Exercice inédit d’écriture créative 252
C’était un maître de balai
qui nettoyait chaque jour
l’avenue de l’Opéra,
de haut en bas.
En automne, sous son balai, les feuilles dansaient,
puis s’envolaient, jusqu’à l’Étoile.
L’hiver…
Imaginez une suite de cet texte qu’on pourrait titrer : Les 4 saisons
waouh!!!!
C’était un maître de balai auquel chaque jour on confiait l’avenue de l’Opéra, qu’il balayait de haut en bas. En automne, sous son balai, les feuilles dansaient sur l’air des « Feuilles mortes » puis virevoltaient en mars sur « Le sacre du printemps », tourbillonnaient dès juin sur « Le songe d’une nuit d’été » et tournicotaient en hiver sur « Les Quatre saisons »
Cela lui rappelait l’époque heureuse où il œuvrait à l’Opéra de Paris et commandait à tous : les serpillères et leurs arabesques, les chiffons et leurs pirouettes et même les éponges et leurs glissades.
Mais un jour, le balai mécanique fit son apparition et, bien qu’il dansait comme un manche, le supplanta. Il fut congédié d’un simple pas chassé.
Pour lui commença une vraie vie de chiendent qui l’obligeait à arpenter chaque jour ce chemin de croix
Mais il n’avait pas l’intention de continuer ainsi jusqu’à l’âge de 60 balais. Il s’était bien vu proposer un rôle à poil dans un balai-brosse mais il craignait qu’on lui demande d’effectuer des pas-de-deux, de quatre, de six, de huit ….
Il avait d’autres aspirations ! Il rêvait d’un grand écart et d’intégrer la Comédie-Française pour frapper les 3 coups.
Il se l’était juré, foi d’Igor Ocedarovitch, ancienne Première Etoile des Balais russes
C’était un maître de balai qui nettoyait chaque jour l’avenue de l’Opéra, de haut en bas.
En automne, sous son balai, les feuilles dansaient, puis s’envolaient, jusqu’à l’Étoile.
L’hiver…
dans d’autres pays où l’automne apparaissait, il devenait le chorégraphe des feuilles en marron et or. Son talent s’était répandu rapidement, et sa célébrité s’affichait en première page des journaux. Une émission télévisée lui était consacrée et les gens se pressaient pour voir danser les feuilles sous son balai.
Le « Maître de balai » comme on l’appelait désormais, était devenu incontestablement un Maître de ballet aux danseurs uniques au monde.
Long, mince, taciturne, indifférent à son aura de star.
Lorsqu’il exerçait son métier ailleurs, sa seule revendication était de balayer, par habitude, uniquement dans une avenue allant vers un opéra. Je ne sais pas si on peut dire « revendication » car il ne comprenait pas très bien tout ce remue-ménage autour de sa façon de balayer. Il se sentait balloté comme ses feuilles d’un endroit à l’autre pour la simple raison qu’un affairiste lui avait trouvé du talent et avait monté toute une histoire autour de sa façon de balayer des feuilles mortes. Mais y en avait-il une autre ? Balayer des feuilles reste balayer des feuilles et rien d’autre ; Même s’il éprouvait du plaisir à les voir virevolter avec grâce et les imaginer partir vers un certain firmament.
Dans ce tourbillon, loin de chez lui, il ne savait pas où elles s’envolaient. L’Etoile lui manquait. Il en eut assez et quitta ce monde de folie où l’avait entrainé, sans doute, un fou.
Dès le début de l’automne, enfin libéré, allez le voir Avenue de l’Opéra, faire danser les feuilles marron et or qui s’envolent vers l’Etoile.
C’était un maître de balai auquel chaque jour on confiait l’avenue de l’Opéra, qu’il balayait de haut en bas. En automne, sous son balai, les feuilles dansaient, puis c’était au tour de la neige, des fleurs fanées roses et blancs et des esquimaux des enfants.
Chaque saison avait ses étoiles et son programme. Tout le monde pensait : quel métier ennuyeux et fatiguant ! D’ailleurs on le prenait pour un technicien de surface. C’est dire si la ville de Paris le connaissait mal.
Car justement Raymond,lui, ce qu’il aimait, cela se situait en dessous. Chaque soir, il attendait l’heure de la sortie de la bouffe d’égout. Sa mélodie à lui était en sous sol. Rien à voir avec les simagrées des jupons et des chaussons. Non ! Lui ses étoiles, il les dirigeait un niveau plus bas.
Pour Raymond l’automne c’était comme le printemps.
Il débutait la « saison mélancolique » le coeur en fête. Un premier acte comme l’ouverture sur une nouvelle vie. Les journées qui s’étriquaient, le soleil qui s’affaissait, c’était la promesse d’un spectacle réussi.
En vingt ans, il en avait vu passé des artistes. Ceux d’automne plus forts que ceux d’hiver, mais tellement mieux éduqués que ceux d’été, ces starlettes de passage qui se croyaient tout permis. Oui ! Décidément l’automne tenaient le haut du pavé.
Quand il les voyaient virevolter, tourner, accélérer, se figer puis replonger dans le noir humide et glacé des coulisses, Raymond remontait sur les trottoirs, accroché à son balai, ébloui. Ses gros rats de Paris lui avait fourni son plein d’énergie.
PS : Je me rends compte que j’ai grignoté un bout de l’exercice… Tant pis je suis restée a l’Opéra !
Stéphanie
C’était un maître de balai qui nettoyait chaque jour l’avenue de l’Opéra, de haut en bas. En automne, sous son balai, les feuilles dansaient, puis s’envolaient, jusqu’à l’Étoile.
L’hiver, elles lui revinrent sur papier glacé, dans sa boite aux lettres, trois pages classiques d’un solde tout compte qui stipulait en bonne et due forme la fin du CDD. Du balai !
Par un coup de piston, il devint un maître des cols qui remontait des Vélib depuis la rue des Ecoles au sommet de la Montagne Sainte-Geneviève.
Tout l’hiver, sur sa bicyclette, les pédales dansaient, les chronos s’envolaient jusqu’à entrer au Panthéon.
Sauf que le mur était en béton armé. Trois mois à la Salpêtrière, emplâtré des pieds jusqu’au col, Il devint maître de la piqûre qu’on lui administrait chaque jour boulevard de l’Hôpital.
Geneviève, la première s’appelait Geneviève !
Un printemps, à se laisser piquer par un ballet d’infirmières aux jambes nues et aux cœurs tendres qui dansaient puis s’envolaient jusqu’à Gambetta.
De nouveau sur pied, il reçut un courrier annonçant la venue de la Grande Armée, service de La Défense qu’il devait à la Nation. Il fut un excellent maître chien qui dressait ses bêtes chaque jour dans les allées de l’Ecole Militaire.
Tout l’été, du bout de sa laisse, les Bergers Allemands dansaient puis s’envolaient à la guerre.
C’était un maître de balai qui rêvassait chaque jour, avenue de l’Opéra, devant la carte du menu à la même pizzeria.
« Une quatre saisons, monsieur Raymond, comme d’habitude ? »
C’était un maître de balai qui nettoyait chaque jour l’avenue de l’opéra de haut en bas. En automne, sous son balai les feuilles dansaient, puis s’envolaient, jusqu’à l’Etoile.
L’hiver il fallait plutôt s’occuper de la neige. Déblayer pour éviter les accidents, éviter les glissades, ce qui ne convenait guère aux enfants avides de batailles de boules de neige et de glissades.
Au printemps la tâche étant plus facile, le travail plus simple, la saison était devenue idéale pour s’entrainer.
En été il fallait que tout soit impeccable, la saison touristique demandait grands soins et rien ne devait subsister ni de papier ni de petit détritus.
Dans une grande ville comme Paris le maître de balai n’était pas seul .
Chaque boulevard chaque avenue, chaque grande rue possédaient ses maîtres. Les rues plus petites avaient droit aux apprentis, très nombreux. Eux aussi s’essayaient à l’art du balai. Car c’était bien d’un art dont il s’agissait.
Tous ses élèves étaient d’ailleurs recrutés très sérieusement par les écoles qui devaient former l’Elite. Après un examen très sérieux, noté par ses paires, un débutant passerait ouvrier, puis l’ouvrier, compagnon, faisant le tour de Paris pour bénéficier de l’expérience de plusieurs maîtres, dont les techniques variaient bien souvent d’un quartier à l’autre selon ses caractéristiques (Montmartre plus pentu, les champs Elysées beaucoup plus larges, le Luxembourg et son jardin plus feuillus à cause des nombreux arbres etc.)
Le compagnon confirmé après plusieurs années, passera maître puis grand maître mais, plus difficilement, sur concours. Enfin pour atteindre le graal … maître souverain il fallait être élu, et cela, récompense suprême, faisait partie des rêves les plus fous de chacun.
Chaque balai rêvait lui aussi (c’était bien connu) que son propriétaire devienne grand maître.
En effet, dès sa conception on attribuait le balai à un apprenti, mais rares étaient ceux qui finissaient dans les mains d’un maître accompli.
Le couple, élève balai, était constitué pour la vie, ils formaient une équipe très soudée, le rôle des deux étant d’importance égale, il fallait que l’osmose soit parfaite. Il n’était pas d’excellent balai sans le savoir faire d’un professionnel. L’expertise d’un maître ne verrait jamais le jour avec un balai médiocre. Ne disait-on pas « tel maître tel balai » ?
Le fabricant de balai, métier très prisé dans la capitale était complexe. Pour concevoir le bon balai pour le couple idéale, il fallait tenir compte des critères de l’apprenti, sa taille, sa morphologie et, très suggestif, la force qu’il allait pouvoir développer tout au long de sa carrière. On avait vu souvent un frêle garçonnet, au fil des épreuves devenir un véritable athlète et dans ce cas précis, le choix des matériaux et notamment du bois était crucial. Si un balai venait par accident à casser, fabriquer un balai pour un compagnon chevronné par exemple était très délicat.
Certains en effet essayaient parfois de tricher à l’approche du concours pour améliorer leurs performances. Et se faire fabriquer un balai, correspondant plus à leur état de forme du moment, était rigoureusement interdit par la haute autorité.
La haute autorité tenait à faire respecter scrupuleusement les règles. Cela faisait la renommée de ces épreuves devenues petit à petit un évènement incontournable de l’ère moderne.
Donc le brossier (fabriquant de balai) devait lui aussi passer différents grades avant de se voir confier la très délicate mission de former les couples, en forgeant l’outil, pour, et d’après un utilisateur, potentiellement capable de devenir… maître souverain. Généralement formé sur le plumeau il devait également faire ses classes avec les différentes brosses et devenait ensuite pour les plus assidus, maîtres brossiers. Les écoles de brossier dépendaient directement des écoles de maître balai et rares étaient les brossiers indépendants qui arrivaient à se faire un nom dans le milieu. Le monde entier nous enviait ces écoles.
L’automne à cause de ses feuilles tombées fort nombreuses, était la saison idéale pour les examens et l’automne 1891 marqua le début d’une grande aventure que nul n’avait prévue, car quelques participants étrangers furent admis et l’évènement pris une ampleur internationale.
Chaque école accueillait des hôtes étrangers venus tenter leur chance.
Quel que soit le niveau ambitionné, tous les participants aux examens et concours, rivalisaient d’idées nouvelles pour améliorer ses performances, tous y allaient de bon cœur. Le balai ne laissait pas la moindre chance à la plus petite feuille, le candidat s’entrainait d’arrache-pied et devait quelques fois faire appel à un masseur le soir pour soulager ses muscles trop sollicités, sans oublier de cajoler le précieux balai. Les règles des passages des différentes épreuves étaient strictes, plus le niveau de compétences requis était élevé, plus la zone délimitée de balayage devenait grande et le temps imparti, plus court. On contrôlait les dimensions du balai, on le pesait.
Chaque prétendant quel que soit son grade et le diplôme espéré, passait une visite médicale. On vérifiait qu’il ne soit pas sous l’emprise de remède illicite pouvant améliorer son rendement.
Les listes des participants les dates de leur examen ainsi que les lieux étaient affichées dans chaque école plusieurs jours à l’avance afin de laisser à chacun le temps de faire un repérage.
On arrêtait également tout nettoyage de ladite zone pendant les sept jours précédents l’évènement. Pendant toute la durée des épreuves des équipes de journalistes venues des quatre coins de France et de l’étranger relataient à tout moment leur évolution.
Certains riverains louaient à prix d’or un emplacement sur un balcon, une chambre de bonne, assurant aux journalistes des prises de vues inédites. La haute autorité fermait les yeux sur ce genre de pratique car au moment tant attendu des épreuves, appelées cette année « rassemblement universel », en l’honneur des couples de participants étrangers, elle ne pouvait pas tout contrôler, et avait déjà fort à faire avec les paris clandestins. Miser sur l’école ayant le plus d’élèves reçus et sur les trois premières qui seraient les mieux classées, était très couru, et les sommes engagées énormes. Paris clandestins, qu’il fallait à tout prix éradiquer. On parlait en effet en haut lieu, de la capitale comme de la ville ou se déroulerait quelques années plus tard une très grande exposition relatant un siècle de vie, d’art, d’inventions et de modernité mettant à l’honneur plusieurs nations, mais seulement ,et seulement si ,ce rassemblement se passait impeccablement bien. Il fallait que la réputation parisienne soit au propre comme au figuré irréprochable. Rien et surtout pas les jeux d’argent ne devait l’entacher.
Cet automne-là se passa bien, très bien même, on s’inspira même du nom du rassemblement universel pour baptiser cette grande exposition de 1900 qui eut bien lieu à Paris.
Hiver 1921. Il faisait grand froid et il fallait s’occuper de la neige. Déblayer pour éviter les accidents, éviter les glissades, ce qui ne convenait guère aux enfants avides de batailles de boules de neige et de glissades. C’était en cette saison que les maîtres de balai et leurs brigades fraichement élues et diplômées commençaient à faire réellement leurs preuves.
Pour Gaspard, maître de balai diplômé depuis déjà deux années, c’était un jour un peu spécial. Il y avait eu un accident et son balai avait cassé. Depuis trois semaines le brossier lui confectionnait un nouvel alter ego. Trois semaines de repos forcé constituaient une torture pour ce travailleur acharné. Ho bien sûr il avait pu conseiller et donné la main à plusieurs apprentis trop contents de l’aubaine, mais ce matin il passait chez maître Roger un des plus célèbres brossiers de la ville et son calvaire allait s’arrêter car il devait récupérer son enfant, tant désiré. Chérir cet objet qui allait prendre vie, et avec lui, pouvoir à nouveau tout partager, c’était le plus important. Pour commencer l’entrainement et mettre en confiance le balai il fallait passer beaucoup de temps avec lui au début et travailler sans relâche. Lui parler beaucoup, le féliciter, le caresser, ainsi et seulement après cette prise de contact, le balai se livrerait et donnerait le meilleur de lui-même. Pour ce faire il avait rendez-vous avec ses camarades de promo, Louis, Emile et Eugène. Quatre maîtres pour dégager la place de l’Etoile outrageusement sabotée. Il y aurait également plusieurs ouvriers aguerris sous leurs ordres. Cette année, nombreux, avaient été les apprentis promus au grade d’ouvrier. On voyait de plus en plus d’élèves venus d’autres pays pour s’initier à l’art du balai. Les écoles de maître balai ainsi que celles des brossiers n’avaient jamais été si nombreuses et on se préparait même à exporter des écoles clef en main dans les pays les plus éloignés.
C’était plutôt de bon augure de voire autant d’ouvriers dans la capitale cet hiver là car il avait vraiment beaucoup neigé, plus qu’à l’habitude. La contrepartie fut catastrophique. Trop d’ouvriers en fait, et trop de neige et surtout la fâcheuse habitude de balayer la neige l’hiver, comme les feuilles en automne, à savoir vers la place de l’étoile. Libérer tous ces couples « hommes- balais » en furie impatients de montrer leur efficacité après leur examen fut dramatique. Même la haute autorité fut incapable de prévoir ce qui allait se passer. Leur hâte d’en découdre avec la neige que certains n’avaient encore jamais vu, provoqua un amoncellement neigeux énorme, et ils étaient tellement absorbés par leur tâche qu’ils ne se rendirent même pas compte que l’arc de triomphe fut entièrement recouvert en quelques heures.
Quand on s’en aperçu le mal était fait. Les équipes de maître de balai furent dépêchées de toute urgence. La promotion de Gaspard très réputée fut mandée parmi les premières. En voyant l’ampleur de la masse neigeuse ils décidèrent de l’attaquée par le haut, ce qui mettrait tous les intervenants au-dessus d’éventuels éboulements voir d’avalanches. Gaspard en premier en profita pour exhiber son balai qui lui aussi était impatient de rendre a son maître l’affection qu’il lui portait déjà et de montrer à tous de quel bois il était fait. Du sommet donc, dominant Paris, Gaspard emmené par son balai, sans doute trop fougueux, fut déséquilibré et dévala la pente. Les autres pressés d’imiter le maître, voyant là une technique qu’ils ne connaissaient pas, dévalèrent à leur tour. Une fois arrivés en bas remontaient déjà pour repartir. Négligeant peut être le résultat, mais prenant beaucoup de plaisir les participants se surprirent à faire des courses entre eux, des équipes se formèrent, rivalisant d’imagination certain descendaient assis, comme s’ils avaient des luges d’autres debout, imitant les skis. Le travail devint spectacle, une foule de badauds agglutinée en bas acclamait, encourageait, complétement séduite par cette compétition internationale. La haute autorité en fut informée et décida de recommencer l’évènement mais cette fois ci, en plus organisé, et pas à Paris de préférence, inutile de noyer une fois de plus l’arc de triomphe.
Les premiers jeux olympiques d’hiver eurent lieu à Chamonix trois ans plus tard.
Au printemps il y avait beaucoup moins de travail qu’à l’automne et qu’en l’hiver et le printemps devint presque automatiquement la saison où l’on peaufinait sa technique. Depuis très longtemps déjà un petit groupe d’amis, dont un maître souverain, avait suggérer à la haute autorité une petite chose qui devint vite un élément redoutable, pour entrainer les troupes. En 1885 le maître souverain Saturnin grand féru d’art, certes, du balai, était aussi grand expert de peinture et pour tout dire grand amateur d’impressionnisme. On le croisait si souvent dans les différentes expositions et autres galeries si nombreuses à Paris, qu’il avait lié connaissance avec Manet puis Renoir et devint même amis avec Monet. Un jour, alors qu’ils prenaient tous les quatre un déjeuner sur les bords de marnes en discutant de peinture , Saturnin évoqua les difficultés d’entrainer ses brigades de maître de balai et notamment de ce qui lui posait le plus de problème : trouver quelque chose à faire balayer. Bien sûr la haute autorité en avait souvent débattu, mais sans jamais rien trouver de satisfaisant.
Manet très pragmatique était partisan de créer de toutes petites choses très embêtantes à déloger de tous les recoins que pouvaient constitués les avenues et boulevards pavés, sans parler des petites ruelles difficile d’accès.
Renoir quant à lui, fervent défenseur des feuilles qui volaient de partout dès le moindre souffle, était favorable à quelque chose de très léger.
Monet toujours plus prêt de son art voyait, lui, des taches de toutes les couleurs.
Devant tant de disparité et ne voulant pas créer de discorde, Saturnin essaya de faire l’amalgame de toutes ses idées et c’est à ce moment-là, très précis, entre la poire et le fromage que notre maître souverain eu l’idée de faire fabriquer des montagnes de petits morceaux de papier de toutes les couleurs. Plus tard en voulant écrire, comment lui était venue cette idée, il se mélangea un peu le crayon. Il voulut écrire : « Qu’ont-ils fait mes amis pendant ce repas ? Ils m’ont aidé à trouver le moyen d’entrainer mes troupes » Il écrivit « qu’ont-ils fi mes amis… » .Voulant gentiment se moquer de lui, son secrétaire pour passer commande au fabriquant écrivit « des tout petits morceaux de papier appelés des « contilfis ». Le fabriquant ne connaissant pas ce nom se trompa à son tour, il nota sur la facture des « confitis »
Plus tard un grand publicitaire baptisera définitivement l’objet « confettis » trouvant que cela sonnait mieux. Ce fameux confettis devint le cauchemar de tous les couples, homme, balai, quel que soit leur grade et notamment à chaque début du printemps lors de certaines fêtes dansantes.
En été, il fallait que tout soit impeccable, la saison touristique demandait grands soins et rien ne devait subsister ni de papier ni de petit détritus. Ce n’était pas rien, les maîtres de balai officiaient dans la plus belle ville du monde, la réputation du pays tout entier était en jeu. Les problèmes étaient différents en chaque saison, mais tous exigeaient la présence très professionnelle des maîtres. Hors c‘était bien connu derrière chaque grand homme il y avait une femme, et si le règne de Saturnin fut très productif et laissa une empreinte très forte, sur la direction de la haute autorité, il le devait en partie à sa femme. Toujours présente pendant ces nombreuses années, sachant l’aimer même avec son balai qu’il ne quittait jamais, du moins, pendant leurs premières années de mariage. Elle avait su être patiente. Lors des réunions annuelles de rentrées des maîtres de balai organisées à l’étranger pendant une semaine , pour changer un peu du quotidien parisien, elle avait su tisser, avec d’autres femmes de maîtres de balai, des liens très forts. Bien évidement si l’art du balai était revendiqué haut et fort par les hommes, il n’en était pas moins vrai, qu’à la base, au départ de la profession, c’était bien les femmes qui avaient enseigné à ses messieurs comment il fallait le manier pour être efficace. Plus tard pour officier dans la rue, les hommes avaient largement dépassé les femmes qui trouvaient le travail ingrat et plutôt rude.
Si les femmes étaient présentes à ces réunions, du moins dans les hôtels et aux repas, elles n’avaient pas le droit de participer aux débats, et encore moins de donner leur avis sur l’évolution de la profession. Et lors de la grande assemblée générale pendant laquelle était élu le maître souverain, elles n’étaient même pas présentes. Gertrude femme de Saturnin, cette année-là grand maître du balai, ne pouvait plus supporter cet état. Les hommes une fois rentrés à la maison écoutaient ce que disaient leurs femmes, mais n’avouaient jamais qu’ils tenaient compte finalement de leurs conseils. Gertrude n’en pouvant plus, suggéra à ses amies femmes de maître, de faire leurs propres réunions en secret tout d’abord, puis au grand jour ce qui leur valu beaucoup de déboires avec leurs époux, car elles revendiquaient, la reconnaissance de tous, de leur influence, et de leur compétences, surement aussi grandes que celles des hommes et peut-être même plus. Leur combat fut âpre, elles organisaient des réunions privées puis des meetings publics qui rassemblaient de plus en plus de femmes, quelque fois même des manifestions dont une célèbre partant de la bastille jusqu’au port de Paris, situé à Gennevilliers où elles furent très nombreuses. Elles partirent de la Bastille à cinq cents, puis par un prompt renfort se virent trois milles en arrivant au port. Du moins selon leur estimation car la police en dénombra beaucoup moins.
Été 1882 Gertrude et ses amies fondirent « la ligue française pour les droits de la femme » il leur fallu attendre septembre 1945 pour avoir le droit de vote en France.
C’était un maître de balai qui nettoyait chaque jour l’avenue de l’Opéra, de haut en bas.
En automne, sous son balai, les feuilles dansaient, puis s’envolaient, jusqu’à l’Étoile.
Pour éviter les grands écarts, l’hiver, avec sa pelle, le sel valsait sous le pâle soleil.
Au printemps, sous son plantoir, les pointes des sabots de Vénus attendaient leur instant de gloire. En été, sous son sécateur, les rosiers faisaient des arabesques pour cacher les amoureux assis sur un banc au clair de lune.
Parfois, il délogeait d’intrépides petits rats qui s’égaillaient à pas chassés. À midi, quand il était en fonds, il s’offrait une quatre saisons à la pizzéria du coin. Le soir, il somnolait devant le cycle 6 des Soprano.
Telle était sa vie d’agent de voirie, le regard toujours fixé au sol. Il ne leva jamais les yeux sur le plafond de l’Opéra où les étoiles scintillent et les notes de musique se mêlent et vous envoûtent.
Zut ! Je débute par une faute « Où étaient » au lieu de « Où était », car j’ai repris les dernières lignes d’un précédent sujet (les murs se resserent)et là ma phrase était au pluriel.
Ce qui est dommage c’est que l’italique ne puisse pas apparaître dans le collage, car cela change beaucoup de choses au sens du texte écrit.
Tant pis, j’espère que mon texte sera compris.
Bon week-end à tous
Henriette
Faute pardonnée et rectifiée. Amicalement. Pascal
Les 4 saisons de Taysir
…Où était son rêve immense, son rêve gigantesque, mais évident, celui de vivre libre tout simplement !
La tempête se déchaîna, augmenta encore de violence. Soudain, une voix pleine d’espoir hurla : Terre, je devine la terre.
Ils se précipitèrent tous du même bord… Ce fut d’abord une impression, puis une certitude. Les murs, autour d’eux, se rapprochaient, imperceptiblement. Les eaux les engloutirent.
Quelques-uns furent sauvés… Taysir en faisait partie.
Alors son rêve revint plus fort, plus grand. Dieu ou Allah l’avait sauvé, bientôt il retrouverait les planches et sans se cacher, ici il pourrait donner libre cours à son art. Il lui restait peu de choses de sa vie d’avant, mais il avait sauvé un appareil précieux qu’il avait pris soin d’emballer consciencieusement. : son i-phone et ses écouteurs. Son violon, lui il avait dû le vendre pour payer son voyage.
On l’emmena dans une grande ville où il se sentit perdu. Une bonne âme le guida dans la ville. On lui proposa un emploi qu’il ne comprit pas tout de suite, mais le mot OPÉRA retentit dans sa tête dans une explosion, de joie.
Son écouteur sur les oreilles il se laisse à rêver.
C’est l’automne :
Allegro :« Celebra il Vilanel con balli e Canti… Par des chants et des danses, le paysan célèbre l’heureuse récolte et la liqueur de Bacchus conclut la joie par le sommeil… »
Dans sa tête, il bat la musique, il entend les violons.
Il ne comprenait pas la langue des gens de ce pays, mais les mots OPÉRA et BALLET l’enivrèrent.
On lui donna une curieuse combinaison de toile verte et sans qu’il comprenne ce qu’il devait en faire on lui glissa un balai dans les mains. (Ce doit être un accessoire pour un nouvel opéra, je vais passer un casting se dit-il). Dans sa tête la musique continuait :
Allegro « Chacun délaisse chants et danses, l’air est léger à plaisir, et la saison invite au plaisir d’un doux sommeil… » Les mots enregistrés en français il ne les maîtrisait pas, mais il connaissait l’opéra dans sa langue originelle et reprenait en surimpression
« Fa ch’ogn’uno tralasci e balli e canti
L’aria che temperata dà piacera,
E la Staggion ch’ invita tanti e tanti
D’un dolcissimo Sonno al bel godere… »
Rapidement il comprit ce que l’on attendait de lui : Le Maître de ballet de l’Opéra de Damas, allait donc devenir le Maître de balai de l’Avenue de l’Opéra à Paris !
C’était le prix à payer pour vivre libre ! Il balaierait la rue, avenue sans arbres, sans feuilles, mais couvertes de mégots de crottes de chien, de fèces de pigeons, de papier, de publicités, de vieilles canettes et de tant d’autres choses.
Barbaro… il balaierait comme un barbare, avec allégresse, bravoure et brillance. Ce n’était plus Vivaldi, mais une burletta. Il balaierait en cadence, faisant voler les publicités, gratterait prestement les chewing-gums collés.
Sa vie était emplie de frayeur, fatiguée par le fracas des attaques au mortier, les chiens l’avaient obligé à fuir. Il était exténué, mais avait survécu aux coups.
Certains trouvaient sa façon de travailler pathétique, d’autres s’en amusaient. Mais lui vivait son drame comme un intermède à sa vie, car il finirait bien un jour par y rentrer dans cet Opéra !
Voilà l’hiver qui s’installe:
Allegro non molto : « Aggiaciato tremar trà nevi algenti… » Taysir tremble violemment sous la neige étincelante, au souffle rude d’un vent terrible. Il court, tape des pieds à tout moment, et dans l’excessive froidure, claque des dents…
Un soir où la pluie, dehors verse à torrents, Elias, son ami, un rescapé comme lui, devenu serveur au Grand Café de l’Opéra, lui proposa de lui prêter son habit pour lui permettre de se glisser parmi les acteurs de l’Opéra de sa vie. Vivaldi se jouait justement ce soir-là.
Il marcha bravement, se faufila avec délicatesse à travers les couloirs, longea les loges des artistes, et se cacha dans un recoin de la fosse.
Doloroso, il ne pouvait bouger, il ne pouvait chanter. Il se sentait traqué à nouveau, mais soudain la musique surgit et l’emporta, caressante, légère, puis allègre.
Quand le concert débuta, dès les premières notes il s’envola vers un autre monde, un monde lointain, celui d’avant, d’avant la guerre. Il s’enveloppa dans une aura paisible où pour un moment il oublia la guerre.
Voici le printemps. Taysir en silence chantait. « Giunt »è la Primavera e festosetti…
Que les oiseaux saluent un chant joyeux.
Et les fontaines, au souffle des zéphyrs
Jaillissent en un doux murmure…
Ses bras tremblaient de se retenir de scander la musique. Il était ailleurs, plus loin la baguette à la main.
Au son festif de la musette
Dansent les nymphes et les bergers,
Sous le brillant firmament du printemps…
Il put se contenir durant l’été :
Allegro non molto – Allegro « Sotto dura Staggion dal Sole accessa…
Sous la dure saison écrasée de soleil,
Homme et troupeaux se languissent, et s’embrase le pin.
Le coucou se fait entendre, et bientôt d’une seule voix
Chantent la tourterelle et le chardonneret…
Zéphyr souffle doucement… »
Il imaginait les pas du ballet, les scènes tant de fois travaillées. Il revivait sa vie d’avant, lorsque soudain Viktor, un vigile le surprit.
Taysir lui apparut comme un ange divin. Son visage rempli de lumière sous l’auréole de boucles brunes l’enchanta. Viktor devait agir, mais prenait le risque de troubler le spectacle. Cet homme curieux lui semblait ruisselant de joie, radieux, inoffensif. Il semblait plongé dans une oasis de paix. Il choisit de le laisser vivre la fin des saisons pour agir.
Cet homme se dit-il je vais l’accompagner chez le directeur, il a probablement beaucoup de choses à nous dire. Je le reconnais c’est le maître de balai de la rue de l’Opéra.
Bon weekend musical
Henriette
Pas de deux
C’était un maître de balai
Auquel chaque jour on confiait l’avenue de l’Opéra
Qu’il balayait de haut en bas.
En automne, sous son balai, les feuilles dansaient, dansaient,
Puis s’envolaient jusqu’à l’Etoile.
L’hiver, comme il n’avait pas grand-chose à faire,
Il adorait les observer de l’autre côté de la verrière:
Les petits Rats.
– Attention, Monsieur Auguste, ne glissez pas !
Il avait obtenu cette exceptionnelle autorisation
Qui lui permettait d’assouvir sa passion:
Les entrechats.
Un, deux, un, deux, pied gauche devant puis pied droit
Un bref élan pour une envolée magistrale
A chaque pointé ou plié,
Son cœur s’accélérait à un rythme infernal.
Bien sûr il avait sa petite préférée
Celle au tutu fané et aux chaussons fatigués
– Ida, tu t’es encore trompée de pas
– Ida, ton dos, pas assez vertical
– Ida, tes épaules, plus à l’horizontale
Il lui murmurait ses conseils, tel un professionnel
Et la petite corrigeait sa posture grâce à lui,
Il en était sûr !
Elle lui ressemblait tellement, c’était troublant
C’était il y a si longtemps
Mais il y pensait si souvent
A son premier amour…
– Ida, tu m’aimeras toujours ?
– Toujours, toujours, toujours,
Criait-elle en roulant les « r »
C’était avant l’accident.
Maintenant Auguste a une « patte folle »
Il s’accroche à ses souvenirs comme à son balai
Ce qui lui donne le sourire ?
Ses rendez vous secrets à l’école de l’opéra
Juste sous la coupole.
C’était un maître de balai qui nettoyait chaque jour l’avenue de l’Opéra, de haut en bas.
En automne, sous son balai, les feuilles dansaient, puis s’envolaient jusqu’à l’Etoile.
L’hiver esquissait une drôle de chorégraphie glacée.
Les pointes du froid confinaient les danseurs à la barre.
Lui entretenait d’étranges combats de trottoirs.Des petits rats chassés par de vastes entrechats.
C’était sa petite compagnie, à lui, en attendant le retour du ballet des hirondelles.
C’était un maître de balai qui nettoyait chaque jour l’avenue de l’Opéra, de haut en bas.
En automne, sous son balai, les feuilles dansaient, puis s’envolaient, jusqu’à l’Étoile.
L’hiver…
Alors que les feuilles dansaient et s’envolaient jusqu’à l’Étoile, ses pensées s’envolaient jusqu’au firmament.
Il y a bien des années, il était jeune, mais déjà nommé « Maître balayeur » à l’Opéra. La scène devait toujours être impeccable. Une armée de balayeurs y menait, sans cesse, un ballet infernal !
Il y a des années, une danseuse-étoile avait perdu le diamant de sa bague solitaire. Il l’avait retrouvé et lui avait rendu. En signe de reconnaissance, elle lui permit d’assister à tous les ballets dans lesquels elle se produirait.
Dès l’automne, il découvrit avec émerveillement à l’Oiseau de Feu. Chacun des tableaux lui apporta mille et une émotions aux couleurs flamboyantes. Jamais il n’avait pensé qu’un spectacle pouvait procurer autant de bonheur à une personne non-initiée à cet art.
Le lendemain, dans les rues,, il était, tour à tour, le Tsarevitch, Kachtcheï ou l’Oiseau de Feu. Les feuilles dansaient et lui s’envolait avec ses rêves.
L’hiver arriva, les perles de givre habillèrent les arbres et les lumières scintillèrent dès la tombée du jour. Le maître des balais trouvait le temps long et froid en rue, mais chaleureux à l’Opéra.
Des étoiles plein les yeux, il savoura Casse-Noisette. Après chaque tableau, il se disait : « Celui-là est le plus beau… ». Il écrasa une larme sur sa joue rougeaude lorsqu’il entendit la Danse de la Fée Dragée. Le tomber du rideau le projeta dans les souvenirs de son enfance : ses petits soldats de bois, le parfum des oranges, les longues glissades…
Le lendemain, tour à tour, il était le Roi des souris, fragile Casse-Noisette de bois ou Prince ! Les flocons de neige dansaient et lui s’envolait avec ses rêves.
L’arrivée du printemps fut un feu d’artifice de splendeurs, après un hiver sans fin.
A l’Opéra, le Sacre du printemps. Le maître des balais fut perturbé par cette œuvre, mais il pensa qu’il en fallait pour tous les goûts et que l’Art évoluait…
Lui aussi évoluait. Il voyait avec plaisir son initiation aux arts de la Danse et de la Musique s’affirmer, lentement, certes.
Le lendemain, il balayait les quelques bourgeons ou pétales avec d’amples mouvements, des déliés, des sauts, des ….
Il s’arrêta net lorsque les passants commencèrent à faire cercle autour de lui….mais ses rêves ne s’envolèrent pas pour autant !
Quelques orages d’été fracassèrent le ciel de la Ville Lumière.
Aussi curieux que cela puisse paraître, la danseuse-étoile invita le maître des balais, un soir de relâche.
Ils prirent place devant une une toile géante. Obscurité et silence.
Après la Toccata de Jean-Sébastien Bach et les dessins animés abstraits, après l’évocation des quatre saisons et la musique de Casse-Noisette, le maître des balais se régala avec la musique de Paul Dukas et les péripéties de l’Apprenti Sorcier !
A la sortie, la danseuse-étoile esquissa quelques jetés puis entraîna le maître des balais.
Ils étaient seuls au monde…
Les feuilles dansaient , ils s ‘envolaient vers leurs rêves….
C’était un maître de balai qui nettoyait chaque jour
l’avenue de l’Opéra, de haut en bas.
En automne, sous son balai, les feuilles dansaient,
puis s’envolaient, jusqu’à l’Étoile.
Il jouait l’apprenti sorcier.
L’hiver…
il avait moins de travail, il marchait, il allait glissando sur l’avenue glacée. Il pensait à cendrillon, mais point de lamento. Silences, soupirs,il improvisait. Dans les brumes il apercevait de temps à autre un vaisseau fantôme .Il rêvait de patineurs sur le lac des cygnes. Enfin le carnaval des animaux annonçait la fin de toute rigueur, et
c’était le sacre du printemps, brise douce et parfumée,il virevoltait avec les robes colorées. Il abandonnait les moderato pour les allegro ou fortissimo. La bohème retrouvait les bancs publics, les pies voleuses de retour.Les feuilles tendres apparaissaient, les fleurs se multipliaient, il
devait orchestrer toutes ces variations.
L’été, la vie parisienne battait son plein. Les oiseaux de feu de retour, les noces dans les jardins du palais royal, lui donnaient un travail sans fin mais il adorait les valses, les choeurs et son balai retrouvait un tempo de fantaisies, il rêvait même de fugue avec la reine de la nuit et ses milliers d’étoiles.
C’était un maître de balai qui nettoyait chaque jour l’avenue de l’Opéra, de haut en bas. En automne, sous son balai, les feuilles dansaient, puis s’envolaient, jusqu’à l’Étoile.
L’hiver, sous les flocons emballés, il se laissait aller à faire quelques pas de 2, glissant sur le sol gelé, en s’imaginant dansant dans le Lac des Cygnes. Lorsque le printemps s’annonçait, il se cassait parfois des noisettes, pour éveiller son corps engourdi par l’hiver, avant de s’élancer sur son avenue dans de grands entre-jambes. Aux premières chaleurs de l’été, n’y tenant plus, il dénudait ses bras frêles et blancs en osant porter son « Marcel » et son pantalon noir ajusté. Ainsi vêtu, on le prenait parfois pour un danseur, particulièrement lorsqu’il faisait une figure avec son balai, ce qui suffisait à le flatter.
Sujet bien amusant que celui des saisons.
Les quatre saisons »
J’ai écrit un petit texte qui s’intitule : les feuilles au fil des saison » qui a été
Refusé par les maisons d’éditions. Une bonne idée d’écriture pour revoir et comparer ce qui me trotte dans la tête pour cet exercice.
ouah! pas moins de 6 éléments dans cette proposition d’écriture:
saison, personnage, ustensile, discipline, lieu, destination
j’ai fait un tableau pour m’y retrouver
Idem pour moi, j’ai fait la même chose. Il faut tous ces éléments pour écrire un texte a la hauteur de cet exercice. Bon courage à tous
Mireille
C’était un maître de balai
qui nettoyait chaque jour l’avenue de l’Opéra,
En automne, sous son balai, les feuilles dansaient,
puis s’envolaient, jusqu’à l’Étoile.
C’était un chef de cœur
qui ouvrait chaque jour le quartier de la Muette
Au printemps, chaque clé libérait des chants
jusqu’à la rue de Savoix
C’était un metteur en Seine
qui théâtralisait chaque jour la Cour du Louvre
En été son emporte-pièce
œuvrait au Jardin des Tuileries
C’était un maître au nomme
qui rythmait chaque jour ses pas sur le boulevard Bourdon
En hiver, son pendule oscillait
Jusqu’au métro Bel-Air
C’était un maître de balai qui nettoyait chaque jour l’avenue de l’Opéra, de haut en bas.
En automne, sous son balai, les feuilles dansaient,puis s’envolaient, jusqu’à l’Etoile.
L’hiver, plus besoin de maître de balai pour les guider, le vent jouait ce rôle, et c’est lui qu’elles suivaient. Elles suivaient l’air du temps, en quelque sorte, du mauvais temps, ce vent qui leur faisait une bise à sa façon, une bise violente qui poussait les rescapées dans leurs derniers retranchements, et les poussait à se réfugier dans le moindre recoin des rues. Les plus chanceuses avaient pu rejoindre un champ, ou mieux les sous-bois où on les laissait en paix s’enfouir sous les arbres tutélaires dans la chaleur douce de l’humus, promesse de fertilité pour la saison prochaine.
Au printemps les feuilles prenaient leur revanche, c’était leur saison, et elles pointaient leur frimousse sur tout bois à leur portée, prenaient possession du balai lui-même pour apparaître aux brindilles ressuscitées de son bouquet de branches, aidées par compère liseron, qui immobilisait au sol de l’abri communal l’instrument en hibernation. Car il n’y avait plus de feuilles par terre en cette saison, elles étaient toutes perchées là-haut, sur les arbres centenaires, à narguer leur tortionnaire. Le pique-feuille avait pris le relais pour ramasser les papiers sales égarés sur les trottoirs.
L’été venait enfin, saison de l’épanouissement et du farniente, pleine maturité épanouie. Le soleil montait au zénith et tapait fort, l’eau était rare et il était parfois difficiles aux feuilles de garder dans leurs veines asséchées le liquide vital. Car il arrivait que l’été tant attendu ne tienne pas ses promesses, et que s’écourte la belle saison. La sécheresse trop intense flétrissait précocement les feuillages, et un vent violent annonciateur d’orages qui n’éclataient pas détachait de l’arbre bruni les feuilles déshydratées.
Alors le maître de balai se libérait de son carcan de liseron impuissant à le retenir et revenait nettoyer l’avenue de l’Opéra, menant les feuilles déchues en ronde jusqu’à l’Etoile.
C’est un maître de balai qui nettoie chaque jour l’avenue de l’Opéra, de haut en bas.
En automne, sous son balai, les feuilles dansent, puis s’envolent, jusqu’à l’Étoile.
L’hiver il se repose.
Il aime ce quartier si souvent arpenté, les longues avenues trempées de pluie aux reflets argentés.
Parfois il va s’asseoir sur un des bancs du square. Nourrir les pigeons, causer avec un inconnu, partager simplement un bout du temps qui passe.
La neige arrivera bientôt. À nouveau il jouera du balai pour dégager les trottoirs de cette blanche poudreuse.
Il y aura des lumières plein les boutiques et dans les yeux des enfants qui rêveront de Noël, le nez collé aux vitrines.
Les petits rats, ceux de la grande maison nommée Opéra, traverseront la place en courant pour aller se mettre à l’abri et danser, danser, comme le font aujourd’hui les feuilles sous son balai.
Bon week-end, Christine