694e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Depuis que j’ai perdu un » r « , j’erre. C’était un petit, mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demande de quoi ai-je l’air ?
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comme dit la chanson
le soleil avait rendez-vous avec la lune
Mais le cœur n’y était pas.
Moi c’est avec mon amoureuse que j’avais rendez-vous
mais elle n’est pas venue
car son cœur à présent battait pour un autre
depuis je ne pensais qu’à me venger
me répétant que la vengeance est un plat qui se mange froid
Nous devions dans quelques jours
être garçon et fille d’honneur au mariage d’une cousine
sous un prétexte fallacieux je décidai de m’abstenir
Les mois ont passé, et un soir
alors que j’étais dans une boîte
l’orchestre joua la chanson de Trenet
J’invitai une fille et « notre cœur était là »
Nous ne nous sommes plus jamais quittés…
Depuis que j’ai perdu un « r » , j’erre. C’était un petit, mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demande de quoi ai-je l’air ?
Je suis vachement crevé.
J’ai fait trois fois le tour de la Terre et je ne l’ai pas trouvé.
Ce cher r, où est-il à présent ?
Je suis un pauvre vers de terre dorénavant malheureux sans lui.
Ah j’y pense, peut-être a-t-il voulu changer de vie, en allant vivre dans un autre pays.
Venise, oui cette ville il l’aime énormément, y allant plusieurs fois par an.
Ah le bougre, en ce moment il est peut-être dans un restaurant à Venise en train de manger un bon plat italien.
Ding Ding Dong.
Ah qui a sonné à la porte ? Qui est-ce ?
Ah cette voix, je la reconnais.
C’est celle de Delphine.
Cette amie qui vient me voir plusieurs fois par semaine, pour prendre le thé. Un bon thé que ma grand-mère m’apporte et qu’elle achète je ne sais où ?
Ma théière ma théière, où est-elle, je ne la trouve plus !
Oh oh qui vois-je. C’est le petit r.
Il est là, on dirait qu’il se cache.
Eh Joe je t’ai reconnu. Que fais-tu là ?
Je t’avais perdu de vue.
– Hi hi moi je travaille, j’ai trouvé un super job.
– Ah bon dis-je.
– Ouais je suis devenu conducteur de Rer … et le soir et la nuit je les passe dans cette théière.
J’en revenais pas.
Mon petit r était tout près.
Moi qui l’ai cherché à travers la Terre entière !
Maintenant je peux redevenir sédentaire.
Et continuer à m’occuper de mes affaires.
C’est super, il y a de rumba dans l’air.
Ah que je suis heureux de l’avoir retrouvé ce cher r, un ami de toujours.
–
Je suis encore jeune et déjà titulaire dans la fanfare « Les Bleuets ». Un tambourin, c’est inhabituel dans ce genre de formation musicale. Je suis sa spécificité et en suis très fier.
Tout allait pour le mieux dans ma vie. Pourtant, depuis que j’ai malencontreusement perdu mon « r », j’erre. Un «Tambouin », cela sonne pataud, lourdaud. C’est disharmonieux. Mes collègues musiciens ne m’ont pas laissé le choix « Tu reviendras quand tu auras retrouvé ton « r » et ta sonorité habituelle.
C’est fou comme un détail peut chambouler une identité ! C’était un petit « r », mais j’y tenais et, visiblement les autres aussi. Il donnait du sens à ma vie et m’assurait un emploi digne. Je me demande de quoi j’ai l’air maintenant ?
Pas d’atermoiement malgré la disgrâce. Je n’avais pas le choix : je devais retrouver mon « r » perdu. Je me suis mis en route comme un migrant qui quitte un pays devenu inhospitalier. J’ai joué du « tambouin » au coin des églises et des supermarchés pour glaner quelques pièces me permettant de subsister. Les jours de pluie et de grand vent, les nuits à la belle étoile ont gondolé mon cadre en bois et patiné ma peau.
Mais le destin réserve des surprises. Je vis maintenant dans un cirque. J’accompagne les clowns, les équilibristes et les dompteurs de mon son rauque qui évoque le suspense et sied à ce type de spectacle. Nous allons de villes en villages et sillonnons la France. Aussi je ne désespère pas de retrouver mon « r » perdu… Si je le croise, je le salue et le remercie de sa désertion qui m’a conduit vers une vie de saltimbanque que je ne quitterais pour rien au monde désormais.
Depuis que j’ai perdu un « r » , j’erre. C’était un petit, mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demande de quoi ai-je l’air ?
De pas grand-chose, j’en ai bien peur.
J’étais brave et me voilà devenu bave
J’étais un tigre et me voilà devenu une tige
J’étais perlé et me voilà devenu pelé
Il me fallait absolument retrouver mon « r » perdu.
J’ai d’abord été, comme tout bon Parisien qui se respecte, au Service des Objets trouvés, 36 rue des Morillons Paris XVe.
J’y vis, parmi une forêt de parapluies, de trousseaux clés ou de paires de lunettes, une multitude des « w », des « y » et des « z » dont nul ne savait que faire. Mais point de « r »
Ensuite, je m’introduisis en douce dans une partie de scrabble en vue de dérober la satanée lettre. Hélas, tous les « r » étaient casés
Puis, je m’infiltrai dans le jeu « Des chiffres et des lettres ». Mais, j’étais maudit. Jamais cette fichue lettre ne sortit au tirage
J’ai pensé écrire à Georges Perec, le fameux auteur de « La Disparition » afin de savoir s’il est possible de vivre sans une certaine lettre, mais j’ai appris qu’il est décédé depuis près de 50 ans.
Ce matin, en désespoir de cause, je me suis infiltré dans une classe de troisième d’un collège situé dans une ZEP (Zone d’éducation Prioritaire) de Seine-Saint-Denis où les élèves ne savent toujours pas faire la différence entre un participe passé et un infinitif.
Je me disais qu’ils ne s’en apercevraient même pas.
Mais, au moment où j’allais me saisir d’un « r » rendu disponible du fait de l’ignorance des collégiens, j’ai vu une main gantée de chevreau beurre frais s’en emparer.
Je tenais à récupérer ce que je considérais comme mon bien légitime, mais le voleur, semblait-il, ne l’entendait pas de cette oreille.
Nous nous acharnâmes, nous nous obstinâmes, nous nous entêtâmes, chacun s’escrimant, l’un à garder l’objet convoité, l’autre à se l’approprier, aucun des deux ne voulant céder.
Il me dit d’un ton péremptoire « Il est mien, entends-tu, jeune blanc-bec »
Je pris alors conscience qu’il s’agissait d’un individu mature, de grande stature, vêtu d’un smoking de haute couture. Une noble nature
« Mais à quel titre » ripostais-je malgré tout, nullement impressionné. « Je l’ai trouvé avant vous. Il est à moi. »
« Pour qui te prends-tu, pauvre niais ? Donne-le-moi ! »
« Pour quelle raison vous le céderais-je ? »
« Mali parce que tu n’es qu’un tout petit ga-s de rien du tout, vois-tu !
« Et vous qui êtes-vous donc ? » m’insurgeai-je
« Mais moi » répliqua-t-il d’un ton plein d’emphase et de suffisance, je suis un monsieu- »
Cette petite perte est une grande catastrophe. J’avais une mission exceptionnelle à accomplir, rendue impossible sans ce « r ». Justement, de quoi vais-je avoir l’air lorsque je dirai : « Désolé, je me désiste, j’ai égaré mon « r » » ? Sans cette lettre, je change d’identité et ma respectabilité se transforme : me voilà voyou.
Gonflé d’un honneur à la gloire du sport, j’entendais déjà les clameurs de la foule tout le long de mon parcours. Je courrai avec fierté la torche du Relais de la Flamme Olympique à la main. « Regardez comme il brandit bien la torche ! Bravo ! Gloire à toi !».
Or, plus de liesse partagée !
Ce qui m’attend est la honte, le déshonneur. Je vais vous dire ce que je suis devenu : bandit !
« Depuis que j’ai perdu un » r « , j’erre. C’était un petit, mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demande de quoi j’ai l’air ? »
Depuis que j’ai perdu un » R « , j’eRRe. Je me suis aRRêté dans la gaRRigue, hoRRifié de cette abeRRance.
C’était un petit « r », mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je l’avais aRRimé au chaRRiot et, il a dû desseRRer le gaRRot qui le teRRifiait.
Le reveRRai-je ? Peut-être est-il iRRécupérable, chaRRié dans la saRRiette ou le lieRRe. La terre et les pieRRes lui servent sans doute de teRRier souteRRain.
Je me demande de quoi j’ai l’air ? L’iRRuption de l’hoRReur me seRRe comme un veRRou. Je suis teRRiblement embaRRassé. C’est si bizaRRe d’être coRRompu par ce désaRRoi. J’aRRacherais bien le second « R », car mon couRRoux se nouRRit de ma teRReur et me susuRRe bizaRRement de naRRer ce toRRent de « R » comme le bon débaRRas d’une feRRaille coRRodée.
Pour le bouRRu aRRacheur de dents que je suis, perdre une partie de soi-même est une très incoRRecte publicité… Suis-je devenu : un hacheur ? Pour un arracheur de dent, c’est une drôle de conversion !
Depuis que j’ai perdu un « r «, j’erre. C’était un petit, mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demande de quoi ai-je l’air ? En fait, je l’avais perdu sur une aire d’autoroute. J’étais avec ma femme qui était sur le pont d’accoucher, commençant déjà à perdre les eaux. Alors, vous comprenez bien, que si le « r » se rajoute, j’en perds mon lapin, comme disent les chasseurs. J’en étais là de mes réflexions, quand je vis le t qui commençait à battre de l’aile. Pourtant, le t, je l’aime, j’ai pas de haine contre lui. Mais, il en avait marre de l’alphabet et d’être pris pour une lettre lambda. Alors, plutôt que d’attendre les calendes grecques, il avait décidé qu’il ne serait plus l’être qu’on supposait.
Dès lors, l’orthographe se perdit… À qui la faute ?
Un vaste manque m’emplit depuis que mon petit m’a quitté.
Comme une Madeleine je sanglote.
Il s’est enfui mon petit qui faisait ma joie.
Sans lui, je suis bancal, un vide s’est installé, un moins s’est ajouté.
Que suis-je maintenant sans lui ? Pas beaucoup, un peu, diminué , indigent, appauvri.
Je déambule sans but et me demande quelle mine ai-je ?
Oh je m’en fiche ! Tous ceux qui sont amputés du plus petit bout d’eux-mêmes ne se posent pas la question! Ils font face.
Dans l’entreprise de production d’ Rbag (Air bags), l’émotion était à son comble.
Les ouvriers rassemblés dans la cour semblaient très agités à l’annonce de la mauvaise nouvelle : leur RTT était suspendue jusqu’à nouvel ordre…
Le délégué syndical tentait de leur fournir quelques explications.
L’un des salariés prit la parole :
– Comment est-ce possible ? Nous avions des jours de récupération et maintenant on ne parle plus que du « TT » du temps travaillé, c’est complètement injuste !
Ses collègues acquiescèrent.
– Vous avez raison, je vais déposer un préavis de grève afin d’essayer que les choses reviennent dans l’ordre, répliqua le syndicaliste.
– Nous sommes de la partie, reprirent en choeur les salariés.
Pendant qu’ils défendaient leurs conditions de travail et droits, le patron, l’R dilettante, les mains dans les poches se dirigeait vers les travées de l’usine pour surveiller la chaîne de production.
Le plus ancien dans cette maison, interpella le Directeur :
– Pourquoi avez-vous réduit nos droits ?
– Comment cela ?
Nous apprenons que nous n’avons plus de jours de R…tt !
– Parce-que vous avez des droits certes, mais aussi des obligations, voyez-vous ! Notre entreprise connaît des difficultés conjoncturelles qui ne nous permettent pas de faire la fine bouche quand les commandes reprennent, ce qui signifie en clair, que pour honorer les commandes, il faut produire ! Comment assurer une production suffisante si vous restez chez vous ! vociféra le patron.
Les travailleurs désabusés mais conscients de la dure réalité économique qui s’abattait dans la plupart des usines, se résignèrent.
Ils se remirent au travail car après tout, la maison offrait une prime d’intéressement tout à fait acceptable.
C’est alors que le dernier embauché RV (Hervé) se plaignit de ne pas pouvoir profiter d’un voyage réservé depuis longue date dans les Hautes-Alpes afin de respirer l’R pur .
L’un de ses collègues ayant entendu ses doléances, lui tapa sur l’épaule :
– T’en fais pas mon gars, ce n’est que partie remise !
Force est de constater qu’ R de rien (air de rien), une seule consonne manque à un acronyme et c’est la cata !
De quoi j’ai l’air, moi Hervé ? J’ai l’air rance dans mon errance. Peut importe. J’ai l’air vieux mais je fais des envieux avec mes ans vieux. Je n’ai pas d’âge. Je suis intemporel. Si le Rockefeller, le blues fait mon errance. C’est une erreur, on me le dit. Je n’ai pas de but, non. Mais je ne veux rien marquer ni rien gagner. La vie me suffi. Etre vivant, simplement. L’errance, c’est mon essence, mon moteur, mon plaisir des sens. Plus de sens interdit, juste la connaissance de ce qui est, de ce qui vient, du pas suivant.
L’air de rien, c’est mon but : vivre, laisser l’air caresser, réchauffer, geler, craqueler ma peau. Je le peux et je le veux. Ne pas penser au lent demain. Pas de retard, rien que des regards. Je suis en avance dès que j’avance. Rien n’est erroné, tout est étonné. Est-ce erroné ? Non. Je suis le héro né de mon quotidien, de mon avancé vers le rien.
A quoi sert de courir puisque je n’arriverai à rien. Je suis dans l’ère du rien. J’ai dépassé l’ère du numérique, de l’intelligence artificielle pour retrouver l’intelligence de ne plus rien attendre de rien. A quoi ça sert d’espérer ? A rien.
Les Ariens naguère ont tenté d’éradiquer en menant la guerre. Mais ils ont échoué. Ce peuple élu, cette religion a survécu à l’Holocauste. Heureusement. Mais cela se reproduira. L’Homme me désespère. Il n’apprend rien. L’Histoire est un perpétuel recommencement. Il y a eu la religion. Hercule, un Eros héroïque et érotique, historique surtout. Puis ce fut Hérode et ses erreurs, ses reniements. La religion s’érode même érigée en dogme comme une obligation. Mais à l’obligation suit l’action, la spéculation, l’argent, l’agent de change. Le matérialisme succède à la croyance. Les acquisitions ont vaincu l’inquisition. Les hérétiques ont gagné. Ils sont devenus financiers pour se partager le gâteau. Les érudits ne sont plus les grands prêtres mais les indices du CAC 40. C’est l’ère du tout s’achète. Le tout ou rien. Le toutou rien qui fait oui à la monnaie. Le béni oui-oui qui remplace le bon béni par l’Eglise. L’héritage à succédé à l’ermitage.
Hermès n’est plus le messager des Dieux. Ce n’est plus qu’un sac de voyage, de m’as-tu-vu qui se sefient avec cet objet de représentation. Hermès, pour moi, ce n’est qu’un vulgaire herpès, une éruption cutanée, une infection qui me donne des boutons. D’Hermès, j’en ai le cul tanné. Plutôt que de paraitre, je préfère disparaitre. Je reste hermétique à tout ça, au mercantile. Je lui préfère le Mercantour et ses détours. J’en suis même hérissé. Je monte sur mes ergots quand j’entends ce mot : Hermès.
Je fuis l’hermine. Je lui préfère le hérisson. Le héron est mon animal totem. Je suis parfois ermite. Je m’isole du monde. Il m’exaspère depuis le temps que je l’espère. Mais ce n’est que pour un temps. Pour un instant seulement. Il me faut partir. Je dois marcher, avancer, voyager, découvrir le monde et peut-être l’immonde. Mais je refuse l’Airbus. Je préfère voyager sur l’Hermione. Glisser sur son hère plutôt que de voler du gaz à effet de serre. C’est un peu bateau. Je sais. Mais c’est plus vrai. C’est ma vérité, plus authentique. Je sais, je ne suis pas dans le vent. Si, sur l’Hermione, je prends le vent, le vrai, celui qui souffle sur la mode. La mode de quand ? Un abat en guise d’habit. Je suis à bout d’habit même en restant à Paris. Je m’en fous de ma vêture. Je préfère prendre le pari de l’aventure. J’irai jusqu’Abou Dabi, à pied, à la nage ou à la voile. Pourquoi pas à vapeur. Je n’ai pas peur. Ce sera mon train-train.
Je travaillerai au quotidien pour payer mon passage. Je serai sage en acceptant les petits boulots. Employé chez Hertz ou autre ersatz. Fabriquant de herses en airain, herboriste avec son erminette, misérable menuisier attelé sur une planche d’érable. Je n’ergoterai pas. Je prendrai n’importe quoi. Peu importe quel travail, éreintant ou pas. Je franchirai le pas du confortable. De formation Ergothérapeute, mon envie d’assister s’est un jour érodée. D’atèles en airbags, j’ai eu envie de dételer, de rompre le manque d’envie. J’avais mon propre handicap. Il fallait que je l’assume. Je partis alors vers l’errance.
J’entrais dans la confidence d’un soutien-gorge, un peu désemparé. J’ai perdu un petit air de je ne sais quoi, l’air de roberts, celui de nibard. Je l’ai protégé, sachant les mettre en valeur quitte à leur décerné deux étoiles dansant sur les aréoles. Il s’échappe, revendique leur liberté, comme on connaît ses seins, on les appelle petits païend dans l’opérette, on les honore, ils rebiquent joliment. La belle protège sa pudeur. Est-ce coquetterie, et farouchage, retenue ? Elle doit chanter poitrine nue, c’est le rôle qui le veut sur l’avant-scène. Phidias, Fifi pour les intimes, doit s’en inspirer pour sa statue . Dame, quand l’art commande, il faut manier le ciseau ! Au théâtre d’Enghien-les-Bains, la danse et l’art lyrique se conjuguent. La ville d’eau se doit de distraire les curistes sans oublier le casino si près de Paris qui s’occupe également des excroissances. De nos jours, je retrouverai volontiers les divettes trottinants sur un âne, voletant dans l’escarpolette, et les plaisanteries attendues des fantaisistes, et la candeur des petites michues… L’addiction de naguère ou se roulait les ‘r’ également.🐻 Luron’Ours
Ah ! Les petits roberts ! L’air de rien, il font couler beaucoup d’encre ! Aussi !
Depuis que j’ai perdu un » r « , j’erre. C’était un petit, mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demande de quoi ai-je l’air ?
Je m’appelle Marre et les jumeaux RR ont fait de moi un marrant. Je les aime bien. Nous sommes un peu barrés mais pas terrifiants. On ne se terre jamais. On préfère errer sur de grandes aires. On se marre devant la mare couleur marc de café. Nous sommes inénarrables.
Notre avenir était tout tracé, du moins le pensions nous. Mais c’était sans compter sur l’irritabilité des terriens dès qu’il s’agissait de corriger les erreurs de leurs errements orthographiques.
Un beau jour, pour on ne sait quelle réelle raison, une ministre décida d’enterrer les erreurs d’orthographe. Nous sommes alors entrés dans une nouvelle ère.
Je me suis vu amputé par nombre de personnes d’un R et ma vie a pris un nouveau tournant. Je n’étais plus le même, mon identité s’est barrée. Je ne me reconnais plus. Je suis écorché. Je ne suis plus qu’un pauvre hère qui erre dans l’air ou bien un pauvre air qui ère dans l’haire ? Allez savoir, tous les possibles sont permis.
Je cherche mon R, car sans lui je ne suis plus rien, je n’ai plus de sens
Je veux que R retrouve toute sa place, sa valeur.
Dire que ce sont des cols blancs qui nous ont snobés !
Quel manque d’air !
Marianne est bien ennuyée. Mais qu’a-t-elle à se gratter la tête à s’en arracher les cheveux. Elle a la larme à l’œil, prête à dégouliner dans son corsage. Il est évident qu’elle a perdu quelque chose de précieux, de l’importance d’un symbole sans doute pour qu’elle pleure autant?
Elle tourne, vire et ne trouve toujours pas.
Elle tape les coussins, retourne les tableaux, les tapis de la salle des Fêtes, les tiroirs des bureaux Empire regarde jusque derrière les boiseries. Son inquiétude est telle qu’elle va jusqu’à l’amener chercher dans les cuisines du palais doré.
Rien, rien de rien, non Madame, nous regrettons mais nous n’avons pas vu, nous ne savons pas, nous ne comprenons pas ce que vous cherchez, répondent les huissiers à ses interrogations bizarres. Têtue, elle est allée jusqu’à faire fouiller les entrepôts du mobilier national.
L’instant est grave, inédit, c’est bien la première fois qu’une chose pareille survient depuis 1792…
Elle fond en larmes, mais qu’est-ce que je vais devenir moi maintenant, je vais perdre mon job chic et choc et ne plus rien représenter. Pourtant il fut un temps pas si éloigné où je guidais le peuple, enragée, drapeau brandi, sein a l’air …
– Que se passe-t-il ma chère ? Lui dit le Président désemparé de la voir si troublée
– C’est foutu pour nous, il va nous falloir déménager, nous prêtera-t-on seulement deux pièces à Versailles, le temps de nous retourner ?
Et là-dessus, elle s’effondre et s’écrie « on a volé le R de la République ! »
Depuis que j’ai perdu un « r », j’erre. C’était un petit mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demande de quoi ai-je l’air ?
« Tu gères ». Je ne sais plus qui me l’avait dit. Je me souviens juste de son air hautain. C’étain un géant, je crois. Dans mes souvenirs, il avait pris mon « r ». Peut-être qu’il en avait besoin pour voler afin de s’appuyer sur l’air et ainsi avoir l’air d’un grand. Avec son air de ne pas y toucher, je ne l’ai pas vu arriver. Je l’ai pris pour mon père. C’est ainsi qu’il a opéré.
De quoi avait-il l’air, maintenant qu’il me l’avait volé ? C’était vers mes six, sept ans. Quand je jouais avec mes frères. Il a fouillé dans mes affaires. Il ne s’est pas posé de questions, qu’est-ce qu’il allait en faire ? Il n’en avait sans doute jamais vu. Il s’est dit, cet « r » m’ira comme un gant. C’est pour ça qu’il s’est pris pour un grand. Heureusement qu’il n’avait pas pris un « L ».
Quand je l’ai dit à mon frère, il a dit, bein, il manque pas d’air, celui-là. Il t’a roulé. L’air de rien. C’est pas pour autant qu’il sait rouler les « r » maintenant.
– Ne t’en fais pas, a dit mon frère. Avec mon imaginaire, je vais te refaire un « r ». Mon frère n’avait pas son pareil. Il savait tenir ses nerfs. Il ne s’énervait jamais. D’ailleurs, pour jouer du violon, il ne faut pas s’énerver. Et il m’a joué un air. C’était le vol du bourdon. Depuis, quand je boude, je pense à mon frère. Et je ne boude plus. C’est comme si j’entendais encore son air.
Cela se passait dans une école. Pendant que nous jouions à la marelle. Pour partir de la terre et nous élever dans les airs, il nous fallait des « r ». L’année dernière, je l’ai revu, ce voleur d »r ». Je l’ai reconnu à son air. Il avait volé beaucoup d »r ». Il était entouré d »r ». Mais il était devenu un pauvre hère qui errait dans un désert.
Depuis que j’ai perdu un « r », j’erre. C’était un petit mais j’y tenais. Il donnait un sens à ma vie. Je me demande de quoi j’ai l’air ?
L’air de tout et l’air de rien.
L’air comprimé comme un cachet d’aspirine
L’air concupiscent comme le string rouge du voisin
L’air goguenard taillant un costard à tous les « r »
L’air crétin comme un lapin dans une ferrari
L’air compatissant et ma gueule enfarinée
L’air cruche comme le dindon de la farce
L’air vaincu et fringant comme un cadavre
En attendant, je suis à terre. Je me terre au bas de l’étagère et vit un calvaire. Où est passé ce petit pervers de « r » ?
Un revolver et je l’envoie en enfer.
Depuis que j’ai perdu un R j’erre. C’était un petit mais il donnait du sens à ma vie. Je me suis demandé : de quoi j’ai l’air .
Je l’ai su ce matin en me lavant les dents : d’un chien battu.
Je n’étais pas en phase avec cette situation, j’en avais assez de cette consonne se pensant indispensable. Au diable son absence, je me veux sans attache, s’il manque il y a ses voisines.
Ouf ! ce n’est pas si facile que ça, il est quand même bien utile. Un texte sans lui est comme une valise sans poignée, un balai sans manche.
Il lui manque quelque chose, l’air de rien.
Depuis que j’avais perdu un « r », j’errais. C’était un petit, mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demandais de quoi ai-je l’air ?
Ce matin-là, en me brossant les dents, cette lettre s’était carapatée dans le siphon du lavabo. J’appelai un plombier, débordé de boulot, qui me demanda si je ne me foutais pas de lui. Je décidai donc de me rendre chez le marchand d’alphabet, mais manque de pot, il ne lui restait que des « R » majuscules. Je ne tenais pas à me faire remarquer davantage avec cette capitale qui m’aurait déparé. Il me proposa un « n » et ça donnait « plaine ». Bof ! c’était morne. Il farfouilla dans sa boîte et dénicha un « d ». Encore plus Bof ! Je n’avais pas vocation à suivre un avocat. Je plaidai ma cause dans tous les sens. Il me suggéra de garder ce « d » et d’ôter le « p ». Je lui demandai s’il m’avait bien regardé. Contrarié d’être berchu, je déambulais toute la journée sur des pages quand je me cognai à mon pote « occurrence ». Il fut tout heureux de me faire cadeau de son double « r » et de l’un de ses deux « c ». Ces lettres en trop l’alourdissaient et faisaient un mot trop compliqué à écrire. Pour lui faire plaisir, je mis le « c » dans ma poche au cas où je perdrais mon « p ». C’est l’histoire de ma vie. Que voulez-vous, j’aime briller !
Depuis que j’ai perdu un » r « , j’erre. C’était un petit, mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demande de quoi ai-je l’air ?
Je me regarde dans le miroir et je pense m’être aussi lestée de choses qui ne m’intéressaient pas ou plus. C’est déjà ça !
Mon père me disait toujours « je t’ai posé une question, alors réponds au lieu de m’offrir ton R bête !! », de son R supérieur. Et cela me permet de refuser mon R de soumission.
j’aimerais pourtant mieux lui plaire mais je sais que c’est le mot plaie sans R. Je me dis « quitte à être triste autant faire illusion avec un R gai », sans sacrifier mes convictions pour me mettre dans l’R du temps
Les autres nous semblent toujours avoir l’R plus vrais.
A. de Musset disait « Mieux vaut encore ne pas avoir l’R que d’avoir l’R de ne pas avoir l’R… » bon, un peu compliqué, c’est peut-être que des mots en l’R, et L’R n’est pas la chanson. Alors finalement, je prépare mon sac à dos, pour me permettre de changer d’R. Le nouveau sera sans doute plus vivifiant, mais pas en montagne car l’R y est rare.
Depuis que j’ai perdu un » r « , j’erre. C’était un petit, mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demande de quoi ai-je l’air ?
Mon frère est moi étions inséparables depuis notre naissance. Où l’un allait, l’autre le suivait. Il était le leader. Mon jumeau était toujours à mes côtés, cela nous convenait à tous les deux.
Nous adorions aller et venir, faire des tours dans la cour, rester tranquille à la maison n’était pas vraiment notre truc.
Un beau matin, chaudement habillée, gantée, emmitouflée dans une grosse écharpe, notre petite mère comme nous l’appelions, nous emmena faire une grande promenade malgré l’interdiction. Nous allions découvrir de nouveaux terrains de jeux, partir à l’aventure…nous étions tout excités !…
Elle nous prit par la main et nous partîmes. Nous empruntâmes un petit chemin forestier. L’air était frais, nous suivions son rythme.
Quand soudain mon frère qui me précédait d’une enjambée, fit un écart pour éviter un caillou, aïe aïe aÏe, hurla-t-il!… Je passai par-dessus lui et nous nous retrouvâmes dans le fossé au milieu d’un tas de ronces.
Tu ne manques pas d’air lui dis-je, tu aurais pu faire attention !
J’ai un truc dans le pied, me retorqua-t-t-il, qu’est-ce que ça fait mal et j’ai dû me tordre quelque chose, dit-t-il avec difficulté, tout en hoquetant. J’ai l’impression d’avoir perdu tout l’air de mes poumons finit-il par ajouter !
Quel dégonflé !… Reste en vie, lui dis-je en ricanant. Sans air ta vie n’a plus de sens.
Petite mère était partie en courant, nous laissant là, complètement sonnés par cette mémorable chute.
Je me demande de quoi j’ai l’air, ajouta-t-il en pleurnichant.
Et tu ne me demandes pas dans quel état j’erre, ajoutais-je en ricanant ?… Mais ma remarque n’eut aucune réponse.
… Nous restâmes silencieux un bon moment, quand nous entendîmes une voiture s’arrêter, une portière claquer.
Une masse sombre sortit de l’automobile, et se dirigea vers nous, projetant une ombre quelque peu inquiétante. Nous essayâmes de nous rapprocher mais dans l’impossibilité, nous restâmes tétanisés à l’idée de ce qui pourrait nous arriver.
Il nous releva, d’un geste brusque ausculta mon frère et nous balança sans ménagement sur la plate-forme à l’arrière de la voiture.
Il remonta dans son véhicule : belle trouvaille que ce vélo tout neuf, abandonné pour une simple épine dans un pneu… ahhh… un peu tordu le pneu !… et il démarra.
Manque pas d’air celui-ci soupirâmes nous….
Depuis que j’ai perdu un » r « , j’erre. C’était un petit, mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demande de quoi ai-je l’air ?
Je ne sais plus où il est ! Je suis dévastée. J’ai temps besoin de lui . Je n’ai jamais imaginé qu’il ne soit pas à mes côtés. Pas de confessions, pas de témoignages de mon existence et de celle de ceux qui vivent à côté de moi. Ici ou là-bas. Mes pensées, celles de tout le monde, mon dieu quel dilemme ! Il me faut des alliés ! Seule, je ne suis pas convaincue que je suis pas comme une noyée, l’âme en peine. Saint-Antoine de Padoue, je t’ai tant sollicité ! Aide moi s’il te plait ! De nouveau, j’en appelle à toi !
Ah ça y est ! Je le vois ! Il est là ! Allez, tiens ta place s’il te plait ! C’est fantastique ! Vas-y !
LibRe.
Ah ça y est ! Quel soulagement ! Oh un grand merci ! Grâce à ton retour, ma vie a de nouveau du sens .
« Depuis que j’ai perdu un « r », j’erre. C’était un petit, mais j’y tenais. Il donnait du sens à ma vie. Je me demande de quoi ai-je l’air ? », maugréait ce pauvre Amour en scrutant la moue qui grimaçait désormais à travers le miroir et lui donnait des grands airs qu’il ne supportait pas.
« Je ne serai plus comme avant », c’était clair comme un nez rasé au milieu de la figure. Amour était meurtri dans sa chair, amputé de son appendice rostral, cet éperon à l’avant de l’étrave de son navire de conquistador, prompt à percer les cœurs pour mieux les faire chavirer. Il brisa alors le miroir d’un geste de rage.
La moue s’effaça en même temps que son image et tous les petits « r » qui lui faisaient du pied et qu’il ne voyait pas.
Et depuis, Docteur, je suis abominablement triste voyez-vous?
– Je vois, je vois…
– Tous les matin je me penche à la fenêtre et je crie:
« T’ES OÚ « R »? T’ES OÚ? »
Et là, les affreux gamins du quartier me répondent en chœur en ricanant:
« Il est passé par ici, il repassera par là »
– Je vois, je vois…
Je pense que je vais les empoisonner?
– Pardon?
– Je pense que je vais les empoisonner ces gamins qui me narguent.
Ces sans-cœur, ces racailles, ces vermines…
-Hum Hum!
– Vous disiez Docteur?
– Ien… Ien !
– Ah! Vous aussi vous l’avez perdu?
Cet imbécile de R s’est fait la malle. Il a fait un deal avec le W. Twop content de sewviw enfin, lui qui pwenait wawement aiw fait figuwe de sauveteuw.
Quant à moi, douleuw oh ma douleuw je me chewche et devinez où le me suis wetwouvée ? En Afwique ou je suis parfaitement intégwée et où tout le monde me compwend.
Weste où tu te planques R les cwocwodiles te saluent bien. 🐀
Dôle ou aciste ? igolo en tout cas…
Pas du tout ! J’aime les cwocwodiles aussi !🐀
4 heures du matin !
DE QUOI AI-JE L’AIR SANS MON R ?
C’est ce que ce bouge de Pascal me foçait à éfléchir, dans mon mioi, à foid dès la maige auoe fileuse d’un pintemps tadif. J’étais bien emmedé. Je me fabiquais quand même une chicoée égionale pour évacue sobement les goumandises de mon epas d’hie soi.
Mon geffier me regadait d’un dôle d’ai. « Eh… pouquoi le paton, le distibuteu de coquettes, en ce tiste jou se pessait à pale coutaud nège ». Ce n’était pas tès séieux en ces temps de acisme toujous pésent.
C’était considéablement top lourd pour un écivain du vendedi tadif.
Le gibouilleur de phases emonta dans sa chambe pou temine son conceto de onflements !