Exercice inédit d’écriture créative 156

Tout petit déjà, quand je n’étais encore qu’un petit mot
j’étais persuadé d’avoir un grand avenir.
Une fée s’était penchée sur mon berceau, j’en étais sûr…

Imaginez une suite

13 réponses

  1. Clémence dit :

    Tout petit déjà, quand je n’étais encore qu’un petit mot j’étais persuadé d’avoir un grand avenir. Une fée s’était penchée sur mon berceau, j’en étais sûr…

    Mes parents avaient choisi un endroit de rêve pour installer mon berceau… une jolie nacelle de fer forgé, garnie de draps fleuris et d’une couverture aussi blanche que vaporeuse.
    A peine avais-je ouvert les yeux que je dévorais la beauté du ciel, la senteur suave des roses, la douceur des pétales. Le matin, le rossignol me réveillait en douceur. Le soir, les tourterelles m’endormaient par leur séré-roucoulades.

    Mes parents se succédaient sans cesse auprès de moi, veillant à mon confort absolu. Ils ne tarissaient pas d’éloge en parlant de moi avec des mots bien choisis et des phrases élaborées et circonstanciées. Ils leur arrivait de lire à voix haute, un chapitre de « La grammaire est une chanson douce » lorsqu’ils éprouvaient le besoin partager un moment de repos.
    Ainsi, le temps passait tendrement, chaque seconde était caresse, chaque heure était volupté, chaque jour une merveille.

    Mon temps de lallations fut bref. Quelques mois après ma naissance, le langage et ses arcanes n’eurent plus aucun secret .

    Sans vouloir faire preuve de prétention pour autant, une petite voix (celle de la fée?) chantait dans ma tête :
    « Tu es encore petit mar-mot… mais tu auras un grand avenir ! »

    Je me rebiffai un peu car je n’étais pas un petit mar-mot ! J’étais Gloriette.

    Et pour cause, je fus appelée Gloriette car j’étais effectivement la digne descendante de la splendide Gloriette des Jardin du Schönbrunn. Ceci dit, je me gardai bien d’en faire étalage.
    Je préférais partager la convivialité de mes compagnes des jardins romantiques, et, comme elles, accueillir les rires des enfants et les murmures des amoureux de tous âges.

    De ces moments si précieux, j’en retirais ma gloriole, en toute simplicité. Je me sentais et me voyais toujours petite, même si mon nombre de lettres de mon nom fut plus important que celui de mes parents.

    Il me fallut attendre, grandir, faire mes preuves, parfois m’aguerrir et défendre les plus nobles valeurs humanistes. Cette période fut longue, éprouvante et j’étais parfois découragée. Alors, la voix de la fée s’élevait telle une ariette. « Tu es encore un petit mot, mais tu es promis à un grand avenir »

    Et un jour, un beau jour, on m’appela enfin « Gloire »

  2. Antonio dit :

    Je lis ce texte par hasard aujourd’hui et je trouve l’idée excellente et bien amenée.
    Bravo !

  3. Françoise - Gare du nord dit :

    Tout petit déjà, quand je n’étais encore qu’un petit mot j’étais persuadé d’avoir un grand avenir.

    Une fée s’était penchée sur mon berceau, j’en étais sûr : un jour, je deviendrai grand. Pas un gros mot vulgaire, pas un mot savant pompeux, ni un mot d’esprit affecté et encore moins un mot à double sens, du genre de celui qui joue les mystérieux. Non tout simplement un Grand Mot.

    J’étais certain que ma bonne fée, mon ange gardien, mon saint patron et tous mes dieux tutélaires veilleraient sur moi.

    Pourtant je suis né chétif et court sur pattes mais péremptoire, entêté et rétif. J’espérais grandir en cultivant le refus systématique mais l’âge adulte et un déficit d’hormones de croissance calmèrent mon entêtement. Je trouvais pourtant une certaine notoriété et une légère augmentation sur les linéaires de milliers de points de ventes au rayon « hygiène féminine ».

    Mes rêves de grandeur étant loin d’être atteints, je décidai de quitter le commerce de détail pour la Marine nationale. N’ayons pas peur des mots : ce fut un naufrage sur lequel, étant dénué de tout masochisme, je ne m’étendrai pas.

    Je me lançais à corps perdu dans la gastronomie, espérant m’y développer. Hélas ! Point de Grande Cuisine Française ! Seulement une honnête cuisine familiale dans laquelle je n’avais pas trouvé la grandeur espérée.

    Nullement découragé, je tentai une brève incursion au cinéma en incarnant un illustrissime personnage historique mais je fus déçu lorsque j’appris que, pour grand homme qu’il était, il n’en était pas moins de petite taille.

    N’ayant en aucun cas renoncé à m’étendre, je me hasardai successivement, et sans succès, dans l’écriture de romans, la production d’hydrocarbure aromatique polycyclique, le trafic de stupéfiants, les garanties dans une étude de notaires, le traitement des problèmes psychiques par le sommeil artificiel…

    Chose curieuse, j’atteignis mon maximum dans les sciences de l’infiniment petit.

    Avec par ordre d’apparition dans le texte : Na, Nan, Nana, Navire, Navarin, Napoléon, Narration, Naphtaline, Narcotiques, Nantissement, Narcothérapies, Nanotechnologie

  4. Sabine dit :

    Non non, Margine n’est pas pas déprimée, au contraire, elle est en super forme et ne lache plus son stylo!

  5. Sabine dit :

    Tout petit déjà, quand je n’étais encore qu’un petit mot j’étais persuadé d’avoir un grand avenir. Une fée s’était penchée sur mon berceau, j’en étais sûr…
    Si petit que j’étais, que je suis encore, on m’entendait partout. Je suis le oui.
    Qui n’a jamais dis oui, dans sa vie ?
    – T’as fait tes d’voirs ?
    – Oui oui.
    -Tu veux une glace ?
    – Oui, bien sûr.
    – Tu cherches un éditeur ?
    – Oui, j’y crois ferme.
    – Il te plait ton nouveau boulot ?
    – Oui, génial.
    – Tu me prêtes 100 francs ?
    – Oui, tiens voilà 500, je n’ai pas de monnaie.
    – Tu as voté hier ?
    – Oui, évidemment.

    Vraiment, j’avais une bonne fée.
    Jusqu’au jour où le non est né. Et là, catastrophe. On entend plus que lui.
    – Maman, tu m’achètes une glace ?
    – Non.
    – Tu joues au loto ?
    – Non, je fais des économies.
    – T’as trouvé un éditeur ?
    – Non, je ne cherche même plus.
    – C’était bien, tes vacances ?
    – Non, on n’est pas partis.
    – T’as fait tes d’voirs ?
    – Ben non, pour quoi faire ?
    – Alors, elle baisse la courbe du chômage ?
    – Non, elle augmente.
    – Tu me prêtes 100 euros ?
    – Non, j’en dois déjà 1000 à ma banque.

    Petit, j’étais persuadé d’avoir un grand avenir. Mais la bonne fée, en vrai, elle s’est penchée sur le berceau du non…

    ©Margine qui déprime.

    • Pascal Perrat dit :

      Cette opposition entre entre le OUI et le NON
      me plaît beaucoup. Votre inventivité aussi. J’espère qu’en réalité, Margine ne déprime pas.

  6. Sylvie dit :

    Il y a très longtemps, dans le chaudron originel des mots, où l’alchimiste de la langue concoctait ses plus fins mélanges, j’étais la lettre qui avait coulé au fond, sans trouver compagne pour former mot, sans attirer l’attention de quiconque. Le grand maître avait écumé la surface et il avait sorti les plus beaux spécimens, ceux qu’on rabâchait à longueur d’écrits et de discours. Mais je ne désespérais pas de trouver consonne à ma voyelle. Je savais qu’un jour je surgirais du fond du chaudron et que je ferais mon entrée dans la belle langue. Quand je voyais tous ces mots désuets, usés, que le maître balançait comme des malpropres à mes côtés, pour les régénérer, disait-il, je me disais que finalement, je n’étais pas si mal loti. J’attendais mes jours de gloire, paisiblement dans les bas-fonds de la potion du vocabulaire. Un jour, le maître décida que la potion avait assez mijoté et se mit à vider le chaudron. Il retira un à un les mots composés ou recomposés, nouveaux ou agglutinés. Soudain il me souleva, moi, la lettre du fond du chaudron, et me plaça dans un bocal de verre sur son étagère où trônaient d’autres bocaux : celui des noms, celui des verbes, celui des adverbes, celui des adjectifs. Celui-ci d’ailleurs avait la grosse tête : il était rempli à ras-bord et gonflait, gonflait : il allait éclater, ma parole ! Moi, j’étais dans le bocal des interjections ; ça criait là-dedans, on se s’entendait plus. Les « ah ! » « hi hi hi », « hep », s’époumonaient et se jetaient contre la paroi du bocal, dans l’espoir de sortir pour crier au grand air. Alors que j’essayais de me trouver un coin tranquille au fond du bocal, je sentis un frottement d’ailes délicat au-dessus de moi : « je peux rester là au-dessus de vous ? » entendis-je. « Vous, au moins, vous êtes calme et ne gesticulez pas dans tous les sens ». Je fis un tour sur moi-même et découvris deux ailes frêles et délicates : c’était un accent circonflexe. Je ne pus m’empêcher de m’écrier « Oh ! ». « Ah non », dit-il en fronçant les ailes, dites plutôt « ô » ! Nous allons si bien ensemble, vous ne trouvez pas ? » Je fus séduit et trouvai que ce petit accent avait beaucoup d’esprit. Nous devînmes inséparables. Au bout de quelque temps, l’air du bocal fut plus respirable, nos congénères les plus tonitruants étaient partis, et le couple que je formais avec l’accent circonflexe était heureux, pouvant entonner à sa guise des gammes de « ô » à n’en plus finir. Un jour, nous fumes saisis par la plume d’un grand homme, puis d’un autre, et encore d’un autre. Projetés au grand jour en début de vers, nous sommes entrés dans la littérature. Déclamés depuis des siècles avec rage ou désespoir, nous avons bel et bien la vieillesse pour ennemie. Nous n’avons pas pris une ride et je crois même qu’en plus de la gloire, nous pouvons prétendre à l’immortalité.

    ©Sylvie Wojcik

  7. danielle 78 dit :

    Petit Homme, tout juste né, j’ouvrais les yeux sur ce monde inconnu dans lequel j’entrais. Ce que je percevais c’était du bruit, des lumières, le froid, des monstres immenses… et aucun moyen d’y échapper. Hasard ou destin ? J’étais arrivée à une époque, à un endroit, avec comme seul bagage ce corps doté d’une envie de vivre. On me prénomma Marie. J’étais jolie J’aimais la nature sauvage et je me découvris rebelle, incapable de taire la révolte qui couvait en moi. Je dus accepter le mariage arrangé imposé à mon sexe et vivre, affreux euphémisme, les conséquences de ce dictat. Je pris conscience de ma bonne étoile avec la naissance de mon fils, la mort prématuré de mon mari, la rencontre inespérée d’un riche protecteur m’arrachant à ma lointaine province occitane.
    PARIS…
    J’ai changé de prénom sans prendre celui de quiconque, inspirée par un lieu mythique : Olympe. J’ai joui alors de la découverte de la liberté, de mes potentialités, de l’aventure inespérée de l’éclosion de mes talents enfouis. Une bonne fée s’était penchée sur mon berceau, j’en étais sûre. Mes combats contre l’esclavage, la place des femmes, ont nourri le cœur de ma vie. L’amour, le courage, les déceptions, les réussites ont illuminé ma vie. Malheureusement ma fée avait des pouvoirs limités dans le temps, je fus guillotinée il y a 220 ans, le 3 novembre 1793 pour mes idées trop en avance, même aujourd’hui, sur le temps… Je m’appelais Olympe de Gouges.

  8. Virginie Durant dit :

    J’apporte une rectification :
    Par bonheur, ma protection divine doubla mon « L ». Je volai.

    Virginie

  9. Virginie Durant dit :

    Tout petit déjà, quand je n’étais encore qu’un petit mot, j’étais persuadé d’avoir un grand avenir.

    Une fée s’était penchée sur mon berceau, j’en étais sûr : ses incantations

    mélodieuses vibraient au plus profond de mes liés et déliés. Aucun doute, j’étais

    ancré d’une force stylistique.

    Pourtant mes origines modestes m’acculaient à évoluer au milieu d’un phrasé dénué

    de subtilité et de finesse. Le quotidien de mes parents se conjuguaient à un présent

    loin d’être parfait.

    Nés tous deux au Bled, ils demeuraient subordonnés à des règles qui toléraient

    rarement l’exception. Toute erreur de conduite s’accompagnait d’exercices punitifs

    aussi épuisant et diaboliques que l’écrasement des pierres à Tataouine. D’ailleurs, la

    majorité du pays qualifiait mon village natal de bagne. On voyait les touristes

    parcourir en diagonale les champs minés d’interdictions et d’obligations. Les

    étrangers préféraient rester à la frontière, dans des régions où mes pairs se jouent

    des modes de vie restrictive : la communauté des Lapsus côtoyait celle des

    calembours qui invitait très régulièrement à sa table la tribu des apocopes et

    aphérèses.

    Mais toute cette existence-là me révulsait. J’aspirais à d’autres contrées

    orthographiques où j’écrirai ma destinée dans la cour des Grands.

    Alors feutré de ma confiance, à l’adolescence, je franchis la ligne. J’invoquai,

    néanmoins le grand Page Robert. Je préférais demeuré prudent face à un

    déchaînement des éléments : les groupes très solidaires de la région Beschrell

    amenuisaient mon courage, et leur pièges temporels m’effrayaient. Par bonheur, ma protection divine doubla mon « L ». Je volai.

    Je voyageais au-dessus de la province sombre des noms

    communs.

    Le vol dura une vingtaine de pages. Le souffle bienfaiteur me déposa au pied de

    l’écrin de tous mes rêves. C’est à partir de là que je naissais à mes plus grands

    desseins.

    Je foulai le sas d’introduction, les chapitres du précieux Grévisse s’ouvrait enfin à

    moi.

    Amicalement,

    Virginie

  10. Antonio dit :

    Tout petit déjà, quand je n’étais encore qu’un petit mot
    j’étais persuadé d’avoir un grand avenir.
    Une fée s’était penchée sur mon berceau, j’en étais sûr, j’allais le devenir.

    Pan !

    Trois petites lettres et une exclamation de mes parents comme la détonation enfin de ce petit bonheur qu’ils détenaient entre leurs mains.

    Mon père, c’était Revolver, on l’appelait Colt aussi, un immigré américain venu dans notre comté du dictionnaire pour régler des affaires.
    Ma mère, elle, oh ! c’était de la balle, calibre 38 millimètres, on peut dire qu’elle en a fait chavirer des barillets. On l’appelait la Belle, elle avait de l’aplomb. C’était de la poudre aux yeux pour certains, mais c’était une petite bombe pour bien d’autres qui autrefois payaient cher pour un coup.
    Son mac, un pistolero sans vergogne, l’employait avec n’importe qui avant que mon père ne la tire de là.

    Y avait du plomb dans l’aile dans leur couple avant que je n’arrive. Je ne serai pas comme les autres, ils le savaient.
    Une fée s’était penchée sur mon berceau et d’un coup de baguette magique…

    « Pan ! »

    Tu seras un petit garçon et on t’appellera Peter.

  11. laurenced dit :

    Tout petit déjà, quand je n’étais encore qu’un petit mot,j’étais persuadé d’avoir un grand avenir. Une fée s’était penchée sur mon berceau, j’en étais sûr…
    Il fallut du temps, des années même pour que je puise entendre mon nom prononcé par des hommes. J’avais hérité d’un mot simple mais qui déclenchait guerres et passions. Certains n’osaient même pas le prononcer à voix haute et d’autres me chantaient. Dieu….C’était le mot dont j’avais hérité….

  12. ourcqs dit :

    Tout petit déjà, quand je n’étais encore qu’un petit mot …..

    Moi, »Ar, Are, » premier petit mot entendu, attendu dans les berceaux, sous les regARds des ARdents pARents, je doutais vraiment de mon avenir ! et, la fée cARabine m’a donné un nouveau dépART, ARTiculant enfin, je pARTicipai, pARTageai. Je suis devenu une sTAR, philosophant avec ARistote, DescARTes, composant avec MozART, j’ai même rencontré d’ARTagnan !gARE aux tARTuffes et à leurs ARTifices qui sont légion.
    Je me réalise pARTiculièrement chez les ARTistes, LéonART, PissARo, cARToons, SfART, land-ART, street-ART, et loin d’être flambART, je suis, néanmoins, fier comme ARTaban ..

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