Exercice inédit d’écriture créative 236

Sans titreToute sa vie elle avait couru devant,
croyant que ceux qui la suivaient
couraient après elle.
Un jour, elle décida de se laisser doubler…

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33 réponses

  1. Delphine B. dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant, n’osant se retourner et voir ceux qui la suivaient .
    Pourtant un jour Emma décida de se laisser doubler et voici ce qui arriva .

    D’abord il n’y avait rien . Ou presque .
    Des jets de lumière , de la poussière et l’ horizon à perte de vue . Elle eut beau cligner et recligner des yeux, les autres n’étaient pas là .
    La matinée et l’après -midi passèrent . Emma écoutait sa respiration : dans le silence, ça faisait une petite musique agréable qu’elle n ‘avait pas entendue depuis depuis longtemps .
    Vers le soir elle se dégourdit les jambes en tournant sur elle même plusieurs fois . Elle se dit que peut -être les Incas faisaient la même chose avant d’approcher un endroit inconnu , ou peut -être pas .
    Et c’est là, juste à la fin du quatrième tour que les autres arrivèrent .
    Emma les reconnut toutes : c’ étaient ses ombres.

    Elle vit l’ombre de son orgueil et l’ombre de son avarice, puis celle de son envie et celle de sa colère .
    Vinrent ensuite l’ ombre de sa gourmandise , l’ombre de sa paresse et même celle de sa luxure .
    La petite musique agréable s’était arrêtée et Emma se mordit les lèvres en se rendant à l’évidence : il n’y avait pas l’ombre d’une vertu .
    Pourtant elle les salua de loin et même leur sourit sans trop savoir pourquoi . Seule l’ombre de la colère répondit dans un rictus qui dévoila ses incisives .

    Enfin , comme si elles s’étaient concertées, toutes les ombres avancèrent vers Emma au ralenti .
    Décontenancée , Emma se balança d’une jambe sur l’autre et finit par sortir de sa poche un énorme jeu de cartes : il y en avaient 490 .
     » Je serai tellement concentrée dans ma réussite qu’ à leur arrivée, elles ne pourront rien dire . »

    Pour battre le jeu , il lui fallait bien cinq bras et Emma appela un par un ses bras de renfort :
     » – Melchior, Tractor , Baldafiore : à vous de jouer ! . .  »
    – . . .
    – Allez, ramenez-vous !  »
    Trois bras fringuants sortirent de terre en un tour de main et Emma secoua ses épaules pour les faire rentrer. Elle leur dit sans plaisanter pendant que les cartes se mélangeaient :

     » – je compte sur vous pour vous épauler et vous entendre comme d’habitude , n’est-ce-pas ?  »

    Les bras volèrent à cet instant d’une manière si parfaite dans l’air qu’ Emma pensa que l’ombre de la colère allait être drôlement impressionnée quand elle serait près d’elle . Le jeu battu , elle commença sa réussite avec un certain trac , la situation ne présageait rien de bon.

    Toujours au ralenti , le régiment d’ombres martelait implacablement le sol. La poussière qu’il soulevait maintenant dessinait dans le ciel, à chaque pas, un monde étrange. En s’approchant on pouvait voir . . . la vie d’Emma défiler en images .

     » – Trèfle ! j’ai dit TREFLE , Baldafiore, pas Pique . . .  »

    Emma , absorbée dans le jeu , ne remarquait rien . Mais quand une musique d’ une puissance inouïe retentit dans la plaine , elle leva la tête et découvrit stupéfaite son image dans la poussière .
    Ses cinq bras laissèrent s’ échapper le jeu , elle reprit péniblement son souffle et assista, médusée, à un épisode de son enfance .

    C’était son premier et dernier jour d’école, elle criait devant tous ses professeurs réunis, les yeux brillants : « je n’apprendrai rien, vous entendez ? Rien de rien ! Je n’en n’ai pas besoin : je sais tout !  »

    L’image disparut et l’ombre de l’orgueil , dans un petit rire réjoui, bomba le torse. A quelques mètres de là , un as de trèfle s’esclaffa , sortit du jeu et entraîna une dame de carreau dans un pas de deux.

    Une autre scène s’ensuivit aussitôt : un an avait passé et Emma, noyée sous une montagne de billes, calculait , sourire aux lèvres , la valeur de son butin. Elle trichait depuis des semaines et le résultat dépassait toutes ses espérances

    L’ombre de l’avarice , le menton frémissant , se frotta les mains de plaisir pendant qu’une dame et un valet de pique plongèrent au milieu des billes en batifolant . Emma baissa la tête .
    Melchior avait subitement disparu mais les cris de l’épisode suivant ne lui laissèrent pas le temps de la réflexion.

    Elle était majeure maintenant et insultait violemment ses grand-parents dans leur maison .

    Les ombres ondulèrent de joie dans la poussière ; la musique au loin hoqueta dans un râle de fausses notes et de longs gémissements reprirent en écho la mélodie .

    Scène après scène , l’attitude d’Emma atteint les pires sommets de l’ignominie et quand elle se vit cracher sur un aveugle qui demandait de l ‘aide pour traverser la rue , ses bras finirent par tous disparaitre . Ses jambes même n’étaient plus très visibles .

    Maintenant proches , les ombres formèrent un cercle autour d’elle et se mirent à danser, rejoints par une dizaines de jockers grimaçants .
    Emma voulu crier de toutes ses forces mais aucun son ne sortit de sa bouche : elle n’ avait plus de langue . Son visage pâlît , ses cheveux . . . fondirent et son coeur vacilla , pendu à une question : allait-elle disparaitre complètement ?

    Tout au fond d’elle la petite musique agréable reprit , ténue , lézardée .
    « Pardon , pardon , pardon, pardon , pardon, pardon. . .  » chantait la mélodie tremblante .
    Les yeux d’Emma s’embuèrent de larmes tandis qu’elle répétait le mot à l’infini.

    Un as de coeur reprit le mot sans comprendre, plusieurs valets l’entonnèrent d’une voix douce et bientôt une centaine de cartes se joignirent à la symphonie avec art . Le corps d’Emma à peine reconnaissable flottait au milieu des ondes .

    Quand la la danse des ombres s’intensifia , quelques billes déchainées leur cinglèrent le visage tandis que la musique s’accélérait . L ‘ ombre de la luxure finit par s’essouffler, celle de la paresse aussi et bientôt elles s’affalèrent de tout leur long au sol .

    Emma , encouragée par la clameur de l’assemblée, reprit doucement chair. Lentement , puis de plus en plus nettement .  » Pardon, pardon , pardon, pardon … » chantait-elle .

    Un peu plus loin, dans la poussière , le cinéma de sa vie s’était évanoui .Les ombres avaient disparu .

    Emma ouvrit les yeux..
    Elle se dégourdit les jambes en tournant sur elle même plusieurs fois . Elle se dit que peut -être les Incas faisaient la même chose avant de partir vers l’ inconnu , ou peut -être pas .

    NOTE : Je me suis permis de modifier légèrement l’amorce . . . voilà . . très bonne journée !

  2. Fanchon dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant, croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle.
    Un jour, elle décida de se laisser doubler par le si qui la suivait de près.
    ‘’Tiens j’ai fait une touche’’ se dit Do, en baissant de rythme brutalement.
    Du coup, le la qui passait par là, bouscula le si qui émit une protestation tonitruante. Dès que le sol entendit le son aigu du si, il se précipita pour donner de la voix. Il faut dire qu’il la ramène toujours quand il ferait mieux de se taire, celui là !
    Ce fût un sacré ram dam ; il fallut même demander l’avis du fa, connu pour sa modération et qui trouva franchement qu’on dépassait la mesure. Mi arriva sur ses entrechats, et avec son air pincé habituel, susurra en demi-ton : « Mais qu’est ce c’est que ce couac ? »
    Le ré resté muet, prenait des notes en silence. Alors que la partition semblait partir en cacophonie, Do retrouva son calme et décida de reprendre la cadence avec harmonie. La clé d’ut souffla. Aussitôt, ré retrouva l’usage de sa ritournelle en la mineur, si bien que mi fa sol la si se mirent au diapason. Après quelques croches hésitantes, les notes retrouvèrent leurs justes octaves et se mirent à danser un swing endiablé.

    Plus besoin de fuite en avant, ni double jeu pour composer une vie en harmonie…C’est ce que Do se dit… essoufflée !

  3. MALLERET PEGGY dit :

    Belle chute Béryl, je ne m’y attendais pas du tout.

  4. MALLERET PEGGY dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant, croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle. Un jour, elle décida de se laisser doubler…
    et ils passèrent tous sans la remarquer, et parfois même en la bousculant.

    Des années d’angoisse à se sentir poursuivie, des années pendant lesquelles, aucun psy n’avait réussi à lui faire comprendre que personne ne courait après elle mais dans la même direction.

    Cela commença à la fin de sa longue hospitalisation pour une inquiétante dépression.
    À sa sortie, un de ses premiers achats-liberté fut une paire de baskets.
    Le jour, où toute fière elle les enfila, elle décida de se mettre à « jogger » imitant les Américains qu’elle avait vus aux informations télévisées. Comme les moutons de Panurge, ils furent plusieurs à lui emboiter le pas.

    Elle se mit à aller de plus en plus vite afin que personne ne puisse la rattraper. Que lui voulaient-ils enfin à lui courir après ? Il fallait leur échapper à tout prix. Pourquoi ne la lassaient-ils pas tranquille ?

    Au bout de quelques temps qui lui parurent l’antichambre de l’enfer, elle retourna se réfugier chez son psy qui ne lui fut d’aucun secours. Elle continua de courir, toujours suivie de gens, qui faisaient, tout simplement comme elle… Courir après une mode.

  5. Nadine de Bernardy dit :

    Et elle y allait, chaque jour,de toute la force de son contenu. Elle se ruait en enflant,grossissant au fur et à mesure qu’elle déposait son venin dans des oreilles attentives en forme de -il parait-.
    La Rumeur galopait,ne laissant à personne le soin de déverser ses vilenies.
    – Il parait que Mme S.s’est donné la mort après que son amant l’eut quittée pour la maîtresse de son mari
    – Il parait que l’amant de Mme S.l’a tuée en maquillant le crime en suicide,ceci avec la complicité du mari et de sa maîtresse
    – Il parait que Mr S. a tué l’amant de sa femme sous les yeux de sa maîtresse et s’est suicidé ensuite etc..

    Elle savait qu’elle devait faire vite afin de ne pas se laisser dépasser par les faux bruits et les ragots qui voulaient, eux aussi, la primeur des scandales .
    Elle les entendait courir derrière,essoufflés mais tenaces.
    Ca murmurait,tendait l’oreille pour tenter de saisir la bribe d’un petit quelque chose à colporter qui les mettrait sur une piste scabreuse.
    Elle faisait très attention à rester à distance,à distiller ses informations discrètement dans des pavillons hospitaliers reliés à des bouches indiscrètes.
    Un soir,lasse d’avoir tant couru,un peu écoeurée d’avoir remué tout le jour sa ration de boue,elle se jeta sur son canapé pour ouvrir son courrier secret, en quête de matériel pour le lendemain :
    – Il parait que le ministre de la communication a été trouvé pendu dans le bureau de son château, suite à des rumeurs concernant la provenance de l’argent avec lequel il aurait acquit ce bien
    C’est son majordome qui a trouvé le corps en venant porter à son employeur son café du soir.
    Le pauvre homme,secrètement amoureux de son patron,s’est écroulé de douleur ,terrassé par une crise cardiaque, sur le chien du ministre qui dormait devant un canapé .
    Entendant des bruits insolites, l’épouse du ministre a surgit dans la pièce où elle a trouvé les trois cadavres…..
    La Rumeur,atterrée,perplexe et tourmentée,alla se coucher sans dîner.
    Le lendemain matin, elle sortit dans la rue.
    Ils étaient déjà là, la guettant,tels des paparazzi.. Elle se mit en marche,sans hâte,légère et vide.
    Certains la dépassèrent en la bousculant, goguenards,d’autres ne la virent même pas.
    Ils allaient de l’avant,le smartphone à l’oreille,tweetant et face-bookant à qui mieux-mieux :

    – Depuis ce matin La Rumeur semble éteinte,put-on bientôt lire sur les réseaux sociaux – Obsolète,anachronique,il semblerait qu’elle ne soit plus à la hauteur des demandes du public.
    Fini les bruits de couloir,les fausses confidences à 2 balles il lui faut de l’immédiat à partager avec les amis du monde entier,des infos very fiables.
    La Rumeur va mourir,La Rumeur est morte-

  6. Beryl Dupuis-Mereau dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant,
    croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle.
    Un jour, elle décida de se laisser doubler…
    Il faut avouer qu’elle commençait sérieusement à fatiguer, à donner toujours le meilleur d’elle même, à entraîner les autres, qui eux, n’avaient qu’à suivre. Et puis bon, à la fin, pourquoi toujours les mêmes ?
    Alors oui, elle avait décidé de ralentir, et pour une fois, rien que pour voir s’ils en étaient capables, de se laisser pousser…
    On verrait bien s’ils auraient sa vaillance, s’ils garderaient le rythme effréné auquel elle les avait habitués ! . Pour une fois, renversement de la vapeur ! Ce serait au dernier d’être le premier ! On verrait ce qu’ils avaient dans le ventre, ces paresseux !
    Bon! Il est vrai que sa position n’était pas sans avantages, elle le reconnaissait : Elle seule avait le droit de siffler pour signaler son passage, et sa course se signalait par un long panache blanc, assez élégant ma foi, symbole de son prestige. Son corps athlétique, aux muscles d’acier, tendus et nerveux, faisaient des envieux. Sa robe noire, lustrée et brillante, resplendissait dans le soleil. Mais elle sortait de sa course éreintée, suait à grosses gouttes à chaque trajet, et avait à peine le temps de se reposer un peu qu’il lui fallait repartir. Alors non, c’était décidé ! Pour une fois, aux autres de mener le train, elle se contenterait de suivre. Elle profita d’une côte qui se présentait, et se mit à ralentir, ralentir, regardant à droite et à gauche, guettant celui qui se risquerait à lui passer devant. Mais à sa grande surprise, malgré ses signes manifestes de fatigue, aucun des wagons qu’elle traînait ne se décida à la doubler, et malgré la chaleur suffocante de cette journée estivale, les mécanos continuèrent à fourrer du charbon dans sa chaudière, sans relâche, jusqu’à ce qu’elle reparte, bagnard du rail, ahanant et souffreteuse, pauvre locomotive condamnée à vie à courir en tête du convoi.

  7. Catherine M.S dit :

    Pas de juste milieu

    Toute sa vie elle avait couru devant
    Croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle.
    Un jour, elle décida de se laisser doubler
    Et ce fut une bourrasque de liberté.

    Elle venait juste d’avoir seize ans, quelques boutons sur le nez,
    Des lunettes sages à monture dorée,
    Un appareil affligeant sur les dents de devant,
    Des petits cheveux courts bien disciplinés
    Mireille ne souriait jamais, elle n’avait pas le temps
    La géographie à réviser, les maths à vérifier, un exposé à préparer
    Pas question de traîner, lambiner, baguenauder,
    Mireille, bayer aux corneilles, vous plaisantez !
    Mireille voulait garder son rang : le premier
    Se retrouver juste derrière ? Hors sujet !
    Elle les entendait tous s’essouffler dans son cou
    Rien que des jaloux !
    C’était comme ça depuis la maternelle
    La première place, la couronne de lauriers, c’était pour elle
    Papa, maman l’encourageaient: Mireille, notre petite merveille.

    – Où est-elle aujourd’hui votre fille, chère amie ?
    – Là-haut, sur son piédestal, au milieu des encyclopédies.

    Mais ce jour-là Mireille en eut assez et se laissa tomber
    Même pas mal !
    Ce sont les cymbales du bal de quartier qui l’ont attirée
    Il fallait venir déguisé
    Alors, avec quelques chiffons et des bouts de carton
    Elle s’est confectionné le costume idéal :
    Un bonnet d’âne qu’elle a arboré avec fierté
    Et toute la soirée, en guise de geste amical,
    Elle a distribué, à la volée, des myriades de pieds de nez.

    • MALLERET PEGGY dit :

      C’est un excellent moment de découvrir les idées « des autres », de plus toujours très bien rédigées. Félicitations. Je pense que Pascal est fier de ses ouailles !!

      • Perrat Pascal dit :

        Vous n’êtes pas mes ouailles (mouton dans le Sud-Ouest)
        mais de sympathiques adeptes passionnés par l’écriture et la littérature
        Vous compter comme abonnés à ce blog (+ d’un millier) vous lire et partager mon ressenti avec vous est un grand plaisir.

    • Sacrée Mireille,
      Elle a le sens du rythme et le sens de l’humour!

  8. Clémence dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant, croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle.
    Un jour, elle décida de se laisser doubler…

    Petite allégorie rêveuse….

    Depuis l’aube des temps, petite plume légère courait, courait telle l’eau cristalline surgie de la source entre de gros galets polis, caressés par la mousse, à l’ombre des bouleaux à la peau si claire.

    Petite plume, toute légère, tu cours sur le papier blanc de la volonté, sur le papier rose des émotions et sur le papier bleu des rêves.

    Tu cours sur le papier de brouillon, sur le papier pelure et sur le papier glacé.

    Tu cours sur les cahiers d’écoliers et sur les pages des étudiants, de petits en grands format.

    Tu cours avec application, avec rêverie, avec rage, avec déceptions, avec convictions.

    Tu cours après un monde que tu voudrais beau, que tu voudrais grand. Tu cours, tu voles…
    Un jour, tu as douté de tes batailles…

    Tu t’es laissée doubler dans un triste champ en broussaille où cela criaille et discutaille. C’est la volaille dépoitraillée qui pinaille en pagaille. Triste revers de la médaille…

    Un jour, une main légère a repris la plume légère, l’a fait courir sur les murs et les cahiers d’écoliers comme une douce chanson…

    « Et par le pouvoir d’un mot
    Je recommence ma vie
    Je suis né pour te connaître
    Pour te nommer
    Liberté. »

    Jamais la bataille n’est gagnée…

  9. Françoise dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant,
    croyant que ceux qui la suivaient
    couraient après elle.
    Un jour, elle décida de se laisser doubler…
    et ni une ni deux elle se coucha au beau milieu de la route
    s’imaginant que ceux qui la suivaient s’arrêteraient pour lui porter secours
    certains la contournèrent sans un regard
    d’autres l’enjambèrent
    quelques-uns la piétinèrent carrément
    soudain la sirène de la police retentit
    deux policiers la mirent sans égard sur le bas-côté
    on lui dressa procès-verbal pour obstruction sur la voie publique
    et comme elle protestait
    elle fut conduite en panier à salade à la prison
    tous les jours elle faisait son jogging dans la cour
    certaines la suivaient
    d’autres se moquaient
    mais elle continuait à courir devant
    et puis elle comparut devant le tribunal
    la tête bandée
    un bras en écharpe
    pour insulte envers des membres de la force publique
    elle fut condamnée à une peine avec sursis
    et sortit donc sur le champ
    il n’y avait personne pour l’attendre
    personne pour courir derrière elle
    elle partit à petits pas
    on ne sut jamais où ceux-ci la conduisirent

  10. HENRIETTE dit :

    BRAVO,BRAVO,BRAVO, MILLE BRAVOS pour ce texte magnifique.
    Henriette

    • Bénédicte Froger-Deslis dit :

      Merci Henriette. Bonne fin de week-end. J’espère que le calme est revenu et que les fadas sont allés se coucher.

  11. Bénédicte Froger-Deslis dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant, croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle. Un jour, elle décida de se laisser doubler…
    Elle s’assit sur le rebord du monde et observa.
    D’abord, elle vit ceux qui soi-disant la suivaient. Ils étaient une multitude : vieux, jeunes, beaux, cabossés, racés, déchus, volontaires, timides. Elle sentit son ego gonfler d’importance, elle se gargarisa : Vrai que j’ai toujours été audacieuse. J’ai toujours montré le chemin, bravé le conformisme, dressé l’étendard de la victoire, etc. Durant des heures, elle répéta en boucle : moi je, moi je, moi je…
    Voir c’est bien ; réfléchir c’est mieux ! Une chose la tarabustait : la foule ne s’inquiétait nullement de son absence. Personne ne s’était arrêté, personne n’avait été troublé par la place laissée vacante. Tout le monde avançait, et sans courir ! L’ego tressaillit, perdit de sa superbe, comprit qu’il avait été présomptueux et arrogant. La fausse meneuse, de son banc d’observation, regarda par-delà la marée humaine qui filait droit devant. Elle regarda au-delà de son ancien avant-poste. Stupéfaction ! Il n’existait aucun premier rang. Il n’y avait ni premiers ni derniers. Il n’y avait que des blocs d’humains séparés par des plages blanches et ouateuses donnant l’illusion d’être aux premières loges. Tout ceci devait déboucher sur quelque endroit ou aboutir au même but ? Lesquels ? Pourquoi être moutons lancés dans un marathon gigantesque si ce n’est pour obtenir une carotte, un prix, un cadeau, un trésor, un… ?
    Si la réponse n’était pas en amont, elle devait être en aval. Le regard de l’arrogante effectua un travelling arrière et se retrouva à la genèse de l’humanité. Comme les fleurs aux printemps qui émergent de la terre, des bulbes jaillissaient, rouges, fripés, braillards. Happés par la foule, ils se redressaient, s’affinaient et entraient dans la ronde. Leur parcours était fléché : il fallait éviter qu’ils se perdent dans le néant. Les pancartes indiquaient toutes la même direction : vie. L’arrogante se propulsa en une nanoseconde au bout du bout de la foule, chercha, fouilla, inspecta malgré la surpopulation. Dans le ciel, une enseigne lumineuse se balançait entre deux nuages. On se serait cru à Las Vegas, le mot inscrit sur l’enseigne brillait de milliards de feux, ça clignotait en rouge, en jaune, tel un slogan racoleur qui promet le jackpot. Sidération ! L’arrogante s’échauffa. De qui se moque-t-on, s’il vous plaît ? Aux confins de la chaîne humaine, on nous promet la vie, et ici, on nous offre quoi ? La VIE… Belle fumisterie, cette marche de dupes !
    Quelqu’un, alors, lui tapa sur l’épaule. Il n’était ni jeune ni vieux, c’est tout juste s’il avait apparence humaine. Psst ! lui dit-il. Observez la calligraphie. Au début de la chaîne, v – i – e sont minuscules. Ici, ils portent le poids des ans, des expériences, des joies et des douleurs intimement mêlées. Rien ne s’arrête jamais ! Il n’y a que ce sas à traverser, le goulet dans lequel nous déposons nos fardeaux. Passé l’octroi, la Vie continue : sans premiers, sans derniers. Juste une fraternité.
    L’arrogante repartit sur son banc, elle ne voulait pas brûler les étapes. L’air de rien, elle se glissa dans le wagon qui arrivait. Elle dut jouer des coudes, sprinter, bifurquer, détailler les visages. Quitte à reprendre la route, autant que ce fût en compagnie de proches et d’amis… Elle les trouva, assis sur un banc. Ils l’attendaient. Sans peur, sans désespoir. Regardant couler la Seine avec Apollinaire : « Comme la vie est lente, Comme l’espérance est violente. Vienne la nuit sonne l’heure, Les jours s’en vont je demeure. »

  12. Toute sa vie elle avait couru devant,
    croyant que ceux qui la suivaient
    couraient après elle.
    Un jour, elle décida de se laisser doubler…
    1,2,3 soleil
    Elle se retourne
    Elles sont deux, à la fixer
    La plus grande est déterminée, régulière, longiligne,
    En déséquilibre sur un pied, elle frémit prête à s’exécuter, impossible à arrêter. A ce jeu-là, elle ne pourra jamais gagner, elle perd son temps.
    La plus petite ne bronche pas, elle semble figée, et pourtant elle ne cesse d’avancer
    C’est sur le coup de 12h26, ce dimanche que la trotteuse s’est laissée doubler par la petite aiguille, sans l’avoir vu venir. La grande aiguille quant à elle, est partie observer une minute de silence.

  13. Henriette Delascazes dit :

    Je me dois aujourd’hui de rajouter un texte à celui imposé, car l’évènement qui anime ma petite ville correspond tout à fait au thème du jour. Excusez-moi, si j’occupe un peu trop de place.

    Dès huit heures, d’étranges joies venant de la rue remplacèrent le réveil qui ne sonne jamais, car nous n’avons plus d’horaire, d’autant plus que ce jour est un dimanche.
    Surpris, nous nous précipitons à la fenêtre, pour voir passer une bande de jeunes vêtus de rouge, des cornes sur la tête… ils courraient, vers où on ne savait pas. Un instant plus tard, un autre groupe en pagne multicolore porté sur leur survêtement les talonnait.
    « Tiens les ados sont en folie aujourd’hui ! »
    D’autres suivirent, tous déguisés curieusement sans thème particulier, chacun endossant probablement la couleur de leur club… tiens un dalton tout seul, il a du perdre ses frères, il était probablement poursuivi par un groupe de Romains, puis les tatoués arrivèrent.
    Ils semblaient tous parcourir le même chemin, passaient sous le pont, puis on les revoyait plus loin devant le théâtre se dirigeant vers « notre île » au bord de la vasque, et revenaient à nouveau, cette fois sur le pont, se dirigeant vers le marché ou empruntant la passerelle un peu plus haut.
    Les gloussements des filles se distinguaient facilement les hurlements criards des garçons en cours de mue.
    Ils portaient tous de joyeux chamarrages, d’étranges coiffures, galurins hétéroclites, cornes, perruques bouclées ou oreilles de lapin. Ensemble, ils participaient à une journée de liesse.
    Un peloton rugissant paraissait dénudé, mais non ils avaient revêtu une combinaison teinte chair, très amusante et des guirlandes de fleurs voletaient autour de leur cou.
    Ils étaient déjà passés par là et les revoilà à nouveau, à moins que ce n’en soient d’autres, leurs gueulements se ressemblaient tous, surtout les voix des garçons qui montaient jusqu’à notre sixième étage. Ils étaient si nombreux que nous en perdions notre latin.
    Leur allure était lente, ils se coltinaient la canicule précoce cette année, le but ne devait sans doute pas être l’arrivée d’un premier, mais une journée de rassemblement festif. Quel clan était le premier ? Nous ne le savons pas. Qui suivait qui ? Nous le saurons sans doute demain en lisant la presse.
    Nous étions du haut de notre balcon aux premières loges et notre matinée fut amusante.
    13 heures, le calme nous surprend ! C’est probablement l’heure du casse-graine, il faut remplir ses jeunes corps affamés.
    Tout doit repartir plus tard, lorsque rassasiés et reposés ils pourront à nouveau reprendre le circuit qui doit lui se terminer (en principe) dans un bain de boue, suivi d’une fiesta arrosée de sodas à la nuit tombée autour d’un barbecue géant.
    C’est vrai ! nous l’avions oublié, aujourd’hui chez nous c’est la fête des fadas !

    Bon week-end
    Henriette

    • Fanny dit :

      Merci pour ce moment de partage. J’étais près de vous sur votre balcon et je n’ai rien perdu du spectacle, chère Henriette. Amicalement. Fanny

  14. Christine Macé dit :

    Toute sa vie elle avait marché devant…

    Ce jour-là, l’orage grondait, on aurait dit que le ciel allait s’ouvrir comme une pastèque trop mure.
    Elle n’aimait pas ça mais il lui fallait tout de même assurer son service. Elle devant et eux derrière. En rang serrés, têtes baissées, la mine sombre de circonstance : à l’enterrement d’une feuille morte, qui s’aviserait de rire !
    Était-ce l’électricité dans l’air, ou une mouche qui l’avait piquée, elle freina brusquement des quatre fers et l’attelage faillit verser dans le fossé.
    Mais curieusement, la foule ne marqua pas l’arrêt, continuant invariablement leur chemin du même pas lourd vers le petit cimetière au bout du chemin.

    Encore sous le choc, elle regarda sa feuille morte enfermée pour l’éternité dans sa boîte avant de la déposer sur le bas-côté, à l’ombre d’un joli platane. Elle fit une rapide prière et prit la route en sens inverse, au galop et la crinière au vent.

    Depuis, au village, ils ont acheté une berline pour faire corbillard.

    Bon dimanche, Christine

  15. Henriette Delascazes dit :

    Mais une rodomontade menée rondement la submergea, l’avala puis l’écrasa.
    Elle roula encore, replongea puis explosa devant les représailles.
    La rumeur fut éteinte, l’étincelle retomba dans le caniveau et ce n’était pas très rigolo. C’était normal elle avait perdu tout intérêt, une nouvelle toute fraîche, tout aussi étourdissante venait de la supplanter.
    La vie d’une rumeur « dure ce que dure les roses », elles sont inévitables et désenflent aussi vite qu’elles grossissent.
    Henriette

  16. ourcqs dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant,croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle.
    Un jour, elle décida de se laisser doubler…

    Depuis toujours,enthousiaste elle était devant, entrainant, stimulant. Attentive, appréciée par tous, elle savait innover, rompre les habitudes , apporter un peu de fantaisie. Loin des opinions les plus répandues, son oeil critique permettait de percevoir des nuances, d’imperceptibles changements, de changer de regard , et tous suivaient, suivaient ….apparemment passionnés. Un jour, des frémissements, distractions, des changements d’attitude, insinuèrent quelques doutes et elle décida de se laisser doubler. Ils continuèrent sans se poser de questions, sans se soucier d’elle. Alors, elle prit conscience de sa naïveté !!! ses itinéraires originaux avaient des « notes » très positives sur le net, et on venait avec elle pour pouvoir gloser sur le « mur », et poster des commentaires, avec « selfies » , du genre  » j’ai participé  » !!!!
    No comment .

  17. Fanny dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant, croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle.

    Un jour, elle décida de se laisser doubler, non sans réticence, après que le réalisateur lui ait dit, avec doigté, que le plan rapproché de ses mains faisait tache.

    Elle le prit fort mal. N’était-elle pas encore la plus attirante sur les marches qu’elle grimpait depuis des lustres ? Les paparazzi ne la mitraillaient-ils pas lors de la montée soutenue par la coqueluche des minettes et par l’autre, là, qui se croyait irrésistible ?

    Elle, au moins n’avait jamais fait la une des journaux grâce à un sein intrépide ou à une affriolante petite culotte.

    Elle, on lui courait encore après pour sa plastique sans défaut, pour son maintien, pour son charisme, pour son élocution. Enfin bref, en un mot comme en mille, pour son incontestable génie.

    Et puis quoi ! Qu’est-ce qu’elles avaient ses mains, hein ?

  18. Henriette Delascazes dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant,
    croyant que ceux qui la suivaient
    couraient après elle.
    Un jour, elle décida de se laisser doubler…
    Au début, ce n’était qu’un souffle, léger, aérien… une idée qu’un ribaud amorça, gentiment, pour rire, pour faire le malin. Mais rien ne put la freiner, elle était lancée et ne pouvait plus s’arrêter.
    Pourtant, elle avait démarré toute discrète, dans une délicate confusion de genre, une goutte fluette un ronron, une rigole, mais comme vent dans les voiles elle enfla peu à peu et s’engrossa évidemment. De ru, elle s’égaya et devint sublime. Elle courut diligemment, de plus en plus loin, elle traversa les villages et les villes, les campagnes et les bourgs, les régions et même les pays.. Elle dépassa à toute allure la capitale et les frontières… mais quelles frontières ? Elle qui se croyait hors d’atteinte dut prendre un train d’enfer.
    Mais elle tenait tête malgré les mécontents. De vague, elle devint publique, et plus elle se répandait, plus elle s’enveloppait et s’épanchait. Elle se tricotait activement. Elle galopait à travers les lycées, les bureaux, les salons, les tramways, les piétons. Sa vitesse fut exponentielle.
    Au fil des courants, elle se modifiait lentement, mais sournoisement. Elle était passée par ici, mais lorsqu’elle repassait par là, elle n’était plus tout à fait la même, chuchotait-on en douce.
    Elle traversa les ondes, et les océans…
    De ricochet en ricochet, elle eut un revif, résista, roula dans un bruit assommant.
    Ressac lancinant qui respire, expire, respire encore. Ruée de vague sur les rochers, d’eau qui déferle sur le sable. Elle roula, bouillonna, belle furie déchaînée.
    Mais une rodomontade menée rondement la submergea, l’avala puis l’écrasa.
    Elle roula encore, replongea puis explosa devant les représailles.
    La rumeur fut éteinte, l’étincelle retomba dans le caniveau et ce n’était pas très rigolo. C’était normal elle avait perdu tout intérêt, une nouvelle toute fraîche, tout aussi étourdissante venait de la supplanter.
    La vie d’une rumeur « dure ce que dure les roses », elles sont inévitables et désenflent aussi vite qu’elles grossissent.
    Henriette

    • Bénédicte Froger-Deslis dit :

      Un régal, votre texte, Henriette !
      Ressac lancinant qui respire, expire, respire encore. Ruée de vague sur les rochers, d’eau qui déferle sur le sable. Elle roula, bouillonna, belle furie déchaînée.
      Quelle merveille ! On entend le bruit des vagues se fracassant sur les rochers, puis leur dernier soupir sur le sable.

    • Fanny dit :

      Quel talent ! BRAVO. La métaphore est très fine et superbe. Je me suis laissée submergée par la vague. Amicalement. Fanny

  19. LAGARRIGUE Christiane dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant,
    croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle.
    Un jour, elle décida de se laisser doubler…

    Elle s’arrêta avec l’impression bizarre d’être au bord d’un précipice !
    Quand elle se retourna, elle fût surprise et inquiète. Loin de vouloir la doubler, ils étaient là figés, muets alors elle comprit que toute sa vie passée auprès d’eux n’avait été que mirage, elle croyait les aider mais, en fait, ils profitaient d’elle. Elle était devenue au fil des années la locomotive d’un train composé uniquement de profiteurs, incapables de faire un mètre de plus sans elle…

    Et elle dans tout cela ? Elle n’avait vécu que pour eux n’ayant jamais la moindre minute pour elle… Elle avait le temps, elle verrait plus tard. Mais, la vie passe très vite et subitement les signaux d’alerte s’allumaient. Peu importe, elle continuait sa course traînant toujours derrière elle un troupeau de moutons.
    Les signaux se firent plus pressants et subitement, elle a entrevu le bout du chemin, il était temps de stopper… « Trop tard ! » lui disait une voix, elle n’y croyait pas et puis, ils seraient tous là pour l’aider… pour une fois ! c’est là que le tableau se figea. Elle dût mener le combat seule, elle le gagna… pour cette fois. La leçon fût dure à la mesure de sa désillusion. C’est seule qu’elle poursuit son chemin.

  20. Durand Jean Marc dit :

    Le cercle infernal.

    Toute sa vie elle avait couru devant, croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle.

    Au début, c’était instinctif, une réaction surgie de son enfance, un incident trouble. Elle avait du buter sur un pavé. Peut être bien poli le pavé mais quand même, ça secoue! Surtout dans la gueule!

    Depuis elle avait établi une distance avec la réalité des choses.Prisonnière d’une mauvaise série elle ne pouvait que devancer les échecs forcés.

    En courant devant, elle était certaine de ne jamais être rattrapé, de ne pas avoir à se confronter aux silhouettes des autres.Dans ses cauchemars, elle se voyait forcément rattrapée, comparée, rejetée.

    C’était inéluctable, si elle les laissait s’approcher,elles pourraient le voir et forcément, elles lui voleraient.

    Or, il lui appartenait. Au delà des doutes sur lui, rien ne pouvait ébranler son amour.
    Elle avait posé sa main dessus et sa main était une pieuvre.

    Pour elle ,comme pour d’autres c’était un affect normal, une passion juteuse alimentant tous ses refoulements.

    Même en courant, elle soupçonnait son ombre de la traquer.Ainsi obliquait’elle toujours le trajet de sa course pour tenter de distancer le soleil.

    Un jour de fatigue, elle décida de se laisser doubler. Elle ralentit, ralentit…crut s’endormir à casser ainsi le rythme établi du doute.

    Une autre s’approchait. Elle paraissait un peu plus fraîche, presque jeunette dans sa volonté à aller de l’avant.

    Au moment de la rattraper, elle crut déceler chez la nouvelle un signe amical de la main,un témoin à transmettre.

    Mais ce fut un couteau qui s’abattit sur sa carotide.

    L’autre se pencha sur son cou, la vida de son carburant.

    Étalée dans l’oubli, elle vit son double,enfiler son fantôme,dégager son genou du goudron, se remettre à courir.

    Elle vit la nouvelle elle même s’éloigner.Elle doutait de la capacité de l’autre à faire aussi bien, de tourner aussi longtemps, sur le même ton de vigilance.

    Mais le cercle était vraiment diabolique et il s’avérait intolérable d’en sortir.

  21. S.F dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant,
    croyant que ceux qui la suivaient
    couraient après elle.
    Un jour, elle décida de se laisser doubler…Lasse de courir pendant tant d’années à la recherche du tout et du rien,à vouloir arriver avant les autres,au cas où elle dénicherait le Graal de la vie;elle ne cessait de courir,courir à perdre haleine,force et désespoir.Elle pensait que ceux qui la suivaient couraient après elle pour les mêmes raisons!
    Elle courut plus vite,encore plus vite,promptement,rapidement,prestissimo,inconsidérément en se retournant souvent pour s’assurer qu’elle avait une longueur d’avance sur les autres…Au cas où….
    Les autres?!les autres?Mais pourquoi me poursuivent-il,et si,se dit-elle,je me laisse doubler.
    Elle ralentit sa cours.Oh!Mazette!ils ne s ‘arrêtent pas ;ils continuent leur course folle.Ainsi donc,ils ne couraient pas après moi!
    Tout comme elle,ils couraient après eux-mêmes,à la recherche de leur vérité!

  22. . Janine dit :

    Toute sa vie elle avait couru devant croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle.
    Puis un jour elle s’est retournée.
    Il n’y avait personne.
    Elle était seule au monde.

    (j’ai modifié un peu ton exercice Pascal…
    Excuse-moi et bonne journée)

  23. MARBOT dit :

    et de vous offrir la suite 😉
    Bonne journée !

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