726e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’œuvre.

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28 réponses

  1. Laurent Baudinot dit :

    Les 12 coups ont retentis et il faut en convenir, la nuit est agréable. On aurait beau faire preuve de conventionnalisme rétrograde ou de parti-pris sectaire, force est de reconnaître que l’atmosphère de cette assemblée est plaisante malgré l’heure tardive. A mon corps défendant, impossible de le nier. Ces noctambules nagent dans un cocktail de sérénité.

    Pour une angoisse comme moi ce constat est alarmant. Rendez vous compte c’est très ennuyeux, voire frustrant, il n’y a pas le moindre tourment, pas l’ombre d’un soucis ou d’une affliction. C’est inconcevable, voir indécent d’être obligé de scruter toutes ces mines enjouées, sans pouvoir y détecter le moindre sourire de façade. Situation affligeante à laquelle il va bien falloir remédier. Fissurer la quiétude, traquer, piéger l’inquiet c’est ma raison d’être.

    Les noctambules, entre autre, ne me repèrent pas d’une manière générale, ou alors c’est qu’il est trop tard : j’ai agit, j’ai gagné ! Dine angoisse de ma lignée, je suis comme une petite araignée discrète. Dès ma cible identifiée je me met à l’œuvre et patiemment je tisse ma toile. Entre deux propos insignifiants je lance un premier fil, puis un second et un troisième. C’est tout un art, transmis de génération en génération, que de positionner ce triangle de base. De lui dépends le positionnement de la toile, la réussite de mon piège. Mon fil a beau être fin, presque invisible, il est d’une souplesse et d’une solidité remarquable. Bien chanceux ceux qui s’en sortiront.

    Me voilà à l’œuvre. L’inquiet potentiel que j’ai repéré ne vas pas tarder à me donner, tant pis pour lui, ce que j’en attends. Soyons patient. Au début il ne se rend compte de rien, ou de presque rien. Juste une petite gène qu’il compte évacuer, effacer d’un revers de main. Peine perdue. Non seulement il n’a pas rompu le fil mais il m’a signifié que je suis sur la bonne voie. De plus son geste a fait tremble la toile et il s’est pris les pieds dans un autre fil. Ça commence à l’agacer. Mon inquiet potentiel prend de la valeur à mes yeux.

    Plutôt que de trouver un subterfuge pour s’échapper, voulant ridiculiser la finesse de ma toile il va tenter l’impossible et se mettre à gesticuler dans tous les sens, un peu comme un moulin à vent. Moi je reste tapis dans mon refuge, je n’ai qu’à attendre. Plus il force pour rompre la toile, plus il s’agite, plus il s’englue, s’emberlificote. Et moi je me prépare à savourer,
    Jusqu’au moment où il est pratiquement empaqueté dans ma toile, je peux sortir pour porter l’estocade d’un petit coup supplémentaire. Là il ne sait déjà plus comment s’en sortir, mais garde une sorte d’espoir fou. Face à lui se dresse le souci qu’il voulait ignorer et qui l’entortille complètement. Encore un petit coup de patte. Son front se plisse, sa respiration devient haletante, ses lèvres se crispent. Ça y est il fait la tête ! Non, il n’a plus de tête, seulement une contrainte qui lui broie le cerveau.
    Malgré l’heure tardive l’inquiet ne trouvera pas le sommeil. Moi je me délecte, cette fin de nuit est pleinement réussie

  2. MALLERET dit :

    726 Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’œuvre.

    Une folle envie de voyager la hante depuis un moment sans avoir une idée précise de l’endroit. Le hasard s’en chargera. Elle jette les lettres de l’alphabet en l’air et lorsqu’elles retombent sur le sol, elle choisit celle qui se trouve le plus près de son pied gauche.
    C’est le K ! Après réflexion, ce sera le Kenya. Maintenant, il lui faut un inquiet quelque part.
    Aucun ne la satisfait. Elle commence à s’énerver. L’heure avance, angoisse s’angoisse. Enfin, voilà une inquiète qui lui convient. Elle fonce sur Amani, une jeune femme enceinte habitant au pied du mont Kenya.

    Un avis de tempête court de bouche en bouche. Amani s’inquiète pour son mari Omba et son frère Shako partis emmener le troupeau de vaches paître. Ils ne rentreront que dans quelques jours. Angoisse exécute son travail de sape, si bien que l’inquiétude de la jeune femme se transforme en peur et la nuit elle rêve que son mari et son frère meurent noyés après un violent orage alors qu’elle accouche, seule.

    Le matin elle se réveille en sueur, une boule au ventre. L’angoisse la torture pendant qu’angoisse jubile.

    Amani décide d’aller rejoindre les deux hommes, après ce cauchemar elle veut savoir si tout va bien. Elle ne comprend pas pourquoi cette fois-ci elle a si peur. Emmener les animaux paître fait partie de la vie des Massaïs depuis des générations.

    La vallée est magnifique avec la montagne qui se découpe sur un ciel d’un bleu limpide. Tout est paisible et pourtant son cerveau ne la laisse pas en paix. Et si ? Et si ?

    En la voyant de loin Omba accourt vers elle se demandant pourquoi elle a cet air terrorisé.

    – Amani, tu te sens mal ?
    – Non, j’ai peur. On a annoncé une tempête, je viens vous prévenir. Rentrez dès que des nuages commencent à obscurcir le ciel. Je vous en prie, n’attendez pas. C’est long à ramener le bétail.
    – Qu’est-ce qu’il te prend aujourd’hui ? Je ne comprends pas. Tu as l’air si effrayé ? C’est le bébé ?
    – Non
    – Tu as peur pour nous ?

    Ses yeux se remplissent de larmes.
    – C’est bizarre, depuis des années tu nous vois ton frère et moi emmener les bêtes et être surpris par des orages. Tu m’inquiètes. Dis-moi ce qui ne va pas.

    Le voilà mon inquiet ! Pense angoisse qui en profite pour transformer l’inquiétude d’Omba en anxiété. À lui maintenant de se poser des questions effrayantes. Et si ? Et si ?

    Il retourne près de ses bêtes l’air préoccupé. Angoisse a de nouveau atteint son objectif. Elle est fière. Peut-être pourrait-elle envahir aussi Shako. Ce serait un beau coup de filet. Mais non, elle est fatiguée. Cet exercice demande trop d’énergie.

    Au retour, pendant la longue marche qui la ramène à la maison, Amani respire, s’oblige à regarder la beauté de la nature et s’en empreint de toutes ses forces. Peu à peu, elle réussit presque à se libérer de cette angoisse imbécile. Omba a raison, il y a des années qu’il mène les bêtes paître pendant plusieurs jours, il a essuyé tant d’orages. Mais cette fois-ci, c’est une tempête, et ils doivent traverser la rivière pour rentrer, elle pourrait devenir menaçante. Elle respire, respire. Tout va bien.

    À peine arrivée à la maison, le vent se lève, le ciel s’assombrit, mais elle ne laisse pas l’angoisse la reprendre. Elle a confiance en ses hommes bien que les éclairs déchirent le ciel, que le vent redouble de force faisant plier les arbres. Ils vont rentrer. Elle allume un feu dans la cheminée, prépare un repas pour chasser cet infime reste d’angoisse.
    Par bonheur, Omba et Shako arrivent juste avant la tornade et le déluge qui s’abat sur la vallée. Angoisse est définitivement partie, la joie est revenue dans la maisonnée, le mauvais rêve oublié.

  3. Urso dit :

    Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’œuvre.

    Je pète la forme, j’ai la pêche.
    Je suis la grande reine de l’angoisse.
    Que j’apporte directement chez vous.
    Oh cette nuit va être fabuleuse, avec le nombre d’angoisses que je vais encore
    déclencher.

    Notre petite angoisse, à bord de son avion de poche, survolait la ville. Avec ses yeux de lynx elle répérait rapidement une nouvelle proie, même avec cette nuit plus noire que noire.
    Vers quatre heures du matin, petite angoisse avait déjà visité plusieurs femmes et hommes, complètement enfouis dans leur sommeil.

    Et puis tout en tournoyant dans les airs, elle se dit que son travail devenait routinier, que peut-être un jour ou l’autre, elle devrait diversifier « ses clientes et clients ».
    Elle pourrait peut-être angoisser des animaux du zoo. Et pourquoi pas aller voir un peu plus loin, et angoisser également la lune, le soleil, les étoiles …

    En pensant à tout cela et volant toujours dans le ciel, elle sentit comme une présence.
    Elle tourna sa tête dans toutes les directions et elle vit plusieurs caïmans, des alligators, ou peut-être des crocodiles (elle ne faisait pas trop la différence entre toutes ces bestioles), qui volaient avec elle et qui la suivaient de près.
    Elle eut la peur de sa vie. Elle savait que ces bêtes n’aimaient pas les angoisses comme elle, et que très souvent elles les mangeaient toute crue.
    Elle voulut voler plus vite. Mais elle n’y arriva pas.
    Arrivés à sa hauteur trois gros alligators lui dirent de stopper.
    L’angoisse stoppa morte de trouille.
    Ces alligators lui dirent assez gentiment de très vite mettre fin à son job. Sinon elle encourait les pires ennuis.
    Les autres regardaient la scène mais ne disaient rien.
    Puis, avec un grand sourire, ils la laissèrent repartir, en lui demandant de ne surtout pas oublier leur recommandation.

    La pauvre petite angoisse complètement affolée, rentra chez elle, se regarda dans un miroir, et se dit que oui ces grosses bêtes bêtes auraient pu l’avaler.
    Elle alla dans la cuisine, se fit un café et fut de nouveau terrifiée.
    Dans son bol il y avait un minuscule crocodile vert et rose qui s’agitait.
    – Non non ce n’est pas possible cria-t-elle !
    D’autres petites créatures apparaissaient à une vitesse phénoménale dans la pièce.
    Elle réussit à atteindre la fenêtre, à l’ouvrir, et à s’envoler au loin.

    Elle se dit que plus jamais elle ne referait ce sale métier, de porteuse d’angoisses.
    Ces crocodiles, ces alligators et caïmans lui avaient donné une belle leçon.
    Elle monta toujours plus haut dans le ciel – et on ne la revit plus sur Terre.
    Le lendemain soir on fit la fête dans la ville, surtout nos amis les alligators, les crocodiles …

  4. Anne Le Saux dit :

    Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet ; décidée à se mettre à l’œuvre. Elle arpenta les rues pas encore désertes en ce samedi soir festif. Se faufila dans les rues secondaires, les ruelles et trouva sa proie.

    Une jeune fille pressait le pas dans la semi-pénombre, inquiète d’éventuelles mauvaises rencontres. L’angoisse pénétra dans sa tête par son oreille gauche. Un bruit ? Une sensation bizarre ? Elle sursauta, jeta un œil furtif sur les côtés, puis derrière elle. Là-bas, à quelques mètres dans son dos, une tache sombre qui se meut au gré d’un souffle. Souffle du vent ou souffle d’un rodeur ? Imaginant le pire, elle était agitée de tremblements, ses jambes lui semblaient être en coton, la sueur ruisselait dans son dos.

    Son téléphone ! Bien sûr, il allait la sauver de la menace. Elle se souvint alors qu’elle l’avait laissé chez elle de peur de l’égarer ou de se le faire voler.

    Crier ! Elle essaya, en vain. Aucun son n’arrivait à franchir sa gorge nouée. Ses muscles ne répondaient plus. Elle allait s’évanouir et ainsi s’offrir en pâture aux prédateurs de la nuit. C’est alors qu’elle constata que la porte d’entrée de son immeuble était là, à portée de clé. Elle retrouva alors la force de glisser le précieux sésame dans la serrure. Elle referma promptement la porte et s’allongea sur le carrelage de l’entrée, exténuée.

    Notre angoisse jubilait. Une première victime qui allait avoir son sommeil perturbé pour quelques nuits. Mais pas le temps de chômer, il lui fallait trouver un autre terrain de jeux. Voyons voir…

    • Laurent Baudinot dit :

      Bonjour Anne, ça va ?
      J’ai bien apprécié ton texte
      et je viens de laisser ma proposition … un peu tard, mais c’est mon mode de fonctionnement en ce moment
      Bien à toi, Laurent

  5. iris79 dit :

    Elle prit tous ses plus beaux bijoux sur elle, mit la nuit dans ses cheveux qu’elle étala sur le jour, clippa ses boucles d’oreille en forme d’engrenage afin de faire tourner sans repos toutes les idées noires, rangea tout le vocabulaire anxiogène dans son sac en bandoulière et alla arpenter tous les méandres du cerveau de son hôte. Ses chaussures à talons résonnaient dans les hémisphères du cerveau et maintenaient en alerte tous les sens de sa victime. Elle était tellement douée qu’elle parvenait à maintenir ouverts les yeux de cette pauvre femme et elle n’eut aucun mal à libérer dans la sphère du langage tous les mots/maux d’usages liés à la peur. Elle provoqua même une arythmie (elle adorait s’emparer des commandes du cœur) et installa pour de bon l’insomnie. Elle était prête à crier victoire quand elle comprit que le vent allait tourner. Les effluves de lavande, une dose de lithium et des ondes alpha la cernèrent de toute part et la figèrent sur place. Elle se fit alors toute petite et tâcha de trouver une toute petite place où on ne la retrouverait pas. Ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait et elle commençait elle aussi à avoir quelques sueurs froides. Qu’allait-il advenir d’elle ? Elle se posait beaucoup de questions et se demandait s’il ne serait pas plus judicieux d’entamer une reconversion. Elle pourrait aller en stage avec la joie, ce serait un bon début. Il n’allait pas être facile de montrer patte blanche et faire profil bas mais elle était très motivée et pour tout dire assez envieuse aux dires de ses camarades Emotions…

  6. Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’œuvre. Elle avait juste peur des représailles… Mais avant, effectivement de taquiner le goujon, avant de ferrer le poisson, il fallait l’appâter. Pour ce, elle s’insinua dans son rêve pour le transformer en cauchemar. L’île paradisiaque à laquelle il pensait fut soudain balayée par un violent typhon, et il imagina qu’il n’avait plus rien : plus de toit, plus de nourriture, plus de biens… Ce fut la panique. L’angoisse n’avait plus qu’à tirer sur sa canne à pêche et le tour était joué. Sauf que le fil se cassa et que notre homme se réveilla pour s’apercevoir que tout n’était qu’illusion. Et il ne resta plus à l’angoisse qu’à ronger son frein…

  7. . dit :

    Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’oeuvre, elle commença à faire des pompes discrètes pour s’échauffer. C’était une jeune angoisse, ne se pensant pas suffisamment aguerrie, elle devrait faire ses preuves. Cependant, à l’égard de qui devrait se montrer efficace ? Elle continua son échauffement, l’inspiration viendrait d’elle-même. C’est qu’une angoisse doit connaître ses fondamentaux pour triturer n’importe qui et grandir en expérience.
    Est-ce qu’on donnait des cours d’angoisse ? Elle s’en informa sur internet. Toute une nuit devant elle, qu’elle aubaine ! Elle y rencontra des guérisseuses, en somme des gens pas fiables pour son job… qui pourraient néanmoins lui donner des pistes.
    Le genre de personne qu’elle pourrait toucher, elle en avait une toute prête. Dommage de ne pas la troubler dans sa quiétude. Là, dans l’instant, quelle jouissance pourrait-elle en retirer ?
    Au détour des images qui défilèrent sur le net, elle en vit une qui l’intéressa. Une banderole anti-phobie dans la foule. Ca c’était angoissant ! Se confronter à la concurrence ! Pour ses débuts, elle s’inspirerait de ses idées relayées par les réseaux sociaux ou pas ?
    Se visant dans le miroir, elle réfléchit et se dit : « Pourquoi discrètes mes pompes, pourquoi pas funèbres, tant qu’à faire ?
    Comment faire ? L’inquiet est là au fond de son lit, tranquille, inutile. Ce n’est pas normal. Et moi je sers à quoi ? « Miroir, donne moi l’audace d’angoisser. A force de faire ses exercices, se forma sur le miroir, par quelle magie, une buée, qu’est-ce que je vais en faire ? »
    Tout simplement une angoisse avec un point d’interrogation. Ca va l’impressionner. Je vais cartonner. Le succès est à ma portée.
    Ce dont elle ne prit pas conscience à temps, c’est qu’elle devait s’ancrer incognito. Trop tard, elle ne pourrait jamais s’appuyer sur de trop fines gouttelettes. Ridicule, elle vacilla. Sa désillusion fut mortelle, car elle avait été appréhendée par le rêve de l’endormi qui l’effaça sur le miroir.

  8. Jean Marc Durand dit :

    Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prêt à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’œuvre, elle choisit de se manifester, en ce jour du 27 Octobre 2014.

    C’était une angoisse de quatrième catégorie, la plus minable, une n’ayant exécuté des stages de formation, qu’en salle d’obtention de brevet des collèges, ou en attente de stations d’autobus. Oui, je tenais à le préciser, car qui se soucie, actuellement, de rater un brevet ne garantissant que la certitude d’être sobrement exploité. De même qui s’inquiète de ne pas voir débarquer le bus, transporteur d’ouvriers vers la chaîne automatisée d’un maigre bulletin de santé financière ?

    Je rappelle aux esclaves du temps, que la date de ce 27 Octobre, de cette année, correspond à un bidouillage chrono fusionnel permettant, à un moment, de déplacer l’espace temps d’une heure. Pour les heureux élus ayant balancé leur montre, dès le premier jour de leur retraite, cela ne signifie plus rien.

    Pour les autres, c’est parfois plus délicat. Et c’est pourquoi, cette garce d’angoisse, cette petite salope aux doigts tordus , à se curer tout le temps le nez, tellement elle galère à évacuer ses moisissures cérébrales, tentait ce jour là, de balader quelques égarés de la période.

    Mais au vu des distanciations actuelles d’avec les choses du passé trépassé, l’impact s’avéra bien maigre sur le quotidien des gens.

    Il n’y eut pas foule pour s’inquiéter d’une heure d’insomnie ratée, d’un soleil levé autrement. Ce n’était même pas le jour de ramassage des poubelles. Plus d’un heureux en profita pour zapper son jogging et se mitonner, sur la matinée un cassoulet des familles, un bienfaisant croûté aux diverses couches de cuisson. Plus d’une enfant arriva à l’école à l’heure justifiée de la récréation, à cause des bus en retard.

    Et qui peut en vouloir, en ce jour unique, à un bus, sensiblement motivé, jour après jour, à l’idée d’une grève, tranquille à se bronzer les pneus sur les galets réchauffés d’une côte d’eau pâle.

    De fait, exceptés quelques esquintés de l’horloge, personne ne dramatisa quoi que se soit, et l’angoisse se prit un sacré coup de mou que même le chat ne voulut pas partager.

    Celle ci prit un rendez vous avec son déformateur, un encroûté de l’élaboration, un qui réagence tout selon les modules du présent actif, celui qui survit, contre ventilation et tempérance.

    On lui proposa un poste éloigné du cœur de toutes les Nautres Dames….une isbabalaïka, au bord de Petite Pute, la sobre rivière séparant l’Arussie de l’UKraigne.

    Il était chargé de semer le doute sur un incertain certain, un maître des boutons bidouilleurs, les acnés invaincus d’un front persistant.

    La (tâ)che s’annonçait lourde et le savon même pas assez noir.

    Mais la jeune angoisse, jamais ne désespéra. La nouvelle expérience , le fameux « Put in » américain.

    Quelle que soit l’heure, et ses variations momentanées, elle parviendrait à grapper puis à piller les échelons de la réussite.

    L’angoisse, malgré tous ces fouteurs de crottes recyclables, deviendrait reine.

    Ce n’était pas encore écrit mais déjà dicté.

  9. Valérie Jacquin dit :

    Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à entrer en scène, elle se prépara pour sa énième prestation. Confiante, elle commença, comme avant chaque représentation, à s’échauffer. D’abord la voix, qui devait être tremblante. Puis le souffle ! Haletant ! Pas facile à maîtriser en début de carrière. Suite à cela, il lui fallait ressentir des picotements dans le ventre pour savoir que le rideau allait enfin s’ouvrir. Et là, l’apothéose ! Pour une tête d’affiche comme elle, le regard apeuré de son public était la plus grande des reconnaissances. C’était bien elle la plus grande, capable de jouer n’importe quel rôle, pourvu que vous en ayez le souffle coupé et les larmes aux yeux. Mais ce soir-là, elle ne reçut pas l’accueil habituel. Le rideau s’était ouvert sur un public endormi, serein. Que se passait-il ? Elle ne comprit pas tout de suite. Elle était désemparée. Puis, elle la vit monter sur scène. “Voilà encore cette garce” pensa-t-elle. “Avec son air de ne pas y toucher”. Sa grande rivale. Celle qui aimait lui piquer la vedette. Son ennemie jurée ! Mesdames et Messieurs, applaudissez ! J’ai nommé la starlette la plus demandée du moment : Anxiolytique !

  10. Rose Marie Huguet dit :

    Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’œuvre.

    Bien que son inquiet ait tenté de la mettre en veille à l’aide de Multicolores Médicaments Sommeilleux (MMS), elle avait une pêche d’enfer. Il était minuit passé. Une nouvelle journée commençait. Elle allait la pimenter. Angoisse connaissait très bien l’inquiet chez qui tout était source de stress, de la cafetière qui pouvait ne pas fonctionner le matin au bain relaxant du soir auquel il ne pourrait prétendre si le chauffe-eau tombait en panne. Cette journée était très importante. Il s’y préparait depuis des semaines. Tout, absolument tout avait été pensé pour qu’aucun grain de sable ne vienne faire capoter quoique ce soit.

    Elle se mit à l’œuvre et entreprit de lui faire vivre sa journée.

    Six heures. Aucun des réveils ne sonne. Une demi-heure plus tard, inquiet se réveille en sursaut. Quelque chose ne va pas. Il regarde l’heure éberlué. Il inspecte tous ses réveils. Tous indiquent 6H30. La panique le gagne. Aurait-il oublié de programmer la sonnerie ? Impossible ! Il transpire, se lève dans la précipitation, se rue sous la douche, manque de s’affaler en posant son pied sur la savonnette qui traine sur le receveur. Mais qu’est-ce qu’elle fait là ? Son cerveau commence à s’embrouiller. Le café, vite. La capsule se coince. Il se tourne vers son autre cafetière, il ne trouve pas les filtres. Il va être en retard, décide de se faire un thé. Ouf ! il reste un sachet. Il tremble. Les interrogations fourmillent dans sa tête. Il se dépêche de s’habiller. La chemise qu’il avait préparée, présente des tâches, le costume est recouvert des poils de son chat, la cravate est introuvable, ses chaussettes sont dépareillées. L’angoisse monte, monte. Il cherche ses MMS, ne les trouve pas. L’heure tourne. Il cherche dans sa penderie, essaye de réfléchir à la bonne combinaison des choses, s’embrouille, recommence.

    Il a des sueurs froides. Tout lui échappe. Il se rue dehors. Il pleut. Ses mocassins vont s’abimer. Il a oublié son parapluie. Il appelle un taxi. Un poussif diesel arrive en retard. Ils s’en vont. Les embouteillages sont impressionnants. Il avait zappé que Donald jaune paille se pointait avec son interminable cortège. Mais la veille il y avait pensé. Il avait prévu de prendre le RER, puis le métro. Pourquoi il a oublié ? Qu’est-ce qu’il lui arrive ? Il inspire profondément, expire lentement. Il se regarde. Sa tenue le décontenance. Il a de plus en plus de sueurs froides. Il n’y arrivera pas. Il n’a pas suivi les étapes qu’il se doit de suivre tous les jours. Que vont dire les gens ? Son inquiétude augmente au même rythme que son angoisse.

    Il entre dans le grand amphithéâtre dans lequel il va tenir une conférence sur les bienfaits du laisser-aller (paradoxal, non ?). Il regarde l’assemblée et flanche totalement. Une bonne centaine de personnages multicolores l’observent, l’œil goguenard. Mais, mais c’est quoi tout ça ? Il est figé, désorienté, vidé. L’inquiétude et l’angoisse sont à leur paroxysme. Il fouille ses poches, encore et encore à la recherche de ses MMS.
    Il entend des rires, mais ils ne viennent pas de la salle. Ils sont dans sa tête. Oh ! mon Dieu, il perd la raison. Puis une voix qui chantonne. Il regarde la salle. Les personnages se sont mis à danser dans un profond désordre. Plus rien n’est à sa place. C’est le chaos. Il ne le supporte pas. La voix dans sa tête se met à hurler. Il n’en peut plus. Il secoue sa tête avec vigueur. Une lumière quelque part. Il la regarde. C’est la lumière d’un de ses réveils qui s’époumone à le réveiller.
    Bien joué angoisse ! Tu vas me pourrir la vie encore longtemps ?

  11. Sylvianne Perrat dit :

    Il était minuit passé. Angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’œuvre.
    Elle attendait tapie dans l’ombre depuis son coucher. Sournoise, elle le laissa s’endormir paisiblement. Perfide, Angoisse aimait se faire attendre. Minuit approchait… l’homme dormait, ronflotait, Il commença à rêver. C’est là qu’Angoisse dégaina sa panoplie. Elle convoqua ses complices Anxiété, Stress et Peurs. D’un commun accord, elles assaillirent l’Inquiet. Il était un bon client. Hypersensible et empathique de nature, il répondait au quart de tour à la moindre inquiétude. Son cœur se mit à taper. Une suée l’inonda, il rejeta la couverture. Les palpitations redoublèrent. Angoisse s’immisça dans son rêve qui devint cauchemar. Les mauvais souvenirs de sa vie se transformèrent en catastrophes. Peurs et Anxiété entrèrent en scène ! Rien ne lui fut épargné. Tsunami, tremblement de terre, incendies et des centaines de morts sous ses yeux impuissants. Inquiet n’aimait pas la vie. Trop d’aléas. Il était faible, fragile. Il avait peur. Comme une éponge, il absorbait tout. Tout pouvait arriver à chaque instant. Angoisse était ravie, elle exultait. Inquiet tremblait. S’agitait. Criait dans son rêve, appelait père et mère à son secours. Il s’approcha d’une falaise. Regarda l’horizon espérant une accalmie. La terre se déroba sous ses pieds et chuta… Inquiet se réveilla brutalement. Ouf ! Il était dans son lit.
    Angoisse et ses copines avaient fini leur boulot. Elles reviendront demain.

  12. Avoires dit :

    Il était minuit passé. L’inquiet se demanda, une fois encore s’il devait reculer les aiguilles ou les avancer.
    Deux fois par an, cet épisode de changement d’heure revient.
    Le temps qui avance, le temps qui recule… mais l’angoisse, elle, non.
    Pour traverser ces temps imbéciles, il prend des anxiolytiques, pour ne pas voir le temps qui passe, l’angoisse toujours tapie.
    Le temps s’égrène, le temps s’en va, le rapproche du temps fatal, du dernier temps, de la dernière heure comme on dit.
    « Il y avait quelque chose dans l’air, quelque chose de bizarre ». Cet air de Goldman, il le connaît bien, il se l’est approprié, il le chante à toutes saison. C’est un inquiet qui aime chanter. La chanson conjure son angoisse, l’atténue, la dissipe un peu, mais ne la supprime pas.
    Il est minuit passé, il dort, il a franchi la barrière, la frontière. Il se réveille, une chanson dans la gorge, l’angoisse reviendra ce soir…

  13. CATHERINE M.S dit :

    Il est minuit passé
    Une angoisse se sent au sommet
    Prête à taquiner l’inquiet
    Qu’elle sent mou et douillet
    Elle se moque de lui
    Sans envergure ni fantaisie
    Tandis qu’elle
    A chaque seconde s’épanouit
    A bas bruit
    Telle une petite souris

    A minuit et quart
    Elle croise le cauchemar
    Son meilleur ami
    Habillé tout de noir
    Et queue de pie
    Chaque nuit, ces deux-là
    Vivent leur meilleure vie
    Et font la nouba
    En veux-tu, en voilà
    Deux sacrés compères
    Qui font la paire
    Deux vieux larrons
    Qui font la foire
    Veuillez me croire

    Mais à l’heure de potron minet
    C’est une toute autre histoire
    Vous verrez
    Nos deux complices vont se calmer
    Et peut-être, qui sait, aller se coucher
    Sans même un regard
    Pour la p’tite anxiété
    Qui pointe le bout de son nez
    Envie, mépris, jalousie ?
    Allez donc savoir …

  14. Christophe COUSIN dit :

    Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’œuvre.

    Charles se couchait après l’une de ces journées sans aspérité, sans incident, sans rencontre, joie ni catastrophe. « Une journée de plus » aurait dit n’importe quel optimiste. Une journée de moins dans le haut du sablier criait l’angoisse. Un jour de moins d’une courte vie livrée à l’absurde lourdeur de nos existences industrieuses. Charles avait tardé à se mettre au lit. Il se shootait à la fatigue pour ne plus entendre le grattement hideux des pattes du cancrelat, à la fenêtre de sa solitude, qui attendait que la lumière s’éteigne. Vidant sur lui son chargeur d’épisodes automatique, Netflix avait fini par l’abattre. Charles aurait aimé qu’un parent aimant le porte à son lit comme un enfant endormi au retour d’un dîner. Papa aurait posé un baiser sur sa joue de pêche, aurait replacé une mèche folle d’une caresse sur son front et l’aurait bordé. Mais il fallait bien qu’il traîne lui-même sa carcasse jusqu’aux draps, laissant dans l’escalier de précieuses munitions d’inconscience. Alors le cancrelat, discrètement, sournoisement, se mit à répandre son poison noir, fade et visqueux sur l’écran de ses pensées et de rêves mêlés. Le venin coulait couler jusqu’à emplir la chambre, la ville, l’univers tout entier pour écraser la poitrine de Charles dont les yeux grands ouverts ne savaient plus pleurer depuis bien longtemps.

    C’est alors qu’il entendit les pas. Il y avait quelqu’un au rez-de-chaussée. Dans le brouillard de son esprit engourdi, il distinguait un pas lourd traversant la cuisine, rejoignant le salon. Un bruit de chaise qu’on déplace. D’abord paralysé, il saisit sans respirer la batte de baseball que Charles l’inquiet cachait sous son lit et descendit doucement l’escalier.

    Dans le salon, Charles l’apaisé se tenait debout sur une chaise et se contemplait dans le miroir comme s’il se découvrait pour la première fois. Il ne ressentait plus rien, aucune poids n’écraserait plus sa poitrine. Avant de se laisser basculer, la corde au cou, il remarqua que son reflet tenait une batte à la main. Il n’avait jamais eu de batte.

  15. Alain Granger dit :

    L’angoisse se lève de bonne humeur. Elle adore son siècle. Quelle chance j’aie de vivre à une époque où l’Homme est sans cesse sous le regard de l’autre, jugé sur sa performance. L’enfant se doit d’être un bon élève vu l’investissement en termes de temps, d’énergie, de coût financier et de renoncement que lui présentent ses parents un peu trop souvent. Il a déjà la pression. Plus tard, devenu adulte, l’Homme se doit d’être un bon amant, un bon mari et un bon père. Il doit apporter un revenu nécessaire au confort de sa famille tout en étant suffisamment présent pour éviter les reproches de sa compagne. Au boulot, il doit se fondre dans le groupe tout en faisant émerger sa personnalité afin d’être remarqué de sa hiérarchie. Il bénéficie des horaires à la carte mais il doit être joignable par son chef à toute heure du jour et même sur son temps libre. Mais cet Homme, ce superman du quotidien, quand prend-t-il le temps de se reposer ? De rêver ? De créer ? De se regarder ? D’être lui ? de faillir sans être jugé et condamné.

    Alors, quotidiennement, il fait appel à moi, son angoisse. Je lui reste fidèle, confortablement nichée au creux de son estomac. Bientôt je me glisse à l’intérieur de son mal-être. Tout d’abord quelques palpitations et battements de cœur plus rapides. Puis de la transpiration et des tremblements. Peut-être une sensation d’engourdissement, des frissons, des bouffées de chaleur. Alors il se sent fatigué. Parfois il pleure. Progressivement je lui prodigue une sensation corporelle d’oppression : gênes thoraciques ou abdominales ; sensations de vertige ou d’évanouissement, des nausées. Les gênes thoraciques deviennent sensation d’étouffement, puis d’étranglement. Je répands progressivement dans son corps l’oppression et la grande tristesse.

    Mais attention, il faut que je reste mesurée. Eviter la surdose pour ne pas perdre mon Homme. Sinon c’est tout d’abord la crise de panique et autres syndromes de la névrose avant qu’advienne le burn-out. A ce moment-là, mon Homme risque de se réfugier dans la déréalisation. Il n’a plus aucun objectif à atteindre. Il s’en fout. Ou bien alors il tombe dans la dépersonnalisation, le détachement de soi. Plus rien ne le concerne. Il reste spectateur de sa déchéance. Parfois il perd tout : son travail, son foyer, sa famille, ses amis. Il n’en a cure même après la cure. Après s’être fait sonner les cloches il devient clochard pour laisser mourir sa vie au coin d’un trottoir. La mort ne lui fait plus peur. C’est vivre qui l’ennuie. Il est trop tard pour lui. Je l’ai définitivement perdu. J’ai cassé mon jouet.

  16. 🐀 Souris verte dit :

    725/Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’œuvre.
    Une vieille Angoisse sourde depuis que les cloches se sont arrêtées de sonner à vingt deux heures. La solitude est tellement plus présente dans le silence, l’impalpable prend le dessus.
    La peur du vide ça s’appelle. Il est vrai que c’est une forme de précipice, aussi ce soir elle a décidé de passer à l’action. Bien encapuchonnée dans son ciré sur lequel tout glisse, l’Angoisse est parée contre les quolibets, c’est déjà ça, car l’Inquiet, toujours renfrogné, ne manquera pas de la titiller.
    Arrivée au rond point des Sensations ils rencontrèrent Bonne humeur.
    – Alors l’Inquiet ! Toujours grise mine !
    L’ attaqué de face rougit de la taquinerie mais sourit. Jamais elles ne l’avaient vu sourire et en furent toutes décontenancées.
    L’ Angoisse prise par surprise arrêta de se tordre les mains. Et Bonne humeur déstabilisée s’en alla prendre un gorgeon chez Joyeux -là où on digère mieux -et se taper la cloche …. A défaut de les entendre. 🐀

  17. Antonio dit :

    Elle était maquillée, comme une star de ciné, accoudée au juke-box, blablablabla. Elle s’est mise à jouer, juste pour un bout d’essai, balançant son intox, blablablabla. Elle semblait bien dans ma peau, l’angoisse couleur mental haut, cherchant du regard un pore, l’odieux en sueur. Et moi, je n’en pouvais plus. Bien sûr je ne l’ai pas vu… venir dans sa mégalo, pour moi c’était trop.

    Elle marchait comme un chat qui méprise sa proie, en frôlant le flippé, blablablabla. Le refrain revenait, tous ses mots me griffaient jusqu’à saigner mon cœur, blablablabla. C’était un frisson de trop. L’angoisse couleur mental haut m’avait fait perdre la tête. Maintenant je regrette. C’est vrai, je n’en pouvais plus, du pont j’ai sauté par-dessus, avec ma plus jolie des mythos, couleur mental haut.

    (une proposition un peu schmoll)

  18. Nadine de Bernardy dit :

    Il était minuit passé. Une inquiétude au taquet se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’oeuvre, elle quitta son logis en toute quiétude.
    Le lune était pleine, rond parfait dans cette nuit claire et froide de décembre. Elle planait au dessus de la ville, cherchant une victime. Une lucarne faiblement éclairée attira son attention, elle s’en approcha, silencieuse, invisible.
    Un poète, plume d’oie à la main, s’arrachait les cheveux devant sa page blanche. Ricanante, l’inquiétude lui souffla:
    Et ton loyer, tu y as pensé ? Comment vas tu le payer si tu n’écris plus rien.
    Le poète laissant choir sa plume, se leva pour arpenter sa mansarde, en proie au désespoir, quand il sentit sur sa nuque un petit vent doux, une voix qu’il n’espérait plus ouïr lui sussurait :
    au clair de la lune mon ami…..
    C’était Thalie, peinée par son sort, qui venait à son secours

  19. camomille dit :

    – Aaaah ! J’ai bien dormi ! (dit l’ANGOISSE en s’étirant).
    L’INQUIET qui lui, ne dormait que d’un œil, regarde la pendule et se ronge les sangs.
    – Ça y est ! (se dit-il), c’est l’heure !… elle va encore me pourrir la vie.
    En effet, l’ANGOISSE qui se sent en pleine forme, se demande ce quelle pourrait inventer aujourd’hui pour taquiner l’INQUIET.
    – Et si j’innovais ? Et si je le bousculais en changeant de tactique ? On pourrait bien s’amuser je pense….La surprise… Rien ne vaut la surprise dans la vie…
    Forte de cette grande pensée philosophique, L’ANGOISSE décide de se recoucher et de laisser L’INQUIET tranquille.
    L’INQUIET ne comprend pas.
    – C’est pourtant l’heure où elle me visite, où elle s’incruste, où elle me pourrit la vie ?
    Elle ne peut pas me faire ça ? Je me suis conditionné, je suis prêt à souffrir moi !
    L’ANGOISSE rit sous cape. Elle se félicite de son idée géniale.
    L’INQUIET lui, se sent très mal.
    Il n’a pas son angoisse quotidienne et le manque le tourmente.
    Dépité, aigri, l’INQUIET se recroqueville sur lui-même en marmonnant :
    -Si on ne peut même plus compter sur sa bonne vieille angoisse, à quoi bon vivre alors ?
    Rassurez-vous, cher lecteur, le lendemain à minuit passé, L’ANGOISSE revisita L’INQUIET car tout compte fait, ils ne pouvaient pas se passer l’un de l’autre.

  20. Nouchka dit :

    Taquiner l’inquiet
    « Il était minuit passé. Une angoisse se sentait en pleine forme, prête à taquiner l’inquiet. Décidée à se mettre à l’œuvre ».
    Oh que j’aime ces moments où je me sens toute puissante ! La victime du jour est une femme. C’est plaisant une femme. Elles jouent bien le rôle… à leur corps défendant ! Je la réveille donc en pleine nuit. Elle en a l’habitude, elle a besoin de faire un petit pipi avant de retrouver le sommeil. C’est courant comme réaction au réveil nocturne. Elle jette un œil à son smartphone afin de lire l’heure et ne peut s’empêcher de poursuivre sa lecture sur le site du journal Le Monde, histoire de voir si la guerre mondiale est imminente, venant du Proche Orient. La situation n’est, de fait, pas pire que ce qu’elle a entendu quelques heures plus tôt aux actualités télévisées.
    Néanmoins, je commence à la faire se sentir en état de malaise. A ce moment-là, sa vue se brouille, son audition se modifie et elle craint de perdre connaissance. Je la fige sur les toilettes sachant, par expérience, que ce lieu est le plus propice à la circonstance. Assise là, elle cherche à se caler, pieds légèrement écartés, à même le carrelage pour ressentir une certaine fraicheur. Elle a de plus en plus chaud. Nue, les avant-bras posés sur les cuisses, son corps transpire de tous ses pores. L’eau salée stagne dans les plis avant de tomber à terre. Elle garde les yeux fermés afin de leur épargner la brulure de l’eau saline.
    Je lui fais vivre alors l’instant le plus désagréable, quand elle se dit : Ou je perds connaissance en ayant, à chaque fois qu’elle l’a vécu, la certitude qu’elle meurt ou, la phase suivante finira par arriver.
    Lors de cette nouvelle phase, le froid lui fera claquer des dents alors que son corps sera toujours baigné de transpiration. Elle espèrera alors que la bataille soit gagnée. Sans plus aucune force, elle tentera de rejoindre son lit et de se réchauffer. En passant devant un miroir elle réalisera combien elle est livide, verdâtre. Je lui fais peur.
    Ces épisodes sont extrêmement angoissants pour elle… comme pour moi. Mais j’adore me faire ces pics d’adrénaline ; car qui sait si elle va s’en remettre ! Elle a beau connaitre ce type d’épisode, elle ne se familiarise pas avec cette sensation de passer de vie à trépas, d’être mal, au point de perdre tout contrôle, toute force d’agir. C’est comme ça, quand on meurt ? se demande-t-elle.
    Elle regrette d’avoir déposé son téléphone trop loin pour appeler des secours. D’ailleurs, en aurait-elle la force ? Elle regrette d’avoir laissé la clé de la porte d’entrée à l’intérieur de la serrure. Personne ne pourra pénétrer sans défoncer la porte… Les minutes, les quarts d’heure d’attente sont interminables pour elle mais sont très jouissifs pour moi. J’ai l’impression d’avoir une vie entre les mains. Je crois que les médecins dénomment ma petite intervention : malaise vagal.
    Ce qui me fait le plus sourire, si je peux l’exprimer, c’est qu’elle garde conscience qu’elle risque de mourir sur le trône et ça, elle n’aime pas du tout, voyez-vous !!

  21. 🐻 Luron'Ours dit :

    726/RÈGLEMENT INTÉRIEUR

    Il etait minuit passé ,une angoisse se sentait en pleine forme ,prête à taquiner l’inquiet(LA TAQUINE)
    Le transit hasardeux s’acheminait aprés l’apero,il fallait que ça glisse!Maux de tête,inconscient en berne:je l’aurais bien fait mais je l’aurais mal fait ..l’angoisse te donne sens »le guignon est ton pain quotidien. Vas… je ne hais point « 🐻

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