Duhamel et la bicyclette qui roule toute seule


Tandis que tant d’autres se démènent pour obtenir leur retraite à 60 ans, Alain Duhamel, 85 ans, a décidé de mettre la pédale douce. « Après avoir bossé douze heures par jour depuis ses 20 ans. Ça va me faire bizarre », dit-il.
Moi aussi, Alain. Nous étions habitués à vous voir à chaque coin des médias. Diction très cool, érudition garantie et facilité pour trouver la formule qui pique ou qui titille. On va vous regretter.
Sa carrière ressemble à un livre d’Histoire : il a commencé dans les années 1960, puis coanimé des émissions télé devenues historiques : À armes égales, Cartes sur table, L’heure de vérité, 100 minutes pour convaincre. On se souvient aussi de ses participations majeures aux débats présidentiels, notamment ceux restés célèbres, comme celui de 1974 entre Giscard d’Estaing et Mitterrand, et celui de 1995 entre Chirac et Jospin.

Mais, derrière l’homme des médias, il y avait aussi le quidam au Solex, » La bicyclette qui roule toute seule »
Oui, vous avez bien lu. Longtemps, Alain Duhamel s’est déplacé dans Paris sur ce drôle de cyclomoteur à galet, le Solex. Un engin aussi têtu qu’une réforme des retraites.
On se rendait chez le même réparateur, en haut du Boul-Mich. Il m’arriva plusieurs fois d’échanger avec lui, pendant que nos Solex se refaisaient une santé mécanique dans le petit atelier-boutique. Alain Duhamel était simple, affable, pas du tout imbu de sa notoriété. Comme quoi on peut tutoyer les présidents et discuter de bougies, de pneus crevés et de Solexine.
Nous avions un autre point commun : le goût de la transmission. Lui par ses chroniques et ses ouvrages, moi par mes interventions régulières au CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journalistes), cette école qui a vu passer tant de plumes. C’est là aussi, dans ces espaces de formation, que j’ai mesuré à quel point Alain Duhamel a influencé des générations de journalistes, par son exigence intellectuelle, autant que par sa constance.
Alors, même si cette retraite ne sera sans doute pas totale, on ne l’imagine pas rester éloigné trop longtemps des plateaux ou des tribunes. Mais, c’est bien une page du journalisme politique français qui se tourne, une voix familière qui va se faire plus rare.
Bonne route, Alain. Et bonne balade à Solex, si jamais l’envie vous reprend.
Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : association.entre2lettre@gmail.com
Alain Duhamel et le Solex, quel duo !
Le Solex me ramène dans mon enfance. Notre voisine, une ravissante jeune femme, prénommée Monique, partait à son travail en Solex. Elle s’envolait, sa jupe, ses cheveux…
Lorsqu’elle revenait, elle déposait son solex contre le mur de la maison, je regardais cet engin auquel je ne comprenais rien et qui me fascinait.
Elle avait aussi deux enfants, Marie-Claude et Jean-Yves avec qui je jouais les jeudis après-midi.
Alain Duhamel, c’est un peu plus tard, lorsque la télévision est arrivée dans mon adolescence . Je trouvais ce journaliste épatant, bien au-dessus des autres avec de la classe.
« Tout le monde a eu un Solex. Si à 50 ans on n’a jamais roulé en Solex, c’est qu’on a raté sa vie ». Je ne sais plus quel homme politique (qu’il a dû interviewer) a dit ça… 🙂
Merci Pascal pour l’anecdote.
Le Solex… souvenir d’une jeunesse qui s’est effilochée avec le temps… Alain Duhamel fait partie de ses personnes qui ont du mal à décrocher… comme Michel Drucker d’ailleurs.
Mais pour certains d’entre nous, ne sommes-nous pas également de la même trempe, parce que nous avons des difficultés à nous passer de notre passion pour l’écriture…
Merci Monsieur Alain Duhamel, c’était un plaisir de vous écouter. Bonne retraite et bien à vous.
Oups… mal relu… de ces personnes.
Joli souvenir Pascal 🙂
Une belle rencontre ; de celle qu’on n’oublie pas. Qui laisse en nous une empreinte forte, pénétrante. Parce qu’au delà de nos fonctions, de la notoriété, ce n’est pas l’égo qui parle… mais l’âme.
Il y a les rencontres chez le garagiste mais aussi celles angoissantes où on échange des propos inquiets avec celui qui passe avant chez le spécialiste… Celles où on hurle chez le » merlan » pendant qu’il nous trace soigneusement la raie dans le milieu. On pourrait penser que c’est un endroit calme mais pas du tout à cause des séchoirs on crie pour passer au dessus du vent. En fait la vie n’est faite que de rencontres plus ou moins honorifiques. Quand je rentrais vers minuit après les représentations au théâtre de Caen j’ avais l’habitude de retrouver ‘mes ‘ camionneurs toujours les mêmes qui m’ attendaient à la première station service sur l’autoroute qui nous ramènait à Paris. Eux en tenue de route moi en robe longue. A chacun son bleu de chauffe ! Ils m’ appelaient la violoneuse et me demandaient si j’avais bien tirer sur la ficelle ! Des fois que j’aurais eu la tête enflée, ça vous la remettait bien a l’endroit ! C’est un petit café que je n’aurais raté pour rien au monde car avec eux qui écoutaient le radio toute la journée j’ avais leurs impressions sur les actualités et ça valait le détour ! Bonne route à Monsieur Duhamel. Et a la tienne Pascal.🐭
Je me souviens, quand j’étais enfant, le solex, un vélomoteur qui a gardé sa jeunesse. Le soir un homme en bleu de travail revenait des ateliers du chemin de fer. Il passait devant notre maison. Juste au niveau de la fenêtre l’homme coupait le moteur, le galet n’entrainant plus la roue, le véhicule continuait sa route en roue libre jusqu’à sa maison. Tous les soirs, j’en faisais un jeu de le guetter. Selon s’il y avait du vent il coupait avant ou après la fenêtre…
Longue vie à Monsieur Duhamel ! Qu’il suive sa route en roue libre !
bonjour à vous Michel Denis
votre souvenir m’a ramenée quelques décennies en arrière. Mon père, cheminot, est allé très longtemps aux ateliers des chemins de fer en vélo et bleu de travail, puis ,un jour, il a acheté un SOLEX !!!
Merveille des merveilles et nous avions, les enfants, le droit de rouler sans effort autour de la place à toute la vitesse du magique engin.
Il revient à la mode d’ailleurs pour les nostalgiques
Bonjour Nadine,
Posséder un solex, dans les années 60/70, c’était plus qu’un luxe, c’était une fierté.
Le moteur ne faisait pas de bruit, c’était discret ! La grande classe !