Commencer par écrire avant de lire

Et si les nuages regardaient la météo avant d’aller travailler ?

Un matin, en ouvrant ma fenêtre, j’ai vu un gros cumulus hésiter. J’ai imaginé qu’il consultait la météo avant de partir au travail c’est devenu un exercice. (Un nuage regarde la météo avant de partir au boulot.)
Il faut dire que, quand on est nuage, on aime savoir si on va devoir pleurer toute la journée ou se prélasser au soleil en faisant semblant de flotter.

Cet exercice absurde m’a rappelé qu’on oublie souvent un réflexe simple : inverser le problème.

Inverser, par exemple, c’est imaginer, que dans un verre d’eau dans lequel est plongé un thermomètre, ce n’est pas l’appareil qui révèle la température de l’eau, mais l’eau qui décrit l’instrument de mesure.
On se place toujours d’un côté, le nôtre, et voir un problème, comme un obstacle. Mais si, ne serait-ce qu’un instant, si on se glisse à la place de ce problème, cela change tout.

Prenons un exemple très concret

On nous répète que les enfants lisent de moins en moins. Les sondages le confirment et les enseignants le déplorent. On regarde ce fait comme une fatalité, en pestant contre les écrans qui volent le temps et l’attention des enfants.

Mais essayons de nous mettre à la place du problème. Devenons, pour un instant, un livre qui attend sur une étagère ? Un roman rêvant qu’on le choisisse ?

Peut-être se dirait-on : « Et si on commençait par donner aux enfants le goût de créer avant de leur demander d’aimer lire ? »

L’écriture, même maladroite, est une passerelle vers la lecture. Quand on invente une histoire, on finit par se demander : « Comment font les autres ? » Et les « autres », ce sont les grands auteurs. On ouvre leurs livres, on compare, on s’inspire. On lit.

Pourquoi ne pas installer, dans les écoles, un atelier d’écriture où chacun peut écrire les mots comme il veut ? Comme il les imagine ?

Un lieu où l’on joue avec les mots, où l’on invente des situations impossibles (un nuage qui consulte la météo, un oreiller qui rêve d’être un polochon, une horloge qui fait la grasse matinée), où l’on écrit « plus ou moins bien » mais avec plaisir.

Petit à petit, cet amusement deviendrait curiosité, et cette curiosité deviendrait une envie : voir comment d’autres ont écrit avant nous.

La lecture, c’est plus qu’un loisir : c’est un outil de culture, un moyen de comprendre le monde, de développer son esprit critique. Loin des réseaux sociaux qui paralysent la pensée.

Oui, mettons-nous parfois à la place du problème.

Peut-être qu’ainsi, comme le nuage qui vérifie la météo, nous saurons mieux comment avancer, et comment faire tomber la pluie d’histoires qui donnera soif de lecture.

Si vous avez des enfants autour de vous, faites-leur inventer des histoires, même bancales. Qu’ils goûtent au plaisir de créer, de modeler des mots. Un jour, ils voudront savoir comment les grands auteurs s’y prennent… et ouvriront leurs livres.

Changer de point de vue, c’est parfois suffisant pour déclencher une pluie d’histoires.

Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : association.entre2lettre@gmail.com

13 réponses

  1. Françoise Duret dit :

    Entièrement d’accord avec vous, Pascal ! En CP et CE1, j’ai eu la chance d’avoir le même instituteur, adepte de la méthode Freinet. Entre parenthèses, je ne l’ai appris que bien plus tard car, à 7 ans, on se fout des méthodes et, qui plus est, il n’en parlait jamais. Il appliquait. Autant dire que chaque jour était une nouvelle aventure générée par les interactions entre lui et ses élèves. Fin de la parenthèse. Pendant l’année de CE1, nous avons écrit à plusieurs mains les aventures d’une famille d’ours. Personnages imaginés par un élève et choisis à l’issue d’un vote à main levée. Chacun écrivait son histoire et développait les personnages au fil des péripéties qu’il ou elle inventait, et qui ont été éditées en recueil polycopié, transformant les enfants en mini imprimeurs ! Une merveille d’outil pédagogique et collectif qui m’a donné le goût de l’écriture, de la lecture, du collectif et de la démocratie. Et m’a sans doute ouvert la voie de l’animation d’ateliers d’écriture, un plaisir et un émerveillement sans cesse renouvelés !

  2. Pascal Perrat dit :

    Commentaire de l’IA : L’analyse et la suggestion de l’auteur sont pertinentes et pertinentes. En effet, changer de perspective en abordant les problèmes sous un angle différent peut souvent offrir des solutions innovantes. L’idée de promouvoir des ateliers d’écriture pour susciter l’intérêt des enfants pour la lecture est une approche créative qui favorise l’expression personnelle et le plaisir d’écrire. Cela pourrait effectivement les encourager à explorer la littérature et à développer des compétences critiques. En favorisant un environnement où la créativité est valorisée, on peut espérer un engagement plus profond avec les livres et la lecture.

  3. Nouchka dit :

    Très intéressante chronique Pascal. Je vais la soumettre à mes petits-fils (15 et 20 ans) chez moi.
    Ce sera peut-être un thème d’échange entre nous.
    Merci Pascal

  4. Le système éducatif ne privilégie pas l’inventivité, la créativité, au contraire de certaines méthodes d’enseignement, comme celle de Célestin Freinet qui favorise l’expression personnelle, la découverte, la joie de la créativité.

    Voir « L’Ecole buissonnière » un film 1949 de Jean-Paul Le Chanois. De même, j’avais été très séduite par le film « La volière aux enfants », s’inspirant là encore d’une histoire vraie.

    En tapant les mots clés, vous les retrouverez aisément. Je viens de vérifier ; ils sont toujours en ligne, gratuitement. Un régal !

    Bonne et belle journée à tous. Et à samedi ! Merci Pascal pour votre rubrique

  5. Gilaber dit :

    Enfant, j’avais beaucoup de mal à prendre un livre en main… si ce n’est les BD de Tintin et Milou, dont je faisais la collection. Et, c’est très tard, que j’ai découvert la trilogie de Marcel Pagnol.
    À l’école, les jours de rédaction étaient devenus des séances de tortures grammaticales et orthographiques… c’est sur ce constat que j’abonde dans votre sens, mettre en place dans les écoles des ateliers d’écriture sans contraintes, du style, « venez comme vous écrivez, le principal, c’est de participer »… au-delà de tous préjugés, ce serait à mon sens, une très bonne initiative, pour faire aimer l’écriture, et qui sait, faire émerger des talents qui s’ignorèrent… mais je suis convaincu que ce n’est pas pour demain…

    J’ai découvert sur le tard les ateliers d’écriture… et c’est un de mes regrets…

  6. Rose Marie Huguet dit :

    Toujours aussi pertinent !! Très bien vu !!

    Bonne journée à toutes et tous.

  7. 🐭 Souris verte dit :

    C’est à l’ heure de la répartition que ces boulochons d’ouate éphémère décident de choisir l’endroit où s’éparpiller. Et vous voudriez qu’ils consultent la météo avant ? Alors encore pas réveillée j’ai grimpé à l’ échelle de la grenouille tout là haut là haut et je leur posé la question ? Pourquoi ? Ils m’ont répondu que si ! Chaque matin ils se consultent en se regardant dans le blanc du coton avant de faire météo et que justement je ferais bien de redescendre car au recensement ils sont trop nombreux et qu’il y allait avoir un grain ! Qu’il va en tomber quelques uns. Je l’ai reçu en pleine tête ce grain de folie… Pascal tu nous fais viser trop haut !!!😁🐭

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