562e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots.
Qu’il m’oblige à me comporter et à m’exprimer dans ses histoires qui…


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De nombreux ateliers tirent parti de mes exercices d’écriture très créative.

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20 réponses

  1. Ptit Poisson dit :

    Le regard vide, une cigarette à la main, il mature son discours. Il s’apprête à vider une fois de plus ce méli mélo des mots de leur sac, ce sac qui l’étouffait, ce sac chargé de reproches, de réprimandes, à mon égard.
    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots.
    Qu’il m’oblige à me comporter et à m’exprimer dans ses histoires qui…
    n’ont pour sujet que méprise, remontrances, tromperie et culpabilité.
    Je ne dormais plus, les rares soirs où mon esprit s’alléger, m’autorisait à trouver paix et répit dans les bras de Morphée; mes songes qui autrefois bercés d’aventures à travers les quatre coins du monde, d’amour et d’eau fraîche, se transformaient en cauchemars insoutenables, m’affligeaient, telle la brûlure d’un glaçon, telle la coupure d’une lame. J’y voyais celle qui m’avait promis l’avoir rayer de sa vie, ensemble sur cette plage un soir d’été, heureux comme jamais, un sourire béat s’affichant sur leurs visages, se promettant de s’aimer pour l’éternité, jusqu’au dernier souffle. Leur cœur brûlant de bonheur, tandis que le miens de douleur.
    Mon corps aussi me fit savoir qu’il me torturait l’âme, matin et soir, je m’empiffrais de cette maudite nourriture dans l’optique, ou plutôt dans l’espoir d’épargner mon être d’une once de cette souffrance interminable, sans victoire. Pire encore, après plusieurs épisodes de mangeuse émotionnelle et après avoir donner naissance, mon apparence n’était plus à son goût, et ne se gênait pas pour me le faire remarquer, il haïssait ma compagnie et n’arrivait même plus à me regarder et m’appréciait pour ce que j’étais réellement.
    – Je te hais.
    – Moi aussi, je me hais.

  2. Marie dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots. Qu’il m’oblige à me comporter et à m’exprimer comme un mufle dans ses histoires qui ne concernent que lui, sa folie, son égocentrisme.
    Il a son vocabulaire, ses idées, vit dans son nuage, particulièrement quand il a tiré deux tafs de son hashish roulé de ses doigts impatients. Il m’a façonné de ses mains d’argile en une marionnette à l’image qu’il souhaitait que je sois : son jouet, son objet, son punchingball, sa marionnette.
    Les murs de cette prison de mots sont hauts, très hauts. La houle, au-dehors, me laisse croire qu’une vie existe encore. Ce n’est qu’un cauchemar et je vais me réveiller.
    Non, les chaînes m’emprisonnent, elles me font mal. J’ai envie de fuir loin très loin, mais la prisonnière que je suis est menacée, insultée, humiliée. Je ne suis plus qu’un fantôme à mes yeux, une femme, une vraie aux yeux des autres. Qui suis-je donc pour lui ?
    Il ne pourrait vivre sans moi. Tel un soldat, il guette les parois de peur que sa proie ne s’échappe. Il surveille chacun de mes mots, m’interpelle, me harcèle. Je n’entends que sa voix dans le silence de la nuit, je l’entends m’appeler, encore et encore.
    L’impertinente que je suis devenue exècre cet homme tant aimé. Les mots se bousculent et s’entrechoquent entre mes lèvres, mon cœur s’accélère, mes mains tremblent, mon corps n’est plus qu’une larve. Je ne puis parler, peur de me faire rabrouer de paroles blessantes, mortifiantes.
    Alors, je me tais. Quand vient la nuit, j’attends le repos de mon géôlier pour m’évader. Assise sur un banc dans la cour entourée de barbelée factice, je contemple les étoiles, me sert un whisky pour noyer mes maux, entame une conversation de cœur avec Chester, ma clope préférée, mon amie de toujours. Avec elle, ni de grandes phrases, ni de mots savants, ni de jugement.
    Je contemple la fumée qui s’échappe, qui s’évapore dans la nuit noire et portant avec avec elle mes pensées les plus intimes.

  3. C Pascale dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots
    Qu’il m’oblige à me comporter et à m’exprimer comme un mufle à écouter ses histoires récurrentes.
    Il ne m’a jamais rien promis ; pourtant depuis des années, il reste dans ma vie.
    Les mots qu’il utilise sont toujours bien choisis et respectueux, mais ce ne sont jamais des mots d’amour.
    Pour lui, aimer c’est être faible. Pourtant, à certains moments, il sait être tendre ; mais il ne faut surtout pas faire preuve de romantisme.
    Il lutte constamment contre ses sentiments ; lorsque je lui dis que « je l’aime, » il me répond
    « moi non plus ».

  4. Avoires dit :

    Le bruit des vagues sur les rochers, le vent salé s’insinuant dans sa moustache, la senteur forte de l’iode, l’humidité tombante en cette fin de journée qui commençait à l’imprégner, la couleur grise que prenaient les flots, tout cela remplissait Robert Larousse de joie.
    Il avait décidé par une inexplicable et secrète suite dans les idées d’aller se promener au bord du rivage à cette heure indécise que l’on nomme « entre chien et loup ». L’expression lui plaisait, lui, toujours à la recherche du mot juste, ces mots qui suggèrent les idées…
    Il marchait pieds nus dans le sable mouillé de l’anse, il aimait à en sentir la rugosité et y laisser leur empreinte aussitôt balayée parles flots . Cette promenade crépusculaire lui procurait bien plus que de la joie : c’était plutôt de la plénitude, cette sorte d’abandon à soi-même, comblé par la sérénité de l’heure dans laquelle il était un élément parmi d’autres.
    L’obscurité s’avançait, il décida alors de retourner non sans avoir fait comme une salutation à l’onde recouverte à présent par le grand foc de la nuit.
    Demain, il serait à l’Académie où il devrait discuter, palabrer, haranguer sur le mot Guantánamo. Faudrait- il maintenir l’accent à l’espagnole ou l’écrire à la française…

  5. Urso dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots.
    Qu’il m’oblige à me comporter et à m’exprimer dans ses histoires qui…

    … ses histoires qui puuuent. Ouais je n’en connais pas la raison.
    Ça sent toujours le renfermé dans ses histoires à la gomme.
    J’ai beau vaporiser, mettre un paquet de huiles essentielles. Toujours cette puanteur insupportable qui vous prend au nez et aux tripes.
    J’ai l’impression que lorsque mon patron écrit ses histoires, il ne s’est pas lavé.

    Qui suis-je pour affirmer cela : vous le devinez peut-être ?
    Ben oui je suis un pauvre taulard de Guantanamo.
    Habillé d’une salopette verte avec des petits pois roses.

    Dans ma cellule, nous sommes une flopée. Ah quelle galère. Aucune intimité n’est possible. Des fois je voudrais m’échapper. Pour cela, il me faudrait des potes qui aient un hélicoptère, un avion de guerre.

    Je ne sais pas vous ? Moi le mot de Guantanamo me fait penser au nom d’un gâteau, bourré de chocolat.
    En réalité c’est bien une prison. Celle des mots.
    Qu’ai-je-fait de grave pour y être. Pas grand-chose en réalité.
    C’est vrai je me suis un peu moqué de mon patron. Et patatras un jour je me suis retrouvé dans cette prison pas dorée.

    Je lui ai dit qu’il était un presque nul. Que ses écrits ne valaient pas grand-chose. Qu’il transpirait comme un cochon pour écrire trois lignes.
    La preuve il ne vend pas beaucoup de bouquins.
    Moi qui vit à ses côtés, j’ai continué tous les jours à lui dire cela.
    Un beau jour il en a eu marre, il a explosé : il m’a lancé toi demain tu pars à Guantanamo, subir ta peine pour tous tes quolibets. Sale petit mot.
    J’espère que tu vas moisir dans ce trou.

    Me voici donc ici. Moi qui il n’y a pas si longtemps vivait tranquillement avec d’autres congénères au fond d’un dico.
    Ici ma vie a changé. Je broie du noir. J’ai envie de fuir. Je compte les jours. En plus j’ai pris perpét. Vous voyez dans quel enfer je suis, quelle injustice de la vie.

    Mais je sais que prochainement je vais sortir. On va venir me chercher. Je pourrai revivre une nouvelle vie.
    Celle des mots je n’en veux plus.
    Ce que je désire c’est de vendre de la barbe à papa, des glaces et aussi des crêpes …
    Pour faire plaisir aux enfants et aux grandes personnes.

    Oui très bientôt je vais quitter Guantanamo, pour vendre des glaces, des gaufres et des crêpes au choco … Youpi.

  6. Michel-denis Robert dit :

    « Cela fait des années qu’elle me séquestre dans son Guantanamo des mots, qu’elle m’oblige à me comporter comme un mufle dans ses histoires qui n’en finissent pas. »
    Sur ma terrasse, plongé dans mes mots croisés, le soleil complice projetant un rayon sur mes petites cases dans lesquelles j’insérais des lettres pour m’évader, alors que j’envisageais nonchalamment d’aller prendre un bain, je cherchais la réponse adéquate à lui donner, je réalisai tout-à-coup qu’il venait de me raccrocher au nez, verrouillant ainsi mon inspiration. Que voulait-il dire avec son Guantanamo des mots ?
    Concentré sur ma grille, je tentais de me libérer d’une énigme : « Ouvre en trois ou quatre lettres, ça dépend. » Je me suis dis « Tiens! c’est lui qui va me la livrer sur un plateau. » Que nenni, avec ses mots, il m’encabana dans une geole de son cru. Au lieu de me donner la clé, il m’énerva. J’eus l’idée de lui dire, « chacun ses problèmes ». Mais trop tard, il avait coupé net. Interdit, je regardais le bigophone méprisant qui me toisa.
    Quand on veut progresser, on se donne les moyens. Au club, il était bien entendu : « Quand je suis coincé je prends le dictionnaire. » C’était inscrit en lettres capitales sur le tableau. Je ne le rappellerai pas. Et puis, qu’est-ce que c’est que cette Guantanamo ? Encore une nouvelle fiancée !
    A moins qu’il ne se découvrît une passion soudaine pour la géographie alors qu’il a toujours détesté ça… Il me fallait sortir de cette impasse. Et puis… »… à me comporter et à m’exprimer comme un mufle… » mais c’est lui qui venait de me mufliser sans ménagement ! Je décidai immédiatement de me venger au scrabble. Plus aucun mot étranger accepté par complaisance. Et puis je me suis calmé. On verra quand le temps sera dégagé.
    Dans ses loisirs je ne voyais pas ce qui pouvait le captiver au point de me lancer ce S.O.S.. Ses paroles me revinrent dans la nuit. Ce mot espagnol « Guantanamo » libère théoriquement, et il me semble que ce centre de détention est désormais fermé. Il y avait antinomie puisque les mots sont libérateurs d’énergie. A moins qu’il s’agisse de maux à la place de mots ? S’il parlait d’incarcération, c’est sans doute qu’il se sentait pris dans une nasse. J’étais chocolat dans ma compréhension pour la semaine. Le mardi suivant, je projetai de lui demander des lumières sur son comportement.
    Le jour dit, il m’ignora ni plus ni moins qu’à l’habitude. Je me dis alors qu’il avait subi des pressions et qu’il feignait l’indifférence. Je ne savais comment l’aborder sur ce délicat sujet. Refusant le doute, à la fin de la séance, je m’approchai en douce et je lui glissai à l’oreille :
    – C’était bien ton séjour à Guantanamo ?
    Il me regarda l’air incrédule.
    – Voilà que tu es visionnaire à présent !… C’est bizarre ce que tu me dis. En ce moment, je donne la réplique à mon amie qui apprend une pièce de théâtre « Guantanamo ou les clés du Paradis Perdu. » Mais comment es-tu au courant ?
    – C’est toi qui me l’as téléphoné.
    Il réfléchit un instant.
    – Ah oui ! Je me souviens maintenant, dit-il. Tu as reçu le coup de fil quand même ! J’ai cru l’avoir mis en veille.
    – Tu payes ton pot maintenant, parce que ça fait une semaine que je me tracasse avec ça ! Une bière ça vaut bien ça !

  7. françoise dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots
    Qu’il m’oblige à me comporter et à m’exprimer comme un mufle dans ses histoires qui souvent n’ont ni queue ni tête :ainsi l’autre jour il me dicta « Un pigeon, c’est plus con qu’un dauphin, d’accord… mais ça vole. » ? je crois qu’il l’avait lu sur google…
    Ainsi avant c’était les mots, maintenant les phrases.
    Symboliquement Il me fallait m’évader ! D’autres l’avaient fait avant moi, en fuyant Guantanamo par exemple
    Oui mais pour moi, il me semble que ce sera difficile : Dans un univers de mots, il n’y a pas de frontière.
    Le plus simple serait que je n’écrive plus sous sa dictée. Je noircirai des pages et des pages et peut-être qu’un jour je deviendrai écrivain…..

  8. Kyoto dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots. Mais ici, personne n’est habillé en orange ; tous en noir, pour bien accentuer la grisaille ambiante. Il ne s’est jamais demandé quelle est ma couleur préférée. J’en profite aujourd’hui puisque pour une fois j’ai mon mot à dire, j’aime le bleu ! Toutes les teintes de bleu ! Rien que d’y penser, j’en suis tout liquéfié ! Etat sans doute dû aussi à la chaleur moite des rêves vains, à la promiscuité avec mes compagnons déboussolés, à l’odeur nauséabonde des phrases non achevées.

    Je me sens tellement seul dans cet antre calamiteux, car il m’oblige depuis des années à me comporter et à m’exprimer comme un mufle dans ses histoires qui ont fait soi-disant rire le monde entier. Belle réussite littéraire pour lui ! Mais moi ? N’a-t-il jamais ressenti ma souffrance ? N’a-t-il jamais pensé que je suis complètement différent de ce qu’il a créé. Quand il abusait de son mépris et de son indifférence à mon égard, je voyais rouge.

    Alors il me fallait le provoquer. Une fois, je me suis arrangé pour que la lettre B majuscule ne fonctionne plus. N’arrivant pas à réparer cette tuile, il est devenu fou de rage. Il se mit à fumer cigarette sur cigarette. Quand il s’aperçut qu’un nuage de fumée stagnait au plafond, il sortit de son bureau en fulminant. Une autre fois, il parvint à un tel degré d’indécence et d’antipathie que le chariot de sa machine à écrire se bloqua net.

    Jamais, oh jamais, il n’a compris cet air de révolte et de liberté qui me tenaillait. Et maintenant, c’est trop tard. Dix années ont passé sans un nouvel ouvrage. Il n’a plus la foi, il n’a plus le cœur. Et je resterai prisonnier de son œuvre pour l’éternité

  9. Dominique PORHIEL dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots.
    Qu’il m’oblige à me comporter et à m’exprimer dans ses histoires qui sentent la poussière.
    Bref, il m’ennuie !
    Moi, j’aime les grands mots comme … nationalisation, péripatéticienne, anti-constitutionnalité,
    Ou encore les gros mots comme … énormité, bibendum …
    Ou même les tout petits comme … mini, joli ….
    Donc, je n’ai plus qu’une solution car il ne changera pas le bougre ; c’est à moi de prendre ma liberté, de me débarrasser de toutes ses expressions ridicules et démodées.
    Mais j’ai un atout de choix, récent ; pour tout dire je l’ai encore à peine essayé mais je crois que dans la vraie vie, la vie des vrais gens enfin ceux qui croient être dans la vraie vie, il y a une forme de communication (chouette, un grand mot !) qui va me permettre de m’évader !
    C’est le SMS !
    « CC – TKT – LOL »
    Pas mal, non ?

  10. iris79 dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots.
    Qu’il m’oblige à me comporter et à m’exprimer comme un mufle dans ses histoires qui ne laissent guère place aux subtilités du langage. Le seul qui vaille pour lui est celui, immuable, des histoires poisseuses avec des tueurs en séries, des victimes identiques au fil de ses romans noirs. J’y suis prisonnier depuis les premières pages de son premier livre.
    Je ne rêve qu’un peu de fantaisie. Je voudrais voir la lumière, me réchauffer un peu au soleil, sentir le vent et les embruns sous le soleil d’été plutôt que toujours les mêmes vapeurs d’alcool de ces inspecteurs tourmentés. Quel cliché ! Pourquoi ne pas changer d’endroit, faire confiance à la géographie ? Ces enquêtes gagneraient à prendre le large, à dépoussiérer ces endroits mal fréquentés. Bon sang, j’ai envie de le secouer !
    Du talent, bien sûr qu’il en a ! On n’en serait pas au dixième volume de cette collection de roman noir ! Alors pourquoi ne pas le mettre au service d’un nouveau personnage qui m’accompagnerait, dans une autre ville, au service d’autres exploits ! Renouveler le genre pourrait lui valoir de nouveaux prix qui se font rares ces derniers temps quoi qu’il s’en défende…Je me demande même si je n’en paie pas le prix et ne suis pas devenu son bouc émissaire en me retrouvant affligé de tous les maux de la terre.
    A chaque fois qu’il sort me laissant un peu tranquille, je croise les doigts pour qu’il revienne porteur d’une autre histoire. Quand il s’assoit promptement à son bureau je me demande avec frénésie ce qui pourrait bien arriver, si oui ou non ses balades près du canal l’ont largement inspiré. Et puis non, tout est sombre. Je renoue avec la nuit bien malgré moi et attends, résigné jusqu’aux prochaines envolées de son crayon. Mon dieu, faites qu’une bonne fée veuille bien se pencher sur ces pages griffonnés dans lesquelles j’étouffe.

  11. Maguelonne dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots. Qu’il m’oblige à me comporter comme un mufle dans ses histoires qui se répètent depuis vingt ans. Si encore il avait été traduit en langues étrangères, cela m’aurait distrait. Même pas cette chance là ! Les mots, les rôles sont toujours les mêmes ! Je n’en puis plus.
    Monsieur écrit des thrillers. Monsieur ne sait écrire que des thrillers où chaque fois je suis ce criminel vulgaire, grossier, sadique, féroce, pervers qui donne du fil à retordre à ce pauvre flic, hanté par des fantômes, des cauchemars, dévoré par son boulot et à l’instinct et l’intelligence remarquables.
    Mais moi, je suis incompris, mal aimé !
    Moi je me sens doux, attentionné, boute en train, carrément poilant parfois. Je suis une vraie tête d’ange.
    Je vais vous dire comment je me vois : « L’assassin aux hortensias bleus ». Je suis fou des hortensias bleus. Je tuerais sur la musique légère, enjouée, poétique de Mozart. Je mettrais des hortensias bleus partout pour remercier mes victimes. Je couvrirais leurs paupières de pétales d’hortensias bleus pour que leurs morts soient douces. Je remplirais leurs bouches de grosses fleurs d’hortensias bleus pour que seuls des sons bleus puissent s’échapper de leurs lèvres.
    Le forfait accompli je rentrerai chez moi où m’accueillerait une profusion d’hortensias bleus. Je dormirai sur un matelas de pétales d’hortensias bleus et je ferai des rêves d’azur, des rêves de mers chaudes où flotteraient des grappes d’hortensias bleus. Ah ! ça a de la gueule.
    Et à mon commissaire de flic, chaque jour j’enverrais des tonnes de myosotis, « forget me not ». Il se laisserait subjuguer et aurait toujours un brin de myosotis à la boutonnière et un brin de Forget me not dans les dents.
    Ah, la vie en bleu, j’en veux bien encore vingt ans, trente ans et plus encore… Et quand l’heure sera venue je me réincarnerais en hortensia bleu

  12. Nadine de Bernardy dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantanamo des mots.Qu’il m’oblige à me comporter et m’exprimer comme une muflonne dans ses histoires policières ,moi qui suis quelqu’un d’un naturel pudique, au vocabulaire châtié.
    Je ne vois pas comment je pourrai sortir de cette fâcheuse situation.
    Je suis coincée dans la circonvolution 352 de son cerveau de primate élevé à la testostérone.
    Je tente régulièrement, pourtant, d’élever ses textes par des phrases recherchées,des tournures élégantes.Rien à faire,quand on est San Antonio,on reste San Antonio.
    Et allons y pour:
     » les têtes de noeud, cervelles de piaf,la bidoche sanglante,et j’ai la décence de vous éviter pire.Quand je tente un brin de poésie,un soupçon de littérature,l’autre goujat s’en donne à coeur joie.
    Mais qu’est ce qu’elle a encore à m’em…avec ses fioritures.J’suis pas Agatha Christie ,ça se saurait.
    Bon j’en étais où?
    ….c’est alors que Mimile le Grêlé leva le bras pour enfoncer vigoureusement son surin dans la boîte à ragout au René la Frime,sous prétexte qu’il lui avait chouravé sa régulière et tenté de s’enfuir avec le flouze du magot…
    C’est clair non ? Alors que la 352 ça serait:
    – le meurtrier enfonça sauvagement un couteau bien affuté dans l’abdomen de ce pauvre René qui,par inadvertance,avait tenté une escapade en compagnie de l’épouse d’Emile , omettant de remettre à ce dernier le sac du hold up.
    On se croirait à la bibliothèque Rose.J’crois bien que je m’en vais m’en débarrasser.Ginette,ma copine qui tapinait à la Bastille avant de se refaire un casier en épousant un de ses clients,éditeur chez Arlequin,a s’fait appeller Amandine aujourd’hui d’ailleurs.Amandine,donc, cherche toujours des candidats pour son Guantanamo à elle si j’peux m’exprimer ainsi ( c’est beau non? ). Ces deux là devraient bien s’entendre ,elle sera tranquille.Elle est pu toute jeune et moi j’vais recruter.Un petit gars à la cool ,un faussaire qui sort d’la Santé dont on m’a dit le plus grand bien.

  13. françoise dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots
    Qu’il m’oblige à me comporter et à m’exprimer comme un mufle dans ses histoires qui souvent n’ont ni queue ni tête :ainsi l’autre jour il me dicta « Un pigeon, c’est plus con qu’un dauphin, d’accord… mais ça vole. » ? Et le comble il l’avait découverte sur google.
    Avant c’était les mots, maintenant le texte.
    Symboliquement Il me fallait m’évader ! D’autres l’avaient fait avant moi. Fuir Guantanamo
    Oui mais pour moi, il me semble que ce serait plus difficile. Dans un univers de mots, il n’y a pas de frontière.
    Mais non au fond rien de plus simple : je n’écrirai plus sous sa dictée et peut-être qu’un jour je serai écrivain….

  14. camomille dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots.
    Qu’il m’oblige à me comporter et à m’exprimer comme un mufle dans ses histoires qui m’ennuient, qui m’ennuient…
    Avec lui je suis fade, emprisonné dans des lieux communs :
    – mer bleue,
    – ciel bleu,
    – peur bleue,
    Je tourne en boucle et ça me rend triste…
    Je me sens vieillir dans cette cage à banalité, et je suis triste à mourir.
    Mais un jour… Mais un jour… Christophe est arrivé !
    Il a ouvert la cage, m’a libéré, m’a réinventé et a chanté LES MOTS BLEUS.

  15. LURON'OURS🐻 dit :

    Ça fait des années qu’il me séquestre dans son Guantanamo des mots, qu’il m’oblige à m’exprimer comme un mufle dans de ces histoires qui vous absorbe comme des sables mouvants. Trop longtemps que je me barbe derrière des chevaux de frise. Le bagne ! Ici c’est Guantanamo, pourquoi pas Alcatraz où le camp des Milles ? L’avantage, c’est qu’on y rencontre les mêmes. L’échange à demi-mot, une esquisse, un regard points questions et réponses, oui ? Tu te prends un coup de bâton ; non ? Tu reçois un Orion. Et s’il me plaît à moi d’être battu ? Ici, je claque du bec quand je me dresse en agitant mes ailes. Quelle envergure ! Une vraie parade nuptiale. Je m’assume comme le jabiru que je suis. Non loin, un mouflon aux cornes enroulées sur sa tête de mouton, crénelées comme des anglaises. Je suis oiseau, une grosse cigogne. Lui, il tend le coup, projette son mufle sonore.
    Abrités dans cette réserve, nous faisons partie d’un club. Le soir, nous chantons sur l’air des paons, planète, planète ! En grec, ma chère, ça veut dire errante. Sur elle, nous nous promenons dans l’espace ! Et si nous l’arrimions à notre Guantanamo ?🐻

  16. Jean Marc Durand dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guatanamo des mots. Qu’il m’oblige à me comporter et à m’exprimer comme un mufle dans ses histoires qui m’ont bouffé la vie. Il voulait des coupables et je les lui ai fourni.

    A la petite cuillère, au début, à ce jour au tractopelle.

    Je sais bien que je suis de la partie, dans les premiers concernés même, mais je ne vois pas pourquoi les autres s’en sortiraient. Alors j’ai saisi les perches qu’il me tendait. Je les ai tous et toutes balancé, la voisine, son mari, le beau-frère, le chauffeur de taxi, la boulangère…et beaucoup d’autres. Faut dire qu’il avait l’art de semer le doute dans ma tête. Et vu qu’elle n’est pas bien fameuse, c’était du pain béni pour sa petite âme de curé de la justice.

    Au début, j’ai résisté et il faisait le forcing, comme on m’a expliqué après. Il insinuait si fermement les « implications », comme il disait, d’un tel et de telle autre, qu’à force, moi aussi je m’appliquais à les impliquer. Il barbotait tout le temps dans le soupçon. Et quand il reniflait une piste , il ne la lâchait plus. Moi, il m’avait peut être choisi comme chef de chien de meute et je n’ai pas grogné longtemps. J’ai vite aboyé.

    Faut dire qu’il m’avait promis une liberté provisoire si je parlais. Alors, forcément, vu les conditions d’hébergement, je ne demandais qu’à changer de camp. De passer d’accusé à accusateur.

    Voilà 10 ans que ça dure. Il ne répond jamais à mes lettres. On se voit tous les mois. Et la liste des coupables possibles, des éventuels complices s’allonge. Elle a quitté la cité, déborde le canton et vient de passer la frontière. Il y aurait un réseau à démanteler. Si ça peut lui faire plaisir. Moi, je largue tout et beaucoup de n’importe quoi. Il suffit que je pleure un coup et il gobe tout ce qu’il lui convient d’avaler.

    Derrière son bureau j’ai toujours l’impression qu’il enlève ses godasses et qu’il griffe le parquet avec ses ongles de pied. Avec moi, il devient presque aimable. Et il dit qu’on progresse. Moi, tous ces pions, ces pièces, agités sur ce vaste plateau, ca ne m’avance pas à grand chose, ça m’aide peut être à supporter ce sur place. Allez savoir!

    Dans toute cette histoire, la seule chose qui me parait certaine, c’est que lui, comme moi, la justice, on s’en balance.

    Et dans les mots, ya pas de haute sécurité!

  17. Fanny Dumond dit :

    Cela faisait des années qu’il me séquestrait dans son Guantánamo des mots, qu’il m’obligeait à me comporter et à m’exprimer comme un mufle dans ses histoires qu’il pensait être dignes d’attirer l’attention.

    Je tournais en rond dans sa prose insipide, inodore, sans saveur, impalpable, obscure.

    Mais comment lui faire comprendre que je mourrais d’envie de m’évader vers d’autres horizons et de retrouver mes copines Orthographe, Ponctuation, Syntaxe, Grammaire, ainsi que mes meilleurs amis Vocabulaire, Synonymes et Style ? Ils m’avaient tous laissé tomber et me laissaient croupir dans cette prison privée de lumière.

    Nous étions tous deux condamnés à vivre ainsi, captifs de son cadre trop confortable, pour lui.

    À ses débuts, sa famille et son entourage le flattèrent, mais au fil du temps, sa douce marotte les laissèrent dubitatifs, puis goguenards.

    Une nuit, Bêta la fée entra dans son antre et scia les barreaux de ma cellule si étroite. Et depuis, mes copines, mes amis et moi faisons les délices des passionnés de littérature.

    Je suis Imagination !

  18. Laurence Noyer dit :

    Cela fait des années qu’il me séquestre dans son Guantánamo des mots.

    Accusé sans réception
    J’ai pris trente ans ferme
    Je ne vois pas le terme
    De cette séquestration
    Dans le pénitencier
    Aux idées à perpétuité
    Mon gardien m’orthographie
    Puis il m’encyclopédie
    Il passe dans mes coursives
    Inspecte ma cellule grise
    Quand mes jeux de mots désuètent
    Ses jeux de clés cliquètent

    Dans ce fort Alomo
    J’attends la sentence
    Des bagnards du dico
    Qui me servent en dessert
    L’alphabet cellulaire
    Dans mon cerveau cloitre
    Les mots me dévastent
    Comme une nuée de sauterelles
    Ils prennent toute la place
    Ils décadenassent
    La cage aux voyelles
    Pour prendre la fuite
    En voyage au Lexique

  19. Souris bleue 🐀 dit :

    C’est trop dur, et durable cette chasse aux mots qui s’échappent du camp où depuis des années ils sont prisonniers. La haut, le guetteur a pris sa retraite, le mirador tourne à vide. J’aurais voulu vous le dire avant… Avant quoi? Aidez-moi à retrouver mon filet de mailles fines brodé de points d’exclamation tant j’aimais rire et dialoguer avec vous. J’aurais voulu vous le dire mais peut être le savez-vous déjà.🐀

  20. blackrain dit :

    Cela fait des années qu’elle la séquestre dans son Guantanamo des mots. Après son hémorragie cérébrale qui l’a rendue paralysée, l’Aphasie s’est emparée de ses mots. La parola de Paola n’est plus là. La palabra est partie par là-bas, loin, très loin de son habituel discours qui s’enferme depuis dans un puits ou une cours intérieures dont elle cherche toujours la clef. Elle est acculée à l’inarticulé. Comme une joue qui a perdu ses poils sa parole est inverbe, composée de sons qui ne reflètent plus son discourt, comme un disque à court de sillons, comme un miroir qui s’est éteint. Son énoncé articulé n’est composée que de parasites qui dévorent le vrai sens de ses mots. Sa voix est trompeuse, avec son écho errant, empruntant les voies de l’incohérence. Ses phrases sont extravagantes. Elles ne sont plus que des sons sans significations. L’adjectif ne s’accorde plus avec le verbe. Pour Paola la sémantique c’est mentir. Ses phonèmes ne sont plus que des sons, des mots qui sonnent faux. De plus, sa paralysie l’empêche de recourir à l’écriture. Sa main refuse d’être la voiture, le véhicule de sa pensée pour énoncer son besoin de communiquer. Les idéogrammes pèsent des tonnes au bout de ses doigts désarticulés. Son mutisme est son Guantanamo, le pire de ses maux. Elle se réfugie alors dans les signes, les mimiques pour s’exprimer, pour dire ses émotions. Le moindre trait de son visage se meut en mille stratagèmes pour dire je t’aime à son compagnon, pour évoquer le cygne qui vit encore en elle, qui voudrait trouver les mots pour ouvrir enfin ses ailes vers cet être chère, ce hêtre de chair qui ne reste pas de bois quand elle se noie dans ses yeux. Lui aussi il l’aime avec ses items qu’il essaie de lui apprendre à exprimer. Il met un point d’exclamation à lui enseigner des sons, à provoquer des réactions à travers des émotions. Il croit dur comme fer qu’il peut lui faire formuler sa pensée à travers un émoi : la douleur ou la colère, la tendresse ou la passion. Et moi je le crois. Je crois que le langage peut trouver d’autres chemins pour se formaliser. Un jour elle m’a murmuré : « Tu me manques » alors que des larmes emplissaient son regard. J’ai cru alors défaillir de bonheur. Y aurait-il un espoir ? Moi, sa fille ainée je ne peux que l’espérer.

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