718e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
J’étais, ce qu’on pourrait appeler un volcan mal éteint. Encore volcanique dans mon for intérieur, je fulminais pour un rien. Tenez, un jour, alors que…
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Je venais d’aboyer férocement sur mon chien. Craignant les coups, il s’était aplati sur le sol, les oreilles repliées sur le museau. Son crime ? Pourchasser une mouche que je jugeais innocente…
Ce jour là, je me suis interrogé. Est-ce si grave pour un chien de jouer à chat perché avec une mouche ? Comment se fait-il que je sois ce qu’on pourrait appeler un volcan mal éteint ? Que ce soit en permanence volcanique en mon for intérieur ? Que je fulmine pour un rien ?
Certains ont, dans l’enfance, collectionné les bons points à l’école ou les étiquettes des boites de fromage. Moi, j’ai amassé les colères, les rancœurs, les déceptions. J’ai tout bien tassé dans le fond et j’ai construit tout autour une forteresse. Une vraie bombe à retardement. Aujourd’hui, la forteresse se lézarde. Un rien allume la mèche et boum j’explose. Pourtant, mon chien je l’aime…
Pour évacuer ce gisement impétueux, j’ai eu une idée: vendre mes colères en pièces détachées sur e-bay ou le bon coin. Pas cher, juste pour rendre service aux trop doux, aux trop gentils qui jamais ne se rebellent.
Illico, je passe aux annonces. Mais qui a caché ou déplacé mon ordinateur ? Et toi, le chien, toujours dans mes pattes, ne fais pas cette gueule. Tu verras, si mon commerce marche, je vais devenir doux comme un agneau. Promis !
J’étais, ce qu’on pourrait appeler un volcan mal éteint. Encore volcanique dans mon for intérieur, je fulminais pour un rien. Tenez, un jour, alors que…
…Vénus, mon épouse faisait encore des avances à Mars – eh oui, je suis ce qu’on appelle un mari cocu- j’ai éclaté et lâché gaz, laves et compagnie.
Vous vous demandez ce que je raconte, Vénus, Mars… Je suis Vulcain, l’ex Héphaïstos, naturalisé Romain ainsi qu’Aphrodite, ma moitié qui fricotait déjà dans le Péloponèse avec Arès, latinisé lui aussi.
Vulcain, volcan si vous préférez, mal éteint, toujours en surchauffe, grondant, crachant, j’ai des raisons de fulminer, de fumer, je jeter ma colère avec une femme pareille.
Si encore, elle était aimable avec moi, si nous nous retrouvions de temps en temps tous les deux, si elle avait des mots gentils à mon égard, mais non, elle passe son temps devant son miroir à lui demander si elle est la plus belle quand elle n’est pas dans les bras de ses amants.
J’ai eu la déveine d’épouser la reine de beauté des Antiquités gréco-latine et elle, au lieu de se réjouir d’avoir un mari si puissant, je suis quand même le dieu du feu, capable de bouleverser la terre entière par mes colères et de fabriquer des objets prodigieux , elle se pavane avec des mecs à la réputation peu recommandable :Mars, un va-t-en guerre, Bacchus, un poivrot notoire et quant à Mercure, ce bellâtre, il voyage sans arrêt, vole, fait des tas de trucs. Je ne dis rien sur les autres… Tous ces godelureaux n’ont tout de même pas mon incandescence, vous en conviendrez !
Vous comprendrez sans doute mes accès de courroux.
J’étais, ce qu’on pourrait appeler un volcan mal éteint. Encore volcanique dans mon for intérieur, je fulminais pour un rien. Tenez, un jour, alors que…
Alors que j’étais chez le toubib.
Docteur, docteur, je n’en peux plus de ce faciès de volcan que je traîne tous les jours.
Aboyant sur toutes les personnes que je rencontre.
Et mon entourage, mes amis, ma famille, les collègues du bureau. Ils en voient de toutes les couleurs. Je les martyrise avec mes « fulmineries » quotidiennes pouvant être froides, rouges et noires.
Je leur crache à la figure ; de la poussière, de la cendre et des morceaux de lave incandescente.
Docteur vos médocs ne me guérissent pas !
Que vais-je devenir !
Je le sais maintenant. Tout ça c’est à cause de lui.
Ce satané volcan.
Ce Cacatoa, sur lequel j’ai mis les pieds il y a un an.
Qui d’abord m’a avalé, ensuite il m’a bien digéré et à la fin il m’a recraché.
Après avoir été emprisonné pendant trois jours dans son petit ventre ; un peu comme pour mon ami Jonas qui lui a habité dans une baleine.
Ouais ça vient de lui : ces colères fureurs, terribles et brûlantes, et aussi parfois froides, presque gelées.
Et le pire, comme je l’ai dit, c’est ma tête de volcan que je traîne dans le monde. Avec cette lave, cette cendre, que je crache, rejette du matin au soir.
Doc, doc, faites quelque chose pour moi !
Cette nuit j’ai eu un drôle de rêve.
J’étais chez vous. C’était bien chez vous !
Ah ah pas dans votre maison.
Mais ici, dans ce cabinet.
Moi le grand vulcanologue, le plus grand de la Terre.
Et, et, je me suis, je me suis, transformé en un vrai volcan. Ici ici près de votre bureau anglais en acajou. Détruisant tout tout.
Oh docteur docteur j’espère que ce n’était qu’un rêve. Une pure fiction.
Docteur docteur vite les secours, le Samu, l’hélicoptère , l’armée !
Ça monte, ça monte !
J’ai de la lave dans mes jambes, ma poitrine, ça monte je vous dis !
Aie aie je le sens, je vais me transformer bientôt en un gros volcan : rouge, fumant et bavant.
Ça bout, aie c’est arrivé dans la bouche !
Docteur docteur le rêve de cette nuit, c’est dingue, il se réalise.
Bientôt un vrai volcan, à quelques centimètres de vos ordonnances.
Ah ce Cacatoa c’est lui, c’est sûr. Il m’a jeté un sort ce volcan. Moi un très grand vulcanologue.
Vite docteur j’y pense ! La salle d’attente !
Vite, faites évacuer toutes les personnes qui y sont !
J’explose j’explose ! La lave destructrice, la cendre mortelle, la poussière aveuglante !
Docteur, mon vrai prénom c’est Pompéi.
Sacré rêve de cette nuit. C’était devenu une réalité !
Les amis : elle est vrai, vrai cette histoire. Une vé vé suve histoire.
Ouah ce coulis de lave. Sacré rêve, c’est Vé Vé, je suis devenu un vrai vrai homme volcan. Un chair et en os transformé en Vé Vé suve ! Ouah subitement, il fait chaud, torride …
J’étais, ce qu’on pourrait appeler un volcan mal éteint. Encore volcanique dans mon for intérieur, je fulminais pour un rien. Tenez, un jour, alors que je me satisfaisais de ma situation, vivant heureux, sans pour autant rouler sur l’or, on me proposa un premier ministre à dix sous.
Aussitôt, le feu qui couvait sous la cendre se réveilla et je laissai déborder la lave incandescente qui sortait de mon cœur. Un bon gouvernement n’a pas de prix, sauf celui de l’argent qu’il dépense aux dépens de ses concitoyens. Donc, comment pouvait-on nous proposer un premier ministre qui ne résisterait pas à la première censure… Il me fallut un certain temps pour me racheter une conduite et rentrer dans le rang.
Un vrai volcan, cet enfant ! Il ne se contrôle pas du tout !
Voilà ce que l’on disait de moi il y a quelques décennies, et non sans raison !
Tenez, un jour, je ne retrouvais pas mon ballon favori parmi les jouets entreposés dans la cabane du jardin. Je me suis mis à hurler : « J’en ai marre, marre ! » et j’ai expulsé au-dehors tout ce que contenait la cabane, les jouets, mais aussi tous les outils qui se retrouvèrent éparpillés aux quatre coins du jardin ! Je finis par me calmer et mon père m’obligea à tout ranger ; à noter que je m’exécutai sans protester. Car autant mes irruptions étaient impressionnantes, autant je redevenais docile dès que le pression retombait.
Une autre fois, je jouais au monopoly avec mon frère. Celui-ci ayant réussi à acheter la fameuse rue de la Paix, si convoitée, il y plaça des maisons, et puis un hôtel. Un malencontreux coup de dé m’amena sur cette case et il me réclama d’un ton narquois un loyer colossal. Alors je sentis en moi la lave monter ! C’était trop injuste ! J’attrapai le plateau de jeu et l’envoyai valser hors de la table. Les maisons, les hôtels, les cartes, les billets de banque tout s’envola. Je crois que j’ai aussi renverser ma chaise…
Et puis comme d’habitude, je finis par me calmer et j’entrepris de tout ramasser. Mon frère, pas rancunier, me donna un coup de main.
A l’école, il m’arrivait également d’être volcanique. Mes parents furent souvent convoqués ! Ils se sentaient impuissants et me firent consulter un psychologue, sans grand succès. Je n’arrivais pas à me contrôler ; les menaces, les punitions, rien n’y faisait.
Et puis les années passèrent…Mes crises finirent par s’espacer, au grand soulagement de mon entourage ! Il m’arrivait encore de fulminer de temps à autre, mais avec de moins en moins de conviction.
A présent, je suis un homme posé, qui sait garder son sang-froid en toutes circonstances. Le volcan est éteint !
Tout va donc pour le mieux sauf que…eh bien il y a quand même un bémol.J’ai décidé de ne pas avoir d’enfants, au grand dam de mes compagnes successives. Mais je ne veux courir aucun risque. Imaginez, si le volcanisme est héréditaire !
Tenez, un jour, alors que j’étais tranquillement en train de lire une histoire de mon super-héron, Vulcain, dans ma chambre magmatique, ma mère fit irruption. Elle me regarda avec effroi. J’étais, parait-il, couvert de plaques tectoniques. Une véritable éruption cutanée. Certaines faisaient des croutes. Ma mère voulait que je me lave pour les faire disparaître. Avec une pierre ponce, précisa-elle. Nous allâmes chez le médecin, un certain Haroun Tazieff. Il était un peu dégarni sur le devant et parlait avec un fort accent des pays de l’Est. Il était très gentil et observateur. Il m’offrit une pêche en me recommandant de ne pas avaler le noyau. Cela me détendit. Je quittais mon manteau pour m’installer près de la cheminée. J’adore les flammes. Puis il me posa des questions du style :
– Est-ce que tu souffres ? fais-tu des gaz ? as-tu des coulées rougeâtres ?
– Oui, il en fait depuis le mercredi des Cendres, lui répondit ma mère. Parfois il crache des humeurs comme un geyser. Cela jaillit de ses orifices d’un coup, surtout lorsqu’il est mécontent et qu’il fulmine.
– Et les fumerolles ? la questionna le praticien.
– Non, mon fils ne fume pas. On le lui a interdit. C’est un brave fils qui obéit même s’il est toujours très actif et qu’il a beaucoup de cratère.
– De caractère, vous voulez dire.
– Oui, je me comprends, docteur.
– Justement le problème est là. Il est trop actif. Le magma boue en lui.
– Entendu docteur. Je vais lui enlever la ceinture de feu que son père lui a donné. Il est très agité depuis qu’il joue avec en parcourant les îles.
– Comme il semble Pacifique ça marchera peut-être. Je vous donne un médicament pour arrêter les gaz. C’est important qu’il en prenne 2 par jour. Il lui faut aussi du repos, beaucoup de repos. Avec le repos ses éruptions cutanées cesseront. Lorsque tout sera calme, vous pourrez alors l’emmener au cirque. Il parait que celui de Salazie est excellent.
– On verra après la Réunion avec les membres de la famille. Au revoir docteur.
J’étais, ce qu’on pourrait appeler un volcan mal éteint. Encore volcanique dans mon for intérieur, je fulminais pour un rien. Tenez, un jour, alors que tout était calme autour de moi, le soleil brillait, le ciel était bleu. Les touristes se promenaient. L’un d’entre eux n’énerva. Il prenait une photo, une vidéo, postait le tout sur un réseau, sans même me regarder. Tout à travers l’objectif de son i phone dernier cri. Je fulminais. Je pris une inspiration profonde et lui cracha une flammèche à la figure.
Il fut projeté 3 pas en arrière. Hébété, il dégringola ma pente sans prendre un selfie de sa peur.
J’en ai marre de tous ces voyeurs. « Éteint ? Pas éteint ? Tu crois que c’est risqué ? » ils jouent avec la peur.
Non. Je ne suis pas éteint, je sommeille. Pas vraiment vivant mais pas encore mort. Je suis vieux tout simplement ! Venir voir un vieux, quel intérêt ? Visite t on les maisons de retraite ?
Je suis vieux et en colère. Je voudrais voir jaillir ma lave, mes gaz, le feu pour éclairer le ciel comme jadis. J’étais la beauté, la force.
Je suis tari.
Et je gronde encore.
J’étais, ce qu’on pourrait appeler un volcan mal éteint. Encore volcanique dans mon for intérieur, je fulminais pour un rien. Tenez, un jour, alors que j ’étais sur le point de m’assoupir, je sentis une longue colonne se déplacer sur mon flanc. Des touristes sans doute. Ils me chatouillaient avec leurs chaussures à crampons. Pas moyen d’être tranquille ! Et en ce moment, c’était ça tous les jours ! J’en avais ras-le-bol et je mourrais d’envie de gronder pour de bon ! Même de leur faire peur ! Une bonne petite trouille en faisant vibrer mon dos tiens, c’est tout ce qu’ils méritaient. Pourquoi n’allait-il pas fouler le dos du voisin ? Probablement parce que la vue était bien plus chouette vue de mon épaule. Cela me flattait, il est vrai, mais quand même.
J’aimerais être moins sanguin, ne pas me laisser monter le rouge au cratère mais j’avoue que je n’y arrive guère. Mes cailloux s’affolent facilement, je le reconnais. Je les manipule un peu pour faire de petites aspérités ou des crevasses dans lesquelles de temps en temps trébuchent ces pauvres humains. Et puis ils m’agacent avec leur bâton de marche qui ne leur servent à rien et me piquent à qui mieux mieux et abîment parfois de façon irréversible ma toison fleurie. Parfois j’ai vraiment très envie de les envoyer balader mais vraiment ! Il y a des jours où il est plus difficile de se maitriser. Après les deux mois que je viens de passer, ma patience atteint ses limites, je ne réponds plus de rien, je le sens. Et je vois bien que les copains ne sont pas loin derrière. Ça va péter je le sens, je le crains…
J’étais, ce qu’on pourrait appeler un volcan mal éteint. Encore volcanique dans mon for intérieur, je fulminais pour un rien. Tenez, un jour, alors que…
Un jour alors que mon humeur était un peu meilleure, moins belliqueuse, je me mis à regarder avec humour les randonneurs qui s’aventuraient sur mes flancs, essoufflés mais très fiers de leur hardiesse bien que j’imaginais que certains avaient le trouillomètre au dessous de zéro. D’humeur un peu taquine, j’ai eu envie de me secouer un peu histoire de les voir épailler dans tous les sens. Aussitôt dit, aussitôt fait. Je me suis contenté de bouger une oreille comme dirait un humain.
Ils se sont figés, ont tout lâché et se sont mis à courir comme des cabris.
Et hop ! Plus de moucherons sur moi.
Par contre, peu de temps après, j’ai eu des aigreurs dans mes entrailles. C’était quand même pas mon bouger d’oreille qui avait provoqué cette réaction. Ça chauffait en moi, pourtant rien ne se passait sous mes pieds. Magma semblait calme.
Les aigreurs allaient en augmentant. En cherchant d’où cela pouvait bien venir, j’aperçois un flacon sur lequel je lis : huile pimentée extra forte pour pizzas.
Mais quel abruti se balade avec ça pour une telle randonnée ? Ça ne peut venir que d’un des randonneurs que j’ai effrayé.
La colère gronde en moi. Idiot, j’ai été idiot. Je me suis fait avoir à mon propre jeu.
L’aigreur augmente en même temps que ma colère. Je hurle, réveillant magma qui se met à bouillonner d’avoir été ainsi tiré de sa sieste.
Je me mets à cracher tout ces peperronis. Magma bien réveillé sort le grand jeu. Ça flambe de partout, bien rouge comme ces fichus piments et ma colère.
Tout bien réfléchi, je suis content. Pendant un moment on ne viendra plus me piétiner.
Tchao !
J’étais ce que l’on pourrait appeler un volcan mal éteint. Encore volcanique dans mon for intérieur, je fulminais pour un rien. Tenez, un jour que je crapahutai sur » le chemin des muletiers » pour atteindre le sommet du Puy-de-Dôme, j’entrai pour de bon en éruption.
Les volcans endormis attirent pléthore de touristes qui, une fois rentrés dans leurs pénates, se targuent d’avoir » fait les volcans d’Auvergne « , comme d’autres ont » fait la tour Eiffel à Paris « .
Donc, ce jour-là, je tombai sur un groupe de quinquas qui, après avoir pique-niqué, laissaient derrière eux leurs détritus : emballages de chips et autres papiers gras, canettes de bière, de soda, bouteilles en plastique, bref, toute leur merde ! Offusquée, je crachai :
– C’est pas possible d’être aussi crades ! Vous vous croyez où ? Personne ne vous a appris à respecter la nature ! Vous n’avez pas vu la poubelle juste à côté ?
Un type ventripotent entama une discussion et dans son baragouin je ne compris que le mot deutsch. Pauvre de moi ! Je n’avais appris laborieusement que l’anglais au collège et leur demandai au cas où :
– Do you speak english ?
– A little, me répondit une femme qui avait cueilli un bouquet de fleurs protégées.
– It’s… interdit to put your… your… merde in the country. And the flowers are… are… proteged.
– I dont understand, ne cessait-elle de me répondre avec son sourire en coin.
Mes palabres en langue des signes n’eurent aucun effet. La pollution resta où elle était quand ils rebroussèrent chemin. Un type me dit :
– On a trop mangé, on va prendre le train à crémaillère. Bonne ascension, madame, et au plaisir de vous avoir rencontrée.
Purée ! Ce jour-là, j’aurais tant aimé que les 80 volcans de la chaîne des Puys entrent de concert en éruption pour momifier, comme à Pompéi, ces indésirables qui s’étaient bien payés ma tête.
Je suis né sous la forme d’un petit diable, on m’a même un temps surnommé Lucifer. J’ai des oreilles de chat bien pointues et part de mes fesses une longue queue terminée en trident. Une vraie pile électrique que je peux brancher où je veux, quand je veux, même aux bornes d’autoroutes maintenant. Je pars sans payer, sans vergogne, personne n’osera me courir après pour réclamer la note. Et ça vaudra mieux, il lui en coûterait chaud.
Boule de feu dès ma naissance, mon irritation permanente avait élu demeure sur mes fesses et n’auraient pas pu trouver meilleur endroit. Ma mère a accouché dans une bassine d’eau bouillante et m’a aussitôt enfilé la tenue du méchant petit diable. Elle n’a jamais essayé de me talquer, je devais rester très urticant. L’éducation a suivi sur le même thème.
Le stage qui devait me breveter s’est déroulé en plein cœur d’un volcan bien vivant, actif au point de cracher son amertume très régulièrement, environ tous les 16 mois. La fournaise d’un piton au cœur bouillonnant.
J’ai tout appris : la lave d’or si fluide qui file vers la mer dans une course folle, cramant cocotiers et fougères sous son passage. La mitraille des scories brûlantes. Les explosions de nuages de souffre âcres coupant la respiration. Puis les grondements infernaux prémonitoires d’une éruption prochaine montant du creux du monde pour semer l’épouvante.
Maintenant, on m’envoie aux USA pour parfaire mon savoir sur l’électricité domestique, après quoi j’aurai mon diplôme.
Il me reste une case à cocher et comme je suis insensible (chez moi, le courant ne passe pas), j’ai demandé à voir griller non pas un mais plusieurs ficelés à la chaise. Un gardien m’a même fait un clin d’œil m’appelant à venir appuyer moi-même sur le bouton. Le pied ! Encore un peu et je fulminai ! Et je me retenais, car j’avais faim, et grillés, ils sentaient le hot-dog.
Tenez, un jour, alors que je me promenais tranquillement avec, sur mon épaule, mon singe Arthur, je croisais une famille « bien sous tout rapport ».
Cependant, l’enfant montra du doigt Arthur et s’écria :
– Regarde papa, c’est un singe, c’est un singe !!!!
Et le père de le mettre en garde :
– Écarte toi Jojo, écarte toi… On ne sais jamais ! Le singe peut être dangereux !
– Quoi ? Arthur dangereux ?
Tel un volcan mal éteint, je détruisis du regard le père protecteur et ordonnai à Arthur d’aller lui faire pipi sur la tête. (d’ailleurs, il adore faire pipi sur la tête des gens qui m’énervent).
Arthur est très gentil et très très obéissant… Il s’exécuta, et je continuai tranquillement ma promenade.
Le père, bien sous tout rapport, fortement choqué, resta planté là misérablement.
Fallait pas réveiller le volcan Monsieur, fallait pas !
Une autre fois, je contemplais le lac avec mes 31 coccinelles accrochées autour de mon cou.
Nous étions bien, là, tranquilles, quand arriva à notre hauteur une famille « bien sous tout rapport ».
Et le petit de s’écrier :
– Regarde papa, qu’est-ce qu’il a le monsieur autour de son cou ? On dirait des coccinelles ?
Et le père de le mettre en garde :
– Écarte toi Manu, écarte toi, on ne sait jamais. Tu vois bien que c’est un original !
– Quoi ? Moi un original ?
Tel un volcan mal éteint, je plantai mes yeux dans les yeux du père discourtois et j’ordonnai à mes 31 coccinelles de l’attaquer histoire de le ramener à la raison.
Elles s’exécutèrent joyeusement.
Le père se mit à hurler : Au secours ! Au secours ! Des coccinelles m’attaquent !
Je fis revenir mes fifilles autour de mon cou.
La récréation était terminée.
Je pouvais reprendre ma contemplation.
Et l’homme, jugé délirant, fut embarqué en observation en psychiatrie.
Fallait pas réveiller le volcan Monsieur, fallait pas !
J’étais ce qu’on pourrait appeller un volcan mal éteint. Encore volcanique dans mon for intérieur, fulminant pour un rien.
Dans la maison de retraite où je résidais, on me surnommait mamie-traillette car je dégainais plus vite que mon ombre, ce qui n’était pas pour me déplaire.
Tenez, un jour j’étais dans tous mes états car Jeanine Machintruc avait vidé le pot de confiture du petit déjeuner pour la troisième fois de la semaine. Ma préférée bien sûr, à l’abricot !
Me voilà péniblement debout, appuyée sur mon déambulateur, invectivant la gourmande qui, n’ ayant pas mis sa prothèse auditive, me souriait benoîtement en hochant la tête. Toutes les têtes étaient tournées vers nous, admirant la prestation ainsi que la richesse de mon vocabulaire, attendant la curée.
Consciente néanmoins du ridicule de la situation, je regagnais, le ventre vide et le plus dignement possible, ma chambre où m’attendait un paquet de Petits Lu .
Malgré tout j’étais assez satisfaite d’être encore capable d’exploser de cette façon dans des revendications fatigantes mais si jouissives, encore de la vie que diable !
J’étais, ce qu’on pourrait appeler un volcan mal éteint. À chaque belle saison, dans mon « fort » intérieur, je fulminais pour un rien.
Pauvre forteresse qu’est devenu mon Michelin !
Qu’il me semble loin le temps où je grondais, crachais des « ICI, ICI, C’EST MONTFERRRAND ! », m’enflammant à la moindre étincelle, faisant danser le feu dans les jambes de nos artificiers, pour exploser dans le ciel de la défense de nos visiteurs, terrifiés et qui repartaient, aussitôt, les valises plus pleines que quand ils étaient arrivés.
Un spectacle époustouflant à faire pâlir de jalousie ce jeune volcan impétueux qu’on appelle ici le Puy-de-Dôme et qui, pourtant, du haut de son pic n’a jamais pété plus haut que son cul, enchaîné avec ses amis révolutionnaires depuis des millénaires.
Pourtant un jour, pas plus tard que la semaine prochaine, mon ventre a gargouillé, j’ai vu des fumeroles jaillir du Michelin. « Aïe ! Ça ne sent pas bon, comme à chaque saison ! » m’a soufflé alors quelqu’un. Encore un de ces vents mauvais qui voudrait nous condamner à l’avance. Moi, j’ai vu cette fumée s’élever dans le ciel, j’ai vu le feu d’artifice et la terreur revenir dans les yeux des adversaires, blêmes comme des Palois, repartant avec une valise pleine d’un espoir retrouvé.
Je te jure, Pascal, que cette année, c’est la bonne. Je l’ai vu, la semaine prochaine, et celle d’après, et celle d’après…
J’étais, ce qu’on appelle un volcan mal éteint. Si la vie d’un homme n’est rien, alors oui, je fulminais pour un rien. Je suis Raymond, fulmineur de fond. Un jour de grève, j’ai vu les soldats à cheval se charger de calmer les plus énervés, une flopée de galibots, des encore aptes à ouvrir leurs gueules.
Mon tiot se trouvait au premier rang. Comme à l’abattage, il s’avérait toujours le plus solide, un fameux crocheteur de gaillettes. Le travail du charbon, c’était sa coke. Chez nous, on s’empoisonnait, avec tout, peut-être plus, avec le taf qu’avec la flemme.
Ya bien qu’au fond d’une mine qu’on n’est pas payé pour des heures nocturnes. Moi qui avait passé ma vie à m’encrasser les caves pulmonaires, j’espérais mieux pour mon tiot. Lui qui avait décroché son certificat d’études, grâce à l’instit, ce grand malade des dictées. Le tiot, grâce à un oncle, il pourrait à l’avenir travailler dans le train, le grand vent du modernisme.
C’était mon rêve, mon calme détonateur. Qu’il sorte du trou avant que j’y entre.
Mais, ce jour-là, ils n’avaient que de la caillasse à opposer à leurs flingots. Ah Lebel guéguerre que voilà, entre gars pas vraiment tout à fait du même pays, les anciens étrangers contre les nouveaux arrivés, des gueux, des polacs, des rouges à tous les coups, à peine délavés.
C’est dingue, ce que les balles perdues trouvent toujours une tête où s’égarer. C’est mon tiot qui l’a ramassé. En une seconde, passé du carreau au carreau, injuste piétinement de foule, retour à la tourbe, sous la pluie débattante, faute de toute part, d’avoir appris à silicauser autrement.
J’ai laissé la femme et les filles s’occuper du corps. J’ai couru au bout du coron, j’ai ouvert la cage aux coulons. Ceux que mon tiot nourrissait chaque matin. Et méthodiquement, je les ai tous étranglé.
Mon crâne, mon cratère égueulé avait explosé.
Et je délavais à coups de poing toutes les envies des voyageurs.
Zola, sors de ce coron ! Magnifique, Jean-Marc ! 🙂
Merci, tiot, monté dans la vapeur d’un train de vie! 😉
Ben mon ‘ieux’! Déjà que j’ avais le moral dans les chaussettes, maintenant elles sont à tordre ! Une bien belle histoire d’une vie difficile… De la vie d’avant ! 🐀
Je suis quasiment certain que dans la vie de maintenant, on peut transcrire et trouver des histoires aussi sombres! Sinon, à l’occasion, je peux te prêter des chaussettes!
Faites un petit tour aux USA.
Il ont une chaise électrique, je ne vous dis que ça !
Voyage au centre de la terre, un de plus pour Jules Verne voyage voyage au centre de la terre. Verne, un visionnaire cet homme-là documenté, aventureux, le meilleur des scénaristes précurseur du cinéma ! Je l’aime, je le relirai bien , si je l’avais déjà lu… Il en est ainsi de nos trésors, on croit les connaître, on les néglige, pire, on les ignore voir on les méprise ! Ne croyez pas que je sois fâché, comme volcan, je suis mal éteint. Il y en a qui sont allumés, moi, il y a pas mèche, ça couve ! Je trépigne, je culmine, ridicule ! Rentrer rends-moi même ? Dangereux. M’en tamponner du pinceau de l’indifférence, irresponsable. Quand tu as organisé une randonnée en groupe avec des zoologues, tous des malapris !!! Maman qu’il est dur de vivre avec soi-même, alors penser, avec les autres ! Tenez, un jour, je n’y tiens plus, il fallait que ça sorte. Que je tire une fierté de cet état, je réunis mes peaux d’âne et me présentai à l’Académie. Celle des Beaux-Arts. J’y allais tout nu, je sortis déloqué de la maison, je n’avais jamais été aussi bien. Je regardais alentours comme corps-nu, je n’étais pas seul tout se passait à merveille comme dans un tableau de Paul Delvaux. Qui a dit que l’ennui naquit un jour d’un uniforme ôté ?🐻
Quelle énergie délirante « souris verte » !!!
718/ MÉFIEZ VOUS DES BOUCHONS
Une vraie cocotte minute ! Ça tourne, le clapet toujours en mouvement laisse échapper des vapeurs ralantes, ou de doute ou de… Enfin ça fulmine. Déjà que dans la vie je suis sur tous les fronts, toujours les mains en avant un vrai petit faitout alors pensez qu’ avec mes chuchotements perpétuels… J’énerve !
Les électrodes ont dédecté une surchauffe.
On menace de me couper le gaz !
Je pense que si on me branchait un fil, j’éclairerait Paris pendant une semaine ! Dans le fond, elle est peut être là la solution à l’ énergie. Je nous vois bien tous avec des fils partout… Enfin on nous a déjà fermé le clapet avec les masques… Avec des bouchons partout ils sont foutus de nous couper l’eau et le gaz… 🐀
De bon matin, la fulmineuse! 😉