522e exercice d’écriture créative imaginé par PascaL Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Deux escargots s’en revenant de l’enterrement d’un feuille morte s’apitoient sur la défunte.
– Dieu sait si elle avait de la sève !
– Et joliment dentelée avec ça, on dit même…

Inventez le suite de ce clin d’oeil à Jacques Prévert


Chaque jour, des essaims d’idées bruissent dans votre cerveau. Les exercices de Pascal Perrat vous entraînent à en faire votre miel.


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25 réponses

  1. catherine dit :

    Et le premier escargot fondit en larmes. Tant de larmes pour si peu d’espace. Il en fallut pas plus pour que la pauvre feuille se mît à divaguer par delà la terre gorgée et couler comme une feuille le long du torrent du désespoir. Chemin faisant, elle culbutait les pierres et les ronces qui s’accrochaient comme sangsues aux dents de cette pauvre feuille morte.

    « Tu vois; cette fois elle est partie; partie loin….Oh….
    — Ne t’en fais pas; là bas au milieu des vallées, elle sera heureuse définitivement…Jette cette croix, celle qui étouffe bien plus que ta carapace; de toute façon, crois-moi, elle ne croyait pas en un dieu des pousses vertes….
    — Qui te l’a dit ? Bah tu imagine toujours des choses…
    -Elle-même, Madame la feuille en feuille elle-même, quand les après- midi d’automne elle me faisait voyager aux quatre coins du jardin, et voilà, cette fois elle est partie sans moi…
    — Allez-ne t’en fais pas,ne reste pas comme ça à pleurnicher comme un pain d’épices …Sors de ta coquille, et va courir le monde…
    — C’était le tapis d’Ali Baba….Si légère qu’une plume, et pas plus haut que trois pommes, elle m’emmenait la feuille,oui elle savait mon vertige, et de toute façon, le vent n’était plus son ami depuis qu’elle lui avait flanqué un bon coup de mou quand elle s’était caché à travers une persienne….Elle avait de sacrées ressources et était pleine de sève, crois-moi, Madame la feuille….
    — Oui c’est bien triste de voir une feuille ainsi mourir…Sans explication…Un beau jour, le vent a cessé de l’emporter; et elle est resté figée comme une plante verte.
    — Oui j’ai attendu, la veillant, jour et nuit, caché dans ma demeure de salade. J’ai compris qu’il y avait quelque chose de louche. J’ai ajusté ma carapace, peut-être qu’après tout, cette veine apparente me cachait sa danse….Non, ils sont venus, les gamins du proprio, tu sais les jumeaux avec les grosses bottes qui rient comme des ânes et essaient chaque fois de m’écrabouiller avec leurs grosses godasses….Bah j’ai appris à m’en méfier…Pas si bête l’escargot… C’est en sautant dessus que j’ai réalisé….Oh pas tout de suite, elle me semblait encore avoir pourtant la sève bien fraîche…
    Oh pauvre feuille….Autrefois, c’était la reine des végétaux ici…Pas une minute qu’elle avait pris pied ici qu’elle s’envolait dans un tourbillon pour aller un mètre plus bas et revenir. Une saltimbanque, une vraie artiste. Et crois- moi on en a fait nous deux de ces numéros cocasses….Ah le couple idéal, dis moi as- tu été déjà amoureux ?

    — Ah ne m’en parle pas…Si seulement tu avais vu, si seulement tu avais voulu voir bien plutôt que de te …avec cette….
    — Quoi ? C’est vrai ? Et….
    — Oui je t’aimais et toi pendant tout ce temps tu n’avais d’antennes que pour ses douces veines toujours gorgées de sève ….
    — Mais pourquoi ne me l’as-tu pas susurré plutôt ?
    Parce-que j’étais trop jaloux pour….
    Quoi, tu étais jaloux de la feuille….Mais crois-que tu vraiment que je l’ai aimée ? Non tous ces jours je me réconfortais avec elle, c’était un simple duvet ouaté où je me reposais, me réfugiais comme un escargot entre sans sa carapace…
    — Alors la feuille, la feuille…
    — Mais oui elle était dentelée, c’est vrai, elle avait de la sève, c’est vrai, elle était belle, mais c’était une amuse-gueule, une simple mise en bouche; d’ailleurs tu vois je ne l’ai à peine touchée, à peine écorché, nervures intactes…
    — Alors, tu m’ai(…).
    Oui tu vois je la laisse cette fois définitivement filer. »

    Et comme pour joindre le geste à la parole, il pleura de tout son poids….

  2. Her dit :

    🐌Deux escargots s’en revenant de l’enterrement d’une 🍁 feuille morte s’apitoient sur la défunte.

    – Dieu sait si elle avait de la sève !
    _ Ah oui, juteuse à souhait !
    _ Belle , fraîche et nervurée…
    – Et joliment dentelée avec ça, on dit même…
    _ C’était bien mais trop brève!
    _ Un rendez-vous annuel obligé !
    _ Enterrement oui mais saisonnier !
    _ Un festin qui ne faut pas rater!
    _ Ce petit au revoir printanier…
    _ Toutes belles au sol, assemblées…
    _ Vuiii, ( bruit de léchage de babines )
    _ Colorées et si parfumer…
    _ Elles ont étés bien honorer !
    _ C’est toujours triste un enterrement…
    _ Oui! Surtout celui du Printemps !
    _ Feuilles vertes c’est le beau temps.
    _ Ah ah et celle des accouplements…
    _ Puis. En Automne oranges et rouges elles sont.
    _ Oh belles et humides abritant les champignons…
    _ Terrains de jeux favoris des petits compagnons.
    _ Également période ou beaucoup; mourront…
    _ Pas nous ! cette année Toi et moi nous survriront!
    _ J’espère bien voir grandir les bambins!
    _ Vivement les bourgeons à la place des pins!
    _ J’y pense déjà ! Aller viens gamin…
    _ Recueillons nous une dernière fois en chemin.
    _ Souvenir des feuilles et place aux sapins.
    _ Gla-Gla-Gla, j’ai froid à l’idée de demain.
    _ L’hiver passera comme l’enterrement d’aujourd’hui.
    _ Nous nous reverrons au chaud ici.
    _ Bonne route à vous, prenez soins de vos vies!
    _ Rendez-vous bientôt ! Et pas au Paradis.
    _ Hahaha… Ne vendont pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué !
    _ Se faire marché dessus, manger ou noyé…
    _ L’ embarras du choix pour nous invertébrés !
    _ Pas de festins, d’enterrement ou festivités…
    _ Ta-ta -ta -ta, coquilles lustrées et babines affutées…
    _ (en attente)
    …rendez vous ici en parfaite santé pour l’ouverture des préparatifs et prêt à fêté le baptême des p’tits escargots et bourgeons et des feuilles nouvelles pour le début février .
    _ ok ! Allons donc hiverner !
    Bonne route et amitiés .

    Emeline Her.
    Inventez le suite de ce clin d’oeil à Jacques Prévert

  3. Françoise - Gare du Nord dit :

    Deux escargots s’en revenant de l’enterrement d’une feuille morte s’apitoient sur la défunte.

    – Dieu sait si elle avait de la sève !

    – Il faut le dire vite. Elle peinait un peu, même sur les brèves

    – Et joliment dentelée avec ça, on dit même …

    – Un style un peu trop ciselé à mon goût

    – On dit même arachnéenne…

    – C’est cela. Aérien, éthéré.

    – Je me souviens. Nous étions envieux, nous bavions tous devant elle

    – Et pourtant, elle promettait peu. 20 piges, pas plus 

    – Loin d’être caduque alors. Et toujours lisse et duveteuse. Si douce.

    – C’est un peu cliché, non ?

    – Et sa chute de limbe ! Vertigineuse !

    – Pas de quoi faire la une des manchettes

    – Et si simple avec tout ça

    – Elle avait tout de même tendance à tirer à la ligne

    – Beaucoup de charme et tout autant de folioles.

    – Un peu fofolle, oui. Mais à mon avis elle n’a jamais vu l’ours

    – Cela m’étonnerait aussi. Elle n’aimait pas les animaux, elle était végétale à fond

    – C’est surprenant. Elle aimait bien le canard et redoutait le marronnier saisonnier

    – A elle aussi, l’automne aura été fatal

    – Consolons-nous. Elle n’est pas restée longtemps à l’article de la mort

    – Jusqu’à la fin, elle aura su garder ses nervures

    – Vous voulez dire ses ratures ?

    – Non ses nervures. Mais de qui parlez-vous ?

    – Nous ne sommes pas aux funérailles d’une feuille blanche, morte de désespoir?

    – Non, à celles d’une feuille de chou. Suicidé. Harcèlement

    – Ce ne n’est pas vrai. Je me suis encore trompé. Vendredi, je me suis fourvoyé à l’enterrement d’une peau de chagrin alors que je devais me rendre à celui d’une nature hostile, morte de trop de rigueur.

    – Ne t’inquiète pas. Il m’est arrivé la même chose avant-hier. Je me suis gouré en me rendant à l’inhumation d’une langue morte, suicidée elle aussi, pour cause de chômage prolongé. Et j’ai raté celle d’une lettre morte qui a attendu, jusqu’à son trépas, une réponse qui n’est arrivée que le lendemain, en raison de grèves des agents du tri de la Poste.

    PS. Lu sur Internet « Être dans le vent : une ambition de feuille morte» (Gustave Thibon – Écrivain et philosophe ardéchois – 1903-2001)

  4. A Pacaud dit :

    Deux escargots s’en revenant de l’enterrement d’une feuille morte s’apitoient sur la défunte.
    – Dieu sait si elle avait de la sève !
    – Et joliment Octave !
    Par un chuintement voulu discret en pareil occasion Emile ajouta d’un air emprunté.
    – Malgré tout notre respect pour Dame Aubépine glissons loin de ce recueillement circonstencié et allons escargoter ailleurs si vous le voulez bien très cher.
    – Bien je te suis vieux compère ! Rampons jusqu’aux guinguettes d’la bourguignogne histoire d’y faire vibrer nos oeillots et d s’en mettre plein la coquille !!!
    Le parcours qui menait à la fête traversait une luxuriante plantation de jeunes laitues encore toute suintantes de rosé matinale.
    Sur une pierre polie par la terre gestante de cette fin d’Avril se hissait justement la patronne de la guiguette qui au loin battait son plein à qui savait patiemment tendre l’oreille.
    Son corps chatoyant ondoyait goulument sous l’effort de sa longue, très longue, trop longue et épuisante ascension.
    Sa longue traine suavement baveuse scintillait sur le caillou tiédit par la douce chaleur printanière et son imposante coquille semblait façonnée telle les facettes d’un diamant.
    Emile et Octave qui cheminaient péniblement à cause des nombreuses dégustations des laitues au cœur tendres furent tout à coup saisis par l’éblouissante apparition de la belle bourguignonne arrivée enfin au sommet de son promontoire calcaire.
    -Non d’une limace mon pote y a pas à dire elle en ferait baver plus d’un !!!
    -J’ajouterai Octave que cette grassecieuseté est l’Helix…ir de ces lieux !
    -J’ai les yeux qui flageoles à trop la r’garder .
    -Et moi donc l’Ami ! Elle me fait frissonner des tentacules si j’ose dire.
    -J’te l’donne en mille Emile y à plus d’salade, faut que j’macoquille !
    -De grâce Octave tâcher de prendre tout votre temps pour la courtiser d’abord. Ne soyez pas gris…vois !
    La chaleur douce et la lumière orangée de ce matin d’Avril alanguissait soudainement la fougue d’Octave dés lors lové dans une béatitude contemplative.
    Spectateurs encotonnés dans leur écume moussante de plaisir et d’envie nos deux amoureux furent tout à coup extirpés de leur rêverie lorsqu’une main gantée vint arracher l’escargotte de sa stèle minérale.
    La fulgurance de cette scène fit rentrer nos deux comparses dans leur coquille.
    Ils n’en ressortirons jamais plus.
    Des cueilleurs d’escargots les faucherons à leur tour.

    Un jour une jolie bourguignonne humaine, cette fois-ci, déballera enfin le cadeau de ses trente ans de mariage. Une luxueuse crème de beauté se révèlera alors sur le marbre de sa coiffeuse. Une bouffée de bonheur fleurira sur la bouche de l’épouse attendrie et un large sourire éclaboussera son miroir.
    Puis dans la moiteur de sa chambre à coucher elle étalera sur son visage le substantif mucus de nos chers gastéropodes disparus … Encore tout imprégné de leur désirs ardant.

  5. Maïté P dit :

    Cher Docteur Elie,
    Je dois vous relater une expérience particulièrement importante concernant nos recherches. Je sais qu’elles ne sont plus d’actualité à cause des restructurations qu’il y eu au laboratoire. Mais cette nouvelle me rend perplexe et ne devrait que vous ravir.
    Alors que je me promenais, ce matin, je vis deux escargots côte à côte sur une branche. Il s’agissait de deux Helix lucorum. Je m’approchai afin de les observer. J’allai plus près encore car l’un d’eux ressemblait de près à un Helix melanostoma. Mais en me rapprochant quel ne fût pas ma surprise en les entendant parler. Oui, je vous assure, ils parlaient ! Croyez-le ou non ! Voici, ce que j’ai pu entendre de leur conversation.
    – Dieu sait si elle avait de la sève ! dit l’un.
    – Et joliment dentelée avec ça, on dit même qu’elle était tendre. Répondit l’autre.
    – Oh oui ! Je l’aurais bien croquée ! dit alors le plus grassouillet.
    – Oh, Alphonse ! Ce ne sont pas des propos à tenir quand on revient de l’enterrement d’une feuille morte !
    – Oui, tu as raison Jeanne. Mais je ne comprends pas. Nous sommes des détritivores nécrophages après tout. Nous sommes faits pour manger les morts. Non ?
    – C’est vrai.
    – Pourquoi, devons-nous être aussi éloignés de notre nature ? Tu te rends compte !? On en est à aller à l’enterrement de notre garde-manger.
    – C’est invraisemblable. Tu as raison. Mais ne parlons plus de cela tu veux ? Sinon, ils vont nous repérer.
    – Et je sais ce qu’ils font aux récalcitrants … J’en ai la chair de poule.
    Sur ces mots, ils ont tourné la tête vers moi et j’ai cru voir une expression de peur sur leurs petites têtes. Oui, de peur, je vous assure ! Mon intention n’était évidemment pas de leur faire peur. Vous connaissez mon éthique dans la recherche, je n’ai pas eu le cœur à les capturer. J’ai choisi de vous écrire. Je m’en remets à vous. Je retournerai demain au même endroit. J’espère que je pourrai à nouveau les observer.
    J’espère ne pas avoir perdu la raison !? Je ne sais pas vraiment quoi en penser. Mais je sais que vous, vous avez déjà été confronté à ce genre d’évènements. Cela peut tout changer, non ? Peut-être va-t-on pouvoir reprendre nos recherches ?
    J’attends de vos nouvelles avec impatiente.
    Bien à vous
    Bethy

  6. françoise dit :

    Deux escargots s’en revenant de l’enterrement
    d’une feuille morte s’apitoient sur la défunte.
    – Dieu sait si elle avait de la sève !
    – Et joliment colorée elle était
    – quelle fin prématurée
    – à peine sortie de son bourgeon
    – elle n’aura connu que le printemps
    – tu as entendu la femme qui chantait
    « les feuilles mortes se ramassent à la pelle »
    – c’était de circonstance
    – « requiem pour un con « de Gainsbourg l’aurait été aussi
    – peut-être moins car notre défunte état très prude !
    -,tu as vu il y avait aussi une limace
    dont la couleur était particulièrement jolie
    – oui mais sans maison sur le toit
    elle ne vivra qu’un an
    si tout va bien
    – nous deux on a de nombreuses années devant nous
    – si tout va bien
    – tu vas finir par me donner le cafard
    – redresse donc tes tentacules
    et pense que nous faisons partie
    de cette belle famille des gastéropodes
    – allons dîner il y a un jardin tout près
    – j’en ai la bave à la bouche
    Et c’est ainsi qu’ils disparurent entre les feuilles des salades, des radis,des navets et autres et firent une véritable razzia

  7. pakitapom dit :

    Deux escargots s’en revenant de l’enterrement d’une feuille morte s’apitoient sur la défunte.
    – Dieu sait si elle avait de la sève !
    – Et joliment dentelée avec ça, on dit même qu’au dernier printemps, l’Harmattan fut avec elle très galant, le Guebli venu de la lointaine Tunisie, rêvait aussi de la mettre dans son lit et pourtant ce fut finalement le noir Autan , se prenant pour el Diablo, qui , sans trille ni tremolo, s’engouffra sous son jupon mordoré et devint violemment son amant .

    De la sève elle avait, c’est sûr ! un sacré tempérament !Plusieurs jours durant, elle subit ses vaillants assauts, tourbillonnant gaillardement sans pour autant s’abandonner vraiment . Elle voulait tellement profiter de tout intensément, jouir de la vie pleinement !

    La semaine passée, fini de jouer ! Le vent en eut assez et insoucieux , s’en alla souffler vers d’autres cieux .La belle abandonnée , de ses compagnes, sur la branche fut la risée. Elle espéra un instant que l’ondée cacherait son visage de larmes inondé mais quand elle vit la tache que , sur sa robe , l’inconstant avait laissé, honteuse , elle rougit soudain . Aux pleurs, il fallut ajouter le déshonneur …

    Nul zéphyr ne vint plus jamais caresser son front. Mise a l’écart, elle n’osait affronter les regards Cette minuscule tache devint son obsession et, bien avant la saison, prit de terribles proportions. Plus la tache grandissait , plus la petite feuille s’étiolait, perdant ses belles couleurs bronze et or. Sa robe fanée se fit haillons tandis qu’une chenille vorace, rêvant de devenir papillon, se faisait les dents sur son jupon .

    Un jour gris d’automne, elle en eut assez, comprenant enfin qu’autant en emporte le vent , elle décida de mettre fin a son tourment. S’abandonnant, elle lâcha prise tout simplement. Elle voltigea un instant, se remémorant ainsi de bien délicieux et fugaces tourments, puis, au sol tomba rudement.

    La foulée rapide d’un couple d’amoureux avides d’un coin de mousse à partager eut raison de sa trop faible constitution. C’est le cœur broyé de chagrin qu’elle rendit l’âme, un doux après midi d’automne alors que les derniers feuillages bruissaient d’une brise légère, tellement légère, presque insignifiante , pensa-t-elle dans un dernier souffle ….

  8. Urso dit :

    Deux escargots s’en revenant de l’enterrement d’une feuille morte s’apitoient sur la défunte.
    – Dieu sait si elle avait de la sève !
    – Et joliment dentelée avec ça, on dit même…
    qu’elle aimait dormir à moitié nue, avec d’autres feuilles.
    – Ah t’en loupe pas une toi – même dans un moment triste comme celui-là.
    – Allez Gaspard dit le jeune escargot. Reprends toi on mourra tous un jour ou l’autre. Et puis qui sait peut-être que dans quelques mois cette feuille elle sera de nouveau parmi nous. Et que nous autres dans une autre vie on sera ver de terre ou coccinelle.
    – Ah Ah dit Gaspard qui avait reprit son sourire, toi en ce moment tu lis un bouquin sur la réincarnation.
    – Non lança l’autre escargot, pas encore, mais l’année passée j’ai vécu quelques mois en Inde dans un monastère bouddhiste. Et j’ai appris plein de choses sur ce sujet.
    – Toi tu es un sacré farceur. Comment aurais-tu fait pour aller tout seul dans ce pays.
    – Ok ok répondit le jeune escargot. Je plaisantais. En fait c’est dans un morceau de journal que l’autre jour j’ai lu un article sur la vie après la mort.
    – Peut-être peut-être fit Gaspard tout pensif à l’idée que la feuille morte pourrait dans quelques mois devenir une bestiole et que lui un jour pourrait être une feuille sur un arbre.

    – Eh Gaspard on fait quoi maintenant en voyant que son compagnon était un peu dans la lune.
    – Euh euh après le cimetière et cet enterrement, moi j’ai une grande soif. Je te propose d’aller au bistrot du coin. Ça nous changera les idées et aussi on pourra retrouver des amis.
    – C’est d’accord déclara le plus jeune. Je te suis.
    – Au fait dit subitement Gaspard avec une petite voix, toi t’y crois à tout ça ?
    – Ben j’en sais rien reprit l’autre escargot. A vrai dire je ne me suis jamais posé la question.
    – Vois-tu dit l’autre : je commence à avoir un certain âge et un jour ou l’autre, moi et ma coquille on devra s’en aller. Casser la pipe. Ha ha.

    Alors cette idée de revivre me plait. Me retrouver en rat d’égout. Pouah. Mais renaître en tant que petit oiseau, ouais ça me plairait bien. Tiens je voudrais être un rouge-gorge, vivre dans une gentille famille et qu’on m’appelle Jojo.

    En effet, poursuivit le jeune escargot ça serait vraiment sympa d’avoir une autre vie. Voire plusieurs.

    L’escargot plus âgé ne parut pas entendre cette affirmation du cadet. En ce moment, son attention était attirée par le bistrot qu’il voyait poindre au loin.
    – Oh je le vois dit-il, je le vois. Encore quelques centimètres d’effort et nous y sommes.

    Dans ce bar, les deux escargots rencontrèrent de nombreuses connaissances et furent joyeux de vivre de tels moments de convivialité.
    Et c’est assez tard dans la soirée que nos deux compères reprirent le chemin du retour pour rentrer dans leurs pénates.

    La nuit il se passa quelque chose de bizarre : tous deux rêvèrent qu’un jour ils ne seraient plus escargots.
    Souvent ils repensèrent à ce rêve et leur vie en fut transformée. Ils vécurent avec plus d’acuité.

  9. Blanche dit :

    Bravo Camomille !
    J‘adore …
    B4C

  10. Blanche dit :

    Bravo bravo bravo Camomille j’adore ! Bon dimanche !
    B4C

  11. Françoise Rousseaux dit :

    Deux escargots s’en revenant de l’enterrement d’une feuille morte s’apitoient sur la défunte.

    – Dieu sait si elle avait de la sève !

    _ et joliment dentelée avec ça, on dit même qu’au plus fort de l’été , la lumière du soleil faisait scintiller ses nervures les plus intimes …au grand dam de ses compagnes.

    – C’est vrai que lorsqu’une brise légère les faisait bruisser, on entendait parfois de perfides remarques à son égard.

    – Que veux-tu, mon cher, elles étaient jalouses voilà tout .

    -Pourtant, quand elle était encore en bourgeon, on ne la distinguait pas des autres. Et même quand toutes ces demoiselles ont commencé à craquer leurs étuis et à émerger, on ne la remarqua pas.

    -Ah ,toutes ces petites feuilles d’un vert intense, qui un beau matin commencent à piqueter les branches, comme elles sont mignonnes ! A croquer !

    -Dis donc, si on t’entendait, il y aurait des protestations dans les feuillages !

    -Oh, ne me dis pas que tu es insensible à leur charme juvénile !

    – Eh bien je vais te faire un aveu, ce n’est pas au printemps que je les préfère ; mais en automne, quand elles se parent de jaune, de rouge et d’orangé, c’est là qu’elles me semblent les plus belles !

    -Le charme de la maturité !

    -Et notre pauvre amie n’était pas en reste. Elle avait su habilement mélangé sur un fond doré des taches écarlates avec quelques restes de vert ; et quand un coup de vent l’emporta, elle sut tourbillonner avec une grâce infinie..

    – Et même au sol, elle sut demeurer intacte et colorée pendant longtemps.

    – Eh oui, mais à présent, elle va devenir humus, comme toutes ses semblables. Triste destinée !

    – Allons, ne cédons pas au chagrin ; allons plutôt chercher un coin tranquille où nous pourrons hiberner, en attendant le retour du printemps…

  12. iris79 dit :

    Deux escargots s’en revenant de l’enterrement
    d’une feuille morte s’apitoient sur la défunte.
    – Dieu sait si elle avait de la sève !
    – Et joliment dentelée avec ça, on dit même que dans sa jeunesse pas si lointaine elle avait fait gagner celui dont elle était née au concours des plus beaux arbres remarquables. Elle et ses sœurs avaient donné lieu à nombre de photos même si c’est elle, soyons honnêtes, qui captait le mieux la lumière. Elle était resplendissante ! Même l’automne la rendait flamboyante.
    -Oui, c’est sûr, d’ailleurs, quand elle est tombée, elle l’a fait avec grâce et volupté, tu te souviens, on était aux premières loges sous cette pluie fine d’octobre.
    -oui, je me rappelle. On était hypnotisés par tant de classe. D’ailleurs on n’oubliera pas le logis qu’elle a offert à notre famille pendant quelques semaines avant que son état ne se dégrade.
    -. Elle est restée digne et fière jusqu’au bout.
    – Ainsi va la vie. Elle s’est effritée sans bruit. Les petits avaient commencé à la grignoter, c’était ce qu’elle voulait. Partir en partageant, mourir en laissant cet héritage qui ferait grandir les plus petits.
    -On ne l’oubliera pas, on racontera son histoire à notre descendance.
    -Allez, allons-nous chercher un abri. Bientôt l’hiver sera là. Quand les beaux jours reviendront, nous retournerons en pèlerinage au pied de l’arbre qui l’a vu naître, transmettre et mourir.
    -En attendant, allons prendre un petit verre, allons gouter quelques gouttes de rosé(e) avant d’hiberner.

  13. Fanny Dumond dit :

    Deux escargots s’en revenant de l’enterrement d’une feuille morte s’apitoient sur la défunte.

    – Dieu sait si elle avait de la sève !

    – Et joliment dentelée avec ça. Elle avait passé le casting pour le concours annuel de beauté.

    – Et même qu’elle a été couronnée Reine du Platane. Tu t’en souviens comme on en était heureux.

    – Je l’aimais bien, elle n’était pas bêcheuse.

    – Oui, elle ne rechignait pas à papoter avec nous quand on passait devant la branche où elle habitait.

    – Tu te rappelles qu’elle se plaignait de la jalousie de ses voisines et des cancans des oiseaux.

    – La pauvre ! Quelle fin elle a eue quand même d’être emportée, comme ça, d’un coup de sécateur.

    – Allez viens. Allons sécher nos yeux sous cette alléchante feuille de laitue.

    – T’as raison. Nous n’avons pas d’autocar et après ce long trajet, j’ai mal au pied et j’ai l’estomac qui crie famine.

    – Et nous boirons un petit nectar de tomate en sa mémoire.

    Et pendant que la lune veille sur eux, les deux amis repus rêvent de leur Miss.

  14. LURON'OURS dit :

    🐻 COLLINE INSPIRÉE
    Les deux Bourgogne qui s’appellent l’un : Henri Vincenot, l’autre Marcel Aymé, naguère m’ont enchanté, l’un du ‘ Pape des Escargots  » l’autre de Clérambard. Sans avoir leur génie, j’imagine deux Coquillards retour de St Jacques de Compostelle, non loin du  » Beau Dieu  » de Vézelay. Ils l’honorent et trinquent au Passe-tout-grain. La place est constellée de feuilles de vigne, jaune, rouge, or, un décor automnal, sacrificiel à St Vincent. Non loin, le cep noirci porte le deuil de sa parure, grimpé par deux colimaçons apitoyés avant de s’ensevelir dans le sol graveleux.
    Sur le coteau aligné comme une armée, le terroir veille.
    Un mystère souterrain s’accomplit.🐻

  15. Maguelonne dit :

    Deux escargots revenant de l’enterrement d’une feuille morte s’apitoient sur la défunte
    – Dieu sait si elle avait de la sève.
    Et joliment dentelée avec ça, on dit aussi qu’elle en a vu de toutes les couleurs.
    Tu m’étonnes ! C’était une séductrice hors pair. Elle mettait le paquet pour que ses adorateurs aient le goût du revenez-y, elle les emmenait loin. C’est de la triche. Moi, je n’adhère pas.
    Descend de ta tour. Tout était naturel chez elle. Elle ne pouvait pas faire de mal.
    Encore un poncif de chez Klichet
    Mais tu parles sans savoir. Tu n’as jamais essayé. Regarde toi, t’es tout raide, ça te décoincerait.
    Parce que tu crois que le spectacle que tu nous a offert hier soir était réjouissant ! Tellement shooté que tu voulais danser le hip-hop, tellement mou que j’ai cru que tu allais te retrouver sur la coquille. C’était pitoyable.
    Pas grave : et hip je bascule sur la coquille, et hop je reviens sur le ventre. Une petite fumette te rendrait léger, léger. Mais tu n’es qu’un petit joueur. Tu as peur de tout.
    Tu ne comprends rien. Moi je suis un romantique. Ce qui me fait planer c’est rechercher un trèfle à quatre feuilles, le regarder. C’est tellement beau, j’en bave d’admiration. Et puis ça t’apporte la chance et le bonheur.
    Tu crois ? Dimanche dernier j’en ai vu un sur la route : fripé, déchiqueté, desséché. Je pense que son cueilleur était mécontent : promesse non tenue= abandon n’importe où. Même pas un enterrement décent. Tu parles d’un porte bonheur, même pour lui ça ne fonctionne pas. Hi,hi,hi..
    Hey ! met le turbo. Il y a une deux chevaux qui arrive à fond la caisse, vite.
    Deux minutes après
    -Boubouille, tu arrives ? Oh saleté de deudeuche, comment elle t’a écrasé ! En tout cas tu ne pourras plus baver sur les trèfles à quatre feuilles. Si tu en avais eu un, je ne serais pas obligé de me farcir un autre enterrement.

  16. Souris bleue 🐀 dit :

    🐀 Deux cagouilles s’en revenaient bavassant après avoir assisté impuissants au ramassage des feuilles et à leur incinération.
    – Corne-gidouille ! Jamais ils n’en n’avaient pris autant !
    – Oui et à la fin de l’automne cet amas gluant, la sève comme du sang ! Brrr ça me fait froid dans le dos.
    – Méfie-toi ! Les courants d’air dans la coquille, c’est craignos par les temps qui courent !
    – Tu l’as dit, sale temps pour les mouches. Moi, je pars hiberner sur la côte.
    – T’es pas rendu !
    – justement, je prends de l’avance j’ai entendu dire qu’il y aurait une course avec un lapin.
    – Nain ! J’espère, car si c’est un lièvre, tu vas t’essouffler. Prends les grands chemins.
    – J’ai tout calculé je vais prendre le 5G…
    – J’espère que tu arriveras à en descendre…
    C’est risqué… Y’en a qui ont essayé… 🐀

  17. Kyoto dit :

    Deux escargots s’en reviennent de l’enterrement d’une feuille morte.
    L’un est triste, l’autre est serein.
    L’un s’apitoie, l’autre écoute.
    – Dieu sait si elle avait de la sève !
    – Comme les autres.
    – Et joliment dentelée avec ça, on dit même qu’elle avait la douceur de la plume et les couleurs de la vie.
    – Comme les autres.
    – Non, elle était différente et unique. Au printemps, à l’étroit dans son bourgeon, elle fut la première à se déplier. La première à être bénie par les rayons du soleil. Elle fut celle qui souhaita la bienvenue à ses compagnes. Elle fut reine.
    – Et enterrée comme une reine ! Tu en parles comme si tu en étais amoureux ! Sois courageux et allons consoler ses sœurs…
    – Belle idée.

    Et les voilà partis, le cœur léger.
    Mais le chemin est long et tortueux.
    Ils en bavent, mais persévèrent.

    Ils rencontrent un écureuil :
    – Bonjour les amis ! Où allez-vous donc ? Vous avez l’air épuisés !
    – A la chênaie.
    – Ah ! Mais c’est encore loin. Montez sur ma queue, je vous y conduis.

    Ils croisent un lapin :
    – Salut l’ami écureuil ! Où vas-tu ?
    – J’emmène deux escargots à la chênaie.
    – Alors, je vous accompagne.

    Puis, viennent les autres animaux.
    Ainsi une joyeuse ribambelle arrive au Bois-Soleil.
    Les feuilles des chênes sont encore accrochées à leur espoir.
    Mais non, ce ne sont pas des larmes.
    Seulement des gouttes de rosée.

    Alors, la fée Sylvaine arrive dans toute sa splendeur.
    Et après avoir salué tout et tous,
    Elle se met à chanter :

    « Oh ! Je voudrais tant que tu te souviennes
    Cette chanson était la tienne
    C’était ta préférée ; je crois
    Qu’elle est de Prévert et Kosma.

    Et chaque fois les feuilles mortes
    Te rappellent à mon souvenir
    Jour après jour, les amours mortes
    N’en finissent pas de mourir… »

    Et les arbres pleurent…

  18. Laurence Noyer dit :

    PAROLES
    ci-dessous, texte composé avec les premiers mots de chaque poème (presque dans l’ordre) du recueil

    Braves gens écoutez ma complainte
    A la pêche à la baleine
    Une orange sur la table
    A jeun perdue glacée
    Ecoutez comme elle craque le soir
    J’en ai vu
    Je suis allé au marché aux oiseaux
    Une hirondelle vole
    L’accent grâve
    Notre père qui êtes aux cieux
    Il dit non avec la tête
    Rue de Seine
    Homme, tu as regardé le plus triste
    C’est un breton qui revient au pays natal
    Compagnon des mauvais jours
    Soyez prévenus vieillards
    A l’enterrement d’une feuille morte
    Il est terrible le petit bruit de l’œuf
    Dans ma maison
    Moi je joue du piano
    La mère fait du tricot, le fils fait la guerre
    Bandit ! voyou ! voleur !
    De deux choses lune
    Deux et deux font quatre
    Il y a parait-il
    Il y a de grandes flaques de sang sur le monde
    Oh la terrible et surprenante odeur de viande
    Cet amour si violent
    Rassurez-vous braves gens !
    Fille d’acier je n’aimais personne
    Dans un square sur un banc
    Pluie de plumes plumes de pluie
    Peindre d’abord une cage
    L’oiseau qui vole si doucement
    Le paon fait la roue
    A Fontainebleau
    Ils sont à table
    Il a mis le café dans la tasse
    Démons et merveilles
    Sur un trône de paille
    Dieu est un grand lapin
    Le petit homme qui chantait sans cesse
    J’ai mis mon képi dans la cage
    Le soleil git sur le sol
    Au hasard des oiseaux
    Une fille nue
    Immense et rouge
    Où vas-tu
    Dans les manèges du mensonge
    Des draps blancs dans une armoire
    La porte que quelqu’un a ouverte
    Heureux comme la truite
    Un homme entre chez une fleuriste
    Debout devant le zinc
    A Arles où roule le Rhône
    Entre les rangées d’arbres
    Des milliers et des milliers d’années
    Rappelle-toi Barbara
    Que faites-vous là petite fille
    Trois allumettes allumées dans la nuit
    Une pierre, deux maisons
    Où est-il parti
    Coiffé d’un diadème d’épines
    Il ne faut pas laisser les intellectuels jouer avec
    Le porte-monnaie
    C’est la guerre c’est l’été
    Allons !allons !
    Devant la porte de l’usine
    N’y va pas
    Place du Carrousel
    Un vieillard en or
    Dans les ruines d’une cathédrale
    Tous les yeux d’une femme
    Sur une assiette bien ronde
    Vers la fin d’un discours
    Je te salue l’oiseau

  19. Nadine de Bernardy dit :

    Deux escargots s’en revenant de l’enterrement
    D’une feuille,morte tout récemment
    S’apitoyaient sur la défunte
    D’une tristesse non feinte
    Dieu sait si elle avait de la sève dit le premier
    Et joliment dentelée avec ça dit son aîné
    On dit même qu’elle rougissait
    De toute sa grâce quand l’automne venait
    Je me souviens de cette fragilité
    Annonçant l’apogée de sa grande beauté
    Ah! elle en a fait des ravages
    Parmi nous,même les plus sages
    Nous l’adorions en catimini
    La grignotions avec parcimonie
    Afin de savourer jusqu’au bout
    La subtilité unique de son goût
    Quelle ivresse elle nous a offerte
    Sachant qu’elle allait à sa perte
    Généreuse,sans retenue
    Elle se laissait mettre à nu
    Eh oui dit le plus ancien
    Elle savait réconforter les siens
    lDe sa chair tendre et offerte
    A la douce carnation verte
    Paix à toi belle feuille morte
    Qu’au paradis des tiens le vent t’emporte.

  20. Blackrain dit :

    – Dieu sait si elle avait de la sève !
    – Et joliment dentelée avec ça, on dit même que son amant était fort penné de ne plus la crocheter. Au cimetière il avait les barbes de sa plume qui suintaient le chagrin.
    – Les mauvaises langues disaient qu’elle avait le « corps difforme » alors qu’il était naturellement en forme de cœur.
    – Oui, tu as raison. La médisance est le lot de celles et ceux qui sont dur de la feuille, de ceux qui restent sourds à la bienveillance. Mais heureusement, elle n’y prêtait jamais attention. Elle était comme la feuille de menthe : plus on la froissait, plus elle embaumait.
    – Sa vie était un véritable roman feuilleton, riche et goûteux comme un millefeuille bien crémeux.
    – Oui, tu as raison. Les feuilles succulentes la jalousaient car elles n’étaient que plantes grasses qui restaient au régime sec.
    – Ces envieuses se morfondaient comme ces feuilles de livres qui se dessèchent de n’être jamais lu. Elles s’en allaient par chemins sablonneux, portés par les alizés jusqu’au désert d’une oasis perdue.
    – Oui, tu as raison. Elles restaient rigides et piquantes sur leurs tiges solidement enracinées, afin de toujours mettre de la distance, enfouissant dans leur portefeuille d’avarice le peu d’humidité qu’elles ne voulaient point partager.
    – Notre feuille de chêne, elle, était une belle plante qui embrassait et embrasait sa vie avec ses multiples consœur qui respiraient le jour et transpiraient la nuit. Elle la vivait pleinement chaque jour car elle était consciente d’être caduque, que les feuilles mortes se ramassent à l’appel de l’hiver chaque année.
    – Oui, tu as raison. Elle vivait à cent à l’heure, embrassant le soleil et le vent jusque dans la moindre de ses fibres, jusqu’au plus profond des limbes.
    – Elle jouissait de la vie en vert et contre tout. Chaque matin elle mettait sa passion du cliché à l’épreuve en se livrant à la photosynthèse de ses connaissances et de ses pratiques.
    – Snif !…Oui, tu as raison. Elle …
    – Dis-moi. Si tu arrêtais de toujours dire que j’ai raison. Je vais finir par croire que tu as la larme Aphrodite. Que tu es Venus rien que pour me draguer. Hier avec ma sœur. Aujourd’hui avec son frère. Tu changes de sexe comme de chemise ma parole…

  21. Laurence Noyer dit :

    PAGE D’ECRITURE*

    Deux escargots s’en revenant de l’enterrement d’une feuille morte s’apitoient sur la défunte.
    – Dieu sait si elle avait de la sève !
    – Et joliment dentelée avec ça,
    on dit même…
    – Qu’à la belle saison, chez la fleuriste le dimanche, fleurs et couronnes combattent avec l’ange de l’ordre nouveau pour donner quartier libre au cancre pour qu’il fasse le portrait d’un oiseau en bouquet à l’école des beaux arts.
    – Au jardin, le concert de l’automne n’a pas réussi, le désespoir est assis sur un banc, le temps perdu s’en va au hasard des oiseaux
    – De retour au pays, avec l’accent grâve, nous dirons à l’oiseau du souci notre discours sur la paix au champs
    – Il ne faut pas miroir briser ! Vous allez voir ce que vous allez voir, Barbara ! Dans ma maison au déjeuner du matin, la fête continue place du Carrousel
    – La morale de l’histoire : Je suis comme je suis, j’ai la chanson dans le sang. Comme une écriture sainte, comme une Epiphanie.
    PS : Paris Stupides. Inventaire du contrôleur après l’enterrement de la feuille morte : les grandes inventions, la grasse matinée, la chasse à l’enfant, la lessive, la fille d’acier, les belles familles…

    *Texte composé avec les titres du recueil Paroles

  22. camomille dit :

    Deux escargots s’en revenant de l’enterrement d’un feuille morte s’apitoient sur la défunte.
    – Dieu sait si elle avait de la sève !
    – Et joliment dentelée avec ça, on dit même… qu’elle en a vu de toutes les couleurs !
    – Oui, elle a bien vécu,
    – sa mission était délicate mais elle a assuré,
    – Suis d’accord avec toi. Pour Adam et Ève, c’était une première… la classe !
    – Tu savais toi que Botticelli n’a pas voulu d’elle et que ça l’a bien vexée ?
    – Bah ! Elle avait un peu pris la grosse tête sur le tard… normal !
    – Remarque, elle s’est bien rattrapée avec les Apollon,
    – C’est vrai …elle a eu un beau parcours tout de même : chapeau bas. Qu’elle repose en paix à présent.
    – C’est pas comme sa cousine hein ?
    – Quoi sa cousine ?
    – Ben sa cousine « Dolma »… Elle a pris une voie gastronomique mais ça devient du n’importe quoi. Elle se fait farcir avec du riz, du boulgour, de la viande, des légumes… du n’importe quoi pour exister,
    – Ah c’est vrai, j’en ai entendu parler,
    – Et le pire du pire, maintenant on la met en boites de conserve pour la vendre dans les magasins ! Même pas honte !
    – Oh là là, ça va mal finir en effet,
    – Ouais, pas classe… on est bien loin d’Adam et Ève !
    – Que veux-tu l’ami, chacun sa vocation, ne soyons pas triste… Allez, allons boire un coup !
    « Et les deux escargots
    S’en retournent chez eux
    Ils s’en vont très émus
    Ils s’en vont très heureux
    Comme ils ont beaucoup bu
    Ils titubent un petit peu
    Mais la haut dans le ciel
    La lune veille sur eux. »

    • Franck Ndibualonji dit :

      Deux escargots s’en revenant de l’enterrement d’un feuille morte s’apitoient sur la défunte.
      – Dieu sait si elle avait de la sève !
      – Et joliment dentelée avec ça, on dit même…qu’elle a menée un combat sans répit.
      -Je te l’accorde celle-là.
      -Décidément, cette année, la sécheresse a fait un vrai carnage.
      -Que faire, la nature reprend ce qu’elle donne.
      -Et bien, Mère Nature a été injuste. Cette pauvre feuille avait à peine vu le jour qu’elle s’en est allée.
      -Je souhaite que nous revenions l’an prochain à la même date pour nous recueillir sur sa tombe.
      -En voilà une idée! Ca sera pour moi un honneur d’y aller avec toi.
      « C’est sur ces quelques mots que nos deux escargots s’en allant les yeux pleins de larmes nourrissant l’espoir de revoir leur amie au paradis. Ainsi, la vie repris son cour pour nos deux mollusques. »

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