732e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

29 réponses

  1. Urso dit :

    Un verre très ébréché, rencontre une tasse complètement fêlée.
    Racontez ce face-à-face.

    C’était la guerre entre eux deux.
    Et pourtant elle était fidèle à lui. Cela faisait des années qu’elle, la tasse complètement fêlée, suivait ce pauvre type de verre très ébréché.
    Il ne pouvait s’en défaire, il avait pris toutes les cuites de la Terre, et elle était toujours là.
    Même dans ses rêves, le verre voyait la tasse et c’était alors de grandes engueulades.

    Un matin le verre en sortant du bistrot et alors qu’il roulait avec sa moto, il se dit que peut-être elle avait disparu cette tasse. Qui n’arrêtait pas de lui coller aux fesses.
    Il ne la voyait plus. Il fut content le verre ébréché. Il accéléra, franchit les deux cent kilomètres heures, les deux cent quarante kilomètres …
    Le verre était heureux. Il se dit que certainement la grande vitesse lui avait permis de se débarrasser de cette colleuse de tasse fêlée.
    Oh ! Oh ! entendit-il. Ça continuait. Oh ! Oh ! Il pensa qu’en roulant très vite ça déclenchait ces Oh ! Oh !
    Il ralentit. Peine perdue les Oh ! Oh ! on continuait à les entendre.
    Brusquement il freina sur une route esseulée en pleine campagne.
    Horreur horreur cria-t-il, la garce de tasse était toujours là, accrochée comme une sangsue à son blouson en cuir jaune rose bonbon.
    Elle, elle riait aux éclats, en lui faisant des ronds d’amour avec sa bouche légèrement édentée.

    Alors le verre comprit que rien rien ne pourrait détruire cette tasse. Elle serait continuellement avec lui. Toute sa vie.
    Il le pensa fort et la tasse était verte hilare.
    Et il relança la machine, la poussa au taquet, lui faisant presque éclater ses belles tripes.
    Le fourbe il avait bien calculé son coup.
    Mais la pauvre elle ne le savait pas. Elle ne le vit qu’après lorsque il était trop tard.
    Elle était en réalité sur une moto volante, supersonique. Cette fois-ci toute et vraiment seule.
    Eh oui, eh oui, mais lui, le verre bien ébréché n’y était plus sur sa moto.
    Il l’avait quittée avant qu’elle monte dans les airs, avait sauté en vol avec un parachute qu’il avait lui même conçu.

    Ah ! Ah ! fit-il alors qu’il était dans un champ en regardant avec des jumelles de compétition, sa moto foncer dans le ciel, avec la tasse agrippée dessus.

    « Oh les amis toutefois tout cela n’est pas encore fini ».

    La moto était ensorcelée et survolait à présent, avec la tasse qui y était toujours rivée, un volcan rouge et gris de colère.
    Qui aussi ayant trop mangé et bu, et pour cette raison vomissant des matériaux de plusieurs couleurs.
    À présent c’était au tour du verre d’être hilare, il allait enfin en finir avec cette misérable tasse.
    Il se dit qu’avec la chaleur intense due au volcan en éruption, elle allait fondre comme plusieurs flocons de neige au soleil.

    Mais ce qu’il ne pouvait concevoir c’est qu’elle aussi, la tasse fêlée, avait plus d’un tour dans son chapeau.
    Tout à coup sortant une allumette de sa poche droite, elle la frotta sur la moto qui commençait à fondre.
    Et le miracle se produisit : brusquement la tasse se décolla, se libéra de la moto endiablée.
    La tasse toujours fêlée en profita pour aller faire quelques tours dans l’univers.
    Mais tel un clou bien enfoncé, elle conserva dans sa tête cette idée bien ancrée, qu’un jour ou l’autre, elle allait retrouver son cher verre très ébréché.
    Afin de revivre avec lui de nouvelles aventures assez cocasses et pourquoi pas quelque peu cabossées.

  2. À force d’être un verre satile, il en était devenu ébréché et voulant se noyer dans des considérations oiseuses, il avait bu la tasse. Mais comme celle-ci était fêlée, ce qui devait arriver, arriva. Ils se retrouvèrent vite à court de liquide : c’est vrai qu’à les regarder, ils ne payaient pas de mine. Mais le verre voulut néanmoins glisser un billet doux à la tasse, qui, horrifiée par cette outrecuidance, eut vite fait de lui rendre la monnaie de sa pièce. Le verre en devint rouge de honte et ne savait comment recoller les morceaux. La tasse, elle, remontant dans sa soucoupe volante, préféra prendre la poudre d’escampette laissant le verre à pied d’œuvre…

  3. Françoise Rousseaux dit :

    Sur la toile cirée, la renard et la cigogne se faisaient face.
    «  Compère renard se mit un jour en frais… » l’enfant récitait lentement ; il lui fallut s’y reprendre à plusieurs fois pour arriver au bout de la fable. Les deux protagonistes sur la table ne se lassaient pas. Et leur interprétation était très crédible. Il décida de leur proposer un nouveau rôle : la cigale et la fourmi.
    « La cigale ayant chanté tout l’été..  » et c’était reparti. Il récitait, tout en manipulant la cigale et la fourmi sur la table. Cette fois, un seul essai suffit. Content de lui, il rembraya sur une troisième fable : «  les animaux malades de la peste ». Ah, mais là, ça n’allait plus. Il lui fallait plus de deux interprètes. Il aurait pu aller en chercher d’autres dans le vaisselier, mais sa mère ne serait pas d’accord. Il lui avait pourtant expliqué qu’en classe, ils travaillaient sur les fables de La Fontaine. La maîtresse leur avait demandé d’en choisir trois et de les apprendre par coeur. Elle leur avait conseillé d’utiliser des objets pour interpréter les personnages des fables, cela les aiderait.
    « N’importe quel objet, avait-elle dit, un verre, une tasse, un couteau, une fourchette… »
    « – Et puis quoi encore, avait rétorqué sa mère, apprendre les fables de La Fontaine avec de la vaisselle ! »
    Il avait eu l’air tellement désespéré qu’elle lui avait donné un verre ébréché et une tasse fêlée, en lui précisant que ce serait sa seule concession à la pédagogie moderne.
    Finalement, il décida de faire jouer plusieurs personnages au verre et à la tasse, et c’est ainsi qu’il parvint à mémoriser « Les animaux malades de la peste » . Pour récompenser ses interprètes, il leur trouva une place de choix dans la petite vitrine où il exposait ses objets précieux. Hélas, quand sa mère les découvrit en faisant le ménage dans sa chambre, elle les récupéra et les jeta à la poubelle. Là, on ne s’attardera pas à méditer sur les fluctuations de l’amour maternel. L’enfant a grandi, il est devenu adulte. Quand on le visite en son appartement, on remarque sur une étagère du salon un très beau recueil des fables de La Fontaine, voisinant avec une tablette sur laquelle sont posés un verre ébréché et une tasse fêlée. Ses amis sont intrigués par cet étrange face-à-face, mais après tout, chacun ses goûts !
    Et puis quand on est capable de réciter par coeur un nombre impressionnant de fables, on a bien le droit d’avoir des petites lubies !

  4. Catherine M.S dit :

    Un verre très ebreche
    Rencontre une tasse complètement fêlée
    Cette rencontre de deux imperfections
    Se passe un jour au Japon
    Le verre, très diminué
    A néanmoins été fort ému
    Devant cette tasse quelque peu abattue
    D’avoir perdu son ancienne beauté
    Mais il lui a vite signifié
    Que ce n’était nullement une calamité
    Et encore moins une fatalité
    Ému aux larmes
    Tombé sous son charme
    Il décida de contrer ce sort infâme
    Et de l’amener chez un orfèvre de l’âme
    Un maître en kintsugi
    Reconnu dans tout le pays
    Pour savoir magnifier
    Sublimer
    Toutes les tasses brisées
    Les fêlures étaient sa tasse de thé
    Un peu de laque, de poussière d’or
    Beaucoup de sérénité
    Une dose de réconfort
    Et le tour était joué

    Une tasse réparée
    Deux cœurs en fusion
    Émotions à foison
    Au pays nippon

  5. Françoise Maddens dit :

    Au fond d’un évier rempli à moitié d’eau chaude où moussait un produit vaisselle, un verre très ébréché fut heurté par une tasse complétement fêlée. Cette dernière cria « ouille ».
    -Celui-ci lui demanda si elle avait mal.
    – mal non mais j’ai l’impression que je vais finir ma vie en mille morceaux,
    – je crois que vous exagérez un peu ! Regardez-moi je suis ébréché mais mon propriétaire continue à me servir chaque soir un verre de whisky à ras bord. Vous me croirez si vous voulez mais j’aime l’odeur de cet alcool, je la hume avec délice, et dans mes rêves c’est mon propriétaire un peu ivre qui m’a ébréché contre un comptoir de bistrot .
    Soudain des mains les essuyèrent et les rangèrent sur une planche de placard.
    Tous deux étaient sûrs que demain ils se reverraient.

  6. Rose Marie Huguet dit :

    Un verre très ébréché, rencontre une tasse complètement fêlée.
    Racontez ce face-à-face.

    Il se trouvait dans un squat. Tout était sombre et puant. Il entrevoyait des corps affalés sur des matelas qui avaient connu une meilleure vie. Il y avait des objets des plus hétéroclites parsemés de partout.
    Il avait mal aux côtes, comme s’il était ébréché. Mouais, c’était ça. La soirée avait été rude. Il se rappelait qu’il y a pas si longtemps il trônait dans une devanture. Il était beau, élégant, ses traits étaient fins. Un jour une main rugueuse aux ongles noirs de crasse le saisit, le fourra dans une poche poubelle et l’installa dans ce squat. Plus personne ne prêta attention à sa délicatesse. Il vit se déverser en lui des liquides insoupçonnés et insoupçonnables. Il allait de bouche en bouche, de la plus fétide à la plus édentée.
    Les mixtures qu’il accueillait bien malgré lui, commencèrent à avoir raison de son teint. L’indifférence des mains qui le saisissaient, lui provoquèrent des cicatrices ineffaçables. Chaque jour il se sentait de plus en plus fragilisé. Il ne tenait plus qu’à un fil.
    Il y avait encore en lui les restes d’une mixture qui lui fendait les tripes. Il était d’ailleurs allongé sur un vieux journal tout graisseux. Sa vision devenait trouble. Les innombrables traces de doigts, plus aucune douche depuis son enlèvement avaient considérablement affecté sa belle transparente vision.
    Il reconnut malgré tout à côté de lui l’élégance et la délicatesse d’une magnifique tasse. Il aurait parié qu’elle était en porcelaine.
    Elle semblait comme lui, l’ex verre en pur crystal. Elle était décrépite. Son lustre n’était plus qu’un lointain souvenir.

    Elle aussi l’avait remarqué. Ils avaient été façonnés pour un monde fait de luxe, d’insouciance, de frivolités et de faux semblants.

    Il s’enhardit et lui demanda d’où elle venait. Elle avait saisie lors d’un cambriolage chez le duc et la duchesse de Snoblemonde. Avant d’atterrir dans ce bouge, elle était le contenant des meilleurs thés du monde dégustés par les plus fines bouches de la très haute société. Elle avait eu droit aux meilleurs rouge à lèvres, aux moustaches finement dessinées et parfumées. Elle a avait connu la délicatesse des mains, des produits de nettoyage, les vitrines de velours sur lesquelles elle reposait.
    Et puis, qu’est-ce que cela peut bien te foutre d’où je viens ? Je t’en pose des questions ?
    Continue donc à cuver et fiche moi la paix. T’es complètement ébréché, tu ne tiens même plus debout. Pouah !

    Oh ! La duchesse, descend de ton nuage de lait ! Tu crois que t’es belle à voir avec tes fêlures rafistolées avec du chewing-gum et ta tête qui part en vrille ? Arrête ton cinéma. Ici t’es plus rien, pas la peine de me snober.

    Ce que tu peux être petit. Tu manques d’orgueil, tu n’as aucune ambition. Crystal, tu parles ! T’as jamais connu la délicatesse des bulles d’un champagne millésimé, tu ne connais rien à rien ! Moi au moins je sais me tenir à une table, toi tu ne sais même pas ce que c’est.

    Ha ha ! A quoi ça te sert ici ? Jamais plus tu ne retrouveras ton ex monde, celui qui te fait perdre le caberlot. Moi au moins, j’ai conservé ma tête.

    Ta tête ? Quelle tête ? T’en as jamais eu ! La preuve, tu te complais dans ce lieu sordide au milieu de ces fantômes sans même te poser de questions. Tu finiras explosé contre un mur.

    Laisse moi rire !! Qu’est-ce que t’es entrain de faire ? Hein ! Dis-moi. T’es là vautrée sur ce vieux canard, terne, rongée par la vermine à discuter avec une fêlure. Voilà ton nouveau rang dans la société, que tu le veuilles ou pas. T’es complètement barge.

    Je ne te permets pas de me traiter de la sorte, toi la grande brèche. Je réfléchis à la meilleure stratégie pour récupérer ma place dans la sphère qui fut la mienne. Un bon plan prend du temps, mais comment pourrais-tu comprendre cela ?

    T’es vraiment chtarbée ma vieille ! C’est ton problème. Pour ta gouverne, ta réalité est sous ton nez.

    T’es qu’un perdant. Casse-toi de ma vue !

    Brusquement des sirènes hurlantes, des cris, des bruits stridents, des hommes cagoulés armés de barres de fer fracassent tout ce qui se trouve sur leur chemin.

    Fêlure et ébréché se sont retrouvés au sol, brisés en mille morceaux, unis à tout jamais dans les décombres.

    Comme quoi, rien ni personne n’échappe à son destin.

  7. iris79 dit :

    Un verre très ébréché, rencontre une tasse complètement fêlée.
    Racontez ce face-à-face.
    V :Bonjour
    T :Bonjour. Bienvenue dans le placard des rebus. T’es nouveau, je ne t’avais pas remarqué. Qu’est-ce qui t’ai arrivé ?
    V : c’est la petite qui a voulu aider à ranger la vaisselle et vlan, j’ai heurté l’évier. J’ai vu trente-six chandelles ! Heureusement que je suis un cadeau de famille. J’ai été offert lorsqu’ils ont emménagé ici. On est six dans la famille. Les cinq autres vont bien. Je ne les verrai plus jamais…J’ai le cœur brisé. Et toi ?
    T : Moi ? J’ai une migraine de dingue depuis que la grand-mère a raté la cible de la soucoupe pour son quatre-vingt-dixième anniversaire. Je suis fêlée et pas qu’un peu. Je pense qu’ils m’ont gardé parce que je suis arrivée le jour de leur mariage et que j’ai été offert par la tante préférée de la mariée mais là, ça commence à faire long. Et puis j’en ai vraiment assez d’entendre toutes les autres tintinnabuler sur la table les samedis soirs ou dimanches midi.
    V : est-ce que vous sortez de temps en temps ?
    T : je vais pas te mentir, c’est hyper rare ! quand madame est otue seule, ce qui arrive parfois, elle ne fait pas de chichi et mange avec de la vaisselle dépareillée. Ces jours-là, on est de sortie. Ca fait un bien fou mais il y en a qui ont plus de chance que d’autres. Le bol breton par exemple, ben lui avec ses couleurs fadasses et son oreille coupée, il a quand même tous les honneurs…
    V : oh mon dieu mais moi avec mon rebord accidenté, aucune chance que je ne retouche une autre bouche. C’était quand même le sens de ma vie, qu’est-ce que je vais devenir ?
    T : ne panique pas ! j’en ai vu des plus ébréchés qui avait une seconde vie ; tu vas surement servir de verre doseur pour le jardin ou le bricolage.
    V : ah bon tu crois ? Mais je n’ai pas envie d’être seul. Je crois que je préfèrerais encore finir à la casse. Au moins je pourrais renaitre de mes cendres et ce sera toujours moins déprimant que d’attendre dans ce placard. Toi, tu as un véritable avenir tu sais. Quand j’ai eu mon accident, justement j’ai entendu à la radio un reportage sur l’art très en vogue ; le kintsugi je crois…
    T ; oui je t’avoue que j’en ai déjà entendu parler et que je m’accroche à cet espoir. Mais tu sais, avec le développement durable et la valorisation du recyclage, toi, tu as toutes les chances de vivre une autre vie.
    V : attention, j’entends des pas, regarde la porte va s’ouvrir. Faites que la lumière du salon irradie sur nous ! Qu’elle nous voie et nous prenne ! Ah mon dieu, elle a un carton !
    T : oui, on dirait bien que cette fois on doivent quitter les lieux. Bon sang mais je rêve ! Pour laisser la place à des verres en plastique !

  8. Alain Granger dit :

    Tasse habitait Fayence, loin de l’anse de Saint Raphael. Ce fut un coup de bol qu’elle rencontre Verre, lui qui préférait se baigner plutôt que de crapahuter dans l’arrière pays. Verre était-il devin ? On ne le sait mais ce jour là il avait suivi son amie Carafe qui avait pris de la bouteille. Grimper dans les ruelles de Fayence allait leur faire du bien. Carafe l’aiguilla jusqu’à la tour de l’horloge, le point culminant du village. De là-haut ils embrassèrent la plaine du Var tandis que Tasse embrassait sa cousine Mug qui mugissait de plaisir face à ce spectacle époustouflant. Tasse et Verre échangèrent un regard. Et comme Verre n’était pas transparent, Tasse ne vit que ses yeux, des yeux verts émeraude. Elle s’avança vers lui. Il fit un pas vers elle mais trébucha. Il se prit tout de suite la cheville dans les mains en grimaçant. Heureusement, il n’avait pas les os de verre. Verre était simplement fragile, il cassait facilement. Sa mère était née Cristal et lui avait transmis sa fragilité. Il semblait tassé sur lui-même, presque honteux de sa chute. Il savait depuis longtemps qu’il était ébréché, cassé par une vie qui lui avait mis des coups. Tasse lui tendit la main pour l’aider à se relever. Verre oublia sa douleur pour remplir jouir du bonheur de parler à cette tasse canard, si distinguée avec son long bec verseur. Il lui dit :
    – Vous savez, marcher n’est pas ma tasse de thé. Sur terre, et surtout en montée, je suis maladroit. Je préfère de beaucoup la natation.
    – Quant à moi, c’est l’inverse. La baignade me fait peur. Je ne sais pas nager. Je crains toujours de boire la tasse.
    – Je vous apprendrai si vous me faites confiance. Vous verrez, c’est très agréable. Ne craignez rien, je saurai vous protéger. Vous savez, j’ai du plomb dans la tête et suis très pédagogue.
    – J’ai eu une mauvaise expérience lorsque j’étais très jeune. Une vague m’a fait tomber et je ne parvenais pas à me relever. Kaolin et ses copains se sont moqués de moi ; et moi je n’aime pas quand mes potes rient.
    – Je vous promets de ne pas me moquer. Avec moi vous dépasserez votre plafond de verre, je vous le promets.
    – C’est gentil à vous. Mais je vous préviens, on dit que je suis un peu fêlée.
    – Ce n’est pas grave. Comme vous voyez, moi je suis bien ébréché. On se réparera mutuellement.
    Pendant qu’une idylle naissait sous leurs yeux, Carafe et Mug se regardait, les yeux écarquillés. Ils avaient été complètement oubliés. Avec Tasse à ses côtés, Verre commençait à emprunter les marches conduisant à la ville basse, sans avoir tourné la tête vers eux. Dans la descente vers la mairie, Verre apprit que Tasse était née Porcelaine par sa mère à Limoge et que son père venait de Saxe. L’air se rafraichissait. Verre ôta sa veste pour en recouvrir les épaules de sa voisine. Tasse accepta la laine de Verre. Elle se dit : « Ce Verre est très gentil. Il me semble être une bonne pâte ». Elle prévoyait de consigner sa rencontre dans son journal, là où elle enfilait ses pantoufles de vair pour vivre ses rêves. Lorsqu’il tenta de l’embrasser, elle se détourna en lui disant :
    – C’est un peu tôt. Il arrive beaucoup de choses entre la bouche et le verre. Beaucoup d’hommes ressemblent au verre, si uni, si poli et si doux au toucher tant qu’on ne le froisse ni ne le brise, mais qui devient alors singulièrement tranchant, et dont tous les éclats blessent.
    – Pardonnez-moi, j’ai été maladroit. Je ne connais pas votre passé. Vous avez dû être blessée par un homme et devenez aujourd’hui méfiante.
    – Effectivement, j’ai fréquenté un membre du parquet qui buvait. Quand il buvait trop il devenait violent. Sachez que la loi vacille quand le juge tient un verre en main.
    – Que c’est sagement dit. Vous me paressez beaucoup moins fêlée que vous ne le dites. Un verre ça va, 3 verres bonjours les dégâts.
    – C’est tout à fait ce que j’ai subi. Alors…pardonnez-moi. Nous devrons avancer pas à pas vi vous voulez que nous fassions route ensemble. .
    – Je serai le bâton sur lequel vous pourrez vous appuyer sur la route de votre bonheur.
    – Je l’espère de tout cœur.

  9. 🐻 Luron'Ours dit :

    732/COMME UN CHEVEU La tasse était tellement fêlée qu’elle s’en était aperçue. Le verre quelque peu ébréché faisait bonne contenance. Il n’était pas d’usage ni qu’elle parle ni qu’il s’exprime. Nous leur servirons de truchement. Toute honte bue à vous et la tasse, j’en ai trop fait, j’étais une minaudeuse, le petit doigt levé, j’en avais ras la coupe du Ceylan à la bergamote, du juste un nuage de lait, du un cordial vous n’y pensez pas ! Je me glorifiais de mes grains de riz dans la porcelaine de Chine. Est-ce un titre de gloire ? Ma chère, s’étonna le verre-galant, vous êtes trop humble, souffrez que je vous tienne la jambe. Moi, je ne sais comment ça s’est fait mais on me négligeait. Je suis ébréché. Une rage dedans, j’en perds mon timbre, quoi que je garde ma contenance. Et on me relève. Je n’y entrave que pouic se disait impéto la tasse. De quoi se plaint-il, moi je ne suis pas jouasse mais lui il est trop vénère n r v (ndlr). Il me court sur le haricot ce hanap-là. C’était au tour du verre de faire le gracieux. Voyez vous ça ! C’est qu’elle est dessalée celle-là. Elle ne boit pas que de l’eau de rose. Prout ma chère, dans quel état j’èrre ? Avec elle je suis sur la brèche ciao, je vais prendre un glass avec les copines. 🐻

  10. mijoroy dit :

    LA TASSE : (jalouse des ronds de jambe du verre à une tasse de Noël aux jupons délicats)
    Vous êtes en pamoison devant ce minois qui ma foi semble faire défaut,
    À la pâle moitié dont vous êtes étreint,
    Ainsi que tout talent et même le plus sot,
    Qui n’orne même pas son pauvre esprit éteint
    LE VERRE :
    Ah! Quel vil argument d’attaquer ses disgrâces,
    Elle est femme d’honneur, vous mégère fadasse,
    Elle pond des sonnets, et vous des boniments,
    Elle a autant d’esprit que vous avez d’amants.
    LA TASSE :
    Je crois mon pauvre ami qu’il vous faut reconnaître
    Qu’il ne vous suffit pas de soigner le paraître
    Car il faut se montrer beaucoup plus que galant
    Avant de s’attaquer aux femmes de talent !
    LE VERRE ☹ s’approche et salue avec révérence et respects dus la dévote :
    Sachez brave amie, que vos fêlures de bigote empestent
    Ce qui me navre. Il est vrai que les vieilles biques sont pires que la peste.
    Apprenez que je hais qui prétend voir dans l’ambre de l’avenir
    L’ombre de ses plus inavouables souvenirs…

  11. Gilaber de Florates dit :

    Son rire cristallin commençait à l’énerver… par un pur hasard, ils s’étaient retrouvés côte à côte sur la même table à la célèbre braderie de Lille. Lui le verre à whisky en cristal ébréché, survivant orphelin d’une fratrie de six frères, et elle, une vieille tasse de porcelaine jaunie, à la bordure au doré fané et au style d’un début de siècle oublié… dont la face qu’il pouvait en distinguer, était marquée d’une profonde ride qui partait du haut, suivait le galbe de sa forme pour s’arrêter sur la rondeur de son fond… que s’étaient-ils dit ce jour-là…

    — Hé ! Cesse donc de me reluquer de la sorte, cela devient gênant…
    — Je me disais que pour être marquée de la sorte, tu n’avais pas dû avoir une vie facile !
    — Traite-moi aussi de vieille peau ! Tu te trompes sur mon compte… ma vie a été très belle… et toi, depuis quand n’as-tu plus regardé ton reflet dans une glace ? Tu es ébréché sur le bord, cela fait penser à une lèvre éclatée par un coup de poing… tu n’es peut-être qu’un voyou ! Le rire cristallin avait retenti de nouveau…
    — Pas du tout… je suis une victime collatérale…
    — Du choc entre deux générations peut-être !
    — Non, pas du tout ! Je cumule simplement un nombre conséquent de joyeuses fêtes, au cours duquel avec mes frères, nous nous sommes souvent fraternellement cognés… mais eux, les pauvres, ils n’ont pas survécu…
    — Tu ne vas pas me faire croire que c’est à cause de gens qui ont bu que tes frères ont trinqué ! Arrête ton baratin, tu n’arriveras pas à m’arracher une seule larme. Mais, voilà où conduisent les excès de beuveries, à vouloir s’éclater… on finit par casser sa pipe… s’éclater… elle est bien bonne celle-là, avait dit la tasse dans un ricanement étouffé…
    — Je t’entends… arrête ce petit rire sournois ! Mais, je la vois cette petite larme que tu cherches à me cacher…
    — C’est mon côté bipolaire. Je peux passer d’un état euphorique à la plus profonde déprime… Comme tu as pu le constater… je suis fêlée… C’est sur moi que je pleure. Avant cela, au temps où la blancheur de ma porcelaine était éclatante, j’ai connu de beaux moments auprès d’un prince. Je me souviens de la délicatesse de ses doigts lorsqu’ils m’attrapaient par la volute de l’anse pour me porter à la douceur de ses lèvres… ce contact avait tout de la sensualité d’un baiser… ce petit bonheur du thé de nos seize heures me rendait heureuse… mais le temps est trop vite passé. Mon beau prince a vieilli et ses gestes sont devenus hasardeux… jusqu’au jour où, dans un mauvais réflexe pour me saisir, il m’a fait tomber… et, quand il a vu mon état, il m’a mise au rebut. J’étais folle de rage et jalouse de celle qui a pris ma place. Mais que pouvais-je y faire, seule dans mon coin, je pleurais sur mon bonheur perdu en rongeant mon frein et voilà le résultat… Je suis fêlée, au sens propre comme au figuré… Mais quoi qu’il en soit, toi et moi, nous n’avons rien en commun.
    — C’est vrai ! De mon côté, durant des années, je suis passé dans toutes sortes de mains… certaines étaient douces et d’autres calleuses… Mais, le plus intéressant, c’était la réaction de toutes ses personnes, aussi différentes que l’étaient leurs physionomies… il y avait celles que les boissons alcoolisées rendaient gaies et qui débitaient de blagues niaises, dont la chute ne faisait rire personne, à part eux-mêmes… Les meilleures étaient les autres, celles que ça rendait tristes et qui pleuraient sur leur vie ratée… la déception que leur procuraient les enfants… le job qu’ils n’aimaient pas et le petit salaire qui allait avec… le trop d’impôts… leur petit pouvoir d’achat… les politiques décevants… le Président de la République, pour lequel ils juraient ne pas avoir voté…
    Effectivement, nous n’avons pas vécu les mêmes choses… Nos chemins de vie sont à l’opposé l’un de l’autre… et, si nous ne trouvons pas preneurs, notre fin de vie le sera également… Après avoir fait le bonheur de personnes que nous pensions aimantes, nous avons échoué ici et je ne voudrais pas te paraître pessimiste sur notre devenir… Mais la porcelaine, n’est pas recyclable et de mon côté, je serai probablement fondu avec d’autres produits de matières inférieures à la mienne et, qui sait… je reprendrai peut-être vie comme verre de tous les jours et que l’on trouve en quantité dans tous les magasins à bas prix…

  12. Grumpy dit :

    – Mon pauvre vieux, ça ne s’arrange pas chez toi ? De plus en plus ébréché, évidemment si tu évitais de t’émécher tous les soirs …

    – Oui je picole toujours autant, au moins ça, ça me fait passer l’amertume. Et toi, tu te crois toujours belle et fraîche ? Change tes lunettes ma vieille, tu sais quoi ? Tu verras la vérité en face en ce qui concerne la tienne.

    – Tu veux dire que je suis complètement fêlée ?

    – Exactement !

    . Très vexée de devoir encaisser la réalité, la tasse se place bien en face de lui, prend un peu de recul et lui fonce dedans tête baissée comme elle l’a vu faire aux arènes.

    Elle a gagné, le verre a explosé, en petits morceaux dans tous les coins, elle en a plein les cheveux.

    Contente d’elle, elle se dit «  il était dur Alex mais je l’ai eu  »

  13. FANNY DUMOND dit :

    – Pousse-toi de là, retourne dans ton compartiment, bafouilla verre ébréché.

    – C’est quand même pas ma faute, si elle m’a placée au mauvais endroit dans ce lave-vaisselle, s’énerva la tasse complètement folle de rage. Je remarque que tu as encore eu ta dose aujourd’hui ; il devrait s’inscrire aux AA.

    – Ne me parle pas de malheur, je passerai directement à la poubelle s’il remarquait que je suis ébréché. En plus de ça, je suis son verre préféré et j’étais tellement culotté que la lumière ne passait plus à travers moi. Quelle belle invention cet appareil ! Et toi, à force qu’elle se gorge de café à longueur de journée pour tenir le choc, tu es devenue folle à lier.

    – Il est bien connu que la caféine énerve et comme j’en suis imprégnée, je fais comme elle qui n’a pas encore remarqué que mon anse ne va pas tarder à prendre la tangente. Je serai la première à rejoindre la poubelle.

    – Quand il remarquera que je lui blesse la lèvre, je te rejoindrai.

    – Peut-être ben que oui, peut-être bien que non. Le verre est recyclé, tandis que moi, je ne sais pas où je finirai.

    – Ouais, et au plaisir de ne plus te revoir.

    – Goujat ! s’agaça la tasse qui en perdit sa poignée quand l’eau chaude l’arrosa.

    – Ah, ah, tu es devenue un mazagran, se tordit-il de rire.

    – Rira bien qui rira le dernier, je peux encore servir d’autant plus que je suis un cadeau de son fils qui a fait tatouer son prénom sur mon corps. J’aime à croire que je suis sa préférée.

    Lorsque le lave-vaisselle fut ouvert, la shootée à l’Arabica, incrédule et désespérée, les retrouva emboités l’un dans l’autre. Puis, malhabile pour les séparer, l’histoire ne dit pas ce qu’elle fit de ces deux-là.

  14. Nouchka dit :

    – Je ne te comprends pas, dit un jour un vieux verre, Duralex Gigogne n°5, ébréché
    – Que ne comprends-tu ? s’enquit la tasse bleue et or qui lui fait face
    – Je ne comprends pas pourquoi tu t’obstines à servir des boissons chaudes dans ta céramique raccommodée.
    – Sans doute pourrais-je te poser la même question : Pourquoi acceptes-tu de te laisser remplir alors que tu es maintenant un vieux verre ébréché qui pourrait laisser le service à d’autres plus fins, plus stables et moins ternes.
    – Tu fais bien de me poser la question. Je suis LE verre que Monsieur utilise depuis des décennies pour s’abreuver du vin qu’il affectionne. A chaque repas, il me remplit à ras-bord une unique fois, en début de repas. Il sait que c’est la dose de raisin fermenté à laquelle il doit se tenir.
    – Monsieur pourrait en faire de même avec un autre verre, moins affadi par le temps et non ébréché.
    – Non, je crains que non. Ma forme et ma contenance ne sont plus très courantes et Monsieur m’apprécie depuis si longtemps… !
    Mais, parlons de toi maintenant. Tu étais une céramique de qualité, affectionnée par Madame jusqu’à ce que le chat ne te pousse, te fasse rouler au sol et te brise en partie.
    – Et oui, c’est la vie. Toi, tu es dit incassable, ce qui n’est pas exact puisque tu es ébréché et moi, je suis friable et susceptible d’être fêlée comme beaucoup d’objets uniques. L’amie de Madame qui m’a modelé m’a fait objet d’exception aux yeux de Madame.
    Après que le chat m’a fait valdingué, Madame a eu le cœur brisé. L’unique souvenir de son amie était détruit et cette cassure lui a fait revivre leur séparation. C’est pour cela qu’elle a cherché à faire réparer la céramique cassée avec de l’or plutôt que de la jeter. C’est le principe du kintsugi, cet art traditionnel japonais qui consiste à mettre en valeur les fêlures et les cassures. Avec de la laque et de l’or, les cicatrices de l’objet prennent vie. Madame, à qui ma réparation a coûté fort chère, me chérit encore plus qu’avant la chute. Personne en dehors d’elle n’est autorisée à me manipuler. C’est un peu comme si son amie revivait à travers moi. Je suis tasse et relique. Objet de toutes les attentions et fière de l’être.
    – En fin de compte, nous avons un peu la même démarche : durer dans le temps, remplir l’office pour lequel nous avons été créé et satisfaire celui ou celle qui nous utilise au quotidien.
    Nous leur devons bien de nous préférer à tous les autres objets de la maison qu’ils pourraient choisir pour nous remplacer.

  15. Michel-Denis ROBERT dit :

    – Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?
    – Oh ! C’est une vieille histoire. Je ne vais pas te raconter ça dans un évier. Tiens ! la mousse, ça me rappelle l’écume de mer.
    – Je t’offre un verre !
    – Je te vois venir avec tes décalcomanies. Tu vas me faire le coup du père François.
    – Quand même je suis gentleman ! On pourrait faire une balade à pied.
    – Avec ton pied estropié !
    – Oh, bien vu, tu m’as l’air poétesse ! c’est ça ?
    – Tu me prends pour un pétasse ?
    – Tu n’as pas bien compris, poétesse, c’est comme une artiste. Elle a toujours des bons mots.
    – Ah bon, tu crois ! Et toi, qu’est-ce qui est arrivé à ton pied estropié ? Tu viens d’où d’abord, je ne t’ai jamais vu dans le coin ?
    – Dijon.
    – Ah, c’est beau Dijon. C’est une belle ville ! Il font des bas là-bas dans les Côtes du Nord !
    – Des bas ?
    – Oui, tu connais les bas Dijon ?
    – D’abord c’est pas les Côtes du Nord, c’est un département qui n’existe plus.
    – Ah, c’est pour ça qu’il t’ont viré, c’est ça ? Je sais, on dit les Côtes d’Armor. Justement, j’en viens.
    – Et puis, qu’est-ce que tu me parles de badigeons ?
    – Je plaisante. Tu faisais quoi là-bas ?
    – Dijon, c’est en Côte d’Or.
    – Ah, ça y est, j’ai trouvé. Ce sont des collants en laine qu’ils font à Dijon. Une maille à l’envers, une maille à l’endroit. Et Côte d’Or, c’est à cause de la couleur de la moutarde.
    – J’ai l’impression qu’elle va me monter au nez, oui, tout à coup ! Et tu faisais quoi dans les Côtes d’Armor ?
    – A cause d’un gum.
    – Un gum ?
    – Oui, un mug si tu veux. Il me l’a fait à l’envers. Il est devenu alcoolique et il a voulu me faire boire.
    – La tasse ?
    – Si tu veux. C’est pour ça que ch’ui un peu fêlée.

    – Tu me prends pour une pétasse,

  16. Nadine de Bernardy dit :

    Et quand je dis ébréché, c’est ébréché, pas ébréchouillé ou à demi ébréché, d’ailleurs il ne se déplaçait plus dur son pied mais roulait de droite à gauche sur le zinc du bistro, si bien qu’il heurta une tasse complètement fêlée qui cria :
    Du diable manant, que fîtes vous, vous me heurtâtes, ne vîtes vous donc point que j’étais sur votre chemin ?
    Heu! j’vous d’mande pardon m’dame, j’espère que j’vous ai pas fait trop mal.
    On ne peux dire que notre collision fut néfaste à ma fêlure intérieure, mais je ne saurai en dire autant de celle de ma porcelaine, me voilà donc comme vous un tantinet ébréchée.
    J’peux t’y vous offrir quéque chose à boire bredouilla le verre, impressionné par ce langage précieux. Pasque moi j’ai besoin d’un p’tit remontant après ça, un rhum s’rait pas de refus.
    Pouah, un rhum, vous n’y songez point, mais une verveine me ferait le plus grand bien, avec deux sucres si possible
    Le verre passa la commande.
    Une potion d’herbe pour la dame et un rhum bien tassé pour moi
    Emoustillée par la situation, la tasse demanda discrètement :
    Peut être auriez vous l’extrême amabilité de verser quelques gouttes de ce grossier breuvage dans mon infusion, tant qu’à être fêlée, allons y à la bonne franquette comme vous diriez chez vous.
    L’ébréché versa une bonne rasade de son taffia à sa voisine qui se dérida aussitôt, tanguant de l’anse, virevoltant dans sa soucoupe en riant comme une vraie fêlée.
    Youpee ! Il nous faudra remettre ça, c’est trop hilarant.
    Le verre, rose de plaisir, lui claqua la bise puis chacun repartit dans son chez soi, satisfait et parfaitement imbibé.

  17. camomille dit :

    – T’as pas soif ?
    – Oui mais je suis complètement fêlée… Et toi ? T’as pas soif ?
    – Oui mais je suis très ébréché…
    – On fait comment alors?
    – Éh bien, brisons la glace et TRINQUONS !
    – Mais ça veut rien dire ?
    – Je sais… Mais j’ai soif !

  18. Jean Marc Durand dit :

    Place au direct….. « Du parvis de Notre Dame de Paris ».

    Un verre très ébréché aurait rencontré une tasse fêlée. Le choc bien que discret a été supposé à priori réel. En attendant plus de détails. Malgré la présence de nos journalistes sur le terrain, aucun de leurs échanges n’a pu être capté. On ne peut que présumer le contenu de leur conversation, semble-t-il poli mais agité.

    Nous attendons, dans l’urgence, l’intervention de Mr Bouteille, grand spécialiste des récipients, de leurs contenus et de leurs contenants (en un mot). Il va tenter de nous aider à décrypter le pourquoi et le comment de l’accrochage, ainsi que la nouvelle proposition de loi du ministre de l’hygiène publique sur les abus d’alcools et de cafés dans les avenues des pouvoirs.

    « Bonjour Monsieur Bouteille. Bienvenue sur le plateau. Avant toute chose, je tiens à rappeler la sortie de votre dernier ouvrage : « Surboum dans le vaisselier »

    Alors Mr Bouteille, votre sentiment ?

    Euh et bien…euh…. Bon…hein… dans cette histoire, comme disait le fin gastronome Hubert de la Vilebedaine, il y a à boire et à manger…hum !

    Ah, je m’excuse de vous interrompre, notre journaliste Marc Poilu, en direct du parvis, nous signale un élément éventuellement essentiel. La tasse aurait eu un malaise…..

    Etc…etc…

  19. Antonio dit :

    — Qu’est-ce qu’il vous est arrivé ? Mon pauvre vieux, vous êtes complètement amoché.
    — Un accident. Je ne préfère pas en parler.
    — Je déteste passer par là. Et vous ?
    — M’en parlez pas !
    — Décidément ! On ne peut parler de rien avec vous.
    — Je ne suis pas d’humeur, c’est tout. Je viens de perdre un ami.
    — Ah ! ça m’intéresse. Peut-être que je le connais.
    — Ça m’étonnerait, il ne fréquente pas la bourgeoisie, sans vouloir vous manquer de respect.
    — Trop tard, c’est fait. Et la bourgeoise vous emmerde. Elle aussi a ses problèmes. Je viens de filer mon bas, à me cogner des pétasses qui réchauffent leur thé dans un four à 200 degrés avant de le refroidir au frigo parce qu’elles le trouvent brûlant. Regardez, c’est irrécupérable. Je vais finir sur le trottoir après ce programme de lavage, c’est sûr. Il y a des chances que l’on s’y retrouve. Vous n’êtes pas beau à voir. Celui qui vous a fait ça devait avoir une sacrée dent contre vous.
    — Fumier !
    — Ah ! Voilà un premier mot intéressant. Mais encore. Je le connais ?
    Non !
    — Encore un prolo, un paysan, un ouvrier, un roturier. Pas un sans-dent, ahah ! Il vous a mordu, c’est ça ?
    — Non !
    — Moi j’adore qu’on me morde le lobe de l’oreille. Une fois, un gentleman s’est permis cette audace devant ma maîtresse, avant de me lâcher brusquement pour se ruer sur elle. J’étais aussi renversée qu’elle. Quel souvenir ! Rapprochez-vous ! Ne soyez pas farouche. Et cet ami ? Je vous sens bouleversé. Confiez-vous ! Il était proche ?
    — Je n’en aurai jamais d’aussi proche. D’ailleurs, je n’en veux plus.
    — Ne dites pas cela. Il y a moi. Et il est… enfin… parti comment ?
    — Il s’est noyé dans six fois son volume d’eau. C’était atroce. Je n’ai rien pu faire. Ce fumier m’a frappé violemment. Un verre de whisky qui se voulait plus dur que nous autres. Il m’a ouvert l’arcade, j’étais incapable de me relever pour sauver mon ami qui agonisait entre deux glaçons. Mon pauvre Pastis. Il a fini dans le lavabo et moi ici.
    — Laissez aller vos larmes. Oui, c’est ça, collez-vous à moi. Oh ! mais vous pleurez comme une madeleine, c’est trop chou !
    — C’est pas moi, c’est la tournée de rinçage.
    — Alors rince-toi l’œil, mon petit canon.

    La tasse déchire son bas et se jette sur le verre tout en eau.

  20. Sylvianne Perrat dit :

    Rue du Cherche midi. Minuit. Sur le zinc, un verre très ébréché, non pas ébréché mais éméché traîne son mal de tête et ses nausées. Il titube. Trop de whisky. 10 d’affilé, c’est trop !
    Une vieille tasse complètement fêlée l’apostrophe. Elle divague. Elle semble le reconnaître. La vieille le tutoie.
    Serait-il son vieil ami perdu de vue ? C’est une vieille dame d’allure bourgeoise. Comme en porcelaine. Avec son petit liseré d’or chic. Le verre n’est pas assez clair pour la distinguer. Il voit flou. Elle lui parle du bon vieux temps. Ils servaient tous les deux au Ritz. Main dans la main, ils servaient les plus grands de ce monde. Elle avait adoré être lapée par Georges Clooney. Nespresso l’avait comblée. Côtoyer toutes les vedettes l’avaient rendu folle. Elle n’était pas restée à sa place et le Ritz l’avait mise au rebus. Trop vieille, démodée avaient-ils dit. Du rebus, elle avait atterri à la broc pour finir dans ce bar. Elle était déglinguée par cette déchéance.
    Le verre éméché n’a aucun souvenir du Ritz. Le whisky est mauvais pour la mémoire, il efface tout. Le meilleur comme le pire. Il l’écoute, elle le console. Grâce à elle, il reconstruit son histoire.
    Anecdote après anecdote, il s’approprie ce passé glorieux.
    « Allez ma vieille, on arrose ça »

  21. 🐀 Souris verte dit :

    A BÂTON ROMPU
    T’as perdu ton anse ma cruche ? Demande le verre encore très ébréché de sa dernière biture à une tasse complètement fêlée ?
    – Au lieu de te ficher moi tu aurais mieux fait de lever le pied avant qu’il casse et de nous les casser avec ton infirmité !
    – Oh mais tu n’es pas à prendre avec des pincettes. Depuis que tu as perdu l’anse on ne sait plus comment t’attraper
    – Ça te va bien toi qui ne tiens pas debout
    – Tu veux que je te dise: tu es aussi bête qu’une valise sans poignée ! 🐀

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Répondez à ce calcul pour prouver que vous n'êtes pas un robot *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.