Exercice inédit d’écriture créative 282

TitiCe matin, Miloux est déconcerté.
Ils ont abattu le vieux platane au pied duquel il pissait sans réfléchir. Comme son père et son grand-père, avant lui. Incapable de décider sur quel arbre lever la patte, il s’angoisse.

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24 réponses

  1. Michel ROBERT dit :

    Ce matin Miloux est déconcerté. Ils ont abattu le vieux platane au pied duquel il pissait sans réfléchir, comme son père et son grand père avant lui. Incapable de décider sur quel arbre lever la patte, il s’angoisse.
     » Qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils ont transformé mon territoire ! Je suis perdu. Je suis devenu agoraphobe à cause d’eux. D’abord ! Pourquoi ils ont tué mon copain ? Ils ne savent pas que les arbres parlent. Ce sont des ignares qui balaient la branche… Tiens ! Voilà Milotte ! Je vais lui demander ce qu’elle en pense. »
    Milotte est une « Jack Russell » comme lui, têtue et vive avec le coeur dans les mirettes.
    – Bonjour Milotte ! T’as vu, ils ont supprimé notre rendez-vous !
    – T’inquiète, on ira dans les buissons, là-bas ! On sera mieux, on nous verra pas.
    – Mais c’était notre platane à nous, ils n’avaient pas le droit !
    – Tu rigoles ! Ils ont tous les droits ! Ils vont faire un rond-point. Tu crois qu’ils auraient demandé ton avis ? Allons ! Ne fais pas l’enfant, ouvre les yeux !
    – Mais c’est anti-démocratique ce qu’ils font !
    Milotte prit du recul et regarda son fiancé l’air étonné.
    – Tu vas pas faire la révolution pour un platane quand même !
    – C’était comme notre maison cet arbre. Tu vois ! Quand quelqu’un prend des décisions sans concerter, ça crée de la division.
    – Franchement ! Pourquoi tu ne t’es pas inscrit au C.M.C. ?
    – Wouah ! C’est quoi ça ?
    – Le conseil municipal des chiens ! Pardi ! T’es pas au courant, toi qui connaît tout !
    – Te moque pas, c’est toute une lignée qu’ils ont atteint et nos souvenirs en plus. C’est notre parfum qui est parti avec ce platane. Le macadam envahit notre territoire et toi, ça te laisse froide !
    – Ben ! C’est l’évolution mon chouchou ! Allez ! Viens dans les buissons !

  2. égarée dit :

    Baigné depuis toujours dans l’univers sauvage et vagabond-bien que n’aimant pas l’eau- Milou a toujours su quoi faire des qu’il étendait sa première patte matinale. Les mâchoires décollées, expirant un grand taux de co2, jouissant sans le vouloir, Milou ouvrait chaque matin délicatement ses petits yeux perfides d’un noir ténébreux aux premiers chants de coqs, aux premiers chants d’oiseaux qui réveillaient la terre en endormant la lune. toujours les poils dressés puisque frigorifié par l’air environnant, Milou, le sang chaud et l’air fier, se réveillait calmement dans le salon de mamie. Il regardait a droite, a gauche, émergeait avec peine de sa longue nuit torride avec les monstres, les fées et meme les chats.
    Sans amalgame ni grande erreur, Milou était de ceux qui rêvent de jour et vivent de nuit, qui vivent de nuit et rêvent de jour. chaque instant il s’oubliait dans les profondeurs de son être, vivait cela meme qu’il ne vivait pas, pensait cela meme qu’il ne pensait pas. le résultat effectif de cet oubli fatal fut la fatalité qui s’emparait de lui à chaque matinée. Cherchant à peine ce qu’il faisait, dirigé par le flux meme de sa vie qui le forçait toujours à agir par son inconscient meme, tel un robot mais pourtant chien, Milou vagabondait entre salon et jardin, entre niche et voisin.
    Toujours habitué, par ces ancêtres Medor et le grand sage Rex, Milou savait très bien tout ce qu’il lui fallait pour subvenir sans peine a tous ces grands besoins. aussitôt réveillé, Milou- filait sans peine vers la grade gamèle- mangeait deux trois croquettes- retournait dans son lit- attendait avec peine le réveil de ses maitres, avec qui il pourrait partager caresses jeux et siestes non sans grande allégresse- ensuite se dirigeait vers le plus grand platane, celui que ses ancêtres avaient marqué avant comme leur territoire. La terre parfois molle, Milou parfois peinait a marcher avec grâce dans la grande allée. Il butait sur les rocs, écrasait les limaces, les fourmis et les taupes encore enterrées. Sagement d’un air vif il levait sa patte sur le plus grand platane soulageait ses envies puis repartait tranquille vers son plus grand lit.
    Mais un matin Milou fut bien déconcerté:, plus rien n’avait de sens. En contre sens, vaillant, ne voyant plus que rien, il faisait les sans pas dans sa petite foret; les mille pattes eux meme n’en faisant pas autant- il s’inquiéta beaucoup de ne savoir que faire. En fait Milou ce matin, dès lors réveillé, se rendant au platane, ne découvrit rien d’autre qu’on tronc bien tronçonné. il renifla sans cesse vérifia l’emplacement, toujours se demandant s’il n’était pas en rêve, sentant toujours l’odeur mais ne voyant plus les feuilles, voyant toujours le tronc dénué de ses branches. Indécis, bouleversé, il versa une larme face a la fureur qu’il éprouva soudain lors de la découverte de l’anéantissement de tous ses grands ancêtres. Ne sachant plus quoi faire, totalement ahuri, Milou l’habitué devient vite l’incompris. Il erra sans savoir dans l’abrutissement-plus rien n’avait de sens, plus aucune direction. Ne sachant où aller, et très vite apeuré, le petit chien fébrile hurla son plus beau son.
    -En fait Milou est finalement allé lever sa patte sur un autre arbre. Il vécut heureux et toujours fit pipi.-

  3. Isabelle Pierret dit :

    Au bar des « 7 boules », sur le Quai de cristal du port d’Ostende, la lumière avachie sur les banquettes de moleskine aggravait le désarroi des clients, devant leur Picon-bière.
    Une table poisseuse recevait depuis l’aube les doléances grasses des marins échoués. Un pauvre lotus artificiel y lâchait tout son bleu, à force de pleurer leurs destins.
    La pêche, la marée, les vents et les femmes composaient les sujets de ces tristes tintins que des pintes bienveillantes réconfortaient.
    Le chancre coloré encombrait toutes les bouches de ces oreilles cassées, préoccupés par le sort des platanes malades.
    La pêche – leur or noir- tout juste débarquée, jetait à terre le capitaine et ses deux hommes – des jumeaux un peu braques, qui entrèrent avec fracas dans le café fumant.
    Le capitaine prit le temps de s’installer au comptoir et le patron lui offrit du haddock. Nestor le héla à propos du chancre :
    – T’es au courant ?
    – Quoi, quoi, c’est quoi l’histoire ?
    Il n’appréciait pas le majordome du bourgmestre qui, tout en roulant une orange sur le comptoir, indolent, livrait comme le bleu des agrumes, des informations officieuses en direct du bureau des RG.
    De douloureux souvenirs le piquèrent à nouveau : à avoir trop adoré la toison d’or d’une cantatrice dans le port de Gênes, il avait hérité d’un chancre syphilitique en prime de l’amour que savait si bien lui offrir sa belle castafiore.
    Il balaya les images purulentes d’une gorgée de bière et s’adressant à Marguerite qui se mirait face au comptoir, lui lança :
    – T’es belle, toi !
    – Ouais, c’est pas comme les platanes malades : tu vois, depuis ce matin mon Miloux est déconcerté. Ils ont abattu le vieux platane au pied duquel il pissait sans réfléchir. Comme son père et son grand-père avant lui. Incapable de décider sur quel arbre lever la patte, je le vois qui s’angoisse.
    Alors le capitaine, fixant les bijoux de pacotille sur son buste généreux, à la peau de lait, lui susurra :
    – A mon avis, ton minou, il aurait bien besoin que j’le console, ma belle, tu crois pas ?

  4. francoise dit :

    Ce matin, Miloux est déconcerté.
Ils ont abattu le vieux platane au pied duquel il pissait sans réfléchir. Comme son père et son grand-père, avant lui. Incapable de décider sur quel arbre lever la patte, il s’angoisse et commence à tourner, tourner, si bien qu’étourdi il ne salt plus où il est et qui il est. Le soleil l’éblouit puis soudain la lune se lève, elle forme un joli croissant, il a l’impression qu’il en sent l’odeur, il ouvre la gueule pour croquer dedans mais il est inaccessible. Il aboie à la mort et c’est tout à coup un concert canin qui retentit donné par tous les chiens des alentours. Ils y mettent tant d’intensité qu’on croirait entendre le requiem de mozart.
    Soudain la camionette de la SPA apparaît, tous les chiens se taisent et se cachent avec l’aide des habitants.
    Le camion parti, Miloux n’y tenant plus court vers le premier platane venu et lève la patte…..

  5. Ce matin, Miloux est déconcerté.
    Ils ont abattu le vieux platane au pied duquel il pissait sans réfléchir. Comme son père et son grand-père, avant lui. Incapable de décider sur quel arbre lever la patte, il s’angoisse.

    Il avait compris depuis quelques temps que les arbres disparaissaient, lui qui les pensait immortels.

    Depuis qu’il était chiot ces arbres étaient là, c’était immuable. Il les a vu se faire encercler par ce béton. La pollution en menace.

    Puis un à un, ils ont disparu. Ce matin c’était « le sien ». Les Hommes s’étaient attaqués au sien.

    Miloux ne se vengera pas ni n’omettra aucune objection, il erra le temps d’en trouver un autre et continuera sa route en s’adaptant et en se pliant aux lois humaines, trop humaines….

    Lois déconcertantes et déroutantes pour tous les autres animaux qui jamais ne feront basculer leur écosystème.

    L’arbre : alors cet animal qu’est l’Homme n’a donc pas conscience qu’il est source de vie, que sans lui la vie ne serait pas. L’homme continue à s’entêter de les étêter, un à un.Finalement la guillotine existe encore. Et même Miloux s’en angoisse.

    L’Homme n’aime peut être pas ce qui est plus haut et plus humble que lui.Ce qui prend les entrailles de la terre pour les irriguer tout en étant capable de produire de la matière à partir de la simple lumière du soleil.
    Non, l’Homme n’en est pas capable. C’est bien pour cela que c’est très angoissant. Le béton, les TGV et toute la technologie ne pourra pas pallier au manque d’arbre.

    L’Homme va vite, très vite ! Il est rapide et intelligent. L’Homme sait modifier son milieu et s’adapter. Il manque pourtant cruellement de sobriété.

    L’arbre est posé, serein. Il est à la fois terrien et aérien. Il laisse le temps s’écouler et fait son travail, local et efficace. Il inspire confiance et détente.

    Ils sont en symbiose, l’Homme lutte mais devrait accepter sa mortalité et sa condition humaine. Ainsi, il ne mettrait plus en danger le reste du monde par sa quête de pouvoir et d’immortalité.

    Beaucoup d’Hommes l’ont compris, un jour, je le sais, ils seront trop nombreux pour ne pas se faire entendre et pourront faire leur travail d’humain : protéger la vie et la perpétuer.

  6. Peggy dit :

    Ce matin, Miloux est déconcerté.
    Ils ont abattu le vieux platane au pied duquel il pissait sans réfléchir. Comme son père et son grand-père, avant lui. Incapable de décider sur quel arbre lever la patte, il s’angoisse.

    Il tourne en rond comme un malheureux. Je ne sais comment l’aider, je ne parle pas chien malgré tous les efforts que j’ai consacré à cette langue.

    Je détache la laisse pour lui laisser plus de choix dans le parc où je l’ai emmené se promener, mais il ne se décide pas et revient se coucher tout penaud près de moi pendant que je lis mon journal. Il va pourtant bien falloir qu’il se décide. J’essaie de lui expliquer dans ma langue, que nous aussi parfois nous déménageons, c’est différent mais quand même pareil puisque nous n’avons plus nos marques, et on s’en débrouille. Son regard est désespéré.

    – Ah non mon vieux, tu ne vas pas me faire une déprime ! Le véto c’est hors de prix, je n’ai pas les moyens ! Moi aussi mon père et mon grand-père ont pissé dans les toilettes de la maison où j’habitais ; mais quand ils l’ont démolie, pour agrandir la rue c’est carrément pas les chiottes qui m’ont posé problème. J’en ai pas fait tout un fromage ! C’est bien du chien ça ! Allez écoute trouve-toi un autre arbre et on y va. Tu comprends rien c’est ça ?
    – Qu’est-ce qu’elles avaient toutes ses odeurs accumulées ? Ok, j’ai compris la tradition !
    Ben ça, mon pote y faudra t’y faire, tout fout le camp ! Allez va pisser maintenant !!

    C’est la même personne qui parle, je n’arrive pas à retirer le 2ème tiret !

  7. Clémence dit :

    Ce matin, Miloux est déconcerté. Ils ont abattu le vieux platane au pied duquel il pissait sans réfléchir. Comme son père et son grand-père, avant lui. Incapable de décider sur quel arbre lever la patte, il s’angoisse.

    Il arriva, essoufflé. La longue allée bordée le conduisit à la vieille bastide. Une plaque de cuivre reflétait discrètement les rayons du soleil printanier. C’était en ces lieux qu’il mettait tous ses espoirs pour apaiser ses angoisses et retrouver sa sérénité.
    «  Sonnez et entrez » lut-il sous la chaînette de la cloche.
    Il obtempéra. Il poussa la porte en chêne et entra. Le patio était ravissant : murs ocres, tomettes cirées, un fauteuil Voltaire. Il n’osa pas s’asseoir. D’ailleurs, il n’en eut pas eu le temps. Le grincement d’une porte annonçait l’arrivée de son sauveur.
    – Veuillez me suivre…. euh…. après vous…prenez place, je vous en prie.
    – Je préfère…euh…
    Il prit une feuille et un stylo et leva sa main.
    – Monsieur… ?
    – Milou X, jwe twiens wà préswaouerver mwon anwounwymat.
    – Je m’en accommoderai, Monsieur Milou X. Que vous arrive-t-il ?

    Milou X ne tenait plus en place, les jambes emberlificotées, il sautillait, se tordait, jetait sa tête en arrière.

    – Jwe weweux won wawaouplataouwane…
    – Cher Monsieur Milou, je crois que nous n’arriverons pas à nous entendre sur ce registre…
    – Wouaw waoue pweuah…
    – Attendez, je crois que j’ai une idée… pourriez-vous encore patienter ? Je reviens dans un très bref instant…
    – Fwaout bwaou…

    L’homme se leva en souriant. Il fit un petit signe rassurant et s’éclipsa. Les minutes parurent aussi longues qu’une nuit de nouvelle lune.
    L’homme revint. Un magnifique perroquet posé sur son épaule.
    – Voilà, Monsieur Milou, je suis sûr que nous allons nous entendre. Mon perroquet, ici présent, maîtrise à la perfection le langage canin. Kaou se fera un immense plaisir à nous servir d’interprète.
    – Milou : dis-lui que j’suis quinaud…
    – Kaou : il vous dit qu’il est déconcerté …
    – Lui : demandez-lui pourquoi il est déconcerté.
    – Kaou : y vous dm’ande pourkwa…
    – Milou : j’peux pus l’ver la paluche arrière…
    – Kaou : il ne peut plus lever la patte arrière …
    – Lui : demandez-lui quelle est la cause de cet empêchement.
    – Kaou : pq tu peux + lever ta paluche arrière ?
    – Milou : mon pivot a decanillé.
    – Kaou : il ne peut plus lever la patte arrière parce que son arbre est parti.
    – Lui : demandez-lui s’il peut décrire avec certitude l’espèce d’arbre sur le tronc duquel il lève euh…
    – Kaou : l’véto, y te d’mande quelle espèce…
    – Milou : platane. C’ui d’mon daron et c’ui d’mon daron d’avant et d’avant encore…

    Tout à coup, Milou se mit à sauter comme Pandore surgissant de la lampe d’Aladin. Les quatre pattes d’un seul coup…Et vlan, le tapis persan (faux en l’occurrence) s’imbiba du pipi de Milou X.
    – Sacrebleu, j’me sens drôlement mieux, jacta Milou X, en faribolant de la queue…
    – Il est de ces guérisons inexplicables, murmura le vétérinaire avec un sourire qui illumina sa mine pas patibulaire du tout.
    Les trialoguistes se mirent à trialoguer et échanger sur leurs connaissances arboricoles.
    – Savez-vous que… jaspina Kaou, dans ma forêt primaire…
    – Savez-vous que….jargonna Milou X, dans ma lignée…

    Ce fut au tour du vétérinaire de prendre la parole.
    – Un de mes amis, maire dans une commune du Languedoc, dut, un jour, se résigner à abattre un platane multi-séculaire décimé par le Glaeosporium nervisequm. Probablement la même infection que votre platane préféré…
    Je disais donc que mon amis dut abattre ce platane. Toute la population s’insurgea. Mais il eut une idée de génie. Il organisa une cérémonie à laquelle tous les citoyens furent invités. Un platane de bonne taille prit la place du souffreteux. Son tronc fut débité en rondelles qui furent offertes aux citoyens- terme épicène, j’y tiens – qui souhaitaient acquérir une relique de leur idole…

    Milou X. gobait les paroles apaisantes du vétérinaire. Il lui serra la pince et en profita pour lui balancer un coup de langue bien trempée.

    Le vétérinaire, débonnaire, retourna à sa lecture sous la glycine.
    Kaou, les plumes rengorgées de satisfaction, regagna son perchoir sous la tonnelle.

    Milou X. fila, ventre à terre, là-bas, d’où il était venu…
    La cérémonie du replantage du jouvenceau était en cours.
    Submergé par un torrent d’émotions, il ne put se retenir.
    Il baptisa le nouveau platane : Platanus X acerifolia.

    © Clémence.

  8. C’est lundi  matin. Miloud ouvre un œil. Il fait déjà jour. Il ouvre le deuxième. Confirmation de la première impression. Il saisit son réveil sur la table de nuit : 9h. Deux heures de retard. Ce foutu réveil n’a pas sonné. Il se met sur son séant, et baille. Il cherche ses pantoufles en tâtonnant du pied . Une manque à l’appel. Un peu plus loin peut-être ? Rien à faire : il va falloir se mettre à quatre pattes pour chercher sous le lit. Difficulté à la trouver dans le noir. Elle se cachait derrière le pied du meuble. Sa robe de chambre lui tend les bras, mais les manches sont à l’envers. Il descend lourdement les escaliers et se retrouve sur les fesses parce qu’il a manqué la dernière marche. Un bon café va arranger tout ça: Il le prépare rapidement mais la cafetière renifle : elle a besoin d’être détartrée et filtre au ralenti. Quand il peut enfin remplir sa tasse, il avale goulûment une gorgée qu’il recrache aussitôt : il a pris la chicorée au lieu du café et le concentré brûlant a un goût horriblement amer. Plus le temps de recommencer. Vite ! A la toilette ! Il remplit le lavabo, plonge le gant et hurle. Une fois de plus il a tourné le robinet du mauvais côté et l’eau est bouillante. Il attrape le savon qui lui échappe des mains. Il renonce à partir à sa recherche et se flanque le gant trempé sur la figure tout en se regardant anxieusement dans le miroir. Il attrape ses habits préparés la veille mais se souvient soudain qu’il n’a plus de Tshirt propre, ils sont tous au sale. Il va devoir mettre une chemise. Une dizaine de boutons à boutonner. Jeu de patience. Arrivé à celui du bas il s’aperçoit que le bouton numéro deux a enfilé la troisième boutonnière. Retour à la case départ. Le téléphone sonne. Il se précipite et s’étale sur le savon réapparu. Un besoin pressant. Il sort comme chaque jour dans son jardin pour pisser sur le vieux platane et découvre un moignon arasé. Il a oublié que la veille il a du l’abattre pour cause de maladie. Il va devoir utiliser les wc comme tout le monde. Action. C’est le moment que choisit le battant pour se rabattre. Il empoigne sa veste qui s’accroche désespéramment au porte manteau et claque sa porte en laissant les clés à l’intérieur.
    Dans sa sacoche il trouve un ticket de bus, le dernier qui lui reste, qui profite d’ un coup de vent brutal pour glisser dans une grille d’ égout apparue opportunément sous ses pieds. Il regarde l’heure. Sa montre s’est arrêtée mais il a juste le temps de voir son bus passer devant l’arrêt sans stopper. Le prochain est dans vingt minutes. Et il commence à pleuvoir.
    Alors Miloud s’assied sur le banc devant l’arrêt de bus, pose ses deux mains sur ses genoux, et se met à hurler à la mort.
    Deux policiers apparaissent. Il vient de trouver une excuse pour justifier son retard au travail.

  9. Sonia BDE dit :

    Incapable de décider sur quel arbre lever la patte, il s’angoisse. Il n’avait jamais eu à réfléchir sur la notion de choix. Il reproduisait inlassablement, depuis sa naissance, un schéma familale si ancré, qu’il ne s’etait jamais demandé si il pouvait en être autrement. Ses croyances, son univers entier, s’écroulait donc en même temps que ce bon vieux platane centenaire…

  10. Nadine de Bernardy dit :

    Milou s »angoisse , et pour cause . Depuis toujours il vivait dans une grande maison entourée d’un vaste jardin avec trois enfants et leurs parents.Mais voilà que depuis un certain temps, il y a de l’eau dans le gaz.Des décisions sont prise, des partages effectués,des disputes éclatent,des cris et pour finir:
    « Bon, garde alternée pour les enfants, mais moi je prend MON chien
    Pas de récrimination chez la partie adverse.Voilà comment le canin des champs se réveille un matin dans un petit deux pièces des villes, à Paris qui plus est!
    Dès qu’on lui fait mettre le nez dehors,tenu en laisse,il ressent une honte infinie,un sentiment d’injustice.Et ce sont des vrais arbres ces quelques troncs anémiés où des dizaines de confrères ont déjà déposé ce dont il doit se débarrasser?
    Certes il y a des odeurs délicieuses, variées,on reconnait les femelles,les mastards,les chiens chichiteux trop bien nourris, mais lui, qui est-il? Il n »a pas l’habitude de lever la patte en public; en même temps c’est si tentant, il voudrait courir partout mais l’autre,le nez sur son portable ,l’empêche de batifoler
     » Bon dépêche toi, je n’ai pas que ça à faire, il faut que j’aille bosser moi »
    Le pauvre Milou , inquiet, prend le premier arbre venu et lui offre un petit jet sans virilité sachant , ce qui augmente son angoisse, qu’il aura vraiment besoin d’y retourner dès qu’ils seront là – haut.
    La queue entre les jambes, les oreilles basses,le malheureux animal fait l’apprentissage de la vie de chien de divorcé.

  11. Laurence Noyer dit :

    Ce matin, Miloux est déconcerté.
    Ils ont abattu son arbre préféré
    C’était le platane pour aller lever
    Sa papatte au gré d’envies qui pressaient
    Platane chéri par toute une nichée
    Tellement convoité qu’ils l’avaient fait crever
    le papa, le papy et même le papé
    C’était leur totem, c’était leur domaine
    Au pied du platane, toutes les semaines
    Le sol recevait son récépissé
    Ils venaient aussi à l’heure de la messe
    Sans qu’ils déguerpissent ou s’interrompissent
    Parce que les toutous peuvent montrer leurs fesses
    Du moment qu’ils font là où on leur dit
    C’est ce que Miloux depuis ce matin
    Cherchait à savoir, avec grande angoisse
    Il se mit donc en quête d’une autre surface
    Pour abandonner ses besoins de canins

    • Perrat Pascal dit :

      Laurence. Avez-vous reçu mon commentaire ?
      Voici ce que m’annonce ma messagerie : Technical details of permanent failure:
      Google tried to deliver your message, but it was rejected by the server for the recipient domain wanadoo.fr by smtp-in.orange.fr. [80.12.242.9].

      The error that the other server returned was:
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  12. waryam dit :

    Ce matin, Milou est déconcerté. Incapable de décider sur quel arbre lever la patte, il commençait à s’angoisser. C’est vrai qu’il se sentait un peu perdu dans ce parc. Il faut reconnaître qu’il n’y était pas venu depuis plusieurs mois. Depuis, ses pieds n’avaient pas foulé ces sols, ses narines n’avaient pas humé cet air, son corps ne s’était pas frotté contre cette terre, ses ongles n’avaient pas remué ces feuilles et ces tiges séchées Il avait oublié les odeurs, les chemins, les tournants, les coins et les recoins. Il comprenait les hésitations de ce vieux monsieur qui venait avant au parc et qui semblait tourner en rond, l’air hagard, sous le regard de son fils, qui ne le quittait pas des yeux.
    Milou décida de se prendre en main. Contrairement aux autres chiens, il avait souvent la possibilité de quitter les itinéraires bien tracés du parc. Son maître s’asseyait sur un banc pour feuilleter son journal ou discuter avec le professeur Tournesol et lui donnait la liberté de gambader à sa guise. A la longue, il avait fini par tracer ses propres sentiers et il aimait les emprunter pour s’isoler dans un endroit tranquille loin des visiteurs, qui en jours de vacances, devenaient trop nombreux. A sa grande déception, l’herbe avait poussé et avait masqué ces pistes qui le menaient vers ses refuges. En regardant bien, il avait deviné une différence de couleur de l’herbe qui couvrait un passage linéaire. Milou avait alors posé ses narines sur le sol et instinctivement tout lui était revenu. Sans grands efforts son odorat le guidait avec assurance vers son lieu préféré. Quand il arrivait enfin, il vit le grand chêne. Il se précipita, leva sa patte arrière droite et se soulageât. Un grand soupir s’en suivit et Milou se tapit à l’ombre de son arbre préféré et piqua un somme.

  13. Patrick dit :

    Ce matin, Miloux est déconcerté.
    Ils ont abattu le vieux platane au pied duquel il pissait sans réfléchir. Comme son père et son grand-père, avant lui. Incapable de décider sur quel arbre lever la patte, il s’angoisse.
    C’est vrai, vous n’avez pas idée, vous autres humains, à quel point choisir son arbre est décisif dans la vie d’un chien. C’est un peu comme si vous vous retrouviez dans un magasin où devant vos yeux ébahis s’étendait une infinité de parfum de glace, tous plus alléchant les uns que les autres. Pour les chiens, c’est pareil : lever la patte sur un arbre n’est pas anodin. Pourquoi? La raison en est simple : l’arbre défini notre personnalité sociale, qui nous sommes. C’est ainsi que Miloux me fit part de ses tourments. Et comme tout ami qui se respecte, j’ai tenté de le rassurer en lui disant que mieux valait avoir l’embarras du choix que pas de choix du tout, que ce n’était pas grave s’il se plantait, il n’est pas nouveau dans le quartier et sa renommé n’était plus à faire. Il pouvait faire où bon lui semblait, tous saurait qu’au pire il s’agissait d’une erreur de casting, rien de bien méchant. Mais rien à faire! Cette tête de mule voulait choisir l’Arbre, celui qui protègerait son statut. Mais en attendant, il se retenait et force était de constater que sa vessie allait finir par lâcher s’il ne se vidangeait pas rapidement. Il me dit « Mon vieil ami, aide moi, je t’en supplie, à trouver l’arbre qui fera que ma vie continue à être une belle vie. J’aimerai tant que tous me respecte encore et vois en moi un chien de bonne famille, bien éduqué, pas comme ce fut le cas jadis. »
    Car oui, ce que vous ignorez, c’est que Miloux, jeune chien impatient et quelque peu stupide, avait lâché son jet sur n’importe quel arbre dans sa vie d’avant, rendant ces messages incompréhensibles et sa renommée fut faite qu’il était schizophrène ou juste à la ramasse. S’étant fait prendre à partie par divers molosses, il avait retenu la leçon. Pisser sur le bon arbre était d’utilité publique, du moins de la sienne…

  14. Durand dit :

    Ce matin, Milou est déconcerté. Ils ont abattu le vieux platane au pied duquel il pissait sans réfléchir.

    Comme son père et son grand-père, avant lui.
    Incapable de décider sur quel arbre lever la patte il s’angoisse.

    Mais comme il a un nom à défendre, et une réputation, il ne se laisse pas démonter. Il sort du parc de Moulinsart et saute un peu au hasard dans un autre album.

    Pas de bol, le voilà sur une drôle d’île où rien ne pousse d’autre que d’énormes champignons lui explosant au museau.

    Marche arrière, il bondit dans le premier véhicule à sa portée, une navette bizarre l’emportant dans une aventure hors du commun, sur une planète bien éloignée de son quartier à lui.

    Et même là, si y existait un arbre, allez donc vous vidanger avec un scaphandre!

    Milou retombe en plein désert. Il suit des traces de jeep ne le menant à aucune oasis. Dur dur d’être un héros!

    Il tourne en rond autour de sa vessie, délire, chancelle!

    Sur l’horizon très proche frétillent deux bouts de bois. De toute évidence, ce ne sont pas des baobabs, ni des chênes, ni même de maigres bouleaux!

    Mais faute de ce que l’on ne risque pas d’avoir…on fait avec ce que l’on a sous la patte!

    Milou se libère donc, ferme les yeux du soulagement!

    Il entend l’un des bâtons s’exprimer: » Je crois bien qu’un chien est en train de pisser sur ma canne »

    Et une autre voix de bâton lui répondre: » Je dirai même plus. Je crois bien qu’un chien est en train de pisser sur votre canne »!

  15. Antonio dit :

    « Bah alors, Miloux ? »
    Le chien geint à n’en plus finir, tournant autour de lui même, avant de se coucher les oreilles basses au pied de son maître.
    « Je ne vais pas rester dans la rue toute la matinée, mon vieux ! J’ai un boulot. Alors ? Tu vas pisser, oui ! »
    Les gémissements laissent place à des petits hurlements avant qu’il aboye à la mort.

    « Mais tais-toi ! tu vas réveiller la mère…
    – Ah ! encore vous monsieur Ramirez, avec ce satané chien. Pouah !
    – (voilà c’est fait, tu peux être fier de toi)
    Euh, oui, madame Cotton, je suis désolé, je ne sais pas ce qui lui arrive.
    – Eh bien, si la copropriété a fait enlever les platanes de la rue c’est bien pour que vos cabots souillons aillent uriner ailleurs que sous nos fenêtres.
    – Je voudrais bien mais Miloux refuse d’avancer. Il est perturbé par ce changement soudain. Il faut le comprendre.
    – Bien sûr. En attendant que vous trouviez un psychologue à votre chien débile, je vous suggère de l’emmener pleurer sur son sort un peu plus loin… Et en silence, bon sang ! »
    Miloux n’en finit pas d’hurler et d’aboyer, vautré sur le bitume, impossible à bouger tandis que son maître tire sur la laisse, en vain.
    « Miloux ! … c’est quoi ces caprices ? Papa va se fâcher ! »

    La fenêtre de madame Cotton claque tandis qu’une autre s’ouvre.
    « Qu’est-ce qu’il lui arrive, Thomas ?
    – Je ne sais pas. Il refuse de pisser et je vais être en retard à mon boulot. Je prends à 8 heures.
    – Un chien qui hurle, c’est qu’il y a eu un mort… Ou alors quelqu’un est en train d’agoniser.
    – Ah ! »
    Sophie est ma voisine de palier. Elle adore Miloux et surtout tout ce qui est spirituel et mystique. Mais bon, de là à penser que la mort d’un platane mette un chien dans cet état, moi ça me laisse de marbre.
    « Oui, ces platanes ont des âmes, Thomas. Il se peut qu’il les ressente. C’est même certain.
    – Hum… Oui, mais enfin, je vais être en retard, moi.
    – Sans doute était il attaché à celle de ce platane-ci. Elle doit lui parler ou chercher à se réincarner.
    – Ecoute, Sophie, je n’ai pas le temps de philosopher sur la réincarnation, une autre fois. Je vais rentrer Miloux et tant pis s’il pisse dans la baignoire.
    – Si tu veux je descends et je le ramène chez toi après qu’il ait fait ses besoins.
    – Tu ferais ça ?
    – Oui.
    – Super, t’es géniale ! »

    La fenêtre de Sophie claque à son tour. Quand madame Cotton apparait sur la porte d’entrée de l’immeuble, en apparats d’un autre temps.
    « Vous êtes encore là ? Mais faites le taire ! »

    Du haut de ses 70 ans, une forte corpulence, un bon mètre de diamètre, engoncée dans une robe étroite de couleur brun rosé, laissant ressortir un visage jaunâtre se fissurant en écailles et au regard dur et lourd d’un caractère irascible, sous une frondaison abondante d’où émergent deux boules pendantes, la vieille dame, solide sur ses jambes, inébranlable, trifouille, les bras horizontaux, la boite aux lettres.
    Soudain Miloux cesse d’aboyer et se relève d’un bond pour se ruer vers la septuagénaire.
    Thomas, surpris, lâche la laisse et ne peut empêcher le drame.
    Sans réfléchir, enfin, il levait la patte, soulagé.
    « Miloux ! Non ! »

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