550e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat
Prenez votre stylo par les cornes et racontez-nous une belle vacherie
Chaque exercice créé par Pascal Perrat est un clin d’oeil à notre imagination, l’occasion d’une irrésistible relation avec sa créativité innée.
« Monsieur le Président, mes chers amis.
Le verdict des urnes a frappé. Mon adversaire a donc été élu. Je m’incline devant les lois de la démocratie
Comment expliquer la victoire de l’un et la défaite de l’autre ? Pendant les semaines qui ont précédé le vote, ce fut pour moi la douche écossaise. Certains m’encourageaient à bâtir des châteaux en Espagne, d’autres me présentaient comme la tête de Turc, quelques uns me faisaient des promesses de Gascon, quelques autres une réponse de Normand
J’imagine qu’il a dû utiliser des ruses de Sioux, les services de l’œil de Moscou et peut-être même menacer la roulette russe pour gagner les suffrages. Sans compter le téléphone arabe qui a dû fonctionner pour favoriser l’un et nuire à l’autre.
J’aurais pu me dire « Qu’ils aillent se faire voir chez les Grecs » et filer à l’anglaise. Mais, têtu comme un Breton et bon perdant, je suis resté pour assister au couronnement de mon heureux rival. Je souhaiterais pourtant avoir les portugaises ensablées pour échapper à son laïus de remerciements. Lui qui parle français comme une vache espagnole. Incompréhensible ! C’est de l’hébreu. Et un supplice chinois de l’écouter.
Des regrets ? D’amour-propre peut-être. Mais certainement pas du point de vue pécuniaire. La rétribution ? Ce n’est pas le Pérou ni l’oncle d’Amérique.
Je vais conclure ici mon discours et vous inviter à vous déplacer vers le buffet – une véritable auberge espagnole – où nous éviterons de boire en suisse et veillerons à ne pas nous trouver saoul comme un polonais
Allocution du candidat malheureux après le votre à l’élection au poste de Président du M.R.A.P (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples)
Bravo Françoise -Gare du Nord. Toujours un régal de vous lire ! Votre imaginaire m’amuse beaucoup. 🙂
bravo très original et « savant » un beau sourire
Eléonore et Béatrice, je vous remercie pour vos commentaires
Profitez bien de la Fête de la Musique. J’irai traîner mes guêtres ce soir sur le Canal de l’Ourcq et le Bassin de la Villette
Prenez votre stylo par les cornes et racontez une belle vacherie.
Puisque Pascal me tend la perche, je me décide à révéler cette histoire au grand jour, tirée par les cheveux certes, je vous l’accorde, pour autant authentique. Vous n’en croirez pas vos yeux ni vos oreilles d’ailleurs. L’oreille, surtout l’oreille interne où se dissimulent de minuscules osselets qui nous transmettent le son, la communication avec l’environnement, c’est très fragile. C’est là que se love le sens de l’équilibre, aussi sommes-nous en transmission sur ce fil ténu de la vibration qui nous met en relation. Mais lui, l’autre, l’inconséquent, il ne l’avait pas intégré. Il ne savait pas qu’une oreille, ça peut être bousillé en un dixième de seconde. Tiens mon oeil, il l’avait préparée sa vengeance ! Je ne le connaissais pas suffisamment pour deviner quel chemin il aurait emprunté pour y parvenir. J’étais même loin de penser qu’il aurait songé à se venger.
Quand je posai mes valises, et mes yeux sur ces bâtiments qui ressemblaient à des prisons, un an à passer là-dedans, à dix-neuf ans c’était dommage, je me sentis perdu. Et puis ravisé, pendant les classes sous la neige, mon frère est tombé. Quand je dis mon frère, c’était un bidasse comme moi, arrivé dans une colonie de vacances à peine plus sévère. J’avais la tête de l’emploi, on me confia un poste de secrétaire. C’était mieux que nettoyer les toilettes. Par précaution, je ne m’étais pas désigné volontaire. J’ai préféré remplir, pour mes camarades, du papier qui leurs offrait la liberté pendant vingt-quatre heures. Je travaillais parfois jusqu’à des onze heures-minuit pour satisfaire les besoins de l’escadron. Pour la peine je rallongeais la sauce, douze heures de plus pour qu’ils prennent l’air sur un périple d’une moyenne de mille kilomètres aller et retour en train, c’était plus confortable.
Le capitaine était un homme sympathique, les ordres c’était les ordres mais sa démarche était très paternelle. Très concentré sur sa fonction, j’entendais son pas irrégulier reconnaissable entre mille. Je ne lui jamais posé la question, je pense qu’il avait dû être blessé pendant une campagne militaire. Une rangers claquait plus que l’autre sur le carrelage. Un jour, je l’ai imité avant d’arriver au bureau pour impressionner mon collègue.
– Tu m’as fait une belle vacherie, dit celui-ci, j’ai cru que c’était le capitaine. Tu m’as fait une belle vacherie.
– Belle supercherie, devrais-tu dire à la place de belle vacherie.
Il ne répondit pas. Cependant le maréchal des logis chef, se délectant de faire baliser la troupe, un jour qu’il était de semaine, à vingt-et-une heures tapantes, il ouvrit la porte discrètement et pointa le bout de son nez. Depuis trois mois, aucun gradé n’était jamais venu nous déranger dans notre chambre de vingt à cette heure tardive. « Quelle surprise chef, que nous vaut l’honneur ? »
– Qu’est-ce c’est ce bordel, lança-t-il, comme si nous étions impliqués dans une bataille de polochons ?
Nous ne troublions pas spécialement l’ordre, certains jouaient aux tarots. Il nous fixa, un à un, l’air forcé, dans ses yeux la haine de la bleusaille. Derrière sa voix se cachait un sourire à peine dissimulé de satisfaction.
– Quand je repasse dans cinq minutes, je veux entendre une mouche voler. Puis il est sorti aussi sec, laissant chacun de nous dubitatif. Quel zèle inutile pouvait animer ce personnage ?
Chose promise chose due. Les cinq minutes écoulées, il est revenu pile à l’heure. Tout était rangé. Un ange aurait passé, il n’aurait rien constaté d’anormal. Mais pour l’inspecteur, le silence même devait être suspect plus que d’habitude. A l’amorce d’une parole, il aurait répondu « Ta gueule ! » L’occasion trop belle, il manqua à cet instant l’animatrice en question qu’il avait oublié d’inviter, le malpoli. Un BZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ sortit de ma bouche sans que je m’en rende compte, brisant ce silence, dès lors conforme aux ordres. D’évidence les copains se mirent à rire. Je m’étais permis de mettre en relief un comique de situation qui eut pour effet de déplaire fortement au MDL chef pourtant apte à saisir l’humour. Je crois même qu’il s’est retenu de rire avec difficulté. Il éteignit la lumière. « Couvre-feux ! Puis il est sorti.
Trois emaines passèrent. Exercice de tir !
Plus habitué à tenir un stylo qu’une mitrailleuse 12,7 de 37 kg, la promiscuité de ce monstre métallique m’impressionna. Le chef instructeur me dit de maintenir les pieds de celui-ci pour qu’il fasse corps avec le sol. J’eus alors le sentiment de mater un taureau par les cornes. Soudain le tireur déclencha la gâchette. Et comme de logique le clac de la culasse me déchira l’oreille interne. C’est longtemps après être sorti de cet enfer que je pris conscience que l’ordre d’immobilser la machine à tuer était superflu vu son poids. Le MDL chef avait trouvé judicieux de me punir par ce biais sournois en transmettant un ordre de son invention à son homologue instructeur. Ce n’est pas une belle vacherie mais le plus bel exemplaire (excusez-moi !) de la connerie humaine. Détruire son personnel alors qu’il pourrait lui sauver la vie.
J’avais l’âge de l’innocence quand la vie me décocha un bon coup de sabot sans prévenir. Un coup en vache. Une belle vacherie, quoi !
Comme tous les matins, enfant, j’écoutais la radio de ma grand-mère. Une de ces radios d’après-guerre qui, en son temps, diffusait les messages codés de la BBC.
Derrière moi, ma grand-mère épluchait les carottes. Elles seraient bientôt cuites.
Aux vieilles chansons de Montmartre venait de succéder l’histoire de la chèvre de Monsieur Seguin. Je l’écoutai avidement, le cœur battant. Cela allait forcément bien finir. Tous les contes ont une fin heureuse.
Eh bien non, pas celui-là !
Je fondais en larmes. Comment la chèvre avait-elle pu finir dans le ventre du loup, alors que le petit chaperon rouge s’en était échappé ?
Dans mon imaginaire d’enfant, la mort n’était réservée qu’aux ogres, aux sorcières, ou à Barbe Bleue.
De la bouche de ma grand-mère, j’appris que dans le « réel », il en allait tout autrement. Pour le bon, comme pour le méchant, TOUT AVAIT UNE FIN.
Aujourd’hui, je n’en suis plus aussi sûre.
Et si la mort était juste un changement d’état ? Comme l’eau quand elle devient vapeur.
La vie, comme la mort, n’est peut-être pas une belle vacherie. Pour en débattre, il nous faudrait « prendre le stylo par les cornes » et cela deviendrait alors une histoire sans fin.
SANS FIN. Vous vous imaginez !
Prenez votre stylo par les cornes et racontez-nous une belle vacherie
Raconter une belle vacherie, tiens donc ! Perplexe, je réfléchis à la vacherie que je pourrais dégoter. J’ai beau chercher, rien ne se présente à mon esprit, certainement embrumé ou peu enclin à la vacherie demandée par Maître Pascal. Quelle drôle d’idée… En voilà une, de vacherie, ne trouvez-vous pas ?
Mon arsenal mental ne répondant pas présent, je me tourne vers le dictionnaire où j’apprends que la vacherie est l’ensemble des vaches qui appartient à une exploitation. C’est aussi la partie d’une ferme consacrée à ces animaux-là. Mais encore, le lieu où l’on trait les vaches et où on vend le lait. Tout cela me semble explicite mais très spécialisé. Sans parler du coup de sabot donné par ce bel animal.
C’est alors que je rencontre une définition qui m’a conduite à écrire ces lignes.
Une vacherie est également un droit perçu sur les vaches. Non de non, je tenais mon sujet ! Un droit, une taxe, un impôt ? Voilà une sacrée vacherie de la part de l’État qui n’en rate pas une pour nous siphonner.
Du coup, notre super star, la TVA, est devenue la vacherie suprême qui nous fait payer deux fois la valeur d’un produit. Une vacherie très appréciée puisqu’elle fait florès de par le monde. La vacherie est une « valeur » sûre…
J’ai conscience que je n’ai en aucune manière fait preuve d’imagination, d’invention, de créativité . Moi, la vacherie, ça me démoralise ! Je préfère penser à la centenaire que nous avons célébrée à notre manière sur ce blog il y a peu de temps.
Prenez votre stylo par les cornes et racontez-nous une belle vacherie.
Cette année au lieu de s’amuser Toto voulait un peu travailler pendant ses vacances d’été. Il trouva un job dans une ferme pas loin de chez lui.
Le matin il amenait les vaches et les taureaux dans les champs, et le soir il faisait le chemin inverse.
Il commença à prendre goût à cette nouvelle vie.
Ça lui permettait d’oublier l’école et de redécouvrir des saveurs de la vie qu’il avait un peu oubliés : la joie de vivre au grand air, de respirer la bonne senteur des moissons et des fleurs, bref de se sentir un être libre.
Également, assis à même la terre lorsqu’il gardait les animaux en train de brouter l’herbe, il pouvait regarder pendant des heures, des fourmis vaquer à leurs occupations journalières :
Aller à droite et à gauche, presque sans raison, tirer des « marchandises » largement plus lourdes au poids de leurs corps.
De plus, à chaque fois qu’il voyait des fourmis s’enfoncer dans le sol, il aurait bien voulu les suivre pour voir ce qu’il y avait exactement dans leur monde souterrain.
Tout cela ne cessait de le fasciner et de l’émerveiller.
Il se disait qu’il y avait forcément une intelligence plus évoluée que celle de l’homme, qui faisait mouvoir et travailler toutes ces petites bêtes.
Et puis à la ferme il avait remarqué une jeune fille, la fille de la fermière.
Elle avait à peu près son âge.
Ah qu’elle était jolie, comme une fleur qui éclot le matin. Il ne cessait de la regarder, le matin, le soir, lorsqu’il pouvait. Des fois il lui disait deux ou trois mots gentils.
Mais elle, elle ne paraissait pas faire attention à lui.
Sa vie aux champs, cette fille – plein de bonnes choses qui d’un coup, l’avait éloigné de son train-train habituel, des rythmes scolaires, et des copains et copines.
Mais un jour passant devant son établissement – les nombreux zéros qu’il avait eus au cours de l’année, et les moqueries de certains de ses professeurs refirent subitement surface dans sa tête.
En réaction, il se dit, pourquoi pas, qu’il pouvait faire une blague bien salée à l’institution.
Mais quoi ?
Il pourrait remplir la cour du collège d’une quantité impressionnante de purin.
Oh cela demandait beaucoup de travail. Mais il ferait ça à quel moment : la nuit, le jour ?
Il pensa aussi à l’option du feu. Voir le bâtiment partir en flammes, avec un beau feu d’artifice la nuit. Quelle belle vengeance pour lui.
Une belle vacherie en somme.
Un après-midi dans le pré, une vache qui était en train de brouter tranquillement, le dévisagea bizarrement. Elle semblait lire dans ses pensées. Qu’il allait faire quelque chose de malsain, de répréhensible à la société. Elle eut un regard noir à son égard, comme pour lui signifier : attention, si tu mets le feu au collège ce n’est pas bien, c’est trop méchant.
Alors il changea d’optique. Il se dit que la vache voyait juste. Qu’il allait faire une énorme bêtise, qui pouvait lui coûter cher. Si les gendarmes un jour découvraient l’auteur de l’incendie, il devrait le payer.
Tout en regardant l’animal continuer à manger, il se dit qu’il allait faire quelque chose de plus classique. De plus banal.
Il fit le rapprochement avec « La vache qui rit ». Un fromage ou plusieurs feraient l’affaire.
C’est ça il allait mettre dans le bureau du directeur du collège, quelques spécimens bien puants.
Comme ça à la rentrée, le cher monsieur allait commençait à bosser dans une atmosphère bien parfumée.
Quelques fromages dans le bureau du dirlo, bien planqués, pour purifier l’air … Ah ah.
Une belle vacherie, après la vache qui rit : quel charivari, le chat ravit se pourlèche les babines. « Trou y a , rat s’y mis, chat l’y pris chat l’y goba ».
Tellement facile, en fait, mais la souris préfère danser le cha cha cha.
Ras le bol des vacheries, une belle, en plus : sont-ce des galets ? Des graviers ? Du sable ? Dans ce fameux pot de la vie, qui manque d’eau d’ailleurs…
Un zest de fiel, pour agrémenter quelque plat ? Histoire de faire passer la soupe à la grimace ? Et comme chantait l’autre : ça sert à quoi le cochonnet quand t’as pas les boules ? La pétanque, en pétard, ça pétarade en une salve acerbe, ou Serbe ?
oups, y’avait l’eau : peut-être la coupe est-elle pleine, au fond !
Prenez votre stylo par les cornes et racontez-nous une belle vacherie.
Ce matin, ayant à peine fini de déjeuner, j’ai pris mon stylo par les cornes, façon de parler, une feuille de papier quadrillé, et j’ai écrit une missive anonyme à mon ex. qui m’a fait porter des cornes, et, le comble, avec mon meilleur ami ; celui à qui je racontais mes fredaines amoureuses.
Me faisant passer « pour un ami qui vous veut du bien » je lui révélais que son compagnon la trompait, et cela, depuis des années et pas qu’avec une mais des femmes de leur propre milieu ou d’illustres inconnues.
Il savait qu’elle éprouverait beaucoup de peine en lisant ces lignes mais Ph Sollers n’a-t-il pas écrit « « Un homme averti en vaut deux, une femme trois. C’est une loi. ».
Je suis de tout cœur avec vous……
Le taureau
Lucille ruminait paisiblement,au milieu de ses copines . Yeux en amande , robe sablonneuse, cornes en forme de lyre, elle était charmante…lorsque le seigneur de ces dames passait dans le troupeau ,c’est vers elle qu’il s’arrêtait le plus souvent , frottant
son mufle sur sa tête et son dos. Encolure puissante, robe fauve, presque noire sur la nuque, c’était un magnifique taureau de race aubrac, qui faisait la fierté de son propriétaire . Quoique…
Au fil des jours, un observateur un peu attentif aurait pu remarquer que Sa Majesté El Toro s’arrêtait de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps auprès de sa favorite, la câlinant de son mufle puissant, mais délaissant les autres dames de son harem. Ces cajoleries faisaient la joie des randonneurs qui cheminaient entre les prés ; on s’attendrissait, on s’extasiait, on photographiait..
Le propriétaire du troupeau ,lui, ne s’extasiait pas du tout ; il commençait même à en avoir assez ! Voilà ce gros nigaud de taureau, choisi pour ses qualités de reproducteur, qui néglige tous ses devoirs parce qu’il est,bon sang de bonsoir, il est amoureux !
« Il va falloir que ça cesse ! » décréta l’éleveur, et il décida de conduire la séductrice à l’abattoir le plus rapidement possible.
Ô malheureuse Lucille !
La voici donc poussée sans ménagement dans une bétaillère ; elle meugle désespérément ! Son amoureux se met à mugir, il gratte le sol avec ses sabots, il charge la bétaillère !
« Ah ! Tu ne veux pas la quitter , eh bien tu pars à l’abattoir toi aussi, hurle l’éleveur, hystérique.
Réunis dans la bétaillère, la taureau et sa compagne se serrent l’un contre l’autre, ils regardent défiler le paysage .
A l’arrivée, ils sont brutalement séparés, on les pousse, on les tire, ils se retrouvent coincés au milieu d’autres bovins aussi affolés qu’eux ; c’est l’horreur !
« Au secours ! »crie Lucille
Elle se retrouve assise sur son lit, le coeur battant la chamade ; son mari allume la lumière.
« Qu’est-ce qui se passe ? »
« Je viens de faire un rêve affreux.. »
« Pas aussi affreux que le mien ,rétorque-t-il, j’ai rêvé que j’étais un taureau aubrac et on m’envoyait à l’abattoir pour me punir d’être amoureux d’une vache et elle aussi la pauvre, et…. pourquoi tu me regardes comme ça? »
Lucille le dévisage ,encore haletante .
« Ecoute dit-elle enfin, promets-moi qu à partir de maintenant, on ne mangera plus un seul steak , jamais plus ! »
Et elle éclate en sanglots..
Deux couples d’amis nous avaient incités à venir les rejoindre au Portugal.
Je me montrais réticente à l’idée de faire du camping itinérant dans un pays étranger avec un enfant de 17 mois.
Les amis furent encourageants nous assurant qu’ils participeraient à la prise en charge du bambin.
Nous avions convenu de nous retrouver à une date précise, devant l’église d’un village proche de Porto, repéré sur la carte routière. Le téléphone cellulaire n’était pas encore d’actualité !
Nous arrivâmes une ou deux nuits avant le reste du groupe et nous installâmes au camping.
Je pus expérimenter le matériel que j’avais soigneusement choisi pour que rien ne manque aux soins du petit Stéphane.
Ainsi, les bouteilles d’eau minérale, les couches, la glacière et une multitude de petites choses trouvèrent leur utilité.
Stéphane était un enfant plein de vie et fier d’une autonomie récente qui lui permettait de se déplacer aisément avec rapidité mais sans la moindre notion du danger. Il expérimentait tout avec gourmandise.
Aux date et heure convenues, nous nous rendîmes au lieu de retrouvailles déterminé. Malheureusement, nous avions choisi, sans le savoir, peut-être l’unique village portugais dénué de tout lieu de culte ! Mais le groupe n’était pas de ceux qui reculent à la première difficulté. Au contraire, cela pimentait ce début de vacances d’un petit côté inédit qui correspondait à l’état d’esprit ambiant qui préférait le mot Aventure au mot Habitude.
Enfin réunis, les quatre nouveaux venus nous accompagnèrent jusqu’au camping choisi. De toute évidence, le décor de tentes alignées, de tables de camping aux fauteuils assortis ne correspondait pas du tout à la notion de vacances et de camping sauvage auxquels aspiraient nos amis.
Dès ce premier soir, je subis leurs sarcasmes quand ils prirent conscience que ma petite installation n’était peut-être pas si éloignée de celle des familles portugaises qui nous entouraient. Je ne fis aucun commentaire même si, de voir le groupe fondre sur mes diverses réserves, me paraissait un peu singulier. Il ironisait mais appréciait le papier toilette, les couteaux, etc.
Le lendemain, nous reprîmes la route à la découverte d’espaces sauvages dans les forêts d’eucalyptus ou sur la côte.
Les deux autres couples n’avaient pas encore d’enfant et, je ne tardais pas à m’en rendre compte, étaient en pleine crise « maritale ».
Je passais mon temps à courir après Stéphane afin d’éviter qu’il ne lui arrive quelque accident. Un jour, épuisée et me sentant bien peu épaulée, je suggérais que nous nous procurions un harnais pour maintenir le petit à proximité. Son père poussa de hauts cris : Comment, mettre Stéphane en laisse ! Il n’en était pas question.
Je n’insistais pas et continuais à faire le gué afin d’éviter que le petit casse-cou n’avale n’importe quelle cochonnerie trouvée au sol ou ne se noie.
Un soir, le groupe décida de dîner au restaurant. Ce fut épique ! Stéphane avait trouvé l’interrupteur qui arrêtait le fonctionnement d’une armoire réfrigérée où étaient stockés les crèmes glacées et autres desserts que la température extérieure rendait indispensable. La tenancière de l’établissement se montra compréhensible un petit quart d’heure puis prit un regard contrarié, puis totalement courroucé, craignant, au trentième arrêt du moteur que non seulement ses desserts ne tournent mais aussi que le mécanisme ne résiste pas à ces arrêts intempestifs.
Sous la tente, ce n’était guère plus simple. Stéphane, habitué à un lit à barreaux, se retrouvait allongé sur un matelas de mousse, une structure mole sur laquelle il ne réussissait pas à se caler. Aussi, effectuait-il des reptations, reculant jusqu’à l’épuisement dans cet espace pourtant exigu.
Un autre soir, afin de lutter contre les moustiques que nos peaux nues attiraient, un feu de camp fut allumé avec des branches d’eucalyptus sèches, susceptibles de repousser les insectes.
Mon épuisement devait être tel que, ne réussissant pas, ce soir-là à alimenter le petit, je fus prise d’une crise de violence meurtrière, au cours de laquelle, la seule issue que je vis à ces vacances infernales, fut de mettre le feu à la tente, symbole de mes frustrations.
Je fulminais en pensant que trois de mes quatre semaines annuelles de congés étaient en train de disparaître dans ce séjour.
Je ne me souviens pas de la fin de cette soirée mais je ne mis pas le feu à notre campement.
Le lendemain, à Nazaré, Stéphane débuta une gastro-entérite sévère qui nous contraint à rentrer sur-le-champ en France, pour le cas où, la déshydratation nécessiterait une hospitalisation.
Cette année-là, j’aurais préférée être privé de vacances que d’avoir à vivre ce séjour.
Il me fallut 25 ans avant d’accepter retourner au Portugal !
– Véro, cette nuit j’ai pris mon stylo par les cornes, et j’ai écrit pour toi une poésie.
– Oh ! La vache ! Pauvre stylo ! Tu as joué au matador ? Cela t’a inspiré ?
– Ne sois pas acerbe, Véronique. Lis. Tu verras.
– D’accord. Passe-moi ta muleta !
– Tu n’es pas drôle.
Il lui tendit la feuille cornée, froissée, raturée. Une larme a dû s’y perdre. Elle ne voulait pas lui faire de peine, alors elle n’a pas énoncé à haute voix le fond de sa pensée. Elle alla s’asseoir dans son fauteuil défraîchi et lut dans un silence angoissant. Surtout pour le Créateur. Il a fallu les notes furieuses de l’horloge pour redonner un semblant de vie dans ce cocon fragile. L’estocade serait pour plus tard.
– Bon ! Bien ! Euh ! … Regarde, l’aiguille des secondes tourne de nouveau à l’envers ! Tu devrais lui dire de ne plus faire ces simagrées, tu sais bien que je ne le supporte pas.
– Oui, Chérie. Je m’en occuperai tout à la minute. Mais ma poésie ?
– Euh, c’est-à-dire que…Je suis tellement bouleversée que je ne trouve plus mes mots.
– Ah ! Mon amour, je savais bien que cela te plairait !
– Je sais que tu as fait de ton mieux… mais…
– Voilà, tu recommences. Tu vas encore m’humilier. Je n’ai pas ton talent, j’en suis conscient. Fais un effort. Tu m’énerves. J’en ai marre. Je retourne chez ma mère.
La colère était en lui. Il lui arracha des mains la feuille, la froissa et mit son œuvre à la corbeille.
Placide, Véronique se leva, passa devant lui en faisant un clin d’œil langoureux et alla récupérer le papier coupable.
– Je vais lire à haute voix les mots écrits sur ce feuillet :
« Ne pas oublier :
De clore les persiennes,
D’arrêter la chaudière.
D’ouvrir le frigo.
De… »
– Nom d’un taureau, c’est notre liste de vérification quand nous partons en voyage.
– Tu n’as plus l’air d’un torero ! Alors, mets ton habit de lumières et lis-moi ce poème tant attendu !
CONFESSION INTIME
Cher journal,
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas écrit, mais tu es le seul à qui je peux me confier, alors voilà :
Je t’avais déjà parlé de mon colocataire, celui qui est arrivé juste après le départ de ma meilleure amie.
Il continue de m’humilier devant les autres. Je ne supporte plus ses moqueries. Trop c’est trop !
Hier, il avait une audition à passer…
Et cette semaine, j’étais de corvée de linge…
Il m’avait demandé de lui laver son pantalon fétiche, c’est ce que j’ai fait… Je le lui ai même repassé (sauf que j’ai pris soin de le découdre légèrement, mais très légèrement, juste au niveau des fesses).
Au moment de s’habiller, il s’est rendu compte qu’il n’avait plus de caleçon propre, alors il est entré en furie dans ma chambre me sommant de lui en trouver un coûte que coûte !…
Coûte que coûte, je suis allée dans sa chambre et ai retrouvé le caleçon que nous lui avions offert pour son anniversaire… Tu sais, le genre de cadeau que tu offres juste pour rigoler…
Sur le sien était écrit au verso “OQP”…
Je lui suggère de le mettre, il me fait tout un patacaisse : “hors de question de mettre ce caleçon pour mon audition !”
Je me dirige vers la panière suivie de mon colocataire et trouve, “oh mon dieu”, tous ses autres caleçons restés dans le fond…
Je le convainc enfin de mettre le seul qu’il a : “de toute façon ça ne se verra pas” !…
L’heure tourne, il n’a pas le choix, il s’habille vite fait et puis s’en va…
Oh là là cher journal, si tu savais comme je m’en veux…
Le soir est arrivé et à minuit passé, il n’était toujours pas rentré…
Nous étions tous inquiets. Malgré nos messages : “où est-ce que tu es ?”, aucune réponse ne venait.
2 heures sonnaient quand enfin il rentrait, visiblement un peu éméché…
Il est entré dans le salon, faisant mine de ne pas tituber, s’est affalé dans le canapé, puis nous a tout raconté : “j’ai passé la journée la plus humiliante de toute ma vie ! J’étais dans le métro quand j’ai fait tomber mon stylo que je venais de sortir de ma sacoche. Je me suis baissé pour le ramasser… mon pantalon a craqué…, j’ai entendu des rires étouffés, tous les regards étaient braqués sur moi. Je suis sorti à la première station et j’ai couru, couru jusqu’à ce que je trouve un banc. Je suis resté assis là… Je ne voulais plus bouger. Un SDF s’est approché et nous avons partagé une bouteille de vin, puis deux, puis trois. Et voilà, j’ai loupé mon audition les gars, j’ai loupé mon audition !…”
Il nous explique qu’il a dû attendre la nuit pour appeler un taxi et que quand il en est sorti, celui-ci s’est moqué de lui…
Quand je préparais mon coup, j’avais un petit sourire en coin mais maintenant je ne me sens pas bien du tout.
Il n’y a qu’à toi que je peux confier cela… J’espère que je vais pouvoir me rattraper mais je ne sais pas comment pour le moment…
°°0°°
Après avoir lu la confession de sa colocataire, son sang ne fait qu’un tour. Il referme le journal intime et le remet à sa place, retourne dans sa chambre, s’allonge sur son lit et commence à ruminer sa vengeance…
🐻 NOIRE INGRATITUDE
C’était à la porte de l’étable. Il tendait son doigt vers moi.
-Tu t’es vu ?
Il n’avait fait que me dire la vérité. C’était humiliant. On n’attaque pas les gens sur leur physique. Me rappeler mes échecs, de plus, prétendre qu’on passe l’éponge, ce n’était plus de la charité. Moi, j’appelle ça de la goujaterie !
J’avais la main qui me démangeait et, prête à lui expédier un aller et retour sur sa tête à claques. Je me contins.
De là à se dire mon ami, après tout ce qu’il m’avait fait, avec son air cauteleux, mon point jaillit ! Il eut un bel œil au beurre noir !
Avec son air piteux, il me rappelait Girouette, mon jack russel quand je le réprimandais. Partagé entre le rire et les larmes, je courus acheter une escalope afin de décongestionner son cocard. Croyez-vous qu’il me remercia de mon bon geste ?🐻
Penchée sur son bloc-sténo, Manon s’applique à prendre notes de l’importante réunion de ce jour. Lorsque le directeur de l’entreprise en vient à s’adresser à l’assemblée, ne voilà-t-il pas que le téléphone de Manon la fait sursauter. Pour une fois, elle a oublié de l’éteindre ! Gênée, elle s’excuse de cette interruption et remarque, avant de couper le sifflet de cet intrus, qu’il s’agit de sa mère qui n’a pas encore compris qu’elle ne veut pas être dérangée durant ses heures de boulot. Combien de fois l’a-t-elle briefée ?, mais ça rentre par une oreille et ça sort par l’autre. Elle se dit qu’elle ne perd pourtant pas la boule et qu’elle a une mémoire d’éléphant, quand elle veut et, surtout, quand ça l’arrange !
De retour dans son bureau, Manon la rappelle.
– Pourquoi tu n’as pas répondu tout à l’heure ? J’ai même appelé dans ton bureau et personne n’a répondu, s’indigne sa mère.
– Nom d’un chien, je te l’ai dit hier soir que j’avais une réunion très importante aujourd’hui ! s’agace-t-elle. La honte que j’ai eue ! Tu m’as dérangée alors que j’étais en présence de toute la direction de l’entreprise. Qu’est-ce que tu avais de si urgent à me dire ?
– Je t’appelais pour que tu viennes cueillir des cerises avant que les merles les bouffent toutes. Et tu sais combien j’aime faire des cadeaux.
Et les blablas continuent : untel est mort dans son quartier, le chien se gratte, les rosiers sont pleins de pucerons, une branche de l’arbre du voisin lui fait trop d’ombre…
Manon, éreintée par sa journée et qui n’a que l’envie de rentrer chez elle, émet des « ah ! », des « à bon ! » tout en rangeant son bureau. Elle prétexte que son portable n’a plus de batterie pour avoir, enfin, la paix.
Le lendemain, après son boulot, elle se coltine la traversée de la ville, toujours embouteillée aux heures de pointe, puis se met à la cueillette des fruits. Lorsque son petit panier est bien garni, sa mère en renverse les trois quarts dans un sac.
– C’est pour apporter à ton frère et sa famille. Ils vont bien se régaler. Lui, il travaille et il n’a pas le temps de venir.
– Ah ! fait Manon éberluée. In petto, elle se dit que son frérot n’habite pas loin, lui, et elle ne cherche même plus à comprendre.
Soudain, sa mère zieute le panier et pousse une beuglante à faire fuir les étourneaux tout en brandissant un pendant d’oreille.
– Tu es bigleuse ou quoi ? Tu n’as pas vu que celle-ci à un côté qui n’est pas mûr !
Et sous les yeux ébahis de sa fille, elle accroche les sœurs jumelles à une branche de l’arbre afin qu’elles prennent des couleurs.
Toujours sur un ton de commandante en chef, elle rajoute :
– Il en reste plein à la cime, je n’aime pas ce gaspillage. Alors, tu diras à ton mari qu’il vienne demain avec son échelle, car j’en ai marre de rester postée dans le jardin pour faire fuir les oiseaux avec mon pistolet à billes.
Prenant le taureau par les cornes, Manon réplique :
– Lui aussi travaille jusqu’à point d’heure et il ne va certainement pas se taper cinquante bornes et les bouchons pour cueillir et ramener une poignée de cerises, bien mûres si possible !
– Ah, je savais pas qu’il travaillait si tard, réplique sa mère s’en retournant dans sa maison avec son sac de cerises.
Durant le trajet du retour, pestant sur ces embouteillages qui lui laissent le temps de manger ses burlalts qui se battent en duel au fond du panier, Manon cogite sur les vacheries de sa mère et se dit qu’elle ira au marché pour s’offrir deux bons kilos de bigarreaux et régaler sa famille.
Prenez votre stylo par les cornes et racontez-nous une belle vacherie.
Ah ! Ah ! trop nul cet écrivain, ça sert à quoi les ordis, la prétentieuse informatique ? on m’a fait un extraordinaire branchement hier avec de la fibre de verre minuscule, le pauvre technicien en a bavé pour arriver à ses fins, 2 heures à 4 pattes au milieu des tiroirs de bureau, et de quelques araignées bien planquées dans le coin ! Oups … je n’avais pas passé l’aspiro derrière, faut pas exagérer non plus ! qui va ausculter derrière un bureau collé au mur ?
Bon tout est en place les petits fils bien cachés et protégés, oui, ma petite chienne s’y intéressait de trop près.
Tout fonctionne et vite ! pas le temps d’ouvrir les messages que déjà ils sont là trépignants sur mon écran, même plus le temps de se limer les ongles en attendant que « monsieur » Google débarque, s’installe tranquillement redemande 3 fois : « mot de passe » C’est vachement bien !
Mais…finalement un bon vieux stylo qu’on tient bien en main qui est doux dans votre paume qui se laisse envelopper tendrement de vos doigts amoureux qui vous connais ,qu’on caresse quand l’inspiration met quelques minutes à éclore c’est quand même le pied ! on le serre fort ,si on est au bord d’une émotion et l’écriture se transforme, se rétracte ou s’allonge selon les mots , la plume suit nos sourires, nos pensées, habille nos larmes de douceur, balafre le papier dans un moment de colère, puis la plume se fait légère et l’écriture s’estompe presque , devient discrète, pour dire les instants secrets.
Le stylo ne souligne rien en rouge ! n’ajoute, ni ne retire de virgules, ne vous dit pas, « vous avez répété 2 fois le mot, » évidemment, c’est important parfois d’insister !
Voilà, voilà, voilà, tient ça en fait 3.
Mon bon vieux stylo à cornes, sculpté dans des bois d’antilope, (offert par un splendide musicien Africain, ardent passionné de poésie.) Il murmure à mon oreille : « fais-leur une belle vacherie, retape tout sur ton ordi sinon tu ne pourras pas leur transmettre notre message D’amour puisque le Lokole! est aussi devenu la propriété de « Mr Google »
« L’amazon » prend tout en charge, messages, livraison, service tout compris, mais on ne paie plus avec des coquillages de nacre irisée.
Quelle belle vacherie
( Le lokole est un tambour à fente traditionnel de la peuplade mongo et utilisé dans différentes régions de la République du Congo et de la République démocratique du Congo, notamment au Kasaï.
.
Le lokolé est utilisé tant comme instrument de musique que comme tambour pour envoyer des messages dans la brousse, )
Ah mais non,
Il n’en est pas question …
La douce bovine rumine dans son coin
Sans pouvoir ravaler son chagrin
Monter à Paris
Avec le statut d’égérie
Jouer à la star
Arriver au Salon en fanfare
Poser comme un mannequin
Le regard hautain
Être chouchoutée, bichonnée
Avoir sa tête sur les affiches
Sur toutes les colonnes Morris
Comme les plus belles actrices
Elle en rêve depuis tant d’ années !
Mais René a fait son choix
Plouf, plouf, ce ne sera pas toi
Le fier agriculteur
A choisi de mettre en valeur
Joséphine, une autre bovine
Pour quelques grammes de différence
C’est elle qui représentera la France
Au grand dam de notre douce bovine
Qui, la fieffée coquine,
Un jour se vengera
Toute l’herbe elle avalera
Aucun brin ne lui échappera
Le cheptel elle affamera
Et l’unique elle deviendra !
– Charles, Charles, tais-toi tu nous fatigues,
– Charles, Charles, va dans ta chambre, tu nous gênes,
– Charles, Charles, va au lit on t’a assez vu aujourd’hui.
Charles n’en peut plus de ces parents sans cœur qui le martyrisent.
Alors, dans sa chambre, seul et triste, Charles écrit.
Il écrit des histoires pour les petits enfants.
Et c’est en pensant fortement à ses parents que naquit un soir « LE PETIT POUCET».
Hé oui…. Il fallait vivre ce qu’il vivait pour inventer pareille histoire.
D’où voulez-vous que lui soit venue une telle inspiration ?
«Des parents soi-disant trop pauvres pour nourrir leurs enfants, qui décident tout simplement de s’en débarrasser ? » fallait quand même y penser !!!
Et le pire du pire, s’en débarrasser, ok !…mais en les perdant dans la forêt !
Si c’est pas une belle vacherie ça ?!!!
Moi, ça ne me serait jamais venu à l’idée !
Mais je ne suis pas fille martyre des Perrault !
Remarquez… Xavier Dupont de Ligonnès ! Mais bon, revenons à Charles.
Et puis tous ces ogres, et tous ces loups dans ces histoires effrayantes… vous ne pensez pas qu’il a été durement traumatisé par son enfance le Charles ?
Pour moi, il n’y a pas d’autre explication.
Par la suite, lorsqu’il rencontra le succès, M. et Mme PERRAULT se trouvèrent bien obligés de faire bonne figure.
Ils durent accepter tous les compliments qu’on leur faisait sur leur fils en souriant immuablement.
Une vraie torture pour eux.
Et lorsqu’ils se retrouvaient tous les trois réunis à table, Charles parlait, parlait, parlait… et M. et Mme Perrault mangeaient en silence, tête baissée.
Un soir Charles leur dit :
– Père, Mère, finalement, merci pour votre cruauté !
Ils s’étranglèrent et se turent à jamais.
Un autre jour, Colbert le reçoit et lui demande :
– Mais d’où vous vient ce talent mon cher ?
– De mes parents tout simplement Monsieur !
Il n’en était plus à une vacherie près…
🐀 CARABISTOUILLE
Ce matin un oiseau s’est perché sur les cornes de mon stylo. Un oiseau piquebœuf qui par la couleur rouge de son bec annonçait l’humeur. Un peu ventru et plutôt bon-enfant le porte plume se serait laisser prendre pour perchoir si l’hôte parasite n’avait pas fait venir les copains. Un oiseau mutualiste !…
Tss…tsss..Le stylo énervé se mit à gratter de la patte et levant la queue laissa s’étendre une grosse tâche bien nauséabonde qui eut le mérite d’attirer une cohorte de charbonneuses.
Ah ! Les vaches de bougnates ! Elles se mirent aussitôt à l’attaque.
Qui sera vainqueur dans cette carabistouille ? du piquebœuf, des asticoteuses, du stylo à cornes ?
Le plus vachard comme d’habitude. 🐀
Lui, c’est un petit con mais c’était mon homme. Le cœur a ses raisons, le corps en a d’autres. Elle est arrivée, boucles blondes, bouche en cœur, seins en avant et popotin toujours moulé dans des jupes très courtes. Elle a jeté son dévolu sur le petit con et je n’ai rien pu faire.
J’ai continué de sourire. J’ai dit un de perdu, dix de retrouvé. J’ai même fait ami-ami avec le couple. La vengeance est un plat qui se mange froid.
Elle c’est une donzelle avec un pois chiche en guise de cerveau . Elle dépense des fortunes en crème de toutes sortes. Les beaux jours arrivent. Elle passe des heures au soleil pour se faire un hâle irrésistible.
« Hein mon minou, tu adores ça »
« Oui mamour tu es si belle » Pauvres cloches !!!
Je leur ai fait un cadeau : crème solaire et huile protectrice solaire pour cheveux, de grande marque bien sûr. Ils ont fait des tonnes de remerciements.
« Mais non, ce n’est rien. Ça me fait tellement plaisir » j’ai dit. Je buvais du petit lait.
Dans les produits j’ai rajouté de l’huile essentielle de citron et je n’ai pas lésiné sur la quantité.
L’huile essentielle de citron est extrêmement photosensibilisante.
Je les ai suivi jusqu’à la plage. Ils sont en train de se pommader. Profitez bien, ça ne va pas durer. Dans deux à trois heures, vive les cloques, les brûlures, peut être des tâches indélébiles si j’ai de la chance. Faut que je m’occupe de leur bagnole. Quelques gouttes d’huile essentielle de citron sur la carrosserie en plein soleil doivent faire un effet détonnant.
J’adore, j’adore, j’adore.
Il faut que je vous raconte une histoire, une vacherie, allez je prend mon stylo par les cornes.
Il était une fois, une belle et grosse vache
Toute rousse, si belle, qu’elle faisait tache
Parmi ces copines, noires et blanches, les vaches
Elle était la seule sans aucune tâche
Les autres étaient si pâles avec leurs moustaches
En plus, elles l’ignoraient, si lâches
Alors, la belle, pas peu fière, pris l’arrache
Sous les yeux penauds de ces sales vaches
Rejoindre, au fond du pré, un beau taureau, oh la vache !
Ensemble, brouter de la mâche
Et se raconter des histoires vaches
Heureusement que son amie, la cochonne était absente, sinon bonjour le clash
Allez, adieu les peaux de vache
Restez jalouses. Au fait, je m’appelle Pistache.
— M’euh ! J’ai pas envie.
— Allez, juste une petite, Gaston, qu’on rigole un peu !
— Comme l’autre jour en classe ? Tu me souffles une belle ânerie, tout le monde rit et c’est moi qui finis au piquet avec le bonnet d’âne. Non merci !
— Hihi ! Qu’est-ce qu’on a ri, han ! la vache ! … Allez, une petite vacherie ! Sur la maîtresse, cette peau de vache. La récré n’est pas finie.
— Non, j’te dis ! C’est fini, je ne te raconterai plus rien, et encore moins de cochonneries sous les tables, pour que tu les répètes à autrui en me faisant passer pour le cohcon de service.
— Rrrrho ! qu’est-ce tu peux être susceptible !
Driiiiiiing !
— Les enfants, aujourd’hui, je vais vous demander de prendre votre stylo par les cornes – c’est une expression qui veut dire : allez-y franchement, surmontez vos difficultés, appliquez-vous ! – et racontez-moi une belle histoire.
— Allez, Gaston !
— M’euh !!!
« Un jour, j’ais visité une belle vacherit avec des belles vaches qui faisé du vachment bon Saint-Nec. J’ais eu droit de traire Caroline. Elle s’appellait comme vous, maitresse. Mais elle ne vous ressemblais pas, même si elle meglais pareil quand je m’appliqué pas. Alors je me suis apliqué et j’ais remplit un sot de lait. C’étais beau, c’étais tout blanc, c’étais aussi tout chaud quand j’ais bu dans une cuillière. Un moment, Caroline elle a tourné la tête et a sortit sa grosse langue jusqu’à son œil. On aurais dis qu’elle étais contante. Je crois que je suis tomber amoureu d’une vache. C’est possible ? Depuis j’y retourne deux fois par semaine, le mercredi et le samedi. Et quand je vous vois, maitresse, je vous imagine dans sa peau. C’est possible ? »
Une semaine plus tard.
— Gaston Labourde ! Continue comme cela et tu pourrais redoubler une troisième fois et ne jamais voir le collège. Ton cahier de correspondance !
Bravo, Antonio ! Merci pour cette belle tranche de rigolade. N’est-ce pas que c’est bon le Saint-Nec ?
ahah! Merci Fanny.
J’en ai ramené un bon du côté de Montaigut-le-Blanc, tout beau, tout entier et bien crémeux. 😉
LA PILULE DE VIE
Assise dans ma voiture, trempée jusqu’aux os, la pluie ne cesse de tomber. Je la vois s’abattre sur mon pare brise, je ne l’entends pas, le vent souffle si fort, je ne l’entends pas non plus. J’occulte tout ce qui est autour de moi ainsi que cette météo peu clémente comme si elle se voulait complice de cette annonce me plongeant davantage dans cette tristesse. Oui, ce jour là n’est pas un bon jour pour Rose, c’est une veritable vacherie qui lui tombe dessus, c’est le cas de le dire. Elle sait enfin pourquoi ces symptômes lui pourrissent la vie depuis un temps certain. Elle sait maintenant, elle sait ce qui lui arrive, désormais, elle peut mettre un mot sur ces maux, depuis tout ce temps où elle se questionnait, où elle se doutait aussi.
Elle comprend pourquoi elle n’arrive plus à fermer les boutons de ses robes, à lacer ses chaussures, à ouvrir un paquet de jambon. Sans parler de la caissière qui lui balance à un rythme effrenné, sans discontinuité ses articles posés sur le tapis, ses dyskinésies, où vous gigotez tel un pantin désarticulé, d’ailleurs, à une époque on disait “il a la danse de Saint Gui”, ses dystonies, contractions involontaires musculaires très douloureuses où elle ne peut marcher, promener son chien, qui n’a qu’une seule envie, pisser, sans parler de ce poids que tu portes, tout est si lourd.
Rose a 40 ans, elle est jolie et travaille dans le socioculturel, elle est maman de trois enfants. Elle vient d’apprendre qu’elle est touchée par une maladie neurodegenerative évolutive. La maladie de Parkinson. Une maladie du mouvement où tu ne contrôle plus ton corps, où le moindre geste qui parait anodin devient si compliqué. Ironie du sort, Rose, a toujours voulu tout maitriser. Peut être ne sait elle pas assez occuper de son corps mais des si, pourquoi et comment ne changeront rien.
Comment annoncé cette nouvelle ? et quelle place dans cette société où tout doit être parfait ?
Cette lucidité et cette lenteur avérée lui font comprendre que c’est désormais son chemin, le sien, tout escamoté, certes, mais à elle. Tout n’est pas gagné mais elle rêve toujours de lendemains. Son présent prend tout son sens dorénavant, la vie est un cadeau malgré tout.
Quelques années plus tard, Rose, seule désormais, ses enfants devenus grands, voit la vit autrement, avance vaille que vaille, avec sa pilule de vie, l’important est de ne pas rompre l’isolement car entre ce qui est dit, existe et ce qui est vécu, il y a parfois un fossé. Il y a parfois de bons et mauvais moments mais elle a la chance d’être toujours là, avec toujours des envies et des projets, continuant à relever des défis, encore un aujourd’hui, celui de prendre le stylo par les cornes et de raconter une belle vacherie. Ce n’est pas rien.
Rien a toute son importance, a tellement de sens, il est le contraire de l’abondance, il donne envie d’avoir tout car le tout nous fait oublier le rien. Avec tout, on se sent bien, on se sent pas moins que rien, parfois on gagne, parfois on perd, alors je tente le tout pour le tout, préférant le tout au rien.
La complainte de la vache
» Tous les boeufs,tous les boeufs aimaient la vache
Mais la vache
La belle vache
N’en aimait aucun d’eux
Elle aimait un taureau
La vaaaacheux
un beau taureau de Bilbao….. »
rencontré dans un rodéo.
A la queues leu leu les boeufs,tête basse,s’en retournèrent chez eux.
La belle vache suivit son taureau de rodéo en rodéo.Il lui quelques veaux vendus au hasard des foires.
Il l’abandonna sur une aire d’autoroute, entre Pau et Bordeaux.Elle y vécut de ses charmes jusqu’à ce qu’un maquignon ne l’embarque au marché aux bestiaux de Lacanau.
Pleurez,pleurez braves gens le sort de la pauvre bête, qui fini sur l’étal d’un boucher, entre une paire de rognons et une tête de veau .
J’aime beaucoup
merci d’aimer ce texte,j’y ai mis tout mon coeur si je puis dire.
Belle jour née à vous
Prenez votre stylo par les cornes et racontez-nous une belle vacherie
On ne peut pas dire qu’elle était vraiment belle, cette vacherie. Ce n’est pas ce qui me venait à l’esprit quand je pénétrais dans l’étable. Il fallait d’abord que mes yeux s’acclimatent un peu à l’obscurité. Avant de les voir, j’avais entendu leur meuglement. Et maintenant que je marchais à tâtons vers l’interrupteur, j’étais saisis par l’odeur. Celle du foin frais mélangé à la bouse, aux arômes de fleurs et d’un fumet piquant qui me chatouillait les naseaux. J’avais un peu peur pour ne pas dire beaucoup de ces mastodontes imposants et de leur regard noir. Elles étaient immenses, et je n’en menais pas large au milieu de ces géantes qui auraient pu m’envoyer valser. J’écoutais scrupuleusement mon grand-père qui lui, savait leur parler.
En fait, si, elle était belle cette vacherie. Parce que c’est un souvenir précieux de mon enfance. Une image de troupeau à un moment où seul comptait le présent, où l’unique interrogation était de savoir combien on trouverait d’œufs en allant voir dans les niches des poules en liberté qui pondaient partout dans les trous de mur sauf dans le poulailler, un moment où la vacherie était juste toutes les belles dames réunies à la démarche chaloupée que je suivais en les guidant maladroitement vers les prés. Cette vacherie avait le parfum du printemps et des vacances d’été à une époque et dans un lieu où l’insouciance prenait tout son sens.
Elle était perchée sur le petit muret de la maison d’à côté, a priori, rien ne semblait pouvoir troubler cette journée qui semblait commencer a merveille.
La température de 28 degrés prévue était finalement descendue a 23 ce qui n’était pas pour lui déplaire car elle ne supportait plus vraiment le soleil.
Elle aimait le temps frais et la chaleur mêlée de la brise qui caressait son visage.
Alors elle contemplait la beauté de la nature,et c’était merveilleux.
Que de beauté dans ne serait ce qu’une petite feuille ou une fleur poussée par là et par ici.
Elle en était émue.
Alors elle décida qu’elle ne ferait rien aujourd’hui et qu’elle n’irait pas visiter cette île dont elle avait entendu parler, elle décida de décommander.
Plus tôt dans sa vie elle pensait que se décommander était une mauvaise action et que les autres en subiraient forcément les conséquences, mais aujourd’hui, elle savait que pour elle c’était seulement vivre.