660e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Un nœud défait se morfondait.
« Un lien vaut mieux que deux tu l’auras » sermonnait pourtant son père. Il ne l’avait pas écouté.
Depuis, son moral s’effilochait.

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22 réponses

  1. Peggy Malleret dit :

    Pas un nuage ne traverse le ciel uniformément bleu et ensoleillé. Une belle journée de liberté à passer dans son cher hameau avec ses amies les plus proches.
    Marie-Antoinette, d’humeur joyeuse, a envie de choisir une robe en indienne de coton, toujours à la mode grâce à sa légèreté et ses couleurs plus gaies que les habituelles soieries. Après une longue hésitation, elle se décide pour la rayée verte et blanche qu’elle n’assortira pas d’un volumineux pouf si lourd à porter, mais d’un chapeau garni de fleurs et de fruits. Elle demande à Léonard, son perruquier, d’y ajouter ce joli ruban vert qui s’harmonisera si bien avec sa tenue campagnarde.
    Or, le souhait le plus ardent de Ruban vert est d’être noué sur la ravissante coiffure de Madame Campan. Il a une passion pour cette femme qui s’attache avec tant d’abnégation à instruire les mères de famille. Au diable ce que dit son père ! C’est sur elle et elle seule qu’il deviendra le plus beau nœud qui soit au monde.

    Le coiffeur prend Ruban vert, le passe autour de la composition florale et fruitière de la reine pour le nouer à l’arrière et laisser deux grands pans flotter librement au gré du vent.
    L’artiste habitué à travailler les passementeries ne comprend pas pourquoi cette fois-ci il a tant de difficulté à réaliser une double coque qui n’a rien d’exceptionnel. C’est que Ruban vert ne se laisse pas manipuler. Il se rebiffe. Il ne cesse de glisser et de se défaire pour qu’abandonnant le combat, le coiffeur propose une autre couleur à Marie-Antoinette, ce qu’il fait timidement. Grâce à Dieu, Sa Majesté accepte. Ruban vert a gagné !

    Léonard se rend maintenant auprès de madame Campan. Assise devant son miroir, elle laisse l’artiste exécuter son œuvre. Ravie, elle lui demande de terminer par ce joli ruban vert qu’elle voit dépasser de sa boîte à fanfreluches.

    – Ah, Madame, de grâce, ne pouvez-vous en choisir un autre ? Celui-ci est d’une piètre qualité qui ne peut rendre la beauté du nœud que je souhaite réaliser pour vous.
    Soit, elle opte pour un bleu doux qui fera ressortir les fines rayures de sa robe.

    Ses œuvres terminées, le coiffeur furieux de ne pas avoir pu satisfaire ni sa reine ni madame Campan, prend tout le rouleau de ruban vert et le jette rageusement dans un tiroir où, oublié pendant des lustres, son moral s’effilochera tant et si bien qu’il ne restera que les fils de lisse et de trame. Amer, désespéré, il répètera comme un leitmotiv le conseil de son père : « un lien vaut mieux que deux tu l’auras ».

  2. Françoise - Gare du Nord dit :

    Un nœud défait se morfondait, enfermé dans un inextricable sac de nœuds :
    = des mouchoirs avec des nœuds
    = des nœuds papillons
    = de vieux nœuds coulants
    = des nœuds dans la gorge
    = des noeuds gordiens
    = des nœuds marins
    = de véritables têtes de noeuds

    « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras » sermonnait pourtant son père peu avare de préceptes fabriqués avec des proverbes détournés :
    Depuis toujours et quotidiennement, son père lui infligeait le dicton du jour, revu à sa façon.
    « Pas bu, pas gris »
    « A tout saigneur toute horreur »
    « A père ignare, fils prodige »
    « Abondance de riens ne nuit pas »
    « Liens mal acquis ne profitent jamais »
    « Le pieux est l’ennemi du lien »
    « Lien à défaire et laisser dire »
    « Un pleur ne vient jamais seul »
    « Tout lien mérite salaire »
    « Tous les liens mènent aux mômes »
    « Lien qui roule n’amasse pas » 
    « Aime-moi, le ciel t’aimera »
    Il en avait été abruti toute sa vie, il n’en pouvait plus
    Lorsque son père lui assigna le fameux « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras », il décida que ce serait le dernier. Et il ne l’avait pas écouté.

    Depuis, son moral s’effilochait. Il y avait du mou en lui. Il avait tendance à se défiler. Il était devenu lâche

    Il se souvint alors de l’injonction de l’entraîneur de l’équipe de France* de football à l’un de ses joueurs, et se dit « Il faut que je muscle mon jeu sinon je vais au devant de graves déconvenues

    Il décida de réagir. Il étouffa son père en lui restant en travers de la gorge, espérant que cela lui clourait le bec définitivment

    Mais avant d’agonir, son père prononça cet ultima verba : « Si jeunesse voulait, vieillesse pourrait »

    Remarque énergique faite par Aimé Jacquet à Robert Pirès (Coupe du monde 1998)

  3. fouret dit :

    Relégué au fond du tiroir, le moral en berne, il pensait aux sermons de son père… mais aussi à cette belle et douce époque ou, tout fringant, il faisait la fête chaque Jour. Il était très demandé car il s’accordait facilement à toutes les vestes, faisant preuve d’une grande souplesse pour la mise en place. Toujours au top de la mode, soigné et sophistiqué. Mais depuis quelques temps plus rien n’allait. Sa présence n’était plus requise. Quelques fois, il eut l’impression que…. mais non, on lui préférait désormais son voisin. Il se languissait… jusqu’au jour ou de tout petits doigts l’effleurèrent tout doucement. Il ressentit un frisson comme s’il avait été caressé par une légère brise… Il trembla lorsque les doigts l’aggripèrent… il fut ébloui lorsque, sorti du tiroir, il se retrouva de nouveau en pleine lumière. il fut dénoué tout doucement puis renoué. Son coeur explosa de bonheur lorsqu’il se vit dans le miroir tandis que la petite fille admirait son si beau petit noeud qu’elle venait de mettre dans ses cheveux blonds

  4. Michel-denis Robert dit :

    Un noeud défait se morfondait. « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras ! » sermonait son père. Il ne l’avait pas écouté et depuis, son moral s’effilochait.

    En fait, il ne savait trop pourquoi, la déprime, ce truc bizarre, était venue sans crier gare. Toc, toc ! Bonjour, c’est moi la déprime, je viens t’user jusqu’à la corde, qu’elle lui dit, l’air indifférent. C’était dramatique évidemment. Cependant, le drame, ne fait-il pas partie de la vie, n’est-ce pas ! Et il était joyeux pour ça, d’avoir trouver sa réplique. Il réagissait bien, et il s’arrêta sur ce paradoxe. Il se mit à lui parler comme s’il l’avait invitée. C’est qu’avec celle-ci, il fallait ruser.

    – T’as pas aut’chose à faire que de venir m’importuner ?
    – Et alors ! C’est mon boulot que d’attraper les gens. J’imagine un lasso. Et hop ! Il tournoie au-dessus de moi et je le lâche au moment où la victime ne s’y attend pas. Pendant un instant celle-ci se détend parce qu’elle se sent rassurée d’avoir renoué avec son passé. Je fais semblant de lui mettre la corde au cou et tout un processus se met en place, c’est mathématique.
    Mais hélas ! des fois, je rencontre des gens qui ont plus d’une corde à leur arc et la lutte devient plus radicale. Il faut user d’ingéniosité pour deduire leur point faible. Je dois finasser afin de trouver leur corde sensible. T’as jamais eu cette impression de tourner en rond qu’elle lui demanda à brûle pourpoint ?
    – Qu’est-ce qu’il lui prend ? Effectivement, j’ai eu cette impression, se dit-il, à un moment de ma vie.
    – Et qu’est-ce que tu as fait dans cette situation ?
    – Quand on dit la corde au cou, c’est une image, bien sûr. Ca veut dire que tu es lié pour la vie. Et c’est là qu’intervient le paradoxe. Il est nécessaire alors, de jouer avec sa propre créativité.

    Heureusement, il s’est rappelé cette expérience. Il avait fait un noeud à son mouchoir. Il suivit le schéma qu’il s’était construit, à la lettre, au cordeau, comme on dit.

    – Quand je vois ces gens en costard-cravate, qui savent résoudre un problème tout simple en quinze jours de réflexion intensive, je me demande si leur cravate n’est pas trop serrée au point d’empêcher l’irrigation de leur cerveau.
    – Fais gaffe à la censure quand même !
    Il se souvenait de son père plutôt coulant, pendant son enfance, jamais un mot plus haut que l’autre. Et cette phrase qui ressemblait à un proverbe était tombée comme une sentence. Exprimait-elle une vérité ? S’il l’attrapait, c’était pour lui chanter des comptines : « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette. Le premier qui rit… » Et il perdait tout le temps !

  5. Anne LE SAUX dit :

    Quand il était jeune et fougueux, il s’était prêté aux désirs de nœud dans les cheveux d’une petite fille. Plus grand, il s’est engagé dans la marine. Les nœuds y étaient très appréciés.
    Puis, il a mûri et s’est lassé de cette vie de baroudeur. Il s’est alors établi en nœud de cravate. Il accompagnait un cadre jeune et dynamique. Un très bon job !
    Tout s’est très bien passé jusqu’à ce qu’il se retrouve au pressing et qu’il soit victime d’une employée zélée. Défait, ne ressemblant plus à rien, incapable de se régénérer, il se morfondait d’impuissance et de désolation.
    Les paroles de son père résonnaient « Ecoute-moi bien mon fils. Ne perds jamais ta raison d’être et ta dignité. Souviens-toi de notre devise « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras ».
    Il ne l’avait pas écouté ! Ou plutôt, il ne s’était pas méfié de cette employée qui l’avait amputé de sa raison d’être. Il le savait, lui, que personne à la maison ne savait refaire un nœud de cravate.
    De retour dans le dressing, son moral s’effilochait… Désormais il était sans avenir.
    Après des semaines de désespoir, il eut un sursaut. Une reconversion ! Il devait trouver un job différent. Après avoir passé en revue une foule de possibilités, il choisit le nœud à l’estomac. Pas besoin de se contorsionner pour se plier en quatre, juste servir d’alerte, de vigie quand le stress est trop grand. Un signal à envoyer, une impulsion, une tension et hop, je relâche. Un rôle noble : quand le nœud se dissipe il n’est pas défait, il est gagnant.
    C’est donc plein d’enthousiasme et de confiance qu’il s’engagea dans cette nouvelle voie.

  6. Urso dit :

    Un nœud défait se morfondait.
    « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras » sermonnait pourtant son père. Il ne l’avait pas écouté.
    Depuis, son moral s’effilochait.

    Ce matin alors que je prenais un café dans un bar j’ai vu quelque chose de bizarre.
    Un petit nœud agrippé des deux mains au comptoir qui me regardait avec des yeux tristes de loir.

    – Quoi quoi que me veux-tu luis dis-je ?
    – Salut dit-il en tirant sa révérence, en poursuivant : arrête de mater la serveuse ! Tu as certainement raison car elle est jolie et bronzée. C’est normal à cette époque de l’année.
    – Ah ah répondis-je je vois que tu es un nœud perspicace et intelligent. Sachant lire sur les visages des gens.
    Oui elle est jolie. C’est pour ça que depuis deux matins je viens ici. Pas trop pour le café mais plus pour la regarder de plus près.
    – Tu as de la chance embraya-t-il.
    Toi tu es jeune et beau.
    Moi je suis un nœud tout plat, épuisé, défait et ratatiné.
    J’ai trop vécu. J’ai le moral qui s’effiloche, en dessous de zéro.
    Moi le vieux nœud je vais bientôt partir dans les cieux rejoindre mes vieux.
    – Je le regardais ne sachant quoi dire à ce nœud qui semblait bien dépressif.
    J’eus alors une idée.
    – Eh madame lançai-je à la belle serveuse :
    – Puis-je avoir une vodka nœud avec 3 glaçons ?
    – Heu heu répondit-elle cette boisson c’est drôle ça me dit rien.
    La dame qui s’était assez rapprochée de ma pomme, j’en profitai pour vite lancer un long regard dans son décolleté plongeant.

    Pendant quelques secondes j’en vins à oublier le petit nœud puis subitement y repensai. Mince, regardant le bord du comptoir je fus étonné de ne plus le voir.
    À la place, il y avait un papillon bleu nuit.
    – Eh l’ami dit-il dans ma direction. Ne crains rien, je suis l’ancien nœud, je me suis métamorphosé : grâce à toi, ta douceur et tes mots gentils à mon égard.

    Je sortis du café un peu troublé : bleu bleu que la mer est bleue et tes yeux lumineux.
    Ah cette serveuse qu’elle est mignonne !
    Demain ou ce soir je reviendrai dans ce bar pour la revoir …

  7. Nouchka dit :

    Le petit rat doit être auditionné dans l’espoir d’intégrer le cours de danse de Madame PADOWA.
    La jeune ballerine est anxieuse. Elle participe pour la première fois à ce genre de sélection. Depuis plusieurs semaines, elle s’entraîne à répéter à l’envi les pas, le rythme, la géographie du déplacement sur le morceau Pavane, Op.50 de Gabriel Fauré.
    Par ailleurs, le père de la candidate a repassé pour elle le tutu et les rubans de satin rose de ses chaussons Repetto.
    Cet attentif papa encourage son petit rat et lui donne les conseils susceptibles de dédramatiser les enjeux : « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras » aime-t-il sermonner. Sa fille ne sait s’il répète cela pour lui-même ou pour elle. En effet, depuis que l’épouse, mère de la ballerine a quitté le domicile sans préavis, le père a reporté toute sa tendresse et ses soins à cette prometteuse progéniture.
    Docilement, elle l’écoute et tente de répondre à ses attentes.
    Ils se rendent au lieu de l’audition, en cet après-midi de juillet. Les salles de cours sont vides en attendant la rentrée de septembre. Le petit rat aime l’odeur de ce lieu. C’est le parfum de ses chaussons de danse mêlé à celui d’une certaine poussière ambiante.
    La ballerine se change rapidement, apprenant qu’elle est appelée à se produire dans les premières aspirantes. C’est bien, pense-t-elle, je serai libérée de cette épreuve avant d’être envahie par la peur.
    Debout en cinquième position, les muscles des bras en tension mais non crispés forment une courbe lisse levés au-dessus de la tête ; épaules, nuque et doigts détendus autant que faire se peut. L’expression du visage est naturelle. Le petit rat a bien intégré ces conseils et s’élance sur les premières notes de musique : Saut de chat, pas chassé, déboulé, échappé et là, patatrac, juste avant la double cabriole. Le nœud du chausson droit a glissé sur le satin repassé et s’est défait. Le ruban trainant au sol a été épinglé par la pointe du pied gauche… La candidate fait un splendide vol plané non programmé dans le ballet.
    Elle se relève seule et, tête altière, salue Madame PADOWA et ses acolytes avant de sortir, rubans roses à la traine, vers les vestiaires.
    Le nœud défait, le moral du père et de la fillette s’effiloche de concert au cours des semaines suivantes.
    Néanmoins, « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras », la jeune candidate réussit l’entrée dans un autre cours de danse, presqu’aussi prestigieux et considère que ce lien-là saura réconforter le couple père-fille.

  8. Françoise Maddens dit :

    660/Un nœud défait se morfondait.  
    « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras »sermonnait pourtant son père. Il ne l’avait pas écouté.
    Depuis, son moral s’effilochait.Son père qui était l’homme le plus silencieux qu’il connaissait ne lui adressait plus la parole,comme s’il n’avait plus rien à lui dire, à part cette phrase « un lien vaut mieux que deux tu l’auras ».
    Alors qu’il était monté au grenier chercher une valise dont il avait besoin c ar il partait en colo, il vit un corde de pendu accrochée à une poutre du plafond. Son sang ne fit qu’un tour . Fébrilement Il la décrocha puis d’un geste brusque refit le nœud du lien. Il redescendit la valise au bout du bras.
    « Papa peux-tu m’aider à la faire car je ne sais pas trop ce que je dois emporter, c’est la premièren fois que je vais en colo tu comprends.
    Bien sûr mon fils !
    Alors qu’il montait en voiture son père devant le conduire à la gare celui-ci lui dit « par cette chaleur tu devrais enlever le lien de ton cou sinon tu vas avoir trop chaud » ! tu as raison papa !
    Ils se quittèrent après de chaleureux au revoir……..

  9. 🐻 Luron'Ours dit :

    DERNIER REFUGE
    Le nœud défait, le lien perdu, il n’était plus le même ! Sous la commode une paire de baskets aux lacets blancs plats se faufilaient dans deux allées d’œilletons ronds finissaient en bouquet. Habillé à la hate, il se chaussa, tirant habilement les extrêmes du lien avant d’élaborer un double nœud. Il éprouva l’élasticité de sa plante des pieds, de ses chevilles et remonta au genou en se déhanchant.
    Le bout de la ville et ses quelques boutiques l’attiraient. L’alignement des arbres de l’avenue Erik Satie l’incitait à suivre leur ombrage, même à prendre le petit trot sur l’air de valse «Je te veux». Il se voyait viaduc d’Arcueil, il longea l’octroi, le cimetière. Le néon clignotait au-dessus d’une vitrine, il poussa la porte qui tinta.
    Ça l’intriguait.
    Personne derrière le comptoir, ou alors, discret sur une chaise vers une réserve. Notre héros hésitait devant les portants. Quelques revues éparses, ou plutôt des albums de photos empilés. La main suivait l’œil, il s’en saisit. Était-ce le texte Atlas Voyage ou l’image ou l’exotisme du lieu ? Était-ce l’invite ou quoi encore ? Il entendit une petite voix : ici, vous avez tout, regardez autour de vous. Mais c’est tellement mieux sur un papier glacé, des palmiers, la plage, les paréos, la paille tressée. Il se baissa, son lacet défait le ramena à la réalité.
    🐻

  10. Kyoto dit :

    Un nœud défait se morfondait.
    Un nœud refait se gondolait.
    Illico se défaisait.
    Un lien sans fin.
    Triste comme un jour qui s’annonce sans lendemain.
    « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras » sermonnait pourtant son père.
    Il ne l’avait pas écouté.
    Il trouvait cette sentence idiote.
    Des liens, il en voulait pléthore.
    Un nœud.
    Un double nœud.
    Un triple nœud.
    Serré comme un verre de whisky.
    Comme celui que buvait son père.
    Mais il n’avait pas le droit de rêver.
    Juste le devoir d’obéir.
    Et ce n’était pas sa nature.
    Son moral a fini par s’effilocher.
    Il ne restait qu’un fil ténu.
    Prêt à casser.
    Prêt à craquer.
    Il ne sera même pas un souvenir.

  11. mijoroy dit :

    Un nœud défait se morfondait.
    « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras », sermonnait pourtant son père. Il ne l’avait pas écouté.
    Depuis, son moral s’effilochait.
    Il avait des envies de nœud coulant pour en finir de cette vie de bridure qui lui échappait. Tous ses copains de la bande des Nœuds au taquet avaient embarqué sur la Santa Nœuda. À eux l’aventure marine, amarrage et matelotage alors que lui pas le moindre bout de ficelle ou d’élingue pour lui venir en aide pour souquer une haussière. Lui qui auparavant était fier de hisser fanions et drapeaux en compagnie de la belle Drisse, devait à présent se contenter d’être un simple fil dentaire. Il avait eu une expérience étouffante de courroie de moteur de voiture de laquelle il avait vite démissionné. Entre les résidus alimentaires et le cambouis, il avait perdu de sa splendeur le beau nœud de queue de vache qu’il était autrefois. Que n’avait-il écouté son père, en veillant à se consolider la corde. Il avait aussi postulé pour un job de lacet de corset, hélas il avait échoué à l’épreuve du nœud de rosette. C’est alors qu’une de ses accointances, un vieux nœud de cabestan lui suggéra de poser sa candidature au cirque Marcus Cordon.
    ─ Il paraît qu’ils ont besoin d’une corde solide, libre de tout nœud.
    À sa grande surprise, devant une ribambelle de bouts de ficelle, il fut retenu pour la saison.
    Depuis, chaque soir et parfois l’après-midi il brille tout en haut du chapiteau, lui le fil du funambule, attraction phare du spectacle.

  12. camomille dit :

    Un nœud défait se morfondait.
    « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras » sermonnait pourtant son père. Il ne l’avait pas écouté.
    Depuis, son moral s’effilochait et la petite risquait de tomber à tout moment.
    Il se culpabilisait et se flagellait : « faut plus que je me relâche, faut que je sois moins distrait… Faut que je reste concentré surtout lorsque c’est pour la petite ».
    Mais la petite était finaude.
    Quant elle s’aperçut qu’elle avait un nœud défait au lacet de sa chaussure droite, elle s’arrêta de courir et se mit à avancer les jambes écartées afin d’éviter de mettre le pied gauche sur la lacet en liberté du pied droit.
    (elle ne savait pas encore bien faire les nœuds toute seule).
    Elle traversa la place ainsi, consciente du ridicule mais c’était une question de vie ou de mort.
    Elle n’osa pas aborder un passant : ils sont tous trop pressés d’aller au travail pensa-t-elle.
    Elle avait remarqué de l’autre côté, dans l’angle, la boutique d’un cordonnier.
    Rien ne vaut un professionnel dans un cas pareil !
    Et la voilà face au cordonnier, jambes écartées.
    L’homme avait la tête baissée et il était en train de respirer profondément une semelle. Enfin… il donnait cette impression.
    Il releva la tête, vit la petite et la regarda en point d’interrogation.
    La petite n’arrivait pas à formuler sa demande mais le cordonnier professionnel comprit.
    Alors, il se leva de son établi et prit son temps pour refaire correctement le nœud de la chaussure droite. Par la même occasion, il vérifia celui de la chaussure gauche mais tout allait bien de ce côté là.
    Puis il sourit à la petite qui lui fit un gros bisou avant de repartir en courant.
    Et notre nœud défait pendant ce temps me direz-vous ?
    J’y viens.
    Notre nœud défait, ben… il s’est pris la honte de sa vie et le sermon de son père tournait en boucle dans sa tête.
    – Je ne m’en remettrai jamais (pensait-t-il)… Je suis un mauvais nœud… je veux mourir.
    Mais lorsqu’il voulu se noyer dans la piscine gonflable, là où jouait la petite, il ne put pas se défaire. Il était devenu, à son insu, un nœud parfaitement bien fait.
    Le cordonnier était vraiment un professionnel.

  13. 🐀 Souris verte dit :

    Un 🎀 papillon était tombé raide amoureux d’une boucle joliment bien tournée. La coquine refusa tout contact. Depuis il y a du mou dans les cordages et il ne craint qu’une chose : qu’elle mette les bouts avec un autre.
    Son père lui dit : un lien vaut mieux que deux…
    La corde à nœuds semble un rêve inaccessible… 🐀

    Je ne suis pas fière de mon écrit 😰 c’est pour ne pas lâcher la rampe !

  14. Grumpy dit :

    Le Kleenex : une cata, le début du déclin de l’empire terrien.
    Nostalgie pour le mouchoir à carreaux que les paysans nouaient aux quatre coins sur leur tête pour se protéger du soleil lors des moissons du mois de juillet.

  15. Patricia dit :

    Un nœud défait se morfondait.
    « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras » sermonnait pourtant son père. Il ne l’avait pas écouté.
    Depuis, son moral s’effilochait.

    Pas que son moral d’ailleurs. Tout partait à vau-l’eau. Evidemment, c’était de sa faute. Il en avait eu assez de faire toujours la même chose et de ne jamais être remarqué. Pourtant il était de toutes les fêtes, les remises de prix où il ornait des dizaines de têtes de petites-filles, les mariages qui l’invitaient dans tous les tons de blanc et de rose. Il était aussi l’invité des queues de cerfs-volants qui battaient pavillon de ses couleurs, des bateaux pour lesquels il était indispensable, sans oublier les prisonniers qui sans lui auraient pu s’évader… Et la liste est loin d’être exhaustive.

    Il avait tout envoyé balader.

    Oui, mais voilà. C’était bien beau d’avoir dit adieu à tout cela. Il se retrouvait seul, sans rien à faire de la journée. Et comme dit le proverbe, l’oisiveté est mère de tous les vices. Il risquait fort de mal tourner et de se déliter complètement.

    Il se creusa la tête pour trouver une activité où son rôle aurait une réelle importance, où l’on parlerait de lui tout le temps, où sa présence serait désirée, vraiment. Il eut une idée géniale, qu’il mit très vite à exécution et qui eut un succès fou.

    On entendait partout « Ben fais un nœud à ton mouchoir, comme ça tu vas t’en souvenir » ou bien « Heureusement, j’ai fait un nœud à mon mouchoir ; je ne risque pas d’oublier ». Il était heureux. Il avait carrément un rôle social, qui aidait des milliers, que dis-je des dizaines de milliers de gens à se souvenir de leurs engagements.

    Et puis le Kleenex fut inventé…

  16. FANNY DUMOND dit :

    Un nœud défait se morfondait.
    « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras » sermonnait pourtant son père. Il ne l’avait pas écouté. Il avait commencé sa longue carrière dans les mairies en tant que nœud de cabestan, solidement amarré. En se disant « Oui », les jeunes tourtereaux se mettaient la corde au cou pour la vie dans la joie et la bonne humeur. Elle était bien lisse cette corde et sans nœud où poser les pieds pour le moindre écart. Il passa de longues années ainsi à faire son boulot de plus en plus ennuyeux. C’était d’une tristesse de ne plus pouvoir bouger. Au fil du temps, il eut moins de travail et envisageât de se reconvertir. Il tenta diverses professions. Il se retrouva nœud d’escalade et en eut vite assez d’être gelé aux faîtes des montagnes. Il tenta de devenir nœud marin, mais être une mesure de longueur ne lui apporta guère de satisfactions d’être une abstraction. Il eut l’idée de se reconvertir en nœud papillon, mais bon, les recruteurs n’étaient pas légion et lui finissait par périr d’ennui dans les tiroirs des commodes. Nœud de couturière, bof ! Se retrouver à l’envers d’un canevas accroché à un mur lui donna le bourdon. Il y avait une forte demande pour les nœuds dans les cheveux et pour cause ! quel métier à risque que se faire maltraiter par un peigne. Dès la fin de sa première mission, il donna sa démission à l’agence qui l’avait recruté. Depuis, son moral s’effilochait. Las de se faire des nœuds au cerveau, il se dit que son père avait raison et que ce serait mieux de reprendre sa première activité. Là, il y avait de l’ambiance chez les couples, qui avaient tendance à le desserrer. Et ce n’était pas pour lui déplaire de se dégourdir.

  17. Grumpy dit :

    NeuNeu, depuis qu’il était devenu ado, avait de mauvaises fréquentations et ça ne s’arrangeait pas en grandissant.

    En vrai, il se prénommait Neuville, la faute à son grand-père admirateur du Chamberlain du même prénom, allez savoir pourquoi, mais vaut mieux pas chercher quatorze heures à midi quand ça ne sert à rien. Le surnom (vite trouvé) n’avait pas tardé à lui coller aux basques. NeuNeu il était, tel il resterait. Passer pour une andouille rendait parfois bien service, et puis la fête à NeuNeu, ça revenait souvent et ça, ça le branchait.

    Il se morfondait depuis qu’il s’était fait cravater par la BAC lors d’une nuit de cagoulés. Le voilà enfermé dans un sac de nœuds à moitié plein de sauvageons de son espèce et évidemment, aucun nœud papillon là au fond, ça il s’en foutait, mais de vipères, il n’aurait pas aimé.

    Il réussit à s’évader en grattant avec patience le jute du sac jusqu’à ce qu’un trou à sa taille lui rende la liberté.

    Sachant que des têtes de nœuds il en existait déjà plus qu’il n’en fallait, pas lui qui allait en rajouter. Il creusa la sienne pour trouver un travail intelligent et enrichissant tout en maintenant sa légitimité de NeuNeu.

    Puis vint l’idée qui fit sa fortune, il se tourna côté littérature. Vu son pedigree, fallait oser, pas complexé, il osa. Ce fut le bonheur : tout tournait autour de lui. Sans lui au centre, pas de héros, pas de roman, pas de lecteurs, pas de gros tirages, pas de prix littéraire, nada.

    Il lui fallut bosser très dur, créer des amitiés, se faire des relations, nouer des liens et surtout inventer, trouver une inspiration pour chaque roman. Pourquoi ? Parce que le nœud de l’intrigue, c’était lui.

    Moralité : N’est pas NeuNeu qui veut, son grand-père lui avait enseigné que, dans la vie, il fallait savoir faire l’âne pour avoir du son.

  18. Alain Granger dit :

    Au début « Nœud défait » était un bon petit, né du tressage d’un père chanvre et d’une mère coton. Les parents travaillaient tous deux sur un navire. Ils s’y étaient liés d’amitié puis avaient noués une relation amoureuse. Le petit nœud était un joli brin d’enfant, toujours tressage et très poli. Il était certes un peu tête en l’air mais rien de grave. Comme il oubliait tout, son père lui demanda de faire un nœud à son mouchoir. Cela résolu bien des oublis. Sa petite enfance fut heureuse. Mais, au fil du temps, l’harmonie conjugale se détériora. Bientôt, le couple fit chanvre à part, chacun dormant de son côté. « Nœud défait » en était malheureux. Un jour, ses parents se disputèrent durement. La mère criait « Y’en amarre ! Tu filin très mauvais coton. Tu ne vaux rien, même pas la corde pour te pendre !». Elle reprochait à son père de lui être infidèle. Elle prétendait qu’il tirait du câble avec un nœud coulant. Elle le traita de tête de nœud et lui demanda même de mettre les bouts. Il tenta bien de se disculper, de lui jurer fidélité mais pour elle, il fallait qu’il la boucle, aussi bien sa bouche menteuse que sa valise en fibres naturelles. Il n’y avait plus de nœud d’écoute dans le couple. Le navire s’apprêtait à couler. Le père était donc et la procédure de divorce engagée. Chacun des deux parents voulait obtenir la garde de l’enfant unique. Dans ce divorce, l’enfant était le nœud de l’affaire. Chacun lui demandait avec qui il voulait vivre. Pour « Nœud défait » c’était une véritable défaite, plus qu’un dilemme, un véritable nœud gordien. Il se sentait déchiré dans son âme et même dans sa chair. Il avait des nœuds à l’estomac et avait du mal à digérer aussi bien les aliments que la situation. Pour lui, deux liens valent mieux qu’un tu l’auras. Le jour du rendez vous avec le juge, un nœud papillon autour du cou plutôt qu’une cravate et un œillet à la boutonnière, il parla ferme devant le magistrat. Il avait tranché le nœud gordien : il demanda à vivre avec ses grands-parents. Il ne verrait son père et sa mère que lorsqu’ils se seraient mis à l’écoute l’un de l’autre, qu’ils auraient étalés leurs reproches devant un psy et entamé une démarche de réconciliation. Il exigea même une période de vie commune avant qu’il n’accepte de partager à nouveau leur espace. Si cette nouvelle vie en commun venait à échouer, il l’accepterait. Au moins, ils auraient essayé. Du haut de ses 12 ans, « Nœud défait » avait des idées bien arrêtées. Il voulait des faits, des actes et pas seulement des reproches sans indulgences. Il voulait voir ses parents renouer. C’était son plus grand désir.

  19. iris79 dit :

    Un nœud défait se morfondait.
    « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras » sermonnait pourtant son père. Il ne l’avait pas écouté.
    Depuis, son moral s’effilochait.
    Il ne comprenait pas pourquoi il reposait ici, abandonné de tous. Personne ne semblait le remarquer et son allure relâché lui faisait honte. Lui d’habitude si distingué, habilement noué, participait à la tenue irréprochable de cette robe en tout point magnifique. Il pensait que son lien défait ne serait que provisoire et que peu de temps après il retrouverait son allure altière tout en haut de ce lacet de satin qui finalisait de façon harmonieuse et délicate la fermeture de cette robe de mariée en tout point sobre et chic à la fois.
    Mais il n’en était rien. Les heures passaient et il dut se résoudre à rester lâche, au bord du précipice sans corps à enlacer. Son calvaire n’était pas fini, il dut aussi affronter le pressing et le traitement particulier réservé aux étoffes les plus fines. Ce ne fut pas en tout point tout à fait désagréable ! On prenait soin de lui mais il restait défait ! Quelle tristesse ! Le pire fut surement de rester plusieurs années enfermé dans l’étui sombre censé protéger cette robe de toute beauté qui aurait pu finir dans un musée sous des éclairages valorisants avec tous ces atouts mis en avant, tel que lui parfaitement noué avec classe et élégance sous un éclairage flatteur. Il n’en fut rien. Il connut la mise au placard durant vingt-cinq ans et quand la fermeture éclair de la housse sombre s’ouvrit il n’osa plus croire à une seconde vie. Il repassa dans les mains expertes de celle qui chérissait la soie et les tissus les plus nobles dont il avait la fierté de faire partie et se laissa mener où l’on aurait besoin de lui. De toute façon il n’avait guère le choix. Il reconnut les traits de celle qu’il avait contribuer à mettre en valeur aidant humblement à faire tenir la robe sur son corps parfait. Elle arborait aujourd’hui de jolies rides et le poids des années passées même si elle était toujours aussi belle et il comprit que ce n’était pas elle qu’il allait aider, non, plutôt celle qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau et qui le regardait lui et ses lacets de soie avec émotion, enthousiasme et envie. Elle se glissa dans la robe et on le noua enfin avec une infinie délicatesse qui le fit frémir à nouveau. Quel plaisir de renouer avec ce pourquoi il était né ! Il passa une journée extraordinaire et connut le bonheur chaque année à la date anniversaire du mariage de cette jeune femme qui remettait ainsi sa robe en souvenir de ce jour unique et qui permettait à lui aussi de vivre des heures inoubliables jusqu’aux prochaines un an plus tard. Quelle idée agréable ! Il n’avait plus peur du noir ni d’être défait car il savait que son heure de gloire allait revenir dès qu’il ressortirait du placard…

  20. Antonio dit :

    « Un lien vaut mieux que deux tu l’auras ». Que voulait-il dire par là ? tu parles d’un lien, papa ! Pendu à son cou, après qu’il a essayé d’y prendre ses jambes, pour échapper à une justice jouée d’avance. Je rêvais d’une étreinte passionnée à la bitte d’un navire, tels des amants enlacés sur le pont, prêts à s’unir pour longtemps à quai. Pas de cette mascarade d’unioniste, d’un coup tiré à la va-vite sur le lit d’une potence. Un lien pour la vie, tu m’avais promis, papa ! La vie d’un innocent.

    Un nœud défait se morfondait, laissant tourner en boucles ses états d’âme, jusqu’à s’étrangler avec, de dégoût de lui-même, de la vie… Une vie impossible au bout d’une corde en Alabama.

  21. Laurence Noyer dit :

    [NIWAKI]

    Le nœud de cet arbre
    N’est plus relié aux autres dans la carcasse de la mère branche
    [Vide incrusté]
    Le bois mort est écarté et les ramures alentours ne se croisent plus
    [Ciel déployé]
    Les rameaux sont taillés, sculptés, dégagés
    [Ombre opaline]
    Ils semblent soudain descendre du ciel
    [Nuage esquissé]
    Leurs bras souples tendent leurs stratus enfeuillés
    [Horizontale transparence]
    Le nœud, cœur de l’arbre
    [Verticale asymétrie]
    Relie le ciel et la terre
    [LIEN]

  22. Nadine de Bernardy dit :

    Un noeud défait se morfondait. Un lien vaut mieux que deux tu l’auras, sermonnait pourtant son père. Il ne l’avait pas écouté, depuis, son moral s’effilochait.
    Son père, ce vieux dur à cuir de lacet pour galoches, avait fait toutes les guerres, il profitait à présent d’une retraite bien méritée, regardant sans grande indulgence, ce rejeton pleurnichant dans les oeillets de Rangers, pointure 45, qui avaient, elles, fait tous les festivals, de Woodstock aux Vieilles Charrues.
    Son fils pendouillait lamentablement sur ses chaussures décolorées et raidies par le temps.
    Lui et son compagnon en avaient fait des randonnées sur des sentiers d’enfer en Afghanistan, ils avaient battus la mesure avec Jimmy Hendrix, fuit devant les forces de l’ordre sur les pavés parisiens en attendant la plage promise.
    Aujourd’hui, il s’effilochait, seul, sur la terrasse de la bergerie, au fin fond du Larzac. Son alter ego avait craqué pour toujours un beau matin, accompagné d’un:
    – Ah! merde, il ne manquait plus que ça!
    Depuis, défait, meurtri,dépareillé, il n’espérait plus aucun réconfort, plus personnes ne referait sa boucle bien serrée. Adieu l’aventure, les soirées guitare autour d’un feu, les filles peu farouches, les cigarettes odorantes.
    Un oiseau vint se poser sur sa godasse, le picora par curiosité puis s’envola en lui laissant un souvenir excrémentiel. Au comble de l’humiliation, le noeud se recroquevilla sur lui même.
    Une main vieillie mais vigoureuse attrapa les Rangers pour les jeter dans la benne à déchets.
    – Ah! merde, il ne manquait plus que ça.

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