Ne pas la laisser rouler pépère ou mémère


Nous avons tous un petit vélo dans la tête : notre imagination. Une fidèle compagne qui, selon notre humeur ou notre personnalité, aime se promener, explorer des routes inconnues, des chemins de traverse et des paysages inattendus.
Parfois, elle se lance dans de longs périples, d’autres fois dans de courtes escapades. Mais chaque voyage est une découverte, une échappée belle, où la destination n’est jamais prédéfinie.
Cependant, il se pourrait bien que notre imagination ait un nouveau concurrent : les pistes cyclables. Celles des réseaux sociaux et autres algorithmes qui, à force de nous proposer des contenus similaires, des idées toutes faites et des chemins balisés, créent dans notre esprit des voies de plus en plus confortables et sans risque.
Des pistes sur lesquelles on peut pédaler les yeux fermés, en suivant le flux, sans jamais avoir à se soucier du prochain virage ou de la descente trop pentue.
C’est là que réside le danger. Notre imagination, indolente par nature, pourrait se laisser séduire par cette facilité. Abandonner les chemins escarpés pour la douceur d’une piste cyclable bien bornée, où tout le monde roule au même rythme et voit le même paysage. Elle finirait par se conformer, à découvrir les mêmes choses que tout le monde, perdant ainsi sa curiosité et son originalité.
Il est temps de se méfier de ces pistes cyclables. De les fuir, même. De protéger la vélocité de notre imagination. Ne pas la laisser » rouler pépère ou mémère « . L’encourager à prendre des risques, à explorer les recoins de notre esprit que personne n’a encore visités. Car c’est là que naissent les plus belles idées, les plus grandes inventions, les plus belles histoires.
Donc, la prochaine fois que votre petit vélo voudra se laissera tenter par une piste cyclable, poussez-le à prendre le chemin de terre qui monte, la route qui n’est pas sur la carte. C’est peut-être plus difficile, plus fatigant, mais c’est le seul moyen de garantir à notre imagination de rester libre et de continuer à nous faire voyager loin, toujours plus loin.
Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : association.entre2lettre@gmail.com
Cher Pascal,
Je suis conscient que parfois, ce n’est pas un vélo… mais un triporteur qui roule dans ma tête… je le chevauche régulièrement, mais plus particulièrement le samedi matin, lorsque je prends connaissance du sujet de l’exercice hebdomadaire que vous nous proposez, et je commence à le charger de bribes d’idées, de phrases et aussi d’embryons de paragraphes, que je développe (ou pas) tout en prenant mon premier café…
Ce vrac de proses est consigné dans le bloc-notes de mon téléphone, transféré ensuite sur mon ordinateur pour retravailler les passages que je souhaite garder et enrichir…
Les chemins empruntés sont de temps à autres escarpés, des cols difficiles à franchir, d’autres voies sont plus roulantes. Dans les descentes périlleuses, j’utilise les freins… Et lorsqu’une pause s’impose, je saute de la selle pour contempler le paysage… ces moments de réflexion me permettent des envolées de sémantiques au cours desquelles m’arrivent des mots de mon invention, comme j’ai pu le faire avec « Le Pédosoleiphile »… pour l’exercice de l’homme qui observait le coucher de soleil… ou dernièrement avec la fusion de Mamie et de Marinette… qui a donné : Maminette… dans « Raconte-moi encore une histoire de fesses »…
J’aime laisser mon esprit vagabonder dans mon imaginaire… mais j’avoue parcourir un site de recherche afin de vérifier si ce que je dois évoquer tient la route… notamment, lorsqu’il peut s’agir d’un lieu, où d’une maladie, comme celles évoquées dans le dernier exercice, « En déficit d’entrain »… la même démarche m’a été utile pour « Un séjour virtuel avec l’IA », concernant l’évolution d’une tempête tropicale…
Quoiqu’il en soit, je voyage sans GPS, pour emprunter des chemins qui ne sont pas cartographiés.
À bientôt pour un prochain exercice hebdomadaire, prenez bien soin de vous.
J’aime beaucoup votre expression ; » protéger la vélocité de notre imaginaire ».
Marcher sur les voies toutes tracées a quelque chose de profondément ennuyeux. Il nous faut préférer les chemins peu fréquentés où l’herbe sauvage et folle pousse abondamment ; les ouvrir à la serpe, si nécessaire.
Le danger c’est la paresse intellectuelle qui pourrait nous inciter à quérir, dans les propositions écrites des autres, ou celles de l’IA, des idées, avant d’avoir interroger la patte intime de notre imaginaire qui est sa marque de fabrique, authentique.
Bonjour Pascal,
Partir d’un point au hasard.
En réalité, ce n’est pas tout à fait le hasard puisque c’est soi-même qui le détermine. Et à partir de ce point, explorer l’univers de son imaginaire !
Bonne journée !