329e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat
Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné vie.
Depuis, il lui semblait que son coeur marchait devant elle,
perché sur des talons aiguilles.
Laissez courir votre imagination pour inventer la suite
Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné vie. Depuis, il lui semblait que son coeur marchait devant elle, perché sur des talons aiguilles.
Il était rentré au pays à l’aube.
Déboussolé, déphasé, épuisé.
Il décida de séjourner uniquement dans la capitale. Elle lui avait tellement manqué !
Le premier jour, et la première nuit il dormit. Surpris par la douceur du matelas et le silence.
Le deuxième jour, il s’aventura dans les rues avoisinantes, d’un pas hésitant.
Le troisième jour, il se promena le nez en l’air, s’enivrant des parfums du quartier.
Le quatrième jour, il poussa la porte d’une brasserie et se régala du plat du jour.
Le cinquième jour, il se fondit dans la foule, écoutant la musiques des conversations et le brouhaha des musiciens et des artistes ambulants.
Le sixième jour, son corps se réveilla, ses mouvements étaient plus harmonieux, sa peau plus douce. Il poussa la porte d’un centre de thalassothérapie.
Il fêta son retour à la vie jusqu’à la tombée du soir.
Il prit un dernier verre en terrasse.
Dans quelques heures, ce serait le départ. Pour l’enfer.
Il se leva, déposa un billet dans la soucoupe, se retourna.
Elle était là.
Silhouette élancée dans une robe noire à la jupe dansante, juchée sur des talons aiguilles.
Il tomba sous le charme.
Elle sourit.
La nuit fut leur nuit.
Le septième jour, au petit matin, il glissa un feuillet dans sa chevelure blonde.
Il se leva sans bruit et s’en alla.
Il retrouva son camp, ses hommes, ses camarades de combat.
Il lui semblait qu’Elle marchait devant lui…
Silhouette dansante en ombre noire sur les pierres de la ville explosée.
Il lui semblait que son coeur marchait devant
Il lui semblait entendre le claquement de ses talons aiguilles.
Sa bottine heurta une aspérité.
Une image, la dernière de sa vie.
Il lui sembla que son coeur marchait devant, qu’elle lui tendait la main…
© Clémence.
Belle idée, beau texte à la fin aussi inattendue qu’explosive et là, ce n’est pas de petite mort qu’il s’agit !
Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné vie.
Depuis, il lui semblait que son coeur marchait devant elle, perchée sur des talons aiguilles.
Si hauts qu’ils lui permettaient de ne pas redescendre de ce septième ciel dans lequel elle flottait, son corps frémissant encore de l’instant prodigieux qu’elle venait de vivre.
Quant à son cœur il brillait du rouge du bonheur, un rouge impossible à reproduire en peinture, il restait à créer. Mais comment, avec quelles couleurs? Et pourquoi ? Ce rouge lui appartenait, puisqu’il était le résultat d’une explosion, la sienne.
Elle avait du mal à suivre ce cœur qui s’emballait et lui faisait presser le pas. Elle voulait le retenir « Ne vas pas si vite, attends, laisse-moi le temps de jouir encore un peu de l’intensité du chaos qui m’a bouleversée et redonné vie à ma vie dont je ne voulais plus.»
Son cœur devant, elle derrière, la tête dans les nuages quasiment inconsciente, ils avançaient depuis bien longtemps. Petit à petit le calme revint dans son corps et son cerveau refonctionna normalement. Le paysage qu’ils traversèrent lui était inconnu, et l’effraya. Perdue, épuisée par l’intense émotion qui avait parcouru son corps et fatigué son cœur, elle s’évanouit. Une étrange petite mort venait de se produire d’où elle revint grâce à quelques claques. Elle ouvrit les yeux. Son cœur avait repris sa place et ses chaussures étaient à ses pieds. Deux grands yeux souriants la regardaient tendrement en lui parlant d’une voix douce et sensuelle.
Depuis une semaine, elle ne vivait que d’impressions. Tantôt elle se sentait comme un flocon fondant goutte à goutte, il coulait doucement filtré par la mousse de la rive d’un ru. Elle devenait ruisseau courant sur la pente des sous-bois, enivrée d’une fraîcheur qui rosissait ses joues. L’air vif transperçait sa peau dénudée que des mains expertes frottaient aussitôt vigoureusement pour stimuler ses membres engourdis. Elle tentait de bouger mais, n’y parvenant pas, elle se consolait en retrouvant ses bosquets. Si elle était consciente, c’est qu’elle reviendrait un jour à la nature.
Tantôt elle flottait au-dessus d’elle comme un grand nuage compact confiné dans un cube. L’atmosphère lourde trahissait le poids du travail. Les impératifs de surveillance des paramètres étaient respectés. Cette règle ne devait jamais être routine. A la recherche du grain de sable ennemi, présente à son esprit, cette ambiance lui rappelait un domaine familier.
Parfois elle entendait des voix murmurer des consignes dans les lumières d’où partait une chaleur bienveillante. Celles-ci parlaient d’enfants, de journées épuisantes, de blocage et de soucis permanents. Tout était confus. Les actions planifiées débordaient de l’emploi du temps imparti. Le temps qui passe se confondait avec l’autre temps. Son sort était remis entre des mains qu’elle ne connaissait pas et qui la caressaient en respectant sa pudeur. Parfois tout s’éteignait longtemps, mais elle restait éveillé par peur de perdre la réalité du contact.
Dès qu’elle faisait un effort pour se souvenir, sa mémoire s’embrouillait. Un jour, elle entendit un journal se déplier. Une infirmière relata un accident de la route survenu à une vingtaine de kilomètres. De nuit, et par moins quinze degrés, le conducteur roulait sur l’autoroute dégagée et sèche. Il eut l’idée farfelue de se distraire sur une petite route de campagne. La température ne lui donna pas le frisson intuitif. Il s’engagea en confiance dans les bois de Mont…. Arrivée à cet endroit toujours humide, la berline accéléra dans le vide, elle chassa d’un côté puis d’un autre. Elle s’envola pendant des secondes qui parurent une éternité, un temps à partir duquel plus rien ne fut comme avant.
Une aiguille vint la ponctionner dans le pli du coude. Elle ouvrit les yeux. La mission d’explorer son moi profond venait de se terminer. L’infirmière finit son geste calmement et lui dit bonjour. Amélie renaissait à la vie. Une piqûre remettait sa trajectoire en perspective. Ce grand chêne gourmand avait pris plusieurs vies déjà. « Il n’aurait pas dû aller sur cette route de campagne sans mettre ses chaînes ou ses crampons. » Depuis, il lui semblait que son coeur marchait devant elle, perché sur des talons aiguilles. Son ange gardien l’avait protégée. Elle pourrait bientôt remarcher et faire les magasins. Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné vie.
Sacrée ironie du sort qui voulue que, aussi sportive et de forme olympique qu’elle soit, elle fut frappée d’une crise cardiaque !
C’était pas faute de faire son jogging tous les jours !
L’entraînement y a que ça de vrai, lui avait-on dit…
Alors, il y a deux ans, elle s’y était mise !
Courir, courir le matin le week-end, courir le soir la semaine. Voilà une occupation saine qui devait la maintenir en forme, aussi en forme que de manger cinq fruits et légumes par jour…
Outre l’aspect salutaire, il faut l’avouer… ce qui l’avait réellement motivée c’était un énorme coup de cœur !
Un coup de cœur comme elle n’en avait plus eu depuis le lycée !
Et le coup de cœur s’était finalement agréablement transformé en habitude et en confort !
Bon c’est sûr, avec tout ça, elle avait un peu perdu en féminité et en séduction, m’enfin bon…
L’ultime commodité et légèreté qu’elle ressentait était devenue inestimable !
Et puis patatra ! voilà qu’un matin, alors qu’elle s’apprêtait à honorer cette heureuse coutume, tout bascula…
Elle était là inerte, pâle, usée, épuisée !
Elle était simplement morte ! Morte !
Inimaginable !
Après deux ans de passion dévorante, de complicité inexprimable….
Elle était morte !
Elle était effondrée, car elle adorait, A-DO-RAIT, cette paire de basket !
Tant pis, il fallait bien enfiler quelque chose… ballerines ou stiletos par dépit…
Ça, ça lui fendait vraiment le cœur… et le pied qui était soudainement meurtri et coincé dans sa chaussure, comme privé de liberté…
Et pourtant…. Contre toutes attentes, en passant devant la glace de l’entrée, elle se vit comme elle ne s’était plus vu depuis deux ans !
Féminine !
Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné vie.
Depuis, il lui semblait que son cœur marchait devant elle, perché sur des talons aiguilles.
Et ça, c’était la classe !
Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné goût à la vie et elle se tenait là devant lui, juchée sur des talons aiguilles d’au moins dix à douze centimètre. L’important se dit’il c’est de faire la bonne mise au point. Je ne vais certes pas lui sauter dessus du jour au lendemain; non, je dois y aller doucement comme me l’a si bien expliqué le dr Mauriné: » allez-y doucement Gérald, votre coeur est encore fragile,mais aller aussi de l’avant, vous pouvez le faire,courage! » Cela fait déjà six semaines que la douce est jolie Emmaline le regarde avec ses yeux de biches et son sourire en coeur lui fait battre le coeur. C’est vrai, il va de mieux en mieux, la greffe à bien fonctionner mais, doit-il pour autant s’autoriser à voir en elle son futur? Elle est si jeune et lui presque quarante ans, comment lui dire que son coeur déjà malmené, ne peut supporter un mauvais coup!Il s’est décidé,enfin pense Emmaline et son coeur bat plus vite.Aujourd’hui ils ont rendez-vous,il l’a invité au Berlize le » fameux restaurant en vu » quel privilège!Sur ses talons de dix centimètres, sa robe de velours bronze, ses longs cheveux miel laissés libre, elle attend devant sa porte un sourire tendre sur ses lèvres rose. Et là…
Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné vie.
Depuis, il lui semblait que son coeur marchait devant elle,
perché sur des talons aiguilles.
Qu’elle mettrait pour la dernière fois. Eux n’en pouvaient plus, les talonnettes avaient été changées une dizaine de fois, leur peau grise et beige s’était usée jusqu’à l’extrême. A-t-on idée de s’amouracher d’une paire de chaussures à ce point !
Les autres, amis ou connaissances ne savaient pas, ils ne pouvaient savoir et combien alors, je les trouvais injustes dans leurs réflexions méprisables.
L’attention qu’ils portaient sur moi pendant ces années où j’arborais avec une telle fierté mes chaussures. Eux, ne pouvaient comprendre le besoin que j’avais à les mettre, sentir le cuir contre ma peau. Au final, je les plaignais plus que je ne les blâmais mais, tous, je les excluais vite de mes pensées, seules, mes chaussures à talons aiguilles comptaient.
J’avais fait ce troc morbide, les caresses de mon amour contre celles de mes chers escarpins.
Un pacte qui me convenait. Qui m’entraînait dans cette petite mort que j’avais choisi et paradoxe étrange qui me ressuscitait. Je les sentais sur ma peau avec ou sans collants. Elles flattaient la cambrure de mes pieds avec une intensité aussi illusoire que lorsque, lui, découvrait les autres cambrures de mon corps. Avec ces chaussures, Je redevenais femme et me permettait la magie d’être accompagnée. Je l’imaginais avec moi et plus rien ne pouvait m’arriver. Dès qu’une éraflure supplémentaire déchirait la peausserie, je m’injuriais de ne pas y avoir prêté assez d’attention les larmes venaient et je courais alors, chez le cordonnier et lui recommandais le soin absolu. Je me sentais honteuse d’un énième rapiéçage, c’est sûr mais, qu’importe. J’avais choisi cet étourdissement, celui de porter ton dernier cadeau aussi longtemps que je le pusse. Une promesse d’amour que je n’aurais voulu pour rien au monde briser.
C’est ainsi que de saisons en saisons, d’années en années, dans cet orgasme calculé que je m’étais accordé, je cheminais enfin, grâce à elles, vers une résilience en laquelle je doutais. Avais-je peur de t’oublier ? On dit qu’avec le temps, le visage, la voix sont plus difficiles à se rappeler. Avais-je sans doute aussi peur que les autres de cette réflexion insupportable? Alors, j’avais contré le sort et encore et encore porté jusqu’à la lie ton cadeau, mes beaux escarpins. Non, jamais je ne t’oublierai, cependant, maintenant j’étais prête à les jeter. Vaillantes, elles l’ont été. Complices, je ne pouvais mieux espérer. A me servir, elles n’ont pas failli et ont parfait leur rôle, celui que je leur avais imposé. Il faut être raisonnable, je le suis maintenant.
Demain, de nouvelles baskets vont me permettre de fouler les chemins, ceux que je connais déjà et tous ceux qui m’attendent et que je ne connais pas encore. A TOI.
Elle sortit de son éblouissement, s’ébroua et demanda « mais que m’est-il arrivé ? Je n’étais plus, et je suis !».
Avant même de se poser la question « qu’est-ce qui avait provoqué cette petite mort », il lui sembla plus urgent de déterminer « quelle situation est préférable ? Avoir été ou être ? ».
Déjà, elle ne savait plus ce qui s’était passé avant, et comment elle y était parvenue.
Elle préféra donc se concentrer sur l’équivoque du « je suis », et de dorénavant suivre cette expérience à peine entrevue, l’éblouissement de la « petite mort ».
Mais que suivre, exactement ? Il n’y avait rien de concret à exprimer, à décrire, à partager… juste cette sensation d’être libérée de tous les liens qui l’enchainaient, de planer au-dessus de toute souffrance, au-delà du bonheur …
Et c’est cette sensation qu’elle appliqua sur cette image qui désormais la hantait, cette boule de laine tressée comme un cœur, qui dansait, tout près, juste devant elle, à portée de main et pourtant insaisissable, la narguant comme avec un sourire ironique « tu m’as eue une fois, eh bien, essaie encore ! Mais maintenant, je me défends ! »
Et, bien des années plus tard, ayant toujours échoué, sans plus d’espoir, elle se résigna à accepter le passage de la Mort, et revécut, l’espace d’un instant, l’éblouissement d’une seconde d’éternité.
Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné vie.Depuis, il lui semblait que son coeur marchait devant elle, et perchée sur des talons aiguilles elle courait pour le rattraper quand soudain l’un d’eux se cassa et elle tomba. Un homme se précipita pour lui porter secours alors qu’elle hurlait « mon cœur, mon coeur ».
Ce dernier, pur hasard, était Docteur et lui demanda pourquoi elle criait « mon cœur, mon coeur ». Hagarde, elle lui expliqua qu’elle voulait le rattraper pour le remettre à sa place.
– Mais vous en avez un dans votre poitrine et je dois vous dire qu’en ce moment il bat très fort.Tenez écoutez avec mon stéthoscope.
– Mais alors celui qui marche devant moi depuis que j’ai fait une petite mort ?
– Le médecin eut un petit sourire narquois qu’il eut peine à dissimuler, et lui dit qu’il fallait l’hospitaliser pour soigner sa cheville quelque peu endolorie et lui faire passer un électrocardiogramme, » votre autre cœur devrait pouvoir suivre l’ambulance »ironisa-t-il ?
– On la transporta à l’hôpital psychiatrique. On lui donna des tranquillisants et des somnifères et elle dormit pendant plusieurs jours.
A son réveil, le médecin lui dit que tout semblait redevenu normal et il lui conseilla de mettre des baskets à l’avenir ; il alla même jusqu’à lui proposer de faire ensemble du footing. Elle accepta avec enthousiasme. C’est ainsi qu’ils coururent régulièrement ensemble et finirent par participer à des marathons ; ils envisagèrent même d’aller au marathon de New-York.
De petite mort il n’en était plus question et cela commençait à leur manquer.Alors ils ne coururent plus, se marièrent et allèrent de petite mort en petite mort sans jamais se lasser.
Ils souhaitaient un enfant, mais hélas des examens indiquèrent que le médecin était stérile ce qui ne l’étonna pas ; ceci expliquait qu’il n’avait jamais engrossé une de ses nombreuses et anciennes conquêtes. Bien sûr il n’en fit pas la remarque à sa femme (la parole est d’argent mais le silence est d’or.)
Ils adoptèrent un petit Africain en espérant qu’un jour il serait marathonien ; mais, hélas, très jeune, rêvant d’être un nouveau Bernard Hignault il participa à des courses cyclistes non sans succès. Sa mère alla même jusqu’à lui acheter des maillots jaunes pour conjurer le mauvais sort.
Les dimanches, sur le bord de la route, ils allaient encourager leur fils, sa mère juchée sur ses talons aiguilles et ce qui devait arriver arriva : un de ses talons aiguilles cassa,elle chuta, se foula la cheville » et on l’entendit crier « mon cœur,mon coeur
».Connaissant la chanson,son docteur de mari la fit hospitaliser à l’hôpital psychiatrique.On lui donna des tranquillisants et des somnifères et elle dormit plusieurs jours.A son réveil, on lui apprit que son fils avait franchi le premier la ligne d’arrivée.Ce dernier pour l’amuser enfila un maillot jaune pour aller la voir l’hôpital.
Deuxième tentative d’envoi…
Longtemps, je m’étais dit que j’avais le temps même si je savais qu’« avoir le temps », pour ce dont je parle, n’était que l’expression de la peur. J’avais fini par remplir les documents que j’avais glissés dans une enveloppe avec la mention « Ouvrir en cas de handicap majeur ».
Mes lectures m’avaient aidée à me faire une idée claire de la vie et de ce qu’on appelle la mort : mourir, ce n’était pas disparaître, mais continuer à vivre sous un autre mode. « Vivant, j’agis et je réagis en masse, mort j’agis et je réagis en molécules », écrivait Diderot. Cette pensée me convenait : « moi » n’était qu’une partie de la vie globale et éternelle (du moins pour ce qu’on peut en savoir) dont je n’étais qu’une expression partielle et éphémère sans plus ni moins d’importance que n’importe quelle autre.
L’inconnue, double, concernait le moment et le comment de mon départ. (Je trouve « départ » plus adéquat que « mort ») Inconnue relative et aléatoire : relative, puisque que je pouvais très bien décider par moi-même du jour et de l’heure ; aléatoire, à cause de l’accident par définition imprévisible.
Imprévisible, comme cet homme victime d’une crise cardiaque alors qu’il est en train de conduire sa voiture, au moment où je suis en train de traverser la rue de la Gaieté dans laquelle il s’est engagé.
Les rencontres inopinées se produisent à tout instant. Ce qui leur confère plus ou moins d’importance, ce sont les conséquences.
En l’occurrence, elles furent considérables.
Par trois fois, mon encéphalogramme fut plat. Je fus donc déclarée officiellement morte. Si je n’existais plus en tant que moi, j’étais néanmoins encore vivante.
Selon les instructions que j’avais laissées dans l’enveloppe, on m’a donc prélevé le cœur qui fut transplanté dans la cage thoracique d’une jeune femme qui souffrait d’un grave handicap cardiaque congénital.
Une autre inconnue concernait la mémoire : le cœur n’était-il qu’une pompe, ou bien conservait-il quelque chose de ce qui avait été moi ?
Ce dont je suis certaine, c’est que je vois nettement cette jeune femme, vivant des battements de mon cœur, marcher, là, sur le trottoir. Elle est heureuse, souriante. Tiens, elle s’engage dans la rue de la Gaieté. La circulation automobile est dense à cette heure de la journée. Elle s’apprête à traverser. Je remarque qu’elle porte des talons aiguilles. Rouges. Comme les miens.
Si vous n’avez jamais dansé le tango, vous ne pourrez pas comprendre cette histoire, mais si vous avez déjà connu le grand frisson, alors peut-être pourrez-vous vous en approcher.
Chaque fois que la mélancolie lui tombait dessus, Ornella s’en allait danser à la Milonga du Barrio latino. Ce jour là c’était Joseph qui l’avait invitée, elle ne savait pas encore qu’il s’appelait Joseph. Lui, il s’était juste laissé guider par son instinct et il avait senti comme un fluide, quelque chose d’indéfinissable qui l’avait attiré vers Ornella. Mais il ne savait pas encore qu’elle s’appelait Ornella.
Dès qu’ils avaient refermé l’abrazo, ils avaient su tous les deux que quelque chose allait se produire. Ils firent connaissance sur une salida croisée, puis il l’invita dans un ocho avant et un autre en arrière, quelques pas de côté, un tour à gauche. De boléo en pasada, de calesita en sacada, en mordida, colgada et barrida, ils en étaient arrivés au moment où le bandonéon s’étire et pleure, où les jambes s’allongent, où les souffles s’arrêtent.
Lorsque leurs corps s’étaient rejoints dans un long mouvement retenu, ils s’étaient sentis aspirés l’un par l’autre, communiant au même plaisir, suspendus au dessus du temps, comme une petite mort.
Tout compte fait, cette petite mort avait redonné vie à Ornella. Depuis, il lui semblait que son cœur marchait devant elle, perché sur des talons aiguilles.
© Dameleine
J’ai quelquefois dansé le tango (n’importe comment, il faut bien le dire), et j’ai ressenti moi aussi cette « petite mort », bien avant la fin de la tanda, quand elle (je n’ai jamais su comment elle s’appelait) m’a dit avec son plus beau sourire : « excusez-moi, Monsieur, je dois rejoindre mon fiancé ».
Votre beau texte m’a permis de comprendre pourquoi j’avais pris un râteau ce soir-là.
Un bon bout de temps qu’il était à la diète amoureuse Victor. Faut dire qu’il n’était pas très attirant, lui il était plutôt du genre velu. Dès l’école, on l’avait surnommé le Gorille. Plus souvent qu’à son tour il avait droit à ces 3 mots sur l’air bien connu « gare au gori-i-i-i-lle » Pourtant depuis que moustache et barbe étaient redevenues à la mode, il avait de temps en temps son petit succès parmi les rares qui aimaient caresser dans le sens du poil. Dans son dos au bureau on l’appelait King Kong. Tant et si bien que ce grand singe était devenu son mentor virtuel.
Comme lui, s’il voulait de temps en temps goûter aux plaisirs de la chair, il devait capturer dans sa grosse patte une blanche blonde, une noire black, une beur rousse. Il parvenait souvent à ses fins quand il allait faire son choix parmi ces dames de mauvaise réputation dans les quartiers idoines.
Évidemment malgré l’appréhension qu’inspirait son envahissante pilosité, il s’en trouvait toujours une qui acceptât de monter un moment lorsqu’il faisait habilement sortir de sa poche le coin vert d’un billet de 100€.
Ce soir-là Victor revenait heureux d’une de ces brèves aventures. Comme d’autres grimpent aux rideaux en ces circonstances, lui il était monté aux branches avec l’agilité de son surnom. Et il s’y était sacrément bien balancé dans ces branches, quel pied que cette petite mort. Recommencer encore et encore, prendre sa revanche sur la vie en petit-mourant aussi souvent que possible, obsession devenue tenace.
Il pensait déjà à la prochaine fois quand soudain il eut la révélation : devant lui, perchée sur des talons aiguille, le cœur en bandoulière, foi de singe, si celle-là voulait bien il lui donnerait le double. Il les avait toutes essayées, d’asiatique jamais. Cette jolie peau ambrée d’orient, ces yeux obliques énigmatiques, ces cheveux si noirs aussi raides que des baguettes de bambou, il n’y tenait plus, il la lui fallait.
Avec elle, la petite mort serait grandiose, allant jusqu’au point sublime de son imaginaire, peut-être même n’en réchapperait-il pas.
Elle trottinait bon train sur ses Louboutin mais soudain, patatras ! Un talon coincé dans une inopportune plaque d’égout l’étalât de tout son long. Intimidé, craignant de lui faire peur, il n’osât pas la relever. L’amour de sa vie, aplati très abîmé, ratatiné sur le trottoir. Le choc et la déception furent si grands que c’est pour lui que fut plus dure la chute, il ne s’en remit pas ni jamais les pieds dans le quartier.
P.S : La pauvre petite chinoise s’est foulé la cheville, et moi rien du tout pour écrire cette histoire.
Amandine venait de le larguer, et c’est la mort dans l’âme qu’il reprit le tramway pour rentrer chez lui. Il se consolerait en sirotant son whisky préféré, et en écoutant du jazz.
Pas mal de monde dans le tram. Il est debout, appuyé sur le composteur, les yeux dans le vide jusqu’à ce qu’un éclat doré frappe sa rétine.
A quelques centimètres de ses yeux, un petit coeur en or masque un décolleté encore plus efficace que le whisky pour effacer toutes les pensées en cours.
La mort dans l’âme, c’est dépassé… Tout compte fait, ce n’est qu’une petite mort, et cette petite mort avait maintenant une rude concurrente : l’éclat de ce petit coeur lui avait redonné vie.
« Bon Dieu qu’elle est grande ! » avait-il pensé.
Sans oublier la pub qui ordonnait : « Dans les yeux ! J’ai dit : dans les yeux ! »
Pas possible. Elle est trop près. Je vais me démolir le cou.
Alors, il s’adresse au petit coeur doré : « vous voulez que je dégage le composteur ? »
– Inutile, cher Monsieur, il y en a un de l’autre côté, répond une voix au-dessus de ses cheveux.
– Aïe ! Fait-il en levant la tête (car il était curieux de voir le visage de la belle).
– Qu’est-ce qui vous arrive ?
– Torticolis.
– Mon pauvre Monsieur ! Fait-elle en riant.
Depuis leur descente du tram à la même station, il lui semblait que son coeur marchait devant elle, perché sur des talons aiguilles.
Un petit coeur en or encore plus cruel que celui d’Amandine.
Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné vie.
Depuis, il lui semblait que son coeur marchait devant elle,
perché sur des talons aiguilles.
Après ce passage à vide, son coeur était lourd de regrets,d’impuissance. Il restait apathique, bouleversé, chamboulé, elle voulait le faire repartir, le stimuler. Pas facile de se retrouver, rassembler les morceaux, de reprendre délicatement tous ces éclats de vie dispersés, sans atermoiements. Un regard, un parfum, des couleurs, quelques mots ont réussi à le faire palpiter.
Les semelles de plomb se délitent, il goûte la légèreté, il retrouve son rythme, des battements un peu fous, désordonnés mais pleins de vie. Il avance, élégamment, sur des fins escarpins ….
Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné vie. Depuis il lui semblait que son cœur marchait devant elle perché sur des talons aiguilles.
Finalement c’était presque comme si connaitre enfin l’amour l’avait rendue vivante une nouvelle fois.
La petite mort. Elle comprenait enfin.
Il y avait avant. Il y aurait après.
Elle n’était plus tout à fait la même et non plus tout à fait différente.
Elle qui n’avait jamais vu aucun intérêt aux choses de l’amour, elle si solitaire, habitée de rêves et de compagnons imaginaires.
Pour autant, l’expérience lui était suffisante et elle n’ambitionnait aucune romance.
Depuis hier jusqu’à demain, elle savourait aujourd’hui, se remplissait de cette allégresse nouvelle ; l’espace d’un instant elle s’était sentie libre, volatile, gracieuse, légère, euphorique…
Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné vie. Depuis il lui semblait que son cœur marchait devant elle perché sur des talons aiguilles.
Ces fameux talons qui avaient si souvent porté ses ambitions et ses espoirs. Rêves éveillés de petite fille devenue grande, elle s’était tour à tour imaginée mannequin, chanteuse, danseuse, comédienne et même, pourquoi pas, miss France ou, avec un peu d’audace, miss Univers, ce qui aurait propulsé sa carrière.
Et toujours, quel que soit le scénario, elle se voyait perchée sur les plus hauts talons.
Des talons qui auraient souligné le galbe de ses mollets et la cambrure de son dos.
Des talons qui l’auraient rendue belle et admirable.
Ces talons qui finalement ne la porteraient jamais, elle les devinaient aujourd’hui dans son cœur.
Personne n’eut pu le croire, que ce petit bout de femme recroquevillée se motivait chaque matin à grands coups de talons imaginaires.
A mesure que le shooting photo avance, elle repense à son accident ; le choc, l’immense déception, les galères, le découragement… Et surtout la douleur.
La douleur qui l’a si souvent fait vaciller.
La douleur qui a provoqué sa volonté.
La douleur qui l’a obligée à se dépasser.
Les talons ne portent que ses rêves désormais mais elle se sent vivante.
Vivante, heureuse et libre.
Elle sourit pour le photographe.
Elle est belle mais différente.
Elle est différente mais belle.
Elle est lumineuse. Vibrante.
Elle est différente mais vivante.
C’est le slogan qu’ils ont imaginé tous ensemble ;
« Différents mais vivants ! »
Sur les photos, d’autres ne verront que les fauteuils roulants.
Elle, elle ne verra que les sourires.
« Différents mais vivants ! »
Elle espère que ces mots sauront encourager ceux qui, comme elle a dû le faire, doivent se battre pour réhabiter leurs corps et réinventer leurs vies.
Les talons aiguilles, Myriam aime ça.
Cette façon de poser le pied , la partie avant de la plante bien campée sur son coussinet, l’arrière à peine soutenu par une assise incertaine, sur un centimètre carré de surface. Cette façon d’occuper le sol avec le maximum de discrétion, sur la pointe des pieds, par effraction presque, en pointillés. « Excusez-moi,je ne veux pas déranger ! » semblent dire toutes les femmes perchées ainsi en équilibre sur cette fine tige qui vacille à chaque pas, légèrement certes, mais quand même. La tête se porte haut, le corps se maintient bien droit : c’est qu’il faut assurer l’équilibre, un équilibre qui a quelque chose d’aérien, entre humain et oiseau en quelque sorte. Envol imminent : Voilà ce qu’on pense à les voir marcher à petits pas pressés le matin pour attraper un bus. Un effet d’appesanteur.
Les siens, Myriam les a choisis avec soin. Ils sont noirs, en cuir très fin, mais vernis. Sobres, aucun décor supperflu, mais d’une cambrure de rêve. Ils font le pied mignon avec leur finition en pointe à l’avant. Ils enferment et serrent un peu les orteils, mais leur souplesse en fait une seconde peau. Une seconde peau dans laquelle Myriam se sent tellement à l’aise, tellement transfigurée, pleinement elle-même. Dans la rue, quand elle se sait seule, elle accentue le balancement de ses hanches qu’elle adapte au rythme de sa marche, ou bien elle ébauche quelques pas de danse… Et le soir, quand elle les enlève, elle les pose un moment sur le tabouret pour admirer à son aise le profil de ses chaussures de star.
Elle a du se cacher un peu pour les acheter. Se cacher de son père, de ses frères, et plus curieusement de sa mère. Mais bon… rien ne pouvait lui interdire catégoriquement de les porter. Du moment qu’ils restaient sobres et discrets…
Et qu’ils ne révélaient rien de son anatomie qui aurait outragé les bonnes mœurs.
Myriam lève les épaules.
L’an dernier le gouvernement a changé. Et les nouveaux dirrigeants ont décidé que toutes les femmes désormais devaient porter au quotidien la burka, ce long voile noir qui dissimule entièrement leur corps jusqu’aux pieds.
Ils n’ont donné aucune consigne sur ce qu’elles porteraient en dessous.
La burka dissimule en partie les chaussures. Myriam est une des seules à savoir ce qu’elle porte aux pieds.
Et ça lui suffit.
Tout compte fait, ce qu’elle avait pris, il y a un an, pour une petite mort, lui a donné une nouvelle vie. Et depuis, il lui semble que son cœur marche devant elle, perché, sur ses talons aiguilles.
Merci beaucoup pour cette belle évocation de la liberté que l’on peut s’offrir au delà des apparences…
Merci à vous d’avoir apprécié, Cécile!
De son chemin sur des pavées de pierre autour d’une fontaine au clair de lune, une fille aux talons hauts perchés, voyant en elle une flamme qui pourrait raviver son cœur, elle était là devant lui demandant si elle pouvait s’asseoir à-côtés de lui.
Elle lui raconta, une histoire qui ressemblait à la sienne, ils étaient transportés par une symbiose. Il était envoûté par la douceur et de sagesse, quelle lui transmettait au timbre de sa voix magique, tout en l’écoutant, ils se laissaient transporter puis immergés par de somptueux pensées que tout les deux ils pourraient faire le chemin d’une deuxième vie, soudain lui fait renaître un univers au temps passé, dans une jeunesse qui l’avait déjà séduit, alors pourquoi ne pas donner suite à une étoile, pour redonner un pouvoir à une renaissance perdue, et reconfiance en lui, cette fille au talons hauts perchés, à réactiver ce bonheur à deux, oui, et peut être inouïe
Tout compte fait, cette petite mort lui avait redonné vie. Depuis, il lui semblait que son cœur marchait devant elle, perché sur des talons aiguilles. Aussi décida-t-elle de le suivre, pour voir jusqu’où il la mènerait.
C’est ainsi qu’elle erra dans le centre-ville. Elle n’était pas allée au dîner familial, ultime célébration de la vie de son père. Elle ne voulait pas le célébrer. Il lui avait toujours taillé les ailes, et avait enchaîné son petit cœur de ses regrets. Maintenant, elle était libre comme un aigle sauvage. Son cœur découvrait la joie et l’insouciance, et elle était prête à se laisser porter par ce courant nouveau. Non seulement elle avait à présent le choix de faire ce que bon lui semblait, mais surtout, plus aucun remord, jamais, ne la retiendrait à nouveau.
Alors qu’elle déambulait, la tête bouillonnante de projets pour cette soirée mémorable, une musique étrangement envoûtante attira son oreille. De son corps devenu tellement léger, libéré de tout jugement, de toute interdiction, elle tourna, aérienne, sur elle-même pour faire demi-tour. Elle se trouva devant une porte blindée, d’un rouge éclatant malgré la nuit sombre et supposée morose. C’était sa couleur préférée, et celle de la passion, dit-on. Elle s’engagea à l’ouvrir. Qu’est-ce qu’elle était lourde ! Alors l’air s’emplit de vagues sonores puissantes, hypnotisantes et troublantes. Quel était cet endroit ? Une jeune femme, probablement de son âge, s’écroula par terre, juste en face d’elle. Elle leva la tête, elle avait l’air embrumé, et un peu perdu. Justine l’aida à se redresser, confuse. Et elle fut encore plus confuse quand la jeune inconnue se jeta sur elle pour l’embrasser, dans un grand éclat de rire. Dans les bras de cette charmante demoiselle complètement ivre, Justine réalisa quelque chose, qu’elle s’était empêchée de voir en face jusqu’à ce jour, qui marquait, d’un somptueux coup de cymbale, non seulement un nouveau départ, mais une renaissance. Justine avait le droit de boire, de danser, de sortir, de coucher, de s’amuser… de vivre ! Et à partir de cet instant, elle expérimenta. Nombreuses furent ses erreurs, mais jamais elle ne regretta. Elle se regardait enfin dans les yeux lorsqu’elle passait devant un miroir. Elle était heureuse. Elle s’assumait. Elle avait quelque chose à raconter. Son histoire n’était plus celle de son père, elle n’était plus une « fille de », c’était sa vie, rien qu’à elle. Et l’écrirait sans censure.
Merci pour cette lecture… le sujet des talons aiguilles semble aiguiller chacune vers… la liberté !!!
Son talon d’Achille, tout compte fait,
C’était cette petite mort
Son éternel point faible
Son manque de ressort.
Depuis longtemps défunte
Sa flamme s’était éteinte.
Ses espoirs destitués
Avaient, eux, trépassé.
Ne sachant ce qui l’attirait
Ce qu’étaient ses centres d’intérêt
Il avait perdu l’appétit
Pour tous les plaisirs de la vie.
Il pensait juste que sa naissance
Etait une vaste tromperie
Dans ses gènes, une discordance
Avait causé l’avarie.
Si par moment son cœur
Dorloté de printemps
Hissait les couleurs
Talons aiguille du temps,
Il le laissait pourtant
A disposition, sans manières
A d’autres, plus vivants
Tous devant et lui derrière.
Décidemment, non !
Cette petite mort !
Une renaissance !
Une résurrection !
Quelle utopie !
Lui, marchait toujours loin devant.
Elle, son cœur battait au rythme de son souffle.
Lui, le bruit de ses talons aiguilles l’agaçait.
Elle, son cœur résonnait sur le bitume de ses sentiments.
A la fois, faible et forte,
Vulnérable et confiante,
Radieuse et sombre.
Rire et pleurer.
Aimer et être aimée.
Tout simplement.
Lui, avait décidé qu’elle était folle.
Elle, son cœur de battre s’arrêta,
Déchiré par son poignard.
Cette petite mort lui avait rendu la vie, lui avait rendue l’envie de croire qu’il pouvait poursuivre à deux.
Pour suivre le chemin de la vie il ne déciderait plus seul, il tiendrait compte de l’avis de l’autre.Cet autre qui en valait cent le rendait convalescent d’un bonheur perdu. Ce bonheur, il était né à nouveau en lui alors qu’il se mourait en elle, dans une communion des corps, dans ce décor des monts et merveilles qui le transportait sur ses ailes de plaisir.
Elle avait réparé son cœur en lui montrant ce que son talent aiguille dans une botte de freins. Elle avait redonné vie à son envie.
En étalon aiguille il avait lâché prise pour faire passer le courant dans leurs corps, pour faire court-circuit dans leurs cœurs.
Depuis, il lui semblait que son cœur marchait devant elle, perché sur des talons aiguilles.