746e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat


Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête…
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Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête…
C’est lui, c’est bien lui.
Les flics l’ont reconnu.
C’est le même homme qui fait pipi devant le soleil tous les matins.
Allez hop au trou et que ça saute !
T’iras uriner ailleurs !
L’homme se dit qu’il n’avait rien à perdre. Avec les nouvelles lois entrées en vigueur, il pouvait risquer gros. Une tête tranchée comme du pain Poilâne ou pire, un séjour assez prolongé au bagne, à l’autre bout de la Terre.
Alors il pria la sainte lune, qu’il priait tous les matins et aussi tous les soirs, pour qu’elle lui vienne en aide et le délivre des sales griffes de ces méchants policiers.
Les flics ne comprirent pas ce qui se passait.
L’homme qu’on avait arrêté était maintenant menotté tout au fond du fourgon de police.
Mais voilà que par une action presque miraculeuse le monsieur pisseur et voyeur du dimanche décolle à la verticale. Sur son passage il fracasse sans se faire mal la tôle ondulée du véhicule. Puis il se met à foncer tel un bolide des 24 H du Mans vers un ciel aussi bleu, qu’un paquet de Gitane entamé.
Les keufs ayant vu s’échapper leur cargaison avaient un visage plus que sombre.
Ils ressemblaient à des gosses qui auraient vu disparaître les billes avec lesquelles ils jouaient dans la cour de la recré.
L’homme qui volait à toute allure était devenu aussi gros qu’un grain de sable puis avait complètement disparu des radars humains.
Les flics étaient revenus au poste en baissant la tête.
Qu’allaient-ils dire à leur commissaire de police !
Ah ! ah ! Une nouvelle fois la police avait échoué face à l’homme le plus recherché de la Terre.
En effet, un monsieur qui de temps en temps faisait des petites misères au soleil.
Comme faire pipi dans sa direction en clignant un peu des yeux !
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête, il s’agirait d’un certain Tryphon Tournesol, scientifique de son métier. Deux inspecteurs de la brigade spéciale d’investigation ont été commis sur les lieux.
– Nom ? interrogea l’inspecteur Dupont.
– Tournesol.
– Prénom ?
– Tryphon.
– Adresse ?
– Château de Moulinsart.
– Pourquoi lorgniez vous … ? commençait à questionner l’inspecteur Dupont.
– Éborgner ? Je n’ai jamais éborgné personne ! protesta l’homme en enfonçant son cornet acoustique dans l’œil du second enquêteur, l’inspecteur Dupond.
– Aaaaaaaaïeeeee ! hurla celui-ci.
– …le soleil… ? continuait Dupont, élevant la voix.
– Mon sommeil ? Je le surveille. Et alors ? Mais pourquoi criez-vous ?
– …couchant ? achevait enfin Dupont, déjà excédé.
– Louchant ? Mais non, je ne louche pas du tout ! Que racontez-vous là ?
– Pourquoi lorgniez-vous le soleil couchant ? répéta Dupont, d’un trait, tandis que Dupond cessait enfin de gémir.
– Oui…Pourquoi lorgniez-vous le soleil couchant, en simple pyjama dans votre jardin, qui plus est ? compléta à son tour Dupond, fier de se mêler enfin à l’interrogatoire.
– Ah… je vous entends bien…inutile de hurler et de vous énerver.
– Je ne m’énerve pas. Répondez ! insista Dupont.
– C’est à cause de mon ami Tintin.
– C’est votre complice ?
– Non c’est mon ami.
– Et alors ?
– Il m’a conseillé, pour ma santé, de respecter mon cycle de sommeil.
– Moi, je vous parle du soleil.
– Justement.
– Justement quoi ? s’énervait à nouveau Dupont.
– D’après Tintin, je dois me coucher et me lever comme lui.
– Comment ?
– Question d’héliotropisme et de survie.
– De quoi ?
– D’héliotropisme et de survie. Comme pour le souci…
– Des soucis, vous risquez d’en avoir.
– Et le topinambour.
– Restez poli s’il vous plait.
– Je ne vous ai point traité d’ectoplasme, tonnerre de Brest, comme dirait mon ami Haddock.
– Un autre complice ? Lorgnait-il aussi le soleil ?
– Non, lui est avec Tintin. Eux visent la lune.
La nuit durant, Dupont et Dupond cuisinèrent Tournesol.
A l’aube, faute d’aveux, le relâchèrent.
Alors que le soleil se levait, enfin, Tournesol se coucha.
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête… Il a prétexté aux enquêteurs qu’il était dans la lune. Mais ceux-ci, en connaissant un rayon, ne se sont pas laissé abuser. Il a fini par avouer qu’il avait commencé par mâter à la jumelle, les miss sphères Nord et Sud, filles de la Mère Idienne.
Puis, il avait profité d’Arianne pour changer de planète, sachant que cette tactique ne tenait qu’à un fil. Et c’est ainsi qu’il avait tissé sa toile.
Il fut finalement condamné à revenir sur terre, au ras des pâquerettes.
Le dénommé Paul X a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. La police des mœurs le reconnut. Ce n’était pas sa première arrestation !
Six mois auparavant, il avait été alpagué en train de regarder la lune avec ses jumelles. Emmené au poste, Paul fut brutalisé. Il expliqua aux inspecteurs que ses jumelles étaient équipées d’un mini appareil photographique ! Pluie de baffes ! Pour les calmer, il leur proposa de visionner les photos.
Le nombre de clichés était impressionnant. Que de lunes : des blanches, des rousses, des lunes de sang, des gibbeuses, des pleines… La dernière était une lune d’une finesse à faire pâlir les étoiles, à faire fondre la calotte glaciaire. Le silence régnait dans le bureau. Les enquêteurs avaient hissé le drapeau. Ils confisquèrent les jumelles et libérèrent Paul.
Cette fois-ci, il fut appréhendé alors qu’il faisait son dernier cliché ! Le soleil couchant ! Paul était certain qu’avec ce dernier, il obtiendrait le premier prix de la meilleure photo de l’année !
– Eh ! Mais oui ! Encore vous ! On vous prend encore la main dans le sac !
– Quel sac ?
– Faites le malin ! Vous allez moins rire au poste !
– Je ne fais rien de mal !
– Nous non plus… pour le moment… si vous ne coopérez-pas, l’orage pourrait éclater…
– Dans ce cas, je pourrai photographier les éclairs !
– Mais bien sûr, et aussi les étoiles vu que…
– Les étoiles de mer, je veux bien, elles me fascinent.
– Eh ben, toi, ton étoile va commencer à pâlir ! Et à partir de ce moment, tu fermes ton clapet. En route vers le commissariat.
Silence assourdissant dans le fourgon ! Paul pensait à sa maman ! Elle disait toujours : » Paul, c’est un tendre, un doux, un gentil. Il ne fait pas de bruit. Et c’est un artiste ! Mais oui il est photographe ! Ah ! Mon cher fils ! »
A la tendresse de sa mère, succéda la violence des deux flics ! Ils frappèrent là où ça fait mal sans laisser de traces.
– Et maintenant, tu vas nous montrer tes horreurs, ordure !
– Vous ne disiez pas cela, il y a six mois !
En riposte, Paul reçut une telle volée de coups, qu’il tutoya les étoiles avant de sombrer dans un noir précipice sans fond. Les flics en profitèrent pour visionner les photos : le soleil au lever, au coucher, celui qui joue à cache-cache avec les nuages, notre Etoile, quoi !!!!
Six mois plus tard, les flics, qui avaient perdu leur insigne, purgeaient une peine de prison.
Paul était encore dans le coma. Sa maman lui tenait compagnie. Et elle disait au médecin qui chaque jour visitait son fils : » Paul c’est un tendre, un doux, un gentil. Et c’est un artiste. Il est photographe. Guérissez-le, monsieur Le Docteur ! »
J’avais été surpris en flagrant délit alors que j’admirais, au bord du lac, un splendide coucher de soleil . La police des mœurs m’avait alpagué et je m’étais retrouvé dans leur bureau à tenter de me justifier.
– Je vous assure, je faisais juste une balade autour du lac ; d’ailleurs, il n’y avait quasiment personne.
– Certes, mais le soleil, lui, était bien là, descendant de l’autre côté du lac et vous étiez planté sur la berge, à le dévorer des yeux..
– Evidemment, il était si beau ! Il flamboyait, juste au-dessus de l’horizon…
– Sachez, Monsieur, que le soleil ne flamboie pas pour vous séduire mais pour des raisons …heu…qui lui sont propres. En aucun cas vous ne devez l’importuner avec des regards indiscrets !
– Mais je ne le dérangeais pas !
– C’est ce que vous croyez, mais votre insistance était des plus déplacées…D’ailleurs, il n’a pas tardé à disparaître, c’est bien la preuve qu’il était on ne peut plus gêné !
– Mais enfin, le soleil se couche tous les soirs, qu’on le regarde ou pas !
– Monsieur, nous vous dispensons de telles remarques. Elles ne sont que le reflet de votre obstination à nier l’évidence : pris sur le fait, votre voyeurisme est avéré. Par ailleurs, lorsque nos agents vous ont invité à les suivre vous avez refusé d’obtempérer sous prétexte que le spectacle n’était pas terminé.
– Bien sûr, car après le coucher du soleil, il reste dans le ciel de ravissants nuages roses, qui de surcroît se reflètent dans le lac !
– Ah, je vous en prie, Monsieur, épargnez-nous vos obscénités ! Décidément, vous êtes incorrigible !
Là, j’ai compris que rien ne servait d’argumenter. J’ai donc décliné nom, âge et profession, puis j’ai reconnu avoir affiché un comportement inapproprié. J’ai signé et ils m’ont enfin laissé repartir. Entre-temps, la la nuit était tombée et je devais me dépêcher si je ne voulais pas rater le lever de lune au-dessus du lac.
Je suis arrivé juste à temps et j’ai pu admirer le disque orangé qui s’élevait dans le ciel obscur. Peu à peu il est devenu opalescent et s’est reflété dans l’eau sombre. Et tout autour, des étoiles apparaissaient . Oh, que c’était beau !
Mais soudain une vive lueur m’a ébloui et une voix retentit derrière moi :
– Ah mais on vous y reprend ! Lorgner le soleil ne vous a pas suffi ! A présent, vous importunez la lune et les étoiles ! Cette fois, vous n’allez pas vous en tirer comme ça !
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête…
Un « individu, un rêveur peut être, un amoureux certainement et puis quoi ? La police bien sûr. Qui, elle, lorgne toujours les « individus », un homme immobile qui admire la nature … C’est louche à cette heure ! l’heure des infos TV sur canal « je t’embrouille »
La pauvre police des mœurs, hélas elle est toujours mobilisée à des heures, pas possibles. Pas question pour ses représentants de vivre une soirée en famille serré devant, ces objets plats et bruyant, nommés TV, et de râler face aux infos déprimantes mais si essentielles pour alimenter les conversations devant la machine à café dès le lendemain matin
BON. Et notre individu si « louche » que fait-il ? Il regarde le ciel … il admire l’éclat du zénith à cette heure précise où le soleil va toucher les branches du pommier en fleurs.
Est- ce vraiment normal ? Toute personne sensée ne se posterait pas là, immobile la main en visière sur ses yeux éblouis.
Il faut en informer le préfet et le signaler au journal (Ragotinus) histoire d’avoir, enfin, un papier sulfureux.
Monsieur Jules Lambda (chef de la brigade des mœurs) va peut-être avoir son heure de gloire, son nom en gros caractères dans les entres filets : « Que ce passe-t-il dans le village des « clos perdus »
Il ne se passe rien. Mais il faut bien faire (comme si) ils sont bien notés ces policiers et leur venu rassure les villageois. Alors ! l’enquête peut durer quelques jours, histoire d’alimenter les conversations ; si ce poète amoureux pouvait séjourner encore un peu, vagabonder sur les crêtes du puits perché ; pas mal de légendes tourne autour de cet endroit éloigné, dans les « bois du haut » Et puis, va savoir ?… Cet individu ! IL a peut-être entrevu la belle Mélusine ? Les anciens racontent qu’elle rôdait lors du solstice d’été. Les gars du village fixaient le déclin du soleil, mais jamais personne n’a eu confirmation de cet évènement surnaturel
Et puis quoi ? c’est le printemps de poètes ! Alors laissons-nous rêver un peu …
Un individu a été surpris
En flagrant délit…
De quoi me direz-vous ?
D’un projet assez fou
Je l’avoue
Un projet insensé de séduction
Chez cet homme de passion
Cet adorateur du soleil
Toujours harnaché de moult appareils
Pour immortaliser son astre favori
Capable de se planquer jour et nuit
Même au milieu d’un champ d’orties
Pour le séduire et ainsi
Obtenir de lui
Des faveurs secrètes
En cachette
Le soleil levant l’émerveille
A nul autre pareil
Mais le soleil couchant
Sublime et rougeoyant
L’ensorcelle
Comme les yeux dorés d’une demoiselle
Alors quand il a été surpris
En train de le lorgner
A la police des mœurs chargée de l’enquête
Soupçonnant d’illégaux cinq à sept
Il a dû s’expliquer
Montrer ses splendides clichés
Et avouer que, depuis des années
Le soir tombant
Il allait, tel un poète
Conter fleurette
A l’astre déclinant.
Très joli!
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. La police des mœurs est chargée de l’enquête…
Compte rendu des propos de l’individu :
« Ma poulette Monique était une belle poule de luxe, et maintenant elle se couche comme les poules. Elle caquette au ralenti. Elle a le regard morne. J’étais son coq hardi, je ne suis plus qu’un roi déchu. Alors tous les soirs, je lorgne le soleil couchant. Ça me rend romantique. Je me gave de sa flamboyance et et de sa douceur. Le lendemain je raconte à Monique toute cette beauté en espérant la ravigoter. Je suis sûr qu’elle couve quelque chose. Je suis très inquiet. J’en ai la chair de poule. Le coucher du soleil, c’est le seul médicament que j’ai mais c’est le plus beau des remèdes. Alors j’insiste et persiste car ça finira par payer Je vous supplie de ne pas me l’enlever. »
Moi, inspecteur Pas la Bavure, j’en conclus que l’individu n’est pas un dangereux pervers. Il est juste malheureux. Je prends donc la décision de le relâcher, au plus vite car il semble contagieux. Nous ne sommes déjà pas nombreux. Je ne peux prendre le risque de voir toute la brigade admirer les couchers de soleil.
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête… il est là tous les jours, imperturbable, tenace .; En effet, il ne comprend pas cet acharnement contre lui . Il se trouve discret, simple regarder d’un coucher, royal, avec ballets de draperies, de couleurs, d’ombres et de lumière, jeux de voiles, flous . Le final est somptueux, forme, volume parfaits, plongeant dans les bras de Morphée, chaque soir est différent . Il admet être un rêveur, pas un voyeur .. Si on le prive du coucher, il lui restera le lever, émergeant des brumes de l’aurore
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des moeurs chargée de l’enquête, un inuit nostalgique de la lumière solaire s’était attardé, en pleine contemplation. Il s’est avéré que les policemen avait confondu le jour et la nuit juste au moment de l’équinoxe. Entre chien et loup, ils avait fait leur constat.
C’est en allant faire les courses que je vis cet article présenté tel un encart publicitaire dans une page de journal colorée de nuances inhabituelles. Il était affiché dans la vitrine d’un bureau de tabac. Cela me parut bizarre. Cependant, étant débordé par l’impératif de ma promenade, je décidai de ne pas tenir compte de cette info. Encore du superficiel inutile ! Au moment où j’atteignis le rayon des téléviseurs, il me sembla, furtivement que j’avais aperçu les mêmes phrases en boucle multipliées par 20 sur les écrans. Un quelconque qui joue avec l’AI, me suis-je dit. Malgré l’urgence de ma mission, chacune des phrases s’était imprégnée dans mon cerveau. Celui-ci eut peine à faire la relation entre la contemplation, le chien, le loup et les policiers. Et si c’était un message publicitaire pour la promotion d’un film ! Ou d’un autre produit, pourquoi pas !
Je décidai de retourner aux écrans pour en savoir plus. La chaîne d’infos avait changé les titres. Inutile de déranger les vendeurs pour une futilité. « Mon ravitaillement me prendrait plus de temps. Si je me laisse distraire, je vais encore oublier des trucs à acheter. »
Lorsque je suis arrivé à la caisse, un écran spécial installé pour qu’on patiente dans la file d’attente diffusait la même scène avec de vrais acteurs. Peut-être s’agissait-il d’un message subliminal à comprendre dans un moment de repos.
En revenant chez moi, je pris soudain conscience qu’on parlait de mon expérience. En effet, quand j’étais inuit, confondant le jour et la nuit, j’étais devenu nostalgique du soleil.
Il parait que c’est une maladie qui a tendance à disparaître. A cette fin, on avait inventé un vaccin qu’on mélangeait dans d’immenses cuves de plusieurs milliers de m3. Les personnels chargés d’exploiter ce mélange étaient si nombreux qu’on les avait appelés les « covideurs ». J’avais fabriqué un masque pour qu’ils ne me reconnaissent pas. Je les observais de loin parce qu’ils faisaient concurrence à mon soleil, puis de plus près, d’où ce masque protecteur.
J’avais décidé de me retirer dans un igloo. Seulement, les « covideurs » avaient décidé de taxer la glace, je dus emprunter pour acheter ma nouvelle maison. Ces derniers ayant confisqué les glaciers, je dus user de mille ruses… pour briser la glace. Ces commerçants diaboliques, manquant d’humour, avaient décidé d’envoyer tous les glaciers sur Mars pour la refroidir. Dans le but de l’habiter.
Alors, j’ai envisagé de créer un collectif pour empêcher qu’on kidnappe les glaciers. Mon but étant de conserver la matière de ma construction.
Pour financer mon collectif, je dus, en plus, isoler un article de loi qui me permit de détourner une partie des impôts. En réalité, ce collectif me servit à vider les « covideurs ».
Ils avaient fait leur constat…
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête, il pourrait s’agir d’un « pédosoleiphile ». Vous ne connaissez pas ce délit ! Moi non plus !…
Il y a quinze jours de cela, après déposé ma douce moitié à l’aéroport de Nice Côte d’Azur, sur le chemin du retour, je m’étais dit pourquoi ne pas faire un détour par la promenade des Anglais pour apprécier le merveilleux coucher de soleil sur la grande bleu…
Arrivé sur place, je déambulais sur le lieu mythique de « La Prom’ ». Une légère brise faisait papilloter cette douce fin de journée, prometteuse de l’arrivée prochaine du printemps. De rares nuages se déchiraient, dénudant dans l’espace des nuances d’orange, de rouge et de rose colorant le ciel au ras de la ligne d’horizon. J’avisai un alignement de chaises bleues, constituant le célèbre mobilier urbain de la ville, et je m’installai face à la plage pour contempler le disque rouge orangé du soleil, qui déclinait lentement avant de se dissoudre dans la mer, telle une pastille effervescente…
J’avais ôté mes chaussures pour soulager mes pieds. Les yeux fermés et le nez en l’air, je humais à pleines narines les fragrances maritimes qui flottaient dans l’espace. Ma rêverie me faisait même trouver poétiques, les cris rauques des mouettes qui volaient au-dessus de ma tête, comme ceux de celles qui se disputaient un reste de sandwich abandonné sur les galets de la plage. Oui, je rêvassais jusqu’au moment, où entre mes yeux mi-clos, une ombre s’était dressée. Je les ouvrais et constatais que deux gendarmes posaient sur moi un étrange regard. Également surpris, je sursautais sur ma chaise à en tomber. Se tenaient devant moi les sosies de Louis de Funès et Michel Galabru, Cruchot et Gerber de la célèbre série de films des « Gendarmes ». Je fermais et rouvrais les yeux afin de vérifier si je n’étais pas victime d’une hallucination.
— Ah d’accord ! C’est pour une caméra cachée ! m’exclamais-je. Étonnés par ma réaction, les deux gendarmes s’étaient regardés. La copie de Louis de Funès posait sur moi un regard froid et alors que je m’attendais de sa part à une de ses comiques grimaces habituelles, ce dernier m’avait lancé sur un ton ferme :
— Quelle caméra ? Pouvez-vous être plus clair monsieur ?
— He bien… vous deux ! Vous êtes des sosies… c’est un canular… il doit bien y avoir une caméra cachée quelque part ! J’ai tourné ma tête en tous sens à la recherche d’un éventuel indice. Mais, je ne voyais rien qui puisse m’indiquer qu’il s’agissait bien d’une comédie. Leurs regards devenaient insistants et suspicieux. L’ersatz de Cruchot se tourna vers l’imitation de Gerber :
— Je crois que nous tenons là un bon spécimen de voyeur, et de surcroît, il s’adonne à l’exhibitionnisme sur la voie publique. Sa remarque me fit bondir et la colère m’étouffer :
— Quoi ? Co… co… comment ? Mais pourquoi m’accusez-vous de la sorte ? Le faux Cruchot baissa les yeux et pointa son index vers le sol :
— Ces chaussures vous appartiennent-elles ?
— Oui, ce sont bien les miennes !
— Ah ! Vous avouez donc être pieds nus sur le boulevard !
— Mais enfin… capitaine… c’est ridicule, nous sommes en bord de mer, et il n’y a pas cinq minutes, des adultes comme des enfants, étaient allongées sur des serviettes en maillot de bain pour profiter des derniers rayons du soleil.
— Mais à la différence, ces personnes étaient sur la plage. Tandis que vous, vous êtes pieds nus sur le trottoir, ce qui n’est pas la même chose ! martela-t-il…
— Capitaine, c’est une plaisanterie ? Je suis à moins d’un mètre de la plage.
— Oui ! je vous l’accorde. Mais toujours sur le trottoir ! insista-t-il. Je vous regarde depuis un bon moment, et il me semble que vos pupilles sont dilatées. Sur ces mots, il se tourne de nouveau vers le faux Gerber en marmonnant :
— Il n’est pas impossible que le gaillard ait consommé des substances psychotropes, ce qui pourrait justifier les troubles de sa vision. Il exhiba de sa poche un goupillon, semblable à un coton-tige. Puis, toujours d’un ton assuré, il m’avait demandé d’ouvrir la bouche, dans laquelle il s’était mis à frotter énergiquement, l’intérieur de mes joues et le dessus de ma langue. Au bout d’un moment qui m’avait paru une éternité, il retirait le goupillon qui abandonnait dans ma bouche des filaments que j’ai tenté désespérément de recracher en grimaçant. De crainte que je salisse ses chaussures, le plagiat de Cruchot avait fait un bon en arrière en m’adressant un regard réprobateur dans un visage exprimant une mimique d’écœurement…
Un jeune brigadier s’était approché de lui, tenant dans une main le goupillon fouilleur buccal et dans l’autre, un nuancier. Il chuchotait à l’oreille de la copie Louis de Funès et leurs yeux passaient de la palette au goupillon et ils remuaient la tête en posant sur moi des yeux scrutateurs. Ensuite, les deux faux acteurs s’étaient entretenus avant de s’avancer dans ma direction, le sosie Gerber avait pris la parole :
— Nous avons un petit problème pour déterminer la substance que vous avez absorbée, cette dernière ne figure pas dans notre base de données. Vous allez devoir nous suivre pour subir un examen plus approfondi. Devant ce spectacle surnaturel, je me dis : « C’est un mauvais rêve et tu vas bien finir par te réveiller »… C’est alors que deux cerbères m’avaient saisi sous les bras et, me soulevant du sol, ils me portaient vers le véhicule de la gendarmerie dans lequel ils tentaient de me faire entrer de force. Je m’étais insurgé contre ce que je qualifiais d’enlèvement et me débattais pour les empêcher de me pousser à l’intérieur du véhicule. En opposant mes pieds et mes bras contre l’encadrement de la portière coulissante, je faisais barrage à leurs tentatives et je hurlais à pleins poumons pour alerter la foule qui commençait à se masser autour de nous :
— Lâchez-moi s’il vous plaît. Je suis victime d’une erreur judiciaire ! Et cessez de me ballotter comme un sac de patates, ça me provoque un haut-le-cœur. Ça suffit maintenant, je vais finir par vomir sur vous ! mais ils me malmenaient de plus belle. J’ai fermé les yeux comme pour me substituer à cette scène burlesque. Tout à coup, il me semblait que j’étais davantage bousculé, mais cette fois-ci, avec plus de fermeté. Une lumière blafarde filtrait par le fin orifice créé entre mes paupières. Intérieurement, je me disais : « Ils sont encore là. Ça ne va pas recommencer ? » et j’ai alors entendu une voix demander :
— Monsieur, qu’est-ce qui ne va pas recommencer ? J’ai relevé la tête en ouvrant le mieux possible un œil. Mes membres étaient ankylosés. Pour les dérouiller, j’essayais de les bouger en douceur. J’écartais enfin mes paupières pour constater que je m’étais endormi, recroquevillé sur ma chaise. Deux agents de la police municipale étaient penchés sur moi.
— Tout va bien, monsieur ? Pour dormir, vous seriez certainement mieux dans votre lit ! Vous pouvez rentrer chez vous par vos propres moyens ? Je confirmais que tout allait bien. Une fois seul, repensant à ma fin de soirée, je me suis mis en rire. Je m’étais endormi face au coucher de soleil que je n’avais probablement pas observé dans son intégralité et tout le reste n’avait été que le fruit de mon imagination. Autrement dit, de cette curieuse aventure il ne s’agissait que d’un rêve ou d’un cauchemar, c’est pour cette raison que personne n’avait jamais entendu parler d’un certain « pédosoleiphile »…
OUPS ! Après avoir déposé… « Relecture trop rapide… l’esprit parvient à inventer les mots manquants… »
Mais pas que… J’écris… j’écris en faisant trop confiance au correcteur antidote… qui a malheureusement des lacunes en orthographe… GRRR !
746/CAMÉO
Un individu a été surpris en flagrant délit, la police des mœurs est sur le coup : il lorgnait le soleil couchant au-delà de la grande Arche. Spectacle splendide qui m’interpelle plus, trop commun, sauf…
On l’a cravaté.
Pour sa défense il dit qu’il est miraud. Il est déféré au XV-XX, ophtalmo dans un service dont la vue est occultée par l’Opéra Bastille. On lui sert des petits pois à l’anglaise et on l’occupe à trier des lentilles !… Ça l’apprendra !
La police file doux. Alignement des astres, harmonie des sphères, plus clair, tue moeurs.🐻
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête le suspect n’en serait pas à sa première tentative d’effraction. Il aurait été surpris à voler des semences femelles pour les marier avec plusieurs sujets mâles. Cela au détriment des règles élémentaires de respect de la non-consanguinité. Il en résultait des produits qui n’avait plus la pureté requise par la Fédération Française des orchidées. Plainte identique avait été déposée par L’APAGWA est une association de producteurs qui promeut une méthode agricole respectueuse de l’environnement et de la biodiversité. Pour sa défense le pollinisateur indélicat a clamé qu’il était pour un métissage des espèces végétales pour obtenir de nouvelles variétés plus résistantes et des couleurs inédites. Tel était son rêve d’agent serriste.
Une femme a été surprise en flagrant délit alors qu’elle lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête, le soleil était nu, au crépuscule, prêt à se coucher. La femme encore jeune était allongée sur la plage, comme offerte. Elle reluquait le soleil, l’air gourmand. Elle lui souriait, un peu aguicheuse. Elle profitait de sa chaleur sans vergogne. Avait-elle demandé son consentement ? L’enquête le dévoilera . Assise en tailleur, la meuf pas farouche, aspirait grâce à des mantras bizarres, les rayons du soleil dans son corps tout entier. Elle irradiait. Elle devenait le soleil. Le soleil s’arrêta une seconde dans son coucher pour observer la femme sur la plage. Elle s’était levée, souple dans son body jaune canari et commençait pour lui une « salutation au soleil ». En son honneur ! Le soleil fut ému. Une larme sur sa joue. Il fut observé dans les stations méteo cet arrêt du soleil et cette goutte d’eau juste avant son coucher. Inexplicable pour les scientifiques. L’esprit rationnel de l’Homme ne fit jamais le rapprochement avec cette femme langoureuse.
Néanmoins, elle fut arrêtée pour avoir harcelé sexuellement le soleil nu avant son coucher. Les média s’emparèrent de l’affaire. Une femme harcèle ! Le blog « Balance ta truie » fut ouvert.
Une forte éruption solaire venait d’impacter gravement la planète Terre.
Elle proclama aussitôt l’état d’urgence et un énième confinement pour tous ses habitants.
Je profitai du coup porté aux installations d’ingénierie surveillance, gérées par l’I.A., pour tenter une échappée. Il y avait si longtemps que je n’avais pas assisté à un authentique coucher du soleil !
La lumière vive, vraie, enfin retrouvée, me plongeait dans une ivresse, presque extatique. Je me reconnectais à la Nature, de manière charnelle — et non plus artificielle —, comme c’était souvent le cas, à travers un écran ou des capteurs sensoriels.
Toute mon attention était sous l’emprise de ce vrai coucher de soleil, quand la police des mœurs me tomba dessus.
Dans le procès-verbal, il fut précisé que je « lorgnais » le soleil, de façon « directe » et non pas convenue.
De ma cellule — pour garder raison —, il m’arrive de réciter ces délicieux vers de José-Maria de Heredia :
« L’horizon tout entier s’enveloppe dans l’ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d’or de son rouge éventail »
Il n’évoquait pas la folie de ce monde, mais célébrait un soleil couchant.
Je m’ouvrais donc à l’espoir. Car, quand les soleils ferment leurs branches d’or, les aurores ne sont jamais loin, n’est-ce pas ?
À la prochaine éruption solaire, j’irai lorgner l’aurore.
Un peu de poésie dans ce monde de fous…
Merci Béatrice
Bien joli texte. Merci Béatrice🐀🐻
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête…
La lune qui éclairait ce malotru comme tous les autres passants amoureux de sa lumière avait relevé que l’individu la regardait fixement. Elle n’avait pas du tout aimé son regard lubrique. Elle les reconnaissait sans problème ces arrogants qui attendaient d’elle qu’elle exauce tous leurs vœux. Même si elle se savait sujet de rituels, elle ne tolérait pas qu’on lui manqua de respect. Et quand elle les voyait, les bras levés vers elle, les yeux pleins d’attente, elle avait juste envie de disparaitre derrière les nuages.
La police n’eut pas de mal à trouver l’individu en question. Il s’était positionné en haut d’une dune au bord de la mer, histoire d’optimiser ses chances d’être inondé de lumière et de force astrale.
Il fut conduit au poste où on lui rappela les bonnes manières. Il dut donc rester à genoux, tête baissée à se prosterner toute une nuit sans jamais relever la tête et attendre les premières lueurs du jour pour se redresser en veillant de ne pas devancer la course du soleil.
Poétique et court. Bien aimé chère Iris 🐀
Merci beaucoup Souris verte:)
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête, il était sous le coup de plusieurs condamnations. Faute de place à Cayenne, les autorités lui avaient passé un bracelet électronique. Mais, là aussi, faute d’agents pour le surveiller, il était libre comme l’air, ambiant et nauséabond.
Sur son dossier pénal, on pouvait lire qu’il avait :
– Admiré d’innombrables levers de soleil au bord de la plage.
– De nombreuses fois maté la lune avec son télescope.
– Dormi à la belle étoile pour traquer les filantes par de belles nuits d’été sans nuages.
– Inventé une machine diabolique pour chasser les nimbus et autres stratus. Fort heureusement, elle fut retrouvée in extremis dans son garage par les brigades spéciales.
Étant donné que chacun est censé ne pas ignorer la loi, pour rappel, il est formellement interdit de reluquer les dessous des astres.
Cette fois-ci, pour le dissuader de commettre d’autres crimes de cette importance, mettant en péril la tranquillité de l’humanité, après délibération des jurés, dont un avait suggéré l’énucléation, il fut convenu à l’unanimité de lui visser un casque de scaphandrier pour l’empêcher de lever la tête. Les cours d’appel et de cassation confirmèrent le premier jugement.
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête…
Cela faisait déjà quelque jours que la police recevait des appels signalant la présence d’un individu au comportement étrange sur la plage du Roi. Il était aperçu au moment du coucher de soleil. Il se cachait soit derrière les pins, soit derrière une roche. Fuyait dès que quelqu’un s’approchait.
Les promeneurs commençaient à s’inquiéter. En effet, seuls les membres de la confrérie Louis XIV avaient le droit d’observer leur maître se préparant à se coucher. Ils portaient un costume d’apparat pour venir souhaiter une agréable nuit à leur Majesté.
Cet intrus qui guignait si impunément ce coucher était un sacrilège qui méritait un châtiment.
Les forces de l’ordre furent sollicitées. Discrètement, ils cernèrent le voyeur, l’interpelèrent et fut remis à la police des mœurs.
Interrogatoire à sens unique. Aucune réponse ne sortait de la bouche de l’homme.
Il restait de marbre malgré les menaces de prison, d’enfermement en hôpital psychiatrique.
Rien. Il ne broncha pas, ne sourcilla pas.
Pour qui aurait pris le temps de vraiment l’observer, il aurait pu voir dans son regard une lueur jaune auréolée de rouge. Un regard plein de quiétude, de sérénité.
Mais ses interlocuteurs étaient trop dans leur routine, leur manuel d’interrogatoire. Des bulldozers.
Brutal revirement de situation. L’homme les détailla avec beaucoup d’attention et avec mansuétude s’adressa à eux.
Vous aussi vous avez regardé, n’est ce pas ?
Vous avez été attirés par la beauté du soleil se parant de ses plus belles couleurs pour nous souhaiter une belle nuit. Il nous envoyait son plus beau reflet pour illuminer nos rêves.
Connaissez-vous la beauté ? Cette chose qui vous vous remplit l’âme, vous laisse sans voix, vous apaise, vous réconcilie avec vous-même ?
Vous voyez en moi un être malsain, pervers. Mais je ne fais qu’admirer la beauté. Je ne fuis pas. Je cherche la quiétude pour m’imprégner de merveilleux.
Les autres se racontent des histoires, créent un monde parallèle.
Les mœurs le regardaient. Ils ne disaient plus rien. Ils semblaient chercher quelque part dans leur tête, dans un obscur grenier, une vieille boîte poussiéreuse qui de mémoire devait contenir leurs émotions et leur libre jugement.
Ils se regardèrent, se comprirent, relâchèrent l’individu, se rendirent sur la plage et embarquèrent les fous du Roi pour détournement de beauté.
Une idée royale ! Il fallait y penser. 🙂
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête, l’intéressé serait capable de rester des heures sur place intriguant les quelques personnes qui ont signalées cet original qui se poste régulièrement en soirée dans le même secteur géographique.
Les agents de la maréchaussée se postent dans le périmètre indiqué et observent les allers et venues suspects.
Ils repèrent effectivement une personne répondant au signalement, debout et immobile sur les hauteurs, bien au-dessus de la route principale et du village.
Trois des représentants de la Brigade de répression du proxénétisme se rendent au plus près du lieu. Ils ne connaissent pas cette zone rurale, verdoyante et vallonnée, habitués qu’ils sont, aux zones urbaines et péri-urbaines où les trafics sont plus communs. Leurs accoutrements de loulous de banlieue les rendent vite identifiables comme étrangers au décor rupestre environnant.
Haletants, ils interpellent le probable délinquant qui les a vus montés les cent derniers mètres hors de leur véhicule banalisé 4WD qui d’ordinaire ne montent que les trottoirs et des escarpements fort modérés :
– Monsieur, que faites-vous ici ?
– Rien de spécial, pourquoi ? Et vous, qui êtes-vous ?
– Brigadier Duport, brigade de répression de Fribourg. Nous souhaitons savoir ce que vous faites actuellement ?
– Je regarde le coucher du soleil et recherche les animaux égarés.
– Quels animaux égarés ? De jeunes collégiennes ?
– Quoi ? Quelles collégiennes ?
– C’est à vous de nous le dire.
– Ce n’est pas ainsi que j’appelle les jeunes femelles lama…
– Lama ? L’ama quoi ?
– Mes lamates et leurs crias.
– Expliquez-vous et ne vous moquez pas de nous
– J’élève des lamas, alpagas, vigognes et guanacos. Au coucher du soleil, je vérifie qu’il n’y en a pas à s’être éloigné. Je ne tiens pas à les perdre.
– Vous avez une ferme et un élevage déclaré ?
– Bien sûr. Et j’utilise des lunettes thermiques pour l’observation nocturne des animaux. La température élevée de l’animal est facilement repérable. Ces lunettes sont capables de produire une image très détaillée, suffisante pour la reconnaissance et l’identification des animaux pendant les mois sombres d’hiver.
– Vous pouvez nous faire une démonstration de l’utilisation de vos lunettes ?
– Bien évidemment. Tenez, regardez près du torrent là-bas, vous voyez quelque chose ?
– Ben non ; enfin un bosquet d’arbres. C’est de cela que vous parlez ?
– Prenez mes lunettes et regardez.
– Ah oui, je vois deux animaux. Ils sont à vous ?
– En effet, et à cette distance, ni moi ni mon chien ne serions les retrouver et les rentrer pour la nuit.
– C’est très intéressant. Cela me donne des idées pour nos recherches professionnelles en limite des villes. Accepteriez-vous de me donner les références de vos lunettes pour que j’en parle à Fribourg ?
– Evidemment, ce n’est pas un secret. Suivez-moi, je vous emmène à mon repaire. Vous prendrez bien un verre de Rivella !
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Convoqué par la police des mœurs, chargée de l’enquête, il nie toute obscénité de sa part, s’exaltant durant sa déposition.
— Un coucher de soleil ! Oh ! Il était magnifique. Je voulais le peindre en vert, en bleu, en rouge, en jaune. Quel génie il faut pour peindre ça. On dirait un Courbet, vous ne trouvez pas ? … Comment ça, je n’avais aucun accessoire de peintre ? Nul besoin de tremper un pinceau pour sublimer une toile. Peindre avec les yeux est bien plus beau et jouissif. Courbet et moi ne venons pas de la même origine du monde que vous, nous sommes des incompris. Regardez-vous, vous êtes tout rougeaud. Où avez-vous passé l’après-midi ? En plein soleil, je présume. Et combien de coups vous en avez tiré, hein ? J’en compte trois rien que sur votre figure, deux sur chaque bras. Vous ne vous protégez même pas. Et c’est à moi que vous voulez faire avaler la pilule de voyeurisme sur la place publique. Bravo ! Écoutez, je vous propose d’oublier le rapport que vous êtes en train de rédiger et, de mon côté, je ferme les yeux sur les vôtres en journées… Merci, je vois que l’on s’est compris… Je dois vous laisser, le crépuscule s’annonce, j’ai un tableau à terminer.
Enfin de la couleur ! Merci Antonio 🐀
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête…
l’individu ne s’est pas débattu et bien au contraire, il s’est révélé très coopératif en répondant complaisamment à notre interrogatoire.
– Que faisiez-vous à cette heure-ci et à cet endroit très précisément ?
– Je regardais le soleil couchant se coucher,
– Pour quelle raison ?
– Je voulais savoir s’il dormait en pyjama,
– Et alors ?
– Alors, non ! Il se couche tout habillé,
– Et pourquoi être resté à cet endroit très précisément après le coucher du soleil?
– J’attendais l’arrivée de la lune,
– Et pour quelle raison ?
– Je voulais savoir si elle se réveillait de bonne humeur ?
– Vous vous moquez Monsieur ?
– Oh ! Non !
– Et alors ?
– Alors Oui ! Elle se réveille de bonne humeur. Et…
– Et ?
– Et elle dort toute nue,
– Alors ?
– Alors, lorsque vous êtes arrivés, j’étais en train de la protéger de mon regard, mais vous l’avez effrayée et elle s’est cachée derrière un nuage.
Que voulez-vous, elle est timide et ne vous connaît pas encore !
En conclusion, sans éléments plausibles correspondant à nos critères, nous avons relâché l’individu que nous qualifions de « poète lunaire » sans dangerosité.
Un petit conte, nu de tout apparat inutile, et dont la lecture nous met de bonne humeur. 🙂 Merci Camomille
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant.
Selon la police des moeurs chargée de l’enquête, le voyeur avoua immédiatement ses penchants planétophiles en leur montrant son observatoire d’où il pouvait mater à loisir ses victimes grâce à un matériel sophistiqué.
Les murs étaient couverts de photos suggestives des planètes, de la chaste Venus au viril Jupiter. Elles ne laissaient aucun doute sur les goûts dévoyés de l’homme au télescope.
L’apothéose de sa vie était d’enfin surprendre le soleil dans le plus simple appareil, rejoignant l’horizon qui l’attendait, rougissant de plaisir.
Aveuglé par sa passion, le coupable ne comprit pas pourquoi il se retrouva en garde à vue dans une cellule dépourvue d’ouverture.
On le retrouva le lendemain matin, tournant en rond comme un fou, ayant perdu la vue à force de s’user les yeux en tentant de percer les murs pour satisfaire son obsession.
Enigmindic
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des mœurs, chargée de l’enquête, la flagrance a pu être pratiquée grâce à un informateur dont l’identité ne pouvait être divulguée.
Mais c’était sans compter sur la curiosité de Miss JEANQUÊTE, blogueuse reconnue pour ses articles à sensation sur diverses affaires criminelles.
En quatre semaines, la police avait procédé à plus d’arrestations qu’à l’accoutumée. Vingt-huit exactement et, à chaque fois, c’était la même rengaine : un témoin, un badaud, un informateur, un appel anonyme, …, avait permis de débusquer d’inquiétants individus. Pour Miss JEANQUÊTE, il était temps de lever le voile sur cet indic.
Elle rédigea un premier article qui récapitulait les vingt-huit affaires facilement résolues et concluait par sa décision d’enquêter sur celui qu’elle avait nommé “Enigmindic”. À peine mis en ligne, le nombre de lectures monta en flèche et les commentaires fusèrent. Chacun y allait de sa petite idée. Miss JEANQUÊTE lisait toujours les commentaires avec attention, certains de ses abonnés étaient de vrais passionnés de mystères et d’énigmes en tout genre, leur avis était souvent précédé d’une analyse complète de la situation. Ils ne commentaient pas à la légère ! Avec leur aide, elle avait résolu quatre affaires non élucidées. Ce n’était pas rien et depuis, les services de police la laissaient un peu fouiner.
Le commissariat ouvrait ses portes quand elle présenta sa mine enjouée à l’agent d’accueil qui la reconnut avec agacement. Deux étages plus haut, le commissaire la reçut après avoir été informé de sa visite. Les dossiers n’étaient pas encore archivés, il l’autorisa à les consulter, sur place. Elle avait prétexté un article sur l’efficacité de la police pour pouvoir accéder aux documents. Ils étaient classés par crimes :
7 dossiers étaient étiquetés “Observation joviale du soleil couchant”, 8 en “Contemplation extatique du lever du soleil”, 10 en “Admiration en couple du ciel étoilé pendant les nuits des étoiles” et les 3 autres, pas les moindres, en “Émerveillement aggravé par la pleine lune”.
Miss JEANQUÊTE sortit la tête de la paperasse et vit que le chef de police l’observait d’un air réjoui.
– Vous avez l’air satisfait.
– Je le suis ! Nous sommes sur le point de démanteler une organisation de grande ampleur.
– Ce n’est donc pas un gang. Vous avez mis la main sur un réseau ?
– Vous êtes toujours aussi curieuse Miss.
– Toujours. C’est mon métier. Dites-moi commissaire, votre mystérieux informateur, il ne serait pas plutôt infiltré ?
– Votre perspicacité vous colle à la peau.
– Il n’y a donc pas d’informateur… pensait-elle à voix haute.
– Vous pourrez écrire un article très bientôt, mais pas sur notre informateur. Au moment où on se parle, une collaboration internationale est en cours. Nous sommes sur le point d’arrêter les membres actifs du réseau. Ma meilleure équipe s’est envolée pour la Norvège avant-hier et elle ne va pas tarder à mettre sous les verrous ces satanés bandits ! On a repéré leur faiblesse.
– Ah oui ? Quelle est-elle ?
– Les aurores boréales ! Eh oui ! Ils ne peuvent pas y résister. Ils sont attirés par elles comme des mouches sur une ampoule chaude. C’est comme ça qu’on va la choper, cette bande d’imbéciles heureux ! fulminait-il.
Le commissaire répondit à un appel téléphonique qui confirma ses propos. Les détails de l’opération furent communiqués à Miss JEANQUÊTE afin qu’elle ponde un article des plus élogieux. Pour qu’elle laisse tomber le sujet de l’informateur, ou plutôt du flic infiltré, sa condition fut accordée. Elle pourrait consulter sans restriction le dossier d’une affaire non résolue, qu’elle s’était mise en tête d’élucider.
Le lendemain matin, sur le blog, on pouvait lire l’article écrit pendant la nuit par l’enquêtrice en herbe. Il titrait “Attirés par les lumières, ils ont été mis à l’ombre”.
Mais c’était sans compter sur l’exaltation des “romantiques”… Un peu d’ombre n’avait même pas tiédi leur ardeur et le réseau était loin d’être démantelé. L’hiver venait de poser sa petite couverture neigeuse, il ne leur en fallait pas plus…
746/)L’INDISCRET
« Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige»
C’est ainsi que dans l’heure du soir il regarde de son promontoire cette étendue d’eau se transformer en un immense ciboire de sang. Une prière rituelle pour un lendemain qui chante, une habitude ancestrale qui se perpétue de parents a enfant et toujours au même endroit. Un besoin de ne faire qu’un avec cette nature qui nous donne son sang chaque soir.
Au crépuscule de sa vie tout a basculé. Il fut «cueilli», façon de dire, par les gardiens du temps.
– viens t’en par ici et nous expliques pourquoi tu regardes ému au point de pleurer ce spectacle sanguinolent.
– c’est que moi aussi je suis seul, ce soleil est une compagnie, et le voir se coucher comme une offrande m’émeut autant qu’il me ravit.
– laisse tomber, Enest, ce n’est qu’un voyeur, un vampire du jour qui vous suce la nuit. 🐀
«extrait « D’harmonie du soir » de C.Baudelaire»
Merci souris verte pour cet extrait de Baudelaire que j’ai plaisir à découvrir. 🙂
😘 !
Oh! C’est beau!
Merci Souris verte 🙂
Un individu a été surpris en flagrant délit alors qu’il lorgnait le soleil couchant. Selon la police des nurses, chargée de l’enquête, l’accusé a clairement justifié son attidude. Après une vaste reconstitution sur le terrain, policiers, nurses et bébés ont rejoint le visionnaire, pour contempler la grâce du soleil, bien qu’épuisé après une rude journée, puis la lune, sous une douche printanière.