Racontez ce qui n’est jamais arrivé au Petit Prince
Ce qui ne lui était jamais arrivé, et pourtant, il en rêvait tellement. Il avait beau se raisonner, la tentation était trop grande. Il osa, car, se dit-il, si je ne le fais pas maintenant, plus jamais je n’oserai…
Le soleil venait de s’éteindre. Le réverbère attendrait un peu…
Petit Prince s’assit sur son lit, se pencha et tira sur une poignée. La malle de carton bouilli glissa doucement. Aucune trace de doigts dans l’épaisse couche de poussières. La malle n’avait pas été ouverte depuis que le petit Prince était arrivé sur sa planète. Il s’était toujours interdit de l’ouvrir. Mais il était convaincu que tôt ou tard, il devrait ouvrir cette boîte de Pandore.
Il devait comprendre pourquoi ses parents l’avaient abandonné sur cette planète adorable mais minuscule.
Premier claquement… second claquement. Il souleva doucement le couvercle.
Une explosion de couleurs et de scintillements.
Petit Prince découvrit une robe magnifique de soie moirée, une couronne de perles, une parure de diamants bleus et des escarpins en satin.
– Je suis seul sur ma Planète, se dit le Petit Prince… J’ai toujours été raisonnable et pondéré, alors, juste pour une fois, soyons fou… fou… fou….
Petit Prince retira ses bottes et ses vêtements.
Psyché renvoya l’image d’une princesse, aussi jolie que celles des livres de contes : de grands yeux bleus, un teint de porcelaine, une petit nez plein d’audaces…
Il ferma les yeux, le temps de savourer cet instant, le temps de se réinventer une vie…
« Ma mère était fille de roi. Elle est tombée amoureuse d’un homme qui n’avait pas de sang bleu…Elle s’est enfuie avec lui, avec pour seul bagage ce qu’elle avait sur elle…ils ont vécu quelques jours de bonheur et puis…. »
Il ne voulut pas imaginer la suite, elle était trop triste….
« Mon père était roi, ma mère était reine, mais elle est morte alors que j’étais encore jeune. Il s’est remarié et sa seconde épouse me détestait tant qu’elle voulait me …. »
Hmmmm, toute ressemblance avec des personnages ….
« Ma mère était Impératrice. Si si…..Elle voyageait beaucoup, tous les hommes étaient éblouis par sa beauté….mais elle se sentait si seule…. »
Petit Prince sortit de sa torpeur et de ses rêves.
– Allons, bon….je dois m’occuper de ma planète et de ma rose. Je dois encore planifier mon voyage vers les terres inconnues….
Un dernier regard sur les news.
– On dirait que les mentalités changent. Ça bataille ferme sur Terre, les pro… les anti ! C’est là que je veux aller !
Petit Prince se mit un peu de rimmel, une touche de gloss, enfila sa robe de dentelle et ses sandales, chiffonna quelques mèches ….
Il allait, lui aussi, faire sa guerre aux préjugés…
(Pour mémoire, les chapitres précédents racontent les rencontres du petit prince sur les six premières planètes.)
La septième planète était cent fois plus grande que la planète du géographe qui était déjà, je vous le rappelle, dix fois plus grande que les autres. Il se passa un jour entier avant que le petit prince ne rencontrât le seul homme qui l’habitait. Mais sur cette planète les jours ne durent que deux heures. C’était un magicien. Mais comme le vaniteux, il n’avait pas de spectateurs et s’ennuyait beaucoup. Le petit prince eut alors une idée : s’il rassemblait les habitant des précédentes planètes ? Il y a bien assez de place sur cette planète ! Il demanda au magicien :
– Peux-tu faire apparaître ce que tu désires ?
– Naturellement, répondit le magicien. Il suffit d’un coup de baguette magique.
– Alors apporte ici le roi, pour qu’il puisse enfin régner sur de vrais sujets.
– Mais je ne veux recevoir aucun ordre !
– Ne t’inquiète pas, le roi ne donne que des ordres raisonnables. Apporte aussi le vaniteux. Comme toi, il manque de spectateurs. Il pourra ainsi être admiré par tous les hommes.
– C’est d’accord, dit le magicien.
– Ensuite, fais apparaître le buveur. S’il trouve de la distraction, il oubliera de boire et sa honte disparaîtra. N’oublie pas le businessman qui aura sûrement quelques belles étoiles à vous revendre. De cette façon il en aura moins à compter et pourra se promener un peu, soulageant alors ses crises de rhumatisme. Quant à l’allumeur de réverbères, cela faciliterait sa tâche d’habiter sur ta planète, puisque les jours durent deux heures. Il pourrait dormir un peu.
– Encore d’accord, dit le magicien qui voyait le nombre de ses spectateurs augmenter à vue d’œil.
– Tous ensemble vous ferez alors venir le géographe. Non seulement, avec votre aide il pourra faire le livre de ta planète, mais aussi celle de tout l’univers quand vous lui décrirez chacun votre planète. Fais apparaître aussi mes baobabs, mes volcans et ma fleur, dont je vous fais cadeau pour égayer votre vie.
– D’accord, d’accord, d’accord, dit le magicien.
Il se mit aussitôt au travail et l’on vit virevolter la baguette magique. Tous les invités se retrouvèrent ensemble autour du petit prince qui leur expliqua aussitôt pourquoi ils se trouvaient tous réunis ici.
Mais très vite la situation se gâta. Le businessman ne voulut pas d’une fleur plus belle que ses étoiles. Le vaniteux exigea que le public ne regarde que lui et fustigea le magicien. Le roi se mit vite en colère, ses sujets piétinant son gigantesque manteau d’hermine. Il n’y eut pas de volontaire pour ramoner les volcans, personne pour arroser la fleur. On fit renvoyer les baobabs de peur qu’ils n’envahissent la planète. Et comme l’avait pressenti le petit prince, l’allumeur de réverbère fut méprisé par tous les autres. Le vieux géographe rentra chez lui car il ne pouvait remplir ses livres qu’avec des explorateurs intègres, pas avec un groupe de batailleurs.
« Les grandes personnes sont décidément très très étranges. Ils pourraient vivre en harmonie, mais ils se battent. Il y a pourtant de la place sur cette planète ! » pensa le petit prince. Il se rappela alors le conseil du géographe :
« Va sur la planète Terre, elle a une bonne réputation.»
Et le petit prince s’en fut vers la planète Terre, songeant à sa fleur.
Attristé par l’attitude de sa fleur à quatre épines, le Petit Prince partit donc vers d’autres astéroïdes.
I
Il arriva sur la petite planète du roi.
« s’il vous plait, dessinez-moi un mouton, noble roi »
« Depuis quand un sujet exige-t-il du roi ? Et un mouton, pourquoi un mouton ? Je règne sur un peuple intelligent et raisonné, pas sur des moutons !
Je vais plutôt te dessiner un cheval car c’est un animal fier et fort, digne de mon image, même si je ne puis en posséder sur ma petite planète »
« Non, je veux un mouton. Puis-je me retirer ? »
« Je suis le roi et je te missionne de trouver un mouton car je n’en ai jamais vu. Je t’ordonne de m‘en rapporter un».
Si le Petit Prince avait eu son mouton, il ne serait jamais allé vers d’autres astéroïdes.
II
Il se déposa ensuite sur l’astéroïde habité par le vaniteux.
« s’il te plait, dessine-moi un mouton »
Le vaniteux quitta son chapeau et dit :
« applaudis-moi d’abord, puis je verrai »
Le Petit Prince applaudit donc.
« Plus fort, lui dit le vaniteux, plus fort, si tu veux ton dessin »
Le Petit Prince applaudit plus fort et stoppa : « et mon dessin, alors ? »
Le vaniteux s’exécuta. Il demanda à nouveau d’être acclamé quand il tendit son œuvre au Petit Prince.
« Qu’avez-vous reproduit ? Cela ne ressemble à rien ! »
« Toute œuvre doit être reconnue, jeune homme, alors… »
« Non, je n’applaudirai pas. Je veux mon mouton »,dit le Petit Prince obstiné.
Et il quitta ce lieu, désolé de cette rencontre si peu productive.
S’il avait eu son mouton, peut-être serait-il retourné voir sa fleur. Son périple se serait arrêté ici.
III
Le voici sur la planète du buveur.
« s’il te plait, dessine-moi un mouton »
« Je ne peux pas, je tremble trop et je suis trop désespéré pour dessiner ! Laisse-moi seul. Je dois boire ».
Le Petit Prince, déçu, reprit son chemin.
Peut-être aurait-il arrêté ses recherches si le buveur n’avait pas bu.
IV
Il changea à nouveau de planète, la planète du businessman, celui qui ne fait que compter.
« Vous comptez des moutons ? » questionna le Petit Prince.
« Non, pourquoi des moutons ? Ils ne rapportent rien les moutons. Laisse-moi compter, va t‘en, j‘ai du travail.»
« Vous pouvez m’en dessiner un, alors ! »
« Va- t’en, je n’ai pas le temps de jouer ni de dessiner».
« Que faisiez-vous quand vous étiez enfant ? »
« Cela n’a guère d’importance ce que je faisais lorsque j’étais enfant ! Je dois compter maintenant. Au revoir. »
Alors, le Petit Prince comprit que cet homme n’entendrait rien à sa quête, car il avait oublié son enfance. C’était bien dommage. Il aurait pu revoir sa fleur plus rapidement.
V
Il ne se posa pas sur la planète qui s’allume et qui s’éteint, celle de l’allumeur de réverbères. Il savait que les moutons avaient besoin du lever et du coucher du soleil pour être heureux.
De même que l’allumeur de réverbères ne pourrait s’interrompre pour dessiner un mouton. Il n’en avait pas reçu la consigne.
VI
Il atteint la planète du Géographe.
« Vous qui avez des feuilles et des crayons, s’il vous plait, dessinez-moi un mouton »
« Un mouton ? Où as-tu vu un mouton ? Ou plutôt un troupeau de moutons ? Ou encore des élevages de moutons ? Dis-moi vite que je les retranscrive sur mes plans ».
« Je ne sais pas, Monsieur, où se trouve le mouton. Je veux juste que vous m’en dessiniez un, s’il vous plait. Personne ne veut me dessiner un mouton ».
« Moi, je fais des plans. Va explorer la planète et rapporte-moi les emplacements de tes moutons »
« Non, Monsieur, je ne suis pas un explorateur. Vous ne m‘écoutez pas, je veux juste un dessin de mouton »
VII
Il fit un détour par l’astéroïde B 656 de l’éleveur de moutons.
« s’il vous plait, donnez-moi un mouton »
« Non, je ne peux pas. Si je te donne un mouton, je n’ai plus de raison d’exister, moi l’éleveur de moutons »
« Mais vous avez deux moutons, vous pouvez m’en donner un »
« Non, un mouton ne peut vivre sans son compagnon, il dépérirait d’ennui. Va sur la planète Terre, tu trouveras de nombreux moutons. Un de plus, un de moins, les terriens n’y verront que du feu »
VIII
Enfin, la Terre et l’homme qui dessine la boite à mouton.
Et le Petit Prince qui a tout de suite deviné le boa ouvert et le boa fermé.
Quelle chance !
Par contre, la présence du serpent a réveillé le Petit Prince.
Quel cauchemar, il a tellement peur des serpents ! Il est étrange ce rêve de mouton !
Le petit Prince sourit en regardant son mouton protégé sa fleur. Il ne mange pas sa rose, son mouton et puis, il ne digère pas les épines !
Il l’aime trop. Il la dorlote avec amour, la protège du vent, l’abrite du soleil, l’enroule de laine lorsqu’il fait froid pendant les nombreux couchers de soleil.
Le Petit Prince se demande tout de même quelle allure a le mouton dans la boite de rêve.
CONCLUSION
Il sourit de nouveau et, affectueusement, caresse son mouton et les pétales de sa fleur. Il se dit :
« Heureusement, ce n’est qu’un rêve et tout cela ne m’est jamais arrivé ».
Et il va soigneusement ramoner ses deux volcans en activité et son volcan éteint.
– Bonjour dit le petit prince
– Bonjour dit le prêtre
– Que fais-tu dans cette grande maison froide ?
– Ce n’est pas une maison comme les autres, c’est la maison de Dieu.
– Pourquoi vis-tu chez Dieu ?
– Je ne vis pas ici, j’y viens seulement pour expliquer aux fidèles que Dieu existe et qu’il est tout.
– Et comment le sais-tu ?
– Je le vois dans mon cœur.
Le petit prince songea au secret que le renard lui avait confié et se dit que ce monsieur Dieu avait beaucoup de chance de pouvoir être vu par les cœurs.
– Mais pourquoi ne se montre-t-il pas aux cœurs des fidèles au lieu de te laisser le décrire ?
– Dieu se montre, mais les fidèles ne le regardent pas
– Et ils te voient, toi ?
– Oui
– Alors Dieu, c’est toi !
– Tu ne peux pas dire cela, c’est blasphémer. As-tu la foi mon enfant ?
– Qu’est-ce que c’est la foi ?
– C’est sentir Dieu dans son cœur
Le petit Prince se tût un long moment. Il réfléchissait très fort et son visage s’était assombri. Puis il dit au prêtre.
– Dans mon cœur, je sens les milliers d’étoiles, la rose qui m’attend et la beauté des couchers de soleil mais je ne sens pas ce Monsieur Dieu. Je crois que c’est parce que mon cœur est trop grand.
Nous en étions au huitième jour de ma panne dans le désert, et j’avais écouté l’histoire du [prêtre] en buvant la dernière goutte de ma provision d’eau …
Le Petit Prince n’a jamais mis les pieds sur la planète Lune.
Et pourtant s’il avait seulement fait ce détour avant d’arriver sur la Terre, il aurait pu savoir, il aurait pu demander à l’homme dans la Lune pourquoi il tourne autour de la Terre depuis la nuit des temps, pourquoi il lui présente toujours la même face avec ce regard bienveillant, presque mélancolique.
« Que caches-tu dans ton dos ?
– Rien !
– Les grandes personnes répondent toujours « rien » quand il y a quelque chose de grave.
– Rien, je te dis !
– Les grandes personnes répètent toujours les phrases quand elles n’ont pas d’arguments.
– Ce n’est pas des histoires pour enfant. Rentre chez toi, il n’y a rien à voir ici. D’ailleurs à part toi, personne n’est jamais venu ici !
– Et tu aurais aimé que quelqu’un vienne ?
– Je ne sais pas. J’aurais aimé…
– Quoi ?
– Ce ne sont pas des histoires pour enfant, je te dis.
– Tu te répètes encore !
– Laisse-moi ! »
Et l’homme dans la Lune se mit à pleurer des larmes sans eau, des larmes de poussières, en gros sanglots, comme des pierres.
« J’aurais aimé, hanc ! … Il hoquetait.
– J’aurais aimé, hanc ! … qu’elle fasse, hanc ! … au moins, hanc… le premier pas !
– Qui ça, elle ?
– La Teeeeeeeerre ! hurla t-il … la Teeeerre !! Et il reprit ses sanglots.
– Mais…. »
Le Petit Prince était gêné, il ne comprenait pas. Les grandes personnes sont décidément très compliquées.
« Moi sur ma planète, j’ai trois volcans et une fleur. Et toi, tu sembles avoir… oh ! … beaucoup de volcans à ramoner.
– Des cratères purulents, oui ! De l’eczéma de roche que je ne peux traiter. Personne ne peut rien pour moi. Si tu voyais mon dos… »
Et il se remit à pleurer.
« Elle a fait une croix, hanc ! … sur notre passé, hanc ! … notre r’hanc…ontre, comme si de rien…
– Il te faudrait une fleur sur ta planète, l’interrompit le Petit Prince, je t’amènerai une graine et un arrosoir, il faudra t’en occuper et tu verras que ça ira mieux. »
Le Petit Prince s’apprêta à partir pour rejoindre la dernière planète, la Terre.
« Je dois y aller, je te promets de lui parler et elle viendra, tu verras !
– Mais en attendant il faut ramoner tes volcans, retrouver le sourire et effacer cet air triste. Tu as combien de couchers de soleil, toi, sur ta planète ? »
Tout le monde aime et admire le Petit prince. Et pourtant, je l’ai rencontré et il m’a conté ses 1000 et 1 regrets. « Oui, j’ai vécu une aventure extraordinaire qui a fait rêver des milliers de gens. Mon histoire est belle, symbolique. Mais j’aurais bien voulu rencontrer ma petite princesse par exemple. Tous les soirs, déplacer ma chaise pour voir le coucher du soleil, c’est beau mais à deux, ce serait encore plus beau. Je n’ai pas connu les joies des jeux et des câlins. Y a un truc tout bête, j’aurais voulu une maman qui me fasse des tartines de Nutella à 4 heures. Et puis, j’aurais bien voulu aller à l’école. Il paraît qu’on y apprend plein de choses et on se fait plein de copains. Par exemple, moi avec ma vie de Petit prince parfait, je n’ai jamais fait de bêtises. J’aurais bien voulu savoir ce que cela fait. J’aurais voulu aussi avoir un skate, des rollers, avoir une casquette. »
Isolé sur sa planète – son ami le renard étant parti conter fleurette à une congénère – le Petit Prince se morfondait. Des lustres qu’il faisait son numéro de gentil garçon, rôle que lui avait assuré pour un bout d’éternité son géniteur qui, soit dit entre parenthèse avait fichu le camp sous d’autres cieux, le laissant seul à gérer leur petite entreprise. Mais le temps passait, les admirateurs se raréfiaient.
Jeune – éternellement – notre prodige s’interrogeait alors sur son avenir. Bien que dépourvu de téléphone portable et d’ordinateur, il avait eu vent de ces avancées technologiques qui l’intriguaient. Paraît que c’était la nouvelle façon de se faire des amis, lui qui en manquait cruellement. Sans compter qu’il n’avait jamais été amoureux. Le mot même le faisait frémir. Au lieu de lui dessiner un mouton, il aurait mieux fait de commander à son maître une « petite ». Comme celle qui débarquait parfois dans ses rêves : tantôt blonde, tantôt brune, une délurée à la bouche sensuelle et aux allures de bimbo avec laquelle il lui prenait l’envie de s’encanailler. Mais ça restait un rêve, ce qui était préférable car personne ne s’était jamais inquiété de faire son éducation sentimentale.
Dépité, il s’asseyait sous le seul arbre qui avait bien voulu pousser sur son petit bout de terre et rêvait, encore et encore. Presque jour et nuit maintenant. De sa Julie, de courir avec elle dans les champs et de la culbuter dans le foin ; de plonger dans les vagues et de lézarder au soleil couchant, main dans la main. D’elle, quoi.
Ce matin-là, ouvrant les yeux, il découvrit, posée sur le sol, une voile que le vent faisait gonfler. Ignorant que ce drôle d’engin avait pour nom parapente, il s’en approcha prudemment pour en faire le tour. Soudain, il sursauta : la voile avait une voix de fille…
« Merde, j’ai foiré mon atterrissage ! »
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
Racontez ce qui n’est jamais arrivé au Petit Prince
Ce qui ne lui était jamais arrivé, et pourtant, il en rêvait tellement. Il avait beau se raisonner, la tentation était trop grande. Il osa, car, se dit-il, si je ne le fais pas maintenant, plus jamais je n’oserai…
Le soleil venait de s’éteindre. Le réverbère attendrait un peu…
Petit Prince s’assit sur son lit, se pencha et tira sur une poignée. La malle de carton bouilli glissa doucement. Aucune trace de doigts dans l’épaisse couche de poussières. La malle n’avait pas été ouverte depuis que le petit Prince était arrivé sur sa planète. Il s’était toujours interdit de l’ouvrir. Mais il était convaincu que tôt ou tard, il devrait ouvrir cette boîte de Pandore.
Il devait comprendre pourquoi ses parents l’avaient abandonné sur cette planète adorable mais minuscule.
Premier claquement… second claquement. Il souleva doucement le couvercle.
Une explosion de couleurs et de scintillements.
Petit Prince découvrit une robe magnifique de soie moirée, une couronne de perles, une parure de diamants bleus et des escarpins en satin.
– Je suis seul sur ma Planète, se dit le Petit Prince… J’ai toujours été raisonnable et pondéré, alors, juste pour une fois, soyons fou… fou… fou….
Petit Prince retira ses bottes et ses vêtements.
Psyché renvoya l’image d’une princesse, aussi jolie que celles des livres de contes : de grands yeux bleus, un teint de porcelaine, une petit nez plein d’audaces…
Il ferma les yeux, le temps de savourer cet instant, le temps de se réinventer une vie…
« Ma mère était fille de roi. Elle est tombée amoureuse d’un homme qui n’avait pas de sang bleu…Elle s’est enfuie avec lui, avec pour seul bagage ce qu’elle avait sur elle…ils ont vécu quelques jours de bonheur et puis…. »
Il ne voulut pas imaginer la suite, elle était trop triste….
« Mon père était roi, ma mère était reine, mais elle est morte alors que j’étais encore jeune. Il s’est remarié et sa seconde épouse me détestait tant qu’elle voulait me …. »
Hmmmm, toute ressemblance avec des personnages ….
« Ma mère était Impératrice. Si si…..Elle voyageait beaucoup, tous les hommes étaient éblouis par sa beauté….mais elle se sentait si seule…. »
Petit Prince sortit de sa torpeur et de ses rêves.
– Allons, bon….je dois m’occuper de ma planète et de ma rose. Je dois encore planifier mon voyage vers les terres inconnues….
Un dernier regard sur les news.
– On dirait que les mentalités changent. Ça bataille ferme sur Terre, les pro… les anti ! C’est là que je veux aller !
Petit Prince se mit un peu de rimmel, une touche de gloss, enfila sa robe de dentelle et ses sandales, chiffonna quelques mèches ….
Il allait, lui aussi, faire sa guerre aux préjugés…
Chapitre XVI
(Pour mémoire, les chapitres précédents racontent les rencontres du petit prince sur les six premières planètes.)
La septième planète était cent fois plus grande que la planète du géographe qui était déjà, je vous le rappelle, dix fois plus grande que les autres. Il se passa un jour entier avant que le petit prince ne rencontrât le seul homme qui l’habitait. Mais sur cette planète les jours ne durent que deux heures. C’était un magicien. Mais comme le vaniteux, il n’avait pas de spectateurs et s’ennuyait beaucoup. Le petit prince eut alors une idée : s’il rassemblait les habitant des précédentes planètes ? Il y a bien assez de place sur cette planète ! Il demanda au magicien :
– Peux-tu faire apparaître ce que tu désires ?
– Naturellement, répondit le magicien. Il suffit d’un coup de baguette magique.
– Alors apporte ici le roi, pour qu’il puisse enfin régner sur de vrais sujets.
– Mais je ne veux recevoir aucun ordre !
– Ne t’inquiète pas, le roi ne donne que des ordres raisonnables. Apporte aussi le vaniteux. Comme toi, il manque de spectateurs. Il pourra ainsi être admiré par tous les hommes.
– C’est d’accord, dit le magicien.
– Ensuite, fais apparaître le buveur. S’il trouve de la distraction, il oubliera de boire et sa honte disparaîtra. N’oublie pas le businessman qui aura sûrement quelques belles étoiles à vous revendre. De cette façon il en aura moins à compter et pourra se promener un peu, soulageant alors ses crises de rhumatisme. Quant à l’allumeur de réverbères, cela faciliterait sa tâche d’habiter sur ta planète, puisque les jours durent deux heures. Il pourrait dormir un peu.
– Encore d’accord, dit le magicien qui voyait le nombre de ses spectateurs augmenter à vue d’œil.
– Tous ensemble vous ferez alors venir le géographe. Non seulement, avec votre aide il pourra faire le livre de ta planète, mais aussi celle de tout l’univers quand vous lui décrirez chacun votre planète. Fais apparaître aussi mes baobabs, mes volcans et ma fleur, dont je vous fais cadeau pour égayer votre vie.
– D’accord, d’accord, d’accord, dit le magicien.
Il se mit aussitôt au travail et l’on vit virevolter la baguette magique. Tous les invités se retrouvèrent ensemble autour du petit prince qui leur expliqua aussitôt pourquoi ils se trouvaient tous réunis ici.
Mais très vite la situation se gâta. Le businessman ne voulut pas d’une fleur plus belle que ses étoiles. Le vaniteux exigea que le public ne regarde que lui et fustigea le magicien. Le roi se mit vite en colère, ses sujets piétinant son gigantesque manteau d’hermine. Il n’y eut pas de volontaire pour ramoner les volcans, personne pour arroser la fleur. On fit renvoyer les baobabs de peur qu’ils n’envahissent la planète. Et comme l’avait pressenti le petit prince, l’allumeur de réverbère fut méprisé par tous les autres. Le vieux géographe rentra chez lui car il ne pouvait remplir ses livres qu’avec des explorateurs intègres, pas avec un groupe de batailleurs.
« Les grandes personnes sont décidément très très étranges. Ils pourraient vivre en harmonie, mais ils se battent. Il y a pourtant de la place sur cette planète ! » pensa le petit prince. Il se rappela alors le conseil du géographe :
« Va sur la planète Terre, elle a une bonne réputation.»
Et le petit prince s’en fut vers la planète Terre, songeant à sa fleur.
©Margine
Désolé pour les numéros de chapitre, ça cafouille sévère mais ce n’est pas bien grave !
Gepy
INTRODUCTION
Attristé par l’attitude de sa fleur à quatre épines, le Petit Prince partit donc vers d’autres astéroïdes.
I
Il arriva sur la petite planète du roi.
« s’il vous plait, dessinez-moi un mouton, noble roi »
« Depuis quand un sujet exige-t-il du roi ? Et un mouton, pourquoi un mouton ? Je règne sur un peuple intelligent et raisonné, pas sur des moutons !
Je vais plutôt te dessiner un cheval car c’est un animal fier et fort, digne de mon image, même si je ne puis en posséder sur ma petite planète »
« Non, je veux un mouton. Puis-je me retirer ? »
« Je suis le roi et je te missionne de trouver un mouton car je n’en ai jamais vu. Je t’ordonne de m‘en rapporter un».
Si le Petit Prince avait eu son mouton, il ne serait jamais allé vers d’autres astéroïdes.
II
Il se déposa ensuite sur l’astéroïde habité par le vaniteux.
« s’il te plait, dessine-moi un mouton »
Le vaniteux quitta son chapeau et dit :
« applaudis-moi d’abord, puis je verrai »
Le Petit Prince applaudit donc.
« Plus fort, lui dit le vaniteux, plus fort, si tu veux ton dessin »
Le Petit Prince applaudit plus fort et stoppa : « et mon dessin, alors ? »
Le vaniteux s’exécuta. Il demanda à nouveau d’être acclamé quand il tendit son œuvre au Petit Prince.
« Qu’avez-vous reproduit ? Cela ne ressemble à rien ! »
« Toute œuvre doit être reconnue, jeune homme, alors… »
« Non, je n’applaudirai pas. Je veux mon mouton »,dit le Petit Prince obstiné.
Et il quitta ce lieu, désolé de cette rencontre si peu productive.
S’il avait eu son mouton, peut-être serait-il retourné voir sa fleur. Son périple se serait arrêté ici.
III
Le voici sur la planète du buveur.
« s’il te plait, dessine-moi un mouton »
« Je ne peux pas, je tremble trop et je suis trop désespéré pour dessiner ! Laisse-moi seul. Je dois boire ».
Le Petit Prince, déçu, reprit son chemin.
Peut-être aurait-il arrêté ses recherches si le buveur n’avait pas bu.
IV
Il changea à nouveau de planète, la planète du businessman, celui qui ne fait que compter.
« Vous comptez des moutons ? » questionna le Petit Prince.
« Non, pourquoi des moutons ? Ils ne rapportent rien les moutons. Laisse-moi compter, va t‘en, j‘ai du travail.»
« Vous pouvez m’en dessiner un, alors ! »
« Va- t’en, je n’ai pas le temps de jouer ni de dessiner».
« Que faisiez-vous quand vous étiez enfant ? »
« Cela n’a guère d’importance ce que je faisais lorsque j’étais enfant ! Je dois compter maintenant. Au revoir. »
Alors, le Petit Prince comprit que cet homme n’entendrait rien à sa quête, car il avait oublié son enfance. C’était bien dommage. Il aurait pu revoir sa fleur plus rapidement.
V
Il ne se posa pas sur la planète qui s’allume et qui s’éteint, celle de l’allumeur de réverbères. Il savait que les moutons avaient besoin du lever et du coucher du soleil pour être heureux.
De même que l’allumeur de réverbères ne pourrait s’interrompre pour dessiner un mouton. Il n’en avait pas reçu la consigne.
VI
Il atteint la planète du Géographe.
« Vous qui avez des feuilles et des crayons, s’il vous plait, dessinez-moi un mouton »
« Un mouton ? Où as-tu vu un mouton ? Ou plutôt un troupeau de moutons ? Ou encore des élevages de moutons ? Dis-moi vite que je les retranscrive sur mes plans ».
« Je ne sais pas, Monsieur, où se trouve le mouton. Je veux juste que vous m’en dessiniez un, s’il vous plait. Personne ne veut me dessiner un mouton ».
« Moi, je fais des plans. Va explorer la planète et rapporte-moi les emplacements de tes moutons »
« Non, Monsieur, je ne suis pas un explorateur. Vous ne m‘écoutez pas, je veux juste un dessin de mouton »
VII
Il fit un détour par l’astéroïde B 656 de l’éleveur de moutons.
« s’il vous plait, donnez-moi un mouton »
« Non, je ne peux pas. Si je te donne un mouton, je n’ai plus de raison d’exister, moi l’éleveur de moutons »
« Mais vous avez deux moutons, vous pouvez m’en donner un »
« Non, un mouton ne peut vivre sans son compagnon, il dépérirait d’ennui. Va sur la planète Terre, tu trouveras de nombreux moutons. Un de plus, un de moins, les terriens n’y verront que du feu »
VIII
Enfin, la Terre et l’homme qui dessine la boite à mouton.
Et le Petit Prince qui a tout de suite deviné le boa ouvert et le boa fermé.
Quelle chance !
Par contre, la présence du serpent a réveillé le Petit Prince.
Quel cauchemar, il a tellement peur des serpents ! Il est étrange ce rêve de mouton !
Le petit Prince sourit en regardant son mouton protégé sa fleur. Il ne mange pas sa rose, son mouton et puis, il ne digère pas les épines !
Il l’aime trop. Il la dorlote avec amour, la protège du vent, l’abrite du soleil, l’enroule de laine lorsqu’il fait froid pendant les nombreux couchers de soleil.
Le Petit Prince se demande tout de même quelle allure a le mouton dans la boite de rêve.
CONCLUSION
Il sourit de nouveau et, affectueusement, caresse son mouton et les pétales de sa fleur. Il se dit :
« Heureusement, ce n’est qu’un rêve et tout cela ne m’est jamais arrivé ».
Et il va soigneusement ramoner ses deux volcans en activité et son volcan éteint.
– Bonjour dit le petit prince
– Bonjour dit le prêtre
– Que fais-tu dans cette grande maison froide ?
– Ce n’est pas une maison comme les autres, c’est la maison de Dieu.
– Pourquoi vis-tu chez Dieu ?
– Je ne vis pas ici, j’y viens seulement pour expliquer aux fidèles que Dieu existe et qu’il est tout.
– Et comment le sais-tu ?
– Je le vois dans mon cœur.
Le petit prince songea au secret que le renard lui avait confié et se dit que ce monsieur Dieu avait beaucoup de chance de pouvoir être vu par les cœurs.
– Mais pourquoi ne se montre-t-il pas aux cœurs des fidèles au lieu de te laisser le décrire ?
– Dieu se montre, mais les fidèles ne le regardent pas
– Et ils te voient, toi ?
– Oui
– Alors Dieu, c’est toi !
– Tu ne peux pas dire cela, c’est blasphémer. As-tu la foi mon enfant ?
– Qu’est-ce que c’est la foi ?
– C’est sentir Dieu dans son cœur
Le petit Prince se tût un long moment. Il réfléchissait très fort et son visage s’était assombri. Puis il dit au prêtre.
– Dans mon cœur, je sens les milliers d’étoiles, la rose qui m’attend et la beauté des couchers de soleil mais je ne sens pas ce Monsieur Dieu. Je crois que c’est parce que mon cœur est trop grand.
Nous en étions au huitième jour de ma panne dans le désert, et j’avais écouté l’histoire du [prêtre] en buvant la dernière goutte de ma provision d’eau …
Le Petit Prince n’a jamais mis les pieds sur la planète Lune.
Et pourtant s’il avait seulement fait ce détour avant d’arriver sur la Terre, il aurait pu savoir, il aurait pu demander à l’homme dans la Lune pourquoi il tourne autour de la Terre depuis la nuit des temps, pourquoi il lui présente toujours la même face avec ce regard bienveillant, presque mélancolique.
« Que caches-tu dans ton dos ?
– Rien !
– Les grandes personnes répondent toujours « rien » quand il y a quelque chose de grave.
– Rien, je te dis !
– Les grandes personnes répètent toujours les phrases quand elles n’ont pas d’arguments.
– Ce n’est pas des histoires pour enfant. Rentre chez toi, il n’y a rien à voir ici. D’ailleurs à part toi, personne n’est jamais venu ici !
– Et tu aurais aimé que quelqu’un vienne ?
– Je ne sais pas. J’aurais aimé…
– Quoi ?
– Ce ne sont pas des histoires pour enfant, je te dis.
– Tu te répètes encore !
– Laisse-moi ! »
Et l’homme dans la Lune se mit à pleurer des larmes sans eau, des larmes de poussières, en gros sanglots, comme des pierres.
« J’aurais aimé, hanc ! … Il hoquetait.
– J’aurais aimé, hanc ! … qu’elle fasse, hanc ! … au moins, hanc… le premier pas !
– Qui ça, elle ?
– La Teeeeeeeerre ! hurla t-il … la Teeeerre !! Et il reprit ses sanglots.
– Mais…. »
Le Petit Prince était gêné, il ne comprenait pas. Les grandes personnes sont décidément très compliquées.
« Moi sur ma planète, j’ai trois volcans et une fleur. Et toi, tu sembles avoir… oh ! … beaucoup de volcans à ramoner.
– Des cratères purulents, oui ! De l’eczéma de roche que je ne peux traiter. Personne ne peut rien pour moi. Si tu voyais mon dos… »
Et il se remit à pleurer.
« Elle a fait une croix, hanc ! … sur notre passé, hanc ! … notre r’hanc…ontre, comme si de rien…
– Il te faudrait une fleur sur ta planète, l’interrompit le Petit Prince, je t’amènerai une graine et un arrosoir, il faudra t’en occuper et tu verras que ça ira mieux. »
Le Petit Prince s’apprêta à partir pour rejoindre la dernière planète, la Terre.
« Je dois y aller, je te promets de lui parler et elle viendra, tu verras !
– Mais en attendant il faut ramoner tes volcans, retrouver le sourire et effacer cet air triste. Tu as combien de couchers de soleil, toi, sur ta planète ? »
Tout le monde aime et admire le Petit prince. Et pourtant, je l’ai rencontré et il m’a conté ses 1000 et 1 regrets. « Oui, j’ai vécu une aventure extraordinaire qui a fait rêver des milliers de gens. Mon histoire est belle, symbolique. Mais j’aurais bien voulu rencontrer ma petite princesse par exemple. Tous les soirs, déplacer ma chaise pour voir le coucher du soleil, c’est beau mais à deux, ce serait encore plus beau. Je n’ai pas connu les joies des jeux et des câlins. Y a un truc tout bête, j’aurais voulu une maman qui me fasse des tartines de Nutella à 4 heures. Et puis, j’aurais bien voulu aller à l’école. Il paraît qu’on y apprend plein de choses et on se fait plein de copains. Par exemple, moi avec ma vie de Petit prince parfait, je n’ai jamais fait de bêtises. J’aurais bien voulu savoir ce que cela fait. J’aurais voulu aussi avoir un skate, des rollers, avoir une casquette. »
Isolé sur sa planète – son ami le renard étant parti conter fleurette à une congénère – le Petit Prince se morfondait. Des lustres qu’il faisait son numéro de gentil garçon, rôle que lui avait assuré pour un bout d’éternité son géniteur qui, soit dit entre parenthèse avait fichu le camp sous d’autres cieux, le laissant seul à gérer leur petite entreprise. Mais le temps passait, les admirateurs se raréfiaient.
Jeune – éternellement – notre prodige s’interrogeait alors sur son avenir. Bien que dépourvu de téléphone portable et d’ordinateur, il avait eu vent de ces avancées technologiques qui l’intriguaient. Paraît que c’était la nouvelle façon de se faire des amis, lui qui en manquait cruellement. Sans compter qu’il n’avait jamais été amoureux. Le mot même le faisait frémir. Au lieu de lui dessiner un mouton, il aurait mieux fait de commander à son maître une « petite ». Comme celle qui débarquait parfois dans ses rêves : tantôt blonde, tantôt brune, une délurée à la bouche sensuelle et aux allures de bimbo avec laquelle il lui prenait l’envie de s’encanailler. Mais ça restait un rêve, ce qui était préférable car personne ne s’était jamais inquiété de faire son éducation sentimentale.
Dépité, il s’asseyait sous le seul arbre qui avait bien voulu pousser sur son petit bout de terre et rêvait, encore et encore. Presque jour et nuit maintenant. De sa Julie, de courir avec elle dans les champs et de la culbuter dans le foin ; de plonger dans les vagues et de lézarder au soleil couchant, main dans la main. D’elle, quoi.
Ce matin-là, ouvrant les yeux, il découvrit, posée sur le sol, une voile que le vent faisait gonfler. Ignorant que ce drôle d’engin avait pour nom parapente, il s’en approcha prudemment pour en faire le tour. Soudain, il sursauta : la voile avait une voix de fille…
« Merde, j’ai foiré mon atterrissage ! »
Bon week-end, Christine