Exercice inédit d’écriture créative 178
Depuis quelque temps je ne fais pas bon ménage avec moi-même, je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées
dans mes pensées…
Imaginez la suite
Depuis quelque temps je ne fais pas bon ménage avec moi-même, je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées
dans mes pensées…
Imaginez la suite
Depuis quelque temps je ne fais pas bon ménage avec moi-même, je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées dans mes pensées…
Un jour, lors d’un séjour touristique à Lyon, j’avais visité un atelier de tissage et j’en était ressortie avec un joli paquet : un bobine de soie. Un toucher extraordinaire … et pourtant, je me demandais ce que je ferais de ce cadeau offert par un vieux Canut, ravi de l’intérêt que je portais à son travail, à sa profession et à l’histoire des Canuts.
Cette jolie bobine est restée tranquillement dans un tiroir, à dormir au milieu de mes souvenirs glanés au fil des années… des cailloux, des galets, des bois flottés, une branche d’olivier, quelques brins de lavandes …
Depuis deux ou trois années, il m’arrive de devoir faire des calculs fastidieux pour situer un événement. C’est agaçant, mais c’est normal : d’une part, il y a de plus en plus de souvenirs qui s’accumulent au fil du temps et, d’autre part, la mémoire flanche, comme le chantait si bien Jeanne Moreau…
« J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien de quelle couleur étaient ses yeux… »
Un soir de rêverie sur la terrasse au soleil couchant, j’avais été éblouie par une idée géniale, Pour ne pas perdre le fil de mes idées, j’allais utiliser ma bobine de fil de soie ! Il suffisait de la glisser dans un petit sac suspendu à mon bras et, à chaque fois que je me déplacerais dans la maison le fil se tendrait pour re-tisser ma mémoire , s’accrochant aux poignées de portes, aux poignées de fenêtres, aux meubles, aux bibelots…
Non contente de ce seul fil pour consolider ma mémoire, j’avais également des pinces à linges et des fiches de couleurs différentes ainsi qu’un style-plume. Dès qu’un souvenir pointait le bout de son nez, je le notais sur la fiche de couleur adéquate. Les idées surgissaient seules ou émergeaient à la vue de quelque objet…
Plus les mois passaient, plus ma maison ressemblait à une toile d’araignée tentaculaire, ornée de loupiotes. Cette toile était devenue une espèce d’album de photos sans photos, avec des clichés, tels des Haïku scandant les étapes de ma vie.
Mes rêves d’adolescente : ceux qui avaient vu le jours, ceux qui étaient désespérément enterrés…
Ma carrière professionnelle qui avait pris des méandres bien différents de ceux que j’avais imaginés ;
Mes loisirs qui m’ont apportés surprises, rencontres, plaisirs et valises de souvenirs sensoriels ;
Ma vie tout court, ce que je ne voulais surtout pas, ce que je voulais sans concession aucune ; ce qui m’avait fait de la peine, ce qui avait fait rire mon cœur…
« Depuis quelque temps je ne fais pas bon ménage avec moi-même, je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées dans mes pensées… » pensais-je un matin en me réveillant vraiment devant mon café fumant.
Je décidai que ce n’était plus possible de continuer de vivre dans une habitation toile d’araignée. Bien que les logements farfelus fussent tendance, il fallait que je trouve un balai magique ou un aspirateur-démêleur pour faire le ménage dans ma maison.
Mais, vous l’avez certainement compris, quand je dis « maison » …. Non ?
Confidentiellement, je vous dis que tout ce qui est écrit ci-dessus, ne se passe pas dans ma maison, non, non… Cela a bel et bien existé, mais dans mon imaginaire, telle balade fantasmagorique au milieu de mes neurones !
Depuis cette aventure incongrue, j’ai tout de même fait un bon nettoyage. Que reste-t-il ?
Continuer à désirer ce que je possède … le bonheur !
Une histoire d´amour hors du temps, compliquée
Depuis quelque temps
je ne fais pas bon ménage
avec moi-même,
je trouve qu’il y a
trop de toiles d’araignées
dans mes pensées…
La surface embrouée
de ce vieux miroir
que je viens de retrouver
cache mal les traces
de mes pensées
d´autrefois.
Sous la poussière,
des idées noires…
Depuis quelque temps je ne fais pas bon ménage avec moi-même, je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées dans mes pensées…
J’ai beau me confier à mon chat noir, certes, ça me soulage, mais il n’est pas en mesure de me répondre. Alors c’est décidé, je vais accepter l’idée d’aller consulter un psychologue ! Un « psy » comme ils disent !
Après tout, il arrivera peut être à nettoyer mon esprit, m’aérer la tête pour y voir plus clair, plutôt que d’avoir envie de se cacher dans un trou de souris. Mon chat doit commencer à déteindre…
Enfin, je dis ça, mais je n’en sais rien… c’est quoi un psy ? Il aura intérêt à dépoussiérer mes idées reçues sur les consultations allongées… J’espère au moins qu’on est bien sur son canapé ? J’ai mes préférences… Mais si ça se trouve, le canapé c’est pour les films… en tout cas c’est le cliché du « psy ». Je serais limite déçu s’il n’y en avait pas…
Mais comment peu-t-il résoudre mes problèmes, s’il ne me connaît pas. « laver son linge sale en famille » c’est pourtant ce qu’on a coutume de dire. Et 45 minutes, c’est vite plié. Il n’aura jamais le temps de faire, et le tour du bordel et tenter de ranger ce désordre dans ma tête. Je suis curieux de voir comment il va s’y prendre.
Bref, c’est fou le nombre de questions que je me pose juste pour ça. Je ne vais quand même pas aller voir un psy pour savoir comment aborder « mon » psy !
L’avantage, pendant ce temps là, j’évite de me poser les questions quotidiennes qui m’encombrent la vie. C’est déjà un premier pas finalement… Détourner le problème, c’est peut être ça la solution ?
Bref, le mieux est d’y aller, en espérant qu’avec son aide, j’arrive à faire le ménage dans ma tête…
Alors à suivre… 😉
depuis quelques je ne fais pas bon ménage avec moi même ,je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées dans mes pensées
araignées dévoreuses et suceuses, noires et grisâtres ou phosphorescentes dans vos beaux jours ,je vous crains car vous distillez un venin
araignée veuve noire , solitaire ,tu tisses ta toile dans les replis de mes pensées et tu me fais douter
les pensées ne sont que des pensées
a voir de plus prés vous vieillissez mal pensées d’autrefois; il est temps de faire le ménage! ; je n’ai plus envie de vos vieilles toiles ;je ne fais plus partie de votre décor obscur et poussiéreux ; j’ai besoin de vie , de rire et de lumière .
je ne permettrai plus que vous veniez envahir ma maison de vos sinistres méfaits
vos pensées ne m’intéressent plus
— Depuis quelque temps, je ne fais pas bon ménage avec moi-même…Je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées dans mes pensées.
Juliette a levé les yeux au ciel.
— Qu’est ce que tu racontes encore ? Des toiles d’araignées ? Tu lis trop de bouquins de psycho. Ou alors, c’est la dépression saisonnière…
— Non je veux dire que je me pose trop de questions, que je me trouve trop moche, trop vieux, trop triste. Et tout çà, toutes ces idées…Je me sens poussiéreux…Un vieux truc oublié dans un grenier dont on se demande à quoi il sert. On le découvre dans un coin, et puis on le met au rebut parce qu’on le trouve obsolète, absurde.
Cette fois-ci, Juliette prend un air inquiet.
— Tu déprimes, mon chéri. Allez, ne penses plus à toutes ces bêtises. Regarde-moi ce soleil !
Elle a ouvert les fenêtres.
— Il fait beau, ca faire une petite balade en foret, çà va t’aérer les idées.
— Tu vois, toi aussi…
Elle m’a regardée fixement, a haussé les épaules puis est sortie de l’appartement.
Je suis restée seule, remâchant à loisir mes sombres pensées.
En même temps, Juliette n’a pas tort.
Les araignées, elles aussi s’envolent, accrochées à leur fil, à la recherche d’un meilleur endroit où continuer leur courte vie. Mes fils à moi, m’ont dissimulé la vérité, où plutôt lui ont donné cet aspect grisâtre. Je me suis retrouvé peu à peu comme dans un cocon, rassurant mais paralysant.
Finalement, je suis descendu dans le petit parc qui jouxte mon immeuble. Je me suis plongé dans la contemplation des gamins qui jouaient au ballon et que morigénait un gardien moustachu tout droit sorti d’un album pour enfants. Sur un banc, deux mamans papotent gardant un œil sur leur marmaille. Plus loin une autre agite doucement un landau. Je pouvais même entendre le pépiement des moineaux et le roucoulement des pigeons qui guettaient le jet de la moindre possibilité d’un crouton de pain.
Je me suis empli les Yeux et la tète de ces petits morceaux de paix.
Alors, mes pensées noires ou grises se sont évaporées ou plutôt, j’ai su à cet instant que je pouvais les surmonter. Les petites joies de tous les jours sont là pour nous aider à surmonter les grosses peines.
Et on peut enfouir les grandes sans crainte. Elles nous aident plus tard face aux découragements et aux grands chagrins de la vie. Mes souvenirs, bons et mauvais, me sont une force. Le tout est de ne jamais les oublier. Un coup de plumeau est nécessaire, juste pour épousseter, pas pour mettre à vif…
J’avais retrouvé le sourire. Demain, j’emmènerais Juliette en promenade…
Depuis quelque temps je ne fais pas bon ménage avec moi-même,
je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées dans mes pensées…
Hors de question pour moi de laisser mes neurones collés dans ce coin de forêt synaptique provisoirement inexplorée.
Il me fallait monter une expédition de nettoyage efficace et rapide.
Mes pensées appelaient à l’aide. Elles hurlaient : « libére-nous, on se perd. Notre univers devient flou. On étouffe ».
Ma pression montait devant ce laisser-aller dont j’étais la seule responsable. Mes vaisseaux cérébraux gonflaient face à ce besoin de renouveau par la propreté.
J’ai donc sorti ma puissante arme secrète : le nettoyeur. Vous allez être déçu car c’est un petit lutin. Il est jardinier corporel de métier.
Je sais quelles vont être vos remarques. « Le lutin, d’habitude, il entretient plutôt la partie centrale du corps comme l’abdomen ou le thorax… Mais de là à prendre en charge le cerveau… Il y a tout de même un sérieux… brouillage… dans les idées… ».
Effectivement, cette mission est innovante pour lui.
Mais sans innovation, on tourne sur soi. Et on se retrouve entièrement enfermé dans une toile d’araignée… géante.
Alors, au boulot.
Petit lutin grimpe agilement jusque dans la boite crânienne. Il rampe le long des circuits électriques cérébraux. Et avec son mini sécateur, il taille méthodiquement tous les fils de maintien de cet écran gluant d’arachnidée. Il est discret, il ne faudrait pas réveiller la ténébreuse bestiole.
Tout de suite, je ressens comme un vent de folie. Les idées volent dans tous les sens, sans sens. J’ai comme une odeur de fleurs dans les yeux, ou plutôt dans les narines. Je m’y perds un peu ; j’ai comme le vertige. Petit lutin plante des rêves aromatiques pour évacuer les relents de poussières. Une pluie de larmes coule de mes yeux. Il vient de vaporiser d’eau l’intérieur de mes globes oculaires. Je n’ai jamais vu aussi clair.
Et une petite raclette dans les oreilles…
En fait, tous mes sens se réveillent. JE me réveille.
Petit lutin redescend. Il me sourit. Il est fatigué mais heureux. Il s’endort paisiblement à la place de mon appendice que l’on m’a ôté il y a de nombreuses années. C’est son petit nid à lui.
Rien de vaut un lâcher de Petit lutin pour un renouveau de folie dans sa tête.
Toiles d’araignées dans mes pensées
Octosyllabes empoussiérées
Slam à rythmer, rime à trouver
Mes pensées se sont araignées
Pas bon ménage avec moi-même
Poussière d’idée, escarbille blême
Rêve délavé, journée de la flemme
Je déménage avec moi-même
Toiles d’araignées avec moi-même
Mauvais coton qu’il faut filer
Route vers le soi, sans arrivée
Je me suis araignée moi-même
Pas bon ménage dans mes pensées
Rêves délavés, Pâques sans carême
Tête en congé, dimanche idem
Trop de pensées à ménager
Ce ne sont, hélas, pas les toiles qui clochent chez moi, mais l’araignée elle-même, celle qui a pris possession de mon plafond dès ma venue au monde, peut-être bien dès ma conception, au vu de sa ténacité à s’y accrocher coûte que coûte , se jugeant propriétaire légitime des lieux : » c’est moi qu’était là la prem’s « .
Un peu autiste, phobique très certainement,elle ne supporte aucun signe du négligé que représenteraient ses propres toiles.
Cependant, génétiquement programmée pour en tisser inlassablement, la cruelle lutte parfois contre cette compulsion en m’imposant sa loi.
Mais, bon , on peut dire que la plupart du temps nous faisons bon ménage, quand, revenue à la raison, elle veille, tapie à l’abri d’une de mes nombreuses circonvolutions.
L’arachnidée me laisse alors, en bonne intelligence, gérer mes états d’âme.
Depuis quelque temps je ne fais pas bon ménage avec moi-même, je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées dans mes pensées ;
je ne voudrais pas qu’elles m’emprisonnent.
J’ai cherché une solution sur internet. J’ai tapé « Comment faire du tri dans ses idées ». Je me suis trompée, j’ai mis « dans ses idées » au lieu de « dans ses pensées ». C’est égal, la solution est toute bête. Il faut prendre une feuille et y reporter ses pensées organisées dans des colonnes. Il y a même un site qui a déjà préparé les colonnes : projets à long terme, à court terme, pensées à oublier, souvenirs agréables…J’ai imprimé la feuille.
Je suis assise à la petite table du jardin. La rouge, derrière la maison, placée là pour profiter du dernier rayon de soleil, le soir. Mais il n’est que 18h00, il fait encore très chaud. Je n’ai noté que quelques ersatz de pensées, ou d’idées, comme on veut. Je suis contente cette année il y a beaucoup de papillons. Une mouche m’agace. Je me décale un peu, plus près de l’arbre car je suis éblouie. Les potins des oiseaux me déconcentrent, pour mon plus grand bonheur. Parfois, j’ai envie de siffler avec eux, me disant qu’un jour peut-être ils me répondront. Ce n’est pas une bonne idée la table de jardin, les colonnes de ma feuille restent vides.
La mouche bourdonne encore plus fort : elle est prisonnière de la toile qu’une araignée vient de tisser entre l’arbre et mon bras gauche.
©Margine.
Ça me trotte dans le ciboulot depuis un moment : fait bien trop noir dans ma cabane, il serait temps de faire un peu de rangement dans ce fatras poussiéreux où s’entassent les étés et les hivers successifs comme de vieux vêtements qu’on n’ose pas jeter. Vais-je encore une fois remettre à demain cette corvée, tourner les talons et faire l’aveugle en bougonnant sur l’amertume de mon existence ? Non, cette fois ma décision ne faillira pas, même devant l’ampleur de la tâche !
Je mate le vieux tas avec un regard mauvais : à nous deux mon gaillard, je vais te faire ta fête, tu ne couperas pas à mes grands ciseaux exterminateurs !
J’attaque par le haut : soixante années, c’est pas rien. Il faut y aller progressivement, une dizaine après l’autre.
La première, celle de la cinquantaine, est encore assez fraîche. Elle regimbe, se cabre, bagarre, ce qui redouble mon ardeur à trancher dans le vif. Inutile résistance puisque c’est moi qui aurais le dernier mot ! Je ris tout haut, comme un damné, excité par la besogne. Une fois la chose faite, j’ouvre la lucarne de la soupente pour respirer un grand coup d’air frais. Matant avec dégoût le sac poubelle rempli de ce ramassis informe de regrets, désillusions, chagrins et de « si j’avais su » réduits en miette, je zieute avec satisfaction une autre ribambelle, toute petite celle-là, mais qui brille comme un trésor. C’est que de mon élagage irrépressible, j’ai sauvé quelques parcelles de vie, des riens qui scintillent comme des lumignons. Celles-là, j’y tiens : certes loin de remplir un destin, ce sont petits cailloux blancs de mon chemin. Trop peu nombreux pour le refaire à l’envers, mais qu’importe. Je les mettrai sur l’étagère, précieusement, et je leur ferai la poussière, chaque jour qui me reste.
Je souris, béatement, avant de reprendre mon activité ménagère là où je l’avais laissée, à la quarantième : simple formalité !
Bonne semaine, Christine
Depuis quelques temps, je ne fais pas bon ménage avec moi-même, je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées dans mes pensées.
Une odeur de récits abandonnés empoisonne mon atelier imaginaire. Les ébauches de mes rêves d’enfants gisent sous des tas de poussières. Vite de l’air ! Une cure de désintoxication s’impose.
Je songe d’abord à recycler tous ces détritus. Mais, ils débordent de la corbeille, répandent leur écoulement nocif dans les ruisseaux du flux créatif. Trop tard. Une pollution menace les chemins de l’inventivité.
Je mobilise alors ma troupe de Démineurs Des Encrassements. Aucun ne répond à l’appel. Mes soldats somnolent sous l’étendue des pensées négatives à effet de gaz.
Durant quelques secondes, ma solution évoque des emplâtres médicaux ou tout autre boisson à la réputation régénérante. Je refuse.
Déterminée, je préfère explorer le cœur de ma centrale inventive. Les rouages des idées se rouillent. La production d’images inspirantes est sous haute tension. Un feu alimenté d’insatisfactions brûlent dans tout mon antre.
Angoissée, je recherche de l’aide. Personne. J’attends. Rien à l’horizon.
Je me dirige alors vers ma bibliothèque. De mes voyages littéraires, je sors un cocktail revitalisant. J’ingurgite des alchimies verbales, agrémentées de style fracassant. Le tout mélangé à des pages de rêves. Je m’administre également un cataplasme versifié.
Enfin, je m’aère. Un soleil intérieur étreint ma plume…
Amicalement,
Virginie
Trop de pépins dans le citron
Depuis quelques temps je ne fais pas bon ménage avec moi-même
Je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées
Dans mes pensées …
Toujours la même chanson
La tête dans le guidon
Je tourne en rond
Et rond et rond petit patapon
Penser à appeler le garage
C’est pas très folichon
Pas oublier de payer l’électricité
Ça me donne le bourdon
Faire la liste des courses
Ça me prend le melon
Téléphoner à Mamy Ophélie
C’est le pompon
J’suis en prison
J’perds la raison
Des araignées dans l’plafond
C’est la vie, dit-on
Non, non et non
Il faut balayer tout ça
Branle-bas de combat
Amenez-moi une armée de petits soldats
Pour limiter les dégâts
Procédons, sans vergogne, à l’assassinat
De tous ces soucis scélérats
Et s’il le faut, usons de la mort-au-rats
Pour exterminer les derniers tracas
Ouf, bon débarras !
Catherine
Alors je suis allé aux Louvre pour m’aérer l’esprit, me changer les idées, en quête de draps propres pour le lit de mes pensées.
Et quelle ne fut pas ma surprise de voir autant de toiles d’art régner sur les murs de ce monument royal qui n’avait pas l’air de faire meilleur ménage que moi.
Je décidai de quitter ce lieu qui sentait le vieux et le renfermé où les touristes comme des mouches se laissaient prendre par le sourire attrape-bobos de la Joconde sur sa toile tissée. Pas moi.
Je décidai de m’aérer pour de bon à l’extérieur dans des courants d’air que je fredonnais avec les premiers mots venus. Mon esprit appréciait, balayant la poussière et les toiles apparentes, quand la nuit apparut.
Quelle ne fut pas alors ma constellation de voir autant d’étoiles s’agiter sous un voile nébuleux arachnéen.
« Nettoyez moi ce ciel, nom de dieu ! » pensai-je, m’adressant à la gouvernante de l’univers.
Quand le soleil m’interpella à l’aube me débouchant les portugaises.
« Minute ! … Chaque chose en son temps. C’est un monde ! »
Et rai après rai le technicien de surface balaya chaque coin du ciel briquant le parquet du jour nouveau qui se levait.
Quand il eut terminé, alors que je m’appliquais à aérer mon esprit à mon tour devant une si belle journée qui s’annonçait, il eut cette phrase qui me trotte encore dans la tête.
« Toute création nait de ces poussières d’étoile ».
Depuis, chaque fois que je fais le ménage dans mes idées, je me recrée un nouveau monde.
Autrement dit j’ai une araignée au plafond ! Mais que fait-elle là ? Est-ce à dire que j’ai abandonné le ménage à faire dans mes pensées ? Et bien oui, j’ai oublié le grand nettoyage de printemps, le moment de dépoussiérer tous les recoins de mon cerveau. La balayette et la pelle, le balai classique ou celui moderne à franges et son seau essoreur, les désinfectants et autres produits miracles vantés à grand renfort de spots publicitaires, l’aspirateur à eau ou à puissance stable, le bras télescopique qui tutoie les hauteurs, les lingettes qui emprisonnent les moutons… Tout cet attirail au service de la « bonne ménagère » sera-t-il de nature à m’aider dans ma grande lessive cognitive ?
Prudente je commence par le commencement : ouvrir grand les fenêtres, ranger tout le déballage qui encombre l’entrée, un joli plumeau aux plumes multicolores à portée de main. Ouvrir les yeux, pas seulement ceux auxquels on pense en premier, mais ceux qui voient et entendent à l’intérieur de moi… et y chausser des lunettes roses : m’imposer de peser à l’aune de cette balance toutes ces pensées disparates. Faire taire les petites voix insidieuses qui veulent couvrir de leur leitmotiv sinistre les notes plus douces d’un chant joyeux. Chassez l’esprit malin et m’attacher à toutes les belles choses que je vis, que je peux vivre si je le décide et à toutes celles que je pourrais découvrir si j’osais… La surprise est grande et la toile de l’araignée bien légère. Je la conserve, elle sera utile à capturer la mouche du nouveau coche qui vient de renaître.
Danielle 78
« La littérature, c’est la preuve que la vie ne suffit pas » F Pessoa.
Depuis quelque temps je ne fais pas bon ménage avec moi même, je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées dans mes pensées.
Vu que le plafond est bas, j’ai cru qu’un petit coup de balayette suffirait.
Mais non, je me suis pris les pattes dans le filet à mouches. Je suis resté suspendu ainsi au dessus de mon vide…48 heures. Mon poids de gras, pas celui de la réflexion a fini par me libérer.
J’étais en train de me me dégager le deuxième pied du rail. A peine le temps de croire que le pire était passé qu’une rame est apparu.
J’avais oublié les croûtes de café, les miettes de légumes, les pelures de baguettes collés au fond de l’évier de ma gorge. Plus un mot ne parvenait à s’écouler.
Je me suis traîné jusqu’au placard. J’ai avalé 200 grs de bicarbonate de sodium alimentaire. J’ai versé par dessus un demi litre de vinaigre blanc. Je me suis installé dans mon fauteuil celui accoudé au vieux mur. J’ai attendu.
Ca gargouillait sec. Je me suis bercé de cette élégie de tuyauterie. Je me suis assoupi…
…Des fourmis minuscules construisaient des radeaux en spaghettis, traversaient mes lacs de jus de citron savamment étendus le long des bas de portes extérieures. Elles s’arc-boutaient, les zouvrières sur la porte du frigidaire, s’émerveillaient du demi melon stocké, sortaient leurs grands couteaux, en découpaient de fines tranches pour les enfants de leurs voisines…
Un ramdam épouvantable suivi d’un borborygme scandaleux dans un salon mondain m’éveilla. Le bouchon avait enfin sauté. J’allais peaufiner l’évacuation dans les toilettes, me torchait le trop plein d’inspiration, respirait la mèche citronnée de mon désodorisant longue durée.
Je fis quelques pas dans la salle de bain, me plantait face à la glace ébréchée. Les fêlures me dessinaient un drôle de costume. L’un des carreaux de ma chemise paraissait cassé.
Je fis mon rot, m’assis à mon bureau.
A nouveau, comme après chaque coup de taille crayon, je me sentais en mesure d’attaquer un nouveau chapitre.
Depuis quelque temps je ne fais pas bon ménage avec moi-même, je trouve qu’il y a trop de toiles d’araignées dans mes pensées, trop de glaires dans mes idées, trop de boutons dans mes passions, trop de crachats dans mes achats. C’est bien plus dramatique que de ne pas faire bon ménage avec soi-même, depuis les jours s’égrènent et j’en suis arrivé à la conclusion que je me déteste, je me hais. Chaque parole sotie de ma bouche me semble ridicule, chaque mouvement qu’émet mon corps tend à être inutile, chaque clignement de paupières est un errements de plus. Que faire ? Je me regarde dans le miroir, je me dis :
« il faut supprimer ce mec là, il n’a aucune place dans notre univers. » Ma punition, ne jamais pouvoir m’effacer, je n’en ai pas le courage, je suis condamné à me supporter pour l’éternité!