735e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Une fois le nez refait, des implants capillaires greffés, les lèvres repulpées et la couleur des yeux changée, elle devint enfin le sosie de son idole. Mais…
Inventez la suite, l’intéressé peut être » ELLE » ou » IL »
Sur ce blogue, on n’apprend pas à écrire un roman ou des nouvelles, on enflamme son imagination. Les exercices que j’invente, aiguillonnent l’esprit. Mon but est de conduire toute personne vers le créateur plus ou moins claquemuré en elle. L’enfant imaginatif avec lequel elle se réconcilie définitivement dès qu’elle se prête au jeu. Après quoi, elle décide de mener le projet d’écriture qui lui convient.
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Une fois le nez refait, des implants capillaires greffés, les lèvres repulpées et la couleur des yeux changée, elle devint enfin le sosie de son idole. Grande comme elle, mince comme elle à force de régîmes.
Mais sa voix était restée la même. Elle ne montait toujours pas dans les aigus. Sa voix était restée grave, un peu cassée. Son idole avait une voix cristalline. Elle se regardait dans la glace et s’admirait. Elle était parfaite. Elle était « elle ». Dans la rue, elle était assaillie de demandes de selfies. Mais elle ne pouvait pas ouvrir la bouche. Alors, elle souriait de ses dents parfaites. Elle essaya les séances d’orthophonie, les cours de chant avec un ténor célèbre caché en Gironde. Elle respirait, soufflait, inspirait… Elle fit appel à un chirurgien qui lui promit monts et merveilles. Ses cordes vocales furent cisaillées et remodelées, en vain.
Le corps de rêve de son idole avec la voix de Jeanne Moreau ! Frustrée après tant d’efforts. Un matin, à la radio, elle entendit que son idole était aphone après un concert dans le froid beaucoup trop long. Oh ! L’horreur. Elle avait un billet pour son prochain concert.
Ce soir là, son bonheur fut immense. Son idole chanta d’une nouvelle voix grave, un peu cassée.
Une fois le nez refait, des implants capillaires greffés, les lèvres repulpées et la couleur des yeux changée, elle devint enfin le sosie de son idole. Mais…
C’était une entreprise impossible que j’avais demandée au chirurgien plasticien. Pourtant, il n’avait pas reculé devant la tâche. Je ne souhaitais ni l’expression mutine de Maryline Monroë pas plus que la beauté napolitaine de Sophia Loren et pas davantage les traits harmonieux de Greta Garbo, toutes décédées, plus du tout dans l’air du temps, quoique…Non, moi, mon idole, c’était et c’est encore le modèle absolu de la beauté, de l’intelligence, Audrey Hepburn. Son ravissant visage est toujours une merveille d’élégance et de subtilité. Et j’avais eu la prétention de devenir son sosie !…
Date d’intervention pris,e chirurgien et chambre réservés, le jour J arriva, celui du rendez-vous avec lee miroir. Et là, quelle ne fut pas ma déconvenue. !Oh ! La noisette du regard, l’éclat brun de la chevelure, le nez adorable, la bouche à la délicate courbure, tout était quasi parfait. Sauf que, tout à coup, je prenais conscience que Audrey Hepburn était unique et que j’avais été bien prétentieuse de vouloir lui ressembler. Maryline était un peu enveloppée, Sophie et Greta un peu trop grandes ? Audrey, était la perfection même. De quoi avais-je l’air avec ces implants de cheveux brillants, ce faux nez, ces lèvres absurdes ? Certes le travail du plasticien était au plus près du modèle – et quel modèle- je ne pouvais lui faire grief d’avoir répondu si bien – trop bien ? – à mon désir de sosification.
Tout à coup, les grands yeux noisette d’Audrey qui étaient désormais les miens se remplirent de larmes. Je pleurais, elle pleurait, l’absurdité de ma conduite.
Le chirurgien voyant son œuvre mise en danger par les larmes m’intima de cesser de pleurer « vous allez tout massacrer, tonna-t-il . Arrêtez, arrêtez donc ! »
Sermonnée, assommée, malheureuse, je finis par sortir quelques jours plus tard de ce temple de la plasticité, peu fière.
Quelle ne fut pourtant ma stupeur d’entendre ceci :« Tu as vu, on dirait Aydrey Hepurn ! C’est bizarre, je la croyais morte depuis longtemps ! »
Sophia Loren n’est pas morte. Elle a 90 ans, d’après internet.
Oui, c’est vrai,Sophia Loren est toujours de ce monde. Je m’en veux de l’avoir oublié.
J’en profite pour vous souhaiter une année 2025 pleine d’esprit.
RDV sur notre blog préféré samedi 4 janvier
– Tu as vu à quoi tu ressembles maintenant ?
– A qui, répondit-elle !
– Quoi ?
– Tu dis à quoi, tu devrais dire à qui !
– Bah non, je dis à quoi. Tu es méconnaissable. Je t’aimais mieux avant.
– Et bin, pas moi. Je m’aime mieux maintenant. Je vais devenir une star ! D’ailleurs on me l’a dit que je lui ressemble de plus en plus.
– Avec tes grosses lèvres, on dirait une poupée gonflable. Arrête de te faire du cinéma.
– Justement je vais faire un casting.
– Ah bon ! Pour quel film ? « Les zombies morts de faim « ?
– C’est pour un photographe qui se lance dans la photo.
– Ah, il débute ?
– C’est un secret.
– Il s’appelle comment ?
– Méga Locace.
– Comment ?
– Tu ne le connais pas. C’est un gars timide. Il ne parle pas beaucoup. Il n’est pas français. Il s’exprime plus par gestes. Mais dès qu’il sera connu, il fera des castings à gogo.
– Oui, la gogo, je crois que c’est toi.
– Arrête de médire. De toute façon, tu n’as jamais cru à rien. Je ne pourrai même pas compter sur ton aide.
– Quoi ? Tu as mangé toutes tes économies pour devenir le sosie de qui d’abord ?
– C’est un investissement. Tu verras quand je serai connue, tu viendras me demander un autographe.
– En parlant d’autographe, j’ai quelque chose à te faire signer.
– Qu’est-ce que c’est ?
– Ta facture à payer pour tes nouveaux seins.
On n’arrêtait plus les progrès de la chirurgie esthétique ! Aussi, Julia se décida à franchir le pas, pour ressembler — trait pour trait — à son idole préférée.
L’affaire étant faite, elle s’assura au début d’un succès très attendu, mais — dans les jours et les mois qui suivirent — d’un échec cuisant.
Son entourage s’était très vite senti mal à l’aise avec ce visage qui ressemblait si peu à celui qu’il avait connu. Quant aux réseaux, sur lesquels elle l’exposa, elle découvrit qu’il existait à des centaines d’exemplaires, et peut-être même plus.
Elle se mit alors à regretter son image d’avant, laquelle au demeurant très jolie pouvait avoir bon nombre de sosies, sans que pour autant, elle en rencontre un seul dans son existence.
Sa singularité perdue, son compte en banque vidé, et sa vie affective en creux lui révélèrent le défaut de son entreprise. Pour bien faire, il eût été judicieux qu’elle se fît greffer un cerveau, en bon état de marche, avec implants pourquoi pas, ce qui n’aurait pas été de trop.
Désespérée, Julia mit fin à ses jours. Ce n’est qu’après quelques semaines de décomposition avancée, qu’un hurlement silencieux sortit de sa tombe qui glaça les chairs de ceux de ses congénères qui en avaient encore un peu.
La mort a le génie de la chirurgie esthétique, mais travailler sur la plastique ce n’est pas son truc, si bien qu’un squelette a beaucoup de sosies.
Une fois le nez refait, des implants greffés, la coupe bien gominée, les ongles retaillés, les oreilles recollés, les jambes bien arquées, le dentier rectifié, il devint enfin le sosie de son idole.
Pour fêter çà, en cette sombre fin d’après midi glacée et brouillardeuse, Vlad descendit en ville pour se payer une bonne pinte de sang frais.
Pour varier son régime et conforter son immortalité, ça tombait, bien ! En ce 16 Mars, à Mortagne en Perche, se déroulait justement, la énième fête du boudin noir.
Une fois le nez refait, des implants capillaires greffés, les lèvres repulpées et la couleur des yeux changée, elle devint enfin le sosie de son idole. Mais dès qu’elle ouvre la bouche c’est une déconvenue, une déception sans commune mesure. Chaque son produit par ses cordes vocales, chaque mot qui s’échappe de son gosier, sont une torture pour nos frêles oreilles. Nous sommes loin de la voix pénétrante et envoûtante de l’original. Et ne parlons pas du déhanché. Aucune ressemblance avec l’idole malgré des heures et des heures de répétitions devant le miroir. Elle ne casse pas non plus trois pattes à un canard dans sa façon de jouer de la guitare. C’est d’un commun qui frôle la médiocrité. Non pour moi, on nait avec du talent ou on en est dépourvu. Quoiqu’il en soit, malgré tous les artifices, jamais une voix de femme ne pourra égaler celle du King : Elvis Presley.
Arlette est une jeune femme ambitieuse aux idées bien arrêtées. Pour ce faire, elle est prête à tout, ou presque, pour devenir LA Grace Jones française, copie conforme de l’actrice qu’elle a admirée, entre autres, dans le film Dangereusement Votre.
Une fois le nez refait, des implants capillaires greffés, les lèvres repulpées et la couleur des yeux changée, elle devient, enfin, pense-t-elle, le sosie de son idole.
Grace Jones incarne pour Arlette la femme faite panthère. Un physique sculptural qui attire les regards et la concupiscence des hommes. Arlette veut devenir dresseuse de mâles.
Donc, le joli petit nez droit s’est muté en un nez charnu. Le crane aux boucles châtains a subi des traitements et des greffes de follicules pileux plus épais et plus bruns que les siens. Ses fines lèvres sont maintenant épaisses lui donnant cet air boudeur auquel elle aspirait tant et ses yeux noisette sont sombres et impénétrables grâce aux lentilles de contact adoptées.
Sûre de sa métamorphose, Arlette cherche les castings et les adresses d’agence de mannequinat où elle pourrait exploser aux yeux du monde du showbiz.
Les premières réponses obtenues la laissent perplexes. Il lui est demandé d’envoyer son book photo. Elle demande alors à son jeune frère de la prendre dans des tenues, poses et situations différentes. Emile n’ose affronter son ainée. En réalité, il ne croit pas du tout aux chances d’Arlette. Elle a beau prendre des poses de vamp et de starlettes des années soixante, ses larges cuisses sur des jambes un peu courtes ne donnent pas l’image d’un félin. Sans parler de la couleur pâle de sa peau qui ne correspond pas au modèle. Arlette a gardé les joues roses et pleines de la très jeune femme qu’elle est. Elle boude, soit ; mais comme une gosse capricieuse. La ligne de ses sourcils est restée courte et claire ce qui ne lui octroie pas l’expression d’autorité de Grace.
Quelque six mois plus tard, Arlette, qui entre temps s’est choisi le pseudonyme de Léonie Magloire fait le constat que quelque chose ne convainc pas. Elle a pourtant suivi les enseignements du nutritionniste, est retourné teindre cils et sourcils. Rien n’y fait. Elle ne devient pas la copie de la splendide et combative mangeuse d’hommes jamaïcaine.
Sur la ligne de train de banlieue entre St Lazare et Cergy le Haut, Léonie en legging imprimé panthère croise les jambes haut, dédaignant les usagers de son wagon. Elle espère que quelqu’un va venir lui faire une proposition de contrat ou, au moins, lui dire combien elle est ravissante, la taille étranglée dans ce ciré noir.
Mais non ; rien ne se passe. Enfin si ; au fil des mois, l’héritage laissé par ses parents fond entre les mains des chirurgiens et autres charlatans du faux. Le dernier en date lui a proposé de rehausser ses pommettes afin de creuser un peu ses bonnes joues. Quand elle a lu le devis, une bouffée de chaleur l’a envahie la laissant sans force.
Après un temps de découragement, elle s’est inscrite au centre social de Bécon-les-Bruyères et s’initie au chant. Là, elle rencontre des personnes pleines de compréhension qui la conseille sur la diction, l’articulation, le positionnement de son corps et autres techniques de maintien pour améliorer le son produit. Persévérante, Arlette progresse et obtient encouragements et compliments de ceux avec qui elle travaille. Soucieuse de garder le contrôle de ce nouvel apprentissage, elle apprend les textes des œuvres étudiées et recherche des morceaux qui lui plaisent particulièrement pour compléter son répertoire.
Les saisons passant, Arlette oublie Grace Jones et se transforme en une jeune femme posée qui oublie ses moues d’antan pour offrir le sourire radieux de ceux qui ont trouvé leur voie et… la joie de vivre.
Une fois le nez refait, des implants capillaires greffés, les lèvres repulpées et la couleur des yeux changée, elle devint le sosie de l’idole de son compagnon à qui elle avait fait croire qu’elle partait en séminaire pour un mois, à l’autre bout de la planète.
Lorsque son ami lui ouvrit la porte, il en resta estomaqué et s’assit sur le guéridon pour se remettre de ses émotions. Aya était là, devant lui, en chair et en os ! Revenu de sa surprise, les jambes flageolantes, il la fit entrer au salon et lui demanda un autographe qu’elle s’empressa de griffonner sur son coffret de CD. Il ne s’étonna ni de son mutisme ni de ses reniflements, tandis qu’elle était ravie de sa transformation et tirait des plans pour sa future carrière. Mais, lorsqu’il lui demanda de se trémousser et de chanter Djadja, ce fut la catastrophe. Entamant sa chorégraphie, qu’elle répétait tous les soirs devant sa glace, elle en perdit ses lentilles, ses extensions de cheveux et ne put ouvrir la bouche à cause de ses lèvres qui lui faisaient un mal de chien depuis l’opération. Estourbi, il s’affala sur son canapé, puis scruta sa déesse sur toutes les coutures. Elle lui rappelait quelqu’un, mais qui ? Elle lui fit signe qu’elle ne pouvait pas parler et écrivit son histoire, sur une feuille qui traînait pas là, en concluant qu’elle avait fait tout ça pour lui.
Finalement, quand il lui expliqua qu’il préférait les authentiques, dépitée, elle retourna à la clinique avec l’espoir de redevenir la femme qu’il avait aimée.
735/ il avait passé toute sa jeunesse à admirer cette jeune chanteuse : la belle Lolita et passé ses plus belles années à lui ressembler. Avec ce que cette transformation lui coûterait tant au niveau relationnel que personnel. En effet, rien dans ses désirs les plus profonds ne l’incitait à ce changement. Mais l’admiration ne se commande pas. L’adolescence passée il fallut bien admettre qu’ avec une perruque et des lentilles bleu acier la ressemblance était frappante. Grand et filiforme lorsqu’il portait une robe lamée moulante : mon dieu qu’il est belle comme disait sa mère sans aucune malice. Et sa voix ! Avec ce petit accent chaud qui lui venait du Sud de l’Italie, c’était à s’y méprendre.
Un jour, bien plus tard et pour lui faire plaisir, sa famille lui offrit une place lui donnant ainsi l’opportunité de rencontrer son idole. Il soigna son apparence encore plus qu’à l’ordinaire et dans la rue on continuait à lui demander des autographes… Lorsqu’il se trouva en face ‘ d’elle ‘ sa Lolita les jambes, lui manquèrent, il était devant une vielle femme osseuse, le nez avançait en bec d’aigle, le bleu de ses yeux devenus presque transparents laissaient deviner une fin prochaine.
Et si ‘ Elle ‘ mourait s’en était fini aussi de sa carrière de sosie.
Il avait deviné juste.
Quelques semaines plus tard, la une du journal une grande photo magnifique annonçait : notre Belle Lolita nous a quittés. Et plus bas ses enfants ont la douleur de vous faire part du décès de leur père…
Tout ça pour ça…🐀
Ton histoire est encore plus dure que la mienne….Les pauvres sosies …C’est bien triste comme existence.
Une fois le nez refait, des implants capillaires greffés, les lèvres repulpées et la couleur des yeux changée, elle devint enfin le sosie de son idole. Mais…
Enfin, son rêve était concrétisé ! Il lui avait fallu un an de souffrances pour atteindre son objectif.
Le travail ne fut pas simple. Elle ne s’était jamais trouvée belle. Elle se voyait laideron avec son nez aquilin, des lèvres asymétriques, des cheveux épars à la couleur terne et indéfinie, des yeux grisâtres. Elle était dure avec elle-même.
Depuis sa tendre enfance, elle découpait dans les magazines les visages des femmes auxquelles elle aurait aimé ressembler qu’elles soient réelles ou nées de l’imagination d’un dessinateur. Elle en avait recouvert tous les murs de sa chambre.
Elle était secrètement amoureuse d’un jeune homme. Elle se voyait à son bras, déambulant sur les plus belles avenues du monde, dégustant des plats fins dans les plus grands restaurants, valsant dans ses bras.
Lui, ne l’avait jamais remarquée. Il était pas trop mal, genre mannequin sur papier glacé. Elle voulait qu’il soit à elle, rien qu’à elle et pouvoir chasser toutes les admiratrices qui se collaient à lui.
Parmi tous les visages qu’elle avait sélectionnés, un lui faisait battre la chamade. Cendrillon !
Ni une ni deux, elle avait pris rendez-vous avec un grand chirurgien esthétique qui lui donna le visage qu’elle aimait tant.
Elle ne se lassait pas de se regarder. Elle était belle. Elle se sentait légère.
Elle renouvela toute sa garde-robe, appris à se maquiller avec soin, changea toutes ses habitudes. Elle ne baissait plus les yeux dans la rue, ne cherchait plus à disparaître dans la foule. Maintenant, elle marchait d’un pas aérien, la tête haute.
31 décembre. LA GRANDE SOIREE ! Elle l’attendait avec une telle impatience ! Le Duc Sylvestre avait convié nombre de personnes à venir célébrer dans sa propriété le changement d’année.
Elle savait qu’il serait là. Celui pour lequel elle s’était métamorphosée.
Elle entra avec élégance dans le salon de réception, les yeux pétillants, le sourire collé aux lèvres. Les hommes se retournaient sur son passage, les femmes lui lançaient des fléchettes du regard. Elle le vit. Il se retourna, sourit, son visage s’illumina. Quant à elle, les jambes semblaient ne plus vouloir la porter.
Il s’avança dans sa direction, le regard plein d’étoiles. Elle s’arrêta et le laissa venir vers elle.
Il ne me semble pas vous connaître, lui dit-il. Vous êtes féérique ! Seriez-vous née dans un conte de fées ?
Il l’invita à boire une coupe de champagne et ne la quitta pas des yeux un seul instant.
Le bal ouvert, il l’entraina dans une valse endiablée. Nombre d’autres suivirent. La tête lui tournait, son cœur palpitait, elle irradiait.
Brutalement la musique s’arrêta laissant place à un décompte annonciateur de la nouvelle année dans laquelle elle se projetait à corps perdu.
Douzième coup de minuit !
Tout chavire !
Son cavalier la repousse avec dégoût, j’essuie la bouche, les mains et déguerpit en poussant des cris d’orfraie.
Le silence se fait dans la salle. Les regards se portent sur elle. La stupeur se lit sur tous les visages. Certains expriment carrément le dégoût. Les femmes, une fois l’effroi passé, commencent à ricaner.
Cendrillon ne comprend pas. Les invités s’écartent. Elle se dirige vers les lavabos et regarde son reflet dans le miroir. Elle hurle d’horreur. Elle ne se reconnait plus. Ses remodelages faciaux se sont évaporés. Elle est devenue citrouille, citrouille d’halloween maquillée par de petites mains d’enfants.
Elle pleure, supplie, hurle.
Se réveille.
Le douzième coup de minuit l’a ramenée dans sa réalité.
Bonne année, malgré tout !
735/ŒIL DE VELOURS
Elle devint enfin le sosie de son idole, mais, quand elle passa au photomaton, l’appareil lui délivra son portrait d’avant, sans les lunettes. L’opticien lui avait offert la deuxième paire, celle qui embellit. Pourtant, chaque miroir parlant restait interdit, sans commentaire… Mais enfin, j’ai tout bon ! S’insurgeait la belle, même les mensurations, une sosie parfaite, l’icône de l’icône !
Elle retourna au musée Grévin voir son image en cire. Passa par le Palais des glaces déformantes, une leçon hilarante mais pleine d’humilité. Pour se remettre de ses émotions, et s’offrit une toile. On jouait Anastasia de Anatole Litdvak, l’histoire d’une jeune femme qui a perdu ses repères, le jouet du rêve d’un manipulateur. Est-elle ce qu’elle paraît ? Puis elle s’attabla au restaurant chez La Reine Pédauque. La patronne l’accueillit avec un bonjour ma fille alors, on a perdu ses pattes d’oie ! Elle lui servit un verre de bas Dijon. Puis le nez enfin refait, la bouche attentive, ses lèvres se repulpèrent devant les petits gris, ses yeux brillaient de bonheur, les œufs en meurette étaient servis à point, le Bourguignon fumait dans la cocotte. La beauté et la bonté étaient en parfaite convivialité ! Mais, qu’en était-il des profiteroles et du chocolat ? Il eût mieux valu qu’elle ne s’en barbouilla pas.🐻
Une fois le nez refait, des implants capillaires greffés, les lèvres repulpées et la couleur des yeux changée, elle devint enfin le sosie de son idole. Mais…
Mais… Mais… sa voix, sa voix rauque la trahissait.
(elle aurait pu y penser avant ! Mais on ne pense pas toujours à tout).
Alors, elle cessa de parler, histoire de maintenir l’illusion.
D’où l’expression :
« SOIS BELLE ET TAIS-TOI »
On ne peut pas tout avoir dans la vie n’est-ce pas ?
Une fois le nez refait, des implants capillaires greffés, les lèvres repulpées et la couleur des yeux changée, elle devint enfin le sosie de son idole. Mais…
quand elle ouvrit la bouche pour manifester son enthousiasme et ses remerciements, aucun son ne put sortir de sa gorge. Elle se retourna vers l’équipe qui avait contribué à cette transformation, l’air très surpris et contrarié. Elle essaya encore d’émettre des sons, portant sa main à son cou comme si cela allait résoudre le problème mais rien n’y fit. Le médecin plastique s’approcha, tira de sa poche de blouse, une petite lampe et examina sa gorge. Il n’y vit rien d’anormal et dit qu’il se pourrait que le fait de se retrouver aphone devait découler de l’intubation qui avait été necéssaire pendant l’intervention. Cela la rassura un peu. Elle se détendit, presque par réflexe pour ne pas chiffonner sa nouvelle mine si chèrement payée.
Mais plusieurs jours passèrent et sa voix ne revenait pas. On lui prescrit en urgence des bilans et des séances d’orthophonie. Elle était anéantie et très contrariée de ne pas pleinement jouir de son nouveau statut, de son apparence qui, croyait-elle, attirerait tous les regards à elle. Mais son regard justement, croisait celui des autres avec tant de crainte, de peur, de frustration qu’il n’en retenait aucun. Tout juste suscitait-il de l’incompréhension, parfois de l’empathie, des questionnements, presque de la pitié tellement elle dégageait de l’incompréhension et le sentiment d’être perdue.
Cette peur reprenait le pas sur tout le reste et rongeait son rêve. Elle se regardait dans le miroir et ne voyait que l’ombre de celle qu’elle voulait être. Elle comprit que ce qui l’avait touché chez son idole n’avait pas été son physique mais le son de sa voix. C’est avec sa voix qu’elle était venue à elle. C’était sa voix qui l’avait saisi lorsqu’elle l’avait entendu à la radio dans sa voiture. C’est sa voix qui l’avait accroché et lui avait donné envie d’en apprendre toujours plus sur cette star qu’elle trouvait absolument parfaite !
A quoi cela l’avançait-elle aujourd’hui d’être la pâle réplique de cette personne sans la voix. Bien sur jamais elle ne chanterait comme elle mais elle rêvait de toucher du doigt la vie de l’autre. Quand elle chantait avec sa brosse à cheveux en guise de micro devant sa glace, elle s’y voyait sur les scènes du monde entier. Elle aussi allait avoir son jour de gloire.
Elle avait une pâle copie du corps à présent mais sans toute la présence que son idole incarnait. Comment avait-elle pu en arriver là ?
Elle œuvra pour redevenir celle qu’elle était. Elle quitta les artifices dont elle pouvait se débarrasser, arrêta les implants, les greffes, se débarrassa des tenues de scènes qu’elle avait fait faire à l’identique pour être l’autre. Petit à petit, elle se dépouillait de l’autre. C’est ainsi que sa voix revint. Elle en pleura un matin quand elle crut s’entendre à nouveau, de façon très subtil d’abord. Elle n’osa pas insister de peur de se blesser. Elle but de nouveau des tisanes dont elle était devenue une adepte puis réessaya timidement de prononcer un son. Mais oui, c’était bien ça, elle retrouvait sa voix ! Elle était tellement heureuse ! Elle se précipita devant le miroir comme si sa voix allait se voir, belle et intacte. Mais ce qu’elle vit ce fut sa joie, celle d’être à nouveau soi, pleinement vivante. Elle retrouva les sonorités de son histoires, ses notes imparfaites qu’elles hurlaient quand elle chantait comme son idole. Elle en pleura, avec des sanglots pour être sur de ben avoir récupérer totalement !
Elle prit une nouvelle grande décision. Celle de prendre des cours de chants ! Sa nouvelle voie ! LA vraie, la seule qui vaille à présent…
Texte bien mené et intéressant. Merci. 🙂
Mais, dans le reflet du miroir des toilettes, elle ne voyait qu’elle. Ce regard perdu, ce faux air d’assurance, ce rictus avec le coin de la bouche, incapable de sourire à pleines dents, pourtant impeccablement blanches, ce reniflement pénible dès qu’elle doute, c’était toujours elle, l’insignifiante adolescente qui se prenait pour une autre, dans les habits d’une autre qui moulaient ce corps trop frêle, informe et que pas un garçon ne pourrait un jour désirer.
— La vie de ma mère, on dirait trop Taylor Swift !
Cynthia trouvait déjà que Flore lui ressemblait sans avoir à retoucher quoi que ce soit. Mais là, l’illusion était encore plus frappante.
— Tu ne trouves pas, Yoann, qu’elle lui ressemble grave ?
Le haussement d’épaules du jeune garçon, hébété depuis un quart d’heure devant la métamorphose, finit par dépiter Flore qui alla se cacher dans un coin de la cour du lycée sous un vieux marronnier et sous les yeux des garçons de terminale bluffés.
— Il ne te manque plus qu’une guitare et tous les mecs seront à tes pieds avant la fin du premier trimestre, j’te jure !
Cynthia n’en démordait pas, assise sur un banc, à côté de sa meilleure amie, le sosie craché de leur idole. Quand un regroupement se forma autour d’elle, les téléphones portables instagrammant, tiktokant l’instant pour le rendre immortel.
— Qu’est-ce vous faites ? s’insurgea Cynthia, prenant néanmoins la pose.
— Rien, répondit un beau gosse, on prend juste le banc où s’est vraiment assise Taylor Swift.
C’était Ronan, le joueur de l’équipe de rugby du lycée, le sosie parfait de Travis, le compagnon de la star américaine. Les yeux de Cynthia le juraient tout ce qu’ils pouvaient tandis que les joues de Taylor rougissaient.
C’est le jour « J »…
Le modelage de son visage est terminé depuis plusieurs jours et elle a dû patienter jusque-là pour en vérifier la parfaite réalisation… il est la touche finale après la pose d’implants mammaires, capillaires et le remodelage de la plastique corporelle… taille de guêpe et une belle paire de fesses… le nez et la couleur des yeux… elle est impatiente de voir le résultat final de sa métamorphose…
Après avoir délicatement défait les bandelettes et retiré le masque de protection, le chirurgien qui a réalisé l’opération tend un miroir à sa patiente… hésitante, elle lui dit :
— Docteur, croyez-vous que je puisse ? Mais avant, dites-moi ce que vous en pensez… je ne voudrais pas être déçue…
Il hésite un court instant, mais percevant de l’inquiétude dans le regard de la jeune femme, il se reprend :
— Je vous prie de m’excuser… mais je suis moi-même très surpris par le résultat… c’est extraordinaire… la ressemblance est surprenante… vous… vous êtes elle… c’est incroyable !
Elle prend le miroir des mains du chirurgien, les yeux fermés, elle le place devant son visage… elle ouvre imperceptiblement les paupières, une image floue filtre au travers de ses cils… puis, n’y tenant plus, elle ouvre tout grand ses yeux…
— Non ! Ce n’est pas possible… s’exclame-t-elle… tournant le miroir en tous sens, pour tenter d’apercevoir son profil droit, comme le gauche… c’est incroyable… c’est incroyable ce que vous avez réalisé là docteur… d’un bon elle saute du lit pour se jeter dans les bras du chirurgien…
Elle avise un grand miroir vers lequel elle se précipite afin de vérifier l’intégralité de sa métamorphose… quelle n’est pas sa surprise d’y apercevoir la silhouette de son idole…
— Je suis elle… je suis elle… dit-elle, virevoltant dans la pièce en laissant éclater toute sa joie… je suis Brigitte Bardot à l’âge de vingt ans… Merci, mille mercis docteur, vous êtes un génie ! Comme je suis heureuse, vous ne pouvez pas imaginer docteur. Elle se rapproche de nouveau du grand miroir, tournant à droite et à gauche puis sur elle-même… exaltée par l’inouïe ressemblance… Mais, percevant un petit détail étrange sur son cou, elle s’arrête brusquement… c’est COIN ? COIN… COIN ? Surprise par l’exclamation nasillarde qu’elle vient d’exprimer, elle se tourne vers le chirurgien : Que m’arrive-t-il docteur ? Il me semble avoir couiné comme un canard… PourCOIN ? Encore ! Mais c’est COIN cette histoire…
Le chirurgien baisse la tête et enfonce ses mains dans les poches de sa blouse… le visage défait par une douleur intérieure et l’embarras qui l’anime, il pose sur sa patiente un regard sombre :
— Je dois vous avouer que lors de la métaphore de votre visage, nous avons rencontré un petit problème…
— Lequel docteur, dites-moi la vérité ! Vous me la devez…
— Cela concerne votre arrière-gorge et les cloisons nasales…
— Mais encore docteur, me cachez-vous autre chose ?
— C’est possible… toutes les interventions peuvent révéler des effets inattendus… il y a toujours une part d’inconnu… ce n’est jamais sans risque…
— Je vais donc garder cette anomalie… et probablement pour toujours !
— Je crains que oui ! Et chaque fois que vous essaierez de prononcer QUOI, dans un mot qui le contient… ce sera transformé par COIN…
Cette nouvelle plonge la jeune femme dans une profonde tristesse, elle se jette sur le lit en se prenant la tête entre ses mains…
— Mais pourCOIN ! PourCOIN ! Cependant, au lieu de pleurer en versant des larmes comme tout un chacun, elle émet le couinement du cochon… le chirurgien s’approche et pose une main sur l’épaule de la jeune femme en lui disant : c’est la deuxième anomalie dont je voulais vous parler… et la jeune femme couina de plus belle…
Depuis, la jeune femme vit recluse et elle a retiré tous les miroirs de sa maison… cette histoire n’est pas une leçon de morale, parce que chacun de nous est libre de faire ce qu’il veut de sa vie… et surtout libre dans ses choix, c’est ce que l’on appelle : « Le libre arbitre »…
Une fois le nez refait, des implants capillaires, les lèvres repulpées et la couleur des yeux changée, elle devint le sosie de son idole mais pour la peau, malgré de nombreux essais, le docteur Mabuse n’avait rien pu faire.
Alors le physique de Joséphine Baker et une peau blanche, ça clochait grave.
Elle allait devoir assumer ce physique incongru jusqu’à ses derniers jours.
👍
Mais l’image de l’idole se fissure bientôt. La vedette hypersexualisées subit les contrecoups du succès : un entourage toxique, l’idolâtrie qui flatte l’égo, les paparazzis, les excès et les scandales, la perte des valeurs, la drogue, les excitants et les calmants, l’addiction, la soustraction de sommes énormes dépensées dans des fêtes, les défaites sentimentales puis professionnelles. C’est alors la dépression, le burn-out. L’idole dégringole. Elle tombe de son piédestal. Elle se rase a tête, perd la garde de ses enfants, multiple les amants et les mariages. Elle perd la tête pour finir sous la tutelle de son père.
Parlement le sosie de cette idole déjeune avec des lèvres gonflées, boursoufflées avec des abcès et des douleurs. Le crane rejette les implants en créant des infections à l’image de la dépression de son idole. Il faut alors recourir à nouveau au bistouri afin de ressembler à la nouvelle idole dont elle est « gaga ». Elle va jusqu’à se confectionner une robe viande qui attire les mouches dans son dressing. Elle voit 53 fois son film star et dépense tout son salaire en perruques et tenues approchant l’excentricité de sa vedette culte. Elle en devient cul-culte pour ses amies qui en ont mare de supporter son addiction. Une addiction qui lui coute cher et ne permet pas à sa réelle personnalité de s’éclore. L’adulescente n’est plus décente. Elle chante toute la journée mais déchante lorsqu’on lui dit que c’est faux et dissonant. Ses amis la quittent progressivement et elle perd son travail de commercial. Ses absences et ses tenues trop originales ont fini par indisposer ses employeurs. Plus de labeur, plus de beurre dans les épinards. C’est le désespoir. En l’absence de salaire, c’est les cachets et les bitures, les paradis artificiels. Bientôt la rue la tire par la manche pour l’amener jusqu’à la mendicité. Alors elle chante des refrains chagrins en tendant une escarcelle dans l’attente d’une petite pièce avant de retrouver une tente provisoire qui l’accueille le soir sur un trottoir abrité. Le sol est dur comme sa vie. Le matin elle se réveille avec le mal aux hanches. C’est la déchéance, la descente aux enfers. Laissera-t-elle les ans faire d’elle un ange perdu ? L’avenir le dira mais je ne suis pas optimiste.
Sniff 😓!🐀
Ha! Ha! Ha! C’est de Britney Spears puis Lady Gaga dont j’évoque le vedettariat. et à la place de « Parlement », il fallait lire Parallèlement… Oup j’ai fait une coquille.
Merci pour ta remarque.
Ton histoire est encore plus dure que la mienne….Les pauvres sosies …C’est bien triste comme existence.