Antonio Lobo Antunes, ses mots dansent le fado

« C’est généralement à la troisième minute après le crépuscule que l’air de la plage devient plus froid que celui de l’eau. Ni à la deuxième ni à la quatrième : à la troisième et durant onze secondes, ce qui requiert discernement, attention et patience.
Le mieux, c’est de s’adosser à un rocher, le menton dans la main, pour observer les mouettes, noter le changement de teinte de l’horizon et là, dès que survient la troisième minute, on enlève la main du menton pour que l’air s’y pose et le tour est joué : on saisit l’air de la plage, on le glisse dans sa poche et on l’emporte chez soi en prenant bien soin qu’il ne s’évapore. On doit l’utiliser aussitôt vu que le lendemain, à partir de dix heures, l’air se sera réchauffé.
On le sort délicatement de sa poche et on le respire doucement.
Presque toujours, alors, les pins frémissent et une envie de pleurer monte chez les femmes. Pas des larmes de tristesse, bien sûr : simplement parce qu’il y aura toujours au fond d’elles un coquillage sensible. » J’ai connu un seul homme aux mains aussi imprégnées de nuages que les leurs »

Chez Antonio Lobo Antunes, les mots dansent le fado

Extrait de : Livre de chroniques III
Christian Bourgois éditeur, collection Point poche n° p1904

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