Exercice inédit d’écriture créative 189

Lettre de Céline

Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme,
je ne le reconnais plus !
Lui qui s’empiffrait de…

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17 réponses

  1. Clémence dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme, je ne le reconnais plus !
    Lui qui s’empiffrait de…

    – Oh, ma p’tite dame, vite dit… « lui qui s’empiffrait… », à qui la faute, hein ? Qui s’est qui me trimbalait partout, toute fière de montrer son manuscrit et de déclamer haut et fort : voilà ce que j’ai pondu en 399 journées de labeur ! Ce n’est pas moi qui m’empiffrais….je me faisais empiffrer !
    – Mmmm, tu n’as pas tout à fait tort !
    – Et qui s’est qui m’a discrètement posée sur la table de son ami le restaurateur… qui s’est empressé de l’éventrer et d’y ajouter son grain de sel…
    « Pas mal, pas mal, mais je lierais les deux premiers chapitres avec une sauce hollandaise…,Et puis, ce serait bien de pimenter le chapitre trois ! Il faudrait aussi du croquant et du moelleux pour les quatre et cinq !
    Ne pas oublier quelques arômes bien corsés question de faire tout un formage avec la fin imprévue qui se dessine…Et pourquoi pas accompagner toute cette littérature d’un bon Rouge, bien charpenté? »
    J’en restait bouche bée … un manuscrit gastronomique, cela ne pourrait qu’allécher mon éditeur !

    – Et qui s’est qui, encore pour se la jouer, m’a discrètement déposé chez le maraîcher, hein ? Qui ?
    «  Pas mal, comme bouquet .. mais il manque quelques feuilles de laurier, quelques grains de poivre  manquent sur les « i », important, les accents et les points ! Cela transforme tout plat ordinaire en festin ! Et si fruits et légumes constituent un menu équilibré, une belle table de matière doit obligatoirement s’accompagner d’un bouquet floral.. et surtout, surtout… ne pas oublier le langage des fleurs : une seule erreur et c’est le flop ! »
    – Mmmmm, c’est vrai que mon maraîcher s’en est mêlé un peu…

    -Et, ma p’tite dame écrivaine, ce n’est pas fini, rappelle-toi encore lorsque tu es allée chez le linguiste, un linguiste… tu serais allée chez un lingotier…cela n’aurait pas été plus mal, que du contraire… mais bon… c’est ton copain !
    Et que je te place cérémonieusement quelques adverbes bien rares, une kyrielle d’adjectifs époustouflants pour émoustiller les sens, les émotions et les sentiments. Surtout, ne pas oublier les compléments ! Essentiels, les compléments ! Essentielles aussi les propositions subordonnées et les conjonctions de coordination et de subordination pour avoir réponse au temps, au lieu, à la cause, à la conséquence, à la condition, à la j’en passe et des meilleurs….
    – Mmmm, tu as encore raison, j’en conviens….

    – Et rappelle-toi, quand tu es allée chez ta copine toubib, posé sur sa table de consultation, je me sentais si lourd, mais lourd….j’avais doublé mon nombre de pages, j’étais devenu le contraire de mon ombre, j’étais devenu contre-jour….Pendant la consultation, elle ne cessait de me regarder d’un air sévère … pinçant ses narines, te lançant aussi des regards pleins de reproches…
    – Mmmmmm, tu as raison, je m’en souviens….
    – Et c’est alors que, d’une voix de mezzo-soprano, elle a déclaré ténébreusement….
    – Va falloir dégraisser tout cela, je te prescris le régime 5-7-5
    – ??????
    – Oui, mais tu peux également le faire sous forme de 17 mores…

    Et zou, par ici, traitement de texte, et que je te vérifie l’orthographe, que je te supprime les redondances, les synonymes, et autres similitudes, je coupe par ci, je coupe par là…je te raccourcis les phrases à rallonge !

    – Oh, doucement ! Je ne suis pas un caniche chez son toiletteur, moi…..
    – Non, tu es juste au club de remise en forme…chez le toiletteur de texte !
    – Pour combien de séances m’as-tu inscrit, chère écrivaine ?
    – 17 !

    17 jours plus tard, mon manuscrit avait une forme éblouissante…

    Écriture sobre
    Harmonieusement pure
    Chef d’œuvre abouti

  2. Halima BELGHITI dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme,
    je ne le reconnais plus !
    Lui qui s’empiffrait de formulations lourdes et un peu éculées, de pathos gras et de tournures encombrantes, le voila frais et svelte comme un concourant à un prix littéraire. Son style est maintenant à la fois frais et tonique, musclé et harmonieux. Qu’il n’y aucune méprise possible : je suis sincèrement très heureux pour lui. Enfin, autant qu’un auteur peut l’être. Visiblement, en retrouvant la forme, il gagne confiance en lui et je ne peux que m’en réjouir. Qui s’en plaindrait ? C’est juste que…autant qu’auteur du manuscrit en question, je ne le reconnais pas. Je ne reconnais plus trop l’œuvre que j’ai produite à la sueur de mon front, à la force de mes neurones, à la dextérité de mes doigts dodus guidant le stylo-plume sur la feuille. Une encre violette. J’aime bien écrire en violet, je trouve ça joli. Bref, j’avoue que c’est un peu …troublant. Certes, certes, il ne s’est jamais porté aussi bien. Grand bien lui en fasse. C’est juste que je ne reconnais plus l’histoire que j’ai écrite. J’ai le sentiment qu’elle a changé de cours, qu’elle m’échappe littérairement. En tant qu’auteur responsable, intègre et engagé dans son œuvre, je me suis décidé à en parler directement avec lui. D’auteur à manuscrit.
    – Te voila un bien beau manuscrit, dis-donc, lui dis-je. Ces séances de remise en forme semblent t’avoir fait le plus grand bien
    – Excusez-moi, vous vous adressez à moi ? Ces séances de remise en forme comme vous dites si bien, on fait de moi un tapuscrit. N’avez-vous pas remarqué ma fabuleuse tabulation ? 1,5 cm de marge de chaque côté et une mise-en-tête confortable, un corps fin et élégant, du Times…pour ne pas le nommer. Tout cela, ça vous change de style !
    – Ah ? Tu me vouvoies maintenant ? C’est très bien, tout ça, je suis heureux pour toi. Tu sembles oublier un insignifiant petit détail : je suis l’auteur, sans moi, tu n’existerais pas ! Tu peux te pavaner autant que tu le voudras, et prétendre que tu fais partie du beau monde des lettres, mais avant tout, tu es une histoire que j’ai créée ! Un pur produit de mon imagination !
    – Vous vous trompez, mon cher. J’ai cessé de vous appartenir au moment-même où vous avez mis un point final à votre récit. Ensuite, j’ai commencé à vivre ma vie. Une vie de manuscrit. Tapis pendant des lustres dans un tiroir, je me morfondais. Je me sentais tellement alourdi et épais de cette écriture redondante et labyrinthique que j’ai décidé de suivre une petite cure de remise en forme. Au club, je suis tombé sur une équipe formidable : elle m’a dépoussiéré, m’a mis sur ordinateur, m’a offerte une accueillante mise en page, a musclé ma syntaxe, travaillé mon style, gommé toutes les imperfections de langue et me voila tout neuf… !
    – Mais l’histoire ? Ont-ils touché à l’histoire ? demandais-je avec insistance
    – L’histoire ? Ah, je ne sais pas. Mais quelle importance, l’histoire ? Qui s’intéresse à l’histoire, mon cher ami ? Seule l’écriture compte…
    Je restais là abasourdi, ahuri par tant d’aplomb et d’arrogance. A ce moment-là je pris une décision qui allait changer le cours de ma vie d’auteur. J’allais m’acheter un ordinateur. Désormais, j’allais taper mes textes, en faire des tapuscrits. Pour que personne n’ait plus à le faire à ma place. Finie l’encre violette et les feuilles blanches. Mes petits doigts dodus s’habitueront au clavier. Tous les écrits seront gardés sur la machine dans un dossier dont je serais le seul à connaître l’emplacement. Je garderais tout sous mon contrôle. Même les brouillons des brouillons des premières moutures…
    Halima BELGHITI

  3. Parisianne dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme, je ne le reconnais plus !
    Lui qui s’empiffrait d’encre bien baveuse –pour mieux se délecter d’une tendre caresse du buvard– il est maintenant rangé comme pour une revue militaire : pas un point ne dépasse, et il ne cherche même pas à se justifier !
    Il aimait pourtant capturer les lecteurs avec ses effets de jambes et ne boudait pas son plaisir quand certains s’extasiaient devant ses envolées cursives. Aujourd’hui, mes échappées lyriques ne sont plus annoncées à grand renfort de lettrines et je me sens dépossédé.
    Même ma plume fait la moue et refuse bien souvent de laisser couler cette sève qui nous unissait tous les trois.
    Je n’aurais peut-être pas dû confier mes écrits à un ordinateur…

  4. laurence noyer dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme,
    je ne le reconnais plus !
    Lui qui s’empiffrait de gros mots,
    ,
    Au bout d’un mois, las de manger ses mots
    après avoir pesé ses mots
    se rendit compte qu’il avait perdu, au bas mot
    un calligramme de petits mots
    si vous me comprenez à demi-mot

  5. SB dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme,
    je ne le reconnais plus !
    Lui qui s’empiffrait de tout ce qui tombait sous ma plume, fait à présent le difficile.
    Il rejette tous mes superlatifs, mes mots à tout faire, mes parenthèses, et j’en passe…, sous prétexte qu’ils ne servent à rien et qu’ils le gênent aux entournures.
    Il fait bien attention à ses lignes. Il ne tolère plus, bien entendu, ni gros mot, ni gras, cela va de soi.
    Il réclame de la finesse, de l’élégance, du suggéré, du tacite.
    Vous avouerez qu’il est difficile d’écrire un livre de recettes dans ces conditions. Je jette mon tablier et mon encrier par la même occasion.
    Je refuse que mon prochain roman ne devienne amorexique.

  6. MALLERET PEGGY dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme, je ne le reconnais plus ! Lui qui s’empiffrait de ponctuation, il ne se trouvait réussi qu’avec toute la gamme des points en particulier.

    Il m’aurait suffit d’être diplomatie pour lui faire comprendre son erreur.

    Mais il a préféré aller voir ailleurs.

    Bien évidemment ces espèces de clubs n’ont aucune imagination. Ils ne font que suivre la mode. Cette mode imbécile du mince pour les gens, du maigre dans son assiette et du sur-dépouillé pour les textes !

    Et bien mon manuscrit n’est plus que le squelette de lui-même et ils en sont fiers. Il s’est vu empaqueté à grand frais, dans un papier d’emballage de luxe numéroté, enrubanné de soie une fois la « remise en forme » terminée. Remarquez, il avait tellement maigri qu’ils n’ont pas eu besoin d’utiliser beaucoup de matériau !
    Quant au prix de la cure : faramineux évidemment, sinon il ne serait pas « LE » club où toute la jet set des œuvres en instance de publication se doit d’être vue.

    J’ai repris mon manuscrit, furieux que j’ose m’opposer AU CLUB et ne m’émerveille pas de sa nouvelle ligne. La lutte a été rude, j’en suis même arriver à lui dire que j’en avais encore tous les droits et si je voulais, je pouvais le ficher tout simplement à la poubelle.

    Donc bon gré mal gré, je l’ai renfeuillé. Quelques adjectifs par ci par là, de la couleur de la musique, des parfums enfin tout ce qu’il faut pour faire rêver le lecteur comme un homme rêve devant les formes harmonieuses d’une femme.

  7. Geneviève T. dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme, je ne le reconnais plus !
    Lui qui s’empiffrait de mots, de phrases toutes plus longues que les autres commença à changer après quelques séances.
    Oh le choc avait été dur lorsqu’il était arrivé au centre. Certes personne n’avait prononcé le moindre mot, mais une dizaine de paire d’yeux l’avaient fixé. Il avait compris, c’était lui le plus gros, enfin il n’était même plus gros, il était obèse !
     » Le travail sera long et parfois pénible » avait dit le coach, « ce sera dur, mais il ne faut pas vous décourager, vous verrez, vous y arriverez !  » Le discours avait continué encore un moment, puis on était passé aux exercices.
    Il avait du mal à se mouvoir, il était deux à trois fois plus épais que les autres. Il n’avait plus le choix, s’il voulait exister il devait absolument suivre cette cure. Les autres étaient venus vers lui, l’avaient encouragé, il se sentit un peu mieux, en tous les cas prêt à aborder le premier atelier que l’animateur avait appelé : « la piscine à mots ».
    « Vous allez observer toutes vos phrases, si celles-ci font plus de deux lignes, il va vous falloir éjecter tous les mots inutiles. Le constat fut rapidement accablant ! Ses phrases regorgeaient d’adjectifs, de synonymes de synonymes, de figures de style…Il eut soudain l’impression de contenir tous les mots du dictionnaire. Oui c’est cela, il était devenu un dictionnaire, du reste il se voyait souvent traité de « gros Dico » , la pire des insultes pour un livre !
    Au fur et à mesure qu’il écourtait ses phrases, quelques pages disparurent et il se sentit plus léger. Lors d’une séance, alors qu’il avait été particulièrement assidu, la soirée durant il vomit métaphores, hyperboles et autres litotes ! Il dut garder la chambre quelques jours !
    L’exercice suivant se nommait le détecteur de répétitions et de clichés ! Il devait rentrer dans une machine, qui tournait ses pages à vive allure et faisait apparaître en fluo dans le texte tous les mots qui se répétaient trop souvent. L’analyse terminée, le verdict fut accablant ! Il lui restait à trouver la bonne solution, qui souvent consistait à carrément éliminer des phrases entières ! Il y passa plusieurs semaines, mais le résultat ne se fit pas attendre, il mincit à vue d’oeil !
    Il y eut le passage obligé par la cabine des registres. Là il fallut qu’il abandonne ses registres guimauve et blabla dont il était si friand et qui l’avait, dès le départ beaucoup fait grossir !
    Il enchaîna par les séances de diététique qui ne le réjouissaient guère, se priver n’était pas dans ses habitudes! Il dut carrément supprimer des personnages qui n’apportaient rien à l’histoire si ce n’est l’alourdissait et la faisait traîner en longueur.
    Il avait perdu la moitié de son poids, il respirait mieux, le coach put lui proposer des séances de « circuit training ». Là il devait s’entrainer à aller droit au but. « Regarde ici » lui dit-il, « pour parler de sa main fine et élégante, tu nous décris le ciel, les arbres, l’oiseau qui chante, et j’en passe !  » il lui fit alors enchainer les exercices : « aller à l’essentiel » et « ne pas se perdre dans les descriptions ».
    « Si tu vas jusqu’au bout, tu seras prêt à être publié !  » Il n’en crut pas ses oreilles, son rêve allait-il devenir réalité ?….il se mit de suite au travail.
    Les dernières séances se profilaient, aujourd’hui il était mince. Une entrevue relooking était prévue. Christina était venue spécialement de Paris. « Mais mon CHERIIIIII…. » lui dit-elle, « tu as vu la police que tu as choisie, et l’interlignage,…mais ça ne va paaaaaas ! …tiens si tu essayais ceci ou cela, qu’en penses-tu ? « …
    Le stage venait de se terminer, cette fois il était élégant, il n’avait plus honte de passer de main en main…. il se sentit enfin bien dans ses pages. A la fois fier et serein, il était prêt à partir chez l’éditeur et à affronter l’avenir !
    Geneviève T.

  8. Smoreau dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme,
    je ne le reconnais plus !
    Lui qui s’empiffrait de clichés, d’adjectifs automatiques, de phrases usées à l’instar d’un mille-feuilles insipide. Lui qui empilait les mots les uns après les autres sans point ni virgule comme un club sandwich de gare. Lui qui sautait d’une idée à l’autre sans tenir compte du gourmet qui allait le lire. Lui qui mélangeait généreusement style ampoulé et style populaire ce qui faisait tarte à la crème.
    Sans cette cure, on l’aurait recraché au premier chapitre.
    Cette remise en forme lui fit perdre rapidement du poids. Pas le poids des mots mais le surpoids qui écoeure le lecteur. Le médecin des mots lui appliqua du baume antigras. Chaque paragraphe fut massé. Le manuscrit perdit un bon tiers de son volume. Page après page, il retrouva la ligne. Le manuscrit sua sang et mots. Il fut courageux et volontaire. Il accepta d’éliminer les hors sujets, les divagations. Chaque mot fut pesé par le personnel. Aucune concession. Le manuscrit final se profilait. Une dernière opération et il serait prêt. Il fallait l’amputer des 50 ères pages qui blablatait mais auxquelles il tenait.
    Un coup de scalpel et ce fut fait.
    On put lui tatouer le mot FIN.

  9. Catherine M. S dit :

    Régime sec

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit
    A un club de remise en forme
    Je ne le reconnais plus !
    Lui qui engloutissait, dévorait, s’empiffrait
    Sans jamais être repu
    Il lui fallait toujours plus, le goulu !
    Des mots, des mots, des mots
    Dans un flux continu et ce, depuis le début
    Des tordus, des confus, des incongrus, des superflus
    Des intrus, des imprévus, des pointus, des corrompus
    Et là, tout à coup, diète absolue
    Style renforcé, forme musclée, sens affûté
    Plus aucun abus, surcharge exclue
    Même les personnages étaient à la portion congrue
    Fi de leurs rondeurs et de leurs tergiversations
    Ils allaient droit au but, en vrais tâcherons
    C’était tellement mieux ainsi
    Le lecteur en tirerait profit
    Il aurait la part belle, augmenterait son crédit
    Mon manuscrit deviendrait son meilleur ami
    Il le prendrait par la main, l’emmenerait sur la route du paradis
    En passant par les chemins avertis
    De la plus sombre tragédie
    A la plus jolie comédie
    Ben oui, les chemins de la vie.

  10. Billy Elliots dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme, je ne le
    reconnais plus!
    C’est sûr il en avait besoin, il avait des passages vraiment pas terribles. trop longs, hors sujet, on n’y comprenait rien.
    mais là il va trop loin, je ne le reconnais plus. il ne pense plus qu’à la forme, comme s’il avait perdu son âme. Au début j’étais bien content ça lui allait bien ce club mais maintenant il y en a marre.En plus, il me demande mon avis.
    – Et cette phrase si je l’écrivais comme ça, ça serait mieux non! Et là si je mettais une virgule ça serait pas plus joli, non?
    Ca suffit, avant j’aimais bien son originalité, sa différence, sa gueule, on voyait bien que c’était pas un manuscrit passe partout mais là il est devenu lisse. En plus il a fait des injonctions de botox que lui a conseillé son prof de gym, c’est moche.
    L’autre jour il m’a dit qu’il pensait sérieusement à se refaire les seins parcs qu’il les trouvait trop petits.
    Alors là c’est trop. S’il fait ça je le laisse tomber!

  11. de Bernardy Nadine dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme je ne le reconnais plus.
    Lui qui s’empiffrait de mes platitudes affligeantes,lieux communs redondants et autres clichés éculés , ne buvant que de l’encre Waterman, a finit par se dire qu’il lui fallait un physique avantageux s’il voulait devenir un vrai best-seller.
    Il a demandé une avance à notre éditeur et s’est inscrit à vie dans le club de fitness le plus huppé de la capitale.
    Il s’est offert la panoplie du parfait adepte de la » gonflette »,et va transpirer en cadence deux fois par semaine au milieu de ses congénères,les hyperbuildés en tout genre qui peinent en regardant sur des écrans géants Lady Gaga et ses boy’s band se contorsionner avec une classe folle.
    Grand bien lui fasse! Si ce gougnafier a besoin de cela pour gonfler son ego! Je vais me mettre au macramé.

  12. Christine Macé dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme,
    je ne le reconnais plus !
    Lui qui s’empiffrait de gros mots (celui de Cambronne étant son préféré), piques et rosseries de toutes sortes, mêlant sans vergogne injures et invectives, ajoutant pêle-mêle, dans un charabia indescriptible, tous les termes et phonèmes les plus acides de la création – sans que j’aie bien évidemment mon mot à dire, même à demi-mot -, voilà que tout à coup, il s’est mis au régime sec. Tout ça pour avoir trouvé un prospectus dans la boîte aux lettres qui vantait les mérites d’une méthode fulgurante de bien-être garanti ou remboursé !
    Le voilà désormais qui bosse avec acharnement ses écrits, dictionnaires à l’appui, multipliant les mots d’esprit au rythme de ses inspirations-expirations bruyantes et suantes, travaillant ses expressions tout en finesse, assouplissant ses coupures de mots, pour finir, exténué, l’air béat, en me débitant d’une traite sa dernière allocution. Chaque jour qui passe je le vois jouer de la boutade et de la répartie, se gavant de bons mots, et parfois même d’un mot pour rire. C’est le nouveau mot d’ordre : bûcher mot à mot, faire gonfler la locution, muscler la particule, finir la séance sur une série de mots accentués… et le voilà qui se prend à rêver tantôt d’harmoniser le mot et la chose, tantôt de gagner au jeu du mot mystère !
    Mais que tout cela reste entre nous : pas un mot à sa femme car elle est persuadée que, pendant ce temps-là, il lui concocte des mots doux ! Je ne donne pas cher de sa peau quand elle découvrira le fin mot de l’histoire, et qui sait alors, des deux, celui qui aura le dernier mot…

    Bon dimanche, Christine

  13. joailes dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme,
    je ne le reconnais plus !
    Lui qui s’empiffrait de rimes désuètes, de poésie à l’eau de rose, de clichés …

    Le voici qui virevolte, qui prend des virages à cent à l’heure, sans frein, qui se complaît dans la prose où tout est permis, je ne le retiens plus, ce n’est plus moi qui l’écris, mais lui qui m’entraîne et me conduit !
    Et nous partons sur des tapis d’Orient, avec Aladin, sur des nuages incandescents, des cimes enivrantes, nous étirons sur des tapis de fleurs, trempons notre plume à l’encre des amis Pierrot, dévalons des chemins d’or, tombons des falaises, plongeons dans les eaux des canyons, dans des gerbes d’écume, enjambons des statues dans les parcs, des petits ponts rouges, embrassons Blanche Neige qui s’éveille, valsons avec les sept nains, suivons Cendrillon jusqu’à un bal et supprimant au passage les douze coups de minuit, retrouvons le petit Poucet perdu au cœur de la forêt … faisons halte sur des coteaux ensoleillés …
    Mon manuscrit est en pleine forme, et moi je suis crevée !
    C’est décidé, demain je m’inscris au club avec lui.

  14. ourcqs dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme,
    je ne le reconnais plus ! Lui qui s’empiffrait …d’adjectifs redondants, de lourdes allusions, de pléthores de métaphores. Programme de sobriété pour fluidité. Ce régime allégé était vraiment nécessaire, suppression de tout dialogue doucereux, mièvreries inutiles, des images lourdes de description, et des interminables envolées lyriques, ou pas.Quelques règles lui ont permis de retrouver un certain dynamisme, le rythme s’améliore, des figures de style originales apparaissent, et on perçoit une petite musique personnelle. De légères touches suggestives, symboliques nous entraînent vers une chute singulière …

  15. laurence noyer dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme,
    je ne le reconnais plus !
    Lui qui s’empiffrait de…papier mâché, d’encre séchée et de plume taillée…

    Il m’a envoyé la brochure du club de remise en forme (On nous assure que tous les textes seront traités.) :

    Accueil : En haut à gauche
    Adhérents : Toutes les polices
    Règles : Horizontale et verticale
    Objectifs : Mettre en valeur et attirer l’œil
    Accessoires : Ruban, clavier, souris (facultatif)
    Programme : Saut de page, exercice orthographique, entrainement en-tête et pied de page.
    Activités : Alignements centrés, retrait de paragraphe, mise en valeur de la section
    Postures : &,@,$,?
    Sortie : X

  16. Le guilcher Brigitte dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme,
    je ne le reconnais plus ! Lui qui s’empiffrait de…
    …de bons mots, d’une prose enrichie au vocabulaire et dopée aux adjectifs qualificatifs. Le voilà qu’il distille sa pensée au hasard d’une course sur le tapis. Maintenant il pèse ses mots. Ses phrases maigrissent sous le poids de sa plume. Ses chapitres se fondent au rythme d’une danse moderne. Le pire, c’est que le roman amincit sous la voix de son prof, sans que l’histoire y perde du poids.

  17. durand dit :

    Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme, je ne le

    reconnais plus!

    Lui qui s’empiffrait de phrases grasses, baignant dans une vielle huile

    réchauffée, il s’est mis aux fruits secs et à l’eau minérale.

    Il faut dire que mon club, ce n’est pas n’importe quoi. Et ce n’est pas tenu par

    n’importe qui.

    Une espèce de joyeux ludion vous y accueille. On le dit plômé

    mais on ne sait pas trop de quoi. Un peu diététicien de la grammaire, médaillé

    de bronze au cheval en 1962 aux jeux para-olympiques du collège d’Arçon.

    Dans la salle d’accueil , pendent toutes sortes de cadres, de plaques

    témoignant de ses rencontres avec des gens célèbres: Arnold Schwartzeneger,

    Johnny Weissmuller, Franck Ribéry et Marguerite Duras après sa première cure

    de désintoxication. La gloire affichée, ça met toujours en confiance les

    désespérés.

    Mandoukian, comme l’indique son nom est un peu arménien. Il a survécu à pas

    mal de catastrophes naturelles et humaines, dans le ventre de sa mère déjà et

    après lors d’un voyage turque organisé.

    Actuellement il habite à Paris. Vu qu’il avait des connaissances dans le papier, il

    s’est tout d’abord lancé dans l’industrie du papier toilettes. Puis peu à peu il

    s’est tourné vers l’hygiène de la littérature.

    Il faut dire que son arrière grand père écrivait de longues épopées poétiques

    vantant déjà les bienfaits de la nature et l’hébertisme.

    ………………………………………………………………………………………………………..

    Oui, oui, j’arrive……excusez moi Mère….mais Mr Mandoukian m’appelle, on doit

    trapèzer mon dernier roman, arrondir les angles, lui muscler les bissectrices.

    ….je vais devoir te laisser….

    …Et toi n’oublie pas ton cours d’alphabétisation!

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