769e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat


C’est Hélix qui avait eu le tuyau : » De l’eau à volonté ! » On s’y est précipité avant que les autres n’arrivent…
Inventez la suite
C’est Hélix qui avait eu le tuyau : » De l’eau à volonté ! » On s’y est précipité avant que les autres n’arrivent…
Inventez la suite
C’est Hélix qui avait eu le tuyau : » De l’eau à volonté ! » On s’y est précipité avant que les autres n’arrivent…
Il faut absolument qu’on se lave moi et Hector.
On rentre tout juste de la guerre.
De la sale guerre. Avec d’autres bidasses comme nous.
Alors, pour retirer, décaper toute cette saleté, le plus rapidement possible, on a besoin d’eau, de beaucoup d’eau.
́Nous on veut être les premiers à vouloir se purifier, à retrouver toute notre pureté et notre jeunesse d’autant, d’avant cette p. de guerre.
Beaucoup y ont laissé leur vie.
Nous, on ne veut pas y retourner.
Et qui sait, peut-être que ce tuyau d’eau est providentiel. Que cette eau trouvée par Hector tient au miracle.
Se laver pour qu’on puisse devenir invisible.
Pour que nos chefs militaires ne nous revoient plus, ne nous retrouvent jamais.
Ne nous cassent plus les pieds avec leur sale guerre.
Qu’il est bon de se laver avec un tuyau d’eau.
Oh ! Oh ! que vois-je. Oui je ne vois plus Hector, il s’est évaporé. Et moi aussi je suis devenu invisible.
Nos autres copains ils font comme nous, ils se lavent, se purifient avec cette bonne eau qui coulent toujours.
Et puis pfft, pfft, ils disparaissent.
Quelles têtes ils vont faire les officiers lorsqu’ils ne nous verront plus rentrer.
Ouais leur guerre ils la feront eux-mêmes, tout seuls, comme des grands.
Hi ! Hi ! même le tuyau d’eau il s’est fait la belle, on ne le voit plus.
Il est comme nous celui-là, c’est un résistant, un vrai rebelle de la dernière heure.
Lui non plus, il ne veut plus y retourner au casse-pipe.
Et maintenant on s’est tous volatilisé, devenu transparent et invisible : le tuyau d’eau ainsi que nous autres soldats qui avons reçu cette eau à gogo.
Merci, merci, Helix, grâce à toi on l’a échappé belle. La guéguerre c’est déjà très loin et terminée pour nous.
Oh ! Oh ! qui vois-je au loin !
C’est mon papa et ma maman, avec mamie et papy. Ils sifflent, ils chantent, ils dansent.
On dirait qu’ils viennent dans ma direction, à ma rencontre.
Et moi, et moi, je suis en train de me toucher partout, mon visage, mes vêtements, mes guiboles, mon gros nez …
Je n’ai plus de treillis, et non plus de rangers au pied.
J’ai des mains, des oreilles … et un visage de minot.
Que c’est étrange, vraiment étrange, plus que surprenant, je dois avoir comme âge à peine 9 ans.
Non non je ne suis pas dans un rêve et je ne suis pas dingue.
J’ai fait un seau d’eau dans ma propre histoire.
J’ai gagné quelques années de ma vie.
Je suis subitement passé de 25 ans à 9 ans.
Youpi ! Youpi à la vie, au retour de mon enfance !
En septembre je retourne à l’école.
Revoir mes nombreux copains et copines et, ma jolie, très jolie, maîtresse.
C’est sûr j’en aurais des choses à raconter dans mes superbes rédactions.
Des histoires avec un peu d’eau et de longs tuyaux … et malheureusement de gros gros obus qui éclatent en minuscules morceaux.
Hélix et non Hector
C’est Hélix qui avait eu le tuyau : « De l’eau à volonté ! » On s’y est précipité avant que les autres n’arrivent. André a pris la bouteille d’apéro, Simon les verres, Hélix les cacahuètes grillées et moi le plateau de charcuterie.
Cela faisait longtemps qu’on était privé de Ricard, faute de pouvoir l’allonger. On avait essayé sec mais ce breuvage trop condensé nous avait écœurés. Alors cette eau, bénie du ciel, était la bienvenue.
Et on a dégusté, siroté, hésité sur le dosage tellement nous avions oublié. On a beaucoup ri. On s’est resservi. Apéro à gogo. L’ambiance était joyeuse, euphorique même. On n’avait jamais été aussi contents de boire de l’eau … aromatisée.
Les langues se sont déliées. André nous a raconté sa guerre d’Algérie en oubliant les détails sordides. Simon nous a fait un comparatif détaillé entre le Ricard et l’ouzo grec, statistiques à l’appui. Là, j’avoue que j’ai commencé à décrocher. Le Ricard, ça me va bien et la Grèce c’est un peu loin pour mon âge. Je me suis risqué à évoquer mes premières vacances au bord de la mer. Ma mère m’avait fabriqué un slip de bain dans une vieille salopette de mon père. J’en étais très fier. Quand j’y repense, c’est plutôt un sentiment de honte qui me vient.
Et puis, sans trop savoir pourquoi, la conversation a dérivé sur nos prénoms. André doit son prénom à André Dassary, ce chanteur d’opérette que son père adorait. Simon porte celui de son grand-père mort à la guerre. J’ai été dénommé Augustin en référence au Grand Meaulnes qui faisait rêver ma mère.
Et Hélix ? Son frère ainé, Michel, avait pris l’habitude de rajouter « coli » à maçon quand on lui demandait le métier de son père. Cela faisait rire la famille. Tant est si bien que quand Hélix est venu au monde quelques années plus tard, il a été nommé comme cet escargot de Bourgogne apprécié des gourmets. « Je l’ai échappé belle, colimaçon aurait été difficile à porter» nous avoua t-il un peu embarrassé. « On va arroser cela. J’offre ma tournée ».
C’est Hélix qui avait eu le tuyau : « De l’eau à volonté ! » On s’y est précipité avant que les autres n’arrivent… Nul ne connaissait la source de son information, mais tant que le robinet restait ouvert, il fallait boire… sans abus sous peine de déclencher l’Hélix ire !
Comme tout a une fin, le torrent se tarit et comme la vie n’est pas un long fleuve tranquille, chacun eut beau maugréer, il fallut bien se rendre à l’évidence : l’eau de là est encore meilleur que celle d’ici…
De l’eau à volonté !
Nous sommes quelques-uns à savoir que c’est Hélix qui avait eu le tuyau : « De l’eau à volonté ! »
La rumeur se répandit aussitôt. Alors forcément, on s’est rués avant que les autres n’arrivent… mais, sur place, Hélix, les bras croisés sur la poitrine, planté comme un piquet et le regard mauvais, nous faisait barrage :
— Minute papillon ! Où pensez-vous aller comme ça ? Ce tuyau est à moi, c’est l’héritage de mon Papé. Et avant de mourir, il m’a juré que jamais je le prêterais à personne.
On en est restés comme deux ronds de flan. Milou a osé :
— Mais enfin Hélix, sois pas couillon et arrête, fais pas le fada. Tu sais très bien que nous avons tous besoin de l’eau à volonté pour nos patates et nos tomates. Ton Papé, paix à son âme, il aurait partagé, lui. Tu peux pas nous faire ça, nous étions les amis de ton Papé quand même !
Et Hélix de cracher son venin :
— Toi Milou ? Ami avec mon Papé… tu as été l’un des premiers à lui interdire de passer par ton chemin. Ça lui épargnait pourtant un grand détour… Il boitait, tu t’en souviens ? Et toi tu l’as laissé contourner tout le village. C’est ça que tu appelles être son ami ! Et vous autres, vous n’avez rien fait pour l’en empêcher.
Milou a rougi comme une écrevisse et triturait son béret. Nous, on murmurait dans nos moustaches, pas fiers. Et là, qu’est-ce qui brillait au bout du tuyau ? Une goutte d’eau tremblait au soleil. On aurait dit qu’elle attendait, suspendue, pour voir de quel côté pencherait l’histoire.
Ah, Le Toinou… On le voyait piétiner les poings serrés, on se disait tous : « Ça va mal finir ». Avec sa carrure de rugbyman, il devait penser qu’il avalerait Hélix d’une bouchée. Mais, malheureusement pour lui, et bien souvent aussi pour les autres, les coups qu’il a reçus au cours des matchs, lui ont ramollis la cafetière, comme disent certains… et réfléchir n’a jamais été son fort. On l’a vu, on savait : ça allait mal finir.
Bref, il fonce tête baissée, comme un taureau qu’on lâche dans l’arène. En jouant des coudes, il force le passage. Dans sa précipitation, il ne peut pas voir dans l’herbe les dents d’un vieux râteau oublié, qui pointent vers le ciel. Dans sa course, il pose le pied dessus… sous la pression, le manche jaillit, clac ! en plein nez. Le choc est brutal. Un vrai bruit de melon éclaté.
Assommé, Le Toinou tombe à la renverse, bras en croix, entraînant trois malheureux dans sa chute. Le vieil Émilien, qui se trouve coincé comme une sardine en boîte sous cent trente kilos de viande et de muscles, suffoquait, ses cris se mêlèrent au tumulte :
— Sortez-moi de là ! Je vais clamser ! hurle-t-il, violet comme une aubergine.
Alors ça tire sur le bras droit, ça tire sur le gauche, ça crie, ça s’engueule. Ceux qui lâchent tombent sur le derrière répandant autour d’eux une poussière dorée. Bientôt, on n’était plus loin de se foutre sur la gueule.
C’est dans ce tohu-bohu que Fanou fait son apparition, comme un ange tombé du ciel. On aurait même dit que la lumière du soleil s’ouvrait pour la laisser passer. Aussi brune que les gerbes de blé soient dorées, sa longue chevelure ondule sur ses épaules. Sa robe aux motifs printaniers flotte comme des ailes de papillon. Toute belle, toute fraîche. Je vous jure que même les cigales se sont arrêtées de chanter, tandis que les femmes retenaient leur souffle.
Elle s’avance sans quitter Hélix des yeux. Lui, subjugué par sa beauté, il la regarde, bouche bée, et les bras ballants le long de son frêle corps. Il ressemblait à un veau qu’on mène à l’abattoir. On s’écarte à son approche. Ceux qui ont encore la tête couverte se découvrent… Elle s’arrête devant le jeune homme. D’un geste aussi doux que la chute d’une plume, elle lui caresse le visage et relève son menton. Puis, plongeant ses yeux dans les siens, lui dit dans un souffle :
— Tu crois vraiment, dit-elle dans un murmure, que c’est dans ce contexte que tu me conduiras devant le curé ? Les yeux d’Hélix vacillèrent, au bord de l’évanouissement il parvient à bredouiller :
— Fanou, que fais-tu là… heu… oui… enfin non… curé… tu veux bien ?
— Oui ! mais à une seule condition : que tu partages l’eau à volonté avec tous les habitants du village.
— Ah oui ! L’eau… à volonté… pourquoi pas… mais le Papé…
— Je suis certaine qu’il ne t’en voudra pas. Alors c’est oui… ou non ?
— Eh bien… oui ! C’est oui !
— Oui… Oui pour tout ?
— Oui pour tout ! Heureuse, Fanou se jette dans les bras d’Hélix. Un cri de joie s’élève au-dessus du groupe de villageois.
Depuis ce jour-là, le tuyau a été branché sur la fontaine du village. Et l’eau s’est mise à couler à volonté, comme au temps des anciens. On l’a baptisée à coups de pastis, et le mariage d’Hélix et Fanou, je vous le dis, ça reste encore le plus beau banquet qu’on ait vu.
Et chaque été, entre les cigales et le glouglou de la fontaine, on entend encore les rires de ce merveilleux jour.
Merci Gilaber pour ce conte aux accents provençaux. 🙂
Merci, juste un petit souvenir des histoires de Marcel Pagnol… Jean de Florette… Manon des Sources.
C’est Hélix qui avait eu le tuyau : » De l’eau à volonté ! » On s’y est précipité avant que les autres n’arrivent…
Chacun défendait son territoire. Pas de quartier, pas de pitié. Chacun pour soi, une question de vie ou de mort ! Quand Hélix avait découvert de l’eau grâce à ses escargots apprivoisés, il avait hurlé de bonheur. Il allait pouvoir sauvé son village. Le feu avait pris aux 12 coups de minuit. Un chien avait hurlé à la mort. Hélix avait bondi, un pompier est toujours en alerte.
Le feu avait vite atteint le village d’à coté. Mais point d’eau ! Les citernes étaient à sec depuis longtemps. La sècheresse régnait.
Hélix avait prestement saisi le tuyau gorgé d’eau et arrosait copieusement les maisons. Avant, il avait protégé d’un linge mouillé ses escargots, héros. Il était devenu égoïste, refuserait de prêter son tuyau au village voisin. Lui, connu pour sa générosité, son humanisme avait fermé son cœur. Les villageois le clamaient, l’applaudissaient. Il trouvait une nouvelle force dans son égoïsme.
Quand tout fut éteint, fier et éreinté, Hélix regagna sa maison. Souleva le chiffon… ses escargots avaient disparu. Pâle, il suivit les traces de bave. Ses trois magiciens se dirigeaient vers la village voisin toujours en feu.
Paniqué, il saisit le tuyau, le tira de toutes ses forces restantes et arrosa le village…
Nul besoin de donner la morale de l’histoire.
Il faut dire que ces dernières semaines ont été éprouvantes. La température des eaux peu profondes, en bordure de côte, a souvent dépassé les niveaux habituels.
Du coup, les algues, que vous appelez vertes, ont proliféré. Les odeurs étaient nauséabondes et les coquillages comme nous, les porcelaines, ont dû résister à ces chlorophytes peu ragoûtants.
Hélix, qui avait eu le tuyau, a vite perçu que les grandes marées sui arrivaient amèneraient de l’eau claire, à profusion.
On s’y est précipité avant que les autres, tous les coquillages vivant sur les roches et sols sablonneux comme nous, ne s’installent dans le secteur.
Quelle joie de voir s’éloigner au large ces algues puantes emportant tous ceux qui n’ont pas résisté à ce « gloubi-boulga » répugnant.
L’avantage de la situation précédente pour nous, les porcelaines, fut que le secteur était déserté par les humains, leurs animaux domestiques et les oiseaux marins qui ne pensent habituellement qu’à nous pêcher et nous avaler.
Nous avons suivi Hélix qui avait eu ce tuyau et nous sommes retrouvés sur une plage recouverte d’algues rouges.
Et bien, croyez-moi, cette couleur n’est pas le seul changement. Ici, nous respirons ! Cette algue nous protège des maladies et réduit l’acidification de l’eau en captant le soleil.
Une véritable cure de jouvence !
Nous espérons que tous ces bienfaits n’amèneront pas trop de monde dans le coin…
Un joli conte, en peau de porcelaine, teinté de réalisme. Merci Nouchka.
Merci beaucoup Béatrice de tes encouragements
Toujours plus
C’est Hélix qui avait eu le tuyau : » De l’eau à volonté ! » On s’y est précipité avant que les autres n’arrivent…
Hélix et ses amis se lançaient alors dans une spirale infernale. Plutôt que de s’enfouir en pleine journée, ils n’avaient plus la patience d’attendre la rosée du matin.
Leur jeunesse intrépide leur faisait perdre la sagesse de notre espèce, celle d’un temps qui prend son temps. Nous n’avons pourtant besoin que d’un millilitre pour parcourir nos dix mètres quotidiens. Pourquoi s’attaquer à un tuyau qui en délivre 25 litres par minute ?
Il faudrait que nous soyons 36 millions d’individus pour justifier d’une telle consommation. Ne faites pas comme les hommes qui gaspillent tant de ressources.
Les jeunes ne nous ont pas écoutés, ils ont provoqué la colère du jardinier et finirent dans son assiette. Il appelle ça les escargots de Bourgogne.
Les hommes n’entendent aucun avertissement non plus. Ils consomment de plus en plus de choses dont ils n’ont nul besoin. Ils se croient puissants mais ne voient pas encore la fureur de la nature, qui pourtant se manifeste de plus en plus précisément. Ils devraient y penser en mangeant des escargots au beurre persillé. Ils ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés.
C’est hélas vrai cher Nicolas ! Nous ne mettons pas assez de conscience dans ce que nous faisons. Mais, la maturité vient avec le temps, l’expérience, et notre humanité est encore toute jeune, comme vos petits escargots intrépides. Merci pour votre petit conte ! 🙂
Merci Béatrice pour ce retour. Je l’ai complété depuis sur les conseils de Pascal. Un épisode de sécheresse vient remettre tout le monde face à sa vulnérabilité 😊
Le sourcier n’avait rien trouvé.
Les amulettes n’avaient rien donné.
Les divinités avaient été implorées. Elles restèrent de marbre.
Les cherokees dansèrent jusqu’à l’épuisement sans succès.
L’eau manquait et là-haut tout le monde faisait la sourde oreille.
Hélix avec sa caractéristique lenteur arriva un beau matin, frais comme un gardon, sur la place de la source à Soultzmatt. Les quelques badauds qui traînaient par-là espérant un miracle, le regardèrent avec stupeur. La maison d’Hélix était mouillée ! Ils pensèrent que c’était de la transpiration, mais impossible. D’ailleurs comment se faisait-il qu’il soit encore en vie ?
Venez, leur dit-il. J’ai suivi un tuyau et j’ai trouvé de l’eau à volonté. Allez ! Venez. Personne ne se posa de questions. Ils partirent vers ce lieu miraculeux à leurs yeux. Ils empruntèrent un chemin en spirale qui semblait sans fin. Mais leur soif était telle, qu’ils ne pipèrent mot. La spirale se rétrécissait et brutalement, devant eux, un monticule tout verdoyant. De l’eau suintait.
Ils s’immobilisèrent. Ils n’osaient avancer. Ils ne pouvaient croire ce qu’ils voyaient.
Hélix, les encouragea à s’approcher du monticule, d’y grimper et de se pencher sur son sommet. Arrivés en haut, ils virent un tuyau en spirale qui crachait un peu d’eau. Ils étaient si silencieux qu’ils entendirent dans les tréfonds du monticule, le bruit d’un courant d’eau. Le chant des sirènes. Ils se précipitèrent pour descendre dans un brouhaha infernal, à coups de coude, de pied. En effet, ils ne pouvaient descendre tous en même temps. Tant bien que mal, ils arrivèrent tous en bas.
Stupeur ! Pas une goutte d’eau ! Un magnéto, une pompe, un tuyau qui s’enroulait et un groupe en manque d’eau et bientôt d’air s’époumonant à demander de l’aide.
Hélix en avait la coquille qui se décollait tellement il se fendait la tronche. Car il avait beau se déplacer avec lenteur, son cerveau fonctionnait très bien. Il avait eu la bonne idée de récupérer l’eau qui s’échappait et de la mettre à l’abri. Il avait failli se faire avoir par les sirènes, mais bon, c’est pas à un vieux singe que l’on apprend à faire la grimace.
Brutalement la terre se mit à trembler. Un terrible grondement. Le monticule s’effondra. Un puissant jet d’eau en sortit propulsant les prisonniers vers l’extérieur.
Trempés mais heureux, ils coururent vers Soultzmatt pour annoncer la bonne nouvelle. Ils avaient trouvé un filon d’eau.
A leur arrivée, la place de la source était noire de monde. Il y avait de l’eau partout.
Miracle ? Non ! Une épidémie mondiale de Legionella poussa les autorités à couper l’eau. Les satellites furent traficotés pour empêcher la pluie et tout cela dans le plus grand secret. Je vous laisse imaginer toutes les conséquences et commentaires.
Les différentes autorités avaient pulvérisé des trucs pour éliminer la bactérie. L’eau fut à nouveau consommable. Le feu vert fut donné pour ouvrir à nouveau les vannes.
Quant à Hélix, ce n’était qu’un employé quelque peu farceur de l’usine d’embouteillage qui faute de matière première aiguisa sa matière grise. Il se grima et par comme par faute d’eau la population s’était tournée vers le Riesling, il ne rencontra aucune difficulté à embobiner quelques titubants badauds.
C’est Hélix qui avait eu le tuyau : » De l’eau à volonté ! » On s’y est précipité avant que les autres n’arrivent…
Assurément il n’y en aurait pas pour tout le monde et l’agriculteur n’allait pas tarder à se rendre compte que son tuyau fuyait, il en serait alors fini de cette source miraculeuse que les uns et les autres se disputaient. Les temps étaient graves, Helix et sa famille fixait le ciel des jours entiers à s’en dévisser les antennes. En vain. Et ce n’était pas les quelques perles de rosée du matin qui suffisaient à rafraichir toute la famille. Ils ne savaient plus où se mettre alors quand ils trouvaient un filon, pas question de le crier sur les feuilles. Ils n’en étaient pas très fiers mais se montrer égoïstes tenait de la survie, du moins le croyaient-ils. Ils se remplirent donc jusqu’à plus soif et engourdis de toute l’eau ainsi bu, s’en allèrent, pas très loin, pour se mettre à l’abri tout en surveillant leur source providentielle. Mais leur joie fut de courte durée.
Comme ils l’avaient craint, le trou du tuyau fut vite repéré, réparé et rebouché. Malheur, comment se remettre de cela ? Ils se morfondaient dans les feuilles humides gorgées d’eau de vie. Car oui, leur vie en découlait. Mais les imprudents qui étaient sortis pour observer et vérifier la réparation du tuyau furent faits prisonniers par la main qui avait réparé. Ils se retrouvèrent projetés bien maladroitement et sans égard dans le seau où grouillaient déjà des centaines de leurs congénères. Une heure plus tard, ils plongèrent bien malgré eux dans une énorme piscine ou plutôt un faitout où, ils crurent un temps que l’on avait eu pitié d’eux. Ce grand bain était délicieux…Jusqu’à ce qu’un autre liquide qui les douchèrent les fissent baver plus que de raison. Ils comprirent qu’ils étaient mal embarqués et que ce bain n’allait pas leur profiter. Ils furent brassés, retrouvèrent des bains plus cléments mais à nouveau le vinaigre vint les faire saliver puis baver, encore et encore.
Ils surent qu’ils ne s’en sortiraient pas quand l’eau commença à se réchauffer. Les compagnons d’infortune qui avaient soif de liberté allaient juste régaler celui qui les avait ramassés.
C’est Hélix qui avait eu le tuyau : « De l’eau à volonté » ! On s’y est précipité avant que les autres n’arrivent.
Ce matin-là, en faisant son petit tour, il avait remarqué que Florian avait oublié de couper l’eau de son tuyau d’arrosage et qu’une grosse flaque s’était formée sur la dalle en ciment. Mais, bien sûr, cette cancaneuse de Margot n’avait pas su tenir sa langue et la nouvelle s’était répandue dans le potager et alentour.
Le soir, Florian, qui voulait arroser ses tomates, encore vertes malgré la canicule, avait poussé une beuglante qui fit sursauter sa femme, occupée à lire une intrigue passionnante.
– Nom d’une pipe ! Je te l’ai déjà dit mille fois, de fermer le robinet à fond après avoir arrosé tes fleurs. Regarde-moi ça, c’est une invasion d’escargots, de limaces, d’araignées. Il y a même une tortue et un hérisson.
–
– Hein ! s’était étonnée Mathilde, revenue dans la réalité. D’une, ni hier ni aujourd’hui, j’ai arrosé mes fleurs. Je ne le fais que tous les trois jours et, de deux, je me demande pourquoi tu ne remplaces pas le joint de ce foutu robinet qui fuit depuis des mois, même quand on le tourne à fond. Un jour tout va péter et on sera bien avancés quand l’eau aura coulé toute la nuit, de quoi remplir deux piscines olympiques. Il faut à peine cinq minutes pour t’y mettre et c’est pas toi qui payes les factures d’eau.
Nous avons été éjectés, manu militari, à grands coups de balai. Et puis Florian, armé d’une clé à molette, nous a privés de notre manne providentielle.
C’est Helix qui avait eu le tuyau : l’eau à volonté. On s’y était précipité avant que les autres n’arrivent
Pomatia et Aspersa estivaient en toute quiétude, bien abrités de la chaleur provençale sous une touffe de lavande surplombée d’un olivier centenaire.
Les deux colimaçons cohabitaient ainsi depuis le mois de mai, rêvassant de plantes potagères croquantes et de routes humides d’une dernière pluie.
Ils furent tirés de leur somnolence par des vibrations extérieures à leur refuge.
Aspersa sortit paresseusement une ocelle du buisson pour s’enquérir de ce brouhaha. Nom d’un bigorneau ! Une douzaine de gastéropodes de leur connaissance se trouvaient là, très excités.
On a trouvé de l’eau, de l’eau ! Pas loin d’ici, venez vite avec nous il n’y en aura pas pour tout le monde.
Les deux compères s’extirpèrent en douceur, par reptations maladroites du refuge, ensommeillés qu’ils étaient encore.
La petite troupe, menée par Helix, l’escargot le plus fringant du canton arriva, un jour plus tard, au point d’eau.
Le tuyau avait été éventée, plus d’eau mais des multitudes de traces brillantes de plus rapides qu’eux.
Découragés, chacun se réfugia dans sa coquille, trop épuisé pour avoir envie d’aller voir plus loin.
Pomatia fut le premier à sentir sur son habitacle un floc, un autre puis un déluge de flocs. La pluie ! Miraculeuse, salvatrice. quatorze sapex s’étirèrent langoureusement sous l’ondée. L’herbe se fit douce, les mollusques se trainèrent dessus, assez revivifiés à présent pour retourner vers leur territoire favori.
C’est Hélix qui avait eu le tuyau : » De l’eau à volonté ! » On s’y est précipité avant que les autres n’arrivent…
– Mais Mac-Mahon était déjà sur place et il s’écria affolé :
« Que d’eau ! Que d’eau !… Quel gaspillage ! fermez les robinets Messieurs ».
Hélix resta planqué.
Les hommes de Mac-Mahon cherchèrent mais ne trouvèrent pas les robinets et Mac Mahon dut partir sans attendre car il avait rendez-vous pour remporter le siège de Sébastopol.
Hélix sortit de sa planque et appela sa famille qu’il jugeait prioritaire car ils avaient tous la carte Carrefour réservée à ceux qui avaient du mal à avancer.
Bon… tant bien que mal ils arrivèrent et ils se délectèrent voluptueusement.
Ils en profitèrent un max car dans les buissons, il se disait que Mac Mahon et ses sbires étaient sur le retour afin de fermer les robinets.
Effectivement, Mac Mahon apparut tout essoufflé mais… face à cette profusion d’eau il ne put résister et piqua une tête.
Plus personne, depuis, ne chercha à fermer les robinets.
« Que d’eau… Que d’eau ! »
L’essentiel était d’avoir trouvé la source avant que les autres n’arrivent. De détourner le fil de l’eau pour s’en coudre une réserve, rien que pour le village.
Tout le monde s’y était mis pour bâtir un aquesout à travers la forêt et la campagne. On s’était souvent moqué d’Hélix, de sa nonchalance, de ses difficultés à se déplacer. Mais c’est bien lui qui, finalement avait trouvé de quoi fournir en eau toute la petite communauté.
Tout le monde le félicita, Bombix, Criquetix, Fourmix, Punaisix, Cigalix, Scarabix.
L’essentiel demeurait que les Romhumains ne gaspillent pas l’essentiel de la vie avec leur mauvaise habitude de tout saloper.
Bravo cher Durandix ! 😀
Le Prédicateur
Gastéropodes et limaces — depuis un certain temps déjà — ne hantaient plus nos jardins. Les uns étaient morts, cuits à l’étuvée dans leurs coquilles, et il n’était pas rare de trouver les autres, prêts à éclater, comme des ballons de baudruche. Seules, les fourmis étaient arrivées à s’en sortir, en creusant laborieusement des tunnels dans la terre toute craquelée, sous un soleil furieusement incandescent.
Quant aux humains, ils n’en menaient pas large, avançant comme des larves sur leurs activités, dans leurs gilets refroidissant, et vivant comme des rats derrière leurs volets fermés, ou dans leurs caves, pour les plus chanceux.
Ventilateurs et climatiseurs avaient été interdits — les éoliennes sur lesquelles on avait trop parié — ne fournissaient plus leur quota d’énergie, par absence de vent. Et il avait fallu arrêter certaines centrales nucléaires, par manque d’eau, pour refroidir les réacteurs.
Au milieu de tout ce marasme, la voix d’un homme s’était démarquée, sur les antennes radio essentiellement, car la navigation sur les réseaux sociaux avait été considérablement restreinte, au regard de sa consommation énergétique exponentielle. Ce prédicateur en vogue était également invité sur de nombreux plateaux télé, et chacun buvait sa parole avidement, la trouvant désaltérante, peu importe sa source d’inspiration, pourvu qu’elle apportât un peu d’espoir.
Ceux qui étaient enfermés dans des dogmes religieux assuraient que l’homme était le diable en personne – voire l’antéchrist – et qu’il avait dégoté le « bon tuyau » pour faire recette avec son association à but non lucratif, baptisée HÉLIX.
Faisant fi de toutes ces accusations, son fondateur expliquait qu’hélix étant comme on le sait dans sa signification première — le repli dorsal de l’oreille externe chez tout mammifère —, il fallait donc le rouvrir de manière symbolique, car il s’était fermé à tout entendement spirituel, au profit d’un matérialisme effréné qui avait conduit l’humanité à subir le châtiment, par le feu.
Même le plus athée parmi les athées était prêt à croire n’importe quoi, pourvu qu’ HÉLIX leur délivrât cette parole d’un monde meilleur qui surviendrait après le basculement des pôles. Tout alors s’inverserait : le soleil se lèverait à l’ouest et plus à l’est, l’eau coulerait à profusion et irriguerait à nouveau les champs pour les rendre plus fertiles que jamais ; on retrouverait la joie de marcher pieds nus dans nos jardins et pelouses, recouverts de rosée matinale.
Pour valider cette prophétie, il arriva qu’un auditeur lambda, trop lambda pour inventer pareille histoire, découvrît, sur une motte d’herbe miraculeusement reverdie, un escargot vivant. On baptisa le gastéropode Lazare.
Signe que l’inversion du champ magnétique terrestre était proche. 😀
Suite et fin :
S’en suivit un raz-de-marée médiatique. Puis, une onde de choc dans le milieu scientifique qui, après s’être emparé du spécimen, l’avoir examiné sous toutes ses coutures, le classa comme phénomène inexplicable… ou encore inexpliqué.
Le Vatican se fâcha, ne voulant pas inscrire ce gastéropode au calendrier des saints, y voyant plutôt là — le veau d’or — de la religion montante HÉLIX.
769/EAU, GAZ, ÉLECTRICITÉ
A tous les étages. La ressource était patente, Helix l’assurait depuis que l’ idée était dans les tuyaux. A bord de mon Captur hybride, au pied de l’ immeuble j’imaginais comment adapter son moteur pour consommer propre.
Déjà un embouteillage monstre se profilait sur la place où convergeaient de petites rues. Chacun avait pris son bidon. Même l’ arroseuse municipale venait puiser à la source.
Un sidi sur son tapis avec son seau, son outre, son chameau, un mec de la Mecque, un gars à la coule qui avait été agent à bras à Marseille, réglait la circulation. On attendait le le plombier… Les portables crépitaient, cherchaient l’appli « voir et boire» . Les chiens aboyaient, les plantigrades hydrophobes, ours ceints de nids aussi. L’orgue hydraulique gonflage sa soufflerie interprétait des actions de grâce. 🐻
769/EAU-PERRAT
Helix ! Un bon a rien qui musardait toujours en quête d’un mauvais coup. Un infréquentable qui se planquait dans un tuyau percé pour sauter les donzelles.
Mais un jour ou plutôt une nuit… – Non, Barbara n’a rien a voir là-dedans et il n’y a pas d’aigle noir non plus ! Ça s’est su.
– Il paraît que l’Helix a trouvé un tuyau… Si… Si et même que la nuit il s’y passe de drôles de choses !
Ben voyons ! Que s’était-il imaginé le freluquet ? Surtout que pas bien malin ou parce qu’il avait peur du noir il ne s’était jamais aventuré plus loin que quelques centimètres de l’embouchure.
Pensez donc ! Une maison close ! Les commentaires allèrent bon train et le bouche à oreille a fonctionné à merveille avant d’entamer le bouche à bouche.
Helix profita de l’aubaine pour créer sa petite industrie. Une maison close. Chacun devait apporter sa contribution qui une cerise, qui une feuille de salade qu’ils déposaient avant d’y pénétrer et prendre son pied. A cette vitesse là l’entrée fut vite bouchée.
Heureusement… Heureusement que Pascal avait tout prévu et que le tuyau était percé sinon.. ils étaient noyés… 🐭
Drôle et léger, comme j’aime. Merci Souris verte. 😀
🤗💙
– LE TUYAU D’HELIX –
769 – C’est Hélix qui avait eu le tuyau : de l’eau à volonté, on s’y est précipité avant que les autres n’arrivent.
Rien n’allait plus dans la maison Spire après deux mois de sécheresse. Le manque d’eau les avait rendu agressifs les uns envers les autres. Lors d’une des rares nuits humides, le père Spire voulant dégourdir l’estomac de sa progéniture organisa une « sortie de nuit » come ils en avaient l’habitude.
Depuis tous ces jours de disette, ils avaient l’estomac dans l’étalon. Hélix rectifia en précisant « dans les talons ». Depuis la nuit des temps, la polémique perdurait sur l’orthographe de ce dernier mot. Alex, par pure provocation insista : »Ca vaut mieux que d’avoir les talons dans l’estomac ! ». Le duel risquant de dégénérer, le père Spire dut intervenir. Sinon il assisterait à une rixe entre Hélix et Alex.
Depuis leurs naissances, ces deux-là avaient offert à leurs parents une rivalité qu’ils avaient poursuivie jusqu’à leur adolescence. Pourquoi cette nuit particulière les avait mis dans cet état-là ?
Le père Spire se posa beaucoup de questions. Cette fois-ci le problème posé était qu’Hélix avait hérité d’un tuyau qu’il eut l’opportunité de tomber dessus, lors d’un footing dans le pré, près de la Petite Maison Unique. Pour abréger, ils l’avaient appelée la PMU parce qu’elle était isolée en pleine campagne.
C’est alors que le père, avec sa célérité coutumière, eut une intuition. Un flash comme une pleine lumière surprenante après un sommeil profond. Hélix voulant garder jalousement sa découverte. Il proposa un marché à son fils. « Si tu partages ton tuyau, je te dirais qui est ton père. » Hélix, surpris, dut réfléchir rapidement car vu la sécheresse, le tuyau pourrait bien se tarir sur le champ.
— Bon d’accord, dit-il, vaincu à son père !
— Je te sens partagé mon fils, et je te comprends.
Le paternel hésitant à révéler le secret à son fils, celui-ci fit miroiter le tuyau de la PMU;
— Vois-tu mon fils, si tu vas jusqu’au bout de ton partage, ton secret révélé te soulagera.
— Alors, dit le fils impatient !
— Mon fils, tu es hermaphrodite.
— C’est-à-dire ?
— Tu possèdes les deux genres.
— Quoi ? Alors, ces imbéciles d’humains n’auraient rien inventé ! Mais qui est mon père ?
— Mon fils, je crois que tu t’es fécondé tout seul.
— Ca non plus, les humains ne l’ont pas inventé ! Ah ! Ah !
Et le fils se mit à rire aux éclats. Son rire résonna dans la Petite Maison Unique.