348e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat
À la Loterie des Rêves,
cette nuit, j’ai enfin gagné !
Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux
ce n’était pas du tout le lot que j’espérais…
Inventez la suite
Chaque exercice est une bataille contre la routine, contre l’endormissement de l’imagination. Un petit combat pour maintenir en vie l’enthousiasme d’imaginer, d’inventer, de créer.
À la Loterie des Rêves,
cette nuit, j’ai enfin gagné !
Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux
ce n’était pas du tout le lot que j’espérais…
alors j’ai ouvert la fenêtre
et j’ai vu le monde des rêves qui est le plus merveilleux de tous les pays
et dans ce monde j’ai vu la lune qui donnait la main à son amie Venus
moi je n’ai pas de petite amie contrairement à tous mes copains; pourtant j’aimerais en avoir une à qui j’enverrais des SMS poétiques dans lesquels je lui dirais :Tu es mon rêve le plus secret, je pense sans trêve à toi, et je rêve que tu rêves, que je rêve de toi et de moi !
Et puis soudain j’ai aperçu mon aigle qui quand j’étais petit m’emportait sur ses ailes voyager dans mes rêves. Je fermais la fenêtre, j’étais trop lourd maintenant
le cocorico du coq de la ferme d’à côté m’a réveillé. Je me suis levé, c’était le jour de la rentrée d’école, mon cartable sur le dos je suis parti. soudain je reçus un SMS; c’était une copine de classe , elle me fixait un rendez-vous à 17 H. Je haussai les épaules en me disant « elle rêve »…..
À la Loterie des Rêves, cette nuit, j’ai enfin gagné !
Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux ce n’était pas du tout le lot que j’espérais…
Il était une fois, dans un parc verdoyant, un château éblouissant. Les paysagistes avaient œuvré pour créer des jardins et jeux d’eau étourdissants.
Tenues de soie ou de dentelle, coiffures époustouflantes, maquillages outranciers et bijoux somptueux affolaient les salons.
Musique, danse, comédie apportaient leur éclat quotidien.
Dans ce monde de rêve, Sofia s’ennuyait.
– Mes rêves sont une réplique de la réalité, à moins que ce ne fut l’inverse ! se plaignait-elle, lorsque la famille était réunie autour de la grande table.
Sofia montrait ouvertement sa lassitude. Elle manquait à tous ses devoirs de princesse. Elle offrait un visage boudeur en traversant les salons, elle grimaçait en réponse aux sourires, elle tournait le dos aux courbettes…
Il se colportait qu’elle ne manquait jamais de ponctuer ses conversation de mots grossiers, parfois même scatologiques…
Sofia rêvait d’une autre vie. Moins prévisible, plus trépidante, une vie qui lui ferait tourner la tête et perdre la raison. Mais comment faire ? Le grand saut dans l’inconnu ?
– Je suis trop bien pour partir, mais pas assez pour rester…
Chaque jour, avec obstination, Sofia partait à l’aventure en traînant sa lassitude derrière elle. Elle se faufilait dans les passages secrets, écoutait derrière les portes, se cachait dans de sombres recoins.
Un après-midi d’été, elle découvrit un escalier au colimaçon affolant. Elle l’emprunta et arriva sous les combles. Elle découvrit, au centre d’une salle poussiéreuse, un coffre de bois clouté.
Elle souleva le couvercle et … rien. Si… une pauvre petite souris tenta de s’échapper…
– Attends, viens que je t’attrape, tu pourrais être une demoiselle de bonne compagnie…
– Faut pas rêver ! Nous ne sommes pas du même monde ! Ouvre les yeux….
– Mais je rêve d’un autre monde. Tu pourrais m’aider !
– Même pas en pensée !….lança la petite souris en lui glissant entre les doigts.
Mais elle revint aussitôt avec un parchemin entre les pattes.
– Tiens, lis et signe. Pour une évasion, on ne peut rêver mieux ! Un gros lot pour dix sous !
Sofia lut, signa et offrit une belle pièce en or à la petite souris.
– Vas, c’est pour ta peine ! Tu es libre !
La nuit venue, Sofia enfila une vieille chemise aux dentelles déchirées, se glissa entre les draps de soie, ferma les yeux et attendit….
Un vent glacial s’engouffra dans la chambre, des voix s’élevèrent, une main lourde la secoua sans ménagement et l’interpella vertement. Elle tendit la main vers son bol, mais l’eau était gelée. Elle disputa un quignon de pain avec un rat, mais celui-ci fut plus rapide. Elle voulu se vêtir mais le corsage et le jupon était en lambeaux. Les souris grignotaient un bas miteux. Elle se leva, fit un pas et le balai fut projeté entre ses mains…Les ordres pleuvaient. « Viens ici ! Serre mon corset ! Lace mes chaussures ! Allume le feu ! Sotte, il faut d’abord jeter la cendre ! Dépèche-toi ! Cesse de rêver, ma pauvre, qui voudrait de toi ? »
– Bien, bien ! Le voilà….Mon rêve ! Le big one ! La vie de château 5 épines ! s’exclama Sofia. Que diable ! Invectives et frustrations, il n’y a pas mieux pour perdre la tête !…
Des semaines durant, Sofia recommença le rituel. À changer ainsi de vie, pourquoi ne pas aussi changer de prénom ! Et s’inventer une marâtre, des demi-sœurs….
Un matin de mai, Sofia se réveilla en sursaut et eut un étrange sentiment. Une lutte sourde entre ses deux vies. Alors qu’elle se demandait laquelle l’emporterait sur l’autre, elle entendit des coups de canon.
– Normal, dit-elle, en haussant les épaules. C’est encore Louis-Marie qui s’amuse…
Sofia s’empara du ruban et sonna sa femme de chambre. Celle-ci, d’humeur badine, arriva toute essoufflée…
– Ah… quel beau jour, quel grand jour ! chantonnait-elle en habillant la princesse de sa plus belle robe et la parant de tous ses bijoux. Elle poussa même la coquetterie en suspendant des pochettes remplies de pierres précieuses sous le vertugadin ….
Sofia se dirigea vers la fenêtre et pria sa femme de chambre de l’ouvrir. Les yeux clos, elle laissa le soleil caresser ses joues roses.
Un vent léger se leva et déposa quelques notes au creux de son oreille…
– Ah, ça ira, ça ira, ça ira….
À la Loterie des Rêves,
cette nuit, j’ai enfin gagné !
Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux
ce n’était pas du tout le lot que j’espérais…
Comme chaque soir, j’étais tombé dans les bras de Morphée.
A priori, pas un mauvais point de chute. Cette fille serait plutôt sympa. Elle ne m’a jamais fait de scène de jalousie et n’est pas bavarde. De plus elle ne me coûte pas un rond, si ce n’est l’amortissement de l’oreiller. Dommage qu’elle soit invisible et immatérielle. Je ne connais pas non plus le son de sa voix.
Donc, je tombe dans les bras de Morphée. Et après ?
Rien… Morphée fait le mort…
Un voyant rouge clignote quelque part. Est-ce mon jeu de mots pourri qui a déclenché l’alerte ?
Non. Voyons le message :
« Erreur G32. Genre ».
Je cherche à en savoir plus.
« Plus de détails : masculin ou féminin ».
Aïe ! Et si Morphée était un mec ? Il faut toujours se méfier avec les prénoms, et mes notions de mythologie laissent à désirer.
Je crois savoir que « morpho » en grec ça veut dire forme(s), mais ce(tte)… Morphée ne me laisse jamais l’opportunité d’en savoir plus avant de disparaître.
Et je ne la (le) vois jamais dans mes rêves.
Consultons vite Wikipedia pour en savoir plus.
Hou ! Là ! C’était un mec !
Désormais, je suis un peu moins ignorant, et chaque soir je m’endors, tout simplement.
Au Diable la mythologie et les expressions toutes faites !
A la loterie des rêves, cette nuit, j’ai enfin gagné ! Mais au réveil , j’ai ouvert les yeux, ce n’était pas du tout le lot que j’espérais. La désillusion fut vertigineuse, comme si j’avais été sur le grand huit. La pente devint subitement savonneuse sur le pas de tir aléatoire. Le chariot glissa sur une peau de banane et le tout chavira dans la foule. Heureusement, aucun blessé ne fut à déplorer, seul le manège nécessita une remise à neuf.
J’enfouis mon billet profond dans la poche et l’oubliai. Je fis quelques pas en direction des lumières de la grande roue pour me remettre. Son mécanisme silencieux emporta mes émotions. Il éleva les cris au-dessus du brouhaha de la foule joyeuse et redescendit parmi les badauds agglutinés autour. Des jeunes gens s’extasiaient en suivant des yeux les balancelles accrochées dans le vide. Le parfum framboisé d’une barbe à papa fila comme le vent sous mon nez, se dispersa entre les roulottes illuminées et me tira de la contemplation des étoiles.
Les confiseries attiraient les yeux des enfants et de certains adultes qui se le cachaient visiblement. Ils se léchaient les babines en dégustant d’avance les nougats exposés en devanture. Je chopai l’envie qui flottait dans l’air, de sentir craqueler sous mes dents, une gaufre fumante garnie de sucre et de chocolat à tartiner, moitié-moitié. Je m’avançai vers la boutique dont je connaissais le patron jovial qui avait toujours un mot à rire. Il nous livrait autrefois le pain, deux fois dans la semaine en nommant ses baguettes sénégalaises, bien moulées ou pas trop cuites. Cela dépendait du pays d’où elles venaient. En un tour de main, elles arrivaient à destination et la mie fondait sous la croûte encore chaude.
Un cycliste connu dans le département s’approcha pour demander un cornet de frites. Je lui sollicitai un autographe à signer sur le billet.
Contre des panneaux de fer, les plombs des stands de tir, cognaient à intervalles irréguliers, d’un bruit sec, à travers les cibles en carton. En passant devant les cages à écureuils, on entendit des économies dégouliner entre les barreaux des cages : gling ! gling ! gling ! Une femme se précipita pour ramasser des pièces à la portée de sa main. Mais le forain l’en dissuada. Par précaution, il lui dit d’attendre la fin du tour. L. me donnait la main et nous étions heureux de goûter un entracte de fête que nous pourrions partager en famille. Nous avancions lentement en croisant les regards distraits et amusés des pitchounes. Des parents attentifs surveillaient leurs petits sur leur premier tour de manège. Le pompon se donnait facilement. Ils en voulaient encore, et le tour gratuit en appelait un autre, et le porte-monnaie disait stop. La main de ma compagne se serra sur la mienne et elle me demanda :
– As-tu gagné à la loterie tout à l’heure ?
– Oui ! répondis-je d’un air enjoué.
Pour compléter ma réponse, je lui offris une pomme d’amour.
Dans le ciel des autos tamponneuses, les barres de contact grattaient comme des allumettes et provoquaient des étincelles sur la grille chargée d’électricité. Des décibels décuplés en graves sortaient de grosses caisses à musique, installées qu’elles étaient, sur celle qui absorbait les sous. Le coeur battait plus vite. Tout était normal, mais la proximité des groupes électrogènes, tournant à plein régime nous éloigna de la ronde infernale des petites bagnoles jouant au curling sur la piste surchauffée. Nous nous dirigeâmes vers les chenilles recouvertes qui jouaient à cache-cache avec ses voyageurs. Elles faisaient concurrence au vieux manège, le tohu-bohu qui avait repris du service.
De sa main douce, elle me caressa le bras. Une sonnerie m’indiqua que je devais aller chercher mon lot et quitter mon lit. L. me dit :
– Il est sept heures, tu dois aller travailler…
A la fin du texte lire : Une sonnerie m’indiqua que je devais aller chercher mon lot…
C’est rectifié. Amicalement.
À la Loterie des Rêves, cette nuit, j’ai enfin gagné !
Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux, ce n’était pas du tout le lot que j’espérais…
Je vivais au paradis et ma vie était loin d’être un enfer !
Ma silhouette aurait damné un saint, ma chevelure aurait fait pâlir Vénus de jalousie.
La nature était généreuse et superbe. j’étais comblée.
Au fil du temps, ma vie commença à me sembler monotone, étriquée, désuète.
Je me mis à rêver, à désirer du changement. D’autres paysages, d’autres sensations, d’autres frissons….
Chaque fois que les étoiles s’allumaient, j’imaginais une vie passionnante sous d’autres cieux, mais à l’aurore, rien n’avait changé.
Une nuit de Perséides, je fis un vœu. Il fut exaucé le lendemain soir. À peine avais-je fermé les yeux que la magie opéra.…
Il s’approchait de moi, enveloppait doucement mes épaules et murmurait d’une voix caressante…
– Dis-moi… que désires-tu ?
– Je veux skier sur les neiges éternelles et nager dans les lagons turquoises.
– C’est possible ! susurra-t-il.
J’ouvris les yeux de surprise, mais il avait disparu.
Le lendemain soir, je fermai les yeux. Il ne tarda pas. Il se lova contre moi et susurra :
– Dis-moi… que désires-tu ?
Avant de lui répondre, je lui fis le reproche d’avoir disparu avant que je ne termine.
– Sois patiente, me dit-il en me caressant la joue.
Puis, il enchaîna :
– Dis-moi … que désires-tu ?
– Je veux des rivières de diamants, des saphirs plus bleus que mes yeux, des rubis plus veloutés que mes lèvres. Je veux aussi….
– C’est possible !
Mais avant que je ne puisse continuer mes demandes, il disparut.
Le lendemain, il tarda à venir, mais je ne lui fis aucun reproche. Il m’enlaça et murmura :
– Dis-moi…que désires-tu ?
– Je veux une voiture flamboyante, des robes somptueuses, des…
– C’est possible ! dit-il.
Et avec une pointe d’agacement, il répéta :
– C’est possible, dès demain matin.
Au lever du soleil, je me précipitai au jardin pour déjeuner. La table était dressée en toute simplicité. Nappe blanche, quelques fleurs, un jus d’orange, une pomme et deux enveloppes. Je m’empressai d’ouvrir la première et de lire la missive.
« Croque la pomme »
Je pris le fruit et le croquai à pleines dents. Je m’emparai de la seconde enveloppe, sortis le petit carton et lus :
« Et maintenant, lève-toi et bosse ! »
À la Loterie des Rêves, cette nuit, j’ai enfin gagné !
Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux ce n’était pas du tout le lot que j’espérais…
Je poussai la porte de la librairie, moi-même poussée par le besoin urgent de trouver un peu de lecture.
Sur le comptoir et sous le couvercle de plexiglas, un petit carton attira mon attention. Je tentai de me raisonner,
– Non, mais, tu ne vas pas tomber dans le panneau, c’est de l’arnaque…
Mais ce bristol à gratter, aux couleurs criardes persistait :
– Allez, vas-y, c’est pas pour une fois, on ne sait jamais… murmuraient les quelques lettres disséminées au milieu des chiffres masqués.
Je déposai mon journal sur le comptoir et mon doigt s’attarda sur le présentoir.
– Celui-là, s’il vous plaît.
Je décidai d’aller prendre un petit café « Chez le Grec ». Je me dirigeai vers le Cours ombragé par les platanes centenaires. Les cigales chantaient. C’était l’été.
Je dépliai mon journal et ne vis pas le billet tomber.
Lorsque Niko m’apporta mon café, je fus surprise de le voir me faire une courbette.
– Et, ma Belle, vous avez laissé tomber votre chance….
– Oh, moi, de la chance ? Si je gagne, je partage avec vous !
Quelques minutes plus tard, je me mordis les lèvres. Non seulement j’avais gagné le gros lot, mais je devais tenir ma promesse…Niko déclina délicieusement :
– Ma Belle, à mon âge, je ne quitte plus ma Provence…
Une fois transformée en millionnaire et après avoir fait moult gestes de générosité, je m’accordai un mois d’évasion, version splendeurs des Mille et une Nuits.
Les senteurs suaves des roses et du jasmin m’enivraient, la fraîcheur des fontaines invitait à de délicieuses rêveries, les couleurs chatoyantes et épicées dessinaient un décor féerique. Poussant l’audace dans ses derniers retranchements, je commençai la lecture des Contes des Mille et une Nuits…un plateau de délices sucrés, des brochettes de fruits et une carafe de nectar nichée dans un seau à glace. Je ne pus m’empêcher d’évoquer ce cliché éculé : « Mais c’est Byzance ! »
Les heures passaient aussi doucement que les grains d’ambre entre les doigts des sages. Les couleurs se paraient de reflets nacrés…une flûte chantait au loin…. Un léger souffle me caressa…m’enveloppa… j’étais Shéhérazade, conteuse alanguie sur des coussins lamés or posés sur draps de soie….les récits se succédaient, mais rien ne se passait comme dans les Contes…Le sultan devenait de plus en plus menaçant…
Un soir, il serra ses mains autour de mon cou…je ne pouvais presque plus respirer. Je m’emparai d’une brochette et vlan, dans la carotide.
Un hurlement.
Je me réveillai. Dans de sales draps. Un couteau entre mes mains ensanglantées…
Au commissariat, je plaidai pour la légitime défense….
A la loterie des rêves, cette nuit, j’ai enfin gagné! Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux, ce n’était pas du tout le lot que j’espérais…
Comme tous les soirs et ce depuis deux semaines, Hector Lambic faisait le même rêve.
Il se voyait reconnu par ses pairs, adulé, congratulé par des hommes de hautes renommé.
Il avait une place d’honneur, un siège orné de fines arabesques doré à l’or fin.
Ses vêtements taillés sur mesure, coiffé et maquillé par une jeune femme belle et talentueuse qui, rayonnait en le voyant paraître.
Elle le lui disait chaque matin: » Monsieur Lambic, vous voici enfin! Ma journée sera belle puisque vous êtes venu. Que la vôtre soit parfaite ».
Le pauvre Hector en était tout émoustiller et, il graviter avec bonheur auprès de ces êtres à la pensée si nouvelle et glorieuse, que le moindre quidam qui en entrapercevait un…se sentait alors empli d’une grande et vigoureuse satisfaction.
Hector voyait aussi sa maison, humble masure devenir un palace aux nombres de pièces plus vastes et plus décorées les unes que les autres et cela avec goût par Eloïse Busqué la non moins célèbre décoratrice du monde bien pensant.
Ses réceptions étaient titanesques, gargantuesques et le tout Londres aimait à s’y rendre. Il ne fallait oublié personne car alors, celui ou celle qui par mégarde ne recevait pas la fameuse carte d’invitation, se voyait mis ou mise de côté des mois durant-perdant le fameux prestige « de Lambic ».
Hector se gonflait d’un orgueil mal placer et ses anciens amis, mis presque au rebut, comme étant la lie de l’humanité ce qui il est vrai, lui apportait une satisfaction toute jouissive, frisant le narcissique pédant et dépravé.
Pourtant, Hector aimait ses anciens amis. Il n’état pas chiche avec eux. Il leur offrait mille et un plaisir, satisfaisant leur moindre désir mais…Hector ne les voulait plus à ses côtés.
Le monde dans lequel il évoluait-lui étant nécessaire, le familier se devait de disparaître.
Quand au mois de juillet Hector fut l’invité du puissant Chek Abul -Fric de Nèfle à faire une croisière sur son yacht privé Hector devint si pédant que même sa douce amie M elle Frastaire de Guingoix, lui fit la mine.
Il la combla d’un exorbitant collier, d’une bague et d’un bracelet ornés de fins diamants eux mêmes entrelacés de fines mailles d’or blanc que c’en était une merveille à voir. Cela eut l’heur de lui plaire et elle oublia pour un temps la désagréable attitude de son ami.
Le r^ve d’Hector continua sur sa lancé et l’ammena jusqu’au porte d’un monde oublié.
Hector découvrant grâce au Chek Abul-Fric de Nèfle une magnifique oasis ou une demeure de mille et une nuit y était posé tel un écrin dans une verdure luxuriante ou l’eau, y coulait non à flot mais contenue à l’aide d’extraordinaires fontaines plus gracieuses les unes que les autres…ou l’or et les métaux précieux étaient mis en valeur…ou les hommes et les femmes vêtues de voiles et de tissus chamoisés, semblaient vivre dans un monde ou la valeur de la vie y était précieuse.
Tous cela, mettait Hector dans de très bonnes conditions. Il se laissait vivre, se faisait servir, goûtait aux plaisirs de la vie qui, lui paraissait alors si simple, si douce.
Il baignait dans l’opulence, l’allégresse la plus totale.
Lorsqu’il rentra de son voyage onirique, fantastique, il se vit acclamé par ses nombreux amis qui, lui avouèrent que sa longue absence leur avait été presque intolérable; que sans lui, leur vie était somme toute si monotone que la douceur du mois de juillet, leur avait paru interminable.
Hector était électrisé par ces marques d’amour et d’amitiés. Il promit que ses absences seraient moins longues à l’avenir…mieux encore, s’il devait de nouveau être l’invité d’une quelconque célébrité, il se ferait une joie d’invité dix de ses plus intimes amis.
les jours et les nuits s’écoulaient ainsi pour un Hector de plus en plus orgueilleux, imbu de lui-même, pédant et vaniteux.
Il épousa sa belle demoiselle Frastaire de Guingoix qui lui apportait en dote un magnifique château, de vastes champs cultivés, un haras de renom et un cépage qui avait une côte de popularité presque mondiale…bref, notre Hector était à la noce.
Pourtant comme à chaque fois, le jour se substituait à la nuit et Hector voyait son rêve prendre fin de cette façon brutale qui, fait que l’on éprouve alors une envie de tout brisé.
Un matin, Hector resta quelque peu dans son rêve. Il arriva sur son lieu de travail. Fut salué par ses collègues, les rires fusèrent du côté des femmes et Hector s’enorgueillit de cela.
Il croisa des hommes en costumes trois pièces de bonne facture qui le saluèrent à leur tour. Hector en perdit presque la parole…il était aux anges. Enfin on le voyait pour ce qu’il était…un homme fort, méritant, qui avait sa place dans cette jungle froide et austère. Il se pavanait et recevait les rires et les sourires comme étant des marques de puissances reconnues.
Lorsqu’il croisa Monsieur Grospère, bedonnant et à la lippe distendue, il se dressa tel un coq attendant sur son tas de fumier l’éveil du matin prêt à chanter sa douce mélodie, droit sur ses ergots.
Mais Monsieur Grospère le toisa du haut de son mètre soixante cinq et d’une main impérieuse montra à Hector son costume mimant ensuite le corps d’Hector.
Tel le paon, gonflant ses plumes, Hector se tourna et montra alors à son digne patron l’envers du décor.
Sous la grimace de celui-ci, Hector se regarda Et les rêves prirent brutalement fin.
Hector comprit qu’entre les rêves et la réalité, il y avait un pas à ne pas franchir sous peine d’être discréditer à jamais.
Rêvons, rêvons, c’est notre sel de vie.
Restons juste vigilant afin que notre esprit reste attentif à la vie.
y-l.
À la Loterie des Rêves, cette nuit, j’ai enfin gagné !
Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux ce n’était pas du tout le lot que j’espérais…
La nuit tombait. Je roulais sur cette nationale du bout du monde, criblée de nids de poule. J’avais un peu forcé sur la bouteille. Alors, je décidai de m’arrêter après le virage.
– Un petit somme te fera le plus grand bien, mon pote, me dis-je à moi même !
Le St-Christophe qui pendait au rétroviseur me répondit sur un ton goguenard :
– Il n’y a pas de mal à se faire du bien !
Et sur cette belle envolée, je m’envoyai dans les airs ! En quelques secondes, j’ai quitté cette vie de misère !
J’ai quitté cette vie de misère, métro-boulot-dodo. Stress, harcèlement et burn-out….
J’ai quitté cette vie de misère, mômes hurlant leur insatisfaction perpétuelle, épouse devenue harpie hargneuse.
J’ai quitté cette vie de misère dans pavillon sans âme, reproduit par dizaines dans un lotissement aussi vague que l’étendue du désert de Gobi.
J’ai quitté cette vie de misère où mes mains puaient le cambouis à force de réparer le vieux moteur d’une bagnole sans âge.
J’ai quitté tout ce qui faisait de ma vie, une vie de misère, froide, atone, indifférente, transparente.
J’avais gagné, et même le super gros. J’étais catapulté au centre d’une carte postale tropicale. Le paradis : eaux turquoises, plages infinies de sable blanc, cocotiers. Je me sentais bien. Libéré de toutes les entraves, de toutes les contraintes, de toutes les vicissitudes d’une vie mortellement ennuyeuse.
Mais quand j’ai ouvert les yeux, ce n’était pas du tout le lot que j’espérais.
Je frappais désespérément à la porte de chêne clair. Puis, une sonnerie stridente retentit près de ma hanche. Je voulais répondre, mais je me sentais un peu gêné dans mes mouvements. A dire vrai, je parvenais à peine à bouger mes doigts…
Et puis, ce fut le flash….les coups rythmés, cette odeur de bois frais….
Ces cons, en refermant le couvercle, n’avaient même pas remarqué que je respirais encore !
© Clémence
Idée géniale !!! Quelle chute !!
Ah ! Une fin et qui me cloue …
À la Loterie des Rêves, cette nuit, j’ai enfin gagné !
Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux ce n’était pas du tout le lot que j’espérais…
J’ai gagné le gros lot…. un voyage spatial. Enfin seule, je vais méditer, contempler la Planète Bleue, me confronter aux limites, mystères de cet Univers labyrinthique . Silence sidéral ou résonances, musique des sphères ? Me voilà dérivant sur la voûte céleste, au milieu de planètes, simples, doubles, rouges, bleues, super novae inaccessibles., avec quelques amas globulaires. Attirée par des excursions électromagnétiques, je suis aspirée par des tourbillons fabuleux.
Emportée dans cet espace vertigineux, enserrée dans les bras spiraux de la voie lactée, je me réveille brusquement. Retour brutal sur terre …
Les miaulements du chat réclamant pitance.
Notre pays, pourtant pas si mal loti, jouissait d’une réputation étrange à travers le monde : celle de la morosité. Insatisfaits permanents, ainsi pouvait-on qualifier la majorité de ses habitants.
A tel point que le gouvernement décida d’adopter des mesures pour réapprendre à ses concitoyens à rêver. Rêver d’un avenir meilleur bien sûr, mais surtout s’évader dans un ailleurs enviable, voilà qui devait sans aucun doute relever le moral des troupes.
Dans ce but on créa une grande loterie, une loterie où chacun était assuré de gagner un jour. Le plaisir du jeu constituait déjà en lui-même un stimulant puissant. Le hasard, maître de cérémonie bénéfique, Bon Génie attaché à réaliser les vœux des heureux élus, redonnerait au pays déprimé l’occasion d’attendre le lendemain dans l’optimisme. L’égalité des chances, assuré, couperait le sifflet aux grincheux.
On inaugura en grande pompe cette nouvelle institution d’État et le succès s’enclencha très vite. Les gens se pressaient chaque matin pour se procurer un ticket. Les files d’attente s’allongeaient de jour en jour et bientôt il fallut prendre de nouvelles dispositions pour canaliser le flot des demandes. On institua donc un tirage au sort. J’avais suivi le mouvement général et attendu comme tout le monde, avec impatience, le jour où j’aurais enfin droit à mon ticket de la loterie des rêves. Quand j’entrai dans la boutique, toute illuminée de guirlandes multicolores, j’eus l’impression de pénétrer dans une bonbonnière géante, perdue dans un lunapark. Une jeune personne souriante répondit à ma demande après un temps d’attente réduit au minimum. Je fus agréablement surpris par cet accueil qui contrastait tant avec les administrations habituelles aux faces revêches et aux tickets d’appel au long cours.
Et c’est donc tout sourire que je répondis à une invitation qui aurait du me laisser perplexe : On me demandait de « souffler dans le ballon ». Ne voyant pas de képi à l’horizon je m’exécutais sans discussion.
On me tendit alors une sorte de tuyau élargi à une extrémité. Après l’avoir plongé dans un liquide gluant et d’odeur agréable, je soufflai doucement à l’autre bout. Une magnifique bulle de savon, de taille appréciable, en sortit et partit vers le ciel. On l’intercepta avec art, et on l’enferma en la tassant un peu dans un coffret doré qu’on me confia avec recommandation d’en prendre grand soin. Je devais m’endormir paisiblement en gardant l’objet entrouvert à mes côtés.
Jamais je n’attendis la nuit avec autant d’impatience. Je m’allongeai avec le coffret sous les yeux, le couvercle soulevé, fasciné comme un enfant par ses ciselures, lumineuses dans la nuit. Le trésor d’un conte de fées.
Je m’endormis paisiblement.
Alors le coffret s’ouvrit lentement et laissa échapper la bulle de savon, qui commença son ascension, et s’arrêta au-dessus de mon lit, où elle attendit patiemment. Je me levai, et découvrit au fond du coffret un petit parchemin roulé qui me promettait « un château en Espagne », sans me dire comment y parvenir. Mais la bulle aux reflets irisés tourna lentement sur elle-même et dans le même temps grossit de façon démesurée. Bientôt je découvris à sa surface une légère faille dans laquelle j’introduisis le doigt. La paroi céda, pour se reconstituer aussitôt le doigt enlevé. Alors, sans plus réfléchir, j’y glissai la main, puis le bras, puis le visage, et mon corps entier passa à travers la pellicule de savon qui se referma dès que j’y fus tout entier logé. Et la bulle prit son envol. Je pris mes aises et me logeai confortablement dans ce globe élastique très souple.
Nous sortîmes rapidement de la nuit et un soleil éclatant illumina bientôt un ciel constellé de bulles du même genre, qui transportaient d’autres passagers dans des directions différentes. Chacune portait une étiquette avec sa destination, à l’image des anciens colis postaux partant pour les Indes. Et je pus lire ainsi : « Séjour sur l’Olympe », « Bain dans la piscine à billets de Picsou », « Découverte du pays de Lilliput », « Voyage dans la lune en compagnie de Méliès », et bien d’autres promesses tout aussi alléchantes.
Les voyageurs, radieux, s’adressaient des petits signes de salut à travers leurs véhicules. La chaleur montait rapidement et je tombai bientôt dans une sorte de torpeur. Je m’assoupis en rêvant à l’aspect du « château en Espagne » qui m’attendait au terme de mon périple…
Le réveil n’en fut que plus brutal.
Persuadé de me trouver dans une bulle close, j’en profitai pour me tourner et me retourner à la recherche de la position idéale, tant et si bien que je tombai au pied de mon lit. Je cherchai le coffret doré sur ma table de nuit et ne trouvai qu’une boite en carton contenant un message lapidaire sur un bout de papier: « La loterie des rêves espère que vous avez passé une nuit enchanteresse et souhaite vous revoir au plus vite. ». Comble d’ironie, le message était signé « Shéhérazade ».
J’explosai dans un accès de mauvaise humeur.
Avant de me dire qu’après tout, si un sultan s’était fait détourner de son sombre projet par les histoires sans fin de la belle Shéhérazade, je pouvais bien, moi aussi, céder au charme d’une nuit ensorcelée, et reconnaître que je venais de faire un bien beau voyage au pays des songes…
Je suis en taule. Dans le quartier ‘déchristianisation’.
Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai pris mon couteau à bifteck le plus affûté́ et je suis sorti dans la rue d’où ma concierge délatrice était en train de rentrer les poubelles.
J’avais gardé une dent contre elle depuis qu’elle m’avait agressé à cause des nombreux retours de mes manuscrits qui lui donnaient du travail non prévu dans son CDI.
J’avais ruminé une vengeance à manger froide.
Un matin, après une mauvaise nuit, levé d’un pied gauche de mauvais poil et mal luné, je lui ai couru après, le couteau au poing, en criant «Jésus est grand ! Lui seul est mon prophète …»
Cette grosse vache a hurlé si fort que j’ai vite été maîtrisé, menotté, embarqué direction La Santé. J’y suis à l’isolement, alors je rêve.
Je n’ai droit qu’à la visite du surveillant et une fois par mois à celle de l’aumônier. Ce brave homme compatissant et bardé d’illusions m’a apporté une bible.
Un régal ce bouquin ! Si j’avais su, je l’aurais lu plus tôt et peut-être n’en serais-je pas là. C’est surtout l’Ancien Testament qui me botte : qu’elle variété d’histoires et de destins, un peu pousse-au-crime quand même, à l’époque ils n’y allaient pas de main morte non plus ni ne faisaient dans la dentelle. Vas-y que je te bannisse, te flagelle, te crucifie, te décapite…
A 22h extinction des feux, alors je rêve, c’est ma grande évasion à moi.
Mes rêves sont plus fantastiques les uns que les autres, imaginez un peu : cette nuit j’ai traversé à pieds secs la Mer Rouge derrière Moïse, avant-hier j’ai estourbi Goliath d’un jet de fronde en plein dans le mille, il y a 3 jours je suis descendu faire mimine aux lions dans la fosse avec Daniel, j’ai été témoin en planquant derrière un rideau que c’était bien Judith qui avait décapité Holopherne.
J’ai aussi été invité au pique-nique de la Cène juste assis à côté de ce traître de Judas, les pains se sont multipliés tout seuls, pareil pour l’eau qui s’est changée en vin, Lazare est arrivé un peu en retard parce que sortant du tombeau il avait dû prendre une douche mais il était accompagné de Marie-Madeleine, celle-là, qu’elle beauté, en revanche j’ai refusé de serrer la main de Ponce Pilate, j’ai les mains propres moi.
Voyez, chaque nuit une nouvelle histoire, pourvu qu’il en reste assez jusqu’à la fin de ma peine ?
Mes rêves sont pleins d’aventures, mais chaque réveil est très cruel, lorsque le gardien m’apporte mon croûton de pain, il fait cliquer ses clés et se moque : « arrête ton char, Ben Hur ! »
Une fin superbement bien roulée!
Jobert hésite encore à ouvrir les yeux. Il voudrait bien replonger mais le rêve se barre comme un fourgueur de cam devant les keufs. Dans un ultime effort, il tente pourtant d’en grapiller quelques miettes, si ce n’est qu’une impression. Mais elle a foutu le camp, elle aussi, dans les bas-fonds de sa caboche.
Il se souvient juste que c’était sacrément beau. Totalement branque, un vrai panard ! Sous les regards ébahis des autres joueurs, il était à deux doigts de faire sauter la banque. Le taulier pouvait commander le champagne et venir lui serrer la pince, courtoisement, sous les applaudissements. Pourboire pour le personnel !
Jobert s’étonne encore d’avoir – même en pionçant – franchi les portes du casino aux fausses allures de grand bazar oriental. Lui qui consent tout juste à faire un loto quand Emile rameute la bande, les jours de grande cagnotte. A coup de billets de dix (qui font même pas cent), on part en vrille sur le gain mirifique aux multiples zéros. Jojo propose de faire le partage, vu qu’il était coursier à la Caisse d’épargne – respect tout de même ! Pierrot, lui, se voit déjà sur la Riviera (la vraie, pas celle des Alpes !), avec la caravane, les gosses qui braillent et maman qui met les bigoudis ! Très vite, les ballons de blanc font monter les espoirs en neige et la cafetière surchauffe.
Après le journal et la météo, Mimile monte le son et on se tait collectif, le souffle court, les yeux rivés au poste. Dès la première boule, chacun frissonne en abandonnant quelques illusions. A la troisième, ils espèrent encore mais les suivantes les font, peu à peu, douter de récupérer leur mise. Et quand le résultat s’affiche, implacable, ça leur coupe le sifflet : même les mouches cessent de voler. Jusqu’à ce que l’un d’eux se mette à gueuler que c’est sûr : on gagnera la prochaine fois ! Le patron remet la tournée.
Dans son rêve, Jobert est sapé en milord, costume rayé et nœud pap, avec des pompes en croco flambant neuves, des vraies tatanes de mac. Il trône à la table de jeu comme si c’était son taf, en toisant les autres joueurs, fébriles. Le croupier braille « faites vos jeux » et Jobert balance ses plaques : « tout sur le 22 » – sa date de naissance et un chiffre fétiche dans la poulaille ! En fin limier, il pressent que la chance tapine dans le coin depuis trop longtemps, attendant l’élu – qu’il est, sans aucun doute. A nous deux, ma poulette ! Pour un peu, il lui pousserait des ailes de proxo ! « Rien ne va plus ! »…
Et c’est là que tout a foiré ! Encore un coup de la voisine : un jour, on la retrouvera pendue au fil de son aspirateur et il sera décoré de la croix du mérite, foi de Jobert !
Sous le double choc du mirage nocturne et de ce brutal retour à la réalité, il tente un ultime repli sous la couette. Mais c’est plus que la misère, ce rêve à la con.
Heureusement, ce soir, on joue pour l’Euromillion !
Bon week-end, Christine
(pb lors du premier essai de publication… j’espère qu’il n’y aura pas doublon !)
Il aura peut-être plus de chance la prochaine fois en jouent le 36 ?
Chouette texte qu’il perde ou qu’il gagne !
Merci, je transmets l’idée, qui sait !
A la Loterie des Rêves,cette nuit,j’ai enfin gagné!
Mais au réveil,quand j’ai ouvert les yeux,ce n’était pas du tout le lot que j’espérais.
C’était juste Bébert,ronflant comme un sonneur,la bouche entrouverte,ses grosses mains boudinées posées sur son ventre dépassant à moitié de son pyjama, offert pour ses cinquante ans par ma belle mère voilà déjà quinze ans.
Ses cheveux hirsutes en bataille sur le traversin froissé et taché.
Dieu du ciel,quel spectacle!
Je sortais douloureusement du lit,mes articulations n’aimant pas l’immobilité prolongée,enfilais mes vieilles pantoufles éculées et me dirigeais à tâtons vers la salle de bain sans prendre la peine d’enfiler le peignoir beige en nylon matelassé posé sur une chaise.
Le néon s’alluma en vacillant,je me regardais dans le miroir piqué et sali de postillons au dentifrice.
J’y vis mon visage chiffonné,mes cheveux gris enroulés autour d’antiques rouleaux en mousse protégés par un filet ,troué et distendu par l’usage.
Vite,vite,le tube de somnifère,trois comprimés de Somnothal d’un coup,et retour au lit.
Faite que je me rendorme,faite que je retrouve mon rêve.
Je m’allongeais en soupirant:
« Par pitié Morphée, accueille moi en ton sein.
– Hé ben alors Pupuce,encore ton insomnie? Viens là, rendors toi, on est dimanche,et fais de beaux rêves »
Se tournant vers moi, Bébert m’entoura tendrement de son bras,embrassant ma nuque avant de replonger dans le sommeil.
Constat triste et émouvant, mais il y reste plein d’espoir
La tendresse de Bébert écrasera de son poids le constat des tristes portraits. Beau texte.
À la Loterie des Rêves, cette nuit, j’ai enfin gagné !
Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux,
ce n’était pas du tout le lot que j’espérais…
À la Loterie de mes Rêves, je ne pouvais pas mieux tomber.
J’avais les cinq numéros dont j’avais toujours rêvé.
Assis à l’arrière, cinq à douze ans, Tom, Léa, Jules et Béné.
Et mon bon vieux Tobby, couché à leurs pieds.
À la Loterie de mes Rêves, j’avais le numéro chance à mes côtés.
L’amour de ma vie, mon étoile, Charline, mon bébé.
Depuis quinze ans, elle et moi on se complétait.
Pas une dispute, pas un mot de travers, juste on s’aimait.
Cette nuit sur la Nationale 7, on se tirait la bourre avec la voiture d’à côté.
Premiers arrivés à Saint-Tropez !
Bingo ! on avait gagné.
Ce n’est qu’en me réveillant qu’on me l’a annoncé.
Un ange vêtu d’une longue robe à ailes blanches me souriait.
Je devais sans doute déjà passer à la télé.
Un animateur auréolé de son égo portait une clé.
Avec le sourire d’un agent immobilier
Il m’a demandé: « Vous êtes bien monsieur Bolloré ? »
« Oui », j’ai répondu présentant mon ticket d’identité.
Il l’a regardé attentivement, murmurant : « Tobby, Tom, Léa, Jules, Béné.
Et Charline. C’est bien ça, vous êtes au complet !
Quelle chance vous avez ! Bienvenue au paradis, monsieur Bolloré ! »
J’arrivais dans une clairière et je vis une femme nue sur un cheval noir. Pour cette cavalière j’éprouvais immédiatement un noir désir. J’adorais ce côté romantique, presque gothique. Aux sombres héros de l’amer, en amants névrosés on se retrouvait pour communier en corps à corps, en corps encore, en corps du cri, amen. Parfois je me contais ce fantasme avant que ma maîtresse décolle. La loterie de mes rêves m’avait soufflé dans le cou : « Tu verras le vent nous portera ». J’avais gagné ce noir désir. Désir de sa peau, désir de ses yeux, appeaux de son charme. Sa peau. Son touché, velouté par endroits et soyeux allant vers… Son odeur, fleurie par ses parfums ou suave par essence. Sa saveur, sucrée par le soleil à la naissance de ses seins, salée en perles de sueur au creux de ses reins.
« Par tous les seins je le confesse, je préfère ses aréoles que je tète plutôt qu’une auréole au dessus de ma tête. Je « tendresse » pour ses fesses même si je dois être vilipendé en chaire. La chair me brûle, je suis damné. Je suis condamné car je vais à con fesse pour exhausser mes sensuelles prières. »
Lorsque je me réveillais j’avais la bouche accaparée par un imposant téton. J’étais aux côtés d’une matrone endormie dont le corps n’évoquait rien à mon cerveau embué. Lorsque des coups sourds ébranlèrent la porte, la femme se leva d’un bloc, m’écrasant deux ou trois os. Elle était agitée, importunée par la voix qui s’impatientait derrière l’huis bloquée. Elle gesticulait en tous sens, manquant de renverser sa masse sur le plancher tandis qu’elle enfilait une culotte qui aurait pu servir de voile à un petit bateau. Elle me poussa vers le coin de toilette. Je me dissimulais d’autant plus vite derrière le rideau de gros drap que avais reconnu la voix du sergent Moudugenoux. Plus tard j’appris que c’était sa régulière que j’avais levé la veille au soir dans un café du port. Les attraits de l’alcool avaient sans doute embelli ceux de la dame. Je m’étais dissimulé dans le recoin étroit, en train de finir de me vêtir. Je m’attendais à l’entrée tonitruante d’un Moudugenoux furibond, mais au lieu de ça, ce fut la voix éraillée de l’opulente ébouriffée qui vibra à mes oreilles: « Tu ne pouvais pas faire moins de bruit et m’éveiller en douceur. Tu sais bien que je travaille tard ! ». Puis le ton de s’adoucir pour ajouter : « Tu as fais bondir mon pauvre petit cœur ». Par une déchirure providentielle je la vis prendre la main du sergent et la porter à son gros sein palpitant. Il sembla fondre comme neige au soleil. Il baissa la tête comme un enfant fautif avant de dire : « Pardon ma douce ». Je le vis joindre ses mains dans l’attente d’une réprimande ou d’une parole aimable. C’est la réprimande qui tomba de la voix rauque : « Je suis douce certes, mais tu as exagéré et tu mérites une punition ». Elle prit d’autorité la badine du sergent et martela sa main d’un air courroucé, tout en ajoutant : « Tu sais ce qui t’attend ». Moudugenoux s’agenouilla en acquiesçant. Afin de ne rien perdre de la scène, j’avais agrandi la fente du rideau au risque de me faire surprendre. Le sergent ne remarqua rien à l’affaire, trop absorbé qu’il était par la sienne. De toute façon la matrone le plaça avec une dureté consommée dans une position telle que son visage se retrouvait à l’opposé de mon réduit. Elle lui baissa le pantalon et lui administra une dizaine de coups de badine qui déclenchèrent de petits jappements, pour mon plus grand plaisir. Après un petit cérémonial, elle le congédia en lui ordonnant de ne revenir que dans une heure. Il parut satisfait de cette nouvelle humiliation qui par ailleurs arrangeait bien mes affaires. Lorsqu’il fut partit, je sortis de ma cachette pour me précipiter vers la mégère qui se trouvait parée alors de nouveaux charmes. J’appliquais un solide baiser sur ses joues rebondies avant de m’éclipser vers le cantonnement.
À la Loterie des Rêves,
cette nuit, j’ai enfin gagné !
Nourriture, toit
Santé, vêtements
Amour, amitié
Sécurité, réussite
Foi, art, beauté.
Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux
ce n’était pas du tout le lot que j’espérais…
Famine, désolation, exode, coupures d’électricité
Viols, amputations, exécutions
Bombardements, inflation.
Trahisons, haine
Embrigadement, dévastation…
Je me souvins alors que le monde est en guerre
Que nos besoins élémentaires sont devenus des chimères
Et que bientôt il nous faudrait les rêver
A la grande loterie de la vie.
A la Loterie des Rêves, cette nuit j’ai gagné!
Mais au réveil, quand j’ai ouvert les yeux , ce n’était pas du tout le lot que j’espérais.
Pourtant, à la Loterie des Rêves, pour moi, il n’y avait que des avantages. Pas de billets à acheter, pas de queue au bistrot du coin, pas de petit noir à suçoter, sans sucre, en lorgnant les jambes des femmes.
Donc pas d’argent bêtement dépensé. Car j’ai calculé. J’ai 96 ans. En commençant à 20 ans, à 5€, en moyenne , par semaine, j’aurai déjà claqué au moins 18000€.
C’est toujours çà, qu’au moins… j’ai gagné. Et qu’avec ces économies, je vais enfin pouvoir me payer le piano de mes rêves, un immense, sur mesure. Un Steinyamadorfer. Un combiné des meilleurs. Un qui me permettra de taquiner aussi bien Rachmaninov que Scott Joplin.
J’ai déjà abattu la triste cloison empêchant la superbe queue de se pavaner jusqu’à la baie vitrée, à en faire baver d’envie la voisine.
Vous me direz qu’à mon âge, il serait bien temps de prendre des leçons, qu’avec le temps va tout s’en va. Mais non,j’ai conservé le stock complet des partitions de ma vie et tous les matins j’entraîne mes doigts en faisant des coucous aimables à ma voisine.
La vie à la campagne n’est pas aisée et j’ai chopé le rhumatisme des foins. Ca ne m’aide pas à chantonner les airs que j’improvise dans ma tête et que je jouerai, sur un doigt.
Oui, je disais donc: « Quand j’ai ouvert les yeux, ce n’était pas du tout le lot que j’espérais. »
Ma voisine avait déménagé depuis 6 mois. Une cloison séparait toujours ma sombre chambre de la cuisine étriquée.
Quelques notes majeures de frais traînaient sur le buffet.
Et Là, sur la table de nuit, avec ces petits trous ridicules, un harmonica.
Pour un dernier souffle.
La plage, les palmiers, la mer toute proche … l’odeur légèrement vanillée de l’air dans la brise. Oui j’entendais la mer au delà de la porte déglinguée d’une caravane. Aucun palmier à des kilomètres, des mobilhommes alignés les uns à côté des autres. J’avais la tête lourde et je gardais le souvenir d’une soirée arrosée d’un nombre exagéré de bières. Marco et Pablo n’étaient pas loin j’entendais leurs ronflements. Une odeur écœurante de friture montait jusqu’à mes narines. Quand j’essayais de me lever un bras lourd me barra le ventre …. alors ma louloute on …. la voix de ma compagne fut noyée dans le vacarme assourdissant du train de 8.33 vers Nice passant au dessus de nos têtes à la gare de Villeneuve-loubet. Mes maux de tête redoublèrent et j’essayais de retourner à mon rêve polynésien…. en vain
ça sent le vécu!
C’est cti qui dit qui l’est!