C’est peut-être écrire pour rien, mais c’est le jeu
Je suis toujours très surpris lorsque j’entends une personne me dire, à la fin d’un coaching littéraire : « Il faut absolument que je m’impose des horaires d’écriture, que je m’oblige à écrire au moins une page chaque jour. »
C’est comme si cette personne, tel en enfant, était en train de dire à son professeur des écoles, « Il faut que je fasse mes devoirs »
Elle croit, de bonne foi, que c’est en s’astreignant à planifier des plages d’écriture, qu’elle écrira enfin son roman.
C’est ce que j’appelle avoir une pensée scolaire.
Je ne pense pas que l’on puisse écrire un livre par obligation, sous la pression du devoir.
Sauf quand il s’agit de répondre à une commande d’éditeur : ouvrage spécialisé, guide, recette, etc.
Françoise Sagan définissait ainsi l’écriture d’un roman : » C’est un long voyage avec des tas de gens auxquels on s’attache tout le temps du trajet »
Quand on raconte une intrigue il faut être amoureux de son histoire, l’aimer pour la vie, jusqu’à son dernier mot.
Vivre avec elle et pour elle, tout le temps, sans jamais avoir envie de la quitter.
Ce doit être un plaisir de l’écrire, de la conter, d’imaginer des personnages, de les faire vivre et de se mettre dans leurs peaux.
Mais si c’est une besogne, le livre sera besogneux.
Bien sûr, écrire un premier roman sans savoir s’il sera publié, c’est peut-être écrire pour rien, mais c’est le jeu. Ce ne sera jamais une entreprise avec la garantie d’un retour sur investissement. Ce serait trop facile…
Si vous n’êtes pas prêt à prendre ce risque, laissez tomber Ne vous leurrez en vous imposant des temps d’écriture planifiés
On dit qu’on accouche d’une oeuvre, c’est vrai. Il y a des moments où l’on souffre, ou l’on désespère, se décourage, etc.
Mais au final, qu’il est beau ce bébé de papier !
Samuel Beckett écrivait : » Parce qu’il n’était bon qu’à ça »
Faulkner : » Parce qu’il était poussé par le démon de l’écriture «
Paul Auster écrit : » Parce qu’il aime raconter des histoires «
Orhan Pamuk : » J’écris parce que j’en ai envie.
Quant à Montaigne, il disait : » C’est la solitude qui m’a amené à écrire «
Quant à moi, je dis : » J’écris parce que c’est ce que je fais de mieux «
Et vous, que diriez-vous ?
J’ai déjà abordé la question : Quel bon qu’à ça êtes-vous ? (Souvenez-vous)
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Lorsque j’écris je suis une autre, je me mélange à tous ces nouveaux personnages qui m’emportent et me mêlent à leur vie. Je suis un homme, je suis une femme, je suis jeune ou vieille, je voyage, je me sens subitement emplie de grands pouvoirs.
L’écriture c’est ma détente.
J’écris pour jouer à « m’auto-surprendre », il n’y a pas de dés, pas de cartes, pas de règles et je n’ai pas besoin de partenaires !
C’est vrai qu’il ne faut pas s’obliger à écrire. Mais c’est aussi vrai qu’écrire de façon régulière permet de rester « dans son histoire ». Et puis, comme tu dis, certains jours c’est difficile, on souffre plus… d’autres jours les mots semblent couler d’eux-mêmes. Il ne faut pas se décourager quand c’est dur. 😉
Bonjour
J’écris n’importe quand et n’importe où, j’ai du mal de me discipliner! J’écris pour me marrer, pour observer, pour me souvenir… Je ne sais pas trop, je ne me suis jamais vraiment posée cette question.
Par contre, c’est vrai je le ressens lorsque l’on ecrit une histoire on vit avec tous les jours, même si l’on n’écrit pas, mon héroïne accompagne mes journées.
A bientôt
J’écris car ma tête invente sans cesse des histoires : faut bien que je m’en débarrasse quelque part. Ensuite je les corrige pour que d’autres puissent les aimer autant que moi.
Cela dit, j’ai besoin aussi de m’astreindre à des plages d’écriture, sinon mon boulot et ma famille prennent vite toute la place.
Bonjour Pascal
Je crois qu’il y a quand même une part de vérité dans cette attitude, même si elle parait un peu « scolaire ».
Pour certains – dont je fais partie – il y a un certain rituel à l’écriture.
C’est comme un rendez-vous que vous avez avec votre ordinateur (ou votre cahier), si vous le respectez vous avancez. Sinon, vous avez toujours quelque chose à faire et vos écrits restent au stade de la procrastination. « Demain, je m’y mets… »
« J’écris pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour » Christian Bobin
Bonjour Pascal,
Votre billet me questionne; personnellement, j’aime bien cette idée de discipline, non pas par « devoir scolaire », mais plutôt pour des questions d’organisation se ménager des espaces de création, au milieu du flot d’obligations en tous genre. J’aime peindre, je le fais avec plaisir, mais si je ne bloque pas des espaces temps dans mon agenda, je reporte, toujours un tas d’obligations plus « sérieuses ».
J’écris parce que ça me rempli de joie et de souffrance et parce qu’à chaque fois c’est la joie qui l’emporte
J’écris pour me rencontrer.
j’essaie d’écrire car c’est la seule forme d’expression à ma portée. Et puis surtout parce j’adore lire et que j’ai une admiration totale pour les écrivains
j’écris parce que je ne peux pas faire autrement
J’écris comme on laisse un pas sur le sable
La marée monte et tout s’efface
Reste le fait
indéniable
prisonnier de l’écrin du temps.
(blog: « le pont dans l’ombre »
et au cas où… Baramine, c’est moi!)
Un jour, j’ai écrit quelque chose comme: » Si ce mot que je lui envoyé lui a fait du
bien, je prendrai bien le risque de lui expédier quelques phrases ».
Et depuis, je m’aventure à en inventer, pour mon plaisir…et celui de
quelques uns.
Franchement, c’est l’un des engagements les plus libérateurs que j’ai jamais
choisi.