Etes-vous prêts à écrire sans ennuyer ?
Quand une personne vient finaliser un roman dans notre cabane dans les arbres, je lui demande invariablement ce qu’elle a écrit auparavant.
Neuf fois sur dix, elle me répond : « Rien, ou presque »
Cela m’étonne toujours.
Ecrire un roman est un grand dessein, un genre très complexe, le plus difficile à réussir. Cette entreprise, très consommatrice de temps et d’énergie, demande une grande imagination et un minimum d’entraînement.
Oui, d’entraînement.
Car, réfléchissons, qu’est-ce qu’un bon roman ?
C’est une histoire forte et originale, un dosage mêlant habillement le réel et l’inventé. Une fiction racontée au travers d’actions, de descriptions, de dialogues, de d’images, etc.
Avant de vous lancer dans cette belle mais exigeante aventure, êtes-vous sûr d’être capable d’écrire et d’inventer, sans risquer d’ennuyer et de décevoir vos lecteurs, un personnage auquel ils pourront s’identifier. Raconter une drague, un meurtre ou un viol ? Installer un climat ou une ambiance ? Décrire une rue, une ville, une demeure ? Développer un dialogue ou un monologue ? Camper brièvement une personne ? Souligner un trait de caractère ? Relater une situation érotique, etc. ?
C’est ce que nous ne manquerons pas de vérifier si vous décidez un jour de venir écrire en notre compagnie.
PS : Je viens de lire Le fils, un roman de Philipp Meyer publié chez Albin Michel. Un grand souffle de 670 pages. Impressionnant et captivant, à condition de supporter les tueries sans merci des 50 premières pages.
Un modèle pour comprendre ce qui fait le succès d’un roman.
Comment savoir si ce qui n’est pas ennuyeux pour nous, si les scènes que nous écrivons avec tant d’excitation, de plaisir voire de douleur, racontent la même chose à nos lecteurs ? Il n’y a qu’à faire l’analogie avec certains dîners entre amis, autour duquel se trouve toujours un « conteur », un homme ou une femme qui se plait à délivrer des récits, des anecdotes croustillantes, des détails effrayants… N’y en a-t’il pas toujours deux ou trois dans l’assemblée, si ce n’est l’assemblée entière, qui baillent ou discutent entre eux ? On est jamais sûrs de rien, hélas, si ce n’est que personne n’est susceptible de faire l’unanimité.
Bonne analogie Sylvie.
Cela dit, s’il est vrai qu’on ne peut jamais être sûr de rien, admettez qu’une personne qui sait rendre une histoire attrayante, de vive voix ou par écrit, a beaucoup plus de chance d’avoir une auditoire ou des lecteurs. C’est manifeste.
Jamais je n’aurais soupçonné avoir de l’imagination et pourtant dans la cabane tout devient possible.