Exercice inédit d’écriture créative 242
Chaque été nous passons nos vacances ensemble.
Elle en bas, moi en haut.
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps
Imaginez la suite
Chaque été nous passons nos vacances ensemble.
Elle en bas, moi en haut.
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps
Imaginez la suite
Chaque été nous passons nos vacances ensemble.
Elle en bas, moi en haut. Parfois, quelques centimètres nous séparent – sur le papier – mais jamais très longtemps. Car, dans la réalité, nous sommes le plus éloignés par des milliers de kilomètres.
Au cours du mois de juillet 2015 qui vit une chaleur accablante, de celles qui précipitent les vieillards dans la tombe et les jeunes gens dans des soirées pétaradantes, qui expédient les hommes et les femmes ….. mais je m’égare comme aurait pu le dire Saint-Lazare.
Donc, en ce mois de juillet 2015, disais-je, constatant qu’elle commençait à me taper sur le système, je souhaitais mettre de la distance entre nous et me suis donc mis à grimper.
A 40, elle ne manifesta pour moi qu’une tendre inclinaison
A 50, elle se plaça en orbite et se mit à tourner autour de moi avec insistance
A 60, elle me mit la pression
A 70, nous entrâmes en fusion
A 80, ce fut le choc
Et à 90, l’explosion finale… et fatale
Car ce choc ne donna pas lieu à une nouvelle existence sur Terre, comme auraient pu le penser certains esprits mal tournés, mais, hélas, au second Big Bang, celui qui mit un terme définitif au genre humain
Telle fut la tragique conséquence de la rencontre qui eut lieu entre moi, Mercure, et cette maudite Vénus
Il y a toujours les préparatifs d’avant départ. Ce sont toujours des moments délicieux. Excitants même. L’ambiance de la maison est fiévreuse ; çà s’interpelle d’une pièce à l’autre, les habits volent sur le lit. J’atterris au milieu, après un lancer un peu énervé. Me voilà tout chaviré.
On va la chercher au sous sol. Elle fait son entrée, solide et rassurante. Au début, elle semble un peu fermée, je dirais presque rigide mais çà ne dure pas. Généreuse comme elle est, elle accueille volontiers laines et cotons qui l’envahissent. En quelques minutes, elle se retrouve emplie à ras bord. Il faut encore me caser.
Pas question que je voyage mal installé et qu’on me retrouve chiffon à l’arrivée. Alors on rudoie, on tasse, on aplatit .Il faut que çà rentre non de non! Je suis finalement placé au sommet, sur un duvet providentiel. Je m’étire le cuir quand elle se referme sur moi. Clic clac, les serrures claquent. Je suis plongé dans le noir. Je suis collé à elle…Je retrouve avec bonheur son odeur et son confort moelleux à ma ‘’Madisson’’ adorée. Peut-être vais-je lui confier un ou deux secrets, cachés à travers mes pages.
« Il parait que notre amie est amoureuse et que notre séjour pourrait bien virer aux grands émois. D’ici que nos escapades s’accélèrent ! »
Ca c’était il y a 3 ans. Depuis Madisson a une nouvelle copine mais chaque été nous passons nos vacances ensemble. Elle est en bas et moi en haut. Parfois quelques centimètres nous séparent mais jamais très longtemps.
Chaque été nous passons nos vacances ensemble.
Elle en bas, moi en haut.
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps.
L’été ce temps béni d’une idylle sans nuage,
Quand je peux me pâmer dans l’innocent outrage,
De celui qui se mire au regard de l’autre.
Etendue, généreuse, elle est ma belle apôtre.
Elle m’épouse, me reflète et sublime son amant.
Lorsque nous nous approchons, jusqu’à nous effleurer,
Je viens la caresser, la lécher, l’irradier.
Alors je me gonfle et rougis tout ardent
Enfin je la penètre, le ciel à l’unisson
Acueille notre fusion et je me noie en elle
La nuit nous enveloppe et nous disparaissons,
Jusqu’à l’aube qui sépare la mer et le soleil.
Chaque été nous passons nos vacances ensemble.
Elle en bas, moi en haut.
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps.
Mais là, cela fait bien trop de temps que nous sommes séparés. Je n’y tiens plus. Moi en haut habituellement je reste toujours à ma place. Quand à lui en bas c’est pareil. Quelques fois c’est sûr nous sommes un peu valdingués par des plongeons imprévus. Les seuls moments ou l’on me sépare à la limite c’est la nuit. Mais le plus souvent même les bains de lune nous les prenons ensemble.
Qu’est ce qui m’arrive? Je suis coincé au fond d’une valise. Vous savez la petite poche latérale ? On m’a oublié ! je ne vois que cela. Dire que le soleil chauffe dehors et que je suis enfermé, climatisé dans le noir… Va-t-on me sortir d’ici ou me laisser croupir comme une vieille chaussette inutile? Je mérite mieux que l’oubli.
J’aimerai revenir au soleil, me coller à cette peau dorée, respirer les essences de monoï, me faire doucher d’huile grasse, être tordu, redevenir humide, brûler pendant des heures, être encore surpris par la fraîcheur d’un bain, secoué par les flots d’un torrent, passer dans la machine à laver, perdre encore un peu de ma splendeur et de mes couleurs, sécher pendu au tancarville, ressentir les agressions du chlore sur mes fils, me dénouer brutalement dans un chahut avec les ados, être utile quoi.
Le pire dans l’histoire ce serait qu’on m’ait remplacé par un autre. Pas possible… Non, moi qui me croyait indémodable. Ce n’est pas comme si j’étais rose fluo, ou pire, remplis de fleurs exotiques vulgaires. Noir, j’ai la couleur parfaite. Uni, je fais ressortir le bronzage, j’amincis, je donne l’allure « chic désintéressée », je suis intemporel. Quand à ma ligne, là encore, je ne vois pas bien ce que l’on pourrait me reprocher. Je suis A, presque B en insistant. Mais A est ma véritable nature. Coupe classique, deux triangles, échancrés juste ce qu’il faut, j’enveloppe uniquement les deux tiers des seins, les maintiens sans les recouvrir totalement. En douceur, je suis pas de ceux s’arment de fer, ou de coques en mousse pour faire pigeonner les poitrines des femmes. Je suis sincère, simple et honnête. Bref j’ai toujours fait mon boulot sans relâcher la tension. Côté bretelles, j’ai juste la bonne largeur ce qu’il faut pour rester discret mais efficace. J’ai même des petits crochets cachés dans l’ourlet de mes bonnets pour pouvoir les ôter en cas de bronzette intensive.
Alors que me reproche-t-on exactement ? J’aimerai bien sortir pour le savoir, et rejoindre la moitié du bas, elle me manque tellement ma sœur culotte. Tiens, mais qu’est ce c’est que ce truc à côté de moi ? Un sachet transparent vide. Ce n’est pas le mien. J’aperçois une notice. Je ne connais pas cette marque » Belle pour guérir » , maillot de bains avec housses à gauche et droite.
De l’enfer au paradis
Chaque été nous passons nos vacances ensemble
Elle en bas, moi en haut
Parfois quelques centimètres nous séparent
Mais jamais très longtemps
Sinon je prends les devants.
C’est vrai dans la journée, on est un peu éloignés
On se fait des petits signes chacun de son côté
Mais on est tellement occupés
Moi je dois faire très attention
A tout ce qui touche à la suspension
Et elle n’a de cesse de protéger l’intimité de la propriétaire
Sous peine d’être licenciée et de rester au vestiaire.
Quand la météo est au beau
On attend la fin de la journée pour se retrouver
Et permettre à nos motifs de s’entremêler et roucouler.
Ce n’est que le rinçage à l’eau douce
Qui calme le sel de nos ardeurs
Et noie nos sublimes impudeurs…
Par temps de pluie
Si mes bretelles ne sont pas bien accrochées
A ses petits noeuds sur le côté
On peut vite se retrouver chacun sur une étagère
A errer comme deux âmes en peine en enfer,
La galère.
Mais quand l’orage est passé
Que l’heure de la plage a de nouveau sonné
Que le placard est grand ouvert
Que je retrouve ma partenaire
Fini le calvaire
Au diable l’ennui
Retour au paradis !
Elle est pas belle ma vie de tout petit bikini ?????
Chaque été nous passons nos vacances ensemble. Elle en bas, moi en haut. Parfois, quelques centimètres nous séparent, mais jamais très longtemps. Dans notre résidence ambulante, brinquebalante au rythme des pas, il y a des habitants de toutes sortes, de toutes origines, sans liens apparents mais tous réunis là pour la transhumance annuelle, chaque fois dans une contrée différente. Nous nous connaissons tous, mais personne ne se parle. Aucun de nous n’est vraiment enchanté d’être là, enfermés pour la plupart toute la journée et parfois même la nuit. Les plus fragiles ont des places réservées, renforcées voire réfrigérées. Quant au reste de la troupe, il doit se contenter de la poche commune.
Je l’ai rencontrée quand nous avons fait le Cervin. Elle avait été reléguée au fond du logis. Forcément, ici, elle n’était d’aucune utilité. Moi j’étais toujours tout en haut, je faisais partie de la pile de survie, mais je ne sortais quasiment jamais. Aujourd’hui, il faudrait vraiment faire le Sahara en solitaire pour avoir besoin de moi. Mais je suis toujours du voyage, on ne sait jamais !
Cette après-midi là, au sommet du Cervin, tous nos colocataires : les petites laines, le bonnet, les gants, les jumelles, me sont passés sous le nez et voilà que je tombe, au fond du sac, sur un voile quadrillé, roulé en boule. J’étais comme… attirée. Aurais-je perdu le nord ? Je me suis trouvée un peu désorientée au début, je l’avoue, mais de fil en aiguille, nous avons fait connaissance. Et je me suis volontiers laissée prendre dans ses filets. Depuis ce jour, à chaque voyage, nous nous cherchons dans la grande poche et nous arrivons toujours à passer de délicieux moments l’une près de l’autre. Sauf, bien sûr, dans les contrées chaudes et humides, car là, ma compagne est au charbon, et elle n’est pas à prendre avec des pincettes quand elle regagne le logis au petit matin, exténuée par ces bestioles qui lui ont collé à la peau toute la nuit.
Aujourd’hui, nous sommes sur une île de l’autre hémisphère. Par chance, nous nous trouvons toutes les deux au dernier étage, près de la sortie. C’est peut-être le moment de réaliser notre rêve. La grande poche est ouverte. Ma compagne glisse sa fine maille hors du logis. C’est maintenant ou jamais, me susurre-t-elle. Il y a un autre logis tout contre le nôtre et, non loin de là, deux humains enlacés sous une couverture, observent le ciel. Face à la Croix du Sud, mon aiguille ne fit qu’un tour. Et dans le cocon blanc de ma belle moustiquaire, c’est tout magnétiquement que je mis le cap au nord.
©Sylvie Wojcik
Chaque été nous passons nos vacances ensemble. Elle en bas, moi en haut. Parfois, quelques centimètres nous séparent, mais jamais très longtemps
13 juillet 1980,
J’ai 4 ans, je trépigne, ce soir c’est la fête, nous allons admirer le feu d’artifice tiré sur la plage de la station où nous sommes en vacances comme chaque année.
Nous habitons le dernier étage et notre balcon offre une vue incomparable sur le spectacle.
Le bruit m’effraye un peu, mais je voudrais attraper ces magnifiques boules colorées qui éclatent dans le ciel. J’applaudis avec papy et tonton Jean-Marc.
« Tu as vu la rouge, et la verte, la jaune, regarde comme c’est beau ! »
Cette année papy et mamie ont invité un couple habitant le rez-de-chaussée, ils ont une fille de mon âge. Elle est stupide, elle pleura toute la soirée, nous gâchant notre joie. Sa mère cette idiote au lieu de partir la cajolait, lui expliquait des choses ridicules. Mais elle continuait à sangloter. Ses hurlements stridents à chaque boum me cassaient les oreilles. C’est normal les filles sont des nouilles me dit tonton Jean-Marc.
Elle se vengea le lendemain à la plage en sautant dans les vagues avec son père. Elle éclatait de rire lorsqu’il la soulevait par les épaules et la faisait cabrioler.
Moi, j’ai peur de l’eau ! C’est mon droit, d’ailleurs je détgeste la plage, son sable humide qui colle au maillot. La seule chose qui me plaît à la mer c’est le passage du marchand de chouchou et de beignet, il y a aussi le glacier qui n’est pas mal. Mais il faut choisir, on ne peut pas tout avoir.
Elle, la fille, je crois qu’elle s’appelle Coralie n’aime pas les beignets, ni les glaces , Ce qui l’intéresse c’est se rouler dans l’eau et faire des châteaux avec son père.
13 juillet 1986
J’ai 10 ans, et comme chaque année, je passe le 14 juillet avec les mêmes voisins sur la même terrasse avec cette stupide Coralie. Elle est moche avec son appareil dentaire. C’est vrai, elle ne pleure plus, mais fait la moue et semble totalement désintéressée de ce magnifique spectacle.
— Bof ! Chaque année, rien ne change, c’est le même spectacle, quel manque d’imagination dit-elle d’un ton dédaigneux.
Sur la plage elle fait la belle dans son maillot une pièce à pois rouges. Elle est droite comme un piquet. A quoi lui sert le haut, elle n’a rien à cacher. Elle fait la maline en sautant dans les vagues puis en crawlant jusqu’à la bouée avec un groupe d’enfants dont elle semble être l’idole !
Moi, je déteste toujours l’eau, je préfère bronzer en lisant sur le sable. Je laisse ces jeux aux débiles
13 juillet 1991
J’ai 15 ans, Coralie aussi.
Ses parents l’ont obligée à venir, elle aurait voulu sortir avec ses potes. Mais non Coralie a dit son père, c’est dangereux de traîner la nuit dans la rue dans cette foule.
Mais justement papa, avec tout ce monde, rien ne peut m’arriver. Elle bouda toute la soirée, le nez plongé dans un bouquin ! Tiens elle s’intéresse à la lecture !
Cette année je vais nager, contraint et forcé par mon professeur de gym j’ai fini par accéder à la piscine.
13 juillet 1996
J’ai 20 ans ! Coralie aussi !
Elle est belle et magnifique Coralie, si elle s’intéresse un tout petit peu au feu d’artifice je vais tomber amoureux.
Ouf, la voilà qui se glisse délicatement près de moi, je sens son odeur d’iode fraîche sur sa peau hâlée. On croirait un pain d’épice. Je voudrais la croquer.
Ensemble, on s’exclama, on applaudit.
13 juillet 2001
Nous avons 25 ans, et ce soir je la demande en mariage. Elle dira Oui !
Mes grands parents ne viennent plus, ils sont fatigués, mais nos souvenirs se seront forgés grâce à eux.
Ce spectacle qui nous est offert gratuitement restera pour nous comme un jour de bonheur. Nous nous installerons en attendant dans l’appartement de papy et mamie.
C’est ici que tout a commencé à quelques centimètres l’un de l’autre, mais à des années-lumière de compréhension.
Bon été à vous tous
Henriette
Chaque été nous passons nos vacances ensemble.
Elle en bas, moi en haut.Parfois, quelques centimètres nous séparent mais jamais très longtemps,
Tout d’abord, mon rituel préféré, elle étale ses couleurs, déploie tous ces charmes au sol et je vagabonde dans ces reliefs ombrés. Je suis les traces et empreintes. J’imagine de nouveaux chemins, je parcours les courbes, je contourne des massifs, découvre des lignes de crêtes, des monts encore inconnus, quelques fosses, fossettes, à explorer. De minuscules îlots comme refuges, des baies pour plonger…
Tout un programme !! à peaufiner de jour en jour
Pour la carte, et le stabilo ….
Chaque été nous passons nos vacances ensemble.
Elle en bas, moi en haut.
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps.
Tous les deux nous formons un ensemble,
lors d’un temps de soleil,
deux petits bouts de tissus,
couleurs vives sur fond noir,
bouquets fleuris esquissés,
nous tenons en notre pouvoir,
les courbes épanouies dans l’onde,
d’une sirène blonde ou noire,
viennent nous voir sur la plage,
au bord de la piscine,
sur une chaise longue,
nous participons de la sensualité,
de l’abandon entre chaleur et eau,
et vient la nuit,
nous gisons ensemble,
peau à peau,
sur un tréteau – le vent caresse,
le haut, le bas d’un deux-pièce
achetés jadis par un amant.
au marché des Abbesses.
vient la nuit – pardon!
pardon, mais comment puis-je rectifier mes fautes – merci
Vous ne pouvez pas modifier directement un texte déjà publié. Cela pour éviter que des plaisantins s’aventurent sur les écrits de ce blog. EN revanche, il suffit de m’envoyer un courriel avec les erreurs à corriger et je m’en charge. Amicalement, Pascal.
Superbe bonne idée Fanny
Henriette
Chaque été, elle en bas, moi en haut, nous bossions en binôme pour la saison. Nous décrochions un CDD de trois mois, reconductible selon les besoins.
Après quelques années de bons et loyaux services, je fus licencié. Pourtant, je l’aimais bien mon job et les arguments qu’on m’opposa me laissèrent pantois. J’étais un oppresseur, je laissais des empreintes disgracieuses… Cette mise au placard m’était insupportable car je me languissais de ma collègue.
Puis, un jour, on me réintégra dans mes fonctions. Mon emploi fut reconnu d’utilité publique. Malgré les quelques centimètres qui nous séparaient, je retrouvai ma copine enchantée de me revoir. Nous papotions souvent sur notre transat et, fatalement, nous tombâmes amoureux. Nos fiançailles durèrent quelques années et, par une belle soirée de septembre,nous fumes unis pour un cours d’aquagym.
« Monsieur et Madame Unepièce vous souhaitent de très bonnes vacances. »
Chaque été nous passons nos vacances ensemble.
Elle en bas, moi en haut;
Parfois, quelques centimètres nous séparent.
Mais jamais très longtemps.
Moi en haut petit coquillage rejeté par la mer qui m’avait pourtant jusque là abritée, je vivotais sur le sable jusqu’au jour où la main d’un enfant m’emporta loin d’elle, me laissant dans un grand désarroi. Cependant, chaque été il m’emporte avec lui et je retrouve avec bonheur celle d’en bas. Posé sur le sable humide, je peux enfin sentir la brûlure du soleil sur ma blonde coquille. Mais ce n’est pas cela que j’attend. Non, peut m’importe les rayons de cette boule de feu qui se trouve si loin de moi. Celle que j’attend, celle d’en bas; la mer, je l’entend tout près de moi. Elle s’approche à quelques centimètres comme pour me taquiner. Le clapotis de ses vagues tantôt lent, tantôt plus violent vient me caresser me procurant une sensation que je ne saurai décrire étant un simple coquillage sans émotion. Pourtant, j’en éprouve une grande satisfaction. Je m’enivre de ce bien-être et sans que je m’en rende compte, une vague d’une grande violence m’étourdi et m’emporte. Je me sens glisser sur le sable puis tourbillonner. Lentement, je me sens tomber puis m’arrêter de nouveau sur le sable, je suis entouré d’eau qui a le goût de sel. Un peu désorienté, je fini par me rendre compte que je suis retourné dans mon habitacle primitif : celle d’en : LA MER.
Mireille
Enfin les vacances : onze mois que j’attends ça, à supporter les autres qui jacassent en ressassant les dernières, celles d’avant, et les précédentes pour les plus anciens, comme le sac de plage qui a déjà vécu cinq étés.
Depuis quelques jours, ça frétille dans la maisonnée. Mademoiselle a fait les soldes et certains tremblent de ne pas être du voyage.
Aucune chance que ça m’arrive : je suis son bibi préféré et elle ne passerait jamais un été sans moi ! Qu’importe si, avec les années, je me défraichis un peu : au fond, ça lui plaît ce côté vieux galurin ! C’est qu’on en a fait de la route, moi campé sur sa blonde chevelure, elle la tête dans les cartes d’état-major. Ensemble, on avalait les kilomètres et je remplissais sans faillir ma mission : protection rapprochée de sa carnation, particulièrement celle de son petit bout de nez.
Cette fois, elle a décidé de laisser au clou ses chaussures de marche pour explorer les plages bretonnes, les petons à l’air. Un beau pays, à ce qu’on m’en a dit, bien que parfois pluvieux. Tant mieux : je pourrai ainsi lui démontrer ma polyvalence et que quelques gouttes d’eau ne me font pas peur ! Donc, aucune raison d’être limogé, pas comme le maillot à pois de l’an dernier : on chuchote qu’elle en a dégoté un bien plus affriolant. Pas de bol, cette année, ce sont les rayures qui ont la cote !
Mais surtout, il y a deux petites nouvelles : des
chinoises prénommées « Tong », arrivées tout droit du pays du Soleil-Levant. Un long voyage, pas franchement confortable, entassées avec leurs congénères dans les soutes d’un cargo. À peine débarquées sur le port de Marseille, elles ont fini le périple dans un vieux camion qui les a montées jusqu’au marché du bourg. Là, notre demoiselle n’a pas résisté longtemps. Moi non plus. Pourtant j’ai à peine eu le temps de les apercevoir, vu qu’on n’est pas dans le même placard.
Aujourd’hui c’est le grand jour. Elle boucle les valises et chacun se fait beau : les jupettes gonflent leurs volants, les shorts se dérident et les petites culottes rivalisent de dentelle. Moi je guette patiemment mes jumelles bridées en imaginant le moment où notre princesse ira faire trempette, nous abandonnant sur la serviette de bain qui n’en perd jamais une miette. Je compte bien alors échanger les subtilités de notre belle langue avec l’art du massage asiatique… Hum, j’en ai déjà l’étiquette qui frétille !
Bon week-end, chaud, très chaud ! Christine
Chaque été nous passons nos vacances ensemble
l’aiguille de la balance en bas et mon moral en haut
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps
Y a plus d’ glace dans l’frigo?
Chaque été nous passons nos vacances ensemble
bouton en haut pression en bas
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps
Qui peut m’accrocher mon maillot de bain?
Chaque été nous passons nos vacances ensemble
les dessous en bas et les bas en haut
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps
il fait trop chaud sur le fil à linge!
Chaque été nous passons nos vacances ensemble
le pastis en bas et l’eau en haut
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps
Tavernier, un autre!
Chaque été nous passons nos vacances ensemble
la carte postale en bas et le timbre en haut
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps
Bon souvenir de l’été!
Chaque été nous passons nos vacances ensemble
le do en bas et le si en haut
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps
Sérénade sous les balcons!
Chaque été nous passons nos vacances ensemble
la mer en bas et la surfeuse en haut
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps
encore une qu’a pris le bouillon!
Chaque été nous passons nos vacances ensemble
le soleil en haut et le soleil en bas
Parfois, quelques centimètres nous séparent
mais jamais très longtemps
le temps d’un coucher de soleil sur la mer
Chaque été nous passons nos vacances ensemble. Elle en bas, moi en haut. Parfois, quelques centimètres nous séparent mais jamais très longtemps !
VERSION « HOT »
J’adore cette période de vacances. Je suis éternelle car je me suis blindée, je me suis clonée à des milliers d’exemplaires, une véritable armada. Je ne crains rien… ou presque rien, mais j’ai tout de même assuré mes arrières. A la Loyd, pour tout vous dire.
J’ai dû batailler ferme car ils persistaient à ignorer la catégorie dont je fais partie.
A force de conviction, de tractations et de persévérance, voire de menaces, j’ai obtenu gain de cause.
Je peux berzzzzinguer à tout va !
Et j’avoue que je ne me prive pas !
J’adore cette période de vacances et j’adore tout autant mon lieu de villégiature. Je l’ai découvert en feuilletant une publicité chez un médecin généraliste.
« Haut Var. Maison de style provençal. Jardin arboré, source épisodique ». Je m’y suis précipitée, profitant de la migration climatique annuelle.
Installée et pas en résidence secondaire ! Pour de bon ! Ma vie est une vie de rêve. Mais, revers de la médaille, je dois faire de longs parcours tous les soirs pour m’approvisionner.
Cette vie rêve a failli tourner au cauchemar. Un jour d’été, un immense poids lourd est arrivé, crachant meubles et cartons à volonté. Et qui vois-je se pointer ? Une petite bonne femme, toute blonde, tout sourire, pâle à souhait, accompagnée d’un homme déjà hâlé et très protecteur.
– Qui se permet de venir ainsi s’immiscer dans mon territoire ? Qui ose perturber ma tranquillité ?
Je cessai mes râleries promptement lorsque je constatai un phénomène étrange. Mes récepteurs s’affolaient à chaque fois que la créature blonde apparaissait dans mon champ visuel et olfactif.
Et voilà comment naquit, ma belle histoire d’amour… Je m’approchais doucement, en rase motte et smackkkkk, je lui roulais un de ces patins !
Mais, de nature timide (si, si…), je m’envolais aussitôt….
Ainsi, chaque été nous passons nos vacances ensemble. Elle en bas, moi en haut. Parfois, quelques centimètres nous séparent mais jamais très longtemps !
VERSION « SHORT »,
Une planche de BD :
1. Elle, alanguie sur sa chaise longue, rêve, lit, écrit,… au choix !
2. Bzzzzzzzzzzz
3. Saloperie de moustique, encore une piqûre de plus, marre de ces bestioles !
4. Lui : « Attends, ma chérie, je vais allumer un tortillon… »
5. Elle remercie et soupire d’aise…
6. Miss Moustique s’en va courir le monde, ailleurs, ailleurs…
VERSION « RÉCURRENTE »
Elle en bas, moi en haut…..
Chaque été nous passons nos vacances ensemble. Elle en bas,moi en haut. Parfois quelques centimètres nous séparent, mais jamais très longtemps .
Car nous sommes une entité inséparable;mes belles espadrilles bayadères et moi, le lacet vert, nous chaussons les pieds de notre estivante préférée depuis des décennies.
Dès juillet, j’ai toujours grand plaisir à me laisser glisser dans les oeillets de ma bien-aimée,puis d’aller entourer les chevilles blanches de celle qui ouvre joyeusement volets et fenêtres de la maison de Saint Jean de Luz pour l’inonder de soleil.
Elles brunissent rapidement ces deux là,afin de mettre en valeur nos belles teintes basques.
L’habitante des lieux nous à sorties du placard pour nous poser sur le seuil de la porte,prêtes à être enfilées et lacées.
Notre relative fragilité fait que nous sommes la cinquième génération à chausser ses pieds,même si elle nous utilise jusqu’au bout,le tissu rayé délavé,un petit trou au niveau du gros orteil, quelques noeuds sur ma personne.
C’est seulement à ce stade qu’elle va à la fabrique racheter le même modèle,à lacets verts.
Au début,la semelle de corde est un peu raide,il faut s’adapter mais le plaisir est là,nous sommes très fières d’avoir été choisies et ressentons l’esprit de nos ancêtres dans sa démarche,la découverte de la plage,dans les ruelles,tel un héritage génétique fidèle et rassurant.
A la fin de l’été,avec un peu de chance,nous sommes rangées dans le placard auprès de l’ancienne paire qu’elle n’a pas voulu, ou oublié de jeter,entre les bottes de pluie et deux tongs en plastique rose.
» Allez les amies,à l’an prochain . Et soyez sages! »
lance-t-elle à chaque fois.
Chaque été nous passons nos vacances ensemble.Elle en bas moi en haut. Parfois quelques centimètres nous séparent mais jamais très longtemps.
En général, elle me place sur le haut de sa valise.
Le train la berce. Moi, il me fait un peu trembler.
Je ne connais rien de ce nouveau voyage.
Les seuls rayons fréquentés ne respiraient pas le soleil.
Parvenu à bonne plage, elle me transfère dans son petit sac à dos.
Nous escaladons les grains de sable jusqu’à un bout de lagune. Elle nous pose.
Moi, je mesure ma chance. A peine écrit, juste imprimé, bien promu, je vais déjà pouvoir me dorer la pilule.
Elle me manipule, me caresse le dos, m’entrouvre.
Esquissant l’enthousiasme du bambin face à son premier moulin de couleurs, elle broie mes premières lignes.
Puis s’arrête, net. Elle se barbouille d’une pâte inconnue. Me reprend, m’en colle plein les mots du bord de page. Je me sens sous haute protection.
Elle y va franchement, s’aère l’ennui du quotidien, chevauche les chapitres. En clignant des yeux, elle fait flotter sur l’horizon des phrases un grand bateau ivre de son marin poète.
Puis me réinstalle, tête en bas, certainement pour me protéger des chaleurs de l’intrigue.
Elle m’abandonne, un instant, se détend les mains, la bouche…baille!
Quand elle me saisit,les doigts revigorés me cassent le dos.
« Pourquoi tant de haine ? » me souffle mon imbécillité génétique.
Elle me bâcle, je le sens bien.Mes pages ont beau tenter de l’assouplir, je suis au bord de la déchirure. Je persiste, je persiste…
Elle, elle trace, elle trace. Elle enfile les derniers mots à toute vitesse.Elle a le sentiment d’avoir enfin finalisé la manche gauche d’un tricot.
La droite attendra, elle le sait. Se lève, plonge dans l’écume du jour.D’autres fleurs lui bourgeonnent le coeur.
Elle revient, secoue le sel, s’allège autrement, roule sa vaste serviette….me quitte.
Je reste là, seul sur mon presque morceau d’île. On est samedi! Je ne suis pas un roman de Tournier.
Quel lecteur pourrait bien me ramasser…
…d’ici le prochain Vendredi ?