563e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
ELLE, IL avait passé une nuit blanche.
S’ensuivit une journée noire, qui commença comme ça…
Imaginez une suite en choisissant IL ou ELLE
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Il avait passé une nuit blanche, sur la plus haute colline, avec Mademoiselle Lise. Il lui répéta toute la soirée «Je t’appartiens. Je t’attends» mais il ne récolta finalement que de l’indifférence.
Les petites mad’maselles, les créatures de rêve, décidément ce n’était pas pour lui.
S’ensuivit une journée noire, qui commença comme ça…
En ouvrant la fenêtre de sa chambre ce matin-là, il entendit le pépiement des petits oiseaux de toutes les couleurs
« Et maintenant que vais-je faire ? » se demanda-t-il
Il alla au cimetière se recueillir sur la tombe de son ami, creusée sous le pommier à pommes. L’absent, surnommé « Le gitan qui rit tout le temps », combien de fois lui avait-il affirmé «Charlie, tu n’iras pas au Paradis ». Quand il est mort le poète, il regretta ses propos et espéra de tout son cœur d’ami meurtri que Charles avait atteint le paradis. « C’est en septembre qu’il nous a quittés. C’était mon copain » pensa-t-il. Il chanta, l’adresse de l’inhumé, avec la voix étreinte par l’émotion «La ballade des baladins »
Il alla ensuite au marché du bourg voisin acheter des fruits pour le dessert de l’ennuyeux déjeuner dominical chez les tantes Jeanne qui, dans son enfance, l’emmenaient le dimanche à Orly. Ah le charme des marchés de Provence ! Hélas, la pêche n’était pas mûre, la poire l’était trop et l’orange était amère. Il voulut se racheter en allant chez le fleuriste. « L’important c’est la rose » répétait à l’envi Désirée, l’une de ses tantes. Hélas, elles étaient couvertes d’épines.
Les jours meilleurs étaient, il voulait s’en convaincre, devant lui. Et il décida alors, d’aller à la fête au village, espérant secrètement y retrouver Mademoiselle Lise. Il lui dirait simplement « Je reviens te chercher ».Il ne voulait pas vraiment faire la grosse noce, juste trouver de la compagnie, seulement un peu d’amour et d’amitié, convaincu que la solitude, ça n’existe pas.
Le bal était joyeux et animé. Il est vrai que, quand Jules est au violon, c’est un véritable feu d’artifice. Mais la fête fut gâchée par un violent orage qui s’abattit ce soir-là sur la région
Un éclair l’électrocuta à l’instant même où il croisa, pour la première, fois le regard de Nathalie.
Ces deux événements simultanés lui valurent le surnom de Monsieur 100.000 volts.
Il s’appelait Gilbert Bécaud (1927 – 2001).
PS. 29 titres de chansons de G.Bécaud se sont glissées dans ce texte
Pourquoi ai-je succombé à la tentation ? N’étais-je pas heureux dans ses bras, chaque nuit, sous sa couette ? Je cherchais des tas d’excuses pour dormir avec elle. Les moustiques avaient souvent bon dos, le bruit du radiateur aussi ! Je faisais mon numéro pour qu’elle m’accepte dans son lit même si depuis quelque temps elle essayait de me convaincre de dormir dans le mien. J’étais un homme, avec des pulsions d’homme me disait-elle ! Encore cette éducation italienne qui voit l’Oedipe partout ! Elle a usé de tous les moyens pour que cette habitude se déshabitue de moi, mais, malin comme un singe, je l’embrouillais toujours. J’étais tellement bien contre elle que je ne supportais pas qu’elle me chasse de son lit. Son souffle chaud et sa main dans mes cheveux m’endormaient. Grand garçon la fuyant le jour, je redevenais ce gros bébé la nuit, blotti contre son inépuisable tendresse. Ça me faisait un bien fou. Il n’y a rien de malsain dans cela.
Revoilà la salope, il est quinze heures. Elle veut parler à ma mère qui la suit dans son bureau avec la famille au complet. Elle s’assoit. Eux aussi. Elle embraye, dit que mon cas s’aggrave, que je suis maintenu en vie artificielle, que mon électroencéphalogramme est plat, que mon cœur est faible, que d’ici demain il cessera de battre, que je n’en ai plus que pour quelques…
STOP !!!!!!!!!!!! Ma mère lui saute à la gorge. Elle ne se contient plus. Des bras la retiennent. Elle sort du bureau la tête en vrac, le vide dans le regard. La fin est là. Elle ne peut pas croire que je vais dormir à jamais. Elle court dans le couloir de la mort. Elle vrille. Elle s’écroule. Il est mon seul enfant, mon unique joyau, hurle-t-elle. Des tremblements parcourent son corps, son ventre se tend comme un câble en acier. Elle reste recroquevillée sur sa douleur, repoussant l’horreur qui l’assassine. Elle ne veut plus se relever. Elle ne réagit plus. Personne ne parle.
Tous la regardent ramper comme un animal agonisant.
Le silence bourdonne autour d’elle, entrecoupé de gémissements et de pleurs.
Commence alors le défilé au service réa. Des blouses bleues vont et viennent dans le couloir de l’agonie.
Mes copains, chantent : « Yo Greg t’es notre poto… faut pas que tu partes sur le radeau… On est tous réunis…, nous tes amis… Il faut que tu sortes de ton lit… On va se mettre “bleu” lorsque tu ouvriras les yeux…
On t’aime frérot… à toute ». De la bombe les gars, j’aime.
Le rap, je kiffe grave à cause de ces textes qui rappellent la galère, l’absence d’un père. Le mien s’en est allé aux bras de cette fille volage neuf mois après ma naissance. Un an plus tard, elle le baladait comme un chien. Désespéré de m’avoir abandonné pour elle, il a levé le coude au comptoir plus souvent, là où se perdent les hommes quand tout est foutu. Il a fini sa vie sur un lit d’hôpital, foudroyé par une leucémie en 1999. Je n’avais pas quatorze ans. J’étais arrivé trop tard. Il râlait. J’aurais bien aimé lui dire que je le détestais et que je l’aimais aussi. Un amour que j’ai longtemps imaginé dans ma tête, bâti sur une complicité entre père et fils avec des discussions d’homme à homme. C’est pas facile de dire à ta mère que t’as la gaule tous les matins !
Aujourd’hui, ma mère passe ses derniers moments à mes côtés. De la musique s’échappe des enceintes encastrées dans le faux plafond. On pense toute de suite à une musique douce et légère. Raté ! C’est de la techno ! Ça donne envie de danser, de bouger la techno. Ça rappelle la vie, la transe, l’entrain. De l’entrain elle n’en a plus, mais réussit, aidée de mes oncles et tantes, à échafauder une échelle de fortune avec les chaises vides du couloir. Ensemble, ils mettent en miettes les baffles encastrés. Les fils électriques se meurent le long du mur. Le calme reprend sa place.
Allongée sur trois sièges, ma mère sourit aux anges. Elle pense à nous, à moi tétant son sein, gigotant dans ses bras, éclatant de rire, rugissant de colère, bondissant de vitalité, déchiquetant les paquets de chips, décapsulant les bouteilles de bière, de coca, étalant mes fringues sur le lit, tartinant du pâté sur du pain (j’adore), pressant mes points noirs, fumant ma cig’, mon pétard, écoutant ma zic, torse nu…, à mes premiers mots : Ma fon fon, ma mana, ma na taime.
Ce qui me fait dire ça c’est que les yeux toujours fermés elle demande : dis-le-moi encore une fois, dis-le-moi encore mille fois.
Je ne peux pas, je ne peux plus, ma p’tite maman d’amour.
Il n’y a plus d’espoir. Elle ne ressent plus cette boule brûlante dans son ventre. Elle reste comme elle est tombée sur ces chaises glaciales. Elle sait ce qui l’attend à présent, ce qui m’attend aussi. Elle est enfermée corps et âme dans sa coquille vide. Elle a tout compris. La ligne blanche s’impose. Je choisis de la suivre dans ce pays où se mêlent vieux sages et jeunes fous. Elle est seule à présent, perdue dans sa douleur, allongée sur des chaises froides, les cheveux emmêlés, les yeux boursouflés, le cœur en éclats. Elle attend dans ce couloir obscur d’où j’aperçois l’éclatante lumière. Elle revient près de moi, pose ses mains sur ma peau, se laisse tomber sur mon torse nu. J’ai envie de lui crier que je l’aime fort, très fort, de lui dire « T’inquiètes Mam, tout va bien ».
Mais non, rien ne va pour elle. La brume s’épaissit. Elle repousse de toutes ses forces ce chaos, déjà ivre du manque, ivre du vide que je lui laisse. Que va-t-elle devenir ? Elle, si forte, si battante ? Dans ses yeux fatigués de pleurer, je vois tout l’amour qu’elle m’a donné pendant dix-huit ans. Je l’ai oublié aux commandes de ce bolide. J’ai tout oublié dès que j’ai senti vibrer l’engin. J’emporte son amour pour ma grande traversée. Il vivra à tout rompre pour l’aimer au-delà de la nuit.
Une rivière de désolation éclabousse l’oreiller. Je suis prêt.
Va mon amour mon ange mon tout petit …
Deux jours plus tard, dans la chapelle du funérarium, il y a beaucoup de monde à l’intérieur, à l’extérieur. Des silhouettes noires remplacent les blouses bleues de l’hôpital. Autour de ma caisse en bois verni, en forme de cœurs, de bouquets ou de ballons, des fleurs aux couleurs de la mer se déversent comme une vague sur la moquette rouge. La chapelle est trop petite pour tout ce monde, pour toutes ces fleurs, pour tous ces pleurs. Une croix. Grande. Haute. Très Grande. Très Haute. Des gens, trop de gens. La chapelle est trop petite. Ouvrons les portes. On étouffe. Un jardin derrière les portes. Plein soleil dehors. Son écume glisse sur la croix. Six hommes vêtus de gris pénètrent dans la lumière. Ils me soulèvent. Ma mère voulait que j’entre comme un Roi. Elle a les yeux braqués sur mon Royaume en bois verni. Graig David chante. Le curé aussi. Faux. J’suis pas le seul ! Ensuite, il parle. Ma mère est distraite. Elle regarde vers moi. Puis il parle de moi. Elle regarde vers lui, vers moi. Il dit que j’étais généreux, humain, fragile, bon, joyeux, jeune, à fond la caisse. Il dit la vérité. Il demande ensuite à toute la jeunesse présente ce jour-là de se souvenir de cet après-midi du 6 octobre 2004, de l’image de ma mère accrochée aux clous de mon cercueil, tombant à genoux, pleurant en silence pour ne pas effrayer l’enfant qui dort.
Pépiements d’oiseaux dehors, pépiements de larmes dedans.
Près de l’autel, ils chantent « S’il suffisait qu’on s’aime », ce chant d’espérance qui devrait nous convaincre qu’elles ne font pas chier les mères quand elles téléphonent le soir aux minots, que nous devons seulement entendre tout l’amour qu’elles ont en elles. Être téméraire et rebelle ne gage pas d’être à l’abri d’un virage dévastant tout sur son passage comme un tsunami surgissant des eaux. Sur mon bolide, je n’ai pas pensé à toute cette eau qui allait engloutir ma mère. J’aurais dû. J’ai voulu défier le danger qui explosait en éclats d’émeraude de mes yeux, captivé par cette folie meurtrière.
Elle est là, derrière cet autel, glacée par ma disparition. Pourtant elle chante pour moi sans jamais lâcher des yeux ma caisse en bois verni. Il t’en faut du courage pour chanter le jour de mes funérailles ma p’tite maman. Il va t’en falloir chaque jour un peu plus. Je te promets que je vais t’aider. Vivre est un cadeau précieux. Je l’ai compris trop tard. Vis et écris, ça te fera du bien. En faisant cela, tu feras de moi le plus heureux des Rois, là-bas dans mon royaume.
Tiens, regarde autour de toi, les gens chantent avec toi, contre toi, auprès de toi…
Franchement, ça déchire ! Tu leur diras ?
Ils applaudissent à présent pour moi, pour toi parce que ta peau transpire de chagrin entre deux fausses notes, parce que tu chantes, tu chantes jusqu’à t’en étourdir, jusqu’à en oublier où tu es.
Avant de fermer mon cercueil, elle m’a glissé un petit mot entre les doigts. On aimait bien s’écrire tous les deux. Elle m’a insufflé ce besoin de parler sur le papier. Je ne rigole pas ! Tenez lisez ceci :
« Maman, tu m’as eu comme enfant,
Et je t’en suis très reconnaissant.
Tu as la beauté d’une abeille,
Et tu ressemble à un soleil.
Tu écris comme une gazelle
Je m’envole au creu de tes ails
T’as cas voir tu m’a donné ton savoir
Et plus le soleil illumine la terre
Plus tu illumines ma Vie. JE T’AIME A LA FOLIE,
PLU QUE N’IMPORTE QUI »
Pas mal non ? Des fautes d’orthographe ? Où ça ?
Chut, faut pas le dire !
Il fallait que je vous décroche un sourire avant de quitter définitivement la scène. Le convoi funéraire m’attend dehors, mes potes stoppent la circulation. Leurs bécanes hurlent. Ça klaxonne grave. Je kiffe grave. Mortel. Je pars dans un nuage de fumée.
Sur le mot, elle a écrit :
Tu avais des milliers d’étoiles dans les yeux mon garçon.
Je les vois danser en éclats d’émeraude dans le noir du ciel chaque soir avant de m’endormir
Puis la lumière s’éteint dans l’ombre de la nuit
Les feuilles mortes tournoient dans les dentelles de ton éternité
La lune s’éclaire de ta beauté
Mille vents soufflent…
El camino s’éloigne.
El bongocero toca sus bongos.
Canta, canta l’Ave Maria.
Ultima vez.
Dios mio ayudame !
All is dark around me.
Pourquoi ne t’ai-je pas enfermé à double tour ?
Ce jour-là, j’étais chez maman. Papa avait quitté ce monde 15 jours plus tôt.
La cave qui lui appartenait était à vider. Un vrai conservateur, on a pu y trouver quelques trésors insignifiants qui prenaient toute leur importance depuis qu’il n’est plus là.
J’étais bien là, au boulevard de Stalingrad de Choisy-le-Roi, tout près de l’autoroute A 86.
Il faisait encore très chaud, les fenêtres étaient grandes ouvertes. On entendait les voitures passer sur le boulevard et en arrière-plan, la circulation rapide de l’autoroute.
Sa voisine Sonia, nous avait invitées pour un thé marocain, accompagné de quelques délices fait maison. Nous avions laissé les portes ouvertes pour tenter un courant d’air entre les deux appartements, mais en vain. La chaleur battait son plein, c’était le début de l’après-midi, le pic de pollution était élevé, nous ne parlions pas encore de l’indice de l’air en 2001.
Maman faisait une dernière chose, je ne me souviens pas quoi, de toute façon elle avait toujours quelque chose à faire, ranger, laver, repasser, peut-être qu’elle se recoiffait, c’est bien possible, puisque je me souviens qu’elle allait vers la salle de bain. Je l’attendais sur le palier quand Sonia nous appela, souriante, elle cria à ma mère que le thé allait refroidir.
C’est alors que je m’apprêtais à entrer quand tout à coup, son ami, assis sur le canapé se mit à lâcher un cri qui nous fît nous retourner toutes les deux. L’écran de la télé semblait énorme, mais c’est l’appartement qui était tout petit. Les visages dirigés sur l’écran, restèrent figés devant ce cataclysme moderne, nos mains se soulevèrent, se posèrent sur la tête, se soutenaient par la peur, le dégoût. Maman s’était précipité pour voir ce qui produisit ses hurlements, atterrée elle s’assit sur une chaise. Je lui pris la main. Les images repassaient en boucle cette catastrophe que personne n’avait encore imaginé, ni même écrit pour un scénario. Nous prîmes un verre de thé mais n’avions plus le plaisir de goûter aux loukoums. Nous sommes restés encore un court moment, si choqués par l’événement, puis nous repartîmes à l’appartement pour allumer le téléviseur. J’ai dû retourner au sous-sol, la fenêtre de cave n’avait plus la même luminosité, la lampe avait perdu de son éclat, père me manquait. J’eus préféré remonter dans le jardin pour cueillir quelques grappes de raisin, puis retrouvai maman restée devant le téléviseur que l’on éteindra tard dans la nuit, la chaleur nous empêcha de trouver le sommeil.
ELLE, IL avait passé une nuit blanche.
S’ensuivit une journée noire, qui commença comme ça…
L’homme prépara son petit déjeuner : du lait chaud et des tartines à la confiture de framboises. Plus quelques petits verres de whisky japonais.
En regardant son bol de lait il eut une idée.
Et s’il se mettait à peindre cette nuit blanche sur une toile démesurée.
Il pensa que cela pouvait servir d’exutoire et la chasser au loin – peut-être sur une autre planète.
Son petit déjeuner à peine terminée il se mit rapidement à la tâche en inondant la toile géante de peinture blanche.
Il n’oublia pas les étoiles dans le ciel. Il les fit de différentes couleurs : bleu, blanc, rouge et verte. Il dessina également un croissant de lune qu’il fit en jaune.
Vers midi il mangea un sandwich au jambon de Bayonne et se remit au travail. La toile étant immense il avait du pain sur la planche.
Tout à coup il se rendit compte que le blanc disparaissait pour faire place à la couleur noire.
Ce n’est pas possible se dit-il. Cette peinture doit être hantée.
À moins qu’il y a ici un magicien invisible, très futé – qui peint avec moi et qui veut me faire une blague.
Qui sait, peut-être que la peinture que j’utilise a un défaut de fabrication, ah ah et que le blanc se transforme automatiquement en noir.
Non, forcément il y a une autre explication !
Alors qu’il était dans ses pensées, l’homme ne vit pas qu’un chat entièrement violet s’approcha de lui.
– Hello hello monsieur fit celui-ci, avec une voix de ténor.
Se croyant seul dans son garage en train de peindre, il regarda à gauche, à droite pour voir qui avait prononcé cette phrase.
– Eh monsieur c’est un chat violet qui vous parle. Je suis là à vos pieds.
L’homme cette fois-ci regarda dans la bonne direction et vit l’animal.
– N’ayez crainte mon bon ami continua le chat en levant la tête vers le peintre.
Je viens à votre rescousse. Car il y a ici en ce moment des êtres invisibles aux humains, qui défont le travail que vous réalisez. Ce sont également eux qui vous font des misères la nuit, en la rendant blanche.
Sur votre chef d’oeuvre ah ah, ils remplacent le blanc par le noir pour continuer à vous faire souffrir même la journée. En somme une journée noire hi hi.
– Ah bon ah bon fit l’homme presque sans voix et abasourdi, qui voyait pour la première fois un chat qui parlait et également fort surpris de ce qu’il disait.
– N’ayez crainte monsieur je vais leur faire la fête à ces êtres maléfiques qui vous pourrissent la vie. Ils seront vite réduits à néant.
De plus, vous en serez débarrassés jusqu’à votre dernier souffle. Promis juré fit l’animal en levant sa patte avant gauche.
Le peintre écoutait sans rien dire toujours stupéfait par ce qu’il entendait et voyait.
L’instant d’après le chat violet se mit à miauler très fort. Ses yeux oranges qui devinrent lumineux crachèrent de petites flammes dans toutes les directions pendant quelques secondes.
Voilà voilà c’est fait dit-il. Tout est fini.
Les créatures « maudites » sont toutes reparties chez elles et elles ne reviendront plus jamais vous perturber la nuit.
En effet en effet regardez regardez monsieur annonca le félin : la peinture blanche réapparaît progressivement sur votre fresque.
– Fresque murmura l’homme.
Oui oui merci poursuivit-il avec plus d’assurance.
Merci merci de ce que vous avez fait pour moi, lança-t-il au chat qui se grattait la tête.
– Oh ce n’est rien pour moi cher monsieur. On m’a envoyé pour ça, pour vous libérer de ces drôles de bestioles ah ah.
Voilà ma mission est maintenant terminée.
Pffft, subitement il disparut au milieu d’une fumée verdâtre.
Notre homme depuis ce jour là dormit comme un vrai loir. Il ne passa plus de nuit blanche (et, étrangement plus de journée noire).
Elle avait passé une nuit délicieuse. Tout de blanc vêtue, elle avait déambulé dans des paysages enneigés sous un soleil lumineux. L’atmosphère était ouatée, chaleureuse, réconfortante pour l’œil, le corps et l’être. Il faisait doux. Ses pas imprimaient des traces sur le sol qui disparaissaient au bout de quelques secondes. Elle était pieds nus. Le contact avec le sol lui évoquait une mousse épaisse. Aucune sensation de fraicheur.
Elle croisa un ours polaire puis une mouette qui virevoltait au dessus d’elle. Des lis émergeaient de ci de là ; des massifs de marguerites et des pommiers en fleurs apportaient leurs petites touches dans ce tableau féérique.
Tout était blanc, immaculé, pur. Le ciel vaporeux lui faisait une haie d’honneur.
Elle était seule et pourtant la vie palpitait avec intensité.
La sonnerie de son téléphone la sortit de cet émerveillement nocturne.
Elle s’étira longuement, hésitant à revenir dans la réalité de l’instant. Dehors, il faisait encore nuit. L’éclairage blafard de sa chambre, la pomme de douche entartrée, le pain rassis, le beurre sans saveur… les embouteillages jusqu’au bureau, le rendez-vous avec son boss, la pile de dossiers en souffrance… la journée s’annonçait très noire.
Pour conjurer le sort, elle décida de s’habiller tout en blanc ignorant superbement les prévisions météo de cette fin novembre (pluie et vent) et les coutumes vestimentaires automnales.
Après une nuit blanche, une journée blanche…
IL avait passé une nuit blanche.
S’ensuivit une journée noire, qui commença comme ça :
assis à son bureau dans l’intention d’écrire à son notaire
pour déshériter sa fille qui lui avait écrit des pages et des pages
noircies, de ses « pattes de mouches » habituelles où elle l’accusait de tout et de rien,
surtout de rien : par exemple de lui avoir servi des pommes frites
alors qu’elle n’aimait que des pommes de terre à la crème.,
Qui continua comme çà :
Le Notaire auquel il fit lire la lettre pour qu’il puisse prendre acte de sa décision
lui fit remarquer que cet écrit ne pouvait être un motif de déshéritage
Que puis-je faire alors Maître ?
Je vois une solution : » achetez deux ordinateurs et échangez avec votre fille uniquement par mails
ne dit-on pas « que les mails adoucissent ls mœurs « !
N’est-ce-pas la musique ?
Tout çà est du pareil au même ne croyez-vous pas ?
Vous avez raison et je vais lui laisser choisir la marque et le modèle
Très bonne initiative !
Rasséréné, il se plongea dans l’étude d’un nouveau dossier ,
certain de dormir comme un loir la nuit prochaine !
Tout çà vaut bien un ordi se dit-il !
ELLE avait passé une nuit blanche.
S’ensuivit une journée noire …
Toute la nuit sur une blanche !
Y a de quoi déprimer !
Parce que toute la nuit sur une blanche, dans le noir ! … c’est quand même n’importe quoi !
J’ai même eu un peu peur, je dois l’avouer. Mais j’ai pris patience ; la situation allait sûrement évoluer.
Ah pour évoluer, elle a évolué !
Il y a cinq minutes, le jour commençait tout juste à se lever : on passait du gris anthracite au gris souris, au gris clair, au gris perle, au grigri (excusez-moi, je m’égare) … la lumière s’est brusquement allumée, une lumière blanche, crue, violente.
Et au moment où je trottinais tranquillement vers une touche noire … vlan ! le couvercle du piano s’est rabattu sur moi … aux cris, aux hurlements de « une souris ! une souris ! »
et voilà !
fin de l’histoire
» Et si le rêve faisait partie de la réalité, il faudrait beaucoup de force pour le faire durer. »
Ce jour-là, il ne travaillait pas. Aux aurores ce paradigme trouva sa place dans sa tête. Il l’aurait toute la journée voire les jours suivants. En courant sur le bitume il voulait voir enfin ! la vie en rose. Cela devenait difficile de changer de vie. En tout cas, ça se précisait. Arrêter le tabac, l’odeur de la fumée ! détestable ! Le café, ça stimulait mais il en avait pris encore une tasse hier soir qui lui avait imposé une nuit blanche. Le sommeil n’était venu que très tard dans la nuit en lisant « La blonde Céleste en Outremer ». Dans ce roman il est question d’un chauffeur de taxi rouge anglais, tombé amoureux d’une femme rousse au charme ravageur. Dans la ville de Parme, elle affronte des mafiosos pour détourner leur argent mais Céleste se trouve sur son chemin. D’après la note en quatrième de couverture, il crut rapprocher l’histoire avec celle d' »Un Taxi Mauve » mais pas du tout. Je ne dévoilerai pas la fin, vous passeriez une journée noire.
Pourvu que la sienne ne tourne pas en jus de boudin !
En regardant machinalement la tomette hexagonale de la cuisine, les cheveux en bataille, il en contempla la teinte rouille qui le réconforta. On n’en trouvait plus de cette forme ni de cette couleur. Question de mode. Puis il s’arrêta devant le choix crucial du matin : thé au citron ou café noir avec un nuage de lait ? et un oeuf brouillé (avec qui ?). Bof !Toutefois il se souvint que la coquille d’oeuf devait être pilée, qu’elle serait mieux assimilée avant d’aller au compost qui devait être d’une couleur brune. Il se dit qu’il était bien dans le thème de son mémoire sur la peinture pour son diplôme : « Et les gris colorés. » Il restait huit jours pour le terminer. Finalement, il opta pour un chocolat réveilleur de mémoire. Ensuite jus de carotte ou de tomate ?
Un temps pas gris mais pourri, la pluie sur les carreaux, il avait perdu l’habitude. Il fallait bosser son sujet, le peaufiner, se creuser la citrouille. Pendant ce temps, il pourrait s’habituer à l’idée d’avoir un nouvel employeur. Vendre ces appartements, pendant la crise, c’était glauque. Certains payaient rubis sur l’ongle, d’autres aux prises avec des histoires de succession et les avocats, se retrouvaient sur la paille ou plutôt sur le sable avant d’hériter, puisque son projet s’orientait ves la Côte d’Azur. C’était mieux que la Côte d’Opale, bien que la sympathie des gens compense la grisaille du Nord. Il avait peut-être fait ce choix à cause du parfum de la lavande qui se mélangeait aux diabolos menthe de son adolescence.
En sortant la Trimph du garage de briques rouges, pour aller faire son jogging, ce jour-là dans les bois à cause de la pluie, il s’imagina avec Céleste à la place du chauffeur de taxi. Ca le rendit électrique, il eut envie de griller le feu en toute impunité. Doucement les basses ! Une Pervenche pourrait le siffler et lui mettre une prune. Une femme en ciré vert pomme emprunta le passage clouté. Le bolide glissa sur les bandes jaunes avant de la frôler. La dame, blanche de peur vint taper à son carreau. Cramoisi, il s’excusa, incriminant la pluie. La femme lui fit signe de baisser le ton. Sa journée commençait mal. Désormais, plus de petit noir après vingt heures.
Une nuit aux idées noires ! Une nuit blanche !
S’ensuivit une journée noire qui commença comme ça ou comme ci.
Il se sentait couci-couça.
Il se leva, les yeux poussiéreux, les cheveux hirsutes et les nerfs en pelote emmêlée.
Impossible de savoir l’heure : le téléphone portable déchargé, le radio-réveil endormi.
L’atmosphère était grise comme si le soleil était absent.
Une bonne douche, pensa-t-il !
Pas de lumière dans le coin-eau, l’ampoule a dû vendre ses filaments.
Il eut un doute et actionna les autres interrupteurs.
La lumière ne fut pas.
Il prit la boite d’allumettes, ou plutôt la boite d’allumette ! Plus qu’une !
Pourvu que je ne la rate pas, songea-t-il. Pas de chance.
Tant pis, il décida de s’occuper du disjoncteur quand il fera grand jour.
Il s’approcha de l’unique lucarne de son minuscule studio. Ecarta délicatement le rideau. Patatras. La barre lui tomba sur la tête.
Depuis le temps que ça devait arriver, se dit-il, fataliste.
Il aperçut alors le ciel. Comment peut-il être si ténébreux ? cogita-t-il.
Un ciel aux idées tellement noires, qu’on dirait qu’il allait pleurer, fondre en larmes.
Il entendit les cloches de la plus proche église égrener dix coups.
Dix heures du matin, un 31 juin, et il fait quasiment nuit. Impossible, pensa-t-il.
Il avait chaud. Il avait soif. Il avait faim.
Le robinet dans la kitchenette offrit une eau rougeâtre.
Il ne restait plus qu’un quignon de pain dur comme la tête d’un baudet.
La seule issue : aller au bistrot du coin.
Quand il ouvrit la porte, il suffoqua tellement la chaleur ambiante était caniculaire, voire plus ! Le spectacle qui s’étalait devant lui était un champ de cendres. Et un désert ! Pas un chat, pas un chien, pas un être humain. Apocalypse ? Quant il prit conscience qu’aucun oiseau gazouillait, il paniqua. « Même pas un oiseau, même pas un oiseau ! » criait-il en boucle. Il rentra précipitamment chez lui. Il sentait l’odeur âcre de la sueur, à moins que ce fut celle de la peur !
Il se rappela la bouteille de whisky qu’il avait bien commencée la veille et aperçut les trois médocs qu’il doit prendre le soir. Pas étonnant que je n’aie pas dormi, pensa- t-il. Il avala les comprimés et les fit bien descendre en vidant la bouteille de whisky. Direction le lit. Il s’endormit aussitôt ! Anesthésié ! Il ne savait pas que alcools et drogues tuaient peu à peu la conscience ?
Il se réveilla à 16.02, horaire affiché au radio-réveil ! La lumière du soleil éclairait la pièce. Les oiseaux chantaient. Normalité ! En dégustant son café, il feuilleta le magazine qu’il avait reçu la veille. Retrouva les deux articles qu’il avait lus. Le premier concernait l’annonce d’une tempête solaire explosive jamais enregistrée à ce jour. Le second annonçait la naissance d’un immense sous-marin qui provoquera une gigantesque éruption.
Il comprit alors que la nuit dernière il avait dormi et cauchemardé.
Rêve prémonitoire, se questionna-t-il ?
Il frissonna.
En général, à peine couchée, je m’endors profondément et je me réveille au matin, fraîche et dispose. Mais cette nuit là, une insomnie tenace s’installa et j’eus l’impression de ne pas fermer l’oeil jusqu’à l’aube ; je commençais seulement à m’assoupir quand le vibreur de mon téléphone résonna sur la table de chevet. Maladroitement, je tentai d’attraper l’appareil vrombissant et … ma lampe-avion fut balayée et tomba par terre. Joli crash : la journée s’annonçait bien !
Je ramassai la lampe, qui heureusement n’ était pas cassée, m’extirpai péniblement du lit et me traînai jusqu’à la salle de bain. J’avais l’impression d’avoir les yeux tout gonflés et quand je me suis regardée dans la glace : oui, j’avais les yeux gonflés et le reste était à l’avenant . En soupirant, je passai sous la douche, puis, enveloppée dans mon peignoir, j’allai à la cuisine pour préparer mon petit déjeuner. Là, quelques menus incidents auraient dû m’alerter : le couteau à beurre qui disparaît sous la table, le pot de confiture qui se renverse, la boule à thé qui s’ouvre sournoisement et son contenu qui se répand dans le théière.
Pourquoi ne suis-je pas retournée illico me coucher ? Aucune obligation professionnelle, aucun impératif familial ne m’obligeaient à démarrer ma journée à cette heure matinale. En fait, je m’étais inscrite à une randonnée pédestre organisée par la MJC et le rendez-vous était fixée à 9 heures dans un village à l’orée de la forêt. Mais il me suffisait d’envoyer un message à l’organisatrice pour me décommander et rester chez moi. Eh bien, non, je me suis obstinée ; j’ai bâclé mon petit déjeuner, puis je me suis équipée pour la marche. J’ai mis ma gourde et mon téléphone dans un petit sac à dos, je suis allée chercher ma voiture, j’ai placé mes chaussures de rando et mes bâtons dans le coffre. Et j’ai démarré, direction la forêt. J’avais mémorisé les indications pour accéder au village du rendez-vous, du moins je le croyais, mais finalement, je me suis perdue. Et quand je me suis arrêtée pour téléphoner à l’organisatrice,ô joie, ô surprise, j’avais oublié mon sac à dos chez moi !
Au lieu de me résigner à faire demi-tour, je suis repartie et j’ai quand même réussi à rejoindre la place du village, où m’attendaient les autres marcheurs. Ouf !
J’aime beaucoup me promener en forêt, mais cette fois, la randonnée m’a paru longue et pénible. j’étais fatiguée bien sûr, et en plus je n’avais rien à boire. Ce fut pour moi un soulagement quand nous retrouvâmes nos voitures et que je pus regagner mes pénates.
Après le repas, n’importe qui à ma place aurait fait une sieste, d’autant plus que j’avais une répétition de chorale en fin de journée .Eh bien non, moi, je suis partie faire des achats, et puis je suis passée à la médiathèque. De retour à la maison, dans l’après-midi, je me suis quand même installée sur mon canapé, pour commencer un des livres que j’avais empruntés.
C’est la sonnerie du téléphone qui m’a réveillée . Derrière les fenêtres, la nuit tombait ; la répétition de la chorale devait se terminer. Décidément, ce fut une merveilleuse journée !
Elle, avait passé une nuit blanche.
S’ensuivit une journée noire, qui commença comme ça…
… » Encore une Vasarely ! » Depuis longtemps ses journées et ses nuits ressemblaient à une œuvre de Vasarely. Au début, elle les qualifiait de damiers et pourquoi pas d’échiquiers. Mais elle était le pion qui les parcourait. Un pion, tout de même…
Un souvenir alors lui revint comme un flash : la visite d’une exposition de Vasarely lorsque sa vie était « normale ». Cet instant éphémère lui plut. Voilà, se dit-elle, ma vie est devenue un Vasarely, noire et blanche, blanche et noire, les deux couleurs se joignent l’une à l’autre un peu à la façon d’un de ses tableaux. Cela la faisait sourire au fond de donner à ses nuits blanches, à ses journées noires un côté artistique.
Satisfaite de sa trouvaille, elle tomba d’épuisement, s’engouffra dans un tunnel de sommeil où elle rêva en couleur…
LES PAPILLONS BLANCS
Neige avait découvert, ou cours de cette nuit torride, l’ embrasement des sens. Des papillons blancs plein les yeux et une nuit rouge et blanche elle présageait que la journée qui allait suivre ne serait pas claire. Justifier son absence, la colère de sa mère, le regard narquois des frères et sœurs elle allait subir tout ça vaillamment en pensant à sa prochaine escapade amoureuse.
-On n’est pas de bois ! Martelait sa mère.
Et si j’en le chope, ça va chauffer ! écumait son père.
Elle pensait au prochains embrassements, embrasement et chantait en sourdine : faire du feu dans ma cheminée….
C’est ça hein ! Quand on y a mis le doigt ! 🐀
🐻 HEURE GRISE
Il n’avait pu déjeuner que de pruneaux. Était monté à l’arrière de sa limousine sombre, avait baissé les rideaux.
Il portera tenue d’argent à passementerie de charbon, toque d’agneau astrakan il a noué sa natte luisante. Au pays de l’inquiétant soleil, il porte lunettes noires, darde la prunelle au fond d’un halo presque bleu. Le public cerne l’arène, endimanché de noir.
Il est seul. Jaillit le taureau petit, vif. Surpris, s’arrête. Il a compris. Le combat commence. D’immenses vivas comme des ondes sonores. Le vrombissement d’un boomerang, d’un essaim de guêpes. Gare, ça pique, ça frôle, ça reprend. Des chants sauvages, en vague ! À la fin de l’envoi, je touche. Plus dure sera la chute.
On emporte la bête. Il se le jure, la main sur le cœur, c’est la dernière. Finies les ovations, une autre vie l’attend. Comme cette femme qui se donne à des inconnus. Une nuit blanche commence, de bouges en faubourgs , de Tanger à Valparaiso.🐻
Je passais une nuit blanche dans laquelle on broyait du noir. La nuit me tourmenta le sang. Elle m’agita, elle magenta, elle m’agenda. La semaine défilait au pas de l’oie dans une aube vert de gris qui n’était pas uniforme. Des civils aux formes unies étaient si vils que les juifs et les noirs devaient se mettre au vert. La civilité n’était qu’apparence, une fleur amarante pas marante du tout. On dénonçait à tour de mots, en un tour de main, dans des boites aux couleurs bleu marine. Je voyais rouge car main qui dénonce à Sion ou à Paris n’est que jeu de vilains. Le peuple avait franchi le Rubicon. Le jeudi noir avait été jour d’élection. Le vote avait violé la Nation, avait violet la raison. J’étais vert de rage. Assis à la table d’un café je ne voyais plus circuler que des blonds vénitiens au sourire jaune, un sourire qui se voulait safran mais qui s’affranchissait du libre arbitre, qui supplantait la francisque à la franchise. Je n’avais pas commandé de citron car je n’étais pas pressé. Je buvais une menthe à l’eau et grignotais quelques pistaches en les regardant passer, fantômes bien vivants surgissant d’un passé décomposé. Puis je suivais le fil rouge de mes idées noires. Je me dirigeais vers Millon, vers l’avocat qui faisait encore un Klein d’œil à la Liberté de circuler et de penser, à ceux qui compensaient leur peur par l’indignation, parfois par la colère et la révolte. On les mettait à l’amende, au début, avant que l’odeur d’amande amère devienne un poison mortel pour eux. Le ciel n’était plus d’azur au-delà de la nuit des peurs bleues pour ceux dont la couleur de peau ne blanchissait pas dans le matin blafard. Comme des chars en déroute, les trains corail et les routes étaient pris d’assaut, dans un exode vers Bordeaux, une étape en direction d’une zone libre de toute pression sociale, de toute répression identitaire. Au-delà de la dépression, ces gens ne voulaient plus ni se taire ni se terrer. Ils voulaient recouvrer la liberté d’exister en toute sécurité. Dring ! Une sonnerie m’arracha soudain à ce cauchemar. J’étais soulagé. Le front en sueur, j’appuyais sur le bouton d’or de mon réveil matin. Ouf ! Les élections n’étaient que dans quelques mois.
ELLE avait passé une nuit blanche.
S’ensuivit une journée noire, qui commença comme ça…
Elle se leva et en se dirigeant vers la salle de bain, se heurta le petit orteil au pied du lit.
Elle jura comme un charretier en s’affalant sur le lit où elle resta le temps de se rouler dans tous les sens comme si cela avait le pouvoir de dissiper la douleur. Puis observant de plus près la victime, constata sans surprise qu’elle avait bleui. Elle chercha donc en clopinant un pansement dans la pharmacie et trouva une boite vide qu’elle n’avait pas eu le temps, l’oubli s’en étant mêlé, de remplacer. Elle rafistola donc comme elle put ses deux derniers doigts de pieds avec du scotch. Puis elle se doucha sous une eau qui changeait de température sans prévenir (pas eu le temps d’appeler le plombier), s’habilla, changea le scotch et se dirigea vers la cuisine.
Le couvercle de la boite à café s’ouvrit avec une telle détermination que la fine poudre marron finit sur le sol suivit d’une floppée de jurons. Aspirateur, recharge de caféine, éponge…elle déclina l’envie d’engloutir des tartines beurrées, de toute façon elle n’avait plus le temps.
Lavage de dents, éclaboussure de dentifrice sur le chemisier qui sauta directement dans le sac à linge sale, retour vers l’armoire, pas le temps de choisir, attraper le haut blanc, valeur sure, dangereux mais à ce stade, elle s’en foutait complètement. Prendre son sac à mains à la volée, les clés, claquer la porte. Merde le téléphone ! Rouvrir la porte, chercher le téléphone dans l’entrée, ne pas le trouver, chercher dans le canapé, passer ses mains derrière les coussins en commençant à transpirer, faire un bref panoramique dans la chambre et se rappeler qu’au lieu de dormir elle a joué une partie de la nuit pour tromper son insomnie qui ne risquait pas de se faire la malle, énervée et exaspérée par les parties perdues qui s’étaient enchainées.
Elle fila dehors et activa la commande de l’ouverture du portail. Tout en contournant sa voiture, ses yeux se posèrent sur le pneu arrière gauche complètement à plat. Elle leva les yeux au ciel en râlant très fort comme quand petite, sa mère lui refusait de continuer à plonger sa main dans la poche de bonbons qu’elle dévorait avec frénésie.
Elle ne sut pas trop si elle n’allait pas pleurer tant qu’à faire. Elle appela un dépanneur qui avait une définition toute personnelle de la notion d’intervention « dans les plus brefs délais ». Son orteil la lançait et lui rappela soudain qu’il serait complètement inutile et vain de donner un coup de pied dans le pneu, fusse avec l’autre pied ! Elle annula tous ces rendez-vous, et une fois la voiture enlevée et le rendez-vous fixé avec le garagiste, elle décida de décliner l’offre d’une voiture de courtoisie.
Elle rebroussa chemin, rentra dans la maison, jeta un œil au miroir du couloir qui lui jeta à la figure son teint verdâtre, ses joues rouges, (et oui les deux étaient tristement compatibles), ses auréoles sous les bras pleines de stress. Elle referma les rideaux, retourna sous la douche, appela sa boite, se fit porter pâle et dut se prendre les remarques de la secrétaire qui prit bien le temps de la prévenir que le patron était remonté comme une pendule après la lecture de son rapport sans complaisance sur les clients chinois. Elle se recoucha dans ses draps roses et, enfin, s’endormit sans préavis.
Il avait passé une nuit blanche. Une de plus. Cette fois, il s’était presque obligé à compter les étoiles. Du moins il en avait situé un bon paquet, les avait nommé, regroupé dans leurs familles. Il s’était cru le chien du berger et avait discipliné, à sa façon, les troupeaux sur les vastes collines du temps. La tête lui avait un peu tourné mais il n’avait pas craint de perdre la boule.
La nuit précédente avait été dédié aux arbres. Il avait enregistré le staccato des racines grignotant la terre. Surpris un vieux chêne, grattant ses croûtes d’écorces. A la cime d’un hêtre, une feuille discrètement secouée par le froid claquait des nervures. Les aiguilles des grands sapins leur tricotaient des tapis pour amortir le bruit de leurs chutes. Marqués d’une croix rouge, pas celle des hommes, ils attendaient les soins expéditifs des chirurgiens du bois.
La veille, encore, destinée aux animaux s’était montré, fantasmagorique. Ce monde de pattes et d’ailes, ce monde de dents, de langues, ce monde rampant, déambulant, survolant, ce monde perché, niché, enterré. Ces mondes plutôt avec toutes ses passerelles, ses courants d’air, ces fossés, ces mares, ces masses mouillées d’eau, ces boues, ces falaises par dessus nous, si petits de nature, parfois un peu plus grands de respect.
La profusion, cette abondance de braises vivantes l’avait déjà occupé 3 nuits et, un peu plus chaque soir, il étirait les aiguilles assouplies d’un temps à gagner sur le jour.
Malgré toute sa claire volonté, s’ensuivait toujours une journée noire. Ca commençait toujours comme ça, comme ce Voyage au bout de la nuit.
Une guerre effeuillait la vie de soldats, ça puait et les trous n’étaient jamais bouchés. On partageait toutes les odeurs de dessous, des bras, des hanches. De fait, il posait son livre mais la guerre continuait.
En bas, dans la rue, un char cognait les poubelles. Le monde appartenant à ceux qui se lèvent tôt, les éclaireurs éboueurs, dégageaient les voies pour permettre aux autres soldats de circuler dans les artères battantes de la Cité.
Le goudron ne fondait pas encore, on pouvait se rendre à son loisir d’activité. On jouait à cacher les sens interdits, on escaladait la face Nord des statues, on filtrait la rivière pour y choper le poisson mensuel, celui lâché par la Grande Hâloterie et qu’on serait le seul à pouvoir manger si on parvenait à le pêcher.
Chaque matin, les pavés pesaient un peu plus sur le magma qui tanguait et les escouades de bénévoles colmataient les fissures à la gomme à mâcher. Les quarts d’heure duraient le double de ce qu’on craignait.
Lui, il se cachait dans son placard, avec ses lunettes noires et son casque audio. Il écoutait des sonates pour luth d’un certain Silvius Leopold Weiss. Il entendait dans ces cordes grattées et pincées un doux chant de lutte le transportant jusqu’au soir de Septembre.
L’automne allait border le soleil un peu plus tôt. Les ombres allaient s’éteindre, les reflets se diluer. Il aurait plus de temps pour retrouver le chemin bourgeonnant de son peuple, la caresse d’une cascade sur ses reins, le bruit échevelé des insectes étourdis de pollen, et qui sait, le chant égaré d’une baleine, cette lamentation si typique du bord des Abysses, cette région oubliée des montagnes septentrionales de l’Océan Pacifiant.
Chaque pleine lune, elle tournait et virait dans son lit. Ce truc de compter des moutons sautant une barrière n’avait jamais fonctionné sur elle.
Cette nuit-là, le satellite de la terre n’était pourtant qu’un croissant, mais elle n’avait cessé de ressasser sa première journée de travail en intérim pour un mois. S’immerger dans ce nouveau job d’hôtesse d’accueil l’avait éreintée à force d’écouter les directives du directeur et les consignes de sa collègue qui partait en vacances le lendemain. N’en pouvant plus de s’énerver, et de stresser sur ses aptitudes à assumer ce poste, elle s’était levée pour lire un bouquin, et ce n’est qu’aux alentours de cinq heures du matin qu’elle s’était endormie sur son canapé.
Elle se réveilla en sursaut et consulta sa montre. Nom d’une pipe ! Il était dix heures passées. Elle fit un tel bond pour se lever qu’elle se tordit une cheville sur son gros roman tombé au sol. Tout en clopinant, elle rejoignit sa chambre et écouta les dizaines de messages de son boss fou furieux qui la menaçait de la virer sur le champ. Tout intimidée, elle le rappela pour lui narrer sa mésaventure. Entre deux rires démoniaques, il lui répondit qu’il ne croyait pas à son conte à dormir debout et qu’il lui donnait dix minutes chrono pour se pointer illico presto.
Sans prendre le temps de se doucher, de se peigner, de se pomponner, elle enfila ses vêtements tout fripés de la veille. Sa cheville enflait à vue d’œil et la douleur lui tirait des larmes. À son grand désarroi, elle fut incapable d’appuyer sur la pédale d’embrayage de sa voiture. Aussi, se dirigea-t-elle tant bien que mal, vers l’arrêt de bus. Elle en vit un passer juste sous son nez. Elle consulta les horaires, pas de pot ! c’était le seul de la journée. Elle héla un taxi qui fort heureusement passait par là. Mais ils furent arrêtés par l’embouteillage du siècle, pendant que cette satanée douleur ne la lâchait plus et que la trotteuse de sa montre galopait comme si elle courrait un cent mètres. Constatant sa pâleur, le chauffeur tourna dans une ruelle en sens interdit, et après maints et maints détours à fond la caisse, il stoppa dans un crissement de freins devant la clinique. Au bord de l’évanouissement, soutenue par le brave homme, elle se retrouva à l’accueil de l’établissement. Elle écarquilla les yeux devant son boss assis à son poste à elle ! Malgré les explications qu’elle lui donna sur son retard, il refusa de reconnaître cette femme débraillée comme étant son employée. Jamais de la vie, il n’aurait accepté une telle hôtesse pour sa clinique la plus renommée de la région.
Quelques heures plus tard, le cœur battant la chamade après avoir fait d’incessantes allées et venues dans divers couloirs, le pied plâtré, elle repassa dans un fauteuil roulant devant son employeur qui la reconnut. Il lui demanda de se vêtir convenablement et de reprendre son travail dans la seconde, car lui n’appréciait absolument pas ce boulot statique, pas du tout intéressant.
À six heures, son mari étonné de la trouver endormie sur le canapé la réveilla. Elle poussa un Ouf de soulagement et se rasséréna.
Son cauchemar s’estompa rapidement, mais durant toutes les lunes de ce mois inoubliable, elle ne cessa de tourner et virer dans son lit !
Elle, avait passé une nuit blanche.
S’ensuivit, une journée noire, qui commença comme ça…
Dénoué d’esprit clair, la tête en vrac, le corps fatigué, les pieds gonflés, la voix éteinte, ce n’était encore rien, le pire étant que ses souvenirs avaient fondu tout comme la glace sortie du congélateur.
Elle ouvrit les yeux et en regardant autour d’elle, rien ne lui semblait familier. Assise sur ce canapé, un lit non déshabillé en face d’elle, la rassura. La pénombre de cette chambre inconnue ajoutait à la scène une froide inquiétude, puis se demandant, où suis-je ?
Le réveil sur la table de nuit marquait en lettres rouges, 15 heures. Ses vêtements étaient sales, son corps poisseux transpirait l’odeur acide. Il sentait si fort qu’une envie de vomir la submergea.
Ses pieds nus semblaient avoir couru toute la nuit à travers un champ de bataille, enflés, elle ne les reconnaissait plus.
Quand elle voulut se lever, tous ses membres lui paraissaient lourds et dépourvus de force tant ceux-là semblaient avoir tous donnés durant cette nuit oubliée.
Mais une fois debout, elle comprit alors, qu’elle ne s’était pas débattue pour défendre sa vie. Son cerveau ne pouvant supporter prendre de la hauteur, elle repris très vite sa place sur le canapé, porta ses mains sur son crâne fracassé et devina alors que l’alcool en était la raison.
Restée là, dans l’oubli. Elle dut attendre de longues heures, essayant de se rappeler cette nuit blanche, espérant que dans ce jour sombre, viendra quelqu’un l’éclairer.
Sur l’écran noir de ma nuit blanche
S’est éteint tout ce cinéma
Sans un mot et donc sans éclats
Ébloui par la lumière blanche
Du matin baignant nos draps
Pour te dire je pars, rien à faire, je flanche
J’ai plus le cœur ni l’estomac
C’est pourquoi je prends ma revanche
En ce jour noir après nuit blanche
Où s’est éteint ton cinéma
D’abord le mot fin sur mes hanches
Puis un travelling-panorama
Sur ma poitrine un « n’y touche pas »
Voilà comment ce jour commence
Souriante je m’avance vers toi
1 mètre 75, des biceps plein les manches
Je tire deux grandes valises blanches
Et mets le feu au cinéma
Voulant retenir mon bras
Du lit tu sautes en avalanche
Sur les cendres de ma robe blanche
Dont tu as fait ton cinéma
Une fois, deux fois, dix fois, vingt fois
Je me refais la même séquence
Où tes bras tombent sur moi
Je tourne en rond depuis ce matin, dimanche
Soudain, on sonne, j’ouvre, c’est toi
Va-t-il me prendre par les hanches
Comme sur l’écran de ma nuit blanche
Mais le mot fin n’y est toujours pas
Et il me fait son cinéma.
Soledad a tant de bleus à l’âme en cette nuit de la Saint-Jean qu’elle se prépare à passer une nuit blanche. Elle repasse le film de sa vie amoureuse : un désastre ! Ses pensées défilent à toute vitesse et impossible de sombrer dans le sommeil.
Comme elle aimerait libérer son esprit de toutes ces pensées parasites. Mais hélas, c’est dans son grand lit vide qu’elle se retourne sans cesse en proie à un mal être profond. Que cette nuit lui paraît longue ! Seule, perdue, à la dérive, ses idées chavirent, pourquoi l’a-t-il quittée si brutalement, sans cérémonial, sans cet adieu où il reste dans les yeux de l’autre, le reste d’une toute petite flamme ?
Ai-je tant changé que je suis devenue une étrangère pour lui ? A toutes ces questions, Soledad n’avait bien sûr pas de réponses. Au petit matin, rouge de colère et toute animée d’une pulsion vengeresse, elle s’habille à la hâte après un petit-déjeûner pris sur le pouce, et part courir comme tous les matins le long de la rivière. Et là sur le sol, elle découvre une mallette noire. Personne à l’horizon.
A qui appartenait-elle ? Soudain, elle entend retentir derrière elle des pas, des sirènes, elle n’a pas le temps de se retourner, que sa vue s’obscurcit et peu à peu elle se précipite dans les limbes de la nuit.
A son réveil, elle se retrouve sur un lit d’hôpital et découvre dans sa chambre un magnifique bouquet de fleurs. Elle ne comprend rien à rien, que lui était-il arrivé ?
Une infirmière entre lui prend la main et lui raconte la mésaventure qu’elle,
Soledad, pauvre petite femme esseulée, a vécu.
« Vous étiez sur le chemin près de la rivière quand vous étiez accroupie près d’une mallette noire. La gendarmerie était à la recherche d’un trafiquant en cavale avec sa compagne, à la suite d’un signalement. Arrivés à l’endroit qui leur avait été indiqué, les gendarmes dans leur véhicule vous ont vue. Croyant que vous étiez la compagne du trafiquant, ils ont actionné les sirènes et vous vous êtes évanouie. Ne vous en faîtes pas, vous êtes désormais entre de bonnes mains. Et ce bouquet, un très beau jeune homme bien larmoyant est venu vous l’apporter».
Soledad se relève et demande à l’infirmière de lui apporter la petite enveloppe
qui était accrochée au papier cristal. C’était «Te Quiero » son bel hidalgo qui
s’amendait de sa conduite passée en lui racontant qu’il avait subi trop d’épisodes de rupture et qu’il avait peur d’être abandonné suite à leur chamaillerie, il avait donc décidé de rompre.
– Grand bêta, je te pardonne ! s’exclame Soledad toute émue.
Soledad fait la synthèse de ces derniers moments : une nuit blanche, une journée dans le noir avec un autre matin qui se dessine dans la lumière.
A quand une belle nuit étoilée avec TeQuiero ? Te Quiero signifie « Je te veux » avec un prénom comme çà il est irrésistible ! Quant au mien dont la traduction est « Solitude » ce n’est pas top mais un « Te Quiero » dans ma vie vient anéantir le sens de ce prénom bien mélancolique !
Huit heures.
Encore une nuit sans sommeil de gagné,la 382ème.
Il faisait déjà grand soleil sur Bagdad.
Shezy enfila son Armani avec difficulté.Zut, elle aurait un peu grossi?
En bataillant avec la fermeture éclair,elle cassa un de ses ongles manucurés de la veille!Elle chercha dans son dressing un haut qui lui conviendrait.
Rien ne lui plaisait,trop vu dans la rue,déjà porté trois fois,celui là datait de la semaine dernière.En soupirant elle pris le premier venu.
Son petit ami David avait prévu d’aller faire quelques trous à Dubaï ce week end.
Tout allait mal.
Le petit déjeuner fut vite avalé,elle se brûla la langue avec son infusion détox
.Décidemment ces nuits sans sommeil ne lui valaient rien.Sa mère l’avait prévenue mais elle ne s’attendait pas à ça!
En jurant intérieurement, la jeune femme appella un taxi.Elle ne serait jamais à l’heure à sa séance de shooting. Mélinda allait encore lui prendre la tête.
Ce maudit sort lui en faisait baver un max.
Depuis une éternité,à cause de sa fameuse aïeule, Shéhérazade,figure de légende qui avait dû tenir en haleine, en lui racontant des sornettes le sultan Shariar,assoiffé de vengeance à cause d’une sombre histoire d’infidélité.,les femmes de sa lignée devaient en passer par ces nuits blanches,mille et une.Plus de trois mois, une fois dans leur vie!!!!!
Horrible le truc.
Shezy avait choisit de traverser l’épreuve en cliquant férocement sur son ordinateur:
films,jeux,tutos et ce blog où elle racontait son expérience.
Elle avait des fidèles qui l’encourageaient,d’autres lui demandaient des conseils mais s’endormaient au milieu d’une phrase.
Un lui avait tapé:
– C’est vraiment débile ton truc,pourquoi t’arrêtes pas? Encore 619 .C’est ouf ton pari.
Ce n’en n’était pas un,elle devait en passer par là,c’était tout.
En sortant de l’onglerie,le taxi l’amenât au studio.Plus que trois heures et elle pourrait dormir,rêver jusqu’à 20 heures.Ses paupières se fermaient.Elle se mit à rêver de draps frais…
– Mademoiselle,on est arrivé.
Sur les touches ivoire ébène d’un piano désaccordé
J’arpège la ritournelle de mes sombres journées
Dans la cacophonie de mes nuits syncopées
Je métronome en soupirs et double-croches
L’adagio s’alourdit en mesure à force de contre ut
Qu’on me donne la clé et je rêve de fugue
Qu’une berceuse m’envoie une poignée de rondes
Afin d’accompagner mon sommeil qui bémolle
En point d’orgue d’une nuit sans silence
Mes pensées font des gammes sur le clavier ying-yang
Jusqu’au matin
Jusqu’au prochain opus d’un opéra sans chef d’orchestre
Sous mes doigts ma vie fa dièse
Fait ses gammes et se prépare
A composer ses impromptus sans partition
Magnificat aux accords discordants
Il avait passé une nuit blanche.
S’ensuivit une journée noire, qui commença comme ça :
Le café que lui apporta Marie-Madeleine était froid et il le recracha.
– C’est celui de la veille, lui dit-elle en s’excusant, et le micro onde est foutu.
Il se mit à son bureau pour travailler avec Pierre et faire le point sur les affaires courantes comme tous les matins.
Mais Pierre n’y était pas ?
Il était en train de chercher les clés qu’il avait perdues hier soir en allant faire un tour en bas en enfer.
Il décida alors de convoquer son fils car ça faisait un bon moment qu’ils n’avaient plus discuté ensemble.
Mais celui-ci lui fit répondre qu’il viendrait plus tard, car en ce moment il s’amusait bien en multipliant des pains et des crapauds…
Il pensa alors que ce serait utile qu’il bavarde un peu avec Joseph.
Mais celui-ci lui fit savoir qu’il s’était blessé à la main la veille en voulant confectionner un placard, et qu’il viendrait après le passage de Rita car il craignait une infection.
Alors, il pensa se rabattre sur Christophe, histoire de papoter avec quelqu’un.
Mais Christophe lui signala qu’il était occupé à poser pour Éloi qui était en train de lui confectionner une médaille à son effigie, parce qu’il le valait bien !
Consterné, découragé, il se prit la tête entre les mains et s’exclama :
– Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour être entouré de cette bande de bras cassés !!!
Jean dort mal. Des douleurs articulaires, quelques engourdissements ponctuent les changements de position dans le lit.
Ces réveils successifs lui permettent de garder en mémoire les rêves qui animent ses nuits. Il aime rêver et raconter ces exploits nocturnes. A 96 ans, les journées sont assez calmes et répétitives. La nuit, par contre, il vit comme il y a quelques décennies, amateur de sports, d’espace et animé par l’envie de se surpasser, de frôler ses limites physiques dans l’effort accompli.
Mais cette nuit, l’orage est venu illuminer la fenêtre de la chambre rapidement après son coucher. Lui qui ne ferme jamais les volets, afin de garder une lueur dans les lieux qui lui permette de s’orienter en cas de déplacements nocturnes vers la salle de bain contigüe, a été ébloui par la beauté des éclairs qui illuminaient le ciel et le vacarme du tonnerre qui roulait de manière fort rapprochée, comme les percussions d’un orchestre, qui auraient souhaité entrer dans la chambre.
Quelle beauté que ce spectacle de nuit ! Il sentait presque les vibrations des roulements du tonnerre et les éclats de lumière l’éblouissaient à la manière d’un spectacle tel qu’il se l’imaginait, de par le monde, dans les célèbres salles de concert.
L’orage se calma et la pluie vint rafraichir l’air ambiant. Une pluie presque aussi sonore que le tonnerre. Un déluge de pluie qui frappait les ardoises du toit juste au dessus de sa tête. De nouveau, il apprécia les variations sonores créées par les différents éléments : la pluie qui crépite sur le toit, l’eau qui touche les gouttières de zinc comme les baguettes d’un tambour puis s‘écoule verticalement dans la canalisation offrant chuintements, gazouillis, clapotis, bruissements, grondements, jusqu’aux mugissements à l’arrivée sur le sol pavée un étage plus bas.
Quelques heures plus tard, le ciel s’éclaira et le clocher tinta sept coups matinaux. Jean fatigué de cette nuit blanche, décida néanmoins de se lever et de préparer son thé quotidien. Soucieux de ne pas chuté, il enfila la robe de chambre, elle aussi fatigué d’un usage quotidien et de longue date, prit appui sur la rampe et atteint la cuisine. La luminosité était limitée, aussi appuya-t-il sur l’interrupteur en entrant. Aucune lumière ne répondit à son geste. Il sentit la contrariété l’envahir. Vivre seul, à son âge n’est pas simple ; mais si les éléments autour de lui se détraquent, alors il sera vite dépassé par les soucis.
Il appuya sur l’interrupteur de la hotte au dessus de la cuisinière et réalisa que rien ne voulait décidément répondre à son attente.
Las de tant de désagréments, il emplit une casserole d’eau et tourna le bouton afin d’obtenir l’eau frémissante qu’il souhaitait. De nouveau, il ne put que constater l’inefficacité de son geste. L’eau resta inexorablement froide.
Pourquoi donc, tout se liguait-il contre lui ce matin, alors qu’il se sentait si fatigué ?
Le compteur électrique situé dans le garage attenant nécessitait qu’il sorte dans le jardin pour l’atteindre. Il s’y résolu, craignant néanmoins, la sensation de fraicheur, le sol détrempé des pavés et la traversée du garage dans la pénombre jusqu’au disjoncteur.
Trouver la clé de la porte d’entrée et celle du garage étaient des préalables indispensables. Il trouva ce qu’il cherchait, mit le nez dehors, après avoir saisi le bâton de marche qui l’accompagne dorénavant dans ses déplacements, et avança précautionneusement en longeant le mur, descendit les deux marches de la terrasse et vit le corps inanimé du chat qu’il nourrissait avec tendresse depuis quelques mois. Le seul être vivant qui fréquentait sa maison chaque jour. Il réalisa tout de suite que le chat était mort et raide. Venu mourir chez lui était un signe de l’attachement de l’animal à son encontre. Jean sentit la tristesse et l’épuisement l’envahir. C’en était trop !
Il renonça à ouvrir le garage et rentra chez lui, laissant le corps du chat là où il était. L’escalier remonté, Jean se glissa vêtu de la robe de chambre dans le lit et décida d’oublier dans le sommeil toutes ces contrariétés matinales. Quelqu’un disait il y a quelques décennies : « Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ». Une fois de plus, cela se confirmait !
Dans ses rêves, il allait retrouver un monde d’action, de joie et de plaisir que la vie, maintenant, lui refusait trop souvent…