J’attendais ce joli rêve depuis des mois. Impatiente de le découvrir, d’en profiter. La voyante me l’avait prédit. Il va survenir une nuit sans prévenir. Depuis des années, j’en était privée. Aucun rêve, aucune rêverie, jamais plus la tête dans les nuages. J’avais les pieds sur terre, rationnelle, cartésienne. Aucune pensée vagabonde pour m’évader. Dans mon ciel, Uranus était en verseau, la lune croisait Jupiter. Un long passage bien ancrée, dans le cadre !
Ce soir-là, une brise flottait sur mon visage. La lune pleine dans le ciel me faisait comme un clin d’oeil. Quelque chose de différent… Je m’endormis dans le hamac bercée par le hululement de la chouette. Une image douce apparut. Un chant mélodieux surgit. Une douceur sur mes épaules. L’Amour m’enveloppait. Il faisait doux et calme. Rien ne se passait, tout était là à sa juste place. Et j’étais blottie au milieu de ce rien. Un rêve ! Mon rêve si attendu ! Mais soudain, le rêve se prit de rêver. Quelle idée ! Il s’ennuie ou quoi ? La douceur ne lui convient pas ? Il rêve de cauchemarder. Il rêve que la douceur se transforme en dureté. Les couleurs pastels en couleurs criardes. Les sons mélodieux en fanfare tonitruante. Tout est noir, tout est sale, tout est violent. C’est absurde, le rêve est englué. il ne peut plus s’en sortir. Il voulait juste tenter une petite expérience. Mais quand on est si bas, lourd plus personne ne peut vous aider.
Heureusement, en accord avec mon horoscope, la pleine lune attendait l’éclipse du siècle. Dans sa grande générosité, elle vint me réveiller ! Surprise, je tombai de mon hamac.
Un rêve a fait un cauchemar : un ange lui racontait une histoire à dormir debout. Il y mettait tellement de zèle qu’à la fin, on avait l’impression qu’il tirait le diable par la queue pour lui donner un semblant de vraisemblance. En fait c’était une illusion perdue. Il eut beau se mettre Marcel en tête rien n’y fit…Le temps retrouvé n’existe pas !
Le rêve léger, enveloppant, est pr^t pour une nuit calme, voire voluptueuse …
Des couleurs douces, ambiance rassurante, zénitude prometteuse ..
Mais lentement, tout change, s’assombrit, de gros nuages plombent le ciel et un oeil énorme,globuleux apparaît, menaçant suivi d’une cohorte envahissante de regard terribles .
Le r^ve se ratatine, tremblotant, horrifié .
Cauchemardesque ..
mais, s’aperçoit qu’il vient de s’échapper des tableaux de O Redon !! Ouf !
Un rêve a fait un cauchemar.
Racontez !
Ce petit rêve récurrent avait pris ses aises. Il adorait venir chatouiller le sommeil de la belle endormie. Mais ce soir, c’est différent, pas pareil. Il ne parvient pas à s’installer, à prendre ses aises. Il est empêché. A chaque fois qu’il essaie de se déployer il sombre dans un cauchemar qui de toute évidence essaie de lui ravir la place. Quelle audace ! Non, il n’en est pas question ! Il ne se fera pas absorber. Il ne cèdera pas un mot de son scénario ! Le cauchemar est fort ! Il parvient à se mouvoir dans les méandres de l’histoire. Il vient frapper aux portes du cerveau de la belle. Pour le rêve c’est un cauchemar. Se faire ravir sa place, c’est cruel et sournois. Comment le faire partir ? Comment le faire fuir ? Voilà le rêve envahi de brumes sombres et de pensées tristes. Il se débat, se dégage tant bien que mal. Il réinsuffle de la lumière, affirme son doux caractère. Qui triomphera en dernier ? Il n’a pas dit son dernier mot ! Il continue le combat. Il s’agit de regagner du terrain. Petit à petit il y parvient. La belle ne s’agite plus, ses traits s’apaisent, elle sourit même. La force de ses nobles intentions terrassent sans agresser les noires pensées du cauchemar qui s’enfuit dans un halo de fumée noir par la trappe d’aération.
Je ne sais plus depuis quand exactement, mais il y a déjà quelques années que nous nous sommes rencontrés. Je l’avais trouvé, abandonné au bord d’un sentier dans une sombre forêt d’épicéas. Quelques tergiversations plus tard, je l’avais recueilli chez moi. Et depuis, chaque nuit, il me tient compagnie, un petit rêve tout rose, tout doux, si paisible ! Ses grands yeux bleus, si limpides ! Posé à côté de mon oreiller, il enchante mon sommeil. Sauf que…
Depuis quelques temps, je suis inquiète. Je dors mal, je connais des insomnies de plus en plus longues. Je me demande…
Mais en fait, je sais ce qui ne va pas. C’est depuis cette fameuse nuit. Je me suis réveillée soudainement, alertée par un bruit bizarre. Mon rêve s’agitait contre mon oreiller. J’ai allumé la lampe de chevet ; le bruit bizarre, c’était lui qui grinçait des dents ! Son rose vaporeux s’était obscurci. Il m’apparaissait violet, avec des yeux exorbités ! Une terrible angoisse émanait de lui et j’éprouvai alors une peur panique. J’ai sauté du lit, quitté la chambre, dont j’ai bloqué la porte. J’ai entendu des cris, des râles, j’étais terrorisée !
Finalement, je me suis réfugiée dans le salon et j’ai attendu le lever du jour sans pouvoir me rendormir. Au petit matin, la chambre était silencieuse, mais je n’ai pas osé y aller tout de suite. Plus tard, quand la lumière du soleil a réchauffé la maison,, j’ai débloqué la porte et je j’ai entrouverte avec précaution. Un coup d’oeil sur le lit : il était là, prostré sur l’oreiller. De nouveau rose, quoiqu’un peu plus terne, les yeux mi-clos. J’ai fini par m’asseoir à côté de lui, je lui ai parlé, je l’ai caressé. Apparemment, il avait fait un terrible cauchemar ; là, il semblait être redevenu lui-même, mais je dois dire que depuis cette horrible nuit, je le trouve moins doux, moins paisible. Son regard est moins limpide, il s’agite davantage. Pas étonnant que je dorme mal ! Sa présence, juste à côté de mon oreiller, m’inquiète de plus en plus. C’est à lui que je dois mes insomnies ! Alors il va falloir m’en débarrasser…Qu’il aille cauchemarder ailleurs !
Oui mais voilà, l’idée de le perdre m’est insupportable. Mon pauvre petit rêve ! Ce soir, j’irai dormir sur le canapé du salon, on verra bien ce qui se passera…
Un rêve a fait un cauchemar
La belle créature ailée est alanguie. Allongé sur le côté, ses ailes repliées, son profil appuyé sur le bras, Morphée dort. Il rêve d’Ariane. Ce rêve le réveille, il se transporte au chevet de la princesse.
Ariane dort dans son beau lit d’olivier, envelopée de fins drap de lin. Un clair de lune doré se répand dans la chambre par la fenêtre dont les rideaux volètent au vent léger de la nuit. Morphée regarde Ariane et voit un délicat sourire embellir davantage encore son visage. Son sommeil est paisible. Morphée sait qu’elle est en train de rever de Thésée qu’elle va rencontrer et avec lequel elle partira. Ce n’est pas Thésée l’Athénien vénéré qu’Ariane voit, non, mais une silouhette masculine.
Prise de vertige, la belle créature ailée ne peut supporter ce rêve. Comment, Ariane lui échapperait ? N’a-t-il pas, lui, en tant que dieu des songes le pouvoir d’en modifier le sens ? Toujours au chevet de la jeune fille, Morphée, les ailes frémissantes, détourne le cours de la représentation sans équivoque de l’apparition. Il met quelque chose dans la main d’Ariane qui s’agite sur le drap. Il regarde cette main étreindre le vide, c’est la bobine de fil qui servira à Thésée à la fin de son épreuve. Ariane est en train de vivre son futur, seul Morphée le sait.
Quoi, elle partirait donc avec ce bellâtre ? Oui, c’est ce qui avait été décidé. Thésée n’est pas un bellâtre, Morphée serait-il jaloux ? Ariane poursuit son rêve, elle est sur un bateau avec l’homme qu’elle a vue au début et son coeur est plein de joie. Ils font escale, puis tout s’arrête, il n’y a plus rien, Ariane est seule, Thésée n’est plus là, la promesse est rompue, Ariane pleure, son coeur se disloque. Elle se réveille en larme, Morphée s’écarte, en définitive honteux d’avoir transformé le doux rêve d’amour en désespoir de l’abandon. Il est tellement malheureux de la douleur d’Ariane qu’il se met à pleurer lui aussi, des larmes lourdes, ses ailes battent en même temps qu’il sanglote. Le dieu des rêve fait un cauchemar.
Chère Avoires,
Tu as inversé la symbolique du fil d’Ariane… de ce fait, elle ne peut pas sortir victorieuse d’une situation difficile… c’est un vrai cauchemar pour Ariane.
Bien à toi.
Il était une fois un rêve qui rêvait qu’il rêvait. Tout est possible, en rêve, n’est-ce pas ! C’est une évidence. Aucune censure. Il peut très bien faire partie d’un autre rêve. Ca coule comme de l’eau de source. A l’image d’une résurgence, personne ne peut imaginer d’où il vient. Celui-ci se posa la question quand même, sur son origine. En suivant sa propre logique, il partit à sa recherche. Il erra très longtemps, aboutit dans des impasses, tant et si bien qu’il se perdit dans des zones labyrinthiques. Entre deux eaux, il dut reprendre du départ. Et si le D part, il manquerait une lettre. Que faire ? Pendant de long moments, il se démena, au point que son rêve devint un cauchemar. C’est seulement à la fin de ce cauchemar qu’il s’aperçut qu’il ne trouverait pas le D. Il se donna un temps pour réfléchir. Forcément, si le D est parti, difficile, dans ces conditions, de cauchemarder. Il lui fallut s’adapter. Ainsi, cauchemarer aurait été plus rigolo. Bon ! T »rêve de plaisanterie. Et le rêve se réveilla. Un fois réveillé, il pouvait encore rêver ! Yeh !
Il eut une absence ou un surcroît d’inspiration, devant ce tableau ? Pendant sa contemplation, il perdit la notion du temps. « Le retour d’Ulysse ». Dans le musée, il se mit à danser. Il s’était retrouver à l’époque d’Ulysse, vivant son personnage, le temps de sa danse. La légende était devenue réalité. Ulysse accueilli par Nausicaa en Phéatie. Les nymphes l’entourèrent. La prof arriva.
– Où en es-tu, dit-elle ?
– Je cherche la dynamique du peintre.
– Quelle dynamique ?
– Ce que le peintre a voulu exprimer par le mouvement des personnages.
– Et quoi ?
– Le problème posé par le rêve, c’est qu’il ne fonctionne pas selon les mêmes règles qu’au quotidien. Il le fait exprès pour qu’on se donne la peine de chercher le fil conducteur. Ce que le peintre exprime, c’est la réalité du temps présent, au moment où vous regardez son tableau.
– Tu ne serais pas un peu Altzeimer, des fois ?
Ses mots tombèrent comme des pierres dans l’eau, et les pas d’Ulysse continuèrent de tourner, portés par une musique qu’elle n’entendit pas.
Fichtre, je n’y croyais pas
La partie, je l’avais toujours gagnée
Pas besoin d’avocat
Pour le constater
Les humains me faisaient la part belle
C’était un rituel
Dès le petit-déjeuner on me racontait
Au singulier ou au pluriel
En langage universel
Certains exagéraient, m’enjolivaient
D’autres me trahissaient un peu
Normal, c’était le jeu
J’étais porté aux nues
Sans la moindre déconvenue
Moi, le rêve des humains
Tel un demi-dieu
On me vénérait…
Jusqu’au jour où un cauchemar
A percuté ma trajectoire
Me laissant exsangue et démuni
Qu’allais-je faire de ma vie ?
Et les humains sans moi
Seraient en plein désarroi
Perdraient l’espoir et la foi
Il fallait que je réagisse
Et, avec lui, que j’entre en lice
Vous, là, qui me lisez
Qui pensez-vous qui va gagner
Votre avis m’intéresse
Je vous donne mon adresse aubonheurdeshumains@gmail.com
Post-scriptum
De vos réponses je me réjouis
D’avance MERCI.
Ce matin, tout semble traîner. Même les aiguilles de la montre d’Annabelle se déplacent avec paresse : 7 h 30… 8 h… puis 9 h 30. « Voilà encore une journée guimauve », songe-t-elle. Elle aime ce temps qui s’étire, paresseux, qui la conforte dans un farniente assumé. Comme si le monde lui offrait une parenthèse où rien ne presse.
Elle aime prendre ses vacances en septembre : la chaleur se fait plus douce, la foule se disperse. Cette année, elle a choisi de visiter le jardin de Claude Monet, à Giverny. La brochure promet un enchantement : les parfums de l’été qui s’attardent et chargent l’air des dernières senteurs, les couleurs qui s’adoucissent dans leur splendeur finale.
Annabelle traverse l’allée centrale : les arceaux de rosiers grimpants forment un couloir de verdure. Devant la façade de la maison, le Clos Normand s’enflamme de couleurs. Les massifs s’élèvent comme de petites architectures végétales, les arbres dominent les roses trémières. La lumière semble vibrer dans l’air et dorer chaque pétale. Certaines tiges semblent se pencher vers elle, animées d’une attention silencieuse.
Mais c’est le jardin d’eau qui l’appelle. Elle franchit le pont japonais, peint quarante-cinq fois par Monet. Son regard s’attarde sur le pont qui se découpe sur le miroir des nénuphars. Les planches résonnent sous ses pas. Les fleurs de la glycine ont fané, mais les branches forment toujours leur dentelle d’ombre tortueuse.
Elle s’installe sur un banc sous le saule pleureur. Les branches descendent comme un rideau propice à la méditation, l’isolant du reste du monde. Le bras posé sur le dossier, elle sent une caresse sur sa main. Une fleur, qu’elle ne connaît pas, frôle sa peau. Intriguée, elle se penche pour la sentir.
À peine son nez effleure-t-il le pistil qu’un éternuement la secoue. Puis un autre. Trois, quatre, jusqu’à ce que les larmes lui montent aux yeux. Tout se brouille : le monde se décompose en une pluie de pétales. Les couleurs se diluent comme une aquarelle sous la pluie. Les couleurs dégoulinent, les formes s’effacent. Ses joues ruissellent, ses mains et son corps sont trempées, comme si une averse tombait sur elle seule.
Elle tente de se lever, mais ses jambes paraissent de coton. Une lourdeur lui tombe sur les paupières. Quand elle rouvre les yeux, le cadran de sa montre s’est ramolli, comme échappé d’un tableau de Dali. Sur la ligne d’horizon, le ciel se gonfle de nuages épais, trop blancs, trop mous, comme des masses de chantilly suspendues au-dessus d’une mer de gélatine bleue.
Elle marche. Sous ses pieds, le sable se change en une poudre fine, farineuse, qui aspire ses pas. Au loin, un petit garçon apparaît. Elle accélère. Elle l’appelle — sa voix sort déformée, comme à travers un rêve. Elle accélère. Quand elle s’approche, l’enfant saisit l’ourlet d’une vague et se glisse dessous comme sous une couette. Annabelle frissonne : cette journée qui s’annonçait si paisible comme un doux rêve, tourne au cauchemar.
Un grondement d’avion fend l’air. Elle se retourne, et juste à temps, car une mouette énorme, bec ouvert et yeux noirs passe en rase-mottes, frôle sa tête. L’oiseau s’évapore dans un nuage de plumes qui se recomposent en un immense pinceau traçant une ligne sombre dans le ciel. Annabelle chute dans ce sable-couscous qui l’englue, s’en relève, couverte d’une sauce étrange, de lambeaux légumes et de viande. L’odeur est métallique, presque écœurante. Elle se précipite vers la mer pour se nettoyer.
Mais l’eau recule devant elle. À mesure qu’elle avance, le niveau baisse, la mer s’éloigne comme si elle fuyait. Annabelle s’arrête brusquement : devant elle, l’océan s’ouvre en un gouffre béant. L’eau se déverse dans le vide avec un bruit de cascade. Le monde se termine ici, à ses pieds, comme tranchée au couteau.
Annabelle recule, le cœur battant, craignant d’être aspirée par un reflux. La plage se craquèle, les fissures courent dans le sol. Elle se met à courir, ses pieds glissent dans la poudre jaune. Le vent se lève, les arbres en arrière-plan se courbent comme pour la chasser. Saisie par la peur, elle force sa course.
Essoufflée, elle s’effondre sur un banc. Le même banc, sous le même saule. Le bois est froid, humide et rugueux sous ses paumes. Son souffle se calme peu à peu. Le silence retombe. Puis, les sons reviennent : le bruissement des feuilles, un souffle de vent plus doux. Quand elle rouvre les yeux, le jardin d’eau est là, intact. Les nénuphars flottent comme si rien ne s’était passé. Mais un silence étrange règne, il n’y a même pas un bruit d’oiseau… le jardin est vide, totalement vide…
Elle s’avance vers l’étang. Son reflet la fixe… et sourit. Quelque chose cloche : ses yeux paraissent trop grands, son sourire trop figé. Elle cligne des paupières — le reflet ne bouge pas. Un frisson la parcourt. Elle se redresse d’un bond et vacille.
À son poignet, la montre a retrouvé sa forme normale, mais les aiguilles marquent 23 h 59. Il fait pourtant plein jour. La trotteuse tremble sans avancer. Quelque chose frôle son genou. C’est la même fleur. Annabelle la cueille, hésite, la porte à son nez. Rien. Pas de chatouillement.
Sur l’autre rive, le petit garçon réapparaît. Il la regarde longuement, lève une main en guise de salut, puis disparaît derrière un saule.
Annabelle reste immobile, la fleur entre les doigts. Son souffle se fait plus lent. Tout paraît revenu à la normale, mais son cœur bat encore trop fort. Elle inspire profondément. L’air est plus lourd qu’avant, chargé d’une douceur presque écœurante. Elle sait que le rêve n’est pas terminé. Qu’il reste là, juste derrière ce magnifique décor. Qu’il pourrait revenir, se rouvrir comme une plaie. Elle serre la fleur si fort que la tige se brise.
Elle inspire profondément l’air saturé de lumière et de parfums, comme pour s’arrimer à ce lieu.
La journée peut bien s’étirer encore, pense-t-elle. Mais ce n’est plus une journée guimauve. C’est une journée au goût de veille, suspendue au bord de quelque chose… comme si le rêve n’était jamais loin… et que parfois, il a la texture inquiétante d’un cauchemar…
J’ai eu le sentiment qu’Annabelle était entrée dans les toiles de grands Maîtres, tels que Monet, Dali, Redon. Et celle d’un autre sur laquelle je n’arrive plus à mettre de nom, quand elle saisit l’ourlet de la vague pour se glisser dessous. Je retrouve dans ce texte un peu l’atmosphère d’Alice au pays des merveilles, où tout est mystérieux et instable, poétique et dangereux.
C’était son unique rêve, obèse et obsédant. Il survolait tout un peuple, dominait une armée. On lui obéissait, on le craignait, on l’adorait. Lui s’en foutait. Seul comptait le nombre et la souplesse des pions à manipuler. Sur le vaste planisphère de ce qu’il croyait son monde, il faisait naviguer petits et grands bateaux pour des missions de plus en plus vicieuses. Lui seul ne trouvait pas les courses de sous-marins chiantes.
Il dormait dans un tank aménagé avec vue sur des barbelés dorés. Sa garde rapprochée demeurait maintenue à distance car il se méfiait même de ses propres ombres mouvantes. Ses goûteurs de plats étaient systématiquement exécutés, car disait ’il : « On ne mange pas deux fois à ma table ». Tout survivant à l’épreuve devenait forcément louche puisque tout le monde en voulait à sa vie. Il boucla plusieurs psychiatres aux théories malfaisantes, pour lui.
Jamais seul avec son ego, il éloignait ses serviteurs de 10 bons kilomètres quand il souhaitait traverser sa piscine, en toute discrétion, bien en sécurité, dans sa bouée canard.
Ses nuits demeuraient fort agitées entre mouvements de troupes et jongleries balistiques. Ne dormant que d’un œil, il s’était entraîné à en changer toutes les heures pour ne pas fatiguer l’autre.
N’empêche qu’un matin, il faillit s’étrangler en écoutant les nouvelles internationales. Malgré tout ce qu’il avait tenté de mettre en place pour déstabiliser le monde, les nains de l’extérieur avaient chaussé leurs bottines et s’apprêtait à lui caresser le postérieur.
C’était pour lui, l’horreur du cauchemar, la paix était en vue.
À la lecture de votre récit, nous devons tous imaginer l’homme qui vous a inspiré… Malheureusement, sa bêtise est tellement incommensurable, que je ne pense pas que la paix soit pour demain… ceci étant, c’est une triste réalité qui nous fait vivre un cauchemar.
Bien à vous.
Plutôt tordu que bête, il ne mesure que ses propres intérêts, nouris au sein de ses délires. Il n’est malheureusement pas seul. Il en fut, déjà, et il en sera encore si nous n’y veillons pas très sérieusement! Et l’écriture renverse trop peu de ces tordus!
Un rêve était régulièrement recruté par les dormeurs. C’était toujours au dernier moment, jamais exactement à la même heure. Il était toujours question de délivrer un sommeil tranquille et joyeux. Si possible, jusqu’à l’heure du réveil, irrégulière elle aussi.
Avant de s’installer à son poste de travail, ce rêve devait faire le ménage : chasser les idées noires, résoudre les conflits de la journée, gérer les frustrations de la journée. Son job consistait ensuite à convoquer les petits plaisirs du passé, de les embellir, les faire grossir et durer.
Il s’agissait invariablement des mêmes scénarios, un travail à la chaîne, sans imagination. On lui demandait des passions amoureuses torrides, des vacances au soleil. Un décor de grands bateaux ou dans des villas avec piscine sous les cocotiers, avec des cocktails raffinés à la main.
Pour cela, il fallait rêver grand : richesse, gloire, réussite et donc travail intensif. Il s’agit de paraître, convaincre, parfois tromper, dans de grandes cités enfumées. Alors, comme dans un stage de cauchemar intensif, le rêve bascule. A force d’être surexploité par les dormeurs modernes, il se met en burn-out et se transforme en embouteillages sans fin, patrons hurlants, clients trop exigeants, files d’attente interminables.
Les rêveurs se réveillent en panique… Ils prennent un café et repartent bosser, sans se rendre compte que leur rêve de quelques semaines de congés fait le cauchemar de leur réalité les onze autres mois de l’année. Tout a un prix, même pour rėve, de cauchemarder.
Je m’appelle Yume et suis le rêve ou la vision de cette charmante dame, avec qui je vis depuis, ouh, la, la… fort longtemps.
Ces derniers jours, ma protégée est un peu fatiguée, perturbée par des préoccupations qu’elle s’est elle-même créées. Cela me fait bizarre ; d’ordinaire, elle est si posée, si positive.
Depuis trois nuits, je tente de la distraire, espérant qu’elle sorte de cet état de tension qui m’affecte également. Je sais qu’elle apprécie les scenarii que je concocte avec son inconscient. Elle aime l’état de désir que je crée dans son sommeil. La réalisation du désir ne semble pas l’intéresser mais la montée du désir, avant son assouvissement, la régale. C’est une jouisseuse… en rêve !
Ces derniers jours, je m’y suis employé afin de la détendre. Malheureusement, je n’ai pas obtenu le résultat escompté. Elle a beaucoup de mal à trouver le sommeil et même, quand elle perd un peu le contrôle, elle ne se laisse pas aller au bien-être de s’enrouler dans la couette et d’oublier le monde réel. Je me souviens de périodes où elle était malade. Même alors, elle délirait avec bonheur laissant la fièvre œuvrer.
Aujourd’hui, je suis inquiet. Et si elle mourait, que deviendrai-je ? Toutes les créations que j’ai imaginées pour elle, disparaitront. Ce sera comme si je n’avais servi à rien. C’est ingrat, quand on y pense. Les créations artistiques survivent à leur créateur mais moi, Yume, qui se souviendra de moi ? Je peux, au mieux, espérer que ma protégée ait mis par écrit ses songes. Je sais qu’elle garde assez souvent le souvenir de ce que je lui soumets et je dois dire, sans vantardise, que quelques-unes de mes créations ont été particulièrement réussies, mêlant images, sensations, émotions et souvenirs.
La période actuelle me fait peur. C’est un délirant cauchemar que je m’impose. Que puis-je imaginer pour éviter le pire ?
Hier soir, ma rêveuse m’a semblé plus détendu. Certaines de ses craintes et préoccupations s’estompaient. J’ai réalisé qu’elle avait dormi plus calmement. Je vais me surpasser et suggérer à son inconscient des histoires empruntes de son vécu mais que nous n’avons pas abordées depuis très longtemps. Si j’y parviens, je réussirai à sortir de ce cauchemar sur l’inutilité de notre Mission mais surtout, sur la joie d’impulser des histoires à dormir debout qui simultanément enchantent et dérangent nos acteurs.
Nouchka,
Votre récit nous entraine dans un songe d’une nuit d’été… où le rêve fait l’impossible pour vous tirer de vos cauchemars… j’espère qu’il y parviendra.
Bien à vous !
Vendredi soir. Rêve s’installe tranquillement. Il connaît son hôte, il lui rend régulièrement visite. Il sait que le lendemain est une journée importante. Il va donner le meilleur de lui-même pour que sa nuit soit parfaite et son réveil rayonnant.
Tout commence bien, mais brutalement Rêve se sent oppressé. Il manque d’air, d’espace, son esprit se voile. Des ombres l’entourent. Puis des lettres se jettent sur lui. Elles se réunissent formant des mots qu’il n’arrive pas à lire. Il y en a de plus en plus. Les lettres, les mots s’entrechoquent avec furie. Il tente de comprendre les messages, mais ils n’ont pas de sens. Il est piégé dans l’obscurité, dans le non-sens. Il transpire, cherche à fuir, mais il se sent écrasé par tous ces mots qui lui semblent inconnus.
Il en oublie son hôte qui s’agite, mais il n’arrive pas à trouver une issue.
Une légère accalmie. Une lumière, un visage, un sourire malin, des yeux espiègles. La bouche semble parler, mais Rêve est toujours piégé dans l’incompréhension.
Le visage s’estompe, d’autres assemblages de lettres se forment. Rêve en perd son latin. Impossible pour lui de se concentrer au milieu de ce chaos alphabétique.
Il reconnaît un mot : créative. Il cherche à tâtons dans sa mémoire. Brusquement Robert se tient devant lui. Des feuilles s’agitent devant lui, lui apportant un peu d’air. Puis Larousse s’invite en faisant claquer des centaines de pages devant ses yeux.
Une puissante lumière s’allume, un écran d’ordinateur ? Deux mots s’affichent, énormes. Ils sont en feu : écrire, inventer.
L’hôte se calme, bizarre. Rêve continue en plein cauchemar. Il a des sueurs froides. Le feu et le brouillard ne font plus qu’un.
Puis l’éclaircie. Le visage réapparaît. Rêve réalise que cette journée s’appelle samedi et qu’elle va donner des sueurs froides à son hôte. Il comprend son cauchemar. Il voyait de la destruction en lieu et place de la construction créative de mots formant des phrases si possible très farfelues.
Cela me fait penser à « Les mots et les choses » de Michel Foucault. Un essai au travers duquel, l’auteur analyse leur apparition, leurs liens réciproques et la philosophie qui les supporte…
Vaste programme…
Bien à vous !
Je ne me réveillai ni en sursaut, ni en sueur. Mais tétanisée. Le corps lourd comme du plomb. L’âme glacée.
Sa pensée est si accrochée à moi qu’elle voyage la nuit, et profitant de ce que mes sens sont endormis, force la membrane de ma bulle de sommeil. Viole cet espace sacré, où je peux enfin l’oublier. Oublier que je vis une époque où la femme — surtout de bonne famille — ne décide de rien. N’est qu’une transaction.
Dans ce rêve-cauchemar, les fleurs qu’il m’avait fait livrer avaient perdu leurs pétales en chemin. Les tiges s’érigeaient en pics qui me perçaient le cœur. Ma robe de mariée avait le poids d’une cotte de mailles. Mais, au moment, où l’anneau de mariage allait enserrer mon doigt, j’ai fui. J’ai jeté ma vie dans l’étang le plus proche.
Le choc de l’eau froide sur ma peau m’a réveillée. Je me croyais morte. Noyée. Mon drap m’enveloppait comme un linceul.
La tyrannie a plus visages. Ici, elle se réfère à la condition des femmes de haute société à une certaine époque qui avait souvent à choisir entre le mariage forcé ou le couvent.
« Rêve Junior » a décidé de se faire la main dans la maison de retraite « les mimosas ».
Parait que c’est très facile de les embarquer à cet âge là…
Pas de préliminaires.
A peine les yeux fermés, ils sont prêts à voyager et dans n’importe quelle histoire.
Donc, « Rêve Junior » jette son dévolu sur Antoinette qui n’attendait que ça : RÊVER !
Et voilà notre Mamie partie dans un histoire extraordinaire :
Elle est une James Bond girl diaboliquement belle.
Elle maîtrise les arts martiaux et déjoue toutes les intrigues.
« Rêve Junior » se régale et il nous balade notre pauvre Antoinette de Paris à New York sans ménagement.
Antoinette est ravie, mais elle souffle un peu… Tous ces va-et-vient, ce n’est plus trop de son âge !
Et lorsque finalement JAMES BOND apparaît, l’exaltation est à son comble !
Là, c’est un peu trop.
Elle pousse un cri retentissant que « Rêve Junior » n’a pu contrôler.
La surveillante de nuit surgit et constate la mort d’Antoinette.
Son cœur a lâché.
Penaud, « Rêve Junior » s’échappe par la fenêtre en marmonnant : « quel cauchemar ces vieux… Quel cauchemar… Y a pas moyen de faire le job sans risque… On ne m’y reprendra plus !
NB : mourir en rêvant… est-ce vraiment un cauchemar ?
Un rêve en rose fait une mauvaise rencontre. Alors qu’il musardait dans les limbes
un méchant courant d’air le heurta violament dans un son grave qui comme un gong résonna… résonna… l’entourant, l’éveloppant de l’écho des cauchemars violet sombre qui s’éleva… se dressant comme une muraille.
Pris dans l’étau du son lugubre il se débattit en soufflant comme dans la sarbacane de l’angoisse un petit son fluet si aigu, si pointu, si jaune que l’écho par crainte d’être transpercé se roula en petits polochons saccadés violets puis mauves… lilas… améthyste… orchidée… parme… un dernier sursaut en héliothrope pour se fondre en rose dans une odeur de lavande.
Good morning !🐀
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
J’attendais ce joli rêve depuis des mois. Impatiente de le découvrir, d’en profiter. La voyante me l’avait prédit. Il va survenir une nuit sans prévenir. Depuis des années, j’en était privée. Aucun rêve, aucune rêverie, jamais plus la tête dans les nuages. J’avais les pieds sur terre, rationnelle, cartésienne. Aucune pensée vagabonde pour m’évader. Dans mon ciel, Uranus était en verseau, la lune croisait Jupiter. Un long passage bien ancrée, dans le cadre !
Ce soir-là, une brise flottait sur mon visage. La lune pleine dans le ciel me faisait comme un clin d’oeil. Quelque chose de différent… Je m’endormis dans le hamac bercée par le hululement de la chouette. Une image douce apparut. Un chant mélodieux surgit. Une douceur sur mes épaules. L’Amour m’enveloppait. Il faisait doux et calme. Rien ne se passait, tout était là à sa juste place. Et j’étais blottie au milieu de ce rien. Un rêve ! Mon rêve si attendu ! Mais soudain, le rêve se prit de rêver. Quelle idée ! Il s’ennuie ou quoi ? La douceur ne lui convient pas ? Il rêve de cauchemarder. Il rêve que la douceur se transforme en dureté. Les couleurs pastels en couleurs criardes. Les sons mélodieux en fanfare tonitruante. Tout est noir, tout est sale, tout est violent. C’est absurde, le rêve est englué. il ne peut plus s’en sortir. Il voulait juste tenter une petite expérience. Mais quand on est si bas, lourd plus personne ne peut vous aider.
Heureusement, en accord avec mon horoscope, la pleine lune attendait l’éclipse du siècle. Dans sa grande générosité, elle vint me réveiller ! Surprise, je tombai de mon hamac.
Un rêve a fait un cauchemar : un ange lui racontait une histoire à dormir debout. Il y mettait tellement de zèle qu’à la fin, on avait l’impression qu’il tirait le diable par la queue pour lui donner un semblant de vraisemblance. En fait c’était une illusion perdue. Il eut beau se mettre Marcel en tête rien n’y fit…Le temps retrouvé n’existe pas !
Le rêve léger, enveloppant, est pr^t pour une nuit calme, voire voluptueuse …
Des couleurs douces, ambiance rassurante, zénitude prometteuse ..
Mais lentement, tout change, s’assombrit, de gros nuages plombent le ciel et un oeil énorme,globuleux apparaît, menaçant suivi d’une cohorte envahissante de regard terribles .
Le r^ve se ratatine, tremblotant, horrifié .
Cauchemardesque ..
mais, s’aperçoit qu’il vient de s’échapper des tableaux de O Redon !! Ouf !
Un rêve a fait un cauchemar.
Racontez !
Ce petit rêve récurrent avait pris ses aises. Il adorait venir chatouiller le sommeil de la belle endormie. Mais ce soir, c’est différent, pas pareil. Il ne parvient pas à s’installer, à prendre ses aises. Il est empêché. A chaque fois qu’il essaie de se déployer il sombre dans un cauchemar qui de toute évidence essaie de lui ravir la place. Quelle audace ! Non, il n’en est pas question ! Il ne se fera pas absorber. Il ne cèdera pas un mot de son scénario ! Le cauchemar est fort ! Il parvient à se mouvoir dans les méandres de l’histoire. Il vient frapper aux portes du cerveau de la belle. Pour le rêve c’est un cauchemar. Se faire ravir sa place, c’est cruel et sournois. Comment le faire partir ? Comment le faire fuir ? Voilà le rêve envahi de brumes sombres et de pensées tristes. Il se débat, se dégage tant bien que mal. Il réinsuffle de la lumière, affirme son doux caractère. Qui triomphera en dernier ? Il n’a pas dit son dernier mot ! Il continue le combat. Il s’agit de regagner du terrain. Petit à petit il y parvient. La belle ne s’agite plus, ses traits s’apaisent, elle sourit même. La force de ses nobles intentions terrassent sans agresser les noires pensées du cauchemar qui s’enfuit dans un halo de fumée noir par la trappe d’aération.
Je ne sais plus depuis quand exactement, mais il y a déjà quelques années que nous nous sommes rencontrés. Je l’avais trouvé, abandonné au bord d’un sentier dans une sombre forêt d’épicéas. Quelques tergiversations plus tard, je l’avais recueilli chez moi. Et depuis, chaque nuit, il me tient compagnie, un petit rêve tout rose, tout doux, si paisible ! Ses grands yeux bleus, si limpides ! Posé à côté de mon oreiller, il enchante mon sommeil. Sauf que…
Depuis quelques temps, je suis inquiète. Je dors mal, je connais des insomnies de plus en plus longues. Je me demande…
Mais en fait, je sais ce qui ne va pas. C’est depuis cette fameuse nuit. Je me suis réveillée soudainement, alertée par un bruit bizarre. Mon rêve s’agitait contre mon oreiller. J’ai allumé la lampe de chevet ; le bruit bizarre, c’était lui qui grinçait des dents ! Son rose vaporeux s’était obscurci. Il m’apparaissait violet, avec des yeux exorbités ! Une terrible angoisse émanait de lui et j’éprouvai alors une peur panique. J’ai sauté du lit, quitté la chambre, dont j’ai bloqué la porte. J’ai entendu des cris, des râles, j’étais terrorisée !
Finalement, je me suis réfugiée dans le salon et j’ai attendu le lever du jour sans pouvoir me rendormir. Au petit matin, la chambre était silencieuse, mais je n’ai pas osé y aller tout de suite. Plus tard, quand la lumière du soleil a réchauffé la maison,, j’ai débloqué la porte et je j’ai entrouverte avec précaution. Un coup d’oeil sur le lit : il était là, prostré sur l’oreiller. De nouveau rose, quoiqu’un peu plus terne, les yeux mi-clos. J’ai fini par m’asseoir à côté de lui, je lui ai parlé, je l’ai caressé. Apparemment, il avait fait un terrible cauchemar ; là, il semblait être redevenu lui-même, mais je dois dire que depuis cette horrible nuit, je le trouve moins doux, moins paisible. Son regard est moins limpide, il s’agite davantage. Pas étonnant que je dorme mal ! Sa présence, juste à côté de mon oreiller, m’inquiète de plus en plus. C’est à lui que je dois mes insomnies ! Alors il va falloir m’en débarrasser…Qu’il aille cauchemarder ailleurs !
Oui mais voilà, l’idée de le perdre m’est insupportable. Mon pauvre petit rêve ! Ce soir, j’irai dormir sur le canapé du salon, on verra bien ce qui se passera…
Peut-être un chat pourrait remplacer ce cauchemar ?
Oui, c’est une bonne idée; quoique les chats soient parfois aussi un peu dérangeants…
Un rêve a fait un cauchemar
La belle créature ailée est alanguie. Allongé sur le côté, ses ailes repliées, son profil appuyé sur le bras, Morphée dort. Il rêve d’Ariane. Ce rêve le réveille, il se transporte au chevet de la princesse.
Ariane dort dans son beau lit d’olivier, envelopée de fins drap de lin. Un clair de lune doré se répand dans la chambre par la fenêtre dont les rideaux volètent au vent léger de la nuit. Morphée regarde Ariane et voit un délicat sourire embellir davantage encore son visage. Son sommeil est paisible. Morphée sait qu’elle est en train de rever de Thésée qu’elle va rencontrer et avec lequel elle partira. Ce n’est pas Thésée l’Athénien vénéré qu’Ariane voit, non, mais une silouhette masculine.
Prise de vertige, la belle créature ailée ne peut supporter ce rêve. Comment, Ariane lui échapperait ? N’a-t-il pas, lui, en tant que dieu des songes le pouvoir d’en modifier le sens ? Toujours au chevet de la jeune fille, Morphée, les ailes frémissantes, détourne le cours de la représentation sans équivoque de l’apparition. Il met quelque chose dans la main d’Ariane qui s’agite sur le drap. Il regarde cette main étreindre le vide, c’est la bobine de fil qui servira à Thésée à la fin de son épreuve. Ariane est en train de vivre son futur, seul Morphée le sait.
Quoi, elle partirait donc avec ce bellâtre ? Oui, c’est ce qui avait été décidé. Thésée n’est pas un bellâtre, Morphée serait-il jaloux ? Ariane poursuit son rêve, elle est sur un bateau avec l’homme qu’elle a vue au début et son coeur est plein de joie. Ils font escale, puis tout s’arrête, il n’y a plus rien, Ariane est seule, Thésée n’est plus là, la promesse est rompue, Ariane pleure, son coeur se disloque. Elle se réveille en larme, Morphée s’écarte, en définitive honteux d’avoir transformé le doux rêve d’amour en désespoir de l’abandon. Il est tellement malheureux de la douleur d’Ariane qu’il se met à pleurer lui aussi, des larmes lourdes, ses ailes battent en même temps qu’il sanglote. Le dieu des rêve fait un cauchemar.
Chère Avoires,
Tu as inversé la symbolique du fil d’Ariane… de ce fait, elle ne peut pas sortir victorieuse d’une situation difficile… c’est un vrai cauchemar pour Ariane.
Bien à toi.
Je trouve intéressant et très original de vous être inspiré de ce conte mythologique grec. Merci Avoires. 🙂
Un rêve a fait un cauchemar. Racontez !
Il était une fois un rêve qui rêvait qu’il rêvait. Tout est possible, en rêve, n’est-ce pas ! C’est une évidence. Aucune censure. Il peut très bien faire partie d’un autre rêve. Ca coule comme de l’eau de source. A l’image d’une résurgence, personne ne peut imaginer d’où il vient. Celui-ci se posa la question quand même, sur son origine. En suivant sa propre logique, il partit à sa recherche. Il erra très longtemps, aboutit dans des impasses, tant et si bien qu’il se perdit dans des zones labyrinthiques. Entre deux eaux, il dut reprendre du départ. Et si le D part, il manquerait une lettre. Que faire ? Pendant de long moments, il se démena, au point que son rêve devint un cauchemar. C’est seulement à la fin de ce cauchemar qu’il s’aperçut qu’il ne trouverait pas le D. Il se donna un temps pour réfléchir. Forcément, si le D est parti, difficile, dans ces conditions, de cauchemarder. Il lui fallut s’adapter. Ainsi, cauchemarer aurait été plus rigolo. Bon ! T »rêve de plaisanterie. Et le rêve se réveilla. Un fois réveillé, il pouvait encore rêver ! Yeh !
Il eut une absence ou un surcroît d’inspiration, devant ce tableau ? Pendant sa contemplation, il perdit la notion du temps. « Le retour d’Ulysse ». Dans le musée, il se mit à danser. Il s’était retrouver à l’époque d’Ulysse, vivant son personnage, le temps de sa danse. La légende était devenue réalité. Ulysse accueilli par Nausicaa en Phéatie. Les nymphes l’entourèrent. La prof arriva.
– Où en es-tu, dit-elle ?
– Je cherche la dynamique du peintre.
– Quelle dynamique ?
– Ce que le peintre a voulu exprimer par le mouvement des personnages.
– Et quoi ?
– Le problème posé par le rêve, c’est qu’il ne fonctionne pas selon les mêmes règles qu’au quotidien. Il le fait exprès pour qu’on se donne la peine de chercher le fil conducteur. Ce que le peintre exprime, c’est la réalité du temps présent, au moment où vous regardez son tableau.
– Tu ne serais pas un peu Altzeimer, des fois ?
Ses mots tombèrent comme des pierres dans l’eau, et les pas d’Ulysse continuèrent de tourner, portés par une musique qu’elle n’entendit pas.
J’avoue que l’idée « Altzeimer » est un vrai cauchemar, j’aurais pu choisir une idée plus cool !
Gilaber Le rêve guimauve d’Annabelle un vrai plaisir à lire.. on s’étire comme les heures… un bonheur. 🐀
Merci Souris Verte, c’est très gentil à toi.
Bon dimanche.
C’était pour Gilaber🐀
Le rêve guimauve d’Annabelle un vrai plaisir à lire.. on s’étire comme les heures… un bonheur. 🐀
C’était pour Gilaber🐀
Fichtre, je n’y croyais pas
La partie, je l’avais toujours gagnée
Pas besoin d’avocat
Pour le constater
Les humains me faisaient la part belle
C’était un rituel
Dès le petit-déjeuner on me racontait
Au singulier ou au pluriel
En langage universel
Certains exagéraient, m’enjolivaient
D’autres me trahissaient un peu
Normal, c’était le jeu
J’étais porté aux nues
Sans la moindre déconvenue
Moi, le rêve des humains
Tel un demi-dieu
On me vénérait…
Jusqu’au jour où un cauchemar
A percuté ma trajectoire
Me laissant exsangue et démuni
Qu’allais-je faire de ma vie ?
Et les humains sans moi
Seraient en plein désarroi
Perdraient l’espoir et la foi
Il fallait que je réagisse
Et, avec lui, que j’entre en lice
Vous, là, qui me lisez
Qui pensez-vous qui va gagner
Votre avis m’intéresse
Je vous donne mon adresse
aubonheurdeshumains@gmail.com
Post-scriptum
De vos réponses je me réjouis
D’avance MERCI.
Bonjour Catherine,
J’ai tenté de poster une réponse… mais le lien ne semble pas fonctionner correctement…
C’est dommage !
Bien à vous.
Le bonheur passe par la connaissance de soi. L’imposer autour de soi avec force et il se sentira sécurisé.
Un rêve a fait un cauchemar
Ce matin, tout semble traîner. Même les aiguilles de la montre d’Annabelle se déplacent avec paresse : 7 h 30… 8 h… puis 9 h 30. « Voilà encore une journée guimauve », songe-t-elle. Elle aime ce temps qui s’étire, paresseux, qui la conforte dans un farniente assumé. Comme si le monde lui offrait une parenthèse où rien ne presse.
Elle aime prendre ses vacances en septembre : la chaleur se fait plus douce, la foule se disperse. Cette année, elle a choisi de visiter le jardin de Claude Monet, à Giverny. La brochure promet un enchantement : les parfums de l’été qui s’attardent et chargent l’air des dernières senteurs, les couleurs qui s’adoucissent dans leur splendeur finale.
Annabelle traverse l’allée centrale : les arceaux de rosiers grimpants forment un couloir de verdure. Devant la façade de la maison, le Clos Normand s’enflamme de couleurs. Les massifs s’élèvent comme de petites architectures végétales, les arbres dominent les roses trémières. La lumière semble vibrer dans l’air et dorer chaque pétale. Certaines tiges semblent se pencher vers elle, animées d’une attention silencieuse.
Mais c’est le jardin d’eau qui l’appelle. Elle franchit le pont japonais, peint quarante-cinq fois par Monet. Son regard s’attarde sur le pont qui se découpe sur le miroir des nénuphars. Les planches résonnent sous ses pas. Les fleurs de la glycine ont fané, mais les branches forment toujours leur dentelle d’ombre tortueuse.
Elle s’installe sur un banc sous le saule pleureur. Les branches descendent comme un rideau propice à la méditation, l’isolant du reste du monde. Le bras posé sur le dossier, elle sent une caresse sur sa main. Une fleur, qu’elle ne connaît pas, frôle sa peau. Intriguée, elle se penche pour la sentir.
À peine son nez effleure-t-il le pistil qu’un éternuement la secoue. Puis un autre. Trois, quatre, jusqu’à ce que les larmes lui montent aux yeux. Tout se brouille : le monde se décompose en une pluie de pétales. Les couleurs se diluent comme une aquarelle sous la pluie. Les couleurs dégoulinent, les formes s’effacent. Ses joues ruissellent, ses mains et son corps sont trempées, comme si une averse tombait sur elle seule.
Elle tente de se lever, mais ses jambes paraissent de coton. Une lourdeur lui tombe sur les paupières. Quand elle rouvre les yeux, le cadran de sa montre s’est ramolli, comme échappé d’un tableau de Dali. Sur la ligne d’horizon, le ciel se gonfle de nuages épais, trop blancs, trop mous, comme des masses de chantilly suspendues au-dessus d’une mer de gélatine bleue.
Elle marche. Sous ses pieds, le sable se change en une poudre fine, farineuse, qui aspire ses pas. Au loin, un petit garçon apparaît. Elle accélère. Elle l’appelle — sa voix sort déformée, comme à travers un rêve. Elle accélère. Quand elle s’approche, l’enfant saisit l’ourlet d’une vague et se glisse dessous comme sous une couette. Annabelle frissonne : cette journée qui s’annonçait si paisible comme un doux rêve, tourne au cauchemar.
Un grondement d’avion fend l’air. Elle se retourne, et juste à temps, car une mouette énorme, bec ouvert et yeux noirs passe en rase-mottes, frôle sa tête. L’oiseau s’évapore dans un nuage de plumes qui se recomposent en un immense pinceau traçant une ligne sombre dans le ciel. Annabelle chute dans ce sable-couscous qui l’englue, s’en relève, couverte d’une sauce étrange, de lambeaux légumes et de viande. L’odeur est métallique, presque écœurante. Elle se précipite vers la mer pour se nettoyer.
Mais l’eau recule devant elle. À mesure qu’elle avance, le niveau baisse, la mer s’éloigne comme si elle fuyait. Annabelle s’arrête brusquement : devant elle, l’océan s’ouvre en un gouffre béant. L’eau se déverse dans le vide avec un bruit de cascade. Le monde se termine ici, à ses pieds, comme tranchée au couteau.
Annabelle recule, le cœur battant, craignant d’être aspirée par un reflux. La plage se craquèle, les fissures courent dans le sol. Elle se met à courir, ses pieds glissent dans la poudre jaune. Le vent se lève, les arbres en arrière-plan se courbent comme pour la chasser. Saisie par la peur, elle force sa course.
Essoufflée, elle s’effondre sur un banc. Le même banc, sous le même saule. Le bois est froid, humide et rugueux sous ses paumes. Son souffle se calme peu à peu. Le silence retombe. Puis, les sons reviennent : le bruissement des feuilles, un souffle de vent plus doux. Quand elle rouvre les yeux, le jardin d’eau est là, intact. Les nénuphars flottent comme si rien ne s’était passé. Mais un silence étrange règne, il n’y a même pas un bruit d’oiseau… le jardin est vide, totalement vide…
Elle s’avance vers l’étang. Son reflet la fixe… et sourit. Quelque chose cloche : ses yeux paraissent trop grands, son sourire trop figé. Elle cligne des paupières — le reflet ne bouge pas. Un frisson la parcourt. Elle se redresse d’un bond et vacille.
À son poignet, la montre a retrouvé sa forme normale, mais les aiguilles marquent 23 h 59. Il fait pourtant plein jour. La trotteuse tremble sans avancer. Quelque chose frôle son genou. C’est la même fleur. Annabelle la cueille, hésite, la porte à son nez. Rien. Pas de chatouillement.
Sur l’autre rive, le petit garçon réapparaît. Il la regarde longuement, lève une main en guise de salut, puis disparaît derrière un saule.
Annabelle reste immobile, la fleur entre les doigts. Son souffle se fait plus lent. Tout paraît revenu à la normale, mais son cœur bat encore trop fort. Elle inspire profondément. L’air est plus lourd qu’avant, chargé d’une douceur presque écœurante. Elle sait que le rêve n’est pas terminé. Qu’il reste là, juste derrière ce magnifique décor. Qu’il pourrait revenir, se rouvrir comme une plaie. Elle serre la fleur si fort que la tige se brise.
Elle inspire profondément l’air saturé de lumière et de parfums, comme pour s’arrimer à ce lieu.
La journée peut bien s’étirer encore, pense-t-elle. Mais ce n’est plus une journée guimauve. C’est une journée au goût de veille, suspendue au bord de quelque chose… comme si le rêve n’était jamais loin… et que parfois, il a la texture inquiétante d’un cauchemar…
Le rêve guimauve d’Annabelle un vrai plaisir à lire.. on s’étire comme les heures… un bonheur. 🐀
🙂 Merci Souris Verte.
Belle mise en perspective de la douceur et de la brutalité (adressé à Gilaber)
Belle mise en perspective de la douceur et de la brutalité
Merci Avoires !
J’ai eu le sentiment qu’Annabelle était entrée dans les toiles de grands Maîtres, tels que Monet, Dali, Redon. Et celle d’un autre sur laquelle je n’arrive plus à mettre de nom, quand elle saisit l’ourlet de la vague pour se glisser dessous. Je retrouve dans ce texte un peu l’atmosphère d’Alice au pays des merveilles, où tout est mystérieux et instable, poétique et dangereux.
C’était son unique rêve, obèse et obsédant. Il survolait tout un peuple, dominait une armée. On lui obéissait, on le craignait, on l’adorait. Lui s’en foutait. Seul comptait le nombre et la souplesse des pions à manipuler. Sur le vaste planisphère de ce qu’il croyait son monde, il faisait naviguer petits et grands bateaux pour des missions de plus en plus vicieuses. Lui seul ne trouvait pas les courses de sous-marins chiantes.
Il dormait dans un tank aménagé avec vue sur des barbelés dorés. Sa garde rapprochée demeurait maintenue à distance car il se méfiait même de ses propres ombres mouvantes. Ses goûteurs de plats étaient systématiquement exécutés, car disait ’il : « On ne mange pas deux fois à ma table ». Tout survivant à l’épreuve devenait forcément louche puisque tout le monde en voulait à sa vie. Il boucla plusieurs psychiatres aux théories malfaisantes, pour lui.
Jamais seul avec son ego, il éloignait ses serviteurs de 10 bons kilomètres quand il souhaitait traverser sa piscine, en toute discrétion, bien en sécurité, dans sa bouée canard.
Ses nuits demeuraient fort agitées entre mouvements de troupes et jongleries balistiques. Ne dormant que d’un œil, il s’était entraîné à en changer toutes les heures pour ne pas fatiguer l’autre.
N’empêche qu’un matin, il faillit s’étrangler en écoutant les nouvelles internationales. Malgré tout ce qu’il avait tenté de mettre en place pour déstabiliser le monde, les nains de l’extérieur avaient chaussé leurs bottines et s’apprêtait à lui caresser le postérieur.
C’était pour lui, l’horreur du cauchemar, la paix était en vue.
Tous les dictateurs ont le même visage… et pourtant celui-ci m’est comme plus familier !
😉
À la lecture de votre récit, nous devons tous imaginer l’homme qui vous a inspiré… Malheureusement, sa bêtise est tellement incommensurable, que je ne pense pas que la paix soit pour demain… ceci étant, c’est une triste réalité qui nous fait vivre un cauchemar.
Bien à vous.
Plutôt tordu que bête, il ne mesure que ses propres intérêts, nouris au sein de ses délires. Il n’est malheureusement pas seul. Il en fut, déjà, et il en sera encore si nous n’y veillons pas très sérieusement! Et l’écriture renverse trop peu de ces tordus!
Je suis d’accord avec vous !
Il faut positiver cher Gilaber, nous mettons un premier pas dans l’automne. 🙂 Mais je vous rejoins, ça va être difficile.
Un rêve a fait un cauchemar
Un rêve était régulièrement recruté par les dormeurs. C’était toujours au dernier moment, jamais exactement à la même heure. Il était toujours question de délivrer un sommeil tranquille et joyeux. Si possible, jusqu’à l’heure du réveil, irrégulière elle aussi.
Avant de s’installer à son poste de travail, ce rêve devait faire le ménage : chasser les idées noires, résoudre les conflits de la journée, gérer les frustrations de la journée. Son job consistait ensuite à convoquer les petits plaisirs du passé, de les embellir, les faire grossir et durer.
Il s’agissait invariablement des mêmes scénarios, un travail à la chaîne, sans imagination. On lui demandait des passions amoureuses torrides, des vacances au soleil. Un décor de grands bateaux ou dans des villas avec piscine sous les cocotiers, avec des cocktails raffinés à la main.
Pour cela, il fallait rêver grand : richesse, gloire, réussite et donc travail intensif. Il s’agit de paraître, convaincre, parfois tromper, dans de grandes cités enfumées. Alors, comme dans un stage de cauchemar intensif, le rêve bascule. A force d’être surexploité par les dormeurs modernes, il se met en burn-out et se transforme en embouteillages sans fin, patrons hurlants, clients trop exigeants, files d’attente interminables.
Les rêveurs se réveillent en panique… Ils prennent un café et repartent bosser, sans se rendre compte que leur rêve de quelques semaines de congés fait le cauchemar de leur réalité les onze autres mois de l’année. Tout a un prix, même pour rėve, de cauchemarder.
Cher Nicolas,
Je dirais qu’heureusement que nous avons quelques rêves qui nous permettent d’affronter nos cauchemars…
Bien à vous !
Je m’appelle Yume et suis le rêve ou la vision de cette charmante dame, avec qui je vis depuis, ouh, la, la… fort longtemps.
Ces derniers jours, ma protégée est un peu fatiguée, perturbée par des préoccupations qu’elle s’est elle-même créées. Cela me fait bizarre ; d’ordinaire, elle est si posée, si positive.
Depuis trois nuits, je tente de la distraire, espérant qu’elle sorte de cet état de tension qui m’affecte également. Je sais qu’elle apprécie les scenarii que je concocte avec son inconscient. Elle aime l’état de désir que je crée dans son sommeil. La réalisation du désir ne semble pas l’intéresser mais la montée du désir, avant son assouvissement, la régale. C’est une jouisseuse… en rêve !
Ces derniers jours, je m’y suis employé afin de la détendre. Malheureusement, je n’ai pas obtenu le résultat escompté. Elle a beaucoup de mal à trouver le sommeil et même, quand elle perd un peu le contrôle, elle ne se laisse pas aller au bien-être de s’enrouler dans la couette et d’oublier le monde réel. Je me souviens de périodes où elle était malade. Même alors, elle délirait avec bonheur laissant la fièvre œuvrer.
Aujourd’hui, je suis inquiet. Et si elle mourait, que deviendrai-je ? Toutes les créations que j’ai imaginées pour elle, disparaitront. Ce sera comme si je n’avais servi à rien. C’est ingrat, quand on y pense. Les créations artistiques survivent à leur créateur mais moi, Yume, qui se souviendra de moi ? Je peux, au mieux, espérer que ma protégée ait mis par écrit ses songes. Je sais qu’elle garde assez souvent le souvenir de ce que je lui soumets et je dois dire, sans vantardise, que quelques-unes de mes créations ont été particulièrement réussies, mêlant images, sensations, émotions et souvenirs.
La période actuelle me fait peur. C’est un délirant cauchemar que je m’impose. Que puis-je imaginer pour éviter le pire ?
Hier soir, ma rêveuse m’a semblé plus détendu. Certaines de ses craintes et préoccupations s’estompaient. J’ai réalisé qu’elle avait dormi plus calmement. Je vais me surpasser et suggérer à son inconscient des histoires empruntes de son vécu mais que nous n’avons pas abordées depuis très longtemps. Si j’y parviens, je réussirai à sortir de ce cauchemar sur l’inutilité de notre Mission mais surtout, sur la joie d’impulser des histoires à dormir debout qui simultanément enchantent et dérangent nos acteurs.
Nouchka,
Votre récit nous entraine dans un songe d’une nuit d’été… où le rêve fait l’impossible pour vous tirer de vos cauchemars… j’espère qu’il y parviendra.
Bien à vous !
Un rêve a fait un cauchemar.
Vendredi soir. Rêve s’installe tranquillement. Il connaît son hôte, il lui rend régulièrement visite. Il sait que le lendemain est une journée importante. Il va donner le meilleur de lui-même pour que sa nuit soit parfaite et son réveil rayonnant.
Tout commence bien, mais brutalement Rêve se sent oppressé. Il manque d’air, d’espace, son esprit se voile. Des ombres l’entourent. Puis des lettres se jettent sur lui. Elles se réunissent formant des mots qu’il n’arrive pas à lire. Il y en a de plus en plus. Les lettres, les mots s’entrechoquent avec furie. Il tente de comprendre les messages, mais ils n’ont pas de sens. Il est piégé dans l’obscurité, dans le non-sens. Il transpire, cherche à fuir, mais il se sent écrasé par tous ces mots qui lui semblent inconnus.
Il en oublie son hôte qui s’agite, mais il n’arrive pas à trouver une issue.
Une légère accalmie. Une lumière, un visage, un sourire malin, des yeux espiègles. La bouche semble parler, mais Rêve est toujours piégé dans l’incompréhension.
Le visage s’estompe, d’autres assemblages de lettres se forment. Rêve en perd son latin. Impossible pour lui de se concentrer au milieu de ce chaos alphabétique.
Il reconnaît un mot : créative. Il cherche à tâtons dans sa mémoire. Brusquement Robert se tient devant lui. Des feuilles s’agitent devant lui, lui apportant un peu d’air. Puis Larousse s’invite en faisant claquer des centaines de pages devant ses yeux.
Une puissante lumière s’allume, un écran d’ordinateur ? Deux mots s’affichent, énormes. Ils sont en feu : écrire, inventer.
L’hôte se calme, bizarre. Rêve continue en plein cauchemar. Il a des sueurs froides. Le feu et le brouillard ne font plus qu’un.
Puis l’éclaircie. Le visage réapparaît. Rêve réalise que cette journée s’appelle samedi et qu’elle va donner des sueurs froides à son hôte. Il comprend son cauchemar. Il voyait de la destruction en lieu et place de la construction créative de mots formant des phrases si possible très farfelues.
Cela me fait penser à « Les mots et les choses » de Michel Foucault. Un essai au travers duquel, l’auteur analyse leur apparition, leurs liens réciproques et la philosophie qui les supporte…
Vaste programme…
Bien à vous !
Son rêve à lui était mon cauchemar.
Je ne me réveillai ni en sursaut, ni en sueur. Mais tétanisée. Le corps lourd comme du plomb. L’âme glacée.
Sa pensée est si accrochée à moi qu’elle voyage la nuit, et profitant de ce que mes sens sont endormis, force la membrane de ma bulle de sommeil. Viole cet espace sacré, où je peux enfin l’oublier. Oublier que je vis une époque où la femme — surtout de bonne famille — ne décide de rien. N’est qu’une transaction.
Dans ce rêve-cauchemar, les fleurs qu’il m’avait fait livrer avaient perdu leurs pétales en chemin. Les tiges s’érigeaient en pics qui me perçaient le cœur. Ma robe de mariée avait le poids d’une cotte de mailles. Mais, au moment, où l’anneau de mariage allait enserrer mon doigt, j’ai fui. J’ai jeté ma vie dans l’étang le plus proche.
Le choc de l’eau froide sur ma peau m’a réveillée. Je me croyais morte. Noyée. Mon drap m’enveloppait comme un linceul.
Ma décision est prise. J’entrerai au couvent.
de ce que mes sens « soient » endormis
Holà ! Ça va pas fort là Béatrice ! Une vie de prière en monastère ! Faut négocier !
😀
Faut positiver chère Béatrice… aujourd’hui nous mettons un premier pied dans l’automne, mais les journées sont encore douces…
Bien à vous !
L’automne, c’est demain 22
La tyrannie a plus visages. Ici, elle se réfère à la condition des femmes de haute société à une certaine époque qui avait souvent à choisir entre le mariage forcé ou le couvent.
qui avaient…
« Rêve Junior » a décidé de se faire la main dans la maison de retraite « les mimosas ».
Parait que c’est très facile de les embarquer à cet âge là…
Pas de préliminaires.
A peine les yeux fermés, ils sont prêts à voyager et dans n’importe quelle histoire.
Donc, « Rêve Junior » jette son dévolu sur Antoinette qui n’attendait que ça : RÊVER !
Et voilà notre Mamie partie dans un histoire extraordinaire :
Elle est une James Bond girl diaboliquement belle.
Elle maîtrise les arts martiaux et déjoue toutes les intrigues.
« Rêve Junior » se régale et il nous balade notre pauvre Antoinette de Paris à New York sans ménagement.
Antoinette est ravie, mais elle souffle un peu… Tous ces va-et-vient, ce n’est plus trop de son âge !
Et lorsque finalement JAMES BOND apparaît, l’exaltation est à son comble !
Là, c’est un peu trop.
Elle pousse un cri retentissant que « Rêve Junior » n’a pu contrôler.
La surveillante de nuit surgit et constate la mort d’Antoinette.
Son cœur a lâché.
Penaud, « Rêve Junior » s’échappe par la fenêtre en marmonnant : « quel cauchemar ces vieux… Quel cauchemar… Y a pas moyen de faire le job sans risque… On ne m’y reprendra plus !
NB : mourir en rêvant… est-ce vraiment un cauchemar ?
Normal! Les James’bond girls finissent toujours au tapis. Elle est chouette ton histoire Camomille ! 😍🐀
Un rêve en rose fait une mauvaise rencontre. Alors qu’il musardait dans les limbes
un méchant courant d’air le heurta violament dans un son grave qui comme un gong résonna… résonna… l’entourant, l’éveloppant de l’écho des cauchemars violet sombre qui s’éleva… se dressant comme une muraille.
Pris dans l’étau du son lugubre il se débattit en soufflant comme dans la sarbacane de l’angoisse un petit son fluet si aigu, si pointu, si jaune que l’écho par crainte d’être transpercé se roula en petits polochons saccadés violets puis mauves… lilas… améthyste… orchidée… parme… un dernier sursaut en héliothrope pour se fondre en rose dans une odeur de lavande.
Good morning !🐀
Un petit conte aux senteurs très poétiques. Merci Souris verte. 🙂