741e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat


Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Or, il advint…
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Sur ce blogue, on n’apprend pas à écrire un roman ou des nouvelles, on enflamme son imagination. Les exercices que j’invente, aiguillonnent l’esprit. Mon but est de conduire toute personne vers le créateur plus ou moins claquemuré en elle. L’enfant imaginatif avec lequel elle se réconcilie définitivement dès qu’elle se prête au jeu. Après quoi, elle décide de mener le projet d’écriture qui lui convient.
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Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Or, il advint qu’Adelin Rossiac, mentaliste de son état, fit l’acquisition de cette célèbre villa pour une bouchée de pain. Ce petit homme discret et affable avait au préalable effectué une enquête très complète sur les raisons qui amenaient chaque acheteur potentiel de ce bien à quitter précipitamment les lieux après quelques jours à peine. Son enquête ne lui ayant rien appris de spécial, il décida d’acquérir le bien, ces rumeurs l’intriguant au plus haut point. Imaginant avec délice la présence de quelque poltergeist fantomatiquement séduisant hantant les murs vieillis de la batisse, il passa une première nuit de rêve sous sa nouvelle couette rose bonbon qu’il venait d’acheter la veille. Le lendemain, il se mit à découvrir son nouveau logis et effectua un véritable scanner visuel de toutes les pièces de la maison. Il ne trouva rien de suspect. A 11h, il ouvrit son frigo dans l’intention de se préparer un léger repas afin de poursuivre ensuite ses investigations. A midi, alors qu’il était prêt à passer à table , il perçut brusquement une odeur qui montait il ne savait d’où mais qui s’avéra redoutablement insupportable pour ne pas dire horriblement nauséabonde et que n’aurait pas même supporté une hyène de la savane pourtant très familière de cette caractéristique olfactive. Adelin Roussiac passa le reste de l’après-midi au grand air dans le jardin attenant à la villa et ne constata plus aucune odeur à son retour dans la maison .Cela dura trois jours. Entre 12 et 13 h toujours le même phénomène:cette odeur insupportable revenait, repartait, revenait à nouveau…Il eut beau fouiller tous les coins et recoins de la grande villa, le phénomène perdurait et semblait ne jamais vouloir s’arrêter. Au bout de trois jours , Adelin Roussiac qui n’avait comme chacun sait aucune patience, s’enfuit à son tour de cette maudite villa, se promettant de ne plus jamais y mettre les pieds. Le mystère de la villa Brise d’Amour était simple non ? Mais il fallait y rester au moins trois jours pour bien …le sentir !
Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien.
Le propriétaire avait donné comme consigne aux agences de privilégier la clientèle familiale. Il craignait en effet d’avoir à faire avec des hordes de célibataires déchaînés qui ravageraient sa villa.
Aucun couple n’y résistait, ils succombaient tous à la tentation de cette location remarquablement située, les agents immobiliers s’en félicitaient.
Puis, inexpicablement, une tempête d’ avis négatifs circula sur les sites de réservation et sur les réseaux sociaux. Ils avaient comme point commun une sorte de malédiction qui engendrait la séparation des couples locataires. L’un d’entre eux avait même qualifié la villa de Brise l’ Amour.
Le Méphisto qui, en sous-main, avait orchestré cette campagne diffamatoire, se frottait les mains. Il allait pouvoir acquérir ce bien à vil prix compte tenu de sa décote d’amour.
Justice immanente, le Méphisto ne profita pas longtemps de son bien qui fut frappé d’interdiction, la falaise sur laquelle était construite Brise d’Amour , rongée par les tempêtes, menaçant de s’écrouler.
Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Or, il advint…
Françoise et Michel cherchaient depuis un certain temps sur Internet une maison à leur convenance lorsqu’un jour, une annonce de l’ISF (l’Immobilière Saint Franciscaine) attira leur attention.
C’était une maison bleue, adossée à la colline, dominant l’océan. Elle s’appelait Villa Brise d’Amour et avait apparemment tout pour plaire. Pourtant, lorsqu’ils la virent photographiée sous tous les angles, ils restèrent éberlués.
Elle leur rappelait quelque chose, mais quoi ? Un film, un roman ?.. Une chanson, bien sûr ! Oui, et même le chanteur , ça y est, ils se souvenaient…Maxime Le Forestier.
« C’est la maison de Maxime Le Forestier ! s’écria Françoise
Oui, tu as raison, c’est bien elle, il n’y a pas de doute, renchérit Michel. Allons-y pour en avoir le cœur net ! »
Rendez-vous fut pris, malgré tout avec un agent de l’ISF lequel commença à leur vanter les vertus et bienfaits de la villa Brise d’Amour : l’iode, la tranquillité, la beauté de l’océan, bref, toute la panoplie verbale convenant à cette bâtisse.
« N’a-t-elle pas appartenu à un chanteur ? demanda Luc
C’est possible, il y a eu tellement de passage dans cette villa… Pensif, le jeune représentant de l’ISF se reprit et lança : Oui… cette maison a été chantée par un chanteur, j’ai lu cette anecdote dans les archives de la villa…
Chantée par un chanteur ? s’exclamèrent Françoise et Michel. C’est bien la maison de Maxime Le Forestier
Qui ?demanda le jeune imprudent. Il n’y a jamais de propriétaire portant ce nom
Mais enfin, vous savez bien, ce chanteur ! « On y vient à pied, on ne frappe pas, ceux qui vivent là ont jeté la clé, peuplée de cheveux longs, de grands lits et de musique »… renchérit Michel
Oh ! moi, les paroles des chansons… »
Françoise et Michel ne donnèrent pas de suite à leur visite.
– Tu as changé ton parfum ?
– Tu aimes ?
– Pas particulièrement.
– Ah ! Tu dis ça parce que ce n’est pas toi qui l’as acheté !
– Et qui donc alors ?
– T’es de la police ?
– Exactement ! Alors, une explication ?
– Je suis allée faire le plein de mes produits de maquillage chez Eric Ocher, et la vendeuse m’a proposé ce parfum pour un prix modique ! Belle promotion !
– Un prix modique ? Je comprends mieux son étrange odeur ! Et comment s’appelle-t-il ce merveilleux élixir ?
– Brise d’amour !
– Bizarre comme nom ?
– Toujours à critiquer !
– Mais non ! Tiens ! J’ai eu un appel de Monsieur Porte, de l’agence immobilière Jaily 22 ! Il a un nouveau bien à nous proposer ! Demain à 11 heures !
– Super ! Comme ça…Et patati, et patata…
Le lendemain, Elle était surexcitée ! Impatiente de découvrir leur futur chez-eux ! Elle n’imaginait même pas être déçue ! Ils arrivèrent à l’agence avec une heure d’avance !
Monsieur Porte, pourtant occupé devant son ordi, les reçut avec ce grand sourire obligatoire !
– Vous êtes en avance, c’est magnifique ! Je vous conduis vers cette merveilleuse demeure.
– Mon épouse est impatiente !
Dix minutes plus tard. Stop ! Tout le monde descend !
Dominant la mer, une splendide villa attendait !
– Ah ! Chéri ! J’hallucine ! C’est impossible !
Monsieur Porte blêmit ! Monsieur le policier sourit !
– Non, mais je rêve !
Monsieur Porte, au bord de l’apoplexie :
– Mais que se passe-t-il Madame ?
– Je le savais ! Je le sentais ! C’est un signe ! Je ne peux pas me tromper !
– Monsieur, pourquoi votre épouse crie-t-elle ?
– Chéri, chéri ! Tu as vu comment elle s’appelle ?
– Brise d’amour !
– Comme mon parfum !
– Si l’intérieur de la maison sent comme ton parfum, il va falloir l’aérer pendant un siècle !
– C’est malin…
La femme est sous le charme
L’homme, sous le charme de sa charmante épouse !
Il mit une condition :
– D’accord pour l’achat. Mais avant d’y habiter, les murs extérieurs seront repeints en blanc, car, entre-nous, le rose ce n’est pas top ! Et par la même occasion, adieu au nom ridicule de cette villa.
Monsieur Porte, satisfait d’un tel dénouement, pensa :
Ah ! Le parfum d’une femme !
Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Or, il advint que le nouveau conseiller de l’agence en charge de la location était honnête. Il révéla à Apolline et Augustin la malédiction qui émanait de cette maison : depuis
longtemps, les couples qui y séjournaient en partaient pour se séparer. Peu leur importa. La villa offrait une merveilleuse vue sur la côte varoise. Et de toute façon…La falaise au fond du parc révélait un profond abîme vers les vagues qui venaient se fracasser sur la crique en contre-bas. « Un bon endroit pour en finir » avait-elle pensé en le découvrant lors de la première visite. Apolline était dévastée,
abattue. Elle et son mari semblaient encore aller bien ensemble. Mais c’était un couple à bout de souffle. Ce n’était pas pour changer d’air qu’ils venaient ici. Depuis si longtemps, un vent froid et violent démolissait leur ménage. Ce triste mistral n’avait pas cessé au bout de trois jours, ni de six mois, ni même
neuf années. À l’issue de tout ce temps, il était impossible de briser la glace entre eux. Ils avaient affronté toutes les tempêtes de la vie de couple, et leur trop frêle esquif n’avait pas résisté. Une dernière épreuve avait achevé d’anéantir leur union : un véritable tsunami. Le départ et l’installation de leur fille unique à l’autre bout du monde. Ils s’étaient donc résolus à rompre. Ils avaient pourtant conservé le sens de la fête et du partage qui les avait jadis réunis. Oui, c’en était fini de leur duo. Mais ils voulaient profiter de ce splendide cadre pour tenter encore quelques ultimes hypothétiques beaux jours ensemble, comme au temps où seul un doux zéphyr soufflait sur leur flamme. Et pour y inviter leur entourage, avant de leur
annoncer leur divorce.
Tous ces plans, pourtant, c’était avant que le vent ne tourne.
Un matin, Apolline embrassa gentiment Augustin. Une bise plus appuyée et plus tendre que depuis bien longtemps. Elle lui laissait une missive. « Cher Augustin. Tu fus jadis l’amour de ma vie. Nos notaires sauront s’arranger entre eux selon nos consignes. Je te laisse toute ma fortune, héritée de ma famille. Cela ne sera pas pour te déplaire je pense. Je te souhaite bon vent à toi aussi. Puisse la vie t’offrir une nouvelle chance d’aimer et être aimé. « Qui m’aime me suive, disait le vent ». Je m’en vais au pays de la tramontane. Je suis enfin à nouveau tombée amoureuse. C’est le conseiller immobilier qui nous a fait venir ici. Je pars avec Zéphyrin. »
Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Or, il advint qu’une énième tempête frappa la villa au cœur. Les vagues submergeaient tout sur leur passage : on aurait cru à un véritable tsunami. Il y avait un couple venu pour visiter : les Tourtereaux. Ils n’étaient pas nés de la dernière pluie et des tempêtes, ils en avaient essuyé. Ce n’était pas un grain de plus qui allait enrayer les rouages de leur amour.
Alors que d’autres se seraient déjà enfuis à tire d’ailes ils restèrent accrochés à leur branche, contre vents et marées, décidés à faire leur nid coûte que coûte. L’agent immobilier qui jusque là marchait sur des œufs, leur offrit finalement de roucouler à moindre prix, heureux de trouver un pigeon à faisander.
On a beau dire que l’amour rend aveugle, ils ne se laissèrent pourtant pas en mettre plein la vue et la tractation fut arrachée en fin de compte par l’agent, après une négociation de haut vol. Ainsi la villa Brise d’amour poursuivit son bonhomme de chemin au gré du vent…
Une aubaine à saisir
Dominant la mer, la villa Brise d’Amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Or, il advint un nouvel agent immobilier, tout juste recruté par l’agence “La Clé” pour remplacer son meilleur vendeur, Clément Marchand, qui quittait le coin pour cause de divorce. Le pauvre avait eu la mauvaise idée de s’installer dans la villa avec sa femme et ses deux gosses. Le prix, extrêmement à la baisse, qu’il avait obtenu lui avait fait oublier le sort réservé aux couples qui emménageaient dans la villa Brise d’Amour. Les cartons étaient à peine déballés que les premières disputes fusaient à travers les cloisons et quatre mois après avoir pris possession des lieux, Clément et sa femme, prirent la décision de mettre fin à leur mariage. Très affecté, l’agent avait, par là même, donné sa démission et il avait déjà trouvé un nouvel emploi, à cent kilomètres de là, quand Jonas Danlongue, titulaire d’un Master en Droit des opérations immobilières, depuis seulement trois semaines, fut recruté pour le remplacer. Le directeur n’avait pas hésité à lui proposer le poste dès la fin de l’entretien d’embauche. Le stage de quatre semaines, qu’il avait effectué dans l’agence la plus renommée de la région, l’avait convaincu sur papier. Ses autres stages, notamment dans des cabinets spécialisés en droit immobilier, ne l’intéressèrent pas. Le jeune homme prétendait vouloir connaître le terrain et le salaire lui convenait, donc pourquoi s’enquiquiner avec des questions inutiles. Il avait besoin de quelqu’un rapidement et ce quelqu’un venait d’accepter le poste.
Ce qu’ignorait le directeur, c’est que Jonas était un bon fils de famille et futur héritier, entre autres, de la fameuse agence “La belle demeure”, dirigée par sa mère. Ce qu’il ignorait encore, c’est que la prestigieuse cheffe d’entreprise utilisait son nom de jeune fille pour ses affaires. Il ne lui était donc pas possible de faire le lien de parenté.
Mais alors, que venait faire Jonas Danlongue dans ce patelin qui n’avait, pour seuls atouts, qu’une falaise et une cidrerie artisanale et qui n’était desservi que par un autocar départemental.
Une passation de dix jours avait été exigée par monsieur François Maisonneuve, directeur de l’agence, pour que la jeune recrue puisse profiter des connaissances et des conseils de celui qu’il considérait comme irremplaçable. Le jeune homme se comporta de la meilleure des manières. Il était toujours en avance et courtois. Il écoutait attentivement et posait des questions pertinentes. Une complicité s’installa entre les deux agents et le directeur se félicitait de l’avoir embauché, il avait eu du nez ! La période d’essai du jeune homme se passait au mieux.
Vint le jour où Clément présenta la villa Brise d’Amour à Jonas. Il décida de ne rien lui cacher de la malédiction et se confia même sur sa triste expérience personnelle. Le jeune homme se montra compatissant et posa plein de questions sur la maison. La question sur le prix, et s’il était négociable, arriva très vite dans la conversation. Clément confirma qu’au vu de sa situation, il était dans l’urgence de vendre. Son ex lui demandait une pension alimentaire plus qu’exagérée, selon lui. Le prix avait été affiché à la hausse afin de pouvoir laisser les futurs acquéreurs négocier à la baisse. Jonas demanda quelle était la vraie valeur de ce bien et ne s’étonna pas de l’appréciable différence. Il était du métier et avait déjà bien compris ses rouages.
Clément fit un pot de départ et se vit offrir un bon d’achat de 150 euros à dépenser dans une enseigne de mobilier suédois. Toute l’équipe s’était cotisée pour lui donner un petit coup de pouce. Il devait équiper l’appartement qu’il louait à présent, sa femme ayant récupéré la majeure partie du mobilier de la villa. Le directeur lui octroya une belle prime sur son dernier salaire, en remerciements de ses quinze ans de collaboration, mais surtout par pur geste amical.
Le lendemain du départ de Clément, Jonas se présenta au directeur avec une offre d’achat pour la villa Brise d’Amour. François Maisonneuve le félicita et s’enquit du montant. L’offre était en dessous du prix demandé, mais restait convenable puisqu’elle était au prix réel du marché. Monsieur Maisonneuve prit connaissance de la lettre et s’étonna en lisant le nom de cet acheteur providentiel.
Deux mois plus tard, le temps que les formalités notariales soient terminées, Jonas Danlongue emménagea dans sa nouvelle demeure, la villa Brise d’Amour.
Quelques jours avant son embauche, il avait entendu parler de cette villa sur un réseau social. Un influenceur, qui s’était spécialisé dans les malédictions, avait publié une vidéo sur cette étrange demeure, réputée être une briseuse de ménages. Curieux, Jonas s’était aventuré jusqu’à la ville où elle se trouvait. Il était tombé par hasard sur l’agence immobilière qui la vendait et sur l’annonce affichée à la hâte sur la devanture : Urgent, recherche vendeur, débutant accepté. La suite n’avait été qu’un lot de bons évènements. La chance lui avait souri et il prit ça comme le signe qu’il allait se sortir de la sordide situation dans laquelle ses parents l’avaient fourré.
Son père, Michel-Henri Danlongue, PDG d’une entreprise de construction multinationale, s’était accordé avec sa mère pour que le mariage entre leur unique rejeton et l’héritière des Manufactures de la Vallée, Géraldine De la Vallée, soit officialisé au plus vite. Mais Jonas n’aimait pas cette Géraldine, elle était guindée à l’excès et n’avait aucun humour. Ils se connaissaient depuis l’enfance et aucune année n’avait été en faveur d’une potentielle affection du côté du jeune homme. Le contrat de mariage attendait patiemment le grand jour dans le bureau du notaire de la famille, déposé là alors que Jonas n’avait pas encore quinze ans. Le choix de refuser cette union ne lui avait pas été laissé. L’honneur de la famille était en jeu et il était l’unique héritier du nom, il devait en être digne. Sa vie était tracée d’avance.
Il se risqua alors à une condition, le jour même de son entretien d’embauche à l’agence. Il se présenta devant ses parents à son retour, le soir même. Il leur témoigna toute son affection avant de tenter son coup. Il savait comment se comporter avec eux, toujours commencer par les brosser dans le sens du poil. Les complimenter, leur dire combien il était chanceux et reconnaissant. Un blabla qu’il avait l’habitude d’haranguer quand il avait une requête. Il alla jusqu’à risquer de dire combien Géraldine pouvait être jolie. Le froncement de sourcils de sa mère et le regard amusé de son père le rappelèrent de tenir un discours crédible. Son aversion pour Géraldine était bien connue d’eux. Il devait leur paraître sérieux donc il se reprit. Il précisa que finalement la beauté n’était pas le plus important et qu’il ferait de son mieux pour découvrir les qualités de sa future épouse. Tout ceci dit, il conclut en posant les termes de sa condition pour ce mariage.
Six mois plus tard, le mariage fut célébré et après un voyage de noces aux Maldives, la jeune épouse s’installa dans la maison que son mari avait achetée. Géraldine avait toujours été amoureuse de Jonas. De son côté, tout cela l’enchantait. Même venir se perdre dans ce patelin qui n’avait pas de centre équestre ni de golf à moins de cinquante kilomètres. Et puis, ce n’était pas pour toujours de toute façon. Ses beaux-parents lui avaient tout bien expliqué. Jonas voulait commencer en bas de l’échelle, se confronter au terrain, faire sa propre expérience, prouver qu’il pouvait réussir par lui-même. Côtoyer la classe moyenne pour mieux la cerner. Cela ferait de lui un meilleur dirigeant quand le moment serait venu de prendre la relève. Et cette maison, c’était pour mieux se fondre dans le décor. Mais, il était bien entendu que le loft à Paris et la villa en Corse étaient à leur disposition dès que Jonas estimerait qu’il était temps d’arrêter cette immersion.
Ce qu’ils ignoraient tous, c’est que Jonas avait eu l’idée de s’installer là pour une seule raison et cette raison leur était totalement inconnue. La rumeur avérée de malédiction n’était pas arrivée jusqu’à eux. Jonas joua diaboliquement bien la comédie, du jour où il porta sa femme pour passer le pas de la porte jusqu’à l’inévitable rupture.
Il ne fallut pas attendre bien longtemps avant que Géraldine ne supporte plus rien, surtout l’homme qui partageait sa vie. Elle devenait hystérique et demanda à faire un séjour au sein de la clinique de son oncle pour calmer ses crises de nerfs. Elle implora ses parents pour qu’ils approuvent sa décision de divorcer, très vite. Les chefs des deux familles, concernées par cette malheureuse union, se consultèrent et décidèrent de mettre fin à cette désastreuse affaire. Jonas poussa son stratagème au point de faire culpabiliser ses parents. À l’annonce de la demande de divorce, il se répandit en sanglots devant eux. Tout était de leur faute, il l’avait poussé à se marier et maintenant qu’il était éperdument épris de Géraldine, voilà que la femme de sa vie, oui la femme de sa vie, voulait le quitter !
Il les maltraita ainsi à loisir et, à chaque visite qu’il leur rendait, il s’accompagnait d’une mine déprimée et parlait peu. Il fixait son regard dans le vide et ne mangeait presque rien. Quand son père évoquait l’idée qu’il quitte son emploi, de mettre la villa Brise d’Amour en vente, et que cela pourrait peut-être l’aider à aller de l’avant, il se répandait à nouveau en faux sanglots. Ils ne comprenaient donc rien ! Cette villa, c’était tout ce qu’il lui restait de son amour perdu, elle lui rappelait quand il était heureux. C’était l’endroit où il avait connu le bonheur, il ne pouvait pas partir. S’il devait ne plus jamais connaître l’amour, il pouvait au moins vivre là où l’amour l’avait surpris quand il s’y attendait le moins. Les parents faisaient preuve de patience, espérant l’amélioration de la santé mentale de leur fils, dépressif par leur faute.
Les ignorants ne se doutaient pas que Jonas jubilait et se plaisait dans cette nouvelle vie. Il s’était fait de bons amis parmi ses collègues et sa relation avec le directeur était tout aussi amicale. Son travail lui convenait et il avait du temps pour sortir. Il multipliait les conquêtes tout en sachant qu’aucune d’elles n’allait s’éterniser dans sa vie.
Il vivait sa meilleure vie de divorcé, condamné au célibat suite à une terrible rupture, dont il ne se remettrait jamais.
Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien.
Or, il advint qu’à leur plus grand étonnement, les derniers acquéreurs coulaient des jours heureux en cette demeure. Les trois enfants et le chien s’égaillaient dans le jardin que madame avait agrémenté de parterres de fleurs multicolores. Monsieur avait pour tâche de tondre la pelouse et de s’occuper du barbecue dominical. Comme il faisait toujours beau et chaud dans cette contrée paradisiaque, la petite famille passait ses après-midis au bord de la mer. On ne voyait aucune ombre à ce tableau idyllique. Ce n’était que rigolades, bisous, câlins.
Pas fâchés de ne plus avoir quelques procès pour malfaçons d’incompatibilité d’humeur à cause de cette propriété maudite, briseuse d’amour, les courtiers en poussèrent des » Oufs » de soulagement. Intrigué et plus curieux que les autres, l’un d’eux s’approcha du perron et découvrit une jolie plaque émaillée sur le fronton duquel on pouvait lire :
» Bastide bises d’amour «
Dominant la mer, la Villa Brise d’Amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Il y avait quelque chose d’énigmatique qui courait autour de cette splendide bâtisse. Elle représentais l’esthétique. Plusieurs qualités convergeaient lorsqu’on la contemplait. La beauté du site, l’isolement, l’année de construction, l’aménagement des lieux, la proximité de la mer, le climat… Elle aurait pu figurer sur une carte postale pour symboliser la région.
Par curiosité, j’ai voulu m’en rendre compte. A l’Agence du Bord de Mer, je me suis présenté. Je savais d’avance que je n’aurais pas les moyens de l’acheter. Sur la photo, en vitrine, aucun prix n’était indiqué, alors que pour les autres qui l’environnaient, la moyenne était de 250 000 euros. Déjà, je pouvais me faire une idée de mes jours à venir. Je me suis risqué.
Pendant que j’admirais la plastique de l’agente immobilière, je m’imaginais en train de la visiter.
– Qu’en pensez-vous ?
– Ah, j’aime bien ses formes généreuses.
– Pardon !
– Je veux dire, la vue sur la mer doit être superbe !
– Vous voulez la visiter ?
– Si vite !
– Il faut prendre rendez-vous.
– Disons demain !
– Vous n’y allez pas par quatre chemins, vous êtes directe, ne pus-je m’empêcher de répondre, un large sourire soulignant mes propos.
– Justement, son adresse, dit-elle, c’est rue des Quatre Chemins. On peut dire que vous êtes direct aussi. Vous verrez, c’est le bon coin, propice pour faire des rencontres, vous allez découvrir un endroit mythique.
Pendant un moment, je me suis demandé si je ne m’étais pas trompé d’agence. C’est le lendemain et les jours suivants que je bénissais le jour où je m’étais trompé d’agence.
Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Or, il advint un couple qui demanda l’origine de ce nom. Aussi incroyable que cela puisse paraître, jamais auparavant les couples n’avaient daigné poser la question. Tous avaient pris ce nom au pied de la lettre, persuadés que la force de leur amour saurait conjurer le sort. Qu’ils étaient tous, plus forts ! Plus fort que le sort, que les occupants précédents, que les vieilles croyances, portés par, il faut bien le dire, une certaine arrogance.
Aussi, motivés par le défi de se montrer les plus solides, affamés à démontrer, qu’eux, savaient s’aimer, trop occupés à atteindre une victoire dont la plupart des gens se fichaient, ils finissaient par tomber dans le piège qu’ils avaient patiemment eux-mêmes tissé. Leur couple faisait naufrage et la maison se retrouvait en vente.
Jusqu’à ce que ce nouveau couple pose cette simple question. L’agent immobilier, au courant du passif de ces occupants, fut bien embarrassé d’avoir à leur dire qu’aucun mariage ici n’avait résisté. Et cela se vit dans son attitude. C’est alors que le couple lui assura d’un air posé qu’il connaissait la réputation de la maison mais que ce n’était pas la question. Non, ce qu’il voulait savoir, eux, c’était l’histoire de celui qui avait fondé cette villa et pourquoi il l’avait nommée ainsi.
C’est alors que l’agent prit une mine dubitative réalisant qu’il ignorait tout de cette histoire. Le jeune couple se mit alors en quête des informations qu’il n’eut pas tant de difficultés à trouver.
Alors qu’il faisait leurs recherches à la mairie et à la bibliothèque, il tomba sur une vieille dame qui avait vu et entendu le jeune couple. Elle s’avança timidement vers eux et leur délivra la plus belle des histoires :
« Excusez-moi, malgré mon grand âge, je n’ai pu m’empêcher d’entendre ce que vous disiez et je crois comprendre que vous recherchez des informations sur la villa Brise d’amour…Vous m’avez l’air bien sympathique, pas comme tous ces arrivistes arrogants qui ont acheté la villa se croyant plus forts pour conjurer un sort qui n’existe pas et n’a jamais existé ! Cette villa a été baptisé ainsi par mon grand-oncle. Et vous savez pourquoi ? Car, par un jour de beau temps, au cours d’un été étouffant, alors qu’il se trouvait sur la terrasse face à la mer, il entendit la mélodie envoutante d’une harpe qui lui parvenait grâce à la brise réconfortante qui soufflait ce jour-là. Il tomba aussitôt amoureux de cette brise mélodieuse. Il se pencha au-dessus du balcon pour essayer de voir d’où provenait cette musique douce et belle. Il pensa deviner dans une villa en contrebas à gauche de sa maison, l’origine de cette brise particulière. Il crut apercevoir l’instrument derrière les voilages dansants des fenêtres. Il prit aussitôt son courage à deux mains et sortit en quête de cette musique parvenue jusqu’à lui. Il sonna, fébrile à la porte de la maison qu’il pensait être la bonne et son cœur s’arrêta net quand une jeune femme lui ouvrit. Ce fut le coup de foudre. Ils se marièrent et vécurent dans la villa que mon grand-oncle rebaptisa « brise d’amour » en hommage à leur rencontre, en ce jour d’été, où une brise salutaire lui apporta l’amour ».
Le jeune couple acheta la maison sans hésitation. C’était devenu leur coup de cœur à eux. Et s’ils ne sont pas morts, ils y vivent encore !
Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien.
Or un jour, il advint que Sieur Volcan, énervé par cette hypocrisie éternua très, très fort. Trop fort pour la villa Brise d’amour qui s’effondra : plus de toit, plus de murs, plus de Brise l’amour.
Or quelques années plus tard, il advint que Féluette fut séduite par ce site magnifique. D’un coup de baguette magique et grâce à ses riches amants, elle fit construire une maison splendide qu’elle appela Havre d’amour. Elle avait beaucoup donné de son corps et il était temps d’inverser la tendance. Elle allait profiter de la vie !
A chaque jour ouvrable correspondait un amant. Lucien retroussait ses dentelles le lundi tandis que Marcel lui suçait la friandise le mardi. Merlin lui donnait le picotin tous les mercredis et Jean lui ramonait l’abricot les jeudis. Vengelis lui faisait grossir la cerise le vendredi alors que Sacha plantait son mont velu tous les samedis. Et à l’aube, du lundi au samedi, Féluette voyait les anges et criait « maman, maman.. »
Le dimanche, jour du seigneur, jour du soleil, jour de paresse, jour de sérénité était son jour de repos. Pas d’homme à l’horizon, juste sa petite personne !
Or il advint que ce dimanche quatorze février, Valentin s’égara sur les chemins. Il erra plusieurs heures sans boire ni manger. Le hasard le conduisit jusqu’au Havre d’amour. Il toqua à la porte.
Ce jour là, Féluette s’ennuyait légèrement. Elle ouvrit et tomba en amour pour ce lascar beau comme un dieu. Un dimanche, jour de solitude, en plus un 14 février, le destin lui envoyait Valentin. Mais quel signe fort et puissant. Il était temps de faire voler en éclat sa routine. Elle rejeta ses vieux amants et se dévoua corps et âme pour son amoureux. Valentin se montra à la hauteur mais s’ennuya assez vite.
Et un jour, au petit matin alors que Féluette dormait encore, il écrivit, au rouge à lèvres, sur le miroir de la salle de bain : Merci, Adieu. Et il tira sa révérence.
Féluette, aussi vite qu’elle était tombée en amour, tomba en dépression. Elle prit vingt ans en huit jours : elle dépérit, ses cheveux grisonnèrent, sa peau devint flasque et son sourire disparut à jamais.
Or il advint que Sieur Volcan fut très énervé par l’humeur de Féluette. Quelle idée de se mettre dans un état pareil pour un bellâtre, il n’y a que les humains pour être aussi bête. Il lâcha la bride à son mauvais caractère et trembla de fureur. Havre d’amour n’y résista pas et devint ruine à son tour.
Quand ça veut pas, ça veut pas. Ce lieu n’était pas fait pour abriter les amours et Sieur Volcan veillait au grain.
Maguelonne
Merci à Colette Renard ( les nuits d’une demoiselle)
Oui, oui, Colette Renard était une remarquable chanteuse et Les Nuits d’une demoiselle est un bijou
Dominant la mer, la villa Brise d’Amour avait tout pour plaire. Haut perchée, elle surplombait la plage de galets, les rondeurs de vie des vacances, les gargouillis des douces marées. Aucun couple n’y résistait. Le charme des émois du premier mariage, les rêves délirants, le surf des illusions.
Une seule visite leur suffisait, ils craquaient. Comme un chiot pour sa première croquette, un chat pour sa première sardine, ou un éléphant, au zoo, pour sa première cacahuète. Le loyer s’avérait très raisonnable et tête baissée, ils fonçaient, ébahis par le charme de cette station balnéaérée.
Mais la brise s’avérait vite trop violente, pour ces pieds plats, souvent tombés des villes goudronnées. Secouées par les tourbillons maritimes, ils lâchaient prise au bout d’un mois, rendaient les clefs et retournaient dans leur clapiers métallisés.
La mer qui grignotait la falaise n’arrangeait rien. Elle attirait quand même certains, se croyant flibustiers du dimanche, plantant leur fauteuil au presque plus prêt du gouffre, explorant l’horizon les yeux plissés, pour mieux capter l’inspiration des grands poètes, celle qui souffle entre les cornes des cyclones.
Mais, leurs femmes, plus proches des réalités, du plasma de l’existence, craquaient rapidement. Au bout de 3 lessives envolées, au vent mauvais des fils arrachées, elles rendaient les pinces, enclenchaient la marche arrière.
Les agents immobilieux en avaient un peu leur claque de louer et de relouer cette villa. Et marre de ce propriétaire aigri, fâché avec tous ses enfants semés, empochant des loyers pour les claquer, sans vergogne, au casino du coin. Et psalmodiant partout : « Après moi le déluge….et un peu avant, ça serait encore mieux »
Or il advint ce qui devait advenir. Au bout de 5 ans de locations forcenées, d’enthousiasmes niais et de prises de conscience, jouant avec le feu de l’eau….la villa s’écroula bien sur la plage avec la dentelle de falaise faisant semblant de la soutenir.
La villa était cet été là, humainement vide. Seule une pigeonne, ce charmant volatile portant bien son nom, ayant installé son nid près d’une fenêtre du grenier, y perdit sa couvée. Son pigeon en eut l’amour brisé.
Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Or, il advint…
Il venait de recevoir sa mutation pour la Côte d’Azur et dans quelques semaines, il prendrait ses nouvelles fonctions sous le soleil et au bord de la mer, ce qui allait changer sa famille de la grisaille parisienne. Le noyau familial qu’ils formaient avec Mathilde et Thomas, leur unique petit garçon âgé de sept ans, était à la recherche d’un logement, ensemble, ils nourrissaient l’espoir de dénicher une douillette maison pour abriter le bonheur de l’heureux trio. Leurs exigences ne dépassaient pas le désir de trouver un espace d’au moins cent mètres carrés, avec trois chambres, une dédiée au couple familial, une autre pour leur petit garçon et la troisième, servirait de bureau, parce qu’il lui arrivait parfois de traiter des dossiers en télétravail. Dans la mesure du possible et ce serait la cerise sur le gâteau, que cet ensemble soit implanté dans un espace de verdure où Mathilde pourrait s’adonner à son passe-temps favori, le jardinage d’agrément et pour Thomas, à s’épanouir en toute sécurité. Sans oublier que cette maison ne devait pas être trop éloignée des commerces et d’une école pour pouvoir y inscrire le garçonnet.
Durant de longues soirées, les yeux rivés sur l’écran de l’ordinateur, ils avaient tous les deux épluché les sites d’agences immobilières, d’abord celles de la ville de son futur lieu de travail, puis celles situées entre cinq et dix kilomètres, ces distances ne lui posaient aucun problème. Ils avaient fini par remarquer que le même bien était proposé dans plusieurs agences et cela les avait intrigués au point de les décider à prendre rendez-vous pour le visiter, et aussi, parce que le descriptif correspondait particulièrement à leurs attentes, d’autant que le coût du bien convenait parfaitement à leur budget.
Arrivés sur place, qu’elle n’avait pas été leur surprise en découvrant une petite maison aux volets couleur lavande qui s’ouvraient sur une façade d’un blanc immaculé. L’édifice s’élevait sur un étage et il était implanté au milieu d’un magnifique jardin où des résineux rependaient dans l’atmosphère leur odeur particulière et reconnaissable entre mille. La route qui passait devant la maison desservait d’autres habitations avant de s’étirer pour disparaître dans la forêt qui faisait face à la modeste propriété.
L’autre côté de la maison était orienté plein sud, à son rez-de-chaussée, trois portes-fenêtres dont l’une était destinée à la cuisine, entièrement équipée, et les deux autres à la salle de séjour et au grand salon où trônait une imposante cheminée. Ces ouvertures assuraient une belle luminosité aux pièces, et aboutissaient sur une vaste terrasse. Ébahis, main dans la main, ils s’étaient approchés de l’enfilade de balustres. Il avait respiré profondément l’air pur chargé des fragrances maritimes, portées par une légère brise du printemps naissant et face à la magnifique vue qui s’offrait à ses yeux, il s’était exclamé :
— Ah ! Quel magnifique tableau ! Et en ce début de saison, nous avons la chance de profiter d’un temps superbe. Tu devrais faire comme moi ! Avait-il lancé à Mathilde qui s’était réfugiée au creux de ses bras. Et, de nouveau, il inspirait et expirait à pleins poumons. Son regard s’était porté en direction de la grande bleue, qui sous le soleil scintillait comme des milliers d’éclats de diamants et sur lesquels des embarcations voguaient toutes voiles déployées. Le souffle de l’air qui balayait leur visage l’avait renvoyé au nom de la villa qu’il avait aperçu en arrivant : « Brise d’amour »… dans son for intérieur, il se dit qu’elle semblait être bien baptisée…
Thomas courrait en tous sens, paraissant déjà s’être approprié les lieux. Avec ses parents, il avait visité l’étage, où chaque chambre disposée d’une petite salle d’eau, bien qu’il y ait également une très grande salle de bains avec une douche italienne et une baignoire, et des w.c. indépendants… Les trois chambres donnaient sur la façade exposée plein sud où le regard pouvait se perdre dans les reflets de la Méditerranée jusqu’à la ligne d’horizon et également, profiter du coucher de soleil. Le couple avait eu un coup de cœur pour cet ensemble harmonieux, mais ils s’étaient dispensés d’en faire part à l’agent immobilier qui les accompagnait, en promettant de reprendre contact sous quarante-huit heures, délai de réflexion qu’ils jugeaient indispensable avant de présenter une éventuelle offre d’achat. L’agent s’était empressé de préciser que d’autres personnes étaient également intéressées par l’acquisition de cette villa. Un argument dont le couple doutait de la véracité.
Sur le chemin du retour, Thomas confortablement installé dans son siège auto, avait interpelé sa maman :
— Maman ! La maison est habitée par une vieille dame…
— Mais que racontes-tu, Thomas ? Nous n’y avons rencontré personne lors de notre visite. Et il n’y avait aucun meuble. Comment quelqu’un pourrait vivre dans une maison entièrement vide…
— Si maman ! Je l’ai vu quand je suis remonté tout seul dans ma chambre… elle y était et elle m’a dit : « Il ne faut pas que ton papa et ta maman achètent cette maison, parce qu’elle est méchante ! »
— Mais enfin Thomas, pourquoi dire cette bêtise ? Elle ne te plaît pas cette maison ? Intervint son papa.
— Oui bien sûr que je l’ai trouvée très jolie… mais la vieille dame a dit que… Mathilde, dont les propos de son fils la renvoyaient au frisson ressenti en pénétrant dans la maison, ne l’avait pas laissé terminer sa phrase :
— Thomas, je sais que tu es un garçon intelligent et bien en avance sur ton âge. Mais je n’aime pas que tu dises des sottises. Même si nous avons l’habitude de te demander ton avis pour certaines choses, là, j’aimerais que tu laisses ton papa et ta maman réfléchir ensemble à leur projet. Tu es d’accord avec ça !
— Oui maman ! Avait lancé un Thomas boudeur…
Cependant, dans l’objectif de lever les doutes qui commençaient à germer dans leur esprit, ils avaient effectué des recherches sur la toile et ils avaient trouvé des articles de presse relatant une ancienne affaire non résolue. Elle concernait une vieille dame décédée après avoir reçu de nombreux coups lors de son agression dans sa villa… dont le lieu et le nom de la maison correspondaient à celle qu’ils avaient visitée deux jours plus tôt… Ils ne parlèrent pas du drame à leur petit garçon, mais ils lui avaient dit avoir réfléchi et qu’il était fort possible que la vieille dame qu’il avait rencontrée se fût permis de lui donner un très bon conseil… et qu’ils allaient le suivre…
Le soir même, ils renonçaient à l’achat de la villa « Brise d’amour »… pour se lancer dans la recherche d’un nouveau projet…
Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Or, il advint par une sombre nuit de décembre, un homme vêtu d’un pantalon de flanelle, d’une chemise blanche qu’enserrait un gilet gris, avec des mocassins taupes assortis à une ceinture, qui se présenta pour une visite prétendant qu’elle lui avait été désignée par un marabout comme un lieu propice à l’écriture de son nouveau roman à succès.
─ Vous y serez au calme, avait dit l’agent immobilier qui peinait à masquer sa curiosité.
─ Oui, le bruit des vagues se fracassant sur les rochers, la brumisation des embruns et le chant du vent pour compagnie, seront témoins de ma création.
─ Ah…vous vous installez seul loin de toute source de distraction. C’est là l’apanage des gens de talents non ?
─ Oh mais ma moitié sera de la partie. Je ne pourrais pas écrire sans elle. Elle me susurre les mots qui sonnent, claquent et rendent mon style inimitable.
─ La maison est isolée pour une femme. Peu de passage en cette période hivernale dans le village. Ne craignez-vous pas qu’elle ne trouve l’ennui ?
─ Diantre non ! Chaque jour elle enflamme mon imagination, réveille en moi le faiseur d’intrigues. C’est là un rôle essentiel qui l’occupe à plein temps.
─ Elle écrit aussi ?
─ Disons qu’elle me souffle le goût de tel ou tel personnage, allant parfois à m’en brosser la silhouette en des volutes magnifiques.
─ Je ne comprends pas. Elle communique avec vous comme un indien agitant un tissu au-dessus d’un feu de bois ?
─ Elle est beaucoup plus sensuelle que cela. Dès qu’elle se colle à mes lèvres, s’embrasent les lettres. Coule dans mes veines l’alphabet que mon autre compagne assemble.
─ Je vois vous formez un trouple, comme disent les jeunes. Dit avec un sourire appuyé l’agent immobilier.
─ C’est ça. Moi, ma pipe et ma plume !
C’est vraiment bien trouvé et bien troussé..’ bravo Mijoroy. 🐀
Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Or, il advint…
Elle faisait tourner les têtes. Perchée sur un promontoire, elle offrait une vue féérique sur la mer. Nombreux craquèrent sous le charme de la villa Brise d’amour.
Combien de : Oh chéri (e), c’est le paradis ! C’est exactement le lieu qu’il nous faut pour abriter notre amour, avaient entendu ces murs de pierre.
La magie opérait pendant un temps. Les couples ne se lassaient pas de porter le regard au loin, de rêver, chacun se créant son propre univers.
Mais bon, comme toute chose, on finit par se lasser et on remet les pieds sur terre. La mer les avait séparés. Sortis de la contemplation des vagues, ils n’avaient plus vraiment communiqué, comme si les embruns avaient purgé les sentiments. S’en suivirent les reproches, les coups de gueule, les noms d’oiseaux. Les valises se faisaient et chacun partait de son côté.
Les agents immobiliers étaient un peu gênés au entournures lorsque certains clients leur demandaient pourquoi il y avait eu tant de propriétaires. L’un d’eux avait évoqué des problèmes de santé. La maison ne fut pas vendue. Les clients furent refroidis, comme si les murs étaient contagieux. Ils l’échappèrent belle sans le savoir. Depuis des mutations aux quatre coins du monde furent évoquées et la villa retrouvait de nouveaux locataires éphémères.
Un des agents immobiliers eut l’idée de louer la maison à des femmes et des hommes souhaitant se séparer rapidement de leur conjoint. Ça marchait bien, très bien même. Mais un jour, la surprise !
En arrivant pour préparer la prochaine visite, il constata que de grands rideaux occultaient toutes les fenêtres. Il regarda partout, personne. D’ailleurs aucune porte ni fenêtre n’avait été fracturée. Il sentit des frissons dans le dos, mais le temps lui manquait. Il se dépêcha d’enlever tous ces rideaux et fut prêt juste à temps pour recevoir son nouveau client.
Celui-ci fit le tour du propriétaire, mais ne donna pas suite. Il en fut de même avec tous ceux qui vinrent la visiter. Le charme n’opérait plus. Même lui commençait à s’en désintéresser.
Un soir après son travail, il alla boire un verre dans son p’tit bistrot préféré sur le port. En laissant trainer ses oreilles, il surprit une conversation qui mit ses radars en alerte. Elle était passionnante cette conversation. Histoire de ne rien oublier, il prit des notes et c’est ainsi qu’il eut le fin mot de l’histoire.
Don Camillo avait encore fait des siennes. D’après les dires, il surveillait tous les nouveaux venus. Il s’était vite rendu compte que quelque chose clochait dans cette maison. Alors, il entreprit des recherches et il découvrit que Peppone y avait vécu enfant. C’était un garnement. Des cris fusaient à longueur de journée dans cette maison. Ça piaillait de tous les côtés. Il y avait fait toutes les conneries possibles. Lorsque ses parents déménagèrent, les murs étaient lézardés. La rumeur disait que c’étaient les cris qui les avaient abimés.
C’était ça ! La maison se vengeait. Elle voulait le calme. Aucun bruit.
Alors, ni une ni deux, Don Camillo s’y engouffra, revêtit son habit d’exorciseur et libéra les murs du diablotin Peppone.
Car lui, Don Camillo, il voulait voir des couples heureux, donnant naissance à plein de bébés et tout ce beau monde se retrouverait le dimanche dans sa charmante paroisse. Des mariages, des baptêmes, des communions seraient célébrés. Sa paroisse scintillerait à nouveau, les cloches sonneraient à tout va.
Bref, il avait besoin de sous !
Son vœu fut exaucé. La villa Brise d’amour trouva rapidement de nouveaux acquéreurs qui trouvant le nom de la maison quelque peu ambigu, la rebaptisèrent Souffle d’amour.
Dominant la mer
La villa « Brise d’amour »
Avait tout pour plaire
Amour toujours ?
Pas vraiment
Car en plus d’être balayée par les vents
Aucun couple n’y résistait
Les agents immobiliers se succédaient
Dans une ronde infernale
Pas banal !
Mr & Mme Machin sont restés quelques semaines
Mr & Mme Truc quelques jours à peine
Mr & Mme Chose peut-être une trentaine
A l’agence « Perles marines »
L’ambiance était en berne
Et le moral en sourdine
Un agent a fait la Une
Après avoir abusé de la bibine
Un autre a disparu
Ni vu ni connu
Sans même réclamer son dû
Quant au dernier en date
Il s’est enfui à la hâte
Après avoir jeté toutes ses cravates
Il s’est, paraît-il, exilé sur une île
Pour y vivre une nouvelle idylle
Mais il a bien fallu se loger
Il a alors contacté
Un agent immobilier
Qui lui a fait visiter
Une superbe propriété nommée …
Devinez !
Il a pris ses jambes à son cou
En le traitant de dangereux marabout
Et a fini sa folle virée
Chez un célèbre maître vaudou
Pour que cesse enfin cette malédiction
Ce funeste feuilleton
Qui lui donnait, encore à ce jour, d’affreux boutons.
Brise D’Amour
Brise L’Amour
Domicile adoré
Il fallait y penser ! Original. Bravo Nadine 🙂
Or, il advint qu’un jeune couple, averti des rumeurs qui couraient sur cette villa, décida quand même de s’y installer.
Céder à la superstition, ou à une croyance qui, au fil du temps, n’avait pu que se renforcer, les faisait sourire. En outre, combien de demeures, si l’on y réfléchissait bien, se désertaient rapidement, quand l’amour se transformait en haine, quand la brise devenait bourrasque, rafale, tempête ?
Le jeune couple convoqua un praticien en géobiologie, pour qu’il procède à un nettoyage complet de toutes les énergies négatives, dont leur nouveau lieu de vie avait été — durant des années — le réceptacle.
Quand cela fut fait, la petite villa soupira d’aise.
Par les fenêtres ouvertes, un vent doux entrait, surfant sur les ondes hertziennes, sans être désormais chahuté, par toute la pollution sonore de cris et de pleurs qui l’habitait. Elle portait enfin bien son nom… mais pour combien de temps ?
PARLEZ MOINS FORT
Nous étions quelques couples dans la salle d’attente du conseiller matrimonial et au silence pesant de regards par en dessous a suivi l’animation des mauvais vouloirs partagés.
Le porte du consultant s’est ouverte sur les querelles bruyantes qui volaient bas.
Nous sommes tous passés à la queue leu leu et ressortis en affichant un sourire gêné, sauf un couple qui l’avait victorieux et on s’est bien demandé pourquoi. Et, comme le hasard fait bien les choses, on s’est retrouvés dans une villa destinée au rapprochement des couples. Un grand panneau devant indiquait qu’elle était à vendre, mais en attendant…
De loin, elle paraissait borgne avec une seule grande fenêtre sur le côté par façade. On a compris pourquoi en y entrant. Les femmes à gauche… Les autres à droite… Ça commençait mal !
Mais là aussi, on a compris pourquoi : c’était un coup du metoo… Ceux qui se disaient que peut être ils sont, mais que finalement… Bon ! Tout ça est bien compliqué, surtout pour moi qui suis un mec basique avec rien de trop et rien de pas assez.
On s’est donc installé chacun de son côté et sans se parler. C’était la condition sine qua non ! Les repas servis dans une très grande salle et dans un silence sépulcral ou ne résonnait que le bruit des couverts. Tant et si bien qu’on était même gêné de s’en servir. Ça devenait difficile… Pas parler, pas manger, pareil pour les lavabos c’est le bruit de la chasse d’eau qui indiquait que l’un de nous…
Pareil pour tirer sa chaise tous en même temps… On se serait crus à l’ église au moment de l’ite missa est.
Ce fut le cas à la fin du stage où nous nous sommes quittés en nous disant des au revoir aussi joyeux que bruyants et bien contents de pouvoir se laver à notre guise.
Et le couple au sourire heureux a fait l’acquisition de cette maison Brise d’Amour pour une bouchée de pain… Eux voulaient essayer le bâtiment avant de l’acheter pour en faire un centre pour les malentendants.
Le malheur des uns fait le bonheur… des autres !🐀
Dominant la mer, la villa Brise d’amour avait tout pour plaire, mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Dix couples avaient claqué la porte de la villa et franchi le seuil du juge aux affaires matrimoniales, en un an.
La villa Brise d’amour les attirait d’abord comme un gros cœur de Saint Valentin dégoulinant de tendresse. Assis, main dans la main sur la terrasse, dominant la Grande Bleue, ils regardaient dans la même direction. Chaque vaguelette était une promesse éternelle. Ils roucoulaient. Ce ciel azur, ce soleil, cette mer immense créait un nid d’amour, un environnement parfait au bonheur conjugal.
Jusqu’au jour, où un nuage vint assombrir le paysage. Un petit nuage, une petite dispute. Un rien. Une contrariété qui brisa ce paradis. Quelque chose avait brisé l’équilibre entrelacé de ces deux cœurs. Un doute s’était immiscé. Le temps avait fait son œuvre. « M’aimera-t-il toujours ? ». «Pourquoi m’aime-t-elle ? ». Le petit nuage dans le ciel se transforma en un amas de cumulonimbus. L’harmonie avait disparu. la mer Azur était devenue grise. Le soleil se voilait envahi d’une grande tristesse.
La villa Brise d’amour savait attendre ce moment-là. Elle guettait le soupir, la petite grimace. Elle jubilait. Elle en avait vu des idylles dépérir. Le temps était son allié. Elle détestait les belles histoires d’amour. Elle n’y croyait pas. Les « je t’aime. Moi aussi » l’écœurait. Elle attendait avec impatience les portes qui claquent.
La villa Brise d’amour avait un passé. Elle avait abrité les amours de la Belle du seigneur…. Chaque page avait été écrite en son sein. Elle avait pleuré longuement.
Quand la brise devient tempête, les éléments se déchaînent…
Giom
Très belle et triste histoire à la fois… mais cette coquette maison devrait être rebaptisée en «Brise l’amour…».
Une petite villa qui se laisse aimer, malgré son gros chagrin. 🙂
Comme chaque début d’année, Jeanne et Jeannette recherchent le lieu de leurs futures vacances d’été. Elles sont d’accord pour un lieu de villégiature en bord de la mer. Une annonce sur leur site web favori retient leur attention : Une villa, face à l’Océan, dénommée Brise d’Amour, prévue pour accueillir six personnes qui, présentée avec des photos lumineuses, les séduit. Elles s’enquièrent de savoir si ce bijou est libre aux dates espérées.
Le contrat signé, elles informent de leur réservation les copines avec lesquelles ce séjour pourrait se dérouler.
L’été venu, notre groupe débarque impatient de découvrir cette villa de rêve.
Le représentant des propriétaires les attend à la grille. Il leur fait découvrir le jardin, le potager miniature, la tonnelle à l’abri du vent et les invite à entrer dans la maison. Quelle belle lumière, quelle ivresse chromatique de matières et teintes appariées. C’est un lieu superbe. Chacune des copines choisie la chambre qui lui convient.
Avant de les laisser à leur installation, l’agent immobilier leur signale que les affichettes d’information complémentaires qu’elles trouveront sont importantes pour une occupation raisonnée des lieux. Ce dernier reparti, nos touristes déballent leurs affaires et provisions.
Jeanne est impatiente de faire un tour aux toilettes. Après les heures de voyage, ce sera un grand soulagement.
Les dites toilettes sont installées dans un appentis que l’on atteint aussi bien de l’intérieur de la maison que du jardin. La cuvette ordinairement en céramique est ici remplacée par un seau métallique posé dans une banquette de bois. Un rouleau de papier est accroché à distance et une affichette explique aux visiteurs le mode de fonctionnement. Ainsi Jeanne apprend-elle que le seau sera à vider dans une petite cuve au fond du jardin. Un second document détaille les bienfaits de l’eau économisé par le système et l’intérêt de garder les fluides et matières récupérées dans le seau pour enrichir la terre cultivée du jardin. Il est question de compost, d’azote, de nutriments et de l’engrais que nos excrétas contiennent.
Jeanne est perplexe. Jamais elle n’a imaginé devoir aller déverser ses pipis au fond du jardin. D’ailleurs, est-elle autorisée à laisser les feuilles de papier usagées dans le seau ? La réponse se trouve au pied du banc de bois où une corbeille actuellement vide ne va pas tarder à se remplir. Elle se relève, les fesses marquées par le bord du seau, beaucoup moins confortable que les lunettes de WC qu’elle fréquente habituellement.
En dehors de ce point spécifique du mode de vie dans la villa, le reste de l’aménagement est de bonne facture. Peut-être peut-on toutefois signaler la douche dont la durée est limitée grâce à un minuteur et le débit qui ne risque pas d’atteindre les 100 litres d’eau pour une douche de 5 minutes !
Notre groupe découvre tout cela avec bonne humeur. Il faut bien se plier aux exigences locales. Elles en plaisantent prévoyant de se baigner très régulièrement dans la crique en contre-bas.
Les journées sont occupées à découvrir la côte par le chemin des douaniers et au retour se reposer sous la tonnelle avec de bonnes bières fraiches.
La nuit, les vacancières se relaient dans l’appentis. Au petit matin, les odeurs fétides de bières ingérés prennent à la gorge et nécessitent qu’un tour de corvée soit mis en place pour que chacune ait le plaisir d’aller vider le seau métallique et le nettoyer avant de le remettre dans son emplacement au milieu du banc.
Nos amies font de leur mieux pour vivre leurs vacances sans accroc. Malheureusement, qui dit vacances sur la côte atlantique dit aussi plateaux de fruits de mer, pain-beurre, mayonnaise et embarras gastriques. Trois jours avant la fin du séjour, deux des copines sont intoxiquées par des coquillages et leur méticuleuse organisation ne résiste pas à cette purge. Dès le lendemain, elles plient bagage et rentrent heureuses de leur séjour et de retrouver leurs toilettes et salle de bain habituelle.
Le retour à la nature n’est pas aussi simple que tout un chacun l’imagine tant qu’il ne l’a pas testé « pour de vrai » !
Dominant la mer, la villa Brise d’Amour avait tout pour plaire mais aucun couple n’y résistait. Les agents immobiliers s’en cachaient bien. Or il advint qu’un couple, intrigué par cette mauvaise réputation, regarda de plus près la plaque posée sur la façade de la villa.
On y distinguait un L habilement camouflé en D par des commerciaux peu scrupuleux.
L’affaire fit grand bruit dans le Landerneau. Le couple acheta à peu de frais la maison qu’il nomma, avec beaucoup d’originalité :
do mi si la do ré.
Court et efficace 🐀