Exercice d’écriture créative 290
Sur le seuil d’un jour naissant,
un Mauvais jour faisait grise mine.
T’en fais une tête ! s’exclama un Beau jour sur le point de prendre son essor. Je ne sais plus quoi inventer pour faire ch… le monde !
se lamenta le revêche.
Imaginez la suite
L’aube pointe son nez. Au-dessus des nappes de brume, le soleil embrase le ciel encombré de nuées sombres. Assis sur le banc de bois, au seuil de leur ferme, Marthe et Justin boivent un bol de café. Marthe frissonne, tire son châle sur ses épaules et soupire :
-Fait bien frais pour un matin d’été et y a plein de gros nuages. Encore un mauvais jour en perspective !
-Allez Marthe, sois pas si pessimiste. Regarde cette lumière… nous allons avoir une belle journée.
-J’aimerais te croire, mon bon Justin, mais depuis un mois qu’il pleut, les salades pourrissent, les melons sont pleins d’eau, les tomates sont pâles… qu’est-ce que je vais aller vendre au marché demain ? C’est y Dieu pas possible, un été pareil… moi je te le dis, on a la poisse!
Elle se lève
-T’entends Justin, encore l’orage.
Tout là-haut, Dépression émet un grognement sourd, ses yeux jettent des éclairs. Elle regarde approcher Anticyclone, fier et conquérant. Il gagne du terrain pied à pied. Elle ne veut pas céder la place, mais elle est épuisée. Ils se font maintenant face, ils se touchent presque. Dépression est toute mouillée, ses cheveux sont hérissés, son teint blême. Anticyclone lui sourit :
-Qu’est-ce que t’as, ma Belle, à jouer les rebelles au cœur de l’été ?
-J’en ai marre ! Tout le monde m’en veut !
-Ça t’étonne ? Tu pleures et tu grognes tout le temps… t’as vraiment grise mine ! Repose-toi un peu… laisse-moi faire un instant.
Il déploie un arc en ciel. Dépression le regarde, sidérée… elle en oublierait presque sa mauvaise humeur.
En bas, Justin admire le demi-cercle aux sept couleurs qui auréole l’horizon.
-Regarde Marthe
-J’te dis qu’il va encore pleuvoir !
-Mais non, fais-moi confiance rétorque Justin. Attentif, il écoute les bruissements de la nature, observe les circonvolutions célestes.
Là-haut, Anticyclone balaie d’un coup d’épaule quelques nuées, puis joue de son charme :
-Je t’offre quelques rayons de soleil, pour te sécher.
Dépression, éblouie, se retrouve parée de milliers de diamants scintillants. Anticyclone la sent faiblir. Il s’approche, encore plus près. Avant qu’elle ait pu réagir, il l’entoure de ses bras chaleureux.
-Dépression, comme tu es jolie au soleil ! Oublie donc tes larmes quelques jours.
Au creux de l’oreille, il lui souffle légèrement :
– Au lieu de nous battre, associons-nous. Quand j’aurais bien chauffé le monde, chacun te rendra gloire de verser quelques larmes.
Vaincue, elle abandonne, se coule contre lui :
-Anticyclone, tu crois vraiment qu’on peut être heureux à faire le bonheur des autres ?
Le soleil dissipe les dernières brumes, dore les champs de blé, fait briller quelques fils d’argent dans les cheveux de Marthe qui lève les yeux et sourit :
-Ben alors, t’avais raison Justin !
-Tu vois, faut savoir rester optimiste…Allez, au travail!
©ammk
290 Sur le seuil d’un jour naissant, un Mauvais jour faisait grise mine.
T’en fais une tête ! s’exclama un Beau jour sur le point de prendre son essor. Je ne sais plus quoi inventer pour faire ch… le monde ! Se lamenta le revêche.
– Pourquoi tu ne crois pas que tu en as fait assez ? Tu leur as pourri mai, juin est en bonne voie. Des inondations, des vignobles gâchés à 80% , des cultures malmenées et j’en passe. Mon pauvre, tu t’épuises. Tu devrais peut-être un peu te reposer. Finalement je crois que tu es fatigué, tu as trop travaillé. Faire ch… le monde n’est pas une entreprise de tout repos.
Laisse tomber n’invente rien de nouveau pour le moment. Pars tranquillement en vacances.
Je suis certain que tu vas trouver l’idée du siècle si tu prends le temps de la mûrir. Ne te précipite pas. La précipitation est mauvaise conseillère.
C’est vrai qu’en ce moment il faut sacrément y réfléchir car faire ch….le monde, il y a un pays où ils sont champions et pour trouver une nouvelle idée, il faut se lever de bonne heure. Mieux vaut que tu cherches ailleurs ce sera sans doute plus facile.
Écoute, je vais prendre la relève quelques mois. Surtout ne te fais aucun souci, je gérerai cela au petit poil.
– Mais tu n’y connais rien dans ce registre.
– Oh, ne t’en fais pas. C’est tout bénéfice pour toi. Il va y avoir un tel changement que lorsque tu reviendras ils vont mieux se rendre compte de la différence !
– T’es sûr ?
– Aucun problème. Pars tranquille je te dis !
Comme il était difficile de suivre le conseil de Beau Temps. Mauvais temps voulu s’en aller avec un dernier éclat : Un bel orage, éclairs striant le ciel et tonnerre à fracasser les oreilles mais Beau Temps avait raison il était tellement épuisé qu’il se trompa et laissa passer quelques rayons de soleil.
La vie parut soudain plus belle.
Mais Mauvais Temps n’arrivait pas à se décider à partir. Il continua d’emplir le ciel d’un gris plombé et de bruiner.
Excédé Beau Temps appela les Açores au secours et se mit à hurler « DÉGAGE CE CIEL NOM DE ZEUS!! »
Sur le seuil d’un jour naissant, un Mauvais jour faisait grise mine.
T’en fais une tête ! s’exclama un Beau jour sur le point de prendre son essor.
D’une taille déjà respectable, le Beau jour s’élança et déchira la toile sur sa longueur. Le Beau jour devint un trou béant et fit entrer un flot de lumière.
Le Mauvais jour boudait. Pas étonnant…. D’un côté, il voyait pointer le bout du nez d’un jour Naissant, et de l’autre le Beau jour avait encore volé la vedette et s’était transformé en Belle fente offrant une vue magnifique sur l’extérieur. Lui, il ressemblait plus à un judas qu’à une fenêtre…. Un sacrée raison pour rester un Mauvais jour Gris.
Sur le seuil d’un jour naissant, un Mauvais jour faisait grise mine.
T’en fais une tête ! s’exclama un Beau jour sur le point de prendre son essor.
D’une taille déjà respectable, le Beau jour s’élança et déchira la toile sur sa longueur. Le Beau jour devint un trou béant et fit entrer un flot de lumière.
Le Mauvais jour boudait. Pas étonnant…. D’un côté, il voyait pointer le bout du nez d’un jour Naissant, et de l’autre le Beau jour avait encore volé la vedette et s’était transformé en Belle fente offrant une vue magnifique sur l’extérieur. Lui, il ressemblait plus à un judas qu’à une fenêtre…. Un sacrée raison pour rester un Mauvais jour Gris.
Sur le seuil d’un jour naissant, un Mauvais jour faisait grise mine.
– T’en fais une tête ! s’exclama un Beau jour sur le point de prendre son essor.
– Je ne sais plus quoi inventer pour faire ch… le monde ! se lamenta le revêche.
Extrait de la Série: Petits contes philosophiques sans prétention.
C’était un matin de printemps, le bleu du ciel était magique : la nuit n’avait pas encore cédé sa place au jour. La rue était très étroite, les maisons hautes de trois étages s’agrémentaient de quelques balcons en fer forgé, minuscules auxquels s’agrippaient rosiers, bignone et ipomées.
Les premiers arômes du café s’envolaient dans les airs, le parfums des croissants aux amandes chatouillait les narines. Quelques pétarades ponctuaient le roucoulement des tourterelles et le pépiement des moineaux.
Une cloche répondit à la sonnerie d’un réveil alors que la dernière étoile s’éclipsait.
Le Monde était prêt.
La fenêtre côté ombre s’ouvrit en grimaçant. La fenêtre côté soleil s’ouvrit en chantant.
Deux silhouettes apparurent. Se firent face.
Lucidus Lebeau salua Opacus Lemauvais, la mine plus renfrognée que jamais.
– T’en fais une tête !
– Je ne sais plus quoi inventer pour faire chier le Monde…
– Tu ne crois pas qu’il a en assez bavé comme ça ?
– Peut-être, mais moi, j’ai besoin de faire chier le Monde pour me sentir mieux…
– Vu sous cet angle, acquiesça Lucidus, qui pressentit aussitôt l’urgence de refréner les passions dévastatrices de son voisin. Il opta pour une stratégie perfidement subtile…
Lucidus fit volte face et réapparut quelques minutes plus tard, un livre à la main.
– C’est quoi, ton truc ?
– Montre-moi comment tu importunes ton voisin…
– Mais tu me connais, j’ai pas besoin de te raconter ou de te faire un dessin…
– T’as rien compris, c’est le titre du bouquin…
– Ah ! Intéressant ?
– Pas mal ! Par exemple, marcher avec des talons ou des claquettes, sono à fond, réveil hurlant à cinq plombes le dimanche matin, …égrena Lucidus avec un sourire étincelant.
– Attends, tu vas trop vite! Il y a matière à creuser…répondit Opacus. Une chose à la fois…
– Les talons ou les claquettes… ça rend fou… clip-clap-clip-clap au-dessus de ta tête, c’est comme le supplice de la goutte d’eau…
– Super ! Attends, je passe commande chez Delahaut…. Quelques tonnes de grêle de trois calibres différents et va pour deux calibres de grêlons…nota Opacus…
– La flotte du lave-linge qui traverse le plafond et noie le séjour…
– Je note… une collection de citernes d’eau de pluie d’intensité « 100 mm par heure »…
– Ecoute ceci ! Frapper à la porte du voisin à une heure incongrue pour lui dire que vous souffrez d’insomnie…
– Je note, je note, répéta Opacus. Un rictus lui fendit la trogne. Quelques bâtons de dynamite, histoire de redynamiser les volcans…
– Faire hurler la sono : « Le soleil donne… »
– Et…une vingtaine de tonnes de graines de sécheresse…
– Bramer sans fin en se cognant la tête contre le mur: « Il pleure dans mon cœur comme il pleut dans la ville… »
– Et un échantillonnage d’orages grondants et roulants…Pas mal, pas mal… Tes idées sont bonnes, mec ! Et c’est un Beau jour pour moi, tiens !
Lucidus regarda Opacus et lui demanda à brûle pourpoint :
– Non, mais, franchement avec tout ce que le Monde a déjà sur les bras, crois-tu qu’il est en manque de pire ?
– Pour être sincère, couina Opacus, je te dirais bien qu’il trinque déjà pas mal, mais peut-être n’est-il pas encore tombé assez bas pour toucher le fond et rebondir…
– Reste à voir….soupira Lucidus, reste à voir…
Le silence s’invita dans leur conversation. Opacus serra les poings et gronda..
– Je lui donne encore une petite chance au Monde ! Je suspends ma commande…
Au bout de la rue, une voix enfantine chantait…
« A la claire fontaine, m’en allant promener… »
© Clémence
Au seuil d’un jour naissant, un Mauvais Jour faisait grise mine.
– T’en fais une tête ! s’exclama un Beau Jour sur le point de prendre son essor.
-Je ne sais plus quoi inventer pour faire chier le monde ! se lamente le revêche.
– Pourtant tu excelles dans ton Art ! Les catastrophes naturelles et humanoïdes, tu connais ! Tu veux encore plus ?, interrogea le Beau Jour ?
-Oui, je veux anéantir le monde!
-Mais…
-Ecoute, l’interrompit le grincheux. Je suis le Mal personnifié. Et toi, oui, je sais, tu es le Bien, l’Ange, l’Archange, peut-être Dieu lui-même.
-Mais…
– Qu’importe ! Je vais transformer les chats en tigres, les chiens en hyènes, les souris en chacals barbares, les oiseaux en gigantesques vautours sanguinaires. Puis, les mares en océans, les hommes en cendres et…
-Arrête-là tes divagations. Penses-tu que, lorsque tu auras tout détruit, tu existeras encore ?
-Je serai le maître du Monde !
-Quel monde ? Le néant ?
Un bloc de silence tomba.
Alors, le Beau Jour en profita :
– Toi aussi, tu seras anéanti à jamais. Cependant, sache, qu’une petite graine saine et sauve résistera, peu à peu se développera. Une nouvelle ère bienfaisante renaîtra. La vie est une ! Alors, tue la haine en toi et prodigue sourire et main tendue.
Malheureusement, le Mauvais Jour gagna la partie et le monde explosa.
Je vous transcris, ce jour, cette conversation qui a eu lieu, il y a plus d’un million d’années…
Sur le seuil d’un jour naissant, un Mauvais jour faisait grise mine. T’en fais une tête ! s’exclama un Beau jour sur le point de prendre son essor. Je ne sais plus quoi inventer pour faire ch… le monde ! se lamenta le revêche.
Et bien n’invente pas les Terrestres sont bien assez grands mais aussi assez bêtes pour se faire ch…les uns les autres sans notre aide. De toute façon, quoi qu’on fasse, ils s’adaptent. Regarde, s’il pleut ils ouvrent leurs parapluies, s’il fait soleil, leurs parasols et mettent des volets à leurs fenêtres.La nuit ils dorment.
Ah bon, ils ne sont pas insomniaques comme moi.
Raconte pas d’histoire,tu n’existes pas quand viennent les ténébres.
Les ténébres ! C’est quoi ?
C’est quand la nuit tombe.
Explique-moi !
Et bien le premier jour Dieu créa la lumière du jour puis les ténèbres et ce fut la nuit. Il est même dit que le septième jour il se reposa !
Cà dure combien un jour ?
Oh là là çà varie, par exemple de 16H29 à Lille à 20H35 en Norvège mais le 30 juin il leur faut ajouter une seconde additionnelle ce qui paraît-il çà les fait vraiment ch…,Ils ont donc inventé des horloges aomiques. Leur précision et leur stabilité sont telles qu’elles constituent aujourd’hui les étalons de temps (ou de fréquence) et c’est pourquoi ils les utilisent. pour définir la seconde depuis 1967, en deux mots une échelle de temps mondiale.).Ah oui j’allais oublier de te dire que le 6 juin 1944 les Français ont connu « le jour le plus long ». Tes yeux clignotent tu ne vas pas nous faire un orage, d’autant que les terrestres ils n’attendent que çà vu qu’ils sont en période de sécheresse et que celle-ci leur cause de gros problèmes Tu ne pourrais pas leur faire plus plaisir .Je te précise qu’en ce qui concerne notre durée, elle est plus longue lors du solstice d’été et plus courte lors du solstice d’hiver.
Comment tu sais tout çà ?
Par les orages, tu sais ce sont de grands bavards et ils aiment bien se confier les uns les autres avant d’éclater.
Bon c’est pas tout çà j’aimerais vraiment les faire ch… avant de m’en aller !
Regarde, voilà un peu d’ombre ! Il y a des Terriens qui vont être contents et d’autre pas,c’est mieux que rien. Allez notre temps est compté, j’entends la nuit tomber….
Sur le seuil d’un jour naissant,
un Mauvais jour faisait grise mine.
T’en fais une tête ! s’exclama un Beau jour sur le point de prendre son essor. Je ne sais plus quoi inventer pour faire ch… le monde !
se lamenta le revêche.
Dans le contre-jour, le jour ouvré l’arrêta :
d’un jour à l’autre, tu verras le jour,
mais pour l’heure, te mets pas au grand jour,
t’es qu’un faux-jour : un judas !
On ne veut plus de toi ! faut te mettre à jour !
Et par le petit jour, mon gars,
File vers un nouveau jour,
Car du jour au lendemain,
Tu verras, ce sera bien,
Tu deviendras beau comme le jour
Et ton projet de batracien
Réserve-le au Dernier Jour
Ça sera bien assez comme çà.
Un jour ou l’autre, tu découvriras,
Au petit jour, le plaisir se faire jour,
Et chaque jour,
Jour après jour,
Passer des jours ouvrés aux jours ouvrables
Voir ton habit de tous les jours,
Prendre un tour plus agréable,
Puis vivre au jour le jour
Car c’est plus confortable.
Et jusqu’à la tombée du jour,
Respirer, sentir, percevoir,
Penser, agir, aimer, donner et recevoir,
Réagir, s’offusquer, résister, concevoir,
Te nourriront, t’abreuveront,
assècheront ton désespoir,
tu accueilleras la joie de vivre
lui offrira un coup à boire,
et tous les deux enfin ivres
peut-être, ferez l’amour avec espoir.
Sur la dalle recouvrant la partie inférieure de l’ouverture d’une porte, dans un espace extrait du temps déterminé par la rotation de la Terre sur elle-même pestait. Elle faisait la tronche d’une aube présentant une imperfection essentielle, tendance tristement bourrée.
« T’en fais une drôle d’extrémité hoqueteuse de l’extrémité supérieure » s’exclama un plaisant autre infini, dégagé du temps déterminé par la rotation, elle, de la Lune sur soi, en train de passer en première classe du mode essorage.
Je ne sais plus quoi imaginer pour décharger le monde de ses excréments gémit l’acariâtre!
« Eh bé » se dit l’anagnoste, on n’est pas sorti du repas de cette maison battant crémeux les œufs de sa campagne.
Sur le seuil d’un jour naissant, un Mauvais jour faisait grise mine. T’en fais une tête ! s’exclama un Beau jour sur le point de prendre son essor.
Ils étaient tous les deux coincés là dans ce cachot maussade dont l’odeur fétide et la pénombre augmentaient l’envie de profiter de l’espace pur balayé par une douce brise printanière qui pointait son nez par la lucarne accrochée trop haute pour qu’on s’y hisse.
Cela faisait deux heures qu’ils attendaient de la bienveillance de leurs gardes un geste compréhensif émanant de leurs supérieurs qui s’intéresse à eux.
A soixante balais, Paul se retrouvait dans ce qu’il fallait bien appeler un bourbier et cette soudaine situation remettait quelque peu les pendules à l’heure sur la notion de respect. Car il s’agissait bien de cela. Hors celui de son âge et celui de sa personne, on avait oublié celui du droit de s’exprimer librement. Il ne voulait pas parler de malchance, ce qui n’expliquerait rien, mais d’un enchaînement de circonstances qui avaient contrecarrer la prureté de ses intentions. Au bout d’une demi heure qu’on l’avait introduit dans ce réduit, ses idées avaient pu se décanter et purent s’orienter vers un objectif ensoleillé qu’il essayait maintenant d’entretenir par une respiration maîtrisée.
— T’es là pour quoi ? lança-t-il à son camarade d’infortune.
Beaucoup plus jeune et plus méfiant, Edgar rechigna à répondre à un étranger qui plus est dans ce lieu où la confiance était abolie. Pourquoi se confierait-il à un vieux dans l’antichambre d’une prison ? « Et lui, il fait quoi ici le vieillard ? Sa bonne tête doit cacher du louche ! Les vieux, tous des corrompus. », pensa-t-il.
Devant le mutisme de son colocataire occasionnel, Paul retourna à ses pénates et se dit que ce n’était évidemment pas à lui de l’interroger. S’il était ici, cela devait être pour une raison qui ne le regardait pas. Et remuer quelque chose de privé pourrait réveiller un souvenir sensible et attiser sa mauvaise humeur. Alors, il lui tourna le dos et tenta de continuer le poème qu’un prédécesseur avait commencer à inscrire sur le mur. « Sur le seuil d’un jour naissant, un Mauvais Jour faisait grise mine. T’en fais une tête ! S’exclama un Beau jour sur le point de prendre son essor. » Voyant que Paul ne s’intéressait plus à lui, Edgar se sentit soulagé et se mit à rire aux éclats jusqu’en dehors des murs. Sans comprendre Paul se bidonna de concert et ils purent s’évader en un instant. Ainsi la confiance fut établie.
— Le poème, c’est moi qui l’est commencé tout à l’heure et je t’attendais parce que je t’ai suivi et je savais que tu allais venir me rejoindre.
— Comment ça tu m’as suivi ?
— Je suis ce que tu écris depuis cinq ans et je me dis qu’un mec comme toi ne peux pas être sincère. Et lorsque je t’ai croisé tout à l’heure, je savais que tu allais venir, alors j’ai écrit ce truc bidon pour voir ta réaction. C’est un message codé. Il faut juste remplacer certains mots par d’autres.
— Qui es-tu pour me provoquer de la sorte ?
— Je suis le fils de la femme avec qui tu vis et tous les deux, nous avons imaginé un plan pour éprouver ta sincérité.
Sur le seuil d’un jour naissant, un Mauvais jour faisait grise mine.
T’en fais une tête ! s’exclama un Beau jour sur le point de prendre son essor.
Je ne sais plus quoi inventer pour faire ch… le monde ! se lamenta le revêche.
– Surtout ne saute pas sur la 1ère idée, il parait que c’est l’idée de tout le monde.
– Ah bon ? En premier, je me suis dit, fais leur un été pourri. De la pluie, de la pluie… Les hommes détestent cela. A partir de juin, ils pensent aux vacances, aux hamacs et aux maillots de bain.
– Oui, c’est bien ce que je pensais, c’est une idée banale à la portée de n’importe quel Mauvais jour. Et ta 2e idée, celle qui se cache derrière ?
– Mmm… un attentat ? Un tsunami ? Un volcan d’Auvergne qui se réveille ?
– Allez cherche… Mieux que ça.
– Il faut que je cogite, pour les faire chier ? Des cacas, des crottes, des bouses ? Une épidémie de gastro alliée à une pénurie de papier toilette ? Ah oui ! Une pluie de crottes de bique ! Pas mal… Un truc bien chiant et collant et puant !
– Et toi, en tant que Beau jour, tu prévois quoi ?
– 1ère idée, le beau temps ! Bof bof ! 2e idée ? Du bonheur, de la bonne humeur, de la joie, des sourires, des rires tout le temps et pour tout le monde. Alors, toi, Mauvais jour, reste au lit et ne fout pas la merde !
Le jour ne naît ni ne meurt. Ni bon, ni mauvais, ni noir, ni blanc, ni gris. Il n’existe pas. Le jour pour l’un est dans le même temps la nuit pour l’autre.
Question d’œil.
Quant à la jouissance du mal infligé…
Avant Sade, Molière donne le jour à Orgon qui donne le jour à Tartuffe pour faire enrager le monde, pour sa plus grande joie.
L’impuissance comme mode de domination.
Question de sexe.
Bonjour !
Sur le seuil d’un Jour naissant, Un
Mauvais Jour faisait grise mine.
« Dis donc, t’en fais une tête, hein ! »
S’exclama un Beau Jour en jean’s,
De prendre un essor, sur le point.
« Je ne sais plus quoi inventer
Pour tout le monde faire ch… ! »
Se lamente alors le revêche.
« Fais comme moi, mon vieux copain
Tu prends une bonne aspirine
Et tu oublies tout ce crachin,
Tout ce contre quoi tu rumines,
Et tu cesses ton gros boudin ! »
Mais le Mauvais Jour procrastine :
« Oh ! On verra cela demain !
D’idées noires, je dégouline… »
– Pour un Jour, ce n’est pas malin !
– Que veux-tu, j’aime la débine,
C’est ma coco, c’est ma morphine… !
-Allez, baisse un peu l’abat-Jour
Et retrempe à nouveau ta plume !
Pose sur ton bonheur-du-Jour
Une feuille sans amertume
Et inscris cet ordre du Jour :
Ne pas remettre au Jour prochain
Toutes les occasions coquines.
Balancer un coup de gourdin
Quand on voit se pointer le spleen !
Et choisir des propos badins !
Un contre-feu en contre-Jour
Des Jours noirs chassera l’écume.
Fais donc d’aujourd’hui un grand Jour !
Mets le bonheur à plein volume !
C’est facile comme Bonjour ! »
Et puis, le Beau Jour s’en alla
En sifflant un air d’opéra
Et tout en recoiffant sa mèche …
« Che gelida manina,
se la lasci riscaldar.
Cercar che giova?
Al buio non si trova… »
Mets le bonheur à plein volume !
pour l’obliger à changer de costume…
Sur le seuil d’un jour naissant, un Mauvais jour faisait grise mine. T’en fais une tête ! s’exclama un Beau jour sur le point de prendre son essor.
Je ne sais plus quoi inventer pour faire ch… le monde ! se lamenta le revêche.
Le Bon Dieu qui passait par là s’arrêta un instant pour les écouter dire. Question tendance, c’est vrai que le gris avait meilleure cote que le bleu ces temps-ci. J’ai bien pensé à faire repeindre les murs du paradis dans cette teinte, mais Saint-Pierre s’y oppose fermement. Quel emmerdeur celui-là ! Il vire mauvais jour, lui aussi. Faut dire qu’avec les charters qui débarquent sans discontinuer, il n’arrive plus à poser ses RTT. Pas étonnant qu’il pense sérieusement à prendre sa retraite. Sauf que je n’ai plus une thune pour combler ses espérances : Satan a raflé la mise ! Il nous a bien roulé le vieux bougre avec ses airs de mauvais ange. Je croyais le connaître, je ne me suis pas méfié. L’urgence c’était un afflux d’immigrés auquel on n’était pas préparés. Impossible de les refouler, mais trop c’est trop. Le paradis était devenu un camp retranché et j’avais beau multiplier les pains à tour de bras, on frôlait la cata. Les archanges nous ont pourtant donné un bon coup d’ailes et on a réquisitionné tous les saints, jusqu’aux plus récents canonisés, pleins de bonne volonté mais plutôt inefficaces. En définitive, le blues a fondu sur l’Eden et j’en ai entendu chuchoter qu’ils préféreraient redescendre sur terre, ambiance ! Pour les en dissuader, j’ai tout tenté : de garder le moral et le sourire ; puis de me fâcher quand j’ai vu qu’ils se foutaient de mes airs de bonté divine. Je leur ai montré ce que c’était en bas : la guerre, le nucléaire et les pesticides, les inondations, le dopage ; jusqu’à la politique. Peine perdue. J’arrive même plus à gérer la météo ! Je ne serais pas étonné qu’elle file en douce aux Açores rejoindre l’anticyclone qui s’y planque sous prétexte que les voyages sont devenus trop dangereux de nos jours ! Exit les allers et retours d’un hémisphère à l’autre. Du coup, au nord, ils se les gèlent et pour se réchauffer, ils s’agglutinent dans les stades ou défilent en gueulant dans les rues ! La chienlit.
Les deux jours continuaient à palabrer comme deux tourtereaux bataillant sur le choix du papier peint de leur nouveau loft. Regardant l’immensité, Dieu se dit que c’était peut-être le moment de partir faire un trek dans les étoiles. Juste pour avoir la paix.
Bon week-end, Christine
Le temps est à l’ennui
Et le ciel est si griste
Que pour se divertir
On espère la pluie.
L’ennui est l’ennemi
Des âmes embrumies
Monotonie d’eau vide
Où sombrent l’ardeur transi
des papillons gris.
Mais peut-on vaincre la pluie ?
L’ennui tombe sur l’ennui
Comme la pluie tombe sur la pluie
Mais peut-on éviter la pluie ?
Tromper l’ennui, tromper l’ennemi
A tout prix, avec l’envie
De renoncer à donner
Un sens à l’infini
Et se contenter
De regarder la pluie
Tomber