307e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

ombre
Depuis qu’elle s’en était aperçue, elle ne pensait plus qu’à ça. Son ombre dessinait sur le sol des instruments de musique. Tantôt un saxo, tantôt un piano, parfois un harmonica

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19 réponses

  1. Françoise - Gare du Nord dit :

    Depuis qu’elle s’en était aperçue, elle ne pensait plus qu’à ça. Son ombre dessinait sur le sol des instruments de musique. Tantôt un saxo, tantôt un piano, parfois un harmonica.

    Elle s’était rendu compte également que cela variait selon son humeur, son état général et parfois même l’actualité.

    Si elle avait des flatulences, c’était l’ombre d’un un instrument à vent qui se dessinait : clarinette ou saxophone selon leur intensité ou leur fréquence

    Le 14 juillet, c’était un instrument à percussion, un accordéon ou un tambour selon ce qui vibrait le plus fort en elle de sa fibre patriotique ou de sa fierté de voir défiler l’armée française tandis que sa ferveur religieuse enflammée faisait apparaître un harmonium ou les grandes orgues selon le montant de la quête

    Lorsqu’une battue était organisée, c’étaient une trompe de chasse ou un cor en fonction de l’animal poursuivi – l’éléphant ou le vulgaire gibier de nos forêts

    Quand elle tombait amoureuse, vibrant de tout son être heureuse d’avoir fait une touche, c’était forcément un instrument à clavier : un piano si elle était frappée ou un clavecin si elle en pinçait

    Lors de chaque prise de poids, ses anches s’épaississaient et elle figurait en contrebasse tandis que ses origines celtes faisaient ressortir un biniou ou une cornemuse.

    Sa vie à Manhattan lui pesait : sa haute stature – 46 mètres – lui donnait le vertige ; se tenir toujours debout, le bras gauche perpétuellement levé brandissant une torche enflammée lui occasionnait des varices, le bras droit portant une tablette lui provoquait des crampes.

    La môme vert-de-gris chercha le responsable de ses tourments, cette entité taquine ou/et manipulatrice cherchait c’était certain, à la rendre folle. Elle ne contrôlait rien et son ombre comme sa vie lui échappaient.

    Les bras lui en tombaient parfois et elle craignait de finir comme la Vénus de Milo, l’amputée du Louvre ; ou de perdre la tête comme l’autre star du musée parisien, la Samothrace victorieuse.

    Comme elle était aussi éclairée qu’éclairante, elle devina enfin de qui il s’agissait : l’Astre suprême, le Feu sublime, la Lumière souveraine, le Conquérant de l’Ombre, le Triomphateur des ténèbres, le Pourvoyeur de vitamine D, le Doreur des épidermes européens qui, jaloux de ses prérogatives, n’acceptait pas de la savoir qualifiée « éclairant le monde ».

  2. Anne-Marie dit :

    Elle danse, danse… au son d’une musique qu’elle seule entend. Elle danse et se dessinent sur le sol les ombres d’un saxo, puis d’un piano. Ils apparaissent, disparaissent au fur et à mesure de ses pas. Qui impose le rythme ? Son corps ou le saxo, ou les quelques accords du piano, dont les touches s’impriment, blanches et noires sur le bitume gris, et frappent les esprits. Soudain, elle entend un harmonica… étrange… l’ombre en est plus lointaine… elle ne possède pas cette ombre-là ! L’harmonica swingue, comme une moustache sur un sourire. Il l’intrigue. Il l’attire. Elle ne peut arrêter de danser, la foule la regarde, médusée par l’ombre du saxo qui se meut en cadence, à ses pieds. Elle lève le regard, cherche où est l’harmonica. Il poursuit sa sérénade, tantôt proche, tantôt lointaine, telle un murmure, puis telle un appel, strident, poignant. Soudain elle l’aperçoit, fugitivement. Mue par un indicible attrait, à pas jetés, elle fend la foule, surprise. Elle l’entend, à nouveau, un peu plus loin, là-bas… mais où ? Elle avance, esquisse quelques pas de côté, sur les pointes. Son tutu s’ébouriffe. Les notes aigues de l’harmonica agissent comme un aimant. Est-elle la seule à l’entendre ? Elle scrute les visages, à la recherche d’un signe… Mais, la musique de l’harmonica s’éloigne, le « piano forte » domine, le saxo le relaie, comme une plainte. Son corps se plie puis, de nouveau, elle entend la complainte de l’harmonica. Elle se redresse. Après quelques entrechats, elle prend son élan, un grand jeté arrière la porte, plus loin. Elle le voit ! Un beau jeune homme, élégant, moustachu. Sous son chapeau, il la dévore des yeux. D’un saut de chat, elle approche, se cabre, et avant qu’il ait pu bouger, elle l’enlace…

    ©ammk – 25/10/2016

  3. françoise dit :

    Depuis qu’elle s’en était aperçue, elle ne pensait plus qu’à ça. Son ombre dessinait sur le sol des instruments de musique. Tantôt un saxo, tantôt un piano, parfois un harmonica.Elle avait l’impression que s’ils se mettaient à jouer des notes ce serait un vrai tintamarre dont elle ne sortirait pas indemne.
    Elle avait fui son couvent où elle était aspirante nonne depuis trois ans, juste avant de prononcer ses vœux, car elle était tombée amoureuse de l’organiste qui officiait à la messe dominicale . Tout çà c’était la faute de la mère supérieure qui l’avait chargée de tourner les pages de ses partitions lorsqu’il jouait. Jamais jusqu’ici elle n’était entrée dans une telle communion avec un homme. Il faut dire qu’il était jeune, beau et qu’il jouait divinement de l’orgue Après tout, c’était peut-être le dessein de l’Eternel qui s’accomplissait comme il est dit dans la bible….mais comment savoir ?
    Soudain, elle l’aperçut venant vers elle à pas pressés . Etait-ce un signe du Seigneur ? Elle était tellement émue qu’elle tomba dans les pommes, les instruments , sur lesquels elle était tombée, entonnèrent un allegretto de Ludwig Beethoven.
    Et c’est ainsi que naquit une idylle entre eux.
    Cà fait trente ans de cela. Ils ont eu de nombreux enfants ce qui leur a permis de créer un orchestre de renommée mondiale.
    Les voies du Seigneur sont impénétrables…..

  4. AB dit :

    L’été avait laissé sa place à l’automne.
    Dans ma salle à pleuvoir,
    j’attendais que la pluie vienne.
    Qu’une averse de mots se précipite sur la page.
    Que mon roman-fleuve…

    Je l’appelais « ma salle à pleuvoir » depuis presque 6 ans, car il pleuvait toujours des larmes sur mon visage et dans mon cœur lorsque j’entrais dans ce petit espace en lieu de salon bibliothèque, chez moi.
    La fenêtre donnait sur un parc merveilleux où les arbres depuis longtemps étaient devenus mes confidents. Sur eux passaient la couleur des saisons et sur moi l’abandon de mon âme.
    Il pleuvait toujours des larmes sur mon visage et dans mon cœur et c’est ainsi que le dernier jour de l’été, dès 7 heures du matin, je m’étais assis dans ma salle à pleuvoir, là, par terre sur le tapis bleu, brodé de roses qui ne fanaient jamais que, appuyé le dos au mur, j’admirais la photo de ma femme, face à moi, posée à côté du livre qu’elle avait préféré. Ici, plus qu’ailleurs, Il me plaisait de me rappeler ses fous-rires et ses baisers parfumés.
    Alors que le ciel avec rapidité n’en finissait pas de noircir, je me pris à fouiller les rayonnages de la bibliothèque et à me saisir d’un livre -ouvrage qui m’appartenait, sorte d’étui à exercices d’écritures qui dormait depuis si longtemps. Je repris ma position initiale, cette fois, calé sur un coussin moelleux. Je n’avais rien d’autre à faire, comme souvent, qu’à laisser aller mes sentiments et attendre la pluie qui ne serait tarder.
    Il était déjà treize heures quand je découvris à l’intérieur de ce livre à entraînements, un cahier assez épais que j’avais oublié et qui, tel un boomerang vint me sauter aux tripes. Une chaleur subite me réchauffa et me rappela combien j’avais travaillé sur ce petit roman dont je désirai non pas en faire une édition mais un souvenir pour mes enfants. Au fil des pages que je relisais, le temps passait et la pluie s’annonçait de plus en plus. Je vis au gré de ma lecture qu’il ne manquait en fait, que le dernier chapitre pour clore mon histoire. Je me rappelais qu’à cette époque, une série de douloureux problèmes s’enchaînant comme des maillons super huilés s’étaient produits dans ma vie et que j’avais rangé ce travail qui, pour moi représentait le témoin de l’amour que je vouais à ma petite famille. Je verrai plus tard m’étais-je dit. Mais ce plus tard, je ne savais pas alors, que, ce serait sans eux, sans elle.
    L’orage éclatait au dehors mais je l’avais laissé entrer à l’intérieur de moi. Un déluge qui déferlait dans ma tête. La nuit était arrivée sans que j’en eusse pris garde. Je m’étais seulement muni d’un stylo et continuais tel un torrent à déferler la vague de sentiments qui, depuis si longtemps contenue, dévalait de mots que je jetais sur les lignes comme des bouées à la mer. Je les écrivais, les lisais, tantôt à voix haute, tantôt en les susurrant. Je les décortiquais ou les ravalaient s’ils me brûlaient. L’amour de ma vie s’en était allé pour toujours et je n’avais pas su lui dire assez que, je l’aimais comme un fou. Alors, ce soir j’écrivais encore et encore jusqu’à l’usure, jusqu’à me perdre et croire à sa présence encore. Rien plus ne m’arrêtais, ni les phrases construites à l’emportée mais expertes et vraies, ni les mots aussi douloureux et amoureux soient-ils. Je lui parlais, je la ressuscitais et à travers les pages et les pages que je noircissais, je me guérissais en laissant couler le fleuve de douleurs qui dégoulinait de moi.
    Minuit avait depuis bien longtemps déjà, sonné. Je ne m’étais ni assoupi, ni je n’avais mangé. Je m’étais contenté de finir l’ouvrage depuis si longtemps commencé et je m’émerveillais d’avoir pu enfin le terminer. Il était plein de mots. Plein de peines que le fleuve du temps commençait enfin à nettoyer.
    J’entendis quelques gouttes à l’extérieur qui clopaient, juste à peine, l’orage avait passé et la douleur se faisait plus douce comme le bonheur qui reviendrait peut-être, un jour.

  5. AB dit :

    « Quelle chance » !
    Elle avait été choisie « Elle » et cela lui laissait une drôle d’impression. Elle se rappelait, ils étaient deux maestros mais, c’était elle qui avait été retenue. Elle, devant l’autre qui était à ses yeux le Maître. Cependant, sa jeunesse, la légèreté avec laquelle elle transformait sa baguette en un instrument de magie lui avait valu d’être la première. C’était elle qui prendrait place devant le grand orchestre de la ville de Lyon à l’opéra. Elle ne pensait plus qu’à cela depuis et l’unique image qui s’imposait à ses yeux dès son réveil était sa baguette, le pupitre et surtout les musiciens pour lesquels elle ne connaissait aucuns visages. Comment s’en sortirait-elle ? Pourtant, les juges l’avaient choisie.
    Evidemment, toutes ces années d’études musicales, ces innombrables heures de répétition où parfois ses mains n’étaient plus que des brûlures, ses milliers de soirées où elle n’avait rendez-vous qu’avec sa musique, elle le reconnaissait. Elle le validait. Oui, elle devait y croire, elle méritait aussi la première place. Alors pourquoi, cette incertitude ? Ce manque de confiance ? Cette peur épouvantable ?
    Depuis qu’elle s’en était aperçue, elle ne pensait plus qu’à ça. Son ombre dessinait sur le sol des instruments de musique. Tantôt un violon, tantôt un piano, parfois un harmonica.
    Elle n’en pouvait plus. Ce matin et hier également, en disant bonjour à Madame Lenoir, petite dame extravagante aux jambes fuselées dont la taille était toujours maintenue serrée de telle façon que ses hanches en ressortaient démesurées et bien elle n’ait pu s’empêcher l’imaginer en un violon que l’on aurait mis à l’envers et d’accompagner son bonjour d’un petit « Madame Violon…. » Heu, pardon, Madame Lenoir! Plus loin encore, son boucher qui venait de l’accueillir de son sourire jovial aux mâchoires proéminentes d’éclater de rire en lui imaginant un harmonica géant dans la bouche comme les caricatures…. Non, non et non cela suffisait. Elle devait se ressaisir. Elle était plus que capable pour assurer. Elle se le répétait encore et encore, rien n’y faisait.
    Le jour tant attendu enfin, arriva. A l’opéra de Lyon, le parterre et ses six balcons disposés en cascade qui l’avaient époustouflée quelques temps auparavant lors de sa visite, lui sembla plus chaleureux encore. Les personnes assises l’applaudissaient en amont à son entrée. Enfin, seule devant les musiciens, elle prit sa baguette en main, tapa sur le pupitre. Le geste était sûr, loin de ses hésitations honteuses qu’elle avait eues. Elle les regarda, il n’y avait plus qu’eux, elle et la musique qui s’envola magistralement.

  6. Héloïse de la Sablonnière dit :

    Depuis qu’elle s’en était aperçue, elle ne pensait plus qu’à ça. Son ombre dessinait sur le sol des instruments de musique. Tantôt un saxo, tantôt un piano, parfois un harmonica…

    Elle le cachait, ne voulant que personne ne voit ça. C’était son secret, le montrer était contre sa foi.

    Elle l’avait découvert à ses dix ans.

    Un soir, plus précisément celui de son dixième anniversaire de naissance, elle était entrée dans sa chambre en allumant la lumière. Elle avait alors faillis hurler. Son ombre avait la forme d’un saxophone et il jouait une douce mélodie. Paniquée, un œil sur son ombre l’autre sur son reflet dans le miroir, elle constata que son apparence n’avait pas changée.

    — Mélodie! avait appelé sa mère. Ferme la lumière! C’est l’heure de dormir!

    — Oui maman! avait-elle répondu.

    Elle avait maintenant seize ans. Elle s’était habituée à ses capacités et était désormais capable de les contrôler. En arrivant à l’école elle se joignit à un groupe d’élève qui discutaient.

    — Qu’est-ce que vous allez faire au gala de fin d’année? demanda une jeune fille. Moi je vais danser.

    — Moi aussi! répondirent en chœur huit filles.

    — Moi je joue du piano! s’exclama Anna, la meilleure amie de Mélodie.

    — Wow! Trop bien! Tu es super bonne! s’exclamèrent quelques élèves.

    — Et toi Mélodie? demanda Sophie. Tu vas faire quelque chose?

    — Je vais peut-être chanter, répondit-elle.

    — Ah, dirent les élèves avec indifférence.

    — Mais vous savez que moi je vais faire du violon?! s’exclama un garçon

    — Super! répondirent les élèves…

    Mais mélodie était déjà partie.

    Ce soir là, elle rentra chez elle, comme, à l’habitude. Elle alla dans sa chambre et s’assit en tailleur sur le lit. Son ombre se changea en guitare et elle se mis à léviter. Sa voix s’éleva, à l’honneur de son nom, douce et mélodieuse.

    «Toujours plus

    Mon don se développe

    Et m’enveloppe

    Telle Uranus

    Une planète oubliée

    Restant cachée

    Dans l’ombre de ses soeurs

    Ravalant ses pleurs.

    Moi aussi

    Jeune femme oubliée

    Restant cachée

    Ici

    Comme Uranus…»

    C’était son air préféré, si doux, si mélancolique et triste, réflettant comment elle se sentait.

    Une harpe se joignit alors à sa guitare. Mais cette harpe ne provenait pas d’elle. Ce doux sons fut bientôt suivit d’un violon. Puis, deux voix sélevèrent, grave et mélodieuse. Une de celle-ci était masculine et l’autre féminine.

    Véroniqua et Mathieu, ses parents, entrèrent, en chantant, avec leurs ombres, respectivement la harpe et le violon.

    «Parfoi je dois

    Ébranler ma foi

    Chanter à trois

    Est moins triste qu’à sois

    Telle Uranus, Saturne et Mercure

    Nous sommes oubliés

    Restant cachés

    Dans l’ombres de nos semblable

    Sans être affable

    Cela finira

    Cela me tuera

    C’est si prévisible

    Lorsqu’on est la cible

    De l’amour

    Comme toujours

    Pour toujours…»

    Elle se jeta dans les bras de ses parents.

    — Vous êtes comme moi! Je croyais être seule! Avec vous Je pourrez mieux le supporter! J’ai tellement rêvé, que vous aussi ayés, ces… capacités!

    — On l’a remarqué dans ta chanson, lui dit doucement sa mère.

    — Elle est très belle, rachérit son père.

    — Mais… comment avez-vous pu la connaître, les paroles…

    Véroniqua et Mathieu échangèrent un regard complice.

    — La partition était affiché en haut de ta tête, ma chérie, répondit son père.

    — Quoi?!

    — c’est une autre de nos capacités, ma chouette, expliqua sa mère.

    — Oh!

    Et c’est ainsi qu’ils jouèrent de la musique tous ensemble, à trois. Les chansons devenant de plus en plus joyeuse.

  7. Michel ROBERT dit :

    Depuis qu’elle s’en était aperçue, elle ne pensait qu’à ça, son ombre dessinait sur le sol des instruments de musique, tantôt un saxo, tantôt un piano, parfois un harmonica… Pour elle, c’était naturel. Elle n’avait pas encore l’âge de se poser des questions saugrenues. Ces reflets d’elle-même faisaient partie de son univers. Elle en jouait avec Doudou, il était son chef d’orchestre. Chaque jour, elle procédait aux répétitions dans sa chambre avec lui au milieu de la scène. Elle attendait qu’il soit prêt : « un, deux, trois ! » il donnait l’ordre. Elle pouvait commencer son tour de chant. La production ne durait jamais bien longtemps, mais elle était très efficace. « Bravo ! criait Aline en applaudissant très fort.
    – Aline ! Viens que je te coiffe !
    – Attends maman, je suis en train de chanter.
    – Tu chanteras après, ma chérie. On doit aller faire les courses toutes les deux.
    – Non ! J’ai pas fini.
    Maria ravie écoutait les airs de sa fille qu’elle n’avait entendus nulle part ailleurs. Elle s’en émerveillait. Ses litanies lui donnaient un sentiment de sérénité qu’il fallait bien interrompre par nécessité.
    – On chantera dans la voiture, lui disait Maria en compensation.
    – Oui ! J’arrive, mais Doudou vient avec nous, répondait Aline.
    De retour à la maison, Doudou n’était plus d’accord, on avait interrompu son exercice. Il boudait dans son coin. « Pas commode le Doudou, il avait son caractère ! »
    – Ne fais pas la tête Doudou, aide-moi plutôt à trouver un nouvel air ! lui disait Aline avec autorité. Allez !
    Réconforté par les intonations d’Aline, Doudou souriait de nouveau. Son inspiration s’en trouvait stimulée. Le spectacle pouvait continuer.
    Un jour, en se promenant dans le jardin, Aline entendit des airs venant des bâtiments militaires, au loin. Elle accompagna la musique que le vent modulait en omettant les graves. Seule, une douce mélodie leur parvenait. Doudou assis sur la chaise s’éveilla. Une joie sérieuse s’empara de lui. Il se dressa d’un bond, prit sa baguette, tapa sur la table. De son regard, il incita l’attention sur lui. « Un, deux, trois ! ». Tous les instruments devaient le suivre. Ce n’était pas une injonction mais une invitation. Personne ne put déroger. Etonnée, Aline le regarda. Elle comprit qu’il n’était pas là que pour la contrarier mais pour avancer comme elle, sur la voie normale de son épanouissement. Le soleil lui envoyait une fleur comme un déclic ! L’émotion qu’elle partagea avec Doudou dura longtemps. A la fin de la représentation, elle l’allongea sur son bras, la tête dans le creux de sa main. Elle prit un fétu de paille, en fit un archet.
    – Allez Doudou tu es mon violon maintenant !
    La passion d’Aline était née.

  8. Une nuit de pleine lune naquit un enfant dans la petite ville de…
    Ses premiers vagissements imitèrent le chant des oiseaux, un don initié par un coucou qui passait par là le jour de sa naissance et qui salua son arrivée.
    A l’age de cinq ans, victime d’une insomnie, il alluma la lumière de sa chambre et s’aperçut que son ombre sur le mur dessinait la boite à musique qui l’endormait tous les soirs. Il en remonta délicatement le mécanisme et se replongea dans un sommeil profond jusqu’au lendemain.
    C’est ainsi qu’il se découvrit un don.
    Les nuits qui suivirent il s’entraîna à prendre la forme de son piano mécanique puis très vite maitrisa parfaitement l’orgue de barbarie. Ses gouts musicaux s’affinaient et il se perfectionnait dans son art. L’ombre sur le mur se faisait plus docile, plus élastique, en même temps que le son, auparavant balbutiant, devenait plus virtuose.
    C’était tantôt un saxo, tantôt un piano, parfois un harmonica… Et bientôt il ne pensa plus qu’à ça. Il pouvait prendre n’importe quelle forme au gré de sa volonté : le son qui en sortait était confondant d’authenticité. Et il jouait de tous ces instruments à la perfection.
    Il se fit donc marchand, marchand d’ombres chinoises d’instruments de musique. Et il louait ses services à qui avait envie d’apprendre à jouer. Il prenait la position adéquate et son ombre devenait alors, instantanément, l’instrument révé par le client.
    Il se produisait aussi dans des concerts et devint un soliste réputé.
    Au summum de sa gloire il fut promu homme orchestre et pouvait jouer une symphonie à lui tout seul, en empruntant successivement toutes les voix.
    Cependant, une période de sa vie fut difficile : il souffrit d’une grave dépression, suite à un trouble de personnalité, pendant laquelle son ombre ne lui obéit plus : elle s’obstinait à contrarier ses désirs et à prendre une autre forme que celle demandée. Au summum de la crise,elle lui répondait en se transformant en flûte, illustrant ainsi à sa façon son ras le bol et son opposition systématique à la volonté de son maître.
    Vers la fin de sa vie il fut atteint d’une maladie dégénérative qui lui fit perdre la mémoire et le bon sens. Il devint alors cloche et finit par attraper le bourdon. Il eut cependant la maigre consolation de sonner le glas le jour de sa mort.
    Et quand les croque-morts arrivèrent pour récupérer le corps, ils ne trouvèrent dans le lit qu’une petite caisse de bois creuse et vide. Son ombre sur le mur imitait un violon. Mais ce violon-là était incapable d’émettre le moindre son. Car son âme, elle, s’était définitivement envolée.

  9. Hélène Macedo dit :

    Depuis qu’elle s’en était aperçu, elle ne pensait plus qu’à ça. Son ombre dessinait sur le sol des instruments de musique. Tantôt un saxo, tantôt un piano, parfois un harmonica. Elle se plaçait sous différents angles par rapport à la lumière mais elle dut l’admettre, sa véritable silhouette avait disparu.
    N’osant plus sortir pour ne pas attirer l’attention sur sa difformité, et ne pas révéler cette découverte miraculeuse, elle passait ses journées enfermée dans sa chambre. Rapidement, elle décida d’accepter sa nouvelle condition et s’en amusa même, en jouant avec son corps pour déformer les instruments. Puisqu’on lui avait donné cette tare, autant essayer d’en faire quelque chose…
    C’est au cours de ces expérimentations qu’elle découvrit que les instruments changeaient en fonction de l’endroit où elle se trouvait. Ainsi, le piano apparaissait près de la commode et l’harmonica dans le petit placard. La contrebasse avait besoin d’espace, c’est au centre de la pièce qu’elle avait trouvé sa place. Et tous les recoins étaient dédiés à un instrument différent…
    Mais que faire avec ce violon, cette harpe ? Elle aurait pu essayer d’en jouer bien qu’elle ne fut pas musicienne mais dans l’univers de ses ombres, elle n’avait pas de main. C’est alors qu’elle eut l’idée d’utiliser des accessoires. A sa grande surprise, la règle graduée apparut dans l’ombre du violon. Perplexe, elle tenta une approche qui produisit un effet immédiat : une mélodie extraordinaire retentit ! Surexcitée, elle conçut rapidement une main avec de la pâte à modeler et alla s’essayer à la harpe. Le résultat fut tout aussi somptueux.
    Dans une frénésie proche de l’hystérie, elle allait et venait, d’un instrument à l’autre, produisant des sons angéliques qui se combinaient à merveille lorsque sa rapidité suivait assidûment le rythme. Une véritable symphonie ! Transportée par la musique, l’authentique bonheur s’était emparé d’elle.
    Mais le bonheur est éphémère… Le concert fut interrompu :
    « Ondine ! A table, viens vite, ça va être froid ».
    Ondine mit sur pause ; Mozart attendrait bien un peu avant de reproduire l’enchantement…

  10. saheb dit :

    Depuis quelques jours, des partitions et des tessitures lui éblouissaient la vue, pianissimo.
    De faibles notes mélodieuses,lui caressaient l’ouïe, allegretto.
    Elle fredonnait malgré elle des airs inconnus, adagio.
    Des refrains aux flaveurs enchanteresses.
    Tous ses sens se mirent à suivre le tempo!
    Un bouleversement sonore se mit à tambouriner dans tout son etre!
    Affolée par cette cadence involontairement obligato.
    Elle tenta une échappée pour méditer dans l’obscurité de ses questionnements…..
    Dans la pénombre de la pièce son ombre dessinait sur le sol des instruments de musique, tantôt un saxo, tantôt un violon et parfois un harmonica.
    Mazette! Que m’arrive-t-il? Se dit-elle allegreto d’une voix trémolo.
    La clé de sol lui ouvrit la porte de l’imaginaire et de la douceur de la

  11. Clémence dit :

    Depuis qu’elle s’en était aperçue, elle ne pensait plus qu’à ça. Son ombre dessinait sur le sol des instruments de musique. Tantôt un saxo, tantôt un piano, parfois un harmonica ….

    Automne et tapis d’or. Table recouverte de velours damassé rouge.
    Elle étaient là depuis le matin. Elles attendaient patiemment.

    De temps à autre, la marchande semblait sortir de sa léthargie. Elle resserrait son écharpe autour de son cou, toussotait et entonnait d’une voix fluette :
    – Mandoline, mandoline, achetez mes mandolines….

    Une pierre en aurait eu le cœur fendu si le ciel n’eut encore été aussi doux.
    – Mandoline, mandoline, achetez mes mandolines…

    Un souvenir traversa mon esprit : La Petite marchande d’allumettes….

    Je m’avançai et saluai la marchande. Un sourire lumineux me répondit.
    – Elles sont belles, vos mandolines, lui-dis-je…
    – Effectivement, belles et simples à la fois…
    – Puis-je ?
    – Je vous en prie !
    Je sortis mes lunettes de vue et me saisis de la première. Elle était légère et brillait sous les rayons dorés du soleil.
    – Elle est belle, n’est-ce pas ?
    – Oui. Quel est votre prix ?
    – Oh, je ne suis pas gourmande par rapport aux services qu’elle vous rendra !
    – Votre prix est le mien. J’achète, dis-je.
    Je fis glisser la lanière de mon sac. Je plongeais une main dedans pour saisir mon porte-feuille et, en même temps, je déposai la mandoline sur la table. Une seconde de distraction suffit pour que je me fasse méchamment écorcher le doigt. Je portai ma main à ma bouche.
    – Je suis désolée, me dit la marchande, mais je ne sais pas ce qui arrive à mes mandolines. Elles ont dû apercevoir quelque chose… je ne sais pas quoi, mais elles ne semblent plus que penser à ça. Elles ont la tête ailleurs…
    – Voulez-vous que je mène une petite enquête ? Très discrète, je vous le promets….
    – S’il vous plaît….mais….
    – Ne vous tracassez pas, je serai très discrète et je ne vous demanderai aucune rémunération….

    Je pris mon paquet, emballé avec mille précautions et continuai mes déambulations dans les allées du marché.
    – Je m’arrêtai à quelques pas d’un étal et observai discrètement. Je crus rêver lorsque j’entendis une douce mélodie s’échapper de mon paquet.
    – «  La ci darem la mano… »
    – Là bas, nous nous tiendrons par la main ? …je ne comprends pas….
    – … Ma come vedi
    – Vraiment, je ne te comprends pas….
    – Regarde, là…tu vois… de la rondeur, comme le saxo, la trompette ou le cor, de la droiture comme les touches du piano, des longueurs comme les archets et les cordes…
    – Je commence à comprendre.
    – Andiamo, j’ai encore autre chose à te faire voir… par là….Mon paquet tirait vers la gauche…

    J’arrivai devant un étal et j’en restai bouche bée . Des mandolines de toutes les couleurs ! Un arc-en-ciel, un feu d’artifices de mandolines…
    – Tu comprends maintenant…je … nous… nous ne pensons plus qu’à ça. Nous ne voulons plus d’une fonctionnalité simple et sobre. Nous voulons de la créativité, de l’audace, de la flamboyance !
    Nous voulons ressembler à ces mandolines aux mille couleurs, à ces mandolines aux trente-huit lames….Tu imagines ! Composer une symphonie pour carottes et chou rouge. Un concerto pour concombres et courgettes. Une sonate pour aubergines et tomates, une polyphonie pour radis, pâtisson et potiron, un opéra pour…

    Éblouie par cette envolée musico-culinaire, je m’en retournai auprès de la petite marchande….
    – Alors, me dit-elle, en haussant les sourcils…
    – Alors… il suffirait juste d’une petite mise-en scène : une estrade, une baguette, quelques strapontins et …un orchestre de fruits et légumes.
    Et vos mandolines ne penserons plus qu’à ça….

    © Clémence.

  12. laurence noyer dit :

    Requiem
    C’est un cimetière extraordinaire
    (Elle ne pense que ça, depuis qu’elle l’a vu).
    A cet endroit, cachés sous la terre
    Se reposent enfin, les instruments disparus.

    Leur placement est bien identique
    à celui d’un orchestre symphonique.
    Du côté gauche, sommeillent les violons
    face à la stature figée des altos.

    Chaque section a sa propre tombe
    et sur chacune d’elle figure l’effigie
    de l’instrument qui, ci-gît.
    Et les stèles au sol allongent leurs ombres.

    Dans ce cimetière extraordinaire
    (Elle ne pense qu’à ça, depuis qu’elle l’a vu)
    Lui est venue l’idée peu ordinaire
    De jouer in-situ, un impromptu.

    Baguette en main, elle n’eut qu’un geste à faire
    pour qu’un murmure se dérobe à la terre.
    Piano, saxo, dans un dernier mouvement
    Interprétèrent leur propre enterrement.

  13. Dolorès dit :

    Depuis qu’il s’en est aperçu,
    Il ne pensait plus qu’à ça.
    Son ombre dessinait sur le sol
    Des instruments de musique.

    Tantôt un saxo.
    Tantôt un piano.
    Parfois un harmonica.
    Jamais une grosse caisse.

    Qu’est-ce cet énergumène
    Qu’on mène à la baguette ?

    Ni un chef boulanger.
    Ni un chef d’orchestre.
    Parfois un peu plus que rien.
    Jamais un magicien.

    Encore moins un musicien.
    Et, pourtant…

    Une grand’mère harmonium.
    Une mère violoniste.
    Un père trompettiste.
    Une sœur violoncelliste.

    Une musique ensoleillée.
    Pas d’ombre pour eux.

    Et, pourtant…
    Ils ignoraient la tendresse.
    Encore moins l’amour.

    Sauf, Lui.

    Il pissait sur les partitions.
    Il vomissait les notes de musiques,
    Les dièses, les bémols et les silences.
    Il hurlait à la mort.

    Lui, il n’était que le chien.
    Celui qu’on a éduqué
    A coups de triques.

    Ils ont fini par le tuer.
    Comme on tue
    L’Ane à coup de figues.

  14. Nadine de Bernardy dit :

    Depuis qu’elle s’en était rendu compte,elle ne pensait plus qu’à ça.Son ombre dessinait sur le Sol des instruments de musique.Tantôt un saxo,tantôt un piano,parfois un harmonica.

    Do rénavant, elle s’en faisait le serment
    Re glementairement, elle ne marcherait plus qu’à l’ombre
    Mi litant pour conserver sa personnalité,
    Fa milière et intrinsèque,plus d’ombre sur le
    Sol qui ne fut point elle
    La Clé – de – Fa mit son écharpe , ses gants et jura que
    Si jamais elle voyait encore un de ces maudits instruments
    Do rénavant, elle s’en faisait le serment,elle se mettrait hors de portée.

  15. Amaia dit :

    Depuis qu’elle s’en était aperçue, elle ne pensait plus qu’à ça. Son ombre dessinait sur le sol des instruments de musique. Tantôt un saxo, tantôt un piano, parfois un harmonica… Ou même une trompette.
    Les sons se dessinaient peu à peu dans son esprit, les notes dansaient et l’hypnotisaient. Elle ne pouvait s’empêcher de donner le rythme avec son pied droit, de balancer ses bras au son de la mélodie. Elle entendait le chant au loin, d’abord faible, puis de plus en plus fort. Il résonnait dans son crâne à lui en faire mal. Elle devait écrire, elle devait composer !
    Une plainte mélancolique au violon, quelques paroles étouffées, comme un écho… Soudain, une trompette se déchaînant, un saxophone sensuel qui lui répondait… Puis l’harmonica féerique, timide mais caractériel.
    Le violon reprenait son solo, il la faisait trembler. Vite, vite ! Elle devait se dépêcher de coucher la musique sur le papier, ou l’inspiration s’en irait… à jamais.

  16. durand dit :

    Depuis qu’elle s’en était aperçue, elle ne pensait plus qu’à ça. Son ombre dessinait sur le sol des instruments de musique. Tantôt un saxo, tantôt un piano, parfois un harmonica.

    En chacun de nous sommeille quelque chose d’opaque, songeait ‘elle. Une large zone dans laquelle elle ne souhaitait pas sombrer.

    On ne pouvait vivre éternellement à l’ombre de soi-même!

    Elle chercha donc, autour d’elle à quelle situation correspondait chaque instrument.

    Ce petit vieux, recroquevillé sur son lit, aphone de ce côté-là n’avait-il pas besoin d’un petit air de sax ?

    Et la grand-mère, cloîtrée dans son fauteuil n’espérait ‘elle pas encore une montée dans les gammes, une improvisation sur le clavier de son dos ?

    Le jeune couple, là, sur l’estrade, attendait l’air entraînant, le souffle de leur harmonie, capable de les faire danser, même sur un banc public.

    Elle se montrait de plus en plus attentive, prête à explorer les corps de tout l’orchestre.

    Elle fit chanter le premier violon pour une alouette, la contrebasse pour un chanteur russe sur le déclin.

    La clarinette pour une fermière et ses canards.

    La petite flûte pour un apprenti boulanger.

    Le trombone pour un fonctionnaire de troisième zone, un gradé des coulisses.

    Le soir, lui revenaient les ombres du silence.

    Elle n’avait rien à proposer aux condamnés à mort, en cellule, en fond de tranchée, en bord du gouffre du suicide, les estropiés de la vie, les entassés sous les bombes, sous les crachats du ciel…que même tous ces petits cœurs, boîtes à musique écrasées par une grand paume d’inadvertance, celle de l’immense excuse des toujours plus gros pour les trop maigres.

    Un nouveau solfège restait à inventer. Aller au-delà des partitions partisanes, des blanches et des noires, au moins un triple décrochement, une autre portée…pour une autre mélodie.

    Pour éviter la brusque frappe du maillet sur le fond de casserole du gong.

  17. Zeller dit :

    Elle avait remarqué que le piano apparaissait quand elle était triste et que ses pas martelaient lourdement le sol. Elle détestait son ombre, elle se sentait obèse et faisait tout pour éviter les zones exposées au soleil. Le saxo était plus rare, signe de bonheur, quand elle était habitée d’une mélodie allègre, qu’elle aimait la vie. L’harmonica se faisait extrêmement rare, c’était ces moments où la tension était forte, le travail épuisant, les journées impitoyables. Elle se sentait minuscule et aurait aimé disparaître sous le parquet. Elle était musicienne, harpiste, c’était normal que son ombre soit à l’unisson avec ses talents musicaux. Ça la tracassait tout de même. Elle avait pense aller voir son médecin. Comment lui decrire sa maladie. Il la croirait folle, lui prescrirait des anxiolytiques, l’enverrait chez un psychiatre. Elle n’en parlait à personne ni à son fiancé, ni à ses parents. Elle vivait avec l’espoir que son ombre un jour redeviendrait normale. Les semaines passaient sans aucun changement. Elle guettait chaque apparition d’ombre derrière elle. Elle évitait le soleil, marchait côté ombre, elle devenait anxieuse, craintive et un soir son fiancé lui demanda la raison de ses continuelles ruminations, de cette étrange habitude de toujours se cacher, de choisir l’obscurité plutôt que le soleil, de refuser de sortir certains jours alors qu’il faisait beau… elle semblait s’enterrer et lui voulait vivre. Elle comprit que c’en était finit de leur grand amour. Le lendemain elle n’en crut’pas ses yeux son ombre la suivait, normale, elle en pleurait.

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