Exercice inédit d’écriture créative 253

souris-sophie-mouton-perratC’était une souris qui ne souriait jamais,
elle avait les dents trop longues.
Née dans un trou de campagne, elle ne souhaitait
qu’une chose : qu’un jour un beau rat la sorte de là
Mais cela ne s’est pas du tout passé comme ça.

Vous êtes invité à imaginer la suite

13 réponses

  1. Henriette Delascazes dit :

    Il était une fois une petite souris verte, qui vivait depuis tant et tant de temps sur l’étagère d’un magasin de jouets situé à Trouperdu, qu’elle se mourrait d’ennui et de couches de poussière. Comme elle n’avait rien à ronger, il est probable que c’était la raison pour laquelle ses dents ayant poussé anormalement la rendaient si vilaine et vraiment pas attirante. Elle en était fort chagrine.
    Pourtant elle était si gentille cette petite souris que l’on avait même eu envie d’écrire une comptine sur son aventure, que les tout petits apprenaient joyeusement à l’école. Mais hélas ! si elle était célèbre en classe maternelle, aucun parent n’avait accepté de l’adopter.
    Cette souris c’était moi, et je vais vous conter mon horrible histoire :
    Je rêvais le jour, la nuit, au rat magique qui était devenu la nouvelle coqueluche des enfants : c’était Ratatouille, qui trônait sur la gondole centrale du magasin, sur la caisse même, sur tous les magazines, les images. Des Ratatouilles on en voyait beaucoup, mais moi, personne ne me voyait. Il y avait aussi quelques Ratus, mais il me semblait qu’ils commençaient à passer de mode, Ratatouille on ne sait pourquoi l’avait détrôné.
    Pourtant un jour, une petite fille, jolie brunette aux longs cheveux tressés, entra dans le magasin avec sa maman. Il leur fallait une nouvelle peluche pour le dernier né de la famille dont c’était justement le premier anniversaire.
    La vendeuse, joyeuse, car les clients se faisaient rares à Trouperdu, peuplé en majorité de quelques vieux retraités, fit sauter des étagères toute sa ménagerie. Elle proposa : Winnie l’ourson, Mickey, Donald, Pile-Poil, Pluto, Olaf, Minie, plusieurs modèles de chats, de chiens ou de lapins en peluche, un peu défraîchi il est vrai, le stock datait un peu ! Mais la cliente faisait la moue, rien n’était assez beau pour Oscar le jeune fils de la famille.
    La petite fille qui je l’appris plus tard, s’appelait Coralie, avait l’air de me regarder d’un air de plaisir.
    Quelle joie, c’était sans doute la première fois que ça m’arrivait. J’étais tout émue. Je frissonnais d’espoir.
    — Maman regarde là haut, la souris verte !
    — La souris… mais ça ne va pas, cette peluche est affreuse, tu as vu cette couleur passée, elle est plutôt vert-de-gris. Elle a l’air malsaine, je ne veux pas effrayer Oscar.
    — Mais maman, ce n’est pas pour Oscar que je la voudrais, tu sais pour lui, je suis sure que le gros ours ou Ratatouille conviendrait, ou le Marsipulani il pourrait au moins lui tirer la queue.
    — Ne me dis pas que tu la voudrais pour toi ? Tu es trop grande à 8 ans pour jouer avec une peluche, en plus elle est vraiment vilaine.
    — Maman, s’il te plaît, moi elle me plaît cette souris, en plus elle a l’air si triste, là-haut toute seule sur cette étagère, je t’en prie maman, je la paierais avec mon argent de poche si tu veux bien me l’avancer !
    La coquine, elle jetait un regard qui tue à sa mère, un regard suppliant, lumineux auquel personne ne pouvait résister.
    — Coralie, je pense que tu régresses, vouloir à son âge jouer avec une peluche aussi laide.
    — Mais ce n’est pas pour moi, maman, c’est pour Ratus !
    — Ratus ?
    — Oui, tu sais bien le petit chien que grand-père m’a promis et qui viendra à la maison dès qu’il sera assez grand.
    — Ah ! tu l’as déjà baptisé Ratus !
    La vendeuse, ravie de se débarrasser de moi, et ne voulant pas rater sa vente proposa :
    — Si ta maman achète une autre peluche, je vous l’offre jolie Coralie, ce sera le cadeau pour ton Ratus.
    Le sourire de supplique s’illumina sur le visage de Coralie. Moi, je frétillais d’espoir.
    L’affaire fut faite. La maman choisit un lapin gris aux longues oreilles pour Oscar et la vendeuse fit un joli paquet avec un papier un peu fané, et Coralie m’enferma joyeusement au fond de sa poche.
    Je rêvais. J’allais enfin connaître un beau vrai rat, qui allait jouer avec moi, et ils allaient s’apercevoir de tous mes talents, car la vendeuse avait oublié de dire que je savais couiner lorsqu’on appuyer sur mon ventre.
    Quelques semaines passèrent avant que je ne fis la connaissance de « mon Prince Charmant » !
    Hélas, ce rat-là était fort bizarre, vraiment gros pour un rat, et je râlai de rage lorsque l’on nous mit en présence. Aussitôt, le monstre se jeta sur moi, me mordit, me secoua, me balança dans tous les sens, j’avais envie de vomir ! Quelle horreur ! C’était un vrai malade celui-là. De mémoire de souris en peluche pareille histoire n’était arrivée
    Puis il sembla se calmer en me posant aux pieds de sa petite maîtresse. Je me crus sauvée. Hélas, le supplice recommença. Elle me prit par la queue, me fit tourbillonner et me lança au fond du jardin, Ratus accouru et l‘histoire sans fin recommença, inlassablement. Cela pouvait durer des temps et des temps infinis, ni l’un ni l’autre ne se lassaient. Tout le monde riait, applaudissait, en entonna la comptine « Une souris verte qui courait dans l’herbe, je l’attrape par la queue… »
    Personne ne venait à mon secours. L’heure du goûter sembla calmer un peu la torture, mais chaque jour j’avais droit à ma séance de « lancer de souris verte » au fond du jardin !
    Pourquoi rêver d’un ailleurs, alors que l’on est bien au calme chez soi, me dis-je alors.

    Henriette

  2. Beryl Dey Hemm dit :

    Gipsy la souris était toujours de méchante humeur. Mais force est de reconnaître que lorsqu’elle se regardait dans le miroir du salon, il n’y avait vraiment pas de quoi rire.Elle avait les yeux louches et rapprochés, les moustaches trop courtes et frisottées, trois poils sur le haut du crane qui lui faisaient une houppe, des oreilles larges et mal ourlées, et surtout, surtout, des dents trop longues qui mordaient sur sa lèvre inférieure et la contraignaient à garder la bouche entrouverte, ce qui lui donnait un air passablement idiot.
    Mais malheur à qui osait la moindre remarque sur son physique, car elle se fâchait très fort, ses petits yeux lançaient des éclairs, ses oreilles se rabattaient en arrière de fureur, son nez se troussait, et le contraste avec sa bouche entrouverte et ses dents proéminentes atteignait un tel comique que c’était un défi de garder son sérieux devant sa mine furibarde. La colère de Gipsy redoublait alors, tournait à la folie furieuse, et une course poursuite s’ensuivait derrière un adversaire écroulé de rire.
    Pourtant, l’orgueilleuse souris était parvenue à se persuader qu’elle n’était pas tant que cela défavorisée par Mère Nature et qu’à la faveur de quelques coquetteries, de toilettes seyantes, de maquillage et de maintien, elle parviendrait à rendre son physique agréable et même attrayant. Elle aimait à se répéter qu’elle avait de la personnalité, que les autres en étaient jaloux et qu’ un être de cœur découvrirait sans doute ses qualités cachées. Aussi s’entraînait-elle devant le miroir à minauder, à cligner des paupières, à prendre une moue mutine, et elle travaillait ses gestes pour les rendre gracieux et délicats, dans l’espoir de séduire un jour un beau rat qui ne manquerait pas de la tirer de ce trou perdu et lui montrerait le monde. Car Gipsy était née dans un milieu bien modeste, un trou de souris étroit et sombre en pleine campagne où il ne passait jamais personne. Ses parents étaient pauvres, les bouches à nourrir nombreuses et les occasions de sorties et d’amusement à l’extérieur bien rares.
    Un beau jour pourtant un Monsieur se présenta. De passage il demanda l’hospitalité pour la nuit dans le gîte des souris. Le port avantageux, beau parleur, savamment et élégamment vêtu, il eut tôt fait de faire tourner la tête de souricette en racontant longuement les nombreux voyages effectués pour ses affaires, dans des pays lointains et exotiques, vantant les rendez-vous avec des gens importants et les soirées mondaines qui s’ensuivaient. La petite qui l’écoutait, toute ouïe au son de sa voix mâle et grave, se vit immédiatement en belle robe longue, tourbillonnant au rythme charmeur des valses, honorée de baise-mains et de galanteries mondaines.
    Quand elle fit part à ses parents de ses espoirs, ils se moquèrent d’elle, tâchant de la détourner de ses fantasmes en lui prouvant que tout ceci n’était que du vent, que du rêve, bien loin de la réalité qui l’attendait. Mais le séducteur l’avait ensorcelée par ses discours brûlants, jurant la main sur le cœur, et persuadée qu’il l’enlèverait dès le lendemain à sa condition misérable pour l’emmener voir le monde.
    Mais au matin, quand elle ouvrit les yeux, le beau Monsieur, qui après tout n’était qu’un rat, s’était envolé. Notre petite souris délaissée pleura beaucoup de larmes de crocodile, et, de dépit, finit grenouille de bénitier.

  3. Clémence dit :

    C’était une souris qui ne souriait jamais, elle avait les dents trop longues. Née dans un trou de campagne, elle ne souhaitait qu’une chose : qu’un jour un beau rat la sorte de là.
    Mais cela ne s’est pas du tout passé comme ça.

    Elle était née dans un trou de campagne, sous les toits. Faute de mieux. Ses parents avaient tout de suite remarqué sa particularité : elle avait des dents et elles étaient longues !

    Elle grandit en sagesse, en curiosité et en « pasionaria », flirtant avec les limites de la révolte.

    Elle vit que ses voisins de paliers de paliers recevaient le journal et pas elle. Ce fut trop fort. Elle mit au point une stratégie imparable.
    Alors que la famille concentrait son énergie à la recherche de nourritures terrestres, elle invoquait trente six mille motifs plausibles pour se débiner de cette corvée. Victorieuse, elle partait à la recherche de nourritures intellectuelles.

    Elle rassemblait, reconstituait, recollait tous les bouts d’imprimés qui lui passaient entre ses doigts menus. Elle les perforait avec ses dents aiguës puis, les reliait avec quelque bout de raphia.
    Son ambition grandissant, cet ersatz de journal lui sembla vite insuffisant. Elle balaya d’un revers de tête le stade passif et se sentait prête à accéder au stade actif : intervenir, écrire des lettres, des mots, des idées.

    Elle prit le chemin de l’école qu’elle fréquenta avec assiduité, tant elle était boulimique de savoirs. Certains soirs de spleen, la vie lui paraissait bien difficile. Elle se trouvait un peu trop « enrobée », un peu lourdaude, un peu isolée. Un soir d’orage, une idée fomenta.
    – Il faut qu’un beau rat me sorte de là !

    Elle envisagea toutes les pistes puis choisit celle qui lui semblait la meilleure pour une souris de son espèce.
    – Un appareil dentaire
    – Un sourire séducteur,
    – Un look impeccable.

    Première victoire. Des dents parfaitement rangées, un sourire permanent et une silhouette d’enfer. Mignonne à croquer..

    Elle appliqua ensuite les conseils d’un vieil Adage. Elle s’installa au bon endroit, au bon moment. Sa stratégie s’avéra efficace et lui offrit sa ….

    Deuxième victoire, lorsqu’elle fut remarquée par un jeune loup (ou un jeune rat, c’est selon) aux dents encore plus longues. Il la sortit de là.

    Troisième victoire. Grandiose. Un espace aérien et zen. Lumière tamisée et musique planante. Un job de rêve. Ils formaient un couple éblouissant. La vie leur souriait un peu, beaucoup, passionnément, …

    Jusqu’au jour où un coup de folie éclata avec l’intrusion d’un adorable Minet accolé à un mug. Il fit les yeux doux à la souris, elle répondit audacieusement. Le jeune loup (ou le jeune rat, c’est selon…) ne vit rien venir.

    Un après-midi d’orage, l’ambiance et les mouches étaient affreusement électriques. Agacé et énervé, le jeune rat fit un mouvement ample pour chasser cette meute avide. Il accrocha le fil de la souris et celle-ci plongea dans le mug au Minet rempli d’Arabica corsé.

    Le jeune rat sortit dédaigneusement sa souris dégoulinante et la déposa dans la corbeille. Il se leva, ferma sa porte et alla acheter un PC à pavé sensible.

    © Clémence

  4. Miclaire dit :

    zut, j’ai posté trop vite mon texte, trop de fautes : aïe ! avec mes excuses.

  5. Miclaire dit :

    Ce n’est pas un rat d’opéra qui l’emporta dans des arabesques sublimes, comme elle l’avait rêvé maintes et maintes fois, mais un chanteur d’opéra. Ma petite souris adorée dansait depuis déjà plusieurs années et n’imaginait pas vivre autrement qu’en dansant, pourtant le chant et l’amour la métamorphosèrent. Elle commença peu à peu à prendre soin d’elle, devint une belle jeune femme que tout le village commença à remarquer. Sa voix envoûta d’abord son amant et mentor, puis ses proches (dont je suis), ses voisins et amis, avant de transporter le village tout entier. Elle devint l’ambassadrice du village, s’y installa avec son chanteur d’opéra. Leur amour et leur joie inondèrent le village autrefois si triste où ils habitaient, qui se transforma à son tour en un charmant petit bourg où il fait encore aujourd’hui bon vivre.

  6. Françoise - Gare du Nord dit :

    C’était une souris qui ne souriait jamais, elle avait les dents trop longues.
    Née dans un trou de campagne elle ne souhaitait qu’une chose : qu’un jour un beau rat la sorte de là
    Mais cela ne s’est pas du tout passé comme ça.

    Elle commença par ce qu’elle pensait le plus facile : aller sur un site de rencontres dans l’espoir d’un chat avec un beau rat musqué qui l’emmènerait à la ville. Hélas, il n’y avait que des chats

    Sa détermination n’étant nullement entamée, elle écuma les animaleries, les zoos, les cabinets de vétérinaires, les refuges pour animaux perdus ou abandonnés, les laboratoires d’expérimentation, les abattoirs, certaine d’y trouver le rattus rattus de ses rêves.

    Hélas, elle n’y rencontra que des loups loupés, des anacondas anachroniques, des ânes anémiés, des boucs boucaniers, des crapauds crapuleux, des grenouilles en grenouillette, des tortues torturées, des zèbres zélés, des fouines fouineuses, des mouches mouchetées, des perruches à perruque … et même un faucon qui en était un vrai

    Alors qu’elle était proche du désespoir, convaincue de finir au tapis, elle trouva enfin, par hasard, son rat dans un vide-grenier. Un magnifique surmulot.

    Hélas, au moment crucial, il se ratatina. Un vrai ratage !

  7. Sylvie dit :

    Une souris aux dents trop longues

    C’était une souris qui ne souriait jamais, elle avait les dents trop longues.
    Née dans un trou de campagne, elle ne souhaitait qu’une chose :
    Qu’un jour un beau rat la sorte de là.
    Par tous les moyens elle essaya de séduire les rats de passage
    Fourrure finement peignée, moustaches lissés
    En villégiature ou voyage d’affaires
    Mais aucun ne daigna s’intéresser à elle.
    Qu’à cela ne tienne ! se dit la souris, dévorée d’ambition
    Et elle quitta la souricière familiale
    Pour monter à la capitale.
    Là-bas elle se transforma en une rongeuse première classe
    Filiforme, tailleur chic et sac Grandchamp
    Arrogante sans pareille
    Elle ne tarda pas à décrocher un emploi de chargée d’affaires
    Dans une cave de luxe, sous un restaurant trois étoiles.
    Un soir qu’elle restait tard pour faire du zèle
    Le directeur des ressources animalières la remarqua
    Et l’invita à dîner dans son salon très privé sous la cloche à fromages
    Le rat ébloui par tant d’ambition de la part de la jeune souris
    Et par l’exotisme de son espèce
    Pour compléter son tableau de chasse
    Le lendemain lui demanda sa patte
    Quelle belle ascension sociale !
    À faire pâlir ses sœurs croupissant sous le foin des granges
    Et dans les greniers abandonnés
    Pendant qu’elle se lovait dans des mets délicats
    Recevait ses amies dans sa résidence caviar
    Et élevait le jeune souriceau gâté et capricieux
    Qu’elle avait eu aussitôt avec son riche rat de mari.
    Cette vie rêvée s’écoulait paisiblement
    Quand un beau matin, on découvrit dans la cave de luxe
    Le chargé de recherche, mort, desséché
    Près d’une poudre à l’odeur alléchante.
    Panique à bord, les rats quittèrent le navire.
    Le rat marié à la souris, las des caprices de l’orgueilleuse
    Avait entre-temps rencontré une musaraigne délicieuse
    Un peu enveloppée mais toujours rieuse.
    Ce fut l’occasion rêvée de décamper :
    Dans la débandade générale
    Sans se soucier de la souris trop ambitieuse
    Empoignant son rejeton par la patte
    Il partit avec sa nouvelle compagne
    Se retirer à la campagne.

    Seule dans la cave de luxe
    La souris imbue d’elle-même
    Appelait à l’aide mais personne ne s’en inquiétait
    Ses dents qui maintenant rayaient le parquet
    Trempèrent malencontreusement dans la mort aux rats
    Et l’arrogante trépassa, un certain sourire aux lèvres
    La souris était tombée dans un véritable piège à rats.

    Sylvie Wojcik

  8. Fanny dit :

    C’était une souris qui ne souriait jamais, elle avait les dents trop longues.
    Née dans un trou de campagne, elle ne souhaitait qu’une chose : qu’un jour un beau rat la sorte de là. Mais cela ne s’est pas du tout passé comme ça.

    Perla, c’était son prénom, n’en pouvait plus de vivre dans cette hideuse galerie que son père avait creusée pour y loger sa nombreuse progéniture. C’était infernal de vivre dans ce bouge souvent inondé. Son père, toujours entre deux vins, n’avait pas le courage d’entreprendre le moindre travail d’assèchement. Quant à ses trois frères, chômeurs de longue durée, s’ils ne faisaient pas les quatre cents coups dans le quartier, ils se prélassaient devant la télé sur l’antique canapé. L’un d’entre eux faillit, un soir, y perdre son appendice entortillé dans un ressort. Je ne vous parle même pas de ses hurlements. Sa mère, technicienne de surface, rentrait éreintée de ses interminables journées et s’en arracha presque les vibrisses.

    Perla avait obtenu un BEP d’esthéticienne mais ne trouvait pas de boulot et, ma foi, ce n’était pas pour lui déplaire. Elle préférait batifoler dans les champs avec ses copines. Elle ne les invitait jamais à des soirées pyjamas tant elle avait honte de sa chambre. Dans son for intérieur, elle pensait qu’elle devait à tout prix se dégoter un riche prétendant qui la sortirait de ce taudis.

    Par un bel après-midi, elle rencontra Rémy un jeune rat ouvrier dans l’industrie. Ils flirtèrent durant quelques jours mais, Perla ne se voyait pas finir sa vie avec un simple manutentionnaire. Dans son quartier, elle ne risquait pas de trouver celui qui lui ferait une vie de princesse aussi, poursuivit-elle ses recherches sur internet. Elle obtint un rendez-vous avec un certain Jac maitre-queue dans un château. Il avait pour ambition d’ouvrir son propre restaurant. Perla se voyait déjà faire sa patronne derrière la caisse à commander une ribambelle de sous-fifres. Jac, ne pouvant plus se passer d’elle l’embaucha à ses côtés. Perla n’en pouvait plus de suer derrière les fourneaux ; elle se rongeait les griffes d’impatience mais, dans six mois, Jac lui avait juré, ils seraient les patrons de l’ « Hôtel de la place des chaumes ».

    Un soir, Cinderella, la fille du château accompagnée d’une femme sublime convia le personnel dans la cour. La charmante apparition pointa une baguette sur les tourtereaux.

    Sous les yeux horrifies de Perla, Jac fut transformé en cocher vêtu d’une splendide livrée et, trois secondes plus tard, elle se retrouva attelée à un flamboyant carrosse.

    Nul ne sait ce qu’il leur advint après les douze coups de minuit.

  9. christophe le sauter dit :

    C’était une souris qui ne souriait jamais, elle avait les dents trop longues. Née dans un trou de campagne elle ne souhaitait qu’une chose ; qu’un jour un beau rat la sorte de là mais cela ne s’est pas du tout passé comme cela.
    Gwendoline avait de forts jolis yeux verts et une silhouette de rêve !
    Les prétendants habitants près de chez elle, pourtant nombreux, restaient sagement dans leur logis. Les plus valeureux de ses voisins, ceux qui osaient s’aventurer aux bals, étaient exterminés par Rodilardus, le diable de chat, qui minaudait dans les parages. Aussi rares étaient les occasions de faire des rencontres de ce type dans son fief campagnard.
    Gwendoline décoratrice d’intérieur, fréquentait, pour son travail, les grandes villes. On faisait souvent appel à son talent. Aussi rencontrait-elle de temps à autres de jolis courtisans qui auraient pu lui plaire, mais ils leur manquaient toujours à son goût ce petit truc en plus, qu’elle attendait depuis si longtemps, et qu’elle ne savait définir.
    Pas de quoi sourire donc à tout va. Ses dents trop longues (reflétant plus son ambition professionnelle, selon l’expression bien connue), ne la gênaient pas plus que cela et de toute façon, le quelqu’un qu’elle attendait, ferait fi d’un petit défaut d’apparence tel que celui-ci. Son sourire lorsqu’il s’allumait était capable de tout enflammer des lieues à la ronde.
    Elle n’avait donc jamais de sa vie, rencontrée de rat capable de lui faire chavirer le cœur.
    Après son travail qui lui laissait tout de même de nombreux moments de loisir, elle passait le plus clair de son temps avec son amie Flora, styliste très en vogue de la capitale.
    Elles passaient rarement une journée sans se téléphoner et en fait, se voyaient le plus souvent possible, déjeunant très souvent elles n’hésitaient pas à se déplacer pour se rejoindre dans un restaurant, dinant aussi fréquemment que possible chez l’une ou chez l’autre. Sans parler des vacances passées ensemble, qu’elles préparaient avec soin et très à l’avance. Un soir de pleine lune, sur les quais de seine, un mois de juin, elles se surprirent à se rapprocher, sans se poser de question se prirent la main comme des enfants. Le tendre sentiment amoureux s’empara d’elles sans bruit, tout doucement.
    Aujourd’hui lorsqu’elles repensent à ce moment elles s’étonnent toujours d’avoir pu chercher si loin et si longtemps ce qui était comme une évidence, juste à côté.

  10. Jean Marc Durand dit :

    C’était une souris qui ne souriait jamais, elle avait des dents trop longues.

    Née dans un trou de campagne, elle ne souhaitait qu’une seule chose: qu’un jour un beau rat la sorte de là. Mais cela ne s’est pas du tout passé comme ça.

    En fait, elle tomba sur un rongeur pointu du museau, à la queue beaucoup trop agitée, un vieux rat dégoûtant lui proposant un petit rôle dans le cinéma.

    Profitant de la gratuité des journées du Patrimoine, celui ci voulait lui faire tourner plusieurs scènes indécentes dans les souterrains d’un certain Vauban.

    Elle était la doublure de la petite cousine de Draculine dans le troisième remake de « Dracula et le retour du fort Vauban ».

    En parcourant les deux lignes du script, elle crut que Vauban était un gentil très fort venant la secourir à la fin de l’épisode.

    Mais rien ne se passa comme prévu. La vedette avait les dents bien trop longues et s’accrochait partout dans les toiles d’araignées.Les costumes étaient tout humide et moisis. Même quand ils ricanaient pour faire peur au spectateur,on croyait que les vampires pleuraient!

    Les chauves souris n’ayant pas été payé pour leur prestation se jetèrent sur l’équipe technique et le long métrage prévu en noir et blanc vu colorié gratuitement.

    Elle attendit l’apparition de Vauban qui ne vint jamais.

    Ecoeurée par toutes ces mésaventures, elle changea de secteur et se recycla dans la publicité pour le gruyère.

    Mais là aussi, d’autres misères l’attendaient.

    Elle regrettait bien de ne pas avoir écouté sa vielle tante bigote Gudule…et de ne pas avoir choisi le plus simple des trous… avec Dieu!

    Elle espérait beaucoup d’un voyage à Saint Jacques de Compostelle en rollers.

    Ou d’un grand trou noir dans l’hyperespace.

    En fait, il lui restait des stocks de papillotes d’espoir et d’épingles de naïvetés!

    La vie allait lui enseigner comment prendre la bonne mesure de plus d’un trou!

  11. C’était une souris qui ne souriait jamais,
    elle avait les dents trop longues.
    C’était à cause de cette histoire stupide:
    « La petite souris va passer »
    comme ils disent aux enfants
    qui viennent de perdre une dent…
    Mais où passent-elles toutes ces dents collectées?
    Les souris les avalent, et oui! ce qui permet aux enfants d’en avoir de nouvelles.
    des bien belles et des bien blanches.
    C’est la condition pour un beau sourire!
    La souris, elle, ne sourit plus;
    tout cet excès d’ivoire et d’émail, à la longue, s’est retrouvé sur sa propre dentition.
    Ses canines en vitrine,
    elle est devenue la risée de tous les animaux.
    Née dans un trou de campagne, elle ne souhaitait
    qu’une chose : qu’un jour un beau rat la sorte de là.
    Elle décida, alors de mettre sa notoriété de côté
    et confia son travail à sa collègue…
    la poule
    La souris sourit
    depuis que la poule a des dents
    et le rat ne l’a pas raté.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Répondez à ce calcul pour prouver que vous n'êtes pas un robot *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.