Avez-vous rencontré le personnage fort qui…
Je pose parfois cette question aux auteurs venus parfaire le premier jet d’un roman en ma compagnie :
– Combien de fois, dans votre vie, avez-vous rencontré le personnage fort qui pourrait tenir le premier rôle dans la prochaine histoire que vous avez envie d’écrire ?
Que ce soit dans votre famille, parmi vos amis ou lors de vos pérégrinations ?
Pas vraiment, répondent la plupart. S’ils se prêtaient à ce test de créativité où il s’agit de trouver six moyens d’utiliser une bicyclette dans un appartement, ils trouveraient des idées plus ou moins originales, mais ne penseraient ou ne se permettraient pas, comme 98% de gens, de la démonter, tel Picasso avec sa célèbre tête de vachette.
Ayez le réflexe Picasso avec les personnes au caractère, comportement ou physique atypique dont vous croisez le chemin.
Permettez-vous de les morceler. De prendre une caractéristique à l’un pour l’associer à un signe distinctif de l’autre. De ne retenir qu’un trait particulier pour le mixer avec d’autres.
Comme un réalisateur de film, ne conservez que les bons plans en pensant à ce que vous voulez raconter et montrer. Laisser vous guider par votre créativité.
Robert Litteell, un auteur américain qui écrit * « à la Chandler » affirmait dernièrement lors d’une interview : « La locomotive d’un livre, ce n’est pas l’histoire, mais un personnage »
« Je commence avec les personnages, ensuite je trouve une histoire et après je trouve les lieux »
* Une belle saloperie, Edition Baker Street
Si vous voulez adopter la façon de faire de Robert Litteell, donnez une forte personnalité à votre personnage principal. Les personnages « mous » ne sont pas très attractifs pour les lecteurs.
Il faut qu’il ait un nom facile à retenir.
Un trait physique qui le caractérise.
Des attitudes particulières.
Une manie, un tic ou une habitude.
Une façon de s’exprimer.
Un vocabulaire.
Mais ne le décrivez pas minutieusement, suggérez-le plutôt. De façon à ce qu’il prenne vie dans l’esprit des lecteurs.
Ce sont eux qui lui donneront vie.
Cette une bonne idée, je vais la tester sans tarder. Mais je ne suis pas sûr du résultat
L’idée du personnage fort m’interpelle, d’autant que je suis en train d’en créer un principal et d’autres, autour. Merci pour toutes ces infos judicieuses.
Avez-vous travaillé ce regard aussi bien aiguisé et cette imagination qui galope ? Je vous admire.
Cela me rappelle la phrase de Sylvie Germain dans son essai Les Personnages : »Tous les personnages sont des dormeurs clandestins ».
Je « trouve » souvent des personnages potentiels lorsque je suis dans un train, dans un café, dans un lieu public, et que je regarde autour de moi. Il me vient alors souvent spontanément une histoire.
Parfaitement Janine, un personnage lisse est également intéressant.
Très intéressant, mais…
On pourrait aussi imaginer l’inverse :
Un personnage lisse, ordinaire, à qui il arrive des choses extraordinaires.
Qu’en pensez-vous Pascal ?
Amicalement et merci
excellente suggestion! j’ai un « personnage » que je pourrais retravailler de cette façon, je l’ai appelé Muanza, par contre, je ne sais pas si c’est un nom facile à retenir 😉
Un nom ne comprenant que 2 syllabes est généralement plus facile à retenir, Adrienne, sauf s’il a une belle sonorité comme votre prénom, par exemple. Muanza se retient bien.
Si l’on regarde bien autour de soi, des personnages forts, il y en a des tonnes. A commencer par notre propre personne ! On imagine pas combien notre personnalité peut-être complexe et se prêter à la fiction. Moi par exemple, j’ai certaines phobies, je suis capable de ne pas dormir si un de mes quatre chats n’est pas rentré le soir, je laisse échapper des mots orduriers au milieu d’un discours très distingué etc… etc…
Je suis sûre que chacun d’entre-vous est un personnage « spécial » !
pas facile d’imaginer un « colombo » ou un « Sherlock » mais bon je crois que je tiens un personnage atypique pour mon prochain roman. pour moi le plus difficile c’est la suggestion.
Le problème de choisir un personnage fort est double. D’abord trouver des épreuves à la hauteur de sa force. Ensuite trouver comment le faire évoluer. C’est ce deuxième point que je trouve particulièrement difficile. Merci pour la découverte de cet auteur, je le mets sur ma liste 🙂