Ici vous ne trouverez pas le dernier Houellebecq

valerie-michel-ericHier, flânant devant la vitrine d’une librairie de quartier, une phrase écrite à la craie sur une ardoise m’a hérissé : « Ici vous ne trouverez pas le dernier Houellebecq »

J’ai fait part de ma désapprobation à des amis, la plupart trouve que le libraire a le droit d’agir ainsi, moi pas; ce type d’excommunication me crispe.

Est-ce aux libraires, qui se lamentent sur l’avenir de leur métier, de décider si nous pouvons lire tel livre ou pas ? De ne proposer que des ouvrages avec lesquels ils sont d’accords ?

Sont-ils des personnes faisant commerce des livres ou des censeurs ?
Des bien pensants chargés de prôner la lecture unique ?

Un libraire peut-il, comme dans les pays totalitaires, censurer un ouvrage que la pensée dominante ne cautionne pas ?
Sans même l’avoir lu. Je l’ai vérifié.

Imaginons, dans Le meilleur des mondes… des marchands de meubles qui ne vendraient que des lits à une place, estimant qu’il est plus sain de dormir seul, qui ne proposeraient que des table rectangulaires parce que les rondes, on peut les faire tourner…, aucun siège, parce qu’on doit s’asseoir en tailleur, etc. Des écoles où on apprendrait que ce qu’il est bon de savoir, pas plus. (C’est souvent le cas)

Permettez-moi d’insister : chacun est libre d’acheter et de lire ce qu’il veut, puis de juger par lui-même.  

Je signale ici le cas Houellebecq mais ce fut la même chose pour Valérie Trierweiler et Eric Zemmour. Et ce sera sûrement pareil pour L’erreur de calcul de Régis Debray, encore un livre qui dérange.
Ces libraires inquisiteurs donnent envie d’acheter en toute liberté sur Amazon. Navrant.

Le meilleur des mondes, Aldous Huxley, 1932, livre interdit en Irlande, aux Etats-Unis et en Inde pour des raisons religieuses ou atteintes aux bonnes moeurs de l’époque. Comme Les Misérables de Victor Hugo, censuré en son temps.

33 réponses

  1. l.buisson dit :

    je regrette mais on passe notre temps à avoir peur du politiquement correct ou l’inverse, peur d’être islamophobe aussi, peur de passer pour un front national quand on ne supporte plus certaines incivilités, peur de n’avoir pas assez clairement dit pour la énième fois bonjour à un vendeur de la Fnac alors qu’on s’adressait poliment malgré tout, ….etc… mais MERDE….le libraire est chez lui quand même et il dit ce qu’il pense et même l’écrit. il a des c…LUI !. d’ailleurs ça peut constituer une entrée en matière pour discuter…. on est tombé bien bas…ainsi en France on a tellement peur de toute critique qu’on en devient des monstres de lâcheté.

  2. Perrat Pascal dit :

    Isabelle, son style, il arrache.
    C’est du lourd, du percutant, elle trempe sa plume dans le dérangeant.

  3. Isabelle h. dit :

    Merci. Humblement merci…

  4. Isabelle h. dit :

    Ahhhhhh!!! Houellebecq…hum parfum de scandale…j adore…et toujours ce saupoudrage de polémique qui l accompagne comme le Wizards dans des toilettes publiques. Bien bel exemple de liberté de penser que la pancarte de ce libraire éclaire qui n a de libraire que le nom. Domage que Houellebecq ne soit pas juif ça nous aurait rappele des souvenirs d « interdit » sur les vitrines. J adore houellebecq ce démiurge poil à gratter qui fait si bien son office, taxé de tous les noms d oiseaux particulièrement par ceux qui ne le lisent pas. Chacun est libre d aimer ou non d ailleurs. Toujours est il qu il agite les neurones, qu il ose braver le politiquement correct et le bien penser très a la mode en ce moment. Ah oui ça agace le libre arbitre, ça ponce nos épidermes enduits d émollients doucereux … Le fameux libraire ne doit pas proposer non plus du Murray, du Cioran, du Celine allez soyons larges…mais sûrement des piles de Trierweiler pour caresser la bourge emperlousee, Vuitton au bras, bouledogue français en laisse, qui vient de s engouffrer dans la boutique terrorisée par le sdf qui fait la manche devant la porte. Ah oui le monde de houellebec est degeulasse,plein de veulerie, de bassesses , de noirceur, d oracles monstrueux. Vieille Antigone édentée, alcoolique, ennemie publique a qui on casserait bien le râtelier restant, mais voilà Monsieur, il a du talent, un p… de talent comme on n en croise pas souvent. Avez vous lu sa poésie seulement? J irais cracher sur vos livres Monsieur’..
    Avant que d afficher ces convictions iniques, il faudrait voir à dépoussiérer votre métier Monsieur, sûrement en changer d ailleurs.
    Voilà pourquoi j aime cet auteur entre autres, parle qu il a ce don de faire trébucher les médiocres dans leurs propres ornières, et fiers encore d afficher leur stupidité en pleine lumière . Lisez « soumission ». Il y dépeint avec brillo notre société ou l on donne à bouffer du pâte pour chiens au peuple en attendant de lui qu il se régale du festin. Si l on s arrête a la dimension politique premier degré c est que l on n a rien compris. Houellebecq est imperméable aux cons, il ne fait que les révéler.en cela il est d utilité publique…

    • . Janine dit :

      isabelle, votre billet m’a donné envie de lire le dernier Houellebecq… et aussi par esprit de contradiction vis à vis du librairie !

  5. ourcqs dit :

    Coups de coeur, coups de gueule des libraires, problème ???
    Dans certaines librairies je ne trouve pas d’ouvrages anglo-américains, pas le dernier de M Conche, de Ponge, mais les bio de tous les people, sportifs divers, que je ne cherche pas, alors je change ..de boutique
    Les libraires indépendants peuvent ENCORE affirmer leurs choix,conseillent et n’imposent rien, les lecteurs ont TOUJOURS le choix des lieux de vente et ils achètent souvent suite aux martèlements médiatico-publicitaires
    Censure, inquisition !!! oups ..
    Le CHOIX des mots est primordial.

  6. Valérie dit :

    Absolument en phase avec ce billet. Le rôle et la noblesse d’un libraire est de conseiller non de censurer !

  7. . Janine dit :

    En effet, je connais une marchande de journaux d’une petite ville du Sud de la France qui a peur de vendre Charlie Hebdo !

  8. sylvie charmillon dit :

    Et si ce libraire avait tout simplement peur pour sa peau ? Tout le monde s’engage aujourd’hui en parlant, lisant, se promenant avec le dernier Charlie Hebdo sous le bras. Pour tout vous avouer, j’ai refusé « d’être Charlie » en public, alors que tous mes amis ont publié sur Facebook, ce que je reconnais comme un beau geste de solidarité. Mais… Je préfère être Charlie en silence. Vendre le dernier livre de cet auteur n’est peut-être plus un acte libre. Hélas.

  9. Pascal Perrat dit :

    Merci pour vos diverses réactions, la pluralité de vos idées est enthousiasmante.
    Elle montre combien nous sommes tous très attachés à la liberté d’expression et au respect des autres.
    Bonne et heureuse année en écriture et littérature.

  10. Marie Pierre Robert dit :

    Je vous anonce qu’à Nice la librairie Massena consacre une vitrine entière aux auteurs censures et leurs livres. À côté une autre vitrine fait honneur à nos caricaturistes et à leurs écrits.bravo

  11. Cannet dit :

    Et les libraires n’ont pas le droit d’afficher leurs idées?

    • Gwenaëlle dit :

      Afficher leurs idées, oui, censurer, non !

      • Christine dit :

        Et puis si nous brandissions tous en permanence un drapeaux avec nos idées en public ; la vie sociale ne serait peut être pas possible… Admettons que je sois « anti mariage homo » je l’écris sur la porte de chez moi « ici, on est anti mariage gay » ce serait blessant pour mes voisins homo qui se sentiraient visés et en plus ça crérait des tensions inutiles, ne servirait à personne et desservirait une éventuelle prise de contact qui pourrait me faire avancer, changer d’avis… Nous sommes trop nombreux pour brandir à tord et à travers toutes nos idées et inonder les gens, un peu de pudeur est nécéssaire je crois. J’aile sentiment que du coup, sous pretexte de liberté on tend à un autre extrême.

  12. Gwenaëlle dit :

    Laissons nous notre libre arbitre, notre droit à nous faire nos propres idées en lisant ce que nous voulons lire, en écoutant ceux que nous avons envie d’écouter et en analysant toutes ces informations.
    Aujourd’hui tout part dans tous les sens, nous sommes abreuvés d’images et d’informations,les mots, les actes perdent leur sens profond, je me sens groggy et j’ai envie de me poser pour faire le point, me faire mon propre avis et ma propre critique. Et je ne souhaite aucunement que quelqu’un décide pour moi de ce je peux lire ou pas.

  13. Durand Jean Marc dit :

    Une bonne nouvelle. Devant Ho, Tr, Ze et De….en tête des ventes, Voltaire et son

    traité sur la Tolérance. Il n’est jamais trop tard!

  14. Françoise -Gare du Nord dit :

    liberté d’expression. pour faire suite à mon message de 10h09
    un lien que j’ai reçu peu après

    http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/01/14/de-charlie-a-dieudonne-jusqu-ou-va-la-liberte-d-expression_4555180_4355770.html

  15. Durand Jean Marc dit :

    A propos de commerce, j’ai alpagué plusieurs « zigotos » tentant de vendre sur

    un site le Charlie n° 1177. L’un à qui je demandais si les frais de port

    comprenait son poids de co… m’a répondu cordialement que…. oui!

    Un autre m’a rétorqué que ce n° était un « COLLECTOR », que je n’étais qu’un

    jaloux, que moi même j’exploitais bien les petits chinois avec mes baskets ???

    Il m’a demandé si j’étais Adike ou Nidas ??

    Moi qui ne porte que des charentaises et des sandales basques!

    Merde alors, si les événements rouvrent les non débats du pillage de cadavres,

    on est encore mal barré dans ce monde où tout peut se vendre et s’acheter.

    Je vais consolider mon stock de patates, accrocher des saucissons aux

    poutres de mon salon. J’espère que quelqu’un de censé viendra gratter à ma

    porte. J’ai encore des livres à prêter… à donner!

  16. . Janine dit :

    Oui Pascal, je suis d’accord avec toi. Ce libraire fait preuve d’un mépris total pour les lecteurs. Ne sont-ils pas assez adultes pour décider eux-mêmes de leur choix ?
    Nous sommes lassés de cette pensée unique qu’on veut nous imposer. Marre d’entendre ça où là ce qu’il faut penser, aimer, détester. Laissez-moi vivre, respirer, comme je l’entends.
    NB Encore des clients gagnés pour Amazon

  17. Christine dit :

    Personnellement je n’aime pas les non-dits et je suis plutôt du genre à m’exprimer et à critiquer (au sens vrai du terme). Par contre cette liberté que j’ai (et elle est grande chez moi) a sa limite que moi même je me pose : celle de ne pas blesser l’autre. Ca ne sert à rien d’autre que de faire naître la colère dûe à une blessure qui serait alors un mécanisme de défense. Respecter l’autre et ne pas le blesser. On ne construit rien sur cette base, rien. A la limite ça peut tout juste être vendeur (d’une image ou au sens économique), rien de plus. Mais je le repête : c’est juste mon avis 😉

  18. Françoise -Gare du Nord dit :

    Entièrement d’accord avec Pascal. Une forme de censure inacceptable qui, comme toutes les formes de censure, considère que le lecteur ou le spectateur ou le citoyen etc…. n’est pas suffisamment adulte pour lire, entendre, voir certaines choses et qu’il en doit pas en savoir d’autres

    N’oublions pas que « Soumission » est un roman et que l’on peut tout y écrire

    Concernant la liberté d’expression qui peut me dire où se situe le curseur en celle-ci et l’apologie intolérable?

    J’en discutais hier avec mon fils qui a obtenu récemment une explication d’un service de la Mairie de Paris : on peut tout dire sous la forme de la caricature mais on ne peut pas tout dire sur une scène

  19. Antonio dit :

    Une autre forme de communautarisme.
    Ici vous ne trouverez que des produits certifiés bien pensés selon la coutume de l’expression libre entre soi cultivés par certains médias, incapables de dire juste « j’aime » ou « j’aime pas » et pourquoi.

    Ce matin, on pouvait afficher dans les kiosques : « ici, vous ne trouverez plus le Charlie Hebdo ! »
    Les gens semblaient atterrés. « Et on peut le réserver pour demain ? »
    La belle affaire ! Achetez le mercredi prochain !

    Moi j’ai acheté le « Canard enchainé », avec cette saveur particulière du choix libre qui est le mien.

    • Christine dit :

      A des gens qui me connaissent depuis une dizaine d’année lorsque j’ai osé dire sur facebook que je n’étais pas Charlie à l’occasion d’une discussion, ils m’ont demandé comment je pouvais faire ça, et si j’étais pour le terrorisme… Ben ça m’a fouttu un coup !

      Ils font du sensationnel de tout, tout est mis en scéne. Comme si les gens étaient anesthésiés et que seule l’éxagération pouvait toucher.

  20. Beautreillis dit :

    Entièrement d’accord avec Pascal. C’est au lecteur de décider librement quel livre il va acheter ou ne pas acheter. C’est d’ailleurs la cas dans les « Espaces Culturels » Leclerc et autres Hyper

  21. Durand Jean Marc dit :

    Voilà un bien mauvais commerçant! Moi, si j’étais marchand de saucissons, je

    vendrai toutes formes de saucissons avec tous types de viandes. Du sec, du

    gras, du doux, du piquant….de quoi exciter la curiosité de tous les gourmands.

    L’exemple est peut être mal choisi car dans les à priori, le pauvre cochon ayant

    pourtant sauvé tant de peuples de la famine est mal vu par certains dogmes.

    J’ai donc cru opter pour marchand de fromages, ce merveilleux témoin de la

    diversité des gens….mais certains ont douté. Ca ferait trop franchouillard! Même

    pas eu le temps d’évoquer le merveilleux parmesan et le goûteux cheddar.

    Hop, taxé de suite….embrigadé!

    Je me suis donc rabattu sur la pomme de terre, symbole assez neutre d’un

    commerce possible. Je t’échange un kilo de rattes contre un écrit de Triermour.

    Pour un livre de Houelbray, faudra au moins 2 kgs de Belle de Fontenay!

    Mourir pour des idées commerciales, ya foule!

    Et dire que même marchand de patates, tu risques de te faire buter.

  22. Nathalie dit :

    Anecdote : un journaliste, musulman, a déclaré de manière virulente que le livre de Houellebecq lui avait « donné envie de gerber ». De manière aussi virulente, il a invité les lecteurs a acheté ce livre pour se faire leur propre avis.
    Choix et liberté se complètent !

  23. Kacyne B. dit :

    Et voilà, ça recommence ou plutôt ça continue.

    Liberté! Respect! Tolérance.

    Chacun réagit selon sa sensibilité.

    Personnellement, je passe devant cette librairie, je n’y entre pas et jamais, jamais.

    Je fais rapidement une banderole : Liberté où es-tu?.

    Et je me plante devant la librairie. Sauf s’il pleut …

    Et arrivera ce qui arrivera.

    Sans doute, des injures; sans doute des soutiens.

    Mais une chose est certaine.

    Dans la demi-heure qui suit, et encore je suis optimiste, j’aurai la joie de faire un petit tour dans le panier à salades….

    Sans oublier les réjouissances qui vont avec….

    Si je m’en sors vivante, je raconterai tous ces détails croustillants dans un livre…

    que je ne vendrai…que sur…

    Amazon!

  24. Cannet dit :

    Moi, je dis OUF!
    liberté d’expression enfin!
    Toi t’aimes, moi pas. On se le dit. On s’affronte.
    Les mots enfin!

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