Ecrire sur la plage : exercice inédit d’écriture créative 295

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C’était l’été sur une plage,
l’enfant avait apprivoisé un courant d’air,
il en était sûr.
Mais personne ne voulait le croire.
Jusqu’à ce…

 

15 réponses

  1. Christine Esnault dit :

    C’était l’été sur une plage, l’enfant avait apprivoisé un courant d’air, il en était sûr.
    Mais personne ne voulait le croire.
    Jusqu’à ce qu’un cerf-volant, pris dans un tourbillon ascendant, faillisse emporter une jeune et frêle estivante.

    C’était marée basse. Il se tenait les pieds dans le sable mouillé, presque vaseux, au bord de l’eau, à bonne distance du sable sec où la plupart des adultes prenaient soin de profiter de leurs vacances.
    Il observait le jeu des mouettes dans l’alizé, lorsque les cris de la pauvre petite l’alertèrent. Se retournant, il vit une fillette, un peu plus jeune que lui, qui se débattait seule aux commandes d’un immense cerf-volant représentant un dragon bleu et rouge crachant du feu.
    L’animal fabuleux, furieux et fumant de se trouver captif, cherchait à tout prix à s’envoler au loin, ignorant les pleurs de sa propriétaire. Profitant d’un vent favorable, il s’élançait vers le ciel et, aidé de quelques bourrasques errantes, était sur le point de s’évader, emportant l’innocente qui ne voulait lâcher prise. Comprenant la position critique de la jeune fille, le garçon s’adressa à son ami le courant d’air et lui demanda d’intervenir auprès des rafales insouciantes. Le rejeton d’Éole accepta le défi et aborda les turbulences folâtres avec la douceur et la caresse d’une brise d’été. Loin d’être insensibles à son charme, elles répondirent à son appel et filèrent avec lui souffler sous d’autres cieux. Pour le garçon, il n’y avait plus de doute! Il avait bien apprivoisé ce courant d’air!

    Il se dirigea en héros vers la jeune rescapée. Hélas, elle refusa de lui accorder le crédit de son sauvetage et commença par le prendre de haut.

    – «Tu dois te tromper! À aucun moment je n’ai perdu le contrôle de mon cerf-volant. Et jamais je ne pleure, tu sauras!», dit-elle fièrement.
    – «Tu sais, quand les vents s’en mêlent, ça peut être très difficile de lutter, même pour les meilleurs», dit le garçon pour amadouer l’effrontée. «En tout cas, tu as un beau cerf-volant.»
    – «Il est un peu sauvage, je l’avoue. Mais c’est quand même moi qui commande!»
    – «Je n’en doute pas! Ceci dit, c’est mon ami le courant d’air qui t’a sorti de ton mauvais pas en éloignant les tourbillons.»
    – «Ton ami le courant d’air! Ben voyons donc!»
    – «Tu ne me crois pas?»
    – «Non! Si c’est vrai, prouve-le!»
    – «D’accord! Que veux-tu que je lui demande de faire?»

    La jeune fille réfléchit tout en faisant atterrir son dragon de tissus, par précaution. Elle regarda vers la plage. Sur le sable blond, un étalage de corps: des blancs, des bruns, des rouges, étendus sur des serviettes multicolores ou assis sur des sièges pliants, certains à l’ombre d’un parasol, d’autres au grand soleil de juillet. Ils remontèrent ensemble jusqu’à la ligne de marée, marquée par une frontière d’algues séparant le sable sec de l’estran. Elle sourit et regarda le garçon en coin. Il paraissait si sûr de lui qu’elle commençait à vouloir y croire. Ce pourrait être follement drôle d’avoir un courant d’air espiègle comme ami!

    – «Bon! dit-elle. Je crois que ça fera l’affaire.»
    – «Quoi? Qu’est-ce que tu veux dire?»
    – «Si tu veux que je te croie, demande à ton courant d’air de venir s’amuser ici! Il y a tout ce qu’il faut pour une belle démonstration: du sable fin et léger, presque de la poussière; des parasols qui ne demandent qu’à s’envoler et… oh! Là-bas, sur la promenade, la jeune fille avec le grand chapeau et la jupe jaune! Pour elle, s’il te plait, je voudrais un traitement spécial: qu’il lui vole son chapeau et lui rabatte sa jupe sur la tête! Ce sera hilarant!»
    – «Ce n’est pas très gentil pour elle! Je ne sais pas si mon ami voudra. En tout cas, moi, je ne trouve pas que ce soit une bonne idée.»
    – «Je m’en doutais! Tu n’es qu’un menteur! Tant pis, j’aurais bien aimé pouvoir rire de ma grande sœur qui n’est qu’une chipie. Mais puisque tu n’as pas apprivoisé de courant d’air, je trouverai autre chose!»

    Décontenancé, le garçon hésitait. Il voulait prouver qu’il avait raison, qu’il ne mentait pas, mais pas de cette façon. L’idée de s’amuser des mésaventures des autres ne lui plaisait pas. En même temps, il imaginait la plage prise dans un tourbillon de sable que lui seul pourrait arrêter d’un geste ou d’un mot. Tous ceux qui ne l’avaient pas cru, s’étaient même moqués de lui parfois, sauraient et ne pourraient que reconnaître son pouvoir.
    Il résolut de consulter le principal intéressé: le courant d’air. Le fils du vent se moquait bien des humains et ne détestait pas s’amuser à leurs dépens. Pourtant, il s’était pris d’amitié pour ce garçon singulier et il lui importait de le rendre heureux. Il comprit son dilemme et décida d’y trouver remède, à sa façon.
    Il commença par tournoyer sur lui-même, face aux deux enfants. Il emportait dans sa danse un peu de sable qu’il faisait monter en spirale. Puis, il s’avança vers le garçon, le contourna pour décrire un cercle autour de lui, de plus en plus vite, jusqu’à l’isoler de ses semblables.
    Sur la plage, on s’étonnait de ce phénomène. On s’inquiétait, même!
    La jeune fille reculait, maintenant convaincue. Elle criait à qui voulait l’entendre: «Il a apprivoisé un courant d’air! Il a apprivoisé un courant d’air!»
    Les estivants, sortis de leur torpeur, contemplaient avec stupeur cette colonne de sable tourbillonnante au sommet de laquelle, soudain, apparut un garçon, ravi, qui semblait jouer à Superman.

    – «Attention! Écartez-vous, s’il vous plaît! Je vais par là!», indiqua-t-il en désignant la promenade qui surplombait la plage.
    La foule s’écartait devant lui, comme un rideau dans un courant d’air. Aux anges, il savourait ce moment où sa complicité avec le vent éclatait au grand jour. Qui, désormais, oserait douter de lui?
    Son ami aérien le déposa délicatement sur la voie piétonne qui dominait la mer. Il le remercia chaleureusement, considéra à ses pieds son public encore sous le choc de la révélation, puis se détourna, fier de lui et de son nouveau statut de superhéros, pour une sortie de scène digne et magistrale, à la hauteur de son exploit. Ce faisant, il se retrouva nez à nez avec une jeune fille aux grands yeux bleus, dans lesquels il faillit se noyer. Il reprit son souffle, prit du recul et reconnut la jeune fille au grand chapeau et à la jupe jaune qu’il avait refusé de laisser malmener. Elle lui sourit. Il balbutia. Elle lui tendit sa main. Il la prit. Ils s’éloignèrent, main dans la main, yeux dans les yeux, heureux. Un vent léger les suivait, faisant danser dans la lumière la poussière que soulevaient leurs pas.

  2. Michel ROBERT dit :

    C’était l’été sur une plage, l’enfant avait apprivoisé un courant d’air, il en était sûr. mais personne ne voulait le croire jusqu’à ce que quelqu’un l’écoute attentivement. Cet homme était habillé comme un prince. On les avait amenés ici je ne sais pour quelle raison. Les écrous s’étaient refermés, ils dormaient sur la paille. ils étaient vingt-sept derrière les grilles et un sentiment de sérénité régnait sur leur bonne foi. Ils alimentaient une conversation d’un autre âge. Ils s’organisaient dans leur précarité en se disant leur soucis et promettaient d’y remédier à leur sortie. Mais l’enfant avait deviné.
    « Il était tout petit
    Il était très sage
    N’avait pas d’appétit
    Au fond de sa cage ! »
    Le prince se trouvait en bonne compagnie, mais en ces lieux restreints, la promiscuité donnait quelque chose d’intime qui ne s’accordait pas avec le manque criant de confort. Petit à petit les confidences montèrent en inquiétude. Par ci par là, quelqu’un essayait de rassurer en avançant un argument qu’il ne pouvait étayer. Une jeune femme pleurait sur sa robe de soie bleu-roi qu’elle venait d’étrenner. on lui infligeait une peine qu’elle ne méritait pas. Elle ne se trouvait plus mariée qu’à un citoyen. L’enfant attentif se concentrait.
    « Et la révolution
    Avait fait des ravages
    La seule solution
    Etait cet adage ! »
    Le prince écoutait les doléances de chacun. Le bon sens français se reprendrait. Il ne s’agissait pas de politique mais de savoir vivre. Une nation raffinée ne pouvait terroriser son élite. En se désolidarisant du brouhaha ambiant, le prince se rapprocha de l’enfant. Il nomma un dépositaire des tourments pour atténuer la peine. En écrivant ils relancèrent leurs projets. L’enfant comprit l’espoir et l’accompagna. Son chant était mélodieux et le prince le reconnut. Il s’assied doucement près de l’enfant. Il remarqua qu’un courant d’air apportait des voix. L’enfant arrêta de chanter pour chuchoter à l’oreille du prince.
    – Par là, ils ont dit : « Les aristocrates à l’allant terne ! » C’est par là que nous devons partir. Nous devons leur montrer que nous ne sommes pas ternes, mais que nous sommes vivants. S’il y a un courant d’air, c’est qu’il y a une ouverture. Prince ! C’est par là que nous devons partir !

    C’est ainsi que l’enfant sauva vingt-six de ses amis et lui-même !

  3. swidou dit :

    la vérité, paraît-il, sort de la bouche des enfants.

    Pourtant il avait bien dit à sa mère de faire attention à son parasol car il avait senti un courant d’air.

    Et elle ne l’a pas prise au sérieux. Après tout, un gosse 4 de ans, comment ça pourrait anticiper un courant d’air mieux qu’un adulte. Elle continua donc de lire son magasine bien tranquillement.

    et le courant d’air que l’enfant avait prédit était réel et lui fit s’envoler son parasol très au loin, au point qu’elle ne le trouva plus au milieu de la foule.

    et bah pif, dans ta tronche « l’adulte », c’est moi qui avait raison et maintenant ton parasol est parti et tu risques de sérieux coups de soleil. Au moins la prochaine fois tu me prendra au sérieux.

  4. Isabelle Pierret dit :

    Un courant d’air
    C’était l’été, sur une plage, l’enfant avait apprivoisé un courant d’air, il en était sûr. Mais personne ne voulait le croire. Jusqu’à ce que ce petit zéphyr enfantin pousse son embarcation au delà de la mousse des vagues .
    Et il partait, il voguait, sautillant sur les crêtes, une à une, bravant les giclures, et à chaque soubresaut, redressant la ramure.
    Il était un marin fier et fort, bravant la tempête sur ce bord de plage, il irait très loin, de l’autres côté de la terre avec son courant d’air..
    Il avançait, la mer le portait, il naviguait comme un grand.
    Il pêcherait des poissons volants, il arriverait sur une île déserte, il chasserait des lions, construirait une cabane et se ferait plein d’amis.
    Ensemble, ils construiraient un avion, ils iraient dans le ciel, traverseraient des nuages 10 fois plus gros qu’eux, et reviendraient à la maison pour raconter cette aventure.
    C’était son secret, il le ferait, en était sûr…
    Quand sa maman le héla:
    – Viens, on va rentrer…
    – Maman…. Mon bateau est parti….et il va revenir.

  5. francoise dit :

    C’était l’été sur une plage,
    l’enfant avait apprivoisé un courant d’air,
    il en était sûr.
    Mais personne ne voulait le croire.
    Que pouvait-il faire pour les convaincre ?
    Il relut la mythologie grecque. Zeus, son héros, lui qui décidait du temps météorologique en fonction de son humeur : orages, tonnerre, foudre, pluie , N’y aurait-il pas un lien de parenté entre eux ? Et sa famille qui ne pouvait pas croire qu’il avait apprivoisé un courant d’air. Qu’elle relise donc la mythologie grecque.
    Le soir après avoir claqué la porte de la salle de séjour par un courant d’air, il déposa sur la table du salon, bien en vue, le livre « Zeus à la conquête de l’Olympe ».Celui-ci lui avait d’ailleurs été offert par ses parents pour le féliciter de ses bons résultats scolaires.Voudraient-ils tous enfin admettre sa nouvelle nature, moitié humain-moitié dieu ! D’un seul coup il y pense : n’est-ce-pas depuis qu’il a ce livre qu’il a apprivoisé ce courant d’air ? Mais oui il n’y avait aucun doute. Que faire pour les convaincre ?
    Soudain un violent orage éclata, les portes et fenêtres de la maison claquèrent, le vent s’engouffra à l’intérieur, les objets volèrent et son livre disparut dans la nature.
    Le calme revenu, la vie familiale reprit son cours et l’enfant, toujours un peu la tête dans les nuages, ne parla plus du courant d’air qu’il aurait apprivoisé.

  6. Clémence dit :

    C’était l’été sur une plage, l’enfant avait apprivoisé un courant d’air, il en était sûr.
    Mais personne ne voulait le croire. Jusqu’à ce…

    C’était un été, un été très particulier. Un été renversant. Mais de cela, personne ne s’en rendait compte…
    C’était une plage, une plage somptueuse. Océan turquoise, sable d’argent et cocotiers. Et de cela, tout le monde en rêvait…
    C’était un enfant, un enfant espiègle. Tignasse ébouriffée, peau mate et regard de braise. Il avait une imagination enviée de tous…

    Un courant d’air qui passait par là fut ravi par cet enfant et il se laissa apprivoiser. En douceur, comme l’écume qui barbote sur le sable, comme la barque qui s’échoue langoureusement, comme le cerf-volant qui dompte les airs….

    Un soir, l’enfant rentra chez lui, un sourire malicieux sur les lèvres.
    – Il est apprivoisé, mon courant d’air…
    – Ce n’est pas possible, un courant d’air ne s’apprivoise pas ! Lui répondirent ses parents en chœur…
    – Si, si, c’est ainsi…je l’ai apprivoisé !
    Ses parents haussèrent leurs paupières et lui firent de gros yeux. Ils étaient peu disposés à le croire.
    – Si, si…cria l’enfant.
    Il leva un doigt et un souffle déferla. Le sable vola, les cocotiers battirent des palmes, de gros rouleaux se formèrent à l’horizon.
    Gé-A et Eloé se regardèrent. La stupéfaction, l’étonnement et la peur les figèrent ….
    – Soit, dirent-ils… on veut bien essayer de te croire, mais promets que cela restera entre nous !
    L’enfant pencha la tête sur le côté et sourit.
    – Vous dites cela parce que vous ne me croyez pas ! Vous pensez que c’est le hasard! Vous êtes certains que j’invente comme tous les enfants….
    Il leva un doigt rageur et trépigna…
    Gé-A et Eloé le serrèrent dans leurs bras et murmurèrent…
    – Tout doux… tout doux… tout doucement….ça ira… ça ira….

    Les voisins arrivèrent en courant.
    – La tempête menace, le vent, les vagues, regardez… criaient-ils en tendant leurs bras vers l’horizon.
    – Tout doux…. Murmura Gé-A, ça va aller…dit-elle en caressant la chevelure de son enfant.

    Le silence se fit. Tout était tranquille. Jusqu’à ce que l’enfant entonne sa plainte…
    – Vous ne me croyez pas…vous ne me croyez pas….
    Il se sauva et courut vers le large.
    Ses parents le suivaient en hurlant…
    – Reviens, reviens… Nous te croyons, tu as apprivoisé un courant d’air. Tu l’as même appelé dans tes rêves… Tu répétais… Alice, Alice…
    L’enfant sauta dans les vagues. Il se retourna. Son visage d’ange était métamorphosé.
    – Trop tard, c’est trop tard… répétait-il en s’enfonçant dans les eaux.
    Les hurlements de Gé-Aa et Eloé crevèrent dans une marée de pleurs.
    Les rouleaux turquoise engloutirent la frêle silhouette.
    L’enfant quitta ce monde.
    El Niño se réveilla….

    © Clémence

  7. Michel ROBERT dit :

    C’était l’été sur une plage, l’enfant avait apprivoisé un courant d’air, il en était sûr. Mais personne ne voulait le croire jusqu’à ce qu’un ouragan pointe son nez à l’horizon.
    Les services météo des gardiens de plage n’avait rien noté de particulier. De son couffin, Pierre dodelinant la tête avant son petit somme de l’après-midi surveillait sa garde rapprochée à travers la délicate mousseline que maman avait achetée sur le marché de la Place Luton. La tutute neuve avait la gomme un peu dure. Il mâcherait ferme au début et puis les difficultés s’estomperaient petit à petit.

    « Je vais inscrire au-dessus de mon berceau : SURTOUT NE PAS JETER TUTUTE USEE ! Heureusement j’en ai une de rechange là à droite juste au-dessus de ma tête, se dit-il dans un soupir. Faut tout leur dire ! Ca va, tout est calme autour ! Papa est parti faire trempette ou avec sa planche à voile. Maman est en conversation avec le commerçant du dessous de notre location. Il est venu la relancer jusque sur la plage pour une histoire de consigne. Qu’est-ce qu’il nous embête avec sa bouteille ! Il n’a qu’à la faire recycler ! »

    Pierre entendait bien Kévin et Tony jouant du hula hoop, et qui, en faisant leur acrobatie se lançaient le frisbee.
     » Je suis content d’eux, ils progressent bien dans leur numéro. Demain je leur apprendrais un nouveau tour avec des cartes. Mais je suis inquiet, je n’entends pas les séditions de ma grande soeur de quatre ans Anne. Quelqu’un pourrait peut-être me renseigner ! Je me demande bien où elle est passée ! Je fais confiance à papounet et à maman chérie ! c’est les vacances et puis je l’ai autorisée à sortir sans me demander mais seulement si elle est avec moi.
    Quand on est bébé sur une plage avec plein de gens autour, il faut vraiment tout surveiller ! Les adultes sont incohérents parfois, ils donnent trop de choses à voir d’un seul coup. Le ciel ! Pourtant j’en ai vus des ciels mais celui-là il est vraiment trop beau ! Avec un peu de vert dedans je voguerais vers les îles ! Il est en haut, il m’attire. Ca doit être le bleu qui m’attire comme ça ! Et puis les cris des enfants donnent un relief vivant à cet azur. Les grands ne pensent pas à tout ça ! Ils s’amusent !
    J’ai passé un bon moment avec Anne hier, on a parlé pendant plus d’une heure. J’essayais de lui apprendre des mots mais elle est encore jeune ! Elle me répétait Areuh ! Areuh ! Mais qu’est-ce qu’elle attend pour se perfectionner ! Moi j’en suis déjà à x,y ! Le z je le garde pour la fin. A part azur pour le moment je ne vois pas d’autres mots… Ah ! si peut-être un autre ! Bon ! Je dors d’un oeil, du boulot m’attend après la sieste ! Et je prends l’autre tutute pour me relaxer. Combien de temps ? On verra bien ! Il va falloir encore que je m’occupe d’Anne, je crois deviner où elle est. Qu’est-ce qu’il y a après Areuh déjà ? Il y aurait bien argent mais je n’en ai pas Bah ! Allez ! On ferme les paupières !

    Le hula hoop et le frisbee en même temps, sur le sable, c’est très fatiguant. Maintenant Kévin et Tony jouaient au foot avec Justine une vieille copine de dix ans. « Tant qu’elle est avec eux, je peux dormir tranquille, ils ne feront pas de bêtises avant une heure une heure et demie. »
    _____
    – Tu es rentré tôt ! s’étonna maman chérie.
    – Oui ! J’ai vu l’ouragan se lever. J’ai mis la planche au garage et me v’là !
    – Quel ouragan ?
    – Tout à l’heure, tu n’as pas vu ? Il se dirigeait droit sur nous ! Là, il est parti sur les côtes anglaises.
    – J’ai pas fait attention. Mais il peut revenir ?
    – Non ! T’inquiète le Brexit a fait un appel d’air. Maintenant qu’ils on fermé la porte…
    – Comment ?
    « Il fait suer le papounet ! Il ne finit jamais ses phrases. Je l’ai vu l’ouragan moi. C’est tout petit un ouragan. Ils se sont inquiétés pour rien. C’est pas le Brexit qui l’a fait partir, c’est moi quand j’ai changé de tutute, j’ai soufflé et il est parti. Je vais lui expliquer à maman. »
    – Tiens ! Pierre se réveille !
    – Il a dormi longtemps ! Dit Papounet.
    « Mais ! Je n’ai pas dormi ! Je les surveille depuis tout à l’heure ! »
    Soudain le haut-parleur grésilla et s’empiergea dans un larsen pour ne dire que trois mots audibles.
    – La petite Anne… Et c’est tout ce que l’on entendit.
    « Je savais bien qu’elle aurait gagné ! Je suis curieux de savoir ! »
    – J’emmène Pierre avec moi, on va retrouvé Anne. J’ai vaguement entendu qu’on disait « Anne » au haut-parleur. On revient dans une demi-heure, dit papounet en me prenant dans ses bras.
    « Le podium ! En état de siège ! Le monde ! Impressionnant ! Et tous ces enfants qui crient pour recevoir des cadeaux !
    Et l’animateur qui fait du zèle (Tiens ! un mot en z !). Et moi qui cherchait Anne tout à l’heure, elle est là justement sur le podium ! Un jour ma soeur sera une vraie star ! Mais que fait-elle ici ? Je m’étonne ! On va avoir beaucoup de choses à se dire ! Heureusement ! Elle est avec la grande soeur de Justine ! Mais je préfère me taire, le speaker crie son vocabulaire de harangue ! »
    – Et voici Anne élue Miss Monde !… De la plage !
    Papounet était tout sourire.
    – Tiens ! Ma fille a été élue Miss Monde de la plage !
    « Mine de rien, je me suis rapproché, je voulais voir ma grande soeur de plus près ! Moi aussi je peux aller sur le podium ! »
    – Oui ! Monsieur ! Vous êtes le papa de la petite Anne sans doute ! Montez je vous en prie !
    « A quatre ans ! Pas mal ! Oh ! Je crois que je vais devoir aller aux toilettes ! Je viens de faire un petit gaz pas piqué des hannetons ! Allez papa, on rentre ! »
    Mais l’homme en blanc ne l’entendit pas de cette oreille, en échange du dernier cadeau, un gros nounours en peluche, il avait l’ultime question dans son sac.
    – Qu’est-ce qui est du vent et qui a la forme d’un brocoli ?
    « Surpris par l’odeur et par la question posée, papounet sut faire le rapprochement. Il me dit tout bas.
    – Un pet ! Tu connaissais la réponse avant la question, c’est un pet.
    – Oui ! Monsieur ! Plus fort ! Bien dans le micro !
    – UN PET !

  8. Jean-Pierre Peyrard dit :

    Ce qu’il aimait c’était la face 2 du disque, la plage du concerto pour deux trompettes.
    L’été, tout le monde allait nager au Lido. Lui, s’installait au sommet du triangle isocèle qu’il composait avec les deux enceintes acoustiques à trois voix, actionnait la télécommande et se laissait emporter par les airs apprivoisés de la fugue et du contrepoint.
    – Tu n’aimes pas la mer, Antonio ? lui demandaient ses copains.
    – Chacun sa plage, répondait-il.

  9. Smoreau dit :

    C’était l’été sur une plage,
    l’enfant avait apprivoisé un courant d’air, il en était sûr.
    Mais personne ne voulait le croire. Sauf sa grand-mère.
    Dès sa naissance, elle lui avait appris à parler aux nuages.
    Dès 3 mois, il chantait avec les papillons au-dessus de son berceau.
    Avant de devenir grand, il est facile de danser sur l’arc-en-ciel,
    De glisser sur la cime des arbres.
    On ouvre les yeux, très grands, on les « floute » un peu,
    On ne voit plus l’environnement et hop ! On se pelotonne dans un cumulus nimbus.
    Alors, cet été là, le petit garçon absorbé par son château de sable,
    facilement, avait demandé à un courant d’air qui passait par là de lever le pont levis. Les courants d’air adorent les enfants qui leur parlent. Sinon, ils s’ennuient.
    Le petit avait appelé sa grand-mère pour lui présenter son nouvel ami.
    Et tous trois se mirent à danser, à chanter et…
    Quelques instants, s’envolèrent au-dessus de la mère.

  10. Ourcqs dit :

    C’était l’été sur une plage,
    l’enfant avait apprivoisé un courant d’air,
    il en était sûr. Mais personne ne voulait le croire.
    Jusqu’à ce matin-là,

    ELLE courait sur la plage et l’avait reconnu. Il jouait avec ses cheveux, faisait frissonner sa peau bronzée. Elle lui confiait ses petits et grands soucis qu’il s’empressait d’éparpiller loin, plus loin sur les vagues. Elle se sentait tellement bien après ses escapades !! Son ballon rouge volait toujours plus haut que les autres, par tous les temps. Elle chantonnait pour lui, pour qu’il emmène son cerf-volant, en faisant de belles arabesques, et ce jour-là, il dessina des coeurs dans le ciel, une suite de petits coeurs .. Alors, on comprit l’importance de l’amitié …..

  11. Alexandre MP dit :

    L’été, l’enfant aimait se retirer dans la dune. La dune était sauvage et solitaire, alors que la plage était le lieu des gens, des habitudes, des jeux et des conversations mondaines. Non pas un lieu naturel, mais un lieu domestiqué, dont l’organisation était profondément réglée, soumise aux lois implacables d’une humanité métronomique. Ainsi, les groupes de gens se distribuaient sur la plage selon une loi mathématique, les amas de personnes étant espacés en moyenne d’une distance proportionnelle, d’une part, à la densité de vacanciers sur la plage à l’instant considéré et, d’autre part, à la distance par rapport aux points d’entrée. Tout cela était parfaitement calculable et prévisible. On pouvait également savoir ce qu’il se passerait selon le jour, l’heure, le temps qu’il faisait et le coefficient de marée. Si vous preniez par exemple un matin de début juillet par temps clair avec une légère brise : vous étiez statistiquement certain de croiser entre onze heures trente et douze heures quinze, dix-sept coureurs en moyenne, quatre couples de personnes âgées prenant un bain dans leurs peaux distendues – et l’inépuisable famille Quéromain, avec tous leurs Corentine et Marin. Mais si vous veniez un dimanche après-midi aux alentours du quinze août, vous saviez que vous auriez un ruban continu de serviettes le long des fils qui bordent la dune, serrées dans le petit espace de plage que la grande marée voulait bien laisser aux vacanciers. Vous pouviez même prévoir que vers la fin de l’après-midi, une ou deux vagues finiraient bien par surprendre un groupe d’adolescents endormis et emporteraient une casquette ou une espadrille, mouillant les serviettes et les corps. Et vous pouviez même prévoir les rires, automatiques en de telles circonstances.

    L’enfant, lui, aimait se retirer dans la dune. Il passait par un trou dans la palissade en bois quand personne ne l’observait. L’euphorbe et le pourpier l’accueillaient toujours avec bienveillance, les pins se faisaient suaves et caressants, les chênes verts espiègles et taquins. Le fantasque œillet des sables était de loin le compagnon le plus divertissant et, de temps en temps, un pipit promenait sa bedaine de propriétaire foncier sur le sable chaud. Les cheveux lâchés, l’enfant aimer galoper sur la dune profonde. L’enfant courait le plus vite qu’il pouvait, pour sentir le courant de l’air frais couler dans ses cheveux. L’enfant apprivoisait les courants d’air.
    Les rationalistes, qui régentaient la plage comme on administre des territoires occupés, étaient persuadés, eux, que les phénomènes naturels étaient entièrement calculables et prévisibles. Assis sur leurs serviettes, ils savaient sans l’ombre d’un doute que le vent n’est rien d’autre que le mouvement d’une masse d’air dans un gradient de température et de pression. Il étaient convaincus que la mécanique des fluides pouvait en droit rendre compte des mouvements d’air les plus complexes, volutes, tourbillons, récessions et autres phénomènes modélisables. Pour eux, tout était question de puissance de calcul.
    Mais l’enfant savait qu’il n’en était rien. L’air est un être que l’on ne comprend qu’en le laissant susurrer sa vérité dans l’intimité d’une cavalcade. L’air est un être dont on ne saisit la nature qu’en courant. Pour apprivoiser un courant d’air, il faut savoir se laisser gagner par lui, obtenir sa confiance, ne pas le brusquer, ne lui imposer aucune logique et partager simplement la griserie pure de la vitesse. Qui n’a pas ri avec un courant d’air ne peut prétendre le connaître. L’enfant savait tout cela et il aimait ses courants d’airs, car il les comprenait.

    Et puis, un jour, il y eut une tempête gigantomachique. Elle déracina les pins, déplaça la dune, froissa les euphorbes, aplatit les noisetiers. De mémoire de rationaliste, on n’avait jamais rien vu de tel – mais il faut dire que la mémoire n’est pas le point fort des rationalistes. Quand les choses se furent un peu calmées et que les cohortes d’assureurs et de juristes avaient déjà commencé à sortir leurs machines à calculer, l’enfant s’échappa de nouveau sur la dune et courut de nouveau dans le vent. Il interrogea l’air : pourquoi tant de violence ? pourquoi cette lutte à vouloir terrasser des Titans ? Et dans un souffle subtil, l’air répondit qu’il avait été mis en colère par les êtres humains, qui ont tant maltraité toutes ces choses que leur raison les empêche de comprendre. Alors l’enfant courut, courut encore, toute la journée, toute la nuit. A l’aube, il rejoignit la nue.

  12. Nadine de Berbardy dit :

    C’était l’été,sur une plage,une enfant avait apprivoisé un courant d’air,elle en était sûre mais personne ne voulait la croire. Jusqu’à ce que ,lassée d’être , au mieux, traitée de rêveuse,au pire de menteuse, Alizée décida de larguer les amarres en se fabriquant une montgolfière et de d’élever dans les airs avec l’aide de son petit ami,au nez et à la barbe de tous ces sceptiques, dont les cousins venus passer leurs vacances dans la grande maison de mamie Nanou,en Bretagne.
    Il lui fallut beaucoup de temps et de patience,ce fût tâche ardue car elle devait se cacher de tous, afin de ne pas être raillée ni découragée dans son entreprise. De plus elle avait une date butoir pour s’envoler : le jour de ses dix ans!
    Pendant ce temps, son courant d’air était tapi au calme entre le remise à bateaux et l’abri de jardin.
    Elle profita des compétences de son voisin ,un vieil Ardéchois d’Annonay, monsieur Dumas, qui avait grandi dans une fabrique de montgolfières dont son père était directeur.Il lui fournit l’osier pour la nacelle,elle chaparda de la soie dans le grenier de Nanou,le système d’allumage fut commandé sur Amazone à l’adresse du complice d’Alizée.
    Ne la voyant plus venir à la plage, ses cousins la taquinaient :
     » T’as un amoureux ma vieille ?
    – Non, je travaille,j’ai besoin de calme répondait-elle évasivement
    – C’est ton courant d’air qui te retient ?.
    Elle laissait dire,s’enfermait avec monsieur Dumas pour élaborer son rêve.Plus que huit jours,la machine était là,élégante,légère,ses sacs de sable attachés à la bonne place, attendant juste quelques finitions.
    L’enfant ne dormait plus,son contremaître était fébrile, mais au matin du 26 août, à 9h17 ,devant toute la famille réunie sur la terrasse pour le petit déjeuner,Alizée,poussée par son cher courant d’air,passa au dessus de leurs têtes levées vers sa magnifique montgolfière blanche et bleu.
    Elle leur fit un petit signe altier, telle Elizabeth 2 dans son carrosse.
    Les bouches béèrent de stupéfaction,monsieur Dumas, les yeux humides, agitait son grand mouchoir tandis qu’elle s’élevait lentement vers les nues,entendant :
    « Alizée, arrête, revient on te croit,Aliz……

    • Peggy dit :

      Très belle histoire Nadine ! J’ai beaucoup aimé. Je suis sûre que Pascal va rire s’il lit mon commentaire en disant « ça ne m’étonne pas » !! Et oui je suis midinette. Bonnes vacances

  13. durand dit :

    C’était l’été sur une plage, l’enfant avait apprivoisé un courant d’air, il en était sûr.
    Mais personne ne voulait le croire.
    Pourtant, il profitait toujours des mêmes circonstances.

    Ces parents fermaient les yeux de fatigue, ils s’endormaient, plombés sous le soleil.
    Lui, il se déplaçait comme il pouvait. Peu à peu, il parvenait au bord de la serviette. Déjà il avait escaladé le grand bateau bleu posé sur le tissu. Jusqu’en haut du mât.

    Des yeux, du nez, il explorait alors au-delà les dunes du désert. Les grains du sable n’étaient pas bons, il le savait. Il leur crachait dessus. A ce jour, ne connaissant que le sucre il supportait mal les énergies salines lui piquant les yeux, la langue, la peau. Une minuscule brise lui caressait les chevilles. Elle l’encourageait à soulever une pierre blanche, arrondie et poudreuse. Là non plus, ce n’était pas du sucre glace. Il apprenait peu à peu à prospecter d’abord avec les mains. Même si parfois ça piquait.

    Justement dérangée, une colonie de bestioles noires s’attaquait à son pied. Il ne connaissait pas. Au début ça chatouillait. Mais ça ne s’arrêtait pas comme une mère, ça courait partout, ça s’introduisait sans rien demander, ça agaçait. Ca vous enseignait un premier massacre. Maladroit mais têtu.

    C’est lui qui explorait le monde. Le contraire n’était pas possible. Ca ne tenait pas debout.
    Lui non plus d’ailleurs.

    Il se traîna jusqu’au sac, en sortit un râteau rouge.
    C’était le sien celui l’aidant à construire des autoroutes vers la ligne d’horizon. Une mince trace grise avec parfois une crème légère. Ca excitait sa gourmandise. Mais la frontière s’éloignait quand il tentait de s’en approcher. A moins que ce ne soit les grandes silhouettes, là-bas la repoussant de leurs balais. Parfois les filets se soulevaient. Ils brillaient de minuscules étoiles papillonnant dans la lumière. Pourtant, il en était sûr, rien là-dedans ne pouvait voler, ou alors sous l’eau.

    C’était bien de se fixer des certitudes. Ca poussait vers l’avant, au-delà du maigre repli familial.

    Il savait exactement où aller trop loin. Le temps de l’aventure écoulé, il lui intimait l’ordre de le ramener à bon port. Il ne craignait rien du courant d’air. Le reconnaissait à ce qu’il n’était jamais tiède. Petit coup de fouet glacé ou tendre caresse chaleureuse, c’était le signe du retour et il le maîtrisait.

    Allongé le dos sur la serviette, il attendait que ses parents émergent de l’oubli momentané.

    Il fixait dans le ciel les boules de coton, choisissait les plus grosses pour soigner rapidement les petits bobos du voyage.

  14. laurence noyer dit :

    La voix du vent
    caresse le sable
    et inlassable
    entonne son chant.
    Sur cette plage
    l’enfant capture
    cet air augure
    né d’un mirage.
    Il en dépose
    une bonne dose
    en provision
    dans ses poumons.
    Et d’une bouffée,
    le restitue
    dans la voilure
    de son voilier.

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