusieurs fois, cette petite phrase d’un homme usé par le travail et les difficultés à faire vivre sa famille.
    Ou peut être ne l’a-t-il prononcé qu’une fois, mais c’est à cela que je pensais quand je le voyais ainsi abattu, ou que je l’apercevais assis dans l’herbe au bout du champ qui dominait la vallée de l’Isle, le regard perdu, nostalgique peut être d’un autre destin que celui qu’il vivait.
    Cet homme qui avait été jeune lui aussi, un jeune adolescent qui avait sans doute rêvé d’une autre vie, lorsqu’il avait quitté l’Italie dans les années trente, l’Italie de la pauvreté et du fascisme naissant, jusque dans les campagnes…
    Jeune et rêvant peut être de conquérir le monde, de rencontres amoureuses et de se faire, au moins, une petite place en plein soleil.
    Un jeune homme déjà, heureux d’avoir réussi à passer la frontière et d’avoir pu trouver un travail sur les chantiers de Marseille, malgré les rebuffades de quelques jaloux qui le traitaient, lui et ses camarades, de sale immigré… (« macaroni » viendra plus tard…)
    Encore jeune et heureux d’avoir pu rencontrer Maria, une Italienne comme lui, qui lui faisait à manger et qui deviendra sa femme après sa première grossesse. Cinq autres enfants viendront plus tard, avant la guerre… une famille Italienne…
    Et puis il y a eu l’occupation allemande, la perte de son travail en région parisienne, les bombardements, l’exode et de nouveau les privations, l’incertitude, la misère.
    Com’è dura la vita…
    Mais avec notre mère, Maria, qui ne ménageait pas ses peines pour élever ses « petits », ils ont résisté, ils ont tenu bon… et il s’est débrouillé tant bien que mal pour joindre les deux bouts et nourrir sa famille, construire une maison…
    Trois autres enfants sont encore venus au monde, et malgré d’autres difficultés, la mort de l’un des garçons, le fils ainé, la dépression ou la maladie d’un autre, il a tenu bon… il reprenait sa mobylette chaque matin et repartait sur un chantier…

    Il me semble pourtant qu’à la fin de sa vie, juste avant sa retraite, il semblait s’être apaisé et qu’un sourire renaissait sur son visage lorsqu’il regardait par la baie vitrée de notre nouvelle maison, dans le Midi, la silhouette perchée du village d’Auribeau qui ressemblait tant aux villages de son enfance

    Nous aurions tous souhaité que cet apaisement du travail accompli, cette réconciliation avec lui-même puisse se prolonger encore quelques années…
    Un chauffard ivre en a interrompu le cours alors qu’il rentrait du travail, sur sa mobylette.

    Com’è dura la vita

  2. So dit :

    Mamie, la série anecdotes prend fin…

    Et pas peut-être ?!!!!!
    Et beh putain, c’est con quand même.
    On l’aimait bien, dans notre cambrouse, cette petite escapade au fin fond de nos mémoires de pitchouns.
    Bouh du con oui !

  3. Françoise - Gare du Nord dit :

    De la Provence à la Charente, de la Sarthe à la Savoie, de l’Auvergne au Portugal, que des textes savoureux au langage imaginatif. Merci à Pascal de nous offrir ces occasions de nous souvenir et de communiquer. j’espère que les anecdotes du mercredi continueront

  4. RENATA dit :

    Merci Pascal ,de nous y faire travailler notre mémoire et y raviver de beaux souvenirs , chez nous on y dit , on y fait , on y écrit comme ça . Halte là halte la halte là les savoyards sont là .
    Je ne vais pas faire des gognes , et je me lance à partager avec vous quelques expressions du cru
    J’ai décidé de le faire tantôt , car ce matin , y’avait la panosse à faire , et le caïon à m’occuper si je ne voulais pas prendre une avoinée .
    Après ça j’étais toute mâchurée et j’ai du me débarbouiller avant d’enfiler mes grolles car ici on a meilleur temps d’y aller à pied , et de prendre du souci .
    Mais attention , après avoir bu la chèvre ne tombez pas dans la peuf et en voiture méfiez-vous des virolets pour ne pas débarouler dans le fossé , il ne faudra pas venir niouler si vous croisez le Dahu
    Arvi pâ

  5. Dominique CASTAGLIOLO dit :

    Après une longue absence, voici mon histoire. Histoire vraie, racontée par ma grand-mère.

    – Oh vé les filles, y a la Provence qui arrive.
    Pitchoune, tu la connais la Provence toi ? Oh fan ! Tu sais pas ce que tu rates, viens que je t’explique.
    La Provence, c’est Marcelle, la commère du quartier. Si tu lui poses une question, tu ne t’en sors plus et en plus il faut que tu suives parce que la Marcelle quand elle embraye, elle passe de la seconde à la quatrième ! Tiens vé, tu vas vite comprendre. Aujourd’hui tu vas t’occuper d’elle…
    Hein les filles, un petit de repos nous fera du bien. Allez chut, elle va rentrer. Mais c’est qu’elle a encore grossi la Marcelle ? Eh vouais, elle est bien enflée, normal elle bouffe bien la Marcelle, elle dit qu’elle fait le régime ! Peuchère, à son âge elle devrait arrêter, c’est foutu !
    Bon courage pichoune !

    La pitchoune, c’est la nouvelle apprentie. Elle arrive de Paris où elle est née avec cette envie dans le cœur d’appartenir à la grande famille du Sud. Elle est bon chic, bon genre ce qui n’échappe pas à la clientèle. Lorsqu’enfin elle accueille sa cliente, celle-ci ne manque de le lui faire remarquer.

    – Ca se voit que t’es nouvelle toi, petite, d’habitude on me fait pas autant de courbettes… Et tu viens d’où, t’as pas l’accent ? … Oh fan, une Parisienne dans le quartier, t’as pas fini d’en entendre ma belle … Vouais je m’installe… Vouais je fais comme d’habitude… Tu me mets les bigoudis et tu me crêpes bien, que la coiffure elle tienne, demain je vais au mariage de Zé.

    – De Zé, s’étonne la patronne du salon de coiffure.

    – Vouais Zé, il marie la petite Mimi, tu sais celle du 13éme … il lui arrive une tuile à la Mimi… elle a fait un minot avec le dealer de la Castellane, celui ké passé dans le journal y a un mois… eh voui le jeune qu’on a retrouvé à la décharge avec des trous partout… voui lui… c’est pour ça qu’il est passé dans le journal et depuis qu’il est passé dans la Provence eh ben le minot il a plus de père … alors le paternel de la petite Mimi il avait la colère … je te raconte pas ce qu’elle a pris la minotte … heureusement que Zé il lui a enlevé des mains, parce que le minot il aurait eu une mère estropiée, peuchère… alors quand Zé il a sauvé la petite, le père de la petite il a pensé que Zé, il avait le béguin pour sa petite … enfin c’est ce qu’il veut faire croire parce que moi je mets ma main à couper qu’il voulait pas d’un bâtard …. Il est trop catholique, peuchère… il sait pas que maintenant avant de se marier les jeunes y couchent… sa petite elle a bien compris, elle… tu lui dis assied toi, elle se couche…. Et voilà comment les petits pieds arrivent et comment tu maries ta fille avec le premier venu, eh vouais…. Enfin elle pourra dire à son minot qu’en premier, il a eu un père célèbre… pardi il est passé dans le journal… c’est pas mon Dédé qui serait passé dans le journal peuchère … les marins quand ils se noient à cause de la tempête eh ben on s’en fout …, on écrit quatre lignes dans le journal et pour les lire tu dois mettre les lunettes sinon tintin, tu vois rien hein… mais ah ah quand un dealer il se prend une rafale, là, t’as droit à tous les détails…. Ah pauvre Dédé… Non, on l’a jamais retrouvé…. Remarque tant mieux, il faudrait pas que je rembourse la prime d’assurance…. après comment je fais moi pour venir au coiffeur…. Il avait qu’à pas faire le marin… Enfin que Dieu ait son âme peuchère …

    En tout cas j’suis contente pour Zé … avec sa tête de merlan frit il a trouvé fille à marier … c’est qu’elle est belle la petite Mimi, une poupée … mais aie aie aie elle est coureuse…. Tiens vé, viens que je te fais rire un peu… de merlan frit il va passer au grade d’encornet le Zé !!!! Sacré minot vaille !
    Allez fille, crêpe-moi le chignon va, j’ai les courses à faire…

    Gregoriane.

  6. Avoires dit :

    En voiture Simone ; c’est parti mon Kiki !
    C’était des expressions paternelles.
    Celles qui m’ont marquée, sont celles entendues pendant mes vacances d’été en Charente, à Cognac, chez mes grands-mères Henriette et Blanche.
    Si on déposait les galoches devant la souillarde pour ne pas salir l’intérieur de la maison, si on mettait des patins sous les chaussures pour ne pas abîmer le parquet, si on mangeait des boucs, les petites crevettes grises, si bonnes à croquer, on parlait un peu le Charentais, popularisé par Goulenenèze.
    Ce ne sont pas des expressions mais plutôt des mots qui émaillaient la conversation et le vocabulaire de tous les jours. Moi qui venais d’une autre région , moi qui n’avais pas d’accent, j’entendais tous ces mots nouveaux et les traduisais sans difficulté même si je n’avais que 6 ou 7 ans à l’époque, dans les années cinquante….
    La goule, pour dire la figure
    Vatou ? O va ( ça va ? Oui, ça va)
    O buffe aujourd’hui, disait-on les jours de grand vent
    Les drôles et les drôlesses revenaient sans arrêt dans les conversations : pensez donc, les enfants !
    Ma tante embauchait à 8h et débauchait à 17
    Les cagouilles sortaient quand o mouillait
    Ma grand-mère Blanche m’emmenait à la frairie, sur son Solex.
    Et elle faisait chabrot, la Blanche alors que ma mamy Henriette, elle ne tombait pas dans ces coutumes -là.
    Et lorsque je rentrais de ces vacances charentaises que j’adorais tant elle étaient dépaysantes à tous les sens du mot, je retrouvais la Provence et la Méditerranée . Et là, c’était plutôt des troun de l’air et des estampeous qui parsemaient les conversations. J’adorais aussi, o pauvre , avec le son o bien ouvert, expression que j’emploie toujours personnellement, avé l’assent.

  7. camomille dit :

    Ah ! Les expressions familières….. de Provence !
    Elles ont baigné mon enfance tout naturellement mais je me rends compte que je ne les entends plus ou presque plus, et pire, oserais-je les utiliser en compagnie de mes amis « estrangers » ?
    Je me rends compte que non…. les pauvres ! Ils ne pourraient pas comprendre !
    Me voyez-vous en train de dire à Éliane :
    – ça se voit que t’es pas d’ici, « tu parles pointu »,
    et à Anne-Laure:
    – hier, je me suis « estrassé » de rire quand Jules m’a raconté….
    et à Patrice :
    – « couillon de la lune va ! » ! Ah oui…. ça je le lui ai dit dernièrement il est vrai !
    et à Adeline :
    – t’as remarqué Georges ? C’est une vraie « arrapède »?
    et à Justine:
    – Hier, j’ai fait une belle « cagade » en m’achetant ce produit miracle….
    Et j’en passe.
    Allez « zou, Boulégan », c’est pas la peine de pleurnicher sur le passé ni de faire la « bazarette » sur ce sujet… sinon ça va me donner « le bàti bàti ».

  8. Pascal Perrat dit :

    Vos participations sont si attrayantes et séduisantes que je vais chercher une nouvelle idée d’anecdote. À bientôt.

  9. Souris verte dit :

    🐀

    VISITE EN SARTHE
    Heula ! Mais ça f’sant comben d’temps qu’on v’za pos vus à c’t’heure ?
    – ben un an ! Le p’tit l’a forci d’puis.
    – ben si vous descendez, montez don
    – ah c’dimanche ? Avec la nouvelle auto ? Comben don qu’ça coûtant c’t’engin ? Ben mon yeux ! Faut dire que l’dernier voyage j’avais été tellement berrrdancée qu’ ça m’avait caillé su l’jabot ! Après j’étions ben achâlée.
    Bon alors ? Vous s’rez comben ? Trré ? Avec l’Angèle et gosse ? Meu non ça m’gênant point, je r’mettrons un œuf et pi c’est tout et pi c’est point tout ça mais vous r’partez quand ?

    – Point avare la Marie mais économe qu’elle les ficelle pas avec des saucisses c’est moi qui te l’dis l’Angèle, on f’ra comme d’habitude, on mangera un bout avant d’partir 🐀

  10. pakitapom dit :

    Adieu, les beaux mercredis

    -« Et ben voilà, c’est fini, les escapades anecdotiques des mercredis confinés…
    C’est dommage parce que moi , franchement , j’en aurai bien repris encore un peu !

    – Bah ! De toute façon, t’as toujours eu plus grands yeux que grand ventre !

    – Peut être, mais tu vois, ça me plaisait bien à moi, de me régaler de toutes ces propositions savoureuses . Dès que j’y ai eu goûté, la toute première fois, en aparté, sur des exercices passés, j’ai eu envie d’y revenir et puis, tu sais ce que c’est , comme on dit souvent : l’appétit vient en mangeant ! Y a pas de mal à se faire du bien .et comme disait la grand mère : « On a toujours dit un bon gros mais jamais un bon maigre »  Alors moi, cette gourmandise là, tu vois, elle ne me dérangeait pas. Au contraire, j’aurais pas hésité à en redemander

    – Ah ah ah ! Ben, comme disait parrain : « si t’as encore faim , mange ta main et garde l’autre pour demain »

    – Très drôle.,. Merci du conseil, je ne suis pas vraiment sûr que ça va me calmer mais si besoin est, je vais commencer par la gauche, des fois que le Pascal y changerait d’idée .Comme ça, demain, si le vent a tourné, j’aurais encore la droite pour continuer de m’amuser à écrire

    –  Parce que ça t’amuse toi d’écrire ! Mon pauvre, t’es indécrottable, bête à manger du foin ,

    – Gaffe a ce que tu dis : c’est celui qui dit qui y est !

    – Mon pauvre vieux, t’as tout faux si tu crois que la vie c’est une partie de plaisir …

    – J’espère bien, parce qu’entre nous, si, même sur de propositions d’écriture, on devait se prendre le chou, cela n’aurait plus de charme du tout. Tu vois, moi, ce qui m’éclate justement dans ses propositions, là où je me fends la rate , c’est leur côté inattendu, le genre : je pars dans tous les sens, je fais appel à mes sens, je vous titille les neurones. Alors là, tu vois, moi je vibre, j’exulte. Mais bon, y a pas de fumée sans feu Faut croire que c’est pas le cas de tout le monde et, au final, tant va la cruche à l’eau qu’à la fin , elle se casse

    – Tu veux dire que ton Pascal il en a eu ras le bocal de vous distiller ses super propositions de façon bi-hebdomadaire et qu’il a préféré jouer la fille de l’air ?

    – Stop là, on se calme. J’ai rien dit de pareil. Avec tes sous entendus , on va avoir des histoires avec sa femme . Parole de fermière reconvertie, on fait pas d’omelette sans casser des œufs . Alors coolos l’ami c’est son droit après tout au Pygmalion et puis il est peut être un peu à cours de munitions…va savoir ; il a peut etre plus rien en rayon … mais bon , connaissant e bonhome, ca m’étonnerait . »

    Comme je continue d’écrire et que cela énerve mon frère, il me balance un brin railleur
    – «  Tu te rappelles quand tante Jeanne disait , et si les cloches de St Jean sonnaient ? », nous menaçant des pires représailles par exemple rester a vie figés en train de se gratter le nez ..
    Imagine, elles se mettent à sonner, là, maintenant… et toi , tu devras passer ta vie à écrire !

    – entre nous, y a pire ! »

    Merci Monsieur Perrat pour tous ces divertissants mercredis en période de pénurie , ces ateliers plein d’allant en temps de confinement et si jamais vous changez d’avis, soyez sûr que nous en serions ravis

  11. Grumpy dit :

    Enfants nous passions nos grandes vacances à la montagne en Haute-Provence, tradition que nous perpétuons encore, c’est là que se retrouve chaque été notre fratrie.

    Nous nous souvenons tous de ce vieux paysan acariâtre qui à la retraite avait l’habitude de se reposer assis sur un banc à l’ombre des saules. plutôt qu’une canne, il gardait à son côté la fourche de bois qu’il avait utilisée fort longtemps pour faner le foin.

    Il n’avait pas eu d’enfants et ne les supportait pas. Le sachant, nous faisions un écart quand notre chemin nous amenait à passer devant son banc. Prompt à filer un coup de fourche dans les reins des enfants, nos parents le sachant ne disaient rien : ne pas faire d’histoires.

    Les villageois le surnommaient « le tavan » (le taon)
    Les plus mauvais jours on recevait en supplément ses invectives en patois :

    « garcé té un puòu d’aqui pitchoun merdous »

    « te garcé oun bindèouè qué la muraille t’en rendès oun aoutro »

    Autrement dit :

    – foutez-le camp d’ici petits merdeux
    – je vais te coller une baffe si forte que le mur t’en rendra une autre

    Autant dire que l’on faisait notre possible pour l’éviter et qu’aussitôt hors de portée, on le provoquait.

    Et le cadran solaire était là pour nous conseiller de ne pas traîner :

    « Faï toun camìn, badaou, qué l’aouro passa »
    – Fais ton chemin badaud, que l’heure passe.

    • Fanny Dumond dit :

      Curieusement, chaque village a son fada, son vieux ou sa vieille acariâtre qui n’aime pas les enfants. Votre histoire me rappelle Bébert le facteur, lorsque nous étions chez ma grand-mère. Outre cette fonction, il était l’homme à tout faire… de la Claire, vieille-fille, tenancière du bistrot-épicerie et qui ressemblait à une sorcière aux doigts crochus. Lorsque nous devions faire une petite course, nous avions la frousse d’entrer dans son antre sans fenêtre où toutes les odeurs se mélangeaient. Lui, passait ses après-midi à garder ses moutons et criait en patois sur son chien pour qu’il dirige le troupeau. Et nos parents nous disaient de ne pas l’approcher quand il rentrait le soir, appuyé sur son bâton avec quelques litrons vides qui dépassaient de sa besace, car c’est son chien qui ramenait tout ce petit monde au bercail. Merci à vous pour ce beau moment de réminiscences.

      • Grumpy dit :

        Décidément nous avons presque eu le même facteur. Le nôtre était gentil, s’appelait René et faisait sa tournée de distribution sur une moto qui devait dater de la guerre de 14. Il finissait minable et en zig zag chacun lui proposant la goutte. Fonctionnaire très consciencieux : lorsque un timbre n’avait pas ėté oblitėrė, il sortait son stylo et faisait une grosse croix dessus… l’enfance de nos jours n’a pas le privilège de nos jolies histoires. Merci.

      • Françoise -Gare du Nord dit :

        Fanny et Grumpy. Il n’y a pas que les petits villages qui ont leur fada ou leurs êtres excentriques, originaux et acariâtres.
        J’ai grandi dans une cité pavillonnaire de la banlieue d’Agen. Il y avait un monsieur, vieil original, taiseux et sauvage qui ne communiquait avec personne.
        Un matin, nous avons découvert une croix gammée dessinée sur le mur de sa maison. J’étais enfant et je n’ai jamais su pourquoi. Ce dont je me souviens c’est que personne n’en parlait. C’était en 1965-1966

  12. Antonio dit :

    Je n’ai pas souvenir d’expressions familiales du fait de mes origines portugaises.
    Plus des fautes de langage provincial qui vous marquent au fer rouge à la capitale, comme « j’y fais, j’y dis » au lieu de « je le fais, je le dis ».
    J’ai dû mettre deux ans à m’en débarrasser, alors que ma soeur « instit » en Auvergne continue de l’utiliser.

    Je pourrais vous parler des mots et expressions « frantugais » qui parfois me revenaient à l’esprit, adolescent, avant de les corriger à chaque fois.
    Par exemple : « passe-moi la zète ! » qui veut dire « passe-moi l’huile d’olive », « azeite » étant le mot en portugais que je ne connaissais qu’en phonétique d’où mon cerveau qui l’écrivait en deux mots « La zète ».
    Pour de vrai, enfant, je n’ai jamais su qu’on disait huile d’olive, car je n’utilisais le mot qu’à la maison.
    On avez des phrases en phonétiques toutes faites qu’on récitait comme on priait le soir avec « Notre père » ou « je vous salue Marie » en portugais.
    Il y avait (phonétiquement donc) : « Da léceinse saillir da meza » qui voulait dire « Puis-je sortir de table », qu’on répétait en geignant, pour pouvoir aller jouer avec les copains.
    Et plein d’autres comme ça. Parfois ces récitations me revenaient comme des chansons en anglais qu’on connaît par coeur sans en comprendre la moindre subtilité lexicale.
    Adulte, j’ai appris à comprendre le portugais, mais pas écrit, ce qui a généré quelques surprises comme cette fois où, avec des amis, l’un d’eux m’a demandé ce que signifiait « Verao » écrit sur une affiche.
    J’avais beau répéter le mot dans ma tête, avec tous les accents, rien ne venait. Quand un Portugais m’a fait comprendre qu’il s’agissait du mot « été », j’étais stupéfait.
    Dans le nord, on prononçait « Braon », persuadé que cela s’écrivait avec un B.
    Bien plus tard, un chauffeur de taxi, aussi prolixe et drôle que Benigni, me racontait des blagues sur le chemin entre l’aéroport et le centre-ville, roulant à cent à l’heure dans les rues de San Francisco lisboètes, notamment celle-ci :
    « Savez-vous pourquoi les gens du Nord prononcent les V en B ? »
    Non, mais sûr que je voulais savoir.
    « C’est parce que depuis qu’ils ont été battus au foot (entre nord et sud, Porto et Benfica, c’est la guerre), le V de la victoire s’est recourbé » me dit-il, hilare, tout en illustrant ses propos avec ses deux doigts.

    Avoir une double culture est une richesse, mais aussi une souffrance car c’est bien dans les familles et ses lectures qu’on enrichit son vocabulaire. J’avais ni l’un ni l’autre. J’ai longtemps été complexé, plus tard, par la pauvreté de mon vocabulaire qui depuis, je vous rassure, a fructifié sur un compte épargne qu’on appelle le dictionnaire.

    • Antonio dit :

      Oups…Pardonnez les fautes.. les « on avez  » et autres, je viens seulement de relire :/

      • Fanny Dumond dit :

        C’est bien vrais que les Auvergnats ils y collent des « Y » partout ! Je sais pas si c’est spécifique à l’Auvergne, mais ils disent : ils croivent que, il faut que je voye. J’aime beaucoup votre expression : un compte épargne qu’on appelle le dictionnaire et aussi, à mon avis, beaucoup de lectures !

    • RENATA dit :

      Y’a pas que les auvergnats !!! croyez moi !

    • Françoise - Gare du Nord dit :

      Antonio, vous évoquez cette double culture source de richesses et de souffrance. Je ne pensais pas que cela puisse être cause de peine. Est-ce parce que l’une des deux est très souvent uniquement orale, comme c’est le cas de la langue de parents immigrés

  13. Anne Lonjaret dit :

    « Si les petits cochons ne te mangent pas en chemin, on pourra faire quelque-chose de toi ».
    « Il doit y avoir du chichon dans le placard de la cuisine ». non, non, pas de drogues,….

    • Antonio dit :

      J’aime bien 🙂

    • pakitapom dit :

      merci je l’avais oubliée ! c’était ma grand mere qui l’utilisait. merci vraiment

    • Françoise - Gare du Nord dit :

      Anne, votre phrase « « Si les petits cochons ne te mangent pas en chemin, on pourra faire quelque-chose de toi ».me fait penser à une altercation à laquelle j’ai assisté entre une dame et un monsieur arabe. La femme avait dû se monter familière peut-être même impolie car le conducteur lui a dit « On n’a pas gardé les moutons ensemble ». En effet, certains musulmans sont très réticents à prononcer le mot « cochon »

      • Anne Lonjaret dit :

        Merci Françoise. Oui, il y a les particularités culturelles de nos animaux. Et qu’aurait on fait avec une vache en Inde ?

  14. Fanny Dumond dit :

    Ma grand-mère paternelle, très croyante, alsacienne, née en 1906, avait été instruite en langue allemande. Aussi, écorchait-elle bon nombre de mots avec son accent inimitable.

    Un dimanche matin, alors que nous étions prêtes pour nous rendre à la messe, elle me donna une pièce de 5 francs pour la déposer dans la corbeille de monsieur le curé. Puis, elle alla chercher une enveloppe dans laquelle elle mit plusieurs billets et la déposa dans son sac à main noir en me disant : « c’est pour payer le dernier du cul ». J’étais toute gamine et ne fis pas très attention à ses paroles, car les enfants ne comprennent pas toujours le langage codé des grandes personnes, n’est-ce pas ? Passant devant une boîte aux lettres, je lui rappelais qu’elle devait poster son enveloppe et elle de me redire : « c’est pour payer le dernier du cul ». Mon esprit curieux vagabonda durant toute la messe. Je savais qu’il était interdit de dire des gros mots et je me demandais bien qui pouvait être ce dernier et s’il existait un classement pour les cuculs ? Lorsque la sébile passa sous le nez de ma grand-mère, elle y déposa un billet ainsi que la si fameuse enveloppe et moi, dubitative, mon petit sou. Elle donnait de l’argent pour des postérieurs classés derniers, en plus ! Sur le chemin du retour je lui demandais des explications et elle me répondit que c’était pour payer monsieur le curé qui n’était pas riche. C’est sûr, me dis-je, qu’avec les quelques piécettes qui se trouvaient dans la corbeille, il ne doit pas tous les jours manger à sa faim, le pauvre homme ! Mais n’empêche que je ne savais toujours pas pourquoi elle le traitait de cette façon, alors qu’elle allait tous les jours à l’église et souvent dans le sinistre placard dans lequel on doit déballer nos péchés. Et je me demandais si elle lui avait confessé celui-ci !

    Un grand merci à vous, Pascal de nous avoir divertis durant ces longs mois et de nous avoir permis de faire plus ample connaissance avec les imaginatifs.tives. Fanny

    • Antonio dit :

      J’adore, les expressions des anciens comme celle-ci, pleines de malices. Un pote à moi qui venait du Cantal en avait plein des ses aieuls, en toutes circonstances. Il disait « Je perds des tuiles » après s’être écroulé, soul, lors d’une fête. L’image était tellement parlante. Merci Fanny pour cette belle « dernière » anecdote.

      • Fanny Dumond dit :

        C’est vrai que l’on pourrait y trouver malice si on pousse le bouchon un peu plus loin 😉 Mais elle n’y voyait rien de choquant, vu qu’elle était un peu comme vous à naviguer entre deux langues. Pour l’instant, je me souviens que de cette déformation de langage, mais elle en avait plein d’autres tout aussi cocasses. A cette époque, je ne sais pas si cela se fait encore, les fidèles payaient le « denier du culte ». Je pense que c’est un peu hors sujet, mais rien d’autre ne m’est venu pour cette « dernière ». Pourtant nous en prononçons à longueur de journée des expressions familiales qui nous sont restées. Tiens une me vient à l’esprit à l’instant. Quand je m’ennuyais ma mère me disait : prends un marteau et tape-toi sur les doigts. Mais là je ne sais pas du tout d’où elle sortait ça ! Je vais faire des recherches.

    • RENATA dit :

      Ma grand-mère d’origine italienne déformait beaucoup de mots et nous riions beaucoup et lui faisions répéter pour nous amuser
      Ce sont de très beaux souvenirs que vous me réveillez

      • Fanny Dumond dit :

        Je suis ravie d’avoir éveillé vos souvenirs Renata. C’est vrai qu’elles étaient rigolotes nos grands-mères !

    • Françoise - Gare du Nord dit :

      J’aime beaucoup votre histoire Fanny très drôle au départ et racontée de façon savoureuse. Combien d’incompréhensions, de disputes ou même de ruptures pour des mots mal prononcés à cause d’un accent ou d’un appareil dentaire. Un jour, je me suis fait enguirlander car je disais « Tonton » et en face on avait compris « Concon »

      • Fanny Dumond dit :

        Bonjour, Françoise. Je suis ravie que cette petite anecdote vous ait plu. Là vous me rappelez, qu’une fois dans la cour de mon immeuble, un garçon dit : ça me casse les c… J’étais bien loin d’être déniaisée, mais je compris le sens de ses paroles. Un jour, je répétais cette phrase à la maison lorsque je n’arrivais pas à faire je ne sais plus quoi. Je ne vous dis pas l’avoinée que je me suis prise ! Et bien évidemment, je suis restée sur mes interrogations car, à cette époque, on n’expliquait rien aux enfants (chez moi, tout du moins) et en l’occurrence c’était un sujet plus que tabou.

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