Je suis tombé en panne
juste après avoir tourné la page ! J’avais pourtant fait le plein d’idées
et vérifié le niveau de mes motivations avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots. C’est un participé passé qui m’a lâché.
Je suis tombé en panne juste après avoir tourné la page ! J’avais pourtant fait le plein d’idées et vérifié le niveau de mes motivations avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots. C’est un participé passé qui m’a lâché.
Pas d’accord, je me refuse d’écrire au masculin et de tomber dans « l’automobilomorphisme », parce que c’est MON roman ! Mais je veux bien vous en offrir un avant goût en guise d’amuse-bouche.
Comme tous les jours, je m’installe à ma table et je respecte invariablement les rites. Une dernière vérification et je suis prête pour écrire mon roman, mon autobiographie pour être plus précise.
Je suis hyper motivée ! Il est grand temps que je couche sur papier cette vie extraordinaire que fut la mienne ! Alors, qui mieux que moi pourrait mettre en mots les maux et les bonheurs d’une vie qui se déroule en chapitres naturels.
Ce soir, exceptionnellement, je décide de m’installer dans le canapé et de travailler sur l’ordinateur. L’imprimante à proximité est gavée de papier.
Le chapitre que je vais entamer sera la clé de voûte de mon récit et je dois faire le tri parmi des centaines de souvenirs et la manière de les agencer.
Ma théière est à porté de main et mes mains courent sur le clavier.
Je suis surprise par cette déconcertante facilité de décrire les événements, les sentiments, les émotions, les lieux, les personnages, leur portrait psychologique et leur portrait tout court !
Les pages se succèdent à une cadence régulière et je veille à cliquer régulièrement sur l’icône « enregistrer » et sur sa voisine « imprimer ».
J’ai presque la sensation de lire-écrire mon roman et d’en tourner les pages avec volupté, anticipant mon succès…
Tout à coup, je bute.
Je bute sur un participe passé qui me lâche traîtreusement.
« Réveillée »
J’ouvre les yeux, le chat ronronne sur mes genoux.
Je suis tombé en panne juste après avoir tourné la page !
J’avais pourtant fait le plein d’idées et vérifié le niveau de mes motivations avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots.
C’est un participé passé qui m’a lâché.
J’ai regardé au plafond un morceau de peinture écaillée et pfffttt…. il avait disparu . Et puis … bing ! De nouveau là !
J’ai pensé que j’étais fatiguée et j’ai baillé un bon moment : c’est là que le participe s’est mis à tanguer . . . tanguer de plus en plus belle !
Calée au fond du fauteuil , je l’ai vu clairement s’ étirer de tout son long sur la table . Je n’ai pas bougé , lui non plus et cela a duré deux ou trois minutes. Puis quelqu’un a sonné et je suis sorti.
En rentrant, tout semblait normal . Mais devant mon cahier vert presque neuf, mes mains ont frémi . Il était maintenant entièrement recouvert de ma propre écriture .Le participe s’était multiplié à l’infini : » habité habité habité habité habité habité habité habité habité habité habité …. » .
J’ ai fait quelques pas, ouvert la fenêtre et pris une grande respiration. « Bon . J’ écrivais le récit d’un homme , un ancêtre de la tribu des Dogons . Il racontait les falaises et son adolescence .
Je m’étais arrêtée à : L’aigle fait face à la foudre pendant que je compte les secondes dans mon esprit . Il semble habité .
Voilà . Je ne me sens pas fatiguée , il est 17 heures et . . . QUE SE PASSE -T-IL BON DIEU ? ? »
A force de guetter le moindre mouvement dans la pièce , j’ai eu soif . Dans la cuisine, le ciel brillait par la fenêtre comme jamais . « Est ce que j’ ai-je pris un somnifère hier soir ? » Pendant qu’un « non » net éclairait mon cerveau, le silence de la pièce voisine m’a troublé et j’y suis retournée .
En approchant du cahier j’ai pâli : il n’avait plus de couverture. Je l’ai retourné dans mes mains moites et me suis rendue à l’évidence .
Clap Clap clap clap ont cogné mes chaussures sur le carrelage , tlap tlap tlap sur la moquette : vite ! A moi ma chambre ! m’écraser dans un sommeil de plomb , sans rêve, sans images, oui, voilà ce qu’il me faut !
Dans mon élan je n’ai pas prêté attention au léger souffle qui s’échappait du poêle à bois près de la table .
Le poêle éteint depuis des mois chauffera toute la nuit sans que je l’ai allumé. L’odeur du feu me réveillera tôt le matin et je resterai bouche bée en ouvrant sa porte .
Au milieu des cendres s’étaleront pêle-mêle un reste noirci de la couverture verte et . . . intacte, immense, lumineuse . . . une plume .
« Une plume ? » Ma gorge se serrera. » Oh non . . . la . . . la tribu des Dogons , la foudre, l’aigle . . . oh mon dieu » Mes jambes me lâcheront , j’irai m’asseoir.
Et je resterai longtemps comme ça, à compter les secondes dans mon esprit.
Je suis tombée en panne juste après avoir tourné la page…….
Un parti, si si, vieux comme mes robes… Passé quoi, m’a lâché. On avait des intentions de régulariser pourtant et il tenait bon, mais la corde a craqué en pleine histoire d’un frère -bêteuEtmêchant- à vous mettre une vieille dame dans une grande maison d’où on ne revient plus…..
Faut savoir que je venais à peine de tourner la page d’avant, celle qu’il faut bien virer un jour ou l’autre pour mettre à nouveau les pieds dans l’plat…Mes motivations avaient un rendement à plein poumons, j’ étais contente, les idées allaient s’infilter et rejaillir dans le ventre de mon stylo poussé irrésistiblement à écrire une nouvelle histoire…
Tous ces mots devenus -innécrivables- depuis des mois allaient enfin retracer mot après mot une nouvelle aventure. EH ben non ! Il m’a lâché….Parti, si si, passé, en pleine affaire fraternelle désespérante à vous effacer en plus tous les mots et les accents et même les lignes pour écrire droit.
Et CLAC ! Le moteur à grifouiller mes histoires s’est stoppé net et me vlà tombé en panne, plus -dessens- !
Je suis tombé en panne juste après avoir tourné la page ! J’avais pourtant fait le plein d’idées et vérifié le niveau de mes motivations avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots. C’est un participe passé qui m’a lâché.
Il s’est bloqué dans ma tête, impossible de le faire glisser jusqu’à mon bras : mon stylo restait en suspension au dessus de la feuille d’examen. Je me présentais pour le 5è fois au bac.
Cette épreuve de philo, la première, est mon calvaire. J’y vie à chaque fois l’angoisse de la page blanche : mes mains deviennent moites, le stylo glisse entre les doigts au lieu de danser sur la feuille, ma tête se vide, les idées se débinent,… ensuite mon cœur s’accélère en même temps que le temps file de plus en plus vite, puis je panique en écoutant le silence des candidats concentrés et le bruit de leur plume égratignant les papiers, enfin la sonnerie me libère de cette salle et de ma souffrance pour me plonger cruellement dans les regrets.
L’aventure s’arrêta de nouveau… L’an dernier, c’était l’accord d’un adjectif de couleur qui avait eu raison de ma motivation.
L’an prochain, je reviendrai et j’aurai le dernier mot !
Je suis tombé en panne juste après avoir tourné la page ! J’avais pourtant fait le plein d’idées et vérifié le niveau de mes motivations avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots. C’est un participé passé qui m’a lâché…
Le traître ! Je sais bien que nous avions un vieux contentieux qui datait de l’école, mais tout de même ! Oser me faire ça au moment où je m’envolais, perché sur mon arbre à mots, haut, très haut ! Je rêvais, emmitouflé dans mes idées les plus farfelues, sautant de l’une à l’autre comme dans les flaques après la pluie. Tout était prêt – du moins le pensè-je – pour la grande traversée : pas celle du désert, non ! Celle d’une course folle, ma plume devançant mes idées avant de s’arrêter, toute essoufflée, et repartir de plus belle. À peine le temps de remplir mon sac de mots disparates arrachés au dictionnaire, de stylos bille neufs et d’une fiole de whisky pour les soirées de bivouac. J’avais claqué la porte de mon petit deux pièces où ma vie s’étriquait, entraîné par un courant d’air folâtre et joyeux.
Je l’avais pourtant d’abord repoussé de toutes mes forces : fiche-moi la paix, je dors ! Et arrête de me faire le chant des sirènes, j’ai passé l’âge ! Mais il avait persisté, faisant claquer la fenêtre pour m’obliger à réagir. Une fois debout, il n’avait pas cessé de me tourner autour. Oui, oui, ça va ! Je m’y mets… mais c’est bien pour te faire plaisir.
Plaisir : ce mot tout à coup m’avait pris à la gorge. Depuis combien de temps ne me l’étais-je pas fait, ce plaisir. Je regardais ma collection de stylo dont l’encre n’en finissait pas de sécher. La ramette de papier gondolait et le vieux dico tombait en poussière. Plaisir : rien à voir avec tout ce bric-à-brac.
Je me pinçais, ce qui me fit mal : j’étais donc encore un peu vivant, seul survivant d’un naufrage annoncé ! Mais pour combien de temps ? Et l’autre qui continuait à me faire la gigue dans l’appart ! J’avais deux solutions : me replonger sous la couette ou foutre le camp. Prendre la poudre d’escampette et battre la campagne avec mon bagage. Depuis le temps que j’en rêvais de ce voyage-là! Allais-je encore rater le coche, rester sur le quai et chialer comme un môme ?
OK, mec : on y va ! Mais t’a intérêt à me pousser les neurones dans le bon sens, et ramène ta copine l’inspiration : moi je m’occupe du paquetage…
En un rien de temps, j’étais prêt…
Sauf que j’avais oublié mon Bescherelle et qu’un renégat en avait profité pour s’immiscer dans mon enthousiasme : je vacillais, dégringolant lourdement de mon arbre à rêves.
Tout en frottant mon arrière train douloureux, je regagnais mes pénates : décidément, je ne serais jamais l’auteur de mes rêves, auréolé de gloire et de reconnaissance, signant des autographes à tout va et croulant sous les contrats faramineux à plusieurs zéros.
Un zéro, voilà ce que j’étais !
Je claquais la porte que je fermais à double-tour : le prochain courant d’air qui oserait la franchir aurait affaire à moi !
Je suis tombé en panne
juste après avoir tourné la page !
J’avais pourtant fait le plein d’idées
et vérifié le niveau de mes motivations
avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots.
C’est un participé passé qui m’a lâché
toutes ses règles d’accord, avec ou sans auxiliaire m’embrouillaient : il faut dire que la langue française est très compliquée mais tellement jolie à manipuler. Cette page blanche aussi ne me mettait pas en confiance, arriverais-je à exprimer, développer, sans ennuyer, toutes ces idées qui se bousculent ?
Je repris donc mon vieux becherel de conjugaison de mes années scolaires, il avait vécu et je le trouvais toujours très utile. Les mots, phrases se bousculaient dans ma tête mais je ne savais plus quel temps employer et pourquoi pas le plus que parfait voire même le passé antérieur ? Bon j’oublie l’idée du passé qui me torture, si j’en faisais une histoire du présent ? Ce temps me semble très chantant, revigorant ou encore le futur mais antérieur ou proche de l’indicatif ? Crotte, zut, flûte… je sais je devrais les écrire à tous les temps, puis les montrer à mes amis, des gens qui ne me connaissent pas et je leur demanderai leur avis, pour connaître leur opinion et savoir quel temps employé pour que la lecture soit plus facile mais c’est sûr, le participe passé, je vais l’oublier car même avec les règles sous le nez, je n’arriverais jamais à écrire quelque chose de concret !
Je suis tombé en panne
juste après avoir tourné la page !
J’avais pourtant fait le plein d’idées
et vérifié le niveau de mes motivations
avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots.
C’est un participé passé qui m’a lâché.
Et il me laisse tête-bêche
Sur une page blanche revêche,
Ostensiblement je me dessèche,
C’est vraiment la dèche !
Les mots étaient pourtant bien nés
Dans cette histoire de cache nez.
Qui, amoureux d’une giroflée,
Cherchait sa chère dulcinée.
Se sentant mis sur la brèche,
Sûr qu’il n’avait plus la pèche,
Avant que l’amour ne s’ébrèche,
Il fila comme une flèche.
Il s’égara ce soir d’été.
La fleur le voyant arrivé
Se moqua de lui essoufflé,
« Depuis quand sommes-nous gelées ? »
Comment continuer à aimer ?
La panne est alors arrivée…
Je suis tombé en panne juste après avoir tourné la page! J’avais pourtant fait le plein d’idées et vérifié le niveau de mes motivations avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots. C’est un participe passé qui m’a lâché.
J’aurai du me méfier, demeurer dans le présent, esquisser du futur, mais surtout éviter le passé.
Il existe toujours une rustine vieillissante, un temps révolu, une roue qui lâche. J’aurai du mettre au moins un pneu neuf. J’ai été, non, je suis trop optimiste. Le passé ne participe en rien à un possible renouveau. Il n’amortit rien des chocs de la route. Il déforme les nids de poule, en fait des gouffres accueillant une famille entière d’autruches, aux becs puissants qui fouillent et qui démolissent.
Je sors avec peine de mon véhicule littéraire. Les portières défoncées coincent mon évasion. Je démonte ma banquette arrière. Je force le hayon du coffre, trop plein de mots révolus, de phrases mortes.
J’abandonne cet autrefois délabré, je balance les pneus de mes pieds, je campe mes orteils dans la terre, je respire un vent stable qui me bouscule la mèche, m’invite à me sécher du transpirant du mot commun, de la vie commune, de la fosse.
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
Je suis tombé en panne juste après avoir tourné la page ! J’avais pourtant fait le plein d’idées et vérifié le niveau de mes motivations avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots. C’est un participé passé qui m’a lâché.
Pas d’accord, je me refuse d’écrire au masculin et de tomber dans « l’automobilomorphisme », parce que c’est MON roman ! Mais je veux bien vous en offrir un avant goût en guise d’amuse-bouche.
Comme tous les jours, je m’installe à ma table et je respecte invariablement les rites. Une dernière vérification et je suis prête pour écrire mon roman, mon autobiographie pour être plus précise.
Je suis hyper motivée ! Il est grand temps que je couche sur papier cette vie extraordinaire que fut la mienne ! Alors, qui mieux que moi pourrait mettre en mots les maux et les bonheurs d’une vie qui se déroule en chapitres naturels.
Ce soir, exceptionnellement, je décide de m’installer dans le canapé et de travailler sur l’ordinateur. L’imprimante à proximité est gavée de papier.
Le chapitre que je vais entamer sera la clé de voûte de mon récit et je dois faire le tri parmi des centaines de souvenirs et la manière de les agencer.
Ma théière est à porté de main et mes mains courent sur le clavier.
Je suis surprise par cette déconcertante facilité de décrire les événements, les sentiments, les émotions, les lieux, les personnages, leur portrait psychologique et leur portrait tout court !
Les pages se succèdent à une cadence régulière et je veille à cliquer régulièrement sur l’icône « enregistrer » et sur sa voisine « imprimer ».
J’ai presque la sensation de lire-écrire mon roman et d’en tourner les pages avec volupté, anticipant mon succès…
Tout à coup, je bute.
Je bute sur un participe passé qui me lâche traîtreusement.
« Réveillée »
J’ouvre les yeux, le chat ronronne sur mes genoux.
Je suis tombé en panne juste après avoir tourné la page !
J’avais pourtant fait le plein d’idées et vérifié le niveau de mes motivations avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots.
C’est un participé passé qui m’a lâché.
J’ai regardé au plafond un morceau de peinture écaillée et pfffttt…. il avait disparu . Et puis … bing ! De nouveau là !
J’ai pensé que j’étais fatiguée et j’ai baillé un bon moment : c’est là que le participe s’est mis à tanguer . . . tanguer de plus en plus belle !
Calée au fond du fauteuil , je l’ai vu clairement s’ étirer de tout son long sur la table . Je n’ai pas bougé , lui non plus et cela a duré deux ou trois minutes. Puis quelqu’un a sonné et je suis sorti.
En rentrant, tout semblait normal . Mais devant mon cahier vert presque neuf, mes mains ont frémi . Il était maintenant entièrement recouvert de ma propre écriture .Le participe s’était multiplié à l’infini : » habité habité habité habité habité habité habité habité habité habité habité …. » .
J’ ai fait quelques pas, ouvert la fenêtre et pris une grande respiration. « Bon . J’ écrivais le récit d’un homme , un ancêtre de la tribu des Dogons . Il racontait les falaises et son adolescence .
Je m’étais arrêtée à : L’aigle fait face à la foudre pendant que je compte les secondes dans mon esprit . Il semble habité .
Voilà . Je ne me sens pas fatiguée , il est 17 heures et . . . QUE SE PASSE -T-IL BON DIEU ? ? »
A force de guetter le moindre mouvement dans la pièce , j’ai eu soif . Dans la cuisine, le ciel brillait par la fenêtre comme jamais . « Est ce que j’ ai-je pris un somnifère hier soir ? » Pendant qu’un « non » net éclairait mon cerveau, le silence de la pièce voisine m’a troublé et j’y suis retournée .
En approchant du cahier j’ai pâli : il n’avait plus de couverture. Je l’ai retourné dans mes mains moites et me suis rendue à l’évidence .
Clap Clap clap clap ont cogné mes chaussures sur le carrelage , tlap tlap tlap sur la moquette : vite ! A moi ma chambre ! m’écraser dans un sommeil de plomb , sans rêve, sans images, oui, voilà ce qu’il me faut !
Dans mon élan je n’ai pas prêté attention au léger souffle qui s’échappait du poêle à bois près de la table .
Le poêle éteint depuis des mois chauffera toute la nuit sans que je l’ai allumé. L’odeur du feu me réveillera tôt le matin et je resterai bouche bée en ouvrant sa porte .
Au milieu des cendres s’étaleront pêle-mêle un reste noirci de la couverture verte et . . . intacte, immense, lumineuse . . . une plume .
« Une plume ? » Ma gorge se serrera. » Oh non . . . la . . . la tribu des Dogons , la foudre, l’aigle . . . oh mon dieu » Mes jambes me lâcheront , j’irai m’asseoir.
Et je resterai longtemps comme ça, à compter les secondes dans mon esprit.
Je suis tombée en panne juste après avoir tourné la page…….
Un parti, si si, vieux comme mes robes… Passé quoi, m’a lâché. On avait des intentions de régulariser pourtant et il tenait bon, mais la corde a craqué en pleine histoire d’un frère -bêteuEtmêchant- à vous mettre une vieille dame dans une grande maison d’où on ne revient plus…..
Faut savoir que je venais à peine de tourner la page d’avant, celle qu’il faut bien virer un jour ou l’autre pour mettre à nouveau les pieds dans l’plat…Mes motivations avaient un rendement à plein poumons, j’ étais contente, les idées allaient s’infilter et rejaillir dans le ventre de mon stylo poussé irrésistiblement à écrire une nouvelle histoire…
Tous ces mots devenus -innécrivables- depuis des mois allaient enfin retracer mot après mot une nouvelle aventure. EH ben non ! Il m’a lâché….Parti, si si, passé, en pleine affaire fraternelle désespérante à vous effacer en plus tous les mots et les accents et même les lignes pour écrire droit.
Et CLAC ! Le moteur à grifouiller mes histoires s’est stoppé net et me vlà tombé en panne, plus -dessens- !
Je suis tombé en panne juste après avoir tourné la page ! J’avais pourtant fait le plein d’idées et vérifié le niveau de mes motivations avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots. C’est un participe passé qui m’a lâché.
Il s’est bloqué dans ma tête, impossible de le faire glisser jusqu’à mon bras : mon stylo restait en suspension au dessus de la feuille d’examen. Je me présentais pour le 5è fois au bac.
Cette épreuve de philo, la première, est mon calvaire. J’y vie à chaque fois l’angoisse de la page blanche : mes mains deviennent moites, le stylo glisse entre les doigts au lieu de danser sur la feuille, ma tête se vide, les idées se débinent,… ensuite mon cœur s’accélère en même temps que le temps file de plus en plus vite, puis je panique en écoutant le silence des candidats concentrés et le bruit de leur plume égratignant les papiers, enfin la sonnerie me libère de cette salle et de ma souffrance pour me plonger cruellement dans les regrets.
L’aventure s’arrêta de nouveau… L’an dernier, c’était l’accord d’un adjectif de couleur qui avait eu raison de ma motivation.
L’an prochain, je reviendrai et j’aurai le dernier mot !
Je suis tombé en panne juste après avoir tourné la page ! J’avais pourtant fait le plein d’idées et vérifié le niveau de mes motivations avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots. C’est un participé passé qui m’a lâché…
Le traître ! Je sais bien que nous avions un vieux contentieux qui datait de l’école, mais tout de même ! Oser me faire ça au moment où je m’envolais, perché sur mon arbre à mots, haut, très haut ! Je rêvais, emmitouflé dans mes idées les plus farfelues, sautant de l’une à l’autre comme dans les flaques après la pluie. Tout était prêt – du moins le pensè-je – pour la grande traversée : pas celle du désert, non ! Celle d’une course folle, ma plume devançant mes idées avant de s’arrêter, toute essoufflée, et repartir de plus belle. À peine le temps de remplir mon sac de mots disparates arrachés au dictionnaire, de stylos bille neufs et d’une fiole de whisky pour les soirées de bivouac. J’avais claqué la porte de mon petit deux pièces où ma vie s’étriquait, entraîné par un courant d’air folâtre et joyeux.
Je l’avais pourtant d’abord repoussé de toutes mes forces : fiche-moi la paix, je dors ! Et arrête de me faire le chant des sirènes, j’ai passé l’âge ! Mais il avait persisté, faisant claquer la fenêtre pour m’obliger à réagir. Une fois debout, il n’avait pas cessé de me tourner autour. Oui, oui, ça va ! Je m’y mets… mais c’est bien pour te faire plaisir.
Plaisir : ce mot tout à coup m’avait pris à la gorge. Depuis combien de temps ne me l’étais-je pas fait, ce plaisir. Je regardais ma collection de stylo dont l’encre n’en finissait pas de sécher. La ramette de papier gondolait et le vieux dico tombait en poussière. Plaisir : rien à voir avec tout ce bric-à-brac.
Je me pinçais, ce qui me fit mal : j’étais donc encore un peu vivant, seul survivant d’un naufrage annoncé ! Mais pour combien de temps ? Et l’autre qui continuait à me faire la gigue dans l’appart ! J’avais deux solutions : me replonger sous la couette ou foutre le camp. Prendre la poudre d’escampette et battre la campagne avec mon bagage. Depuis le temps que j’en rêvais de ce voyage-là! Allais-je encore rater le coche, rester sur le quai et chialer comme un môme ?
OK, mec : on y va ! Mais t’a intérêt à me pousser les neurones dans le bon sens, et ramène ta copine l’inspiration : moi je m’occupe du paquetage…
En un rien de temps, j’étais prêt…
Sauf que j’avais oublié mon Bescherelle et qu’un renégat en avait profité pour s’immiscer dans mon enthousiasme : je vacillais, dégringolant lourdement de mon arbre à rêves.
Tout en frottant mon arrière train douloureux, je regagnais mes pénates : décidément, je ne serais jamais l’auteur de mes rêves, auréolé de gloire et de reconnaissance, signant des autographes à tout va et croulant sous les contrats faramineux à plusieurs zéros.
Un zéro, voilà ce que j’étais !
Je claquais la porte que je fermais à double-tour : le prochain courant d’air qui oserait la franchir aurait affaire à moi !
Bon dimanche, Christine
Je suis tombé en panne
juste après avoir tourné la page !
J’avais pourtant fait le plein d’idées
et vérifié le niveau de mes motivations
avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots.
C’est un participé passé qui m’a lâché
toutes ses règles d’accord, avec ou sans auxiliaire m’embrouillaient : il faut dire que la langue française est très compliquée mais tellement jolie à manipuler. Cette page blanche aussi ne me mettait pas en confiance, arriverais-je à exprimer, développer, sans ennuyer, toutes ces idées qui se bousculent ?
Je repris donc mon vieux becherel de conjugaison de mes années scolaires, il avait vécu et je le trouvais toujours très utile. Les mots, phrases se bousculaient dans ma tête mais je ne savais plus quel temps employer et pourquoi pas le plus que parfait voire même le passé antérieur ? Bon j’oublie l’idée du passé qui me torture, si j’en faisais une histoire du présent ? Ce temps me semble très chantant, revigorant ou encore le futur mais antérieur ou proche de l’indicatif ? Crotte, zut, flûte… je sais je devrais les écrire à tous les temps, puis les montrer à mes amis, des gens qui ne me connaissent pas et je leur demanderai leur avis, pour connaître leur opinion et savoir quel temps employé pour que la lecture soit plus facile mais c’est sûr, le participe passé, je vais l’oublier car même avec les règles sous le nez, je n’arriverais jamais à écrire quelque chose de concret !
Je suis tombé en panne
juste après avoir tourné la page !
J’avais pourtant fait le plein d’idées
et vérifié le niveau de mes motivations
avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots.
C’est un participé passé qui m’a lâché.
Et il me laisse tête-bêche
Sur une page blanche revêche,
Ostensiblement je me dessèche,
C’est vraiment la dèche !
Les mots étaient pourtant bien nés
Dans cette histoire de cache nez.
Qui, amoureux d’une giroflée,
Cherchait sa chère dulcinée.
Se sentant mis sur la brèche,
Sûr qu’il n’avait plus la pèche,
Avant que l’amour ne s’ébrèche,
Il fila comme une flèche.
Il s’égara ce soir d’été.
La fleur le voyant arrivé
Se moqua de lui essoufflé,
« Depuis quand sommes-nous gelées ? »
Comment continuer à aimer ?
La panne est alors arrivée…
Jaine
Le nouveau défunt.
Je suis tombé en panne juste après avoir tourné la page! J’avais pourtant fait le plein d’idées et vérifié le niveau de mes motivations avant de partir à l’aventure sur le chemin des mots. C’est un participe passé qui m’a lâché.
J’aurai du me méfier, demeurer dans le présent, esquisser du futur, mais surtout éviter le passé.
Il existe toujours une rustine vieillissante, un temps révolu, une roue qui lâche. J’aurai du mettre au moins un pneu neuf. J’ai été, non, je suis trop optimiste. Le passé ne participe en rien à un possible renouveau. Il n’amortit rien des chocs de la route. Il déforme les nids de poule, en fait des gouffres accueillant une famille entière d’autruches, aux becs puissants qui fouillent et qui démolissent.
Je sors avec peine de mon véhicule littéraire. Les portières défoncées coincent mon évasion. Je démonte ma banquette arrière. Je force le hayon du coffre, trop plein de mots révolus, de phrases mortes.
J’abandonne cet autrefois délabré, je balance les pneus de mes pieds, je campe mes orteils dans la terre, je respire un vent stable qui me bouscule la mèche, m’invite à me sécher du transpirant du mot commun, de la vie commune, de la fosse.
Je refais un nouveau plein.