751e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat


Le gouvernement préparerait en douce une nouvelle augmentation du kilo Ouateur.
Les amollis protestent déjà.
Inventez la suite
Naissance de cette idée, vidéo
Le gouvernement préparerait en douce une nouvelle augmentation du kilo Ouateur.
Les amollis protestent déjà.
Inventez la suite
Naissance de cette idée, vidéo
Le gouvernement préparerait en douce une nouvelle augmentation du kilo Ouateur.
Les amollis protestent déjà.
Le gouvernement, le gouvernement, toujours lui le coupable !
J’y suis au gouvernement moi. Ouais, ouais, je suis un chien tout petit qui vit dans un grand parc et qui reste très discret toute la journée.
Des fois je me faufile dans des bureaux et j’écoute attentivement ce que disent les personnes qui discutent et qui y travaillent beaucoup dans ces bureaux.
Cette nouvelle augmentation du kilomètre à l’heure elle n’est pas prévue les amis, ce sont des bobards tout ça.
Je vous le confirme le kilomètre à l’heure, ouateur, tracteur, équateur, il ne va plus augmenter. Au contraire il va être vachement réduit.
Ouais, ouais, oh la la, oh la la, je le vois, quelqu’un m’a repéré dans ce grand bureau qui a une table ovale.
Ouah, ouah, on me court après, ouah, ouah, on tire sur moi au fusil, à la kalach, à la roquette.
Mais ils sont dingues dans ce gouvernement !
Sauve qui peut ! sauve qui peut !
Vite ! vite ! je plonge dans le grand parc ! Et je cours, je cours, de toutes mes forces !
Ah ce kilomètre heure, ouateur, tracteur, quelle galère !
Si j’avais su j’aurais évité d’éternuer si fort et de montrer donc où je me cachais.
Ah ce gouvernement il a vu ma cachette !
Quoi ! quoi ! Plusieurs minutes sont passées et pas de blessure sur moi ! Rien je suis toujours vivant.
Ouais, ouais, on dirait que je me suis trompé, personne ne me court après, et personne qui tire sur ma pomme !
Je les reconnais ceux-là, ah oui, ce sont eux les vrais coupables. Ces grands bruits dans la cour c’est eux, c’est eux !
Tout ce flot d’humains qui a envahi les lieux du pouvoir, de la résidence du très haut ministre.
Je les reconnais, ouais, il s’agit des ramollis, on dirait qu’ils ont réussi, ils sont déjà ici, les vrais ramollis.
Oh je les vois, ils sont des milliers, des centaines de milliers, peut-être des millions et des millions !
Ah ah ils sont venus en force dans les beaux palais du gouvernement.
Oh oh tous ces bâtiments qui viennent subitement de s’effondrer, ah les ramollis ils sont venus très, très nombreux et en plus, très, très armés.
Oh oh les dégâts qu’ils viennent de faire ! C’est vraiment impressionnant, en quelques minutes, il y a tout qui est parti en fumée, qui s’est écroulé !
Ah que je suis heureux, les ramollis ils ont enfin gagné, après ces nombreuses années, ils ont presque tout cassé, tout rasé gratis, pire que le grand-père Attila.
Et puis et puis grâce à ce ouateur, tracteur, farceur, la vie dans notre pays va certainement changer car le gouvernement il a eu une sacrée raclée. C’est bien fait pour lui !
Vite vite un coton tige, il fait un tel boucan ici, les grosses armes de guerre lorsqu’on les utilisent beaucoup beaucoup ça fait mal aux oreilles !
Je suis heureux je suis heureux de ce kilomètre ouateur, il a mis le feu aux poudres et le régime de banane qu’on a aujourd’hui il va laisser sa place, s’en aller loin loin, et être remplacé par un autre régime, qui sera meilleur espérons-le !
Mais moi tout ça ce n’est pas ma guerre, ma chienlit, et de ce bon pas je quitte vite les murs bleus blancs rouges du gouvernement pour rentrer dans mes pénates.
Car j’ai mieux à faire, je vous l’avoue. J’ai le désir de vite retrouver les miens, d’arracher les mauvaises herbes du jardin et lire aussi un bon livre !
Le gouvernement préparerait en douce une nouvelle augmentation du kilo Ouateur.
Les amollis protestent déjà. Pourtant, il est prévu que cette hausse se fasse en douceur, pour prévenir toute malencontreuse descente de lit et que chacun puisse continuer à dormir la tête sur l’oreiller et éviter à nos dirigeants de se retrouver dans de beaux draps… Pour cela, il faut encore contrôler la couverture médiatique…
👍🏾 bonnes analogies
Le téléphone vibre, le nom de Caroline Loeb s’affiche.
Je prends :
Bonjour Caroline, quel plaisir de t’entendre, comment vas-tu etc, etc..
Tu as vu, le gouvernement se prépare en douce à augmenter le prix du kilo ouateur ! C’est un scandale commença-t-elle à vociférer
Non, je n’ai pas vu…
Caroline poursuit, enragée
Et en plus le scribouillard à la fin de son papelard dit que que les amollis, les mous et mollassons allaient manifester dans tout le pays. Non, mais pour qui il se prend celui-là !
J’essaie de calmer Caroline. Je la connais depuis très longtemps, bien avant son succès de 1986 « C’est la ouate ». Oui, Caroline, déjà en 1986, avait fait son choix parmi les énergies et la ouate était devenue la matière préférée de tous. Les champs de coton partout dans le monde avaient refleuri, les esclaves avaient fait leur retour et le prix du kilo ouateur vait très fortement baissé. Tout le monde était satisfait, la paix sociale régnait…
Mais les ONG avaient fini par montrer les dents, avaient mis le gouvernement devant les tribunaux pour exploitation humaine, monopole et bien d’autres griefs encore plus épouvantables. Rien n’y avait fait, la justice n’était pas passée, les avocats des lobbys, eux, oui.
C’était il y a fort longtemps…
Aujourd’hui, les choses, les événements, la morale politique, les modes de chauffage, tout avait changé et il n’était plus question de se chauffer à bon marché.
Je pensais à tout cela en entendant Caroline qui continuait à hurler sa colère dans le téléphone . Je saisissais un interstice, un blanc dans sa logorrhée, pour tenter de lui glisser :
Depuis ton succès de 1986, la vie n’est plus la même, Caroline, l’esclavage, c’est terminé, les champs de coton, tout ça, c’est fini et tant mieux, tu ne trouves pas ?
Le blanc se prolonge, plus aucune voix…
Allô, Caroline, tu es là
Rien.
J’apprends quelques temps plus tard qu’une ex chanteuse des années quatre- vingt avait été hospitalisée suite à un étouffement, certainement provoqué par un bâillon en coton retrouvé entre ses mâchoires qu’elle avait dû serrer trop fortement…
Bravo Avoires,
Il fallait y penser… merci pour ce petit rappel de nos années cotonneuses.
Bien à toi, amitiés.
Le gouvernement préparerait en douce une nouvelle augmentation du kilo Ouateur. Les amollis protestent déjà.
Quand j’étais toute petite, j’avais compris que mon père travaillait « à l’idièf ». Ce n’était pas très clair…Et pourtant, j’avais appris aussi qu’il était agent pays. Alors je croyais qu’avec la 4L break toute bleue, parfois avec l’estafette, il parcourait tout notre pays, les coteaux et les vallons de notre beau département du sud-ouest. Peut-être parce que le coffre fleurait bon le melon ou la pêche quand il rapportait un cageot de fruits de sa tournée. Je ne savais pas que c’était un agent « Petites Interventions – PI ». Je savais qu’il était très fort. Surtout les jours « d’astreinte ». Mot bizarre… Qui le faisait partir, souvent des nuits d’ailleurs. Alors que l’orage faisait rage, il s’en allait vite et courageusement. Maman l’attendait toute la nuit. Au matin, il revenait épuisé, mais satisfait, car il avait « remis la lumière ». Et je n’ai su que plus tard ses chutes du haut du poteau, et le coup de fil du médecin qui l’avait recousu à vif. Il y avait des histoires de plombs qui sautaient, de branchements, et je ne voyais pourtant pas de petits soldats ni d’arbres ni de branches dans la voiture bleue.
On ne me parlait pas du kilo ouateur, mais je savais qu’il y avait de la douceur et de la chaleur dans le travail de mon père.
« Que la lumière soit ! Et la lumière fut ». Avant de connaître la première parole du Créateur dans la Genèse, l’enfant que j’étais adorait son dieu, qui apportait partout la lumière de la fée électricité. Et jubilait toujours quand, fièrement, j’allais le rejoindre après l’école maternelle puis primaire, à son « bureau de l’idièf ». Et rentrait avec lui triomphalement sur le porte bagage de son vélo. Il était agent à l’EDF de Caussade. Ne riez pas forcément. A n’importe quel prix du kilo ouateur, je le vénèrerai. C’était mon dieu.
Le gouvernement préparerait, disent les uns, une nouvelle augmentation du kilo-ouateur.
Les amollis protestent déjà.
Le gouvernement préparerait, disent les autres, une nouvelle diminution du kilo-ouateur.
Les ramollis protestent encore.
Certains préfèrent la ouate.
Certaines préfèrent la bourre.
La colère gronde.
Eclairs de violence.
Devant un parterre fleuri par des médias nationaux et internationaux, Le Dernier Ministre s’exprime :
« J’ai cru ressentir ces derniers jours la propagation d’ondes électriques, et vu, vos têtes aux cheveux hirsutes, des ondes électrostatiques ! Citoyens ! Il me semblerait que vous n’êtes ni idiots, ni ignares ! Peut-être, distraits ! Il eût fallu que vous reconnaissassiez le mode d’emploi euh à quel mode le verbe préparer est utilisé. Quelqu’un suggère une réponse ? »
– Au futur, dit l’un.
– Au passé, dit l’autre.
– Euh… au présent, dit le timide du premier rang.
– A l’imparfait, dit l’énervé du dernier rang.
– Monsieur Le Dernier Ministre, pouvez-vous nous éclairer ?
– Avec plaisir ! Pour vous éclairer, il faudrait que je dispose d’une énergie d’un tera-ouateur ! (Pas de rires). Pour en revenir à notre mini-leçon grammaticale, le mode utilisé est le conditionnel ! Et ce n’est pas un mot vulgaire ! (Pas de rires).
– Vous nous embrouillez, monsieur Le Dernier Ministre !
– Alors, je vous résume la situation :
o Depuis trois mois, les compteurs Funky sont hors-services à cause de cet ogre surnommé BUG.
o Depuis deux mois, toutes les éoliennes sont déracinées à cause du cyclone Monoeil.
o Depuis un mois, les centrales nucléaires sont à l’arrêt car obsolètes.
o Ce soir, à exactement minuit, tous les électrons, les libres et les non-libres, font grève illimitée !
Donc, à partir de cet instant, je vous ordonne d’évacuer la salle calmement et rapidement. J’ai du boulot, moi ! Et je vais vous dire le fond de ma pensée : vu la situation catastrophique, je m’en moque comme de ma première colère, de la hausse ou de de la baisse du moindre kilo-ouate. Puisque l’électricité, pffft, disparue ! Alors allumez les bougies, et roulez-vous dans la ouate, avec qui vous voulez, mais avec extase ! Et n’en faites pas un mélo-gramme !
Le gouvernement préparerait en douce une nouvelle augmentation du kilo Ouateur.
Les amollis protestent déjà. Une réunion de rébellion des cotonniers se tient ce soir chez « Les Douces Sœurs ».
Le Grand Étoupe prend la parole :
─ Par ma filasse, c’en est assez de s’molasser comme la toison d’un mouton. Les gars du gouvernement veulent nous noyer dans l’coton. M’en vais estourbir cet amas de vieux fils tissés qui d’ailleurs ne filent que du mauvais coton. Vais t’en faire de la charpie !
─ T’a raison papy Étoupe, lança un jeune coton-tige ( non élevé dans une boîte à coton) qui savait manier les mots aussi bien que le métier à tisser. ( Il sortait d’une école de Haute Couture). Mais le fiel des mots n’est pas constructif. Dans une société où tout va bien trop vite et où le Ouateur s’impose voire étouffe ; où la technologie isole ; où les espèces sonnantes et trébuchantes se font rares dans les chaumières, l’humour devient une soupape essentielle pour nous aérer. C’est un moteur dont le carburant est la guérison du corps et de notre mental. En riant nous nous comprenant mieux. En riant nous gommons les différences. En riant nous claquons le beignet à la maladie. En riant nous devenons plus légers.
Les applaudissements fusèrent. Le jeune coton-tige scanda : « « Le bonheur pour tous, de fil en aiguille avec un sourire en prime » ! Tous reprirent ce slogan en tapant sur les marmites, casseroles et poêles qu’ils avaient apportés.
Une bigoudène releva se voilette et rétorqua :
─ Faut qu’on constitue notre propre gouvernement, car comme disait Voltaire : « Le bonheur ça s’apprend et ça se cultive ». Bah le coton c’est pareil n’en déplaise au Kilo Ouateur qui s’engraisse toujours plus sur notre dos. Mettons le rire au centre de tous les ministères pour un tissu de qualité, aussi délicat qu’une dentelle.
─ Et tu proposes quoi, demanda le Grand Étoupe ? Coluche, Hugo, D’Ormesson, De Funès et Devos sont passés ad patres !
─ Inutile de s’faufiler, nous faut une esquisse ou un patron pour « upcycler » les idées de gouvernance, ajouta la bigoudène.
─ Dis-donc, si tu ne veux pas parler breton, parle au moins français ! Dis plutôt « rajeunir » ou « moderniser », grommela Toile de Jute.
─ Moi, j’veux bien proposer les lois, murmura un vieux coton, réfugié de Louisiane.
─ Avant de réfléchir aux lois, ne mettons pas le fil avant le rouet. Ne soyons pas comme ces pantins agitateurs de marionnettes qui ont l’art de rater tous les projets ( encore faut-il en avoir) avec panache, s’épancha la bigoudène. On devrait les évaluer sur l’éclat de rire et l’humour qu’ils pourraient déployer pour remédier à leur échec.
─ C’est ça, renchérit le coton-tige, c’est un bon argument. En attendant imaginons, avançons en point droit, sans zigzag, ni surpiqûre. La survie du textile mérite qu’on l’habille de coton et d’un éclat de rire.
L’enthousiasme gagna les troupes qui ne se méfièrent pas écheveaux et pelotes mêlés à la cotonnade, tels de véritables espions pour renseigner le Kilo Ouateur.
Le gouvernement préparait en douce une nouvelle augmentation du kilo ouateur. Les amollis protestent déjà.
En effet, dans la salle de conférence de la cellule syndicale, comme d’habitude, on avait anticipé, depuis que le loi avait été amendée. Rien n’était plus important que la prévoyance dans ce lieu symbolique dont il fallait préserver l’histoire. Il était tout à fait logique de se conformer à la tradition. Les ouateuristes devaient penser d’abord à leurs bénéfices et réfléchir à leurs actions afin qu’elles continuent à être pérennes. En plus de cette condition sine qua non, adjointe à leur fonction, c’était bien spécifié dans leur contrat qu’ils avaient un calendrier à respecter. A chaque augmentation de la ouatitude, ils devraient orienter les revendications sur la répartition des ouateurs. Un plan sur cinq ans garantissait une augmentation faramineuse pour tous. Personne ne disait qui était l’auteur de ce plan. Peut-être un ouateur ? Il avait été adopté en pleine nuit, quand tout le monde est bien au chaud.
Pour qu’ils puissent garder leur privilège, C’était cela leur véritable but, clair et net, pour éviter les fraudes. Depuis tant de générations qu’ils avaient combattu, ils ne pouvaient contredire leurs pairs qui, eux, par contre, avaient les meilleures raisons de défendre les pauvres contre les riches.
Cependant, un super viseur, un jour, vint mettre les pieds dans le plat. Il débarqua d’on ne sait où. Pas gêné le gars ! Bien propre sur lui, il inspira confiance. Ainsi, bénéficiant de l’effet surprise, Il s’adressa aux amollis en les invectivant sur leurs avantages exorbitants.
– Vous avez grandi dans du coton, leurs annonça-t-il. Le premier des privilèges des ooateuristes, n’est-il pas le partage de la chaleur humaine ! Il n’y alla pas avec des pincettes. Il les retourna comme des crêpes.
Un amolli ouateuriste cria du fond de la salle :
– Eh ! vas-y mollo. Nous, on veut nos kilos ouateurs au même tarif. Pas d’augmentation. C’est nous qui les produisons. En remplacement, nous ne voulons pas de votre coton non cardé.
– Ne vous inquiétez pas. Nous allons mettre en place un plan d’adaptation aux nouveaux tarifs.
– Quel plan ?
– Je ne vous abandonnerai pas. Vous garderez vos avantages ! Ce plan s’appelle LEURRE HOP !
La Révolte des Amollis…
Après des années de violences et d’incertitudes où le monde avait, de peu, évité une guerre nucléaire, les nations s’étaient enfin dotées d’hommes désireux de vivre en paix. L’amour avait fini par remplacer la haine de son prochain et l’humanité était peu à peu tombée dans une forme de ouatisation de la société. Le monde semblait flotter dans une apesanteur cotonneuse.
Cependant, même dans notre pays de bisounours, certaines choses n’avaient pas changé. Les coûts de production n’avaient de cesse de grimper, et l’État était toujours à la recherche de moyens de les compenser. La vacuité qui avait gagné toutes les strates de la population représentait la plus grosse partie du budget des finances de la Sécurité Socio-ouateuse, qui avait entre autres la charge du remboursement des frais de cures de paresse.
Alerté par le ministre de l’Économie et des Finances, le Chef de l’État avait demandé un plan de redressement. Le volumineux dossier qu’il tenait entre ses mains concluait ainsi :
« Il est urgent de quantifier la nonchalance consommée par chaque individu, et de réfléchir à sa tarification. »
Grâce aux avancées en neuro-comportementalisme et à la standardisation psychosociale, le ministère de l’Équilibre Global mit au point une unité révolutionnaire : le Ouateur. Elle mesurait la densité de mollesse d’un individu, physique, mentale et émotionnelle. Un kilo Ouateur représentait ce qu’un humain moyen pouvait produire en une journée d’oisiveté pure : aucune décision, aucun effort, aucune pensée structurée. De la mollesse à l’état pur.
Sur cette base, de brillants ingénieurs mirent au point une montre-bracelet connectée : le Compteur d’Inertie. Les ouateurs consommés en temps réel étaient transmis au SCO (Centre de Surveillance Ouateurs), qui les facturait selon un barème à taux variables.
Avril 2060, printemps pluvieux et frisquet. Léon Gaspard, 72 ans, portait son badge d’Amolli de catégorie supérieure avec une fierté feutrée. Ancien professeur de lenteur appliquée à la Sorbonne, où il disposait encore d’une chaire d’honneur, il méditait désormais sur la vitesse des escargots. Chaque matin, il vérifiait son Compteur d’Inertie, s’assurant de rester sous les 75 Ouat/kg, seuil au-delà duquel les droits sociaux étaient suspendus.
Ce jour-là, alors qu’il sirotait sa camomille sur un banc élastique du Quartier Antalgique, une vibration flegmatique lui monta le long du bras. Il cligna lentement des yeux et lut sur son téléphone :
Fuite d’information — Le Gouvernement prépare une hausse du prix du kilo Ouateur.
Motif : « Responsabiliser les atones chroniques ».
Léon resta immobile. Puis, d’un ton calme :
— À ce rythme-là, je vais perdre ma place sur le banc molletonné…
Il savait que les Amollis, peu enclins à se lever, allaient devoir réagir. Doucement, mais sûrement.
La nouvelle se répandit comme une plume qui tombe. Les forums contemplatifs, les salons de sieste, les groupes de haïkus longs bruissaient d’une agitation paradoxale : des silences plus profonds, des soupirs plus lourds, des phrases inachevées.
Le projet était clair : doubler le prix du kilo Ouateur. Officiellement, un « stimulus fiscal à l’apathie ». En clair, les trop mous allaient payer plus.
À l’Auberge des Pensées Vaporeuses, haut lieu des Amollis de niveau 4, la rumeur fit lentement le tour de la salle. Léon, installé dans son fauteuil à bascule préféré, était entouré de compagnons d’inertie :
— Léonie, ancienne harpiste pour chats dépressifs
— Jean-Eude, philosophe du temps chamallow
— Ameline, qui était restée immobile trois mois sans que personne ne le remarque
Ils commentèrent la nouvelle à leur manière :
— C’est un coup bas, bâilla Léonie.
— Trop rapide, ajouta Jean-Eude.
— Il faudrait… protester, dit Ameline.
Léon sortit de son silence, solennel comme un mollusque en smoking, ajouta :
— On va s’organiser. Mais tout doucettement. Faut pas se chiffonner les idées, c’est trop dangereux.
Ainsi naquit le Collectif Tendre Résistance des mous du genou, premier mouvement socio-ouatique dédié aux droits des Amollis.
Chaque jour, de nouvelles actions feutrées apparaissaient :
— Sit-in silencieux dans les ministères, des militants en robe de chambre lisaient Proust à voix basse.
— Ralentissements sur les trottoirs et déploiements de banderoles : « Marchons sans but ni bruit. »
— Tracts ultra doux, avec des pensées d’Épicure ou Garfield :
« La paresse, c’est reposant. »
« Ne rien faire, c’est déjà beaucoup. »
Des slogans flottaient comme du jasmin :
« Notre mollesse est votre équilibre. »
« On avance lentement, mais on pense profondément. »
Et cette lenteur séduisait. Le monde, essoufflé de vitesse, trouvait là un contrepoids. Léon, du haut de son coussin surélevé, le résuma :
— Quand les mous se dressent… le monde s’assied.
Le 14 mai 2063, à 14 h 14, les Amollis déclenchèrent leur opération ultime : la Paralysie douce.
À l’heure dite, ils s’allongèrent. Partout. Gares, couloirs, carrefours. Corps relâchés, souffle profond, regards vers l’intérieur. La société ralentit.
Le Premier ministre, Ulrich Lefâcheux, déclara :
— Ce pays ne peut pas fonctionner si chacun se met à… ralentir.
Mais les chiffres tombèrent :
— Accidents urbains : – 83 %
— Tensions sociales : en chute
— Ventes de tisanes et de romans contemplatifs : en plein essor
Même l’économie semblait respirer. Moins rapide, mais plus stable.
Dénouement
Trois jours et trois nuits plus tard, les Amollis se relevèrent d’un même mouvement fluide.
Un Conseil d’Apaisement National fut convoqué.
Décisions :
— Annulation de la hausse du kilo Ouateur
— Création du Ministère de la Lenteur Positive
— Réhabilitation des bancs publics, devenus zones de recharge citoyenne
— Reconnaissance des Amollis comme espèce civique essentielle
Léon Gaspard fut nommé Ambassadeur du Calme Permanent. On grava sa devise sur la façade du nouveau Sénat Tempéré :
« Celui qui ne fait rien n’est pas inutile. Il maintient le monde en équilibre. »
Pendant qu’il sirotait sa camomille, le monde reprenait doucement son souffle. Ce moment de plénitude fit germer une dernière pensée dans l’esprit de Léon : « Et si la lenteur était le rempart à la violence ? »… Autrement dit, le moyen de se protéger des pires excès d’hier…
Cher Gilaber. Il faut prendre son souffle avant d’escalader les nombreuses pages de vos écrits brillants certes mais sur un smartphone très difficile à monter. Quand on arrive au bout et à bout de souffle on ne regrette pas l’effort. Mais installez un ascenseur ou sautez un étage peut être.. 🤗🐀
😃🤭
🤣🤣🤣 sacrée Souris Verte et encore vous avez la version courte… la première compte plus de 2500 mots… ce n’est pas de la lecture mais l’escalade du Mont Blanc… 🤔
Bon week-end Pascal à vous !
751/LA BELLE BÉRURIÈRE
Le gouvernement, dans sa grande mansuétude, prépare en secret un nouveau plan Théodule : le kilo-ouateur va augmenter ! Les amollis n’en attendaient pas autant… Lors de l’annonce discrète, au ‘bord l’eau ‘, de la taxe à la water ajoutée, le commissaire san Antonio reprit le fil de l’enquête en épluchant sa feuille d’électricité. L’ acheminement de cette énergie était également taxé, ça aboutissait à un empilement à la manière d’Armand, même à la Dali, de montre molle digne de la gare Saint-Lazare. On ne peut ignorer que celui-ci fut sorti du tombeau par un pote à lui, qui lui-même dit-on, fut ressuscité. À emmaüs, on en oublie la pèlerine ! Oh douceurs ! Oh suavité ! Ce jour de printemps, de jolis nuages fuyaient dans le vent pareil à de la laine, lavée, cardée, floconneuse, qui gisait dans la cour. Berurier, l’assistant de san Antonio, chantait l’hymne des matelassiers non sans y ajouter quelques couplets de son cru. Il avait expurgé tous les remugles du radada du samedi soir après le turbain, une fois extrait le suin de la laine des joyeuses brebis qui s’ ébattent. berrurière rebondissait sur cette virginité retrouvée. Les commères du quartier échangeaient d’alacres propos tout en entoilant les futurs témoins de leurs amours, en tirant la ficelle avec de longues aiguilles. San Antonio admirait cet entrain, quoi qu’il en eût il ajouterait cette chanson aux sommiers judiciaires.🐻
Le gouvernement préparerait en douce une nouvelle augmentation du kilo Ouate. Les amollis protestent.
Pas plus tard que ce matin, madame Dupont, maîtresse de CM2, avait amené le sujet sur le tapis en posant une question piège à ses élèves :
Qu’est ce qui est le plus lourd, un kilo de plomb ou un kilo Ouate ?
Tous n’étaient pas tombés dans le panneau, ensuite la discussion au sujet de la hausse de tarif avait été vive et fructueuse .
L’institutrice était membre actif du syndicat des amollis tout comme les parents de Martin, l’élève assis au troisième rang côté fenêtre. Elle encouragea son petit monde à réagir.
Le garçon rentra chez lui, pour trouver ses parents en pleine activité, très en colère contre le ministre des finances et ses intentions.
Ils étaient prêts au combat, fourbissant leur arme, à savoir une banderole qu’ils brandiraient à la manif. de samedi prochain devant la préfecture. On pouvait y lire :
» MOLLO MOLLO ! L’ AUGMENTATION NE PASSERA PAS PAR NOUS »
Martin accompagnerait ses parents espérant y retrouver madame Dupont.
Le gouvernement préparerait en douce une nouvelle augmentation du kilo ouateur. Les amollis protestent déjà.
Le gouvernement pense que pour l’instant il n’a pas besoin d’une nouvelle fronde. Il met sa mesure en attente dans un tiroir. Mais, mais…faut quand même faire rentrer de l’argent.
Alors les serpents diplômés font chauffer les neurones. Et voici le plan d’attaque :
1: on entretient la rumeur sur l’augmentation du kilo ouateur. Les amollis font une fixette là-dessus et montent en tension.
2 : on profite de cette agitation pour sortir quelques mesures qui passeront inaperçues, ou presque.
3 : on met en place une taxe sur les cercueils. Motif : l’exploitation du bois dont on se chauffe est de plus en plus coûteuse.
4 : on vote l’impôt sur la larme à l’œil. Motif: on ne peut plus se permettre de gaspiller l’eau.
Pendant ce temps la rumeur fera monter l’excitation des amollis. Ceux ci n’étant pas trop habitués à toute cette agitation, vont s’épuiser. Et cela devrait provoquer, comme une canicule, une hécatombe. Et la taxe sur les cercueils se révélera fructueuse.
On peut aussi organiser des embouteillages dans les cimetières et le chagrin des endeuillés fera couler des torrents de larmes et se transformera en monnaies sonnantes et trébuchantes.
5 : lorsque les amollis seront bien ramollos, ce sera le bon moment de ressortir l’augmentation du kilo ouateur.,
Waouh, le gouvernement et les serpents diplômés se frottent les mains et s’émerveillent de leur ingéniosité à renflouer les caisses de l’état.
Une petite voix s’élève. « Attention à ne pas trop pousser mémère dans les orties, ce qui reviendrait à scier la branche qui nous rapporte. »
Fut-elle entendue cette petite voix ? Pas sûr. Car on a beau être serpents diplômés, on n’en est pour autant, pas moins cons que les autres.
Merci Maguelonne pour ce texte très lucide. 🙂 En effet, faire diversion est une technique d’ingénierie sociale très utilisée qui fut théorisée par Otto Neurath pendant la Première Guerre mondiale. (Voir Wikipédia)
Le gouvernement préparerait en douce une nouvelle augmentation du kilo Ouateur.
Les amollis protestent déjà.
Ils étaient vraiment raplapla, il fallait bien le reconnaître. Des années de service avec des hauts et des bas. Certaines personnes avaient su leur redonner du gonflant. Le cardage avait été « bien ».
D’autres les avaient laissés se ratatiner. Il ne restait plus rien de leur splendeur d’origine. Pourquoi ? Car certains individus très généreux avec ce qui ne les appartenait pas, distribuaient à qui mieux mieux la ouate sans discernement quand ils ne s’en appropriaient pas à titre personnel.
Au meilleur de leur forme, Ils étaient d’excellente qualité, garnis des meilleures ouates. Dans les pires moments, il ne leur restait que poussière. Tel était leur cas ces derniers temps.
Pas un cerveau n’avait songé à prendre soin d’eux, à les garnir, à les préserver. Résultat des courses, pour pouvoir continuer à dormir sur ses deux oreilles, le gouvernement, pris de court, cherche de toutes parts de la ouate, mais les cours de cette noble matière se sont envolés et les fournisseurs, malicieux, face à l’urgence de la demande en profitent pour gonfler un peu plus la note.
Ne reste qu’une solution : répercuter le prix du kilo sur les amollis (surnom utilisé dans les hautes sphères pour désigner les contributeurs assujettis, fatigués et résignés).
Et hop ! Les représentants des ramollis et ceux qui lorgnent avec envie la grande maison où tout est possible, partent en guerre. Tournures de phrases différentes selon l’école à laquelle ils adhèrent, mais le résultat est le même pour tous : NON !
Il n’en a que faire le gouvernement. Ses matelas sont au plus mal. Des coquilles vides. Les douces ouates se sont éclipsées.
Les amollis attendent la riposte. Se croyant pédagogue, le gouvernement assure qu’il négocie d’arrache-pied avec les fournisseurs pour obtenir le prix le plus juste, mais que dans la conjoncture actuelle tout le monde doit se serrer les coudes, sauf exceptions (of course !).
Amollis, peut-être, mais idiots sûrement pas. La protestation s’intensifie. Ça tombe bien, ce sont les vacances. Joli binz en perspective. Quelques râlements, mais comme personne n’a envie de donner sa ouate, la protestation a la voie libre, ce qui met en furie nombre d’entreprises qui voient leur ouate rétrécir au lieu de s’épanouir.
Un concours de tennis. Promesse contre clairvoyance. Match sans fin.
Promesse voulant passer à autre chose, renonce et annule la hausse du kilo de ouate.
Clairvoyance soupire et attend le nouveau flash présidentiel.
Il va bien falloir la payer cette ouate !
Qui peut garnir les matelas ?
Le gouvernement préparerait en douce une nouvelle augmentation du kilo Ouateur.
Les amollis protestent déjà.
Ils pleuraient sur le rationnement de leur quota de douceur. Comment survivre à ça ? Pourquoi augmenter un don qui n’avait pas de prix ? Ils pouvaient être ce qu’ils étaient grâce à leur dose d’amour cotonneuse. Elle leur était indispensable pour affronter le vaste monde qu’ils ne pouvaient supporter qu’avec la certitude de retrouver du réconfort après avoir traversé leurs multiples agressions de tous ordres. Leur seule bulle précieuse devenait une monnaie d’échange augmentant une fois de plus les différences, laissant sur le bord de la route des âmes en peine.
Pas question de se laisser faire. Il fallait organiser la révolte. Ça allait griffer, peut-être même saigner.
Ce que le gouvernement ignorait c’est qu’il existait un vaste réseau de fournisseurs de papier émeri qui, par le jeu des alliances, était des cousins lointains des ouateurs. Etant donné que les membres du gouvernement n’étaient pas les derniers pour s’octroyer, gratuitement de plus est, leur kilo ouateur, un réseau se mit en place pour remplacer la ouate par la toile émeri. Les fourbes en eurent pour leur argent ! Les joues griffées, leur dignité écorchée et leur arrogance élimée, ils durent se rendre à l’évidence que cette réforme ne serait pas la plus facile à faire passer. De plus, l’énergie et les moyens qu’ils mirent à rechercher les fauteurs de troubles, en vain, créa un scandale national car tous avaient pris fait et cause pour les rebelles. Le gouvernement retira sa réforme et les toiles émeri promirent de rester en embuscade le temps nécessaire pour s’assurer que cette promesse s’était inscrite dans le marbre.
Un peu de douceur dans ce monde de brutes, ce n’était plus un slogan mais une nécéssité, une cause nationale.
D’après une certaine presse régionale, le gouvernement préparerait en douce, c’est la moindre des choses, une nouvelle augmentation des kilos ouateurs.
Pour celles et ceux qui, comme moi, ont arrêté leurs études scientifiques au bord de la cour de récréation, je tenais à préciser ce qu’il en est effectivement du kilo ouateur.
Il s’agit en fait de l’unité pratique de tranquillité accompli en une heure par un kilo de ouate, soit l’unité légale du système de mesure permettant à l’état de codifier l’influence du bruit sur la fuite des travailleurs et donc la sournoise possibilité des gens du pouvoir d’augmenter le prix de la tonne de mélange de coton, laine, soie pour les plus aisés, pour éviter que ceux-ci s’installent dans la paresse, la flemme, la fainéantise, la « cosse toujours, tu m’intéresses ! »
Contrairement à ce que notre journaleux du samedi, Pascal, dit le Perrate a écrit, les amollis ne protestent pas. Comme l’indique leur nom, ils ont le soufflet crevé, la banane épluchée, cuite dans le beurre, flambée au cognac, ils en soupé de la durlute !
Pour celles et ceux qui, comme moi, ont arrêté leurs études historiques à la bataille de Marignan, leurs études littéraires à la lecture de Bibi Fricotin , leurs études philosophiques à la biographie de Pierre Dac et leurs études musicales à l’écoute de Mireille Mathieu, je tenais à préciser que :
1 Les amollis vient de l’italien et n’est que le pluriel d’amollo.
2 De son vrai nom, Ah Mollo était un grand activiste, sociologue…qui luttait, à l’époque contre l’invasion des klaxons italiens et des pétarades des Vespa. En fait tout ce qui lui cassait les oreilles lui était cible. Le mouvement gagna l’Europe et la France évidemment. Certains extrémistes considérant les scooters comme des chiottes, les découpèrent en lanières. Ainsi naquirent sur Paris les vespasiennes.
Ah Mollo luttait évidemment contre ces vacarmes en se protégeant les tympans avec de l’ouate. Il en portait souvent, en offrait à ses amis. Il créa même une petite structure, productrice d’ouate haut de gamme, à base de duvet d’autruche, entreprise menée de main de douce maîtresse par sa compagne, Alexandra Motus.
Il en portait évidemment, sauf lors des manifestations silencieuses, pour enfin profiter du calme momentané. Mais son combat faillit s’éteindre, sous les coups de boutoir de la surconsommation.
Donc, vous qui, actuellement, souffrait des conneries publicitaires distribuées par la télé, des fêtes ringardes et dispendieuses, des feux d’artifrics, des boîtes de bruit, des tondeuses à hérissons, des torches vaisselle, des portes qui claquent et des dents qui grincent, manifestez-vous dans le calme, ne devenez pas amollusques, armez en douceur votre coquille et rendez-vous bientôt pour stopper cette infâme augmentation.
« En douce… ! ». Encore un dauphin qui nous prend pour des billes de flipper.
Alexandre Molleton, petit-fils du grand Ah Mollo
PS : Pour les nuls de ma classe de radiateurs, je cause bien, dans ma dernière phrase, du fils aîné du roi, et non du mammifère marin qu’on fait couiner dans des piscines.
Si j’applaudis ce texte, cela va faire du bruit, et contrarier le grand Ah Mollo ! Merci Jean-Marc 🙂
Merci oh Grande Béatrice!
– Douce augmentation : oxymore…
– Oxy quoi ?
– Oxymore Joseph, oxymore !
– Pourquoi tu me parles mal aujourd’hui Adrienne ?
– Mais qu’est-ce-que j’ai fait au bon Dieu pour avoir un mari pareil ?
– Et voilà… Tu te plains encore de moi !
– Mais mon pauvre Joseph… Je t’explique ce que je lis dans le journal tout simplement et je te le répète « douce augmentation » est un oxymore et non pas une insulte à ton égard.
– Ah ! Si tu le dis…
– Et « les amollis protestent déjà ». Y avait longtemps qu’on les entendait plus ceux-là !
– Les quoi ?
– Les amollis Joseph, les amollis !
– Comme les œufs ?
– Pitié Joseph, ressaisis-toi !
– Mais c’est quoi cette augmentation ?
– C’’est sur le kiloouateur !
– Ah ! Va falloir faire des provisions alors !
– Mais parait que les amollis ont déjà tout raflé à Carrefour !
– Putains d’amollis !
Ainsi bavardaient tranquillement Adrienne et Joseph un week-end de Pâques.
Quoi qu’on en pense, l’essentiel est de pouvoir communiquer n’est-ce pas ?
Car, amollis ou pas, tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir disait le l’inventeur du kiloouateur.
Sur les ondes de la radio nationale, le présentateur du journal du matin évoque, à nouveau, ce qui a fuité dans les milieux bien informés, comme l’on dit : « Le gouvernement préparerait en douce une nouvelle augmentation du Kilo Ouateur ».
Dans ce pays où la population est très réactive aux changements quel qu’ils soient, le présentateur ajoute que des protestations s’élèvent déjà sur cette hypothèse de hausse.
Depuis plusieurs années maintenant, le pays a vu émerger de nouveaux courants de protestation et il est intéressant d’observer ceux qui réagissent à telle ou telle autre information réelle ou supposée.
Cette fois-ci, ce sont les amollis qui protestent le plus à la rumeur. Enfin, quand je dis les amollis, je devrais plutôt dire les « Âmes au lit ». En effet, ces contestataires revendiquent en cessant toute activité et en passant leur temps sous la couette. C’est une façon de ne pas dépenser d’électricité, l’objet des craintes actuelles !
Déjà au cours des dernières années, et plus précisément, depuis le confinement, décrété lors de la dernière épidémie, des citoyens refusent l’action : plus de travail, plus de dépenses, plus d’activité en dehors des rêves et autres prestations envisageables depuis leur lit.
Vous vous demandez sans doute comment ils peuvent être recensés, comptabilisés comme protestataire ou gréviste. Et bien, les moyens modernes mis en place dans les villes comme les caméras de surveillance ont montré les foyers qui restaient dans le noir dès la nuit tombée, n’éclairant plus leur habitat. Les employeurs ont déclaré les augmentations d’absence sans motif de salariés, les centres commerciaux, la baisse notable de fréquentation de leurs consommateurs habituels. Seuls les structures de livraison à domicile ont vu le chiffre des commandes augmenter.
Ce dernier point ne compense pas la perte de ressources pour le pays en l’absence d’activité, de baisse des rentrées de TVA et toute la désorganisation que ce mouvement produit en s’amplifiant à chaque nouvelle source de contestation.
Las de ces Âmes au lit, qu’aucune instance ne peut représenter comme le font habituellement les syndicats, le chef du gouvernement a donné sa démission au président du pays et compte bien rester quelque temps au fond de son lit à méditer sur la dure existence de la Haute Administration d’un pays démocratique…
Les punaises de lit font mal leur boulot, alors, qu’en très peu de temps, elles pourraient remettre sur pied les âmes au lit !
Merci Nouchka 🙂
Accueillons le soleil et cultivons nos jonquilles ! Le monde est comme on le fait.
Merci Souris verte. 🙂
Prendre en compte, le texte ci-dessus, corrigé. Et supprimer celui-ci. Merci Pascal.
Dans la voix de Capucine, 5 ans :
Quand on parle de ouateur, des « âmes au lit », ça me fait des kilos de peine. Parce que mon papa a été une âme au lit. et il était très en colère.
Puis, il est parti au pays de la ouateur, au-delà des nuages, là où les oiseaux prêtent leurs ailes aux anges, pour ne jamais revenir. Parce que là-bas, c’est très beau !
Quand les ailes sont trop lourdes, on peut les poser. Alors, les anges les mettent sur leur dos, pour les recharger de douce ouateur, et de lumière. Il y en a tellement, qu’elle est gratuite !
Mon papa vient souvent me voir dans mes rêves ; il a un tee-shirt et un bermuda tout blanc. C’est plus commode qu’une tunique, pour venir sur terre, sur le dos des arcs-en-ciel.
Quand je lui crie de rester, il me dit qu’il ne peut pas. Même si je comprends qu’il ne souffre plus, j’ai le cœur très gros, très lourd.
Depuis qu’il est parti, j’ai la maladie du kilo-ouateur.
Les cheveux d’anges…😥
La contestation était sévèrement réprimée. Lutter contre le gouvernement s’avérait être coton. Vous vous retrouviez facilement enfermer dans leurs cellules « Ose ». Les pires de toutes, nommées ainsi par défit aux opposants. Mais les Ramollis étaient très actifs. Ils avaient été mis au courant de ce projet d’opacité (l’augmentation du kilo Ouateur), à l’aide des « F », les agents infiltrés dans l’entourage du gouvernement Préparellulose. Le chef de leur service de sécurité, le père Cale, avait obligé les agents publiques à porter des gabardines afin d’être plus imperméables aux infiltrations. Peine perdue, l’opposition était au courant de tout. Il y eut des manifestations importantes. Des milliers de jeunes se retrouvèrent dans la rue, venus de Jersey et d’ailleurs, affichant des calicots imposants hostiles au gouvernement. Le chef d’Eta y était brocardé ouvertement. Le président R.V Bazin était certes brillant mais demeurait un véritable dictateur. Avec la démocratie, il était plutôt à fleur de peau. Par ailleurs, et ce n’était sans doute pas un hasard, il avait la fibre sensible, la peau allergique. Il ne supportait sur le dos que des tissus hypoallergiques. Il ne s’asseyait que sur de la moleskine et dormait entouré de mousseline vaporeuse. Il lui fallait de la fibre tropicale afin d’éviter les fibres trop piquantes.
Suite à la répression exercée contre les manifestants, les Ramollis, ces « Rats mollis » comme les nommaient la police politique, décidèrent de passer à l’action. A l’aide des « F », tous issus de l’EDF (Elément Devenus Fusibles), ils parvinrent à enlever Bazin et l’enfermèrent dans l’une des cellules d’un monastère, la peau recouverte d’une robe de bure. C’était pour lui insupportable. Bientôt, Bazin supplia ses ôtes qu’on la lui retire. Pour cela, il accepta de signer son abdication. Un vote démocratique fut ensuite organisé. Cela allait de soie.
Un texte qui a de l’étoffe ! Merci Alain Granger. 🙂
Trop piquantes !!! 😆🦉! 🤗.🐀
Comme toujours Alain, tes textes me font beaucoup rire !
LA DISPARITION DE DEUX MONDES
En douce, le ‘ciel’ préparait déjà sa révolution de coton. Si les ci-dessus battaient des mains, les ci-dessous s’en plaignirent doucement. Par effet contraire, les gémissements de ces mollassons attisaient la ouateur de ceux d’en haut qui prenaient un malin plaisir à cotoner davantage dans une brume légère et moussue aussi merveilleusement vaporeuse qu’envahissante. Les chouineurs, de réunions en défilés, lochonaient salivairnt en manifestant mollement pour se protéger des sillons d’une bave arc-en-ciel inodorante mais gluante dans le but d’emprisonner cette vapeur cotoneuse. Et ça à marché… Tant et si bien que les malheureux mécontents s’érouffèrent dans leurs sécrétions ainsi que dans cette ouate qui s’est effectivement pris les pieds dans ce tapis gluant.
L’histoire ne dit pas si le ‘ciel’ s’est réjoui de cette situation qui bien sûr vue d’en haut pouvait paraître rocambolesque mais qui en réalité, dans sa réussite fut l’anéantissement de ces deux mondes.
C’est trop dur tout ça, je vais arroser mes jonquilles.🐀
Bien vu Souris verte.
Toujours prête à rebondir Souris verte !!!
Bravo 😉
Souris verte n’est jamais en manque d’idées… Bravo pour votre promptitude matinale.
Bien à vous et bon week-end.
Accueillons le soleil et cultivons nos jonquilles ! Le monde est comme on le fait.
Merci Souris verte. 🙂