Il était une fois une forêt qui s’appelait « la forêt de Bellefougères ». C’était un lieu extraordinaire.
Au pied d’un vénérable chêne, dans une maison minuscule, construite avec des feuilles, des brindilles et des champignons, habitait un gentil hérisson qui se nommait Gaston.
A l’intérieur de son petit logis, il avait fabriqué des étagères, sur lesquelles il avait entassé une multitude de bocaux en verre. On y trouvait des pattes de lézards séchés, de la confiture de toiles d’araignées, de la marmelade de mûres et de nénuphars ainsi que toute la nourriture nécessaire pour tenir plusieurs mois.
Sur les étagères du bas, Gaston avait rangé des livres de différentes sortes. Il en avait empilé tellement et tellement, qu’il y en avait bien assez pour passer l’hiver sans s’ennuyer une seule minute. On était au début de l’automne et Gaston le hérisson était ravi d’avoir pensé à tout.
Un matin alors qu’il venait juste de terminer la lessive de ses quatorze caleçons et qu’il s’était accoudé à sa fenêtre pour se reposer un peu, il vit passer un jeune chevreuil qui avait l’air vraiment très pressé.
Gaston l’arrêta :
« Bonjour. Mais où cours-tu comme ça ? Et pourquoi ?
– Je cours après le mot « Bonheur ». D’après ce qu’on m’a dit, il faut courir très vite pour parvenir à l’attraper. Alors, courir toute la journée, c’est la seule et unique façon d’être heureux. »
Consterné par cette réponse, Gaston referma sa fenêtre et se sentit tout triste.
Il se dit :
« Avec mes petites pattes hautes comme rien du tout, je ne pourrai jamais courir. Donc, même si je m’appelle Gaston et même si je suis un gentil hérisson, je ne pourrai jamais être heureux ».
De grosses larmes coulaient sur ses joues. Que faire ?… A qui demander conseil ?…
Après avoir pleuré, reniflé et soupiré pendant plus de deux heures en vidant totalement sa boîte de kleenex, il eut l’idée d’aller voir Pépé Jessaitout.
Pépé Jessaitout était un très, très vieil hibou que tout le monde connaissait dans la forêt. Il savait absolument tout sur tout.
« Mais non, Gaston, pour être heureux tu n’as pas besoin d’avoir de grandes pattes pour courir vite.
Je vais te dire, moi, quel est le secret. Il suffit juste de choisir une belle journée d’été et d’aller faire un pique-nique sur la plage, avec quelques amis et de rigoler, rigoler, rigoler à s’en rouler par terre…
Tu vois Gaston, c’est simple, il est sous nos yeux le mot « Bonheur » et il faut peu de choses pour réussir à l’attraper. »
Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais pu rattraper.
Il m’obsédait depuis plusieurs jours voire quelques semaines à vrai dire, il serait plus honnête de le reconnaitre. Je n’en pouvais plus. Il m’obsédait. Dès que je mettais le pied par terre jusqu’au coucher, il était là, sous mon nez, dans mes oreilles, dans ma tête. Je rêvais éveillée de le rattraper, en vain. Le tourbillon du quotidien m’enlevait à mon dessein le plus cher, le saisir, le serrer fort, le garder, en faire mon jumeau. Ma quête devenait obsessionnelle. Dès que je l’approchais il s’éloignait, encore et encore. Et pourtant j’avais tellement besoin de lui ! Je le voulais plus que tout, je savais que je serai tellement heureuse avec lui, comblée c’est sûr. Parfois je reprenais espoir, mon rythme ralentissait, j’étais moins submergée et puis non ! Ca repartait pour un tour ! La frénésie était de retour ! A ce rythme-là, c’est le burn-out que j’attraperai avant lui. Je me ressaisis et échafaudais un plan pour enfin espérer l’attraper car pour l’instant c’était mal engagé. Pourtant au fond de moi une petite voix me le disait qu’il serait bientôt à moi ce…. STOP !
Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais pu rattraper.
Ça fait des siècles que je cours après.
J’ai tout essayé.
Le 100 mètres, le 110 mètres haies, la fusée, le train à petite vitesse, la fusée, la rafale, l’ouragan …
Rien, pas possible de le rattraper ce satané mot.
Également il y a trois mois j’ai acheté chez le vendeur Crocopelli des graines paraît-il spéciales pour le faire germer.
Mais aucune trace dans mon jardin, de cette sacrée bestiole à lunettes (maintenant je le nomme comme ça ce drôle de mot).
Bon je le sais je ne suis pas Guillaume Urso moi, et je ne vends pas autant de livres que lui.
Je ne suis qu’un pâle et pauvre écrivassier, tout rabougri par la vie. Travaillant et transpirant jour et nuit, pour gagner quelques cacahuètes et pistaches chaque année.
Ah ! cette chère célébrité, si je la tenais par le collet, je serais l’homme le plus heureux de la Terre et de l’univers.
Au lieu de cela, pour garder le moral, tous les après-midi de ce bel été, je prends le thé à la félicité avec ma jolie Félicie.
– Tiens cette colombe qui passe !
– Hi ! hi ! c’est une hirondelle me dit Félicie.
– Dans son bec, regarde regarde !
On dirait un petit morceau de célébrité !
– Tu vois me dit-elle, il ne faut jamais désespérer dans la vie !
Tu l’as enfin trouvé ta célébrité.
C’est cette oiseau qui te l’apporte et, en plus, avec de la crème chantilly et un coulis de fraise.
Je le guette, je l’espionne. Chaque jour je me poste dans un endroit différent, prêt à bondir pour l’attraper. Pourtant, il est discipliné, toujours parfaitement sur sa ligne. Tantôt bleui par le froid, incandescent au soleil couchant, presque transparent les jours de brume. Il est à portée de regard, là, juste là, tout près. Et il continue de fuir, inaccessible, frondeur, joueur…
Je me suis mis en chemin pour aller à sa rencontre. Mon Compostelle à moi. J’ai gravi les montagnes, sillonné les plaines, arpenté les sentiers côtiers. Je me suis épuisé en vain. De jour en jour, il me paraissait encore plus loin.
Pourtant, j’en ai absolument besoin pour mon livre. Il est le fil directeur de mon histoire. Je dois absolument le capturer, l’emprisonner pour combler les nombreux vides de mon texte. Petits nids douillets prêts à l’accueillir le temps d’une édition. Après, je le lui ai promis : je lui rends sa liberté.
Pour l’amadouer, faut-il le gargariser de compliments ? L’apostropher copieusement ? Le cajoler ? Le prendre par surprise ? J’ai chargé les mouettes de lui transmettre des messages d’amour. Puis les aigles, des paroles le sermonnant pour le ramener à la raison. J’ai confié au capitaine d’un paquebot une malle de billets de banque. Il est insensible à tout. Rien n’y fait, je suis impuissant.
Exténué, je me suis endormi sur le sable au pied d’une falaise. La mer est montée tranquillement jusqu’à m’engloutir totalement. Réveillé en sursaut, j’ai nagé jusqu’à la plage. Et là, j’ai réalisé que mon HORIZON s’était rapproché. Je le tenais entre mes mains. Mon livre allait paraitre, à coup sûr … avec succès.
Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais pu rattraper.
La compréhension de la phrase est directement liée à la signification que l’on donne à chacun des mots qui la compose.
Rattraper que veut dire ce verbe? Le mot peut vous échapper à cause du quiproquo qu’il déclenche. Non il n’a pas échappé dans l’histoire de poils de chat, c’est le quiproquo tapi qui a échappé, mais la réaction en chaîne était enclenchée.
Dans la longue série des synonymes il y a retrouver et c’est cette signification qui m’est venue en premier.
Un jour j’étais en train d’expliquer quelque chose à mon chef, lui à son bureau et moi debout devant lui. Et paf le mot me manque, il est là quelque part à courir d’un neurone à l’autre mais blocage, incapable de le faire monter, de m’en saisir de le retrouver.
Je suis là devant mon chef, presque mutique, faisant des efforts désespérés. Mon supérieur me regarde, commence à sourire puis à rire franchement et il prend la parole et me dit hilare: tu sais ce n’est qu’un début, ça ne s’arrangera pas avec le temps qui passe. Voilà un mot que je n’avais pas pu rattraper. Mon chef était un super chef, mais je n’ai pas eu besoin de cette anecdote pour le savoir.
Quand les mots s’envolent, il devient difficile de les rattraper. J’ai beau être une PLUME ALERTE, je me donne beaucoup de pennes en vain. Je suis zélé, mais cela ne suffit pas. Tout ça parce qu’ils agissent à mot couvert et qu’un mot invisible est comme une lettre blanche au Scrabble : avant qu’elle ne soit placée, on ne sait pas à quoi elle correspond.
Quand les mots courent, je m’étale de tout mon long, je ne tiens pas la distance : l’émotion sans doute… Pourtant peut-on renier un mot dit ? Il faudrait être roi pour le faire… Mais l’histoire ne se répète pas et ce n’est pas moi qui aurai le dernier mot…
Athlétisme : il court, il court devant moi, ce mot que je n’ai jamais pu rattraper.
Durant mon adolescence, je courais comme une gazelle (même que je battais les garçons sur 60 mètres), je sautais en hauteur et en longueur comme une puce, je nageais comme une sirène. Bref, je battais les records affichés depuis des décennies sur le tableau du gymnase du lycée. Un jour, ma prof me proposa d’intégrer un club et j’avais la banane comme pas possible tout le long du chemin de la maison. Je me voyais déjà tout en haut de l’affiche, sur la plus haute marche du podium des J. O.
Mais, le destin en décida autrement. Il était hors de question que je devienne une athlète, parce que j’avais mes devoirs à faire et, en filigrane, le ménage de notre appartement m’attendait.
C’est loin tout ça, mais n’empêche que lorsque je regarde de l’athlétisme, j’ai comme un petit regret !
Comme vous l’écrivez si bien, il peut y avoir comme un grand regret dans ce rêve d’enfant.
Ce qui est bien à cet âge, petite enfance, c’est qu’on peut tout espérer.
C’est après que les désillusions surviennent.
Quel plaisir d’entendre un mot peu courant, mais agréable à prononcer, à manipuler oralement, suggérant spontanément des images, se décomposant en particules
Depuis que j’ai entendu ce mot au cours d’une émission parcs et jardins, je gamberge pour le retrouver, le mémoriser . Pourtant facile, apparemment, je l’avais rapproché visuellement d’ un accessoire féminin d’autrefois … donc pas de problème . Raté . J’essaie des associations d’idées, de sonorités pour le remettre en tête, en bouche . Je sens que je m’approche, déductions, remise dans le contexte, mais non ..Bien sûr, j’aurai pu trouver une astuce mnémotechnique , mais il me paraissait tellement évident !!
Mais un jour il va réapparaître, sans prévenir, et alors, je déguste, et je note !!!
Je découvre ce mot que je n’avais jamais rencontré jusque-là
VERTUGADIN. À la première lecture je l’ai interprété comme la vertu prenant un gadin (chuter pour un parigot comme mézigue qui jacte l’argomuche)
Amicalement
Pascal
Comme l’imbécile que je suis, tout le monde en convient, je n’ai pas réfléchi, encore moins fait attention le jour où j’ai lâché ce mot n’importe où dans la nature.
Oui, je me baladais ici ou là, le nez au vent, la fleur au chapeau à renifler le printemps.
Je n’ai pas pris garde au grand rocher de granit planté trois pas devant moi.
Encore moins à cette pierre émergeant à peine d’une motte de terre.
Je me suis pris les pieds dedans et me suis étalé de tout mon long.
Tout ça en criant « Ho le con! »
Le rocher, vexé, n’a pas du tout apprécié.
Depuis, lorsque je passe par là, le rocher me toise, rigole, et roi de l’écho, se fout de ma gueule et se fait un plaisir de me renvoyer cette élégante expression, une fois, deux fois, trois fois et plus jusqu’à ce que j’aie disparu de son horizon. J’ai eu beau lui dire que maintenant je faisais attention où je mettais les pieds, rien n’y fait.
Depuis ce matin, je l’avais au bout de la langue. Je le mâchouillais, le salivais, le goûtait avec gourmandise. Patiemment, je m’en délectai. je le savais, c’était un joli mot, léger.
Je voulais lui offrir. Il l’aimerait, c’est sûr. Il aimait les mots. Celui-ci, je l’avais cherché au plus profond de vieux livres pendant des jours. J’étais heureuse de ma trouvaille.
Et il s’envola !
Comme un papillon multicolore. Je vis monter mon doux mot vers les petits nuages blancs. Je l’appelai vainement.
Heureux, libre il tourbillonnait dans le vent.
Un mot qui s’échappe ne se rattrape pas.
Il est passé par ici
Il repassera par là
Mais il ne s’arrête pas
Le coquin, le scélérat
Voyez-vous ça
Il se planque là où il peut
A la pointe de ma plume
Drôle de coutume
Il s’accroche à l’acier
Pour ne pas dégringoler
Être ainsi rattrapé, kidnappé
Et se retrouver ligoté
Sur une ligne de cahier
Ça il n’en veut surtout pas
Il tient à sa liberté
Et moi dans tout ça ?
Je continue à le traquer
Tiens j’ai une idée
Tout près de mon nez
Sur le bout de ma langue
Il est peut-être caché
Mais le Mot est rétif
Il ne s’en laisse pas conter
J’ai beau, de mes vœux
L’appeler, le supplier
Me concentrer
Fermer les yeux
Ou les lui faire doux
Il ne se montre pas, le filou
Je dois donc me résigner
Dans un effort ultime
A lui trouver un synonyme
Mais encore faut-il
Qu’il respecte la rime !
« Ligoté sur une ligne de cahier », je vois tout de suite l’image produite, elle est séduisante.
Vous m’avez habitué, vous trouvez toujours la rime, pourtant tous les exercices ne s’y prêtent pas facilement. « Bravi6mots » !
Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais pu rattraper.
Il me fatigue, mais il me fatigue ! Des plombes que je le poursuis, que je le traque, que j’élabore des plans tous aussi infructueux les uns que les autres pour le rattraper.
Il se fout littéralement de moi. Il se laisse approcher pour mieux déguerpir, me laissant furax et sur ma faim.
Une fois, il y a bien longtemps, je l’avais touché du bout des doigts. Moment magique qui m’a laissé pantois. Je ne me reconnaissais plus, j’étais devenu un inconnu pour moi-même. Ce simple toucher m’avait propulsé dans les étoiles, ma tête tourbillonnait, elle ne pensait plus. Je planais. Ce moment de grâce a été bien trop fugace. Il s’en est allé sans se retourner.
Depuis, je le pourchasse aux quatre coins du monde. Je sais qu’il est quelque part, je le sens au plus profond de moi, mais il se tapit comme un animal qui se sent poursuivi. Les gens autour de moi, rigolent, me prennent pour un illuminé, m’appellent le chasseur de chimères. Mais moi je sais ce que j’ai vu, ce que j’ai ressenti.
Il m’est souvent arrivé de ressentir une vibration en moi faisant mon cœur s’emballer. Un je ne sais quoi dans l’air, une odeur peut-être, je ne sais pas l’expliquer. Mais ce petit quelque chose fait remonter en moi ce lointain souvenir de bien-être, de plénitude. Il est là, pas très loin. Sans doute m’a-t ’il vu, peut-être m’a-t ‘il reconnu. Se rappelle-t-il ce moment que nous avons partagé ensemble ? Nous étions en symbiose ce jour-là. Il ne peut pas avoir oublié, c’est pas possible. Je me laisse guider par mes sens. Plus j’avance et plus mon cœur bat la chamade. L’émotion de le retrouver fait trembler mes jambes. Mes mains sont moites. Oui, j’en suis sûr ! Au coin de la rue, je vais le trouver. Il m’attend, il n’attend que moi.
Non ! un de plus. Je ne les compte même plus ses rebuffades. Il me provoque, me nargue, me laisse venir pour mieux s’évaporer. Épuisant ! J’en suis arrivé à ne plus dormir de la nuit.
Bon sang ! Où es-tu ?
Je t’en prie ! Reviens ! Rappelle-toi de ce moment magique que nous avons vécu, toi et moi.
S’il te plait, mon p’tit mot, ma p’tite FRAICHEUR, arrête de bouder et viens me retrouver.
Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais rattrapé.
Est ce comme dans ce jeu télévisé ou un candidat fort hemerite, ayant moultes expériences vécues n’arrivait plus à dire le mot « panda »…il s’était sauvé ce mot là.
Et le pauvre essayant de mettre la main dessus énumerait » Pango? Pando? Panga? » Sans arriver à tomber sur le mot juste, mais,je l’avoue, pour mon plus grand plaisir.
Cela arrive souvent qu’un mot s’échappe et où va t il le bougre?
En discothèque, avec tous les mots qui ont fugué ?
Partis faire du poney ?
A la piscine, pour se rafraîchir les idées ?
Ou partie se laver la bouche au savon ? Vilaine expression pour un vilain mot sorti trop vite.
Les mots s’échappent parfois et nous voilà à court de mots, cherchant en vain un synonyme, faisant grands gestes et mimes en espérant sans doute que le mot aura pitié et sortira de sa cachette.
Le mot ne part il pas au pays des chaussettes unijambistes?
Je suppute un complot entre les chaussettes ( on en retrouve très souvent une sur les deux) les mots, les clefs de maison de se faire la malle et partir en vacances, laissant leurs propriétaires dessoeuvrés, vaincus, cherchant une solution pour sortir de ce marasme.
Vous résumez bien ce mystère des mots qui nous échappent quand bon leur semble.
Un mot nous manque et c’est notre monde qui perd pied.
Tout à coup on peut avoir le moral dans les chaussettes 😉
Il était grand temps que je raconte l’histoire d’un mot que je ne suis jamais parvenu à rattraper. Ce mot c’est le « temps ». Avant ma naissance le temps me manquait déjà. J’avais hâte de connaitre mes parents. A travers la peau du ventre de ma mère je les entendais parler de moi et j’avais envie de leur répondre. J’avais beau crier : « Je veux sortir ! », ils ne m’entendaient pas. Le placenta faisait écran et noyait les sons. Alors je tapais du pied pour enfoncer ces parois qui m’empêchait d’être et de naitre. « T’as vu chéri, il bouge », entendais-je. « Ben oui, je bouge puisque je veux sortirrrrrrrr ! ». Je ne sais pas pourquoi mais je naquis prématurément. Et là encore je perdis du temps. On me mit en couveuse, une sorte de micro-onde avec des trous pour qu’une femme masquée vienne me tripoter. « Casse-toi. T’es pas ma mère », criais-je. « Regarde, Jade, pas encore assez gros mais il a de la voix. Comme il est mignon. Il a envie de vivre celui-là ». Quelques temps plus tard, je retrouvais mes parents. « Vous en avez mis du temps », que je leur disais. Mais ils semblaient ne pas comprendre ce que je babillais. Il me fallut donc le temps de l’apprentissage du langage pour enfin communiquer avec eux. J’avais tant à leur dire. Ils furent très étonnés de la maturité de mon langage, de ma façon de m’exprimer. Lorsque je racontais à ma mère que j’avais moyennement apprécié qu’elle fasse l’amour avec papa alors que j’étais sur le point de naitre, elle ne prit pas le temps de la réflexion. Je me retrouvais chez le pédopsychiatre. Je fus diagnostiqué HPI et envoyé dans un institut spécialisé. Etudier, je n’avais pas le temps pour ces conneries. Je voulais prendre le temps d’aimer ma mère et mon père. Mai ils n’étaient plus là pour me caresser la joue ou me conduire à la crèche. Lorsque je compris qu’il fallait obtenir des résultats quantifiables et mesurables pour obtenir un peu de temps pour moi, je réussis toutes les épreuves en passant par la négociation. Tel résultat, telle liberté. A 12 ans j’avais le BAC avec mention très bien. « Bon, très bien. Vous allez me lâcher maintenant ? » Alors je fus surpris. Même les parents ne voulaient pas que je perde mon temps avec eux. Ils me placèrent dans de grandes écoles très calées où les plus âgés passaient leur temps à me rudoyer, à m’humilier. La douceur, les câlins, la tendresse, plus pour moi. Il fallut que je me dresse contre la dureté des autres. Je mis le temps qu’il fallait mais je parvins à m’imposer, manipulant les uns contre les autres pour que l’on découvre que j’étais la solution à leurs problèmes. A défaut d’amour et de tendresse, je découvris le pouvoir. Je n’avais pas pris le temps de l’enfance. A 15 ans j’étais déjà adulte. Pas le temps pour le jeu et les amours adolescents, les fleurs bleues et les poèmes. Je m’abimais l’amour dans mon statut de dominant. Les filles me tombèrent dans les bras parce qu’elles me craignaient plus qu’elles m’admiraient. Du moins c’est comme cela que je le ressentais. Heureusement, il y avait la recherche scientifique pour occuper mes envies et mon temps. Le temps devint vite une contrainte. J’avais toujours plus besoin de dépasser le temps des protocoles pour avancer plus vite. Les gens autour de moi étaient lents, si lents. Il parait que j’étais odieux avec mes assistants. A peine un résultat était-il obtenu qu’il fallait que je découvre autre chose. Les revus scientifiques étaient emplies de mes rapports, de mes découverts et de mes avancées. Mes parents étaient morts. Je n’avais pas eu le temps d’aller à leur enterrement. Je dormais peu, je mangeais peu, je baisais peu. Je vivais mal mais n’avais pas le temps pour une psychanalyse. J’avais d’autres analyses à résoudre, beaucoup plus importantes. Et puis il y eut mon AVC. « Merde ! Pas le temps de rester aphasique. J’ai encore des recherches à diriger ». Là, j’avais beaucoup de temps, beaucoup trop. Je ne trouvais pas la solution. Alors je décidais de mourir. Je me disais avant de partir : « Peut-être que dans une vie ailleurs, j’aurai le temps de retrouver la douceur d’un sourire ou celle d’un être qui me consacrera du temps… »
« Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais pu rattraper ».
Oh oui, il me plait bien le sujet du blog.
Je sais que j’ai de la matière pour illustrer ce thème. Je le sais mais ne me vient en mémoire ni la situation dans laquelle je me trouvais lorsqu’il m’a échappé ni bien sûr, le mot lui-même.
En réalité, les mots s’échappent plus souvent que je le voudrais. Généralement, c’est sans grande importance. Dans les mails ou textos envoyés, vous vous faites parfois avoir par le correcteur orthographique qui décide à votre place. Là, il est possible de présenter ses excuses et mettre, en rectificatif, le mot correct.
Quelquefois, c’est à l’oral, en situation de face à face ou par le biais du téléphone. Vous mettez un mot pour un autre. Vous vous en excusez, si vous vous en rendez compte, et les conséquences sont minimes. Il peut arriver aussi que votre erreur soit due à la confusion faite entre deux lieux, par exemple. Vous donnez une indication erronée à celui qui attend votre renseignement et qui part avec cette orientation trompeuse.
Oralement, je sais avoir employé des mots affectueux qui sortaient de mon vocabulaire ordinaire et que je suspectais avoir une incidence sur le lien que j’avais avec la personne réceptrice, à mon corps défendant, si je puis dire.
Je cherche, mais ne trouve pas ce qui me semblait illustrer parfaitement le thème proposé.
Quelquefois, quand je suis, comme actuellement, devant ma page en construction, je cherche un mot, souvent un verbe, que je sais être celui qui me fait défaut. Je tente de le retrouver avec une approximation que l’outil des synonymes rectifiera peut-être. Mais, cela ne me dépanne pas toujours. Parfois, j’en entends la musique ou pense qu’il contient trois syllabes mais il reste hors d’atteinte.
Me vient en mémoire une anecdote professionnelle :
Dans le bureau d’une unité industrielle, échangent, en ce début de journée, François qui reçoit Antoine, intervenant extérieur qui prodigue la bonne parole aux troupes et moi, en charge à cette époque, de la formation des personnels. Les trois personnes se connaissent de longue date.
Nous sommes en été. Je porte une jupe droite blanche et les deux hommes, des tenues confortables.
– Antoine, vous intervenez auprès de qui aujourd’hui ? s’informe François
– La maîtrise des grands transfos. Vous avez des recommandations particulières à me faire ? demande Antoine
– Ce sera sensiblement le même type de groupe que celui de la semaine passée, pronostiquais-je.
– Le plus important, est de diversifier les exercices. Sans doute, les gars en discutent-ils entre eux, reprend Antoine.
– Parfait, conclut François.
Assise à côté d’Antoine devant le bureau de François, je baisse la tête vers mes mains, croisées sur les cuisses, et réalise alors que ma jupe est, sur le devant, couverte de poils noirs.
– Oh, ma chatte ! m’esclaffais-je contrite.
Les deux hommes se regardent en souriant tandis que je réalise l’ambiguïté de mon propos, concomitamment au regard porté sur le haut de mes cuisses.
Tous trois pouffent de rire et commencent joyeusement une journée qui n’aurait peut-être pas été telle sans cette petite mésaventure d’un mot que je n’ai pu rattraper.
Et allez savoir pourquoi, j’ai gardé en mémoire cette anecdote sans intérêt !
Enfin ! Un vrai mot qui s’échappe, j’adore votre anecdote elle tombe au poil (facile)
Elle correspond vraiment à l’idée qui a donné naissance à cet exercice. Il nous arrive parfois de prononcer un terme qui déclenche ou provoque de l’inattendu irrattrapable.
Bon dimanche. Ici, la chaleur, quant à elle, nous prend au mot.
SHMILBLICK
Il court…il court comme le furet et moi après. Je me faufile il se défile en se glissant et je le sens comme un cheveux sur la langue, bien que serrant les dents, je crains qu’il ne s’échappe. Je le visualise, l’imagine, me le dessine, les synonymes affluent lui s’enfuit. Fantôme… Spectre… squelette… esprit… revenant… Ah oui, mémoire c’est ça ! Bien caché dans le fourre-tout , alors forcément j’ai beau gratter le fond… Il y en a un autre qui s’échappe aussi souvent c’est… Il est beau et donne des ailes… Chaud voire douillet… Qui commence par… A et finit par R… Non ça ressemble à autour !!! … Alors je vois un cœur, des mains qui se touchent, je sens la douceur de la caresse… Lui, j’aimerais bien l’avoir sur le bout de la langue.🐀
Un peu trop gourmande, peut-être ?
Toujours de se méfier des mots importés, ils ne sont pas bio et souvent frelatés.
Bon dimanche à l’ombre et « Aufray » Hugues : Adieu Monsieur le professeur.
Il y a ces mots que vous avez au bout de la langue et qui finissent par vous échapper en laissant votre phrase en travers de la gorge. Il y a ceux qui ne veulent pas sortir de leur trou parce que trop ancrés dans leur mémoire, la page blanche leur donne le vertige, un verbe les harcèle ou le sujet les intimide. Et puis il y a ceux, moches comme des poux, qui détalent comme des puces et vous polluent la tête.
« Putain de mot, reviens ici ! Reste là ! Il va vraiment trop vite pour moi, m’sieur. Vous l’avez vu ? Non, bien sûr. On l’entend siffler comme un coup de vent. ‘tain ! le revoilà. Vous avez vu comme il nous nargue. Mais bien sûr, monsieur de la Foix, je fais « qu’est-ce que » j’peux pour retenir ma langue. Mais il glisse dessus et me file chaque fois entre les dents. J’ai pas la langue de Molière, moi, mais celle de ma mère qui jure pour mieux se faire respecter dans la cité. Vous comprenez ? J’aurais aimé vous y voir, à ma place, à essayer de mettre votre langue dans votre dico de poche pour repousser les avances du petit Robert. Ce mot, il est vraiment pas méchant, m’sieur. S’il montre les dents, ou vous saute à la gorge, c’est pas pour vous mordre, non. C’est juste pour impressionner et nous défendre. Alors, m’sieur, vous pouvez toujours discourir pour le corriger, aucun professeur ne l’a jamais rattrapé dans la cité. Pourtant, moi, j’ai redoublé deux fois. Voyez, j’ai essayé, m’sieur de la Foix. Et il est toujours là, ce putain de mot. Regardez-le, comme il nous nargue, la langue bien pendue. Oh que t’es pas beau toi ! Oh non, t’es pas beau ! Mais je t’aime comme tu es avec ta sale grosse gueule, hein ? Et qu’est-ce que je peux y faire, m’sieur ?
— Laisse courir, Marie-Christine, c’est tout ton devoir qui est irrattrapable. »
Amateur de gros mots, je ne peux qu’applaudir Marie-Christine. Si son devoir est irrattrapable, c’est parce que ces phrases sont dopées ou JO.
Ça ira mieux, demain lundi.
Je n’en peux plus,
Je suis épuisée.
Je n’arrive pas à le rattraper,
Et sans lui, impossible de m’arrêter d’écrire.
Alors j’écris, j’écris, j’écris…
Mon histoire est en train de devenir la plus longue de tous les temps donc la plus ennuyeuse.
Il se joue de moi le « saligaud ».
Je le hais, mais j’en ai tellement besoin.
Sans lui je deviens fou – plus de répit – plus d’oxygène –
Vous rendez-vous compte que je n’arrive pas à rattraper le mot « FIN » ?
Vous rendez-vous compte ?
Non… Vous ne vous rendez pas compte !
Comme je vous comprends, Françoise, j’ai le même problème que vous. Je tente toujours de terminer mon livre, d’arriver à la fin. Mais, il m’en demande toujours plus, c’est un affamé des phrases plus ou moins bien tournées.
Bon dimanche à l’ombre du mot fraicheur.
Recherche mot disparu il y a 24h de mon vocabulaire.
Genre masculin – Court : 6 lettres – Appartenant au vocabulaire courant – Racine latine – Inscrit au dictionnaire –
Pas de correspondance féminine – Pluriel en S – Ni grossier ni vindicatif .
J’espère beaucoup de vos recherches, il s’est enfui tel quel, sans fioritures ni orthographe fantaisie.
Si vous le retrouvez, veuillez appeler LITTRE 35 47. Merci d’avance, récompense assurée.
Je pense que ce mot est parti faire un tour à la plage, regardez bien la ligne d’horizon, Inutile de m’envoyer une récompense, votre imagination me suffit.
Ce devait être un mot visqueux. A chaque fois que je tentais de l’attraper, il me filait entre les doigts de l’écriture. Aucune combinaison des touches de mon clavier ne parvenait à le capter. Pourtant, je m’y prenais tôt, du matin, à l’heure où les poubelles rêvent encore à la perspective d’un beau voyage. Le café fumait dans ma tête. J’avais déjà plusieurs fois cru le coincer, ce foutu mot.
Il présentait bien, original, à la fois complexe et évident. Un mot plein de sens et de contresens, un mot qui pouvait tout dire et son contraire. Un mot sur une balançoire. Un mot ne se balançant jamais plus haut que les premiers nuages. Un mot ne traînant pas, non plus, ses pieds dans la poussière. Un mot d’enfance, quoi, un mot culotté, avec des pets aux genoux. Ce mot tenace avait dû me traverser, un jour de quasi extase, à une époque où la longueur de ce qui va suivre n’a pas de fin, ou l’on espère beaucoup de l’horizon qui recule, sur un rythme commun.
Ce jour que plus d’un aurait marqué d’une pierre blanche devint pour moi un petit chemin gris gravillonnant. J’y piétinais de possibles avancées. On me freinait l’enthousiasme. Certains livres me proposaient des mots savants au goût acidulés, des mots pas vraiment fondants, des mots me râpant, la pauvre langue, pourtant si volontaire.
Je l’ai longtemps cherché, ce mot que je croyais parfait, ce mot qui pourrait tout dire, tout ouvrir, tout contenir. J’y ai sacrifié des heures de paresse, des journées de congés, des mois de vacances, des années de voyages. J’en ai passé du temps dans le réduit de ma tête, j’ai bien souvent amorti mes doutes, abrégé parfois le cours de ma recherche, épuisé, au bord d’un gros gouffre, le goinfre des mots.
Un jour, je me suis rendu à l’évidence. J’ai rendu les larmes. Ce mot n’existait pas ou plus. Il s’était évanoui comme tous les malaises d’un instant. J’ai encore longtemps gratté les croûtes, sur les dos de mes mains.
Et puis, faute d’un mieux fantomatique, d’un mot miracle ou mirage, j’ai enfin accepté de combiner des phrases avec tout ce qui déjà existait.
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
Il était une fois une forêt qui s’appelait « la forêt de Bellefougères ». C’était un lieu extraordinaire.
Au pied d’un vénérable chêne, dans une maison minuscule, construite avec des feuilles, des brindilles et des champignons, habitait un gentil hérisson qui se nommait Gaston.
A l’intérieur de son petit logis, il avait fabriqué des étagères, sur lesquelles il avait entassé une multitude de bocaux en verre. On y trouvait des pattes de lézards séchés, de la confiture de toiles d’araignées, de la marmelade de mûres et de nénuphars ainsi que toute la nourriture nécessaire pour tenir plusieurs mois.
Sur les étagères du bas, Gaston avait rangé des livres de différentes sortes. Il en avait empilé tellement et tellement, qu’il y en avait bien assez pour passer l’hiver sans s’ennuyer une seule minute. On était au début de l’automne et Gaston le hérisson était ravi d’avoir pensé à tout.
Un matin alors qu’il venait juste de terminer la lessive de ses quatorze caleçons et qu’il s’était accoudé à sa fenêtre pour se reposer un peu, il vit passer un jeune chevreuil qui avait l’air vraiment très pressé.
Gaston l’arrêta :
« Bonjour. Mais où cours-tu comme ça ? Et pourquoi ?
– Je cours après le mot « Bonheur ». D’après ce qu’on m’a dit, il faut courir très vite pour parvenir à l’attraper. Alors, courir toute la journée, c’est la seule et unique façon d’être heureux. »
Consterné par cette réponse, Gaston referma sa fenêtre et se sentit tout triste.
Il se dit :
« Avec mes petites pattes hautes comme rien du tout, je ne pourrai jamais courir. Donc, même si je m’appelle Gaston et même si je suis un gentil hérisson, je ne pourrai jamais être heureux ».
De grosses larmes coulaient sur ses joues. Que faire ?… A qui demander conseil ?…
Après avoir pleuré, reniflé et soupiré pendant plus de deux heures en vidant totalement sa boîte de kleenex, il eut l’idée d’aller voir Pépé Jessaitout.
Pépé Jessaitout était un très, très vieil hibou que tout le monde connaissait dans la forêt. Il savait absolument tout sur tout.
« Mais non, Gaston, pour être heureux tu n’as pas besoin d’avoir de grandes pattes pour courir vite.
Je vais te dire, moi, quel est le secret. Il suffit juste de choisir une belle journée d’été et d’aller faire un pique-nique sur la plage, avec quelques amis et de rigoler, rigoler, rigoler à s’en rouler par terre…
Tu vois Gaston, c’est simple, il est sous nos yeux le mot « Bonheur » et il faut peu de choses pour réussir à l’attraper. »
Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais pu rattraper.
Il m’obsédait depuis plusieurs jours voire quelques semaines à vrai dire, il serait plus honnête de le reconnaitre. Je n’en pouvais plus. Il m’obsédait. Dès que je mettais le pied par terre jusqu’au coucher, il était là, sous mon nez, dans mes oreilles, dans ma tête. Je rêvais éveillée de le rattraper, en vain. Le tourbillon du quotidien m’enlevait à mon dessein le plus cher, le saisir, le serrer fort, le garder, en faire mon jumeau. Ma quête devenait obsessionnelle. Dès que je l’approchais il s’éloignait, encore et encore. Et pourtant j’avais tellement besoin de lui ! Je le voulais plus que tout, je savais que je serai tellement heureuse avec lui, comblée c’est sûr. Parfois je reprenais espoir, mon rythme ralentissait, j’étais moins submergée et puis non ! Ca repartait pour un tour ! La frénésie était de retour ! A ce rythme-là, c’est le burn-out que j’attraperai avant lui. Je me ressaisis et échafaudais un plan pour enfin espérer l’attraper car pour l’instant c’était mal engagé. Pourtant au fond de moi une petite voix me le disait qu’il serait bientôt à moi ce…. STOP !
Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais pu rattraper.
Ça fait des siècles que je cours après.
J’ai tout essayé.
Le 100 mètres, le 110 mètres haies, la fusée, le train à petite vitesse, la fusée, la rafale, l’ouragan …
Rien, pas possible de le rattraper ce satané mot.
Également il y a trois mois j’ai acheté chez le vendeur Crocopelli des graines paraît-il spéciales pour le faire germer.
Mais aucune trace dans mon jardin, de cette sacrée bestiole à lunettes (maintenant je le nomme comme ça ce drôle de mot).
Bon je le sais je ne suis pas Guillaume Urso moi, et je ne vends pas autant de livres que lui.
Je ne suis qu’un pâle et pauvre écrivassier, tout rabougri par la vie. Travaillant et transpirant jour et nuit, pour gagner quelques cacahuètes et pistaches chaque année.
Ah ! cette chère célébrité, si je la tenais par le collet, je serais l’homme le plus heureux de la Terre et de l’univers.
Au lieu de cela, pour garder le moral, tous les après-midi de ce bel été, je prends le thé à la félicité avec ma jolie Félicie.
– Tiens cette colombe qui passe !
– Hi ! hi ! c’est une hirondelle me dit Félicie.
– Dans son bec, regarde regarde !
On dirait un petit morceau de célébrité !
– Tu vois me dit-elle, il ne faut jamais désespérer dans la vie !
Tu l’as enfin trouvé ta célébrité.
C’est cette oiseau qui te l’apporte et, en plus, avec de la crème chantilly et un coulis de fraise.
Je le guette, je l’espionne. Chaque jour je me poste dans un endroit différent, prêt à bondir pour l’attraper. Pourtant, il est discipliné, toujours parfaitement sur sa ligne. Tantôt bleui par le froid, incandescent au soleil couchant, presque transparent les jours de brume. Il est à portée de regard, là, juste là, tout près. Et il continue de fuir, inaccessible, frondeur, joueur…
Je me suis mis en chemin pour aller à sa rencontre. Mon Compostelle à moi. J’ai gravi les montagnes, sillonné les plaines, arpenté les sentiers côtiers. Je me suis épuisé en vain. De jour en jour, il me paraissait encore plus loin.
Pourtant, j’en ai absolument besoin pour mon livre. Il est le fil directeur de mon histoire. Je dois absolument le capturer, l’emprisonner pour combler les nombreux vides de mon texte. Petits nids douillets prêts à l’accueillir le temps d’une édition. Après, je le lui ai promis : je lui rends sa liberté.
Pour l’amadouer, faut-il le gargariser de compliments ? L’apostropher copieusement ? Le cajoler ? Le prendre par surprise ? J’ai chargé les mouettes de lui transmettre des messages d’amour. Puis les aigles, des paroles le sermonnant pour le ramener à la raison. J’ai confié au capitaine d’un paquebot une malle de billets de banque. Il est insensible à tout. Rien n’y fait, je suis impuissant.
Exténué, je me suis endormi sur le sable au pied d’une falaise. La mer est montée tranquillement jusqu’à m’engloutir totalement. Réveillé en sursaut, j’ai nagé jusqu’à la plage. Et là, j’ai réalisé que mon HORIZON s’était rapproché. Je le tenais entre mes mains. Mon livre allait paraitre, à coup sûr … avec succès.
Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais pu rattraper.
La compréhension de la phrase est directement liée à la signification que l’on donne à chacun des mots qui la compose.
Rattraper que veut dire ce verbe? Le mot peut vous échapper à cause du quiproquo qu’il déclenche. Non il n’a pas échappé dans l’histoire de poils de chat, c’est le quiproquo tapi qui a échappé, mais la réaction en chaîne était enclenchée.
Dans la longue série des synonymes il y a retrouver et c’est cette signification qui m’est venue en premier.
Un jour j’étais en train d’expliquer quelque chose à mon chef, lui à son bureau et moi debout devant lui. Et paf le mot me manque, il est là quelque part à courir d’un neurone à l’autre mais blocage, incapable de le faire monter, de m’en saisir de le retrouver.
Je suis là devant mon chef, presque mutique, faisant des efforts désespérés. Mon supérieur me regarde, commence à sourire puis à rire franchement et il prend la parole et me dit hilare: tu sais ce n’est qu’un début, ça ne s’arrangera pas avec le temps qui passe. Voilà un mot que je n’avais pas pu rattraper. Mon chef était un super chef, mais je n’ai pas eu besoin de cette anecdote pour le savoir.
Quand les mots s’envolent, il devient difficile de les rattraper. J’ai beau être une PLUME ALERTE, je me donne beaucoup de pennes en vain. Je suis zélé, mais cela ne suffit pas. Tout ça parce qu’ils agissent à mot couvert et qu’un mot invisible est comme une lettre blanche au Scrabble : avant qu’elle ne soit placée, on ne sait pas à quoi elle correspond.
Quand les mots courent, je m’étale de tout mon long, je ne tiens pas la distance : l’émotion sans doute… Pourtant peut-on renier un mot dit ? Il faudrait être roi pour le faire… Mais l’histoire ne se répète pas et ce n’est pas moi qui aurai le dernier mot…
Athlétisme : il court, il court devant moi, ce mot que je n’ai jamais pu rattraper.
Durant mon adolescence, je courais comme une gazelle (même que je battais les garçons sur 60 mètres), je sautais en hauteur et en longueur comme une puce, je nageais comme une sirène. Bref, je battais les records affichés depuis des décennies sur le tableau du gymnase du lycée. Un jour, ma prof me proposa d’intégrer un club et j’avais la banane comme pas possible tout le long du chemin de la maison. Je me voyais déjà tout en haut de l’affiche, sur la plus haute marche du podium des J. O.
Mais, le destin en décida autrement. Il était hors de question que je devienne une athlète, parce que j’avais mes devoirs à faire et, en filigrane, le ménage de notre appartement m’attendait.
C’est loin tout ça, mais n’empêche que lorsque je regarde de l’athlétisme, j’ai comme un petit regret !
Comme vous l’écrivez si bien, il peut y avoir comme un grand regret dans ce rêve d’enfant.
Ce qui est bien à cet âge, petite enfance, c’est qu’on peut tout espérer.
C’est après que les désillusions surviennent.
Quel plaisir d’entendre un mot peu courant, mais agréable à prononcer, à manipuler oralement, suggérant spontanément des images, se décomposant en particules
Depuis que j’ai entendu ce mot au cours d’une émission parcs et jardins, je gamberge pour le retrouver, le mémoriser . Pourtant facile, apparemment, je l’avais rapproché visuellement d’ un accessoire féminin d’autrefois … donc pas de problème . Raté . J’essaie des associations d’idées, de sonorités pour le remettre en tête, en bouche . Je sens que je m’approche, déductions, remise dans le contexte, mais non ..Bien sûr, j’aurai pu trouver une astuce mnémotechnique , mais il me paraissait tellement évident !!
Mais un jour il va réapparaître, sans prévenir, et alors, je déguste, et je note !!!
Faites confiance à votre mémoire, il paraît qu’elle travaille même la nuit, sans exiger des heures supplémentaires. Payées doubles…
Je découvre ce mot que je n’avais jamais rencontré jusque-là
VERTUGADIN. À la première lecture je l’ai interprété comme la vertu prenant un gadin (chuter pour un parigot comme mézigue qui jacte l’argomuche)
Amicalement
Pascal
Comme l’imbécile que je suis, tout le monde en convient, je n’ai pas réfléchi, encore moins fait attention le jour où j’ai lâché ce mot n’importe où dans la nature.
Oui, je me baladais ici ou là, le nez au vent, la fleur au chapeau à renifler le printemps.
Je n’ai pas pris garde au grand rocher de granit planté trois pas devant moi.
Encore moins à cette pierre émergeant à peine d’une motte de terre.
Je me suis pris les pieds dedans et me suis étalé de tout mon long.
Tout ça en criant « Ho le con! »
Le rocher, vexé, n’a pas du tout apprécié.
Depuis, lorsque je passe par là, le rocher me toise, rigole, et roi de l’écho, se fout de ma gueule et se fait un plaisir de me renvoyer cette élégante expression, une fois, deux fois, trois fois et plus jusqu’à ce que j’aie disparu de son horizon. J’ai eu beau lui dire que maintenant je faisais attention où je mettais les pieds, rien n’y fait.
Moralité, ne jamais insulter un rocher, à moins qu’il ne soit sourd 😉
Ou très tolérant.
Depuis ce matin, je l’avais au bout de la langue. Je le mâchouillais, le salivais, le goûtait avec gourmandise. Patiemment, je m’en délectai. je le savais, c’était un joli mot, léger.
Je voulais lui offrir. Il l’aimerait, c’est sûr. Il aimait les mots. Celui-ci, je l’avais cherché au plus profond de vieux livres pendant des jours. J’étais heureuse de ma trouvaille.
Et il s’envola !
Comme un papillon multicolore. Je vis monter mon doux mot vers les petits nuages blancs. Je l’appelai vainement.
Heureux, libre il tourbillonnait dans le vent.
Un mot qui s’échappe ne se rattrape pas.
Pas de chance pour qui devait le recevoir.
Il est passé par ici
Il repassera par là
Mais il ne s’arrête pas
Le coquin, le scélérat
Voyez-vous ça
Il se planque là où il peut
A la pointe de ma plume
Drôle de coutume
Il s’accroche à l’acier
Pour ne pas dégringoler
Être ainsi rattrapé, kidnappé
Et se retrouver ligoté
Sur une ligne de cahier
Ça il n’en veut surtout pas
Il tient à sa liberté
Et moi dans tout ça ?
Je continue à le traquer
Tiens j’ai une idée
Tout près de mon nez
Sur le bout de ma langue
Il est peut-être caché
Mais le Mot est rétif
Il ne s’en laisse pas conter
J’ai beau, de mes vœux
L’appeler, le supplier
Me concentrer
Fermer les yeux
Ou les lui faire doux
Il ne se montre pas, le filou
Je dois donc me résigner
Dans un effort ultime
A lui trouver un synonyme
Mais encore faut-il
Qu’il respecte la rime !
« Ligoté sur une ligne de cahier », je vois tout de suite l’image produite, elle est séduisante.
Vous m’avez habitué, vous trouvez toujours la rime, pourtant tous les exercices ne s’y prêtent pas facilement. « Bravi6mots » !
Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais pu rattraper.
Il me fatigue, mais il me fatigue ! Des plombes que je le poursuis, que je le traque, que j’élabore des plans tous aussi infructueux les uns que les autres pour le rattraper.
Il se fout littéralement de moi. Il se laisse approcher pour mieux déguerpir, me laissant furax et sur ma faim.
Une fois, il y a bien longtemps, je l’avais touché du bout des doigts. Moment magique qui m’a laissé pantois. Je ne me reconnaissais plus, j’étais devenu un inconnu pour moi-même. Ce simple toucher m’avait propulsé dans les étoiles, ma tête tourbillonnait, elle ne pensait plus. Je planais. Ce moment de grâce a été bien trop fugace. Il s’en est allé sans se retourner.
Depuis, je le pourchasse aux quatre coins du monde. Je sais qu’il est quelque part, je le sens au plus profond de moi, mais il se tapit comme un animal qui se sent poursuivi. Les gens autour de moi, rigolent, me prennent pour un illuminé, m’appellent le chasseur de chimères. Mais moi je sais ce que j’ai vu, ce que j’ai ressenti.
Il m’est souvent arrivé de ressentir une vibration en moi faisant mon cœur s’emballer. Un je ne sais quoi dans l’air, une odeur peut-être, je ne sais pas l’expliquer. Mais ce petit quelque chose fait remonter en moi ce lointain souvenir de bien-être, de plénitude. Il est là, pas très loin. Sans doute m’a-t ’il vu, peut-être m’a-t ‘il reconnu. Se rappelle-t-il ce moment que nous avons partagé ensemble ? Nous étions en symbiose ce jour-là. Il ne peut pas avoir oublié, c’est pas possible. Je me laisse guider par mes sens. Plus j’avance et plus mon cœur bat la chamade. L’émotion de le retrouver fait trembler mes jambes. Mes mains sont moites. Oui, j’en suis sûr ! Au coin de la rue, je vais le trouver. Il m’attend, il n’attend que moi.
Non ! un de plus. Je ne les compte même plus ses rebuffades. Il me provoque, me nargue, me laisse venir pour mieux s’évaporer. Épuisant ! J’en suis arrivé à ne plus dormir de la nuit.
Bon sang ! Où es-tu ?
Je t’en prie ! Reviens ! Rappelle-toi de ce moment magique que nous avons vécu, toi et moi.
S’il te plait, mon p’tit mot, ma p’tite FRAICHEUR, arrête de bouder et viens me retrouver.
Aucune froideur dans votre écrit, au contraire. Cette recherche est presque un marathon. Ça tombe bien… c’est bientôt la fin des JO
Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais rattrapé.
Est ce comme dans ce jeu télévisé ou un candidat fort hemerite, ayant moultes expériences vécues n’arrivait plus à dire le mot « panda »…il s’était sauvé ce mot là.
Et le pauvre essayant de mettre la main dessus énumerait » Pango? Pando? Panga? » Sans arriver à tomber sur le mot juste, mais,je l’avoue, pour mon plus grand plaisir.
Cela arrive souvent qu’un mot s’échappe et où va t il le bougre?
En discothèque, avec tous les mots qui ont fugué ?
Partis faire du poney ?
A la piscine, pour se rafraîchir les idées ?
Ou partie se laver la bouche au savon ? Vilaine expression pour un vilain mot sorti trop vite.
Les mots s’échappent parfois et nous voilà à court de mots, cherchant en vain un synonyme, faisant grands gestes et mimes en espérant sans doute que le mot aura pitié et sortira de sa cachette.
Le mot ne part il pas au pays des chaussettes unijambistes?
Je suppute un complot entre les chaussettes ( on en retrouve très souvent une sur les deux) les mots, les clefs de maison de se faire la malle et partir en vacances, laissant leurs propriétaires dessoeuvrés, vaincus, cherchant une solution pour sortir de ce marasme.
Vous résumez bien ce mystère des mots qui nous échappent quand bon leur semble.
Un mot nous manque et c’est notre monde qui perd pied.
Tout à coup on peut avoir le moral dans les chaussettes 😉
Il était grand temps que je raconte l’histoire d’un mot que je ne suis jamais parvenu à rattraper. Ce mot c’est le « temps ». Avant ma naissance le temps me manquait déjà. J’avais hâte de connaitre mes parents. A travers la peau du ventre de ma mère je les entendais parler de moi et j’avais envie de leur répondre. J’avais beau crier : « Je veux sortir ! », ils ne m’entendaient pas. Le placenta faisait écran et noyait les sons. Alors je tapais du pied pour enfoncer ces parois qui m’empêchait d’être et de naitre. « T’as vu chéri, il bouge », entendais-je. « Ben oui, je bouge puisque je veux sortirrrrrrrr ! ». Je ne sais pas pourquoi mais je naquis prématurément. Et là encore je perdis du temps. On me mit en couveuse, une sorte de micro-onde avec des trous pour qu’une femme masquée vienne me tripoter. « Casse-toi. T’es pas ma mère », criais-je. « Regarde, Jade, pas encore assez gros mais il a de la voix. Comme il est mignon. Il a envie de vivre celui-là ». Quelques temps plus tard, je retrouvais mes parents. « Vous en avez mis du temps », que je leur disais. Mais ils semblaient ne pas comprendre ce que je babillais. Il me fallut donc le temps de l’apprentissage du langage pour enfin communiquer avec eux. J’avais tant à leur dire. Ils furent très étonnés de la maturité de mon langage, de ma façon de m’exprimer. Lorsque je racontais à ma mère que j’avais moyennement apprécié qu’elle fasse l’amour avec papa alors que j’étais sur le point de naitre, elle ne prit pas le temps de la réflexion. Je me retrouvais chez le pédopsychiatre. Je fus diagnostiqué HPI et envoyé dans un institut spécialisé. Etudier, je n’avais pas le temps pour ces conneries. Je voulais prendre le temps d’aimer ma mère et mon père. Mai ils n’étaient plus là pour me caresser la joue ou me conduire à la crèche. Lorsque je compris qu’il fallait obtenir des résultats quantifiables et mesurables pour obtenir un peu de temps pour moi, je réussis toutes les épreuves en passant par la négociation. Tel résultat, telle liberté. A 12 ans j’avais le BAC avec mention très bien. « Bon, très bien. Vous allez me lâcher maintenant ? » Alors je fus surpris. Même les parents ne voulaient pas que je perde mon temps avec eux. Ils me placèrent dans de grandes écoles très calées où les plus âgés passaient leur temps à me rudoyer, à m’humilier. La douceur, les câlins, la tendresse, plus pour moi. Il fallut que je me dresse contre la dureté des autres. Je mis le temps qu’il fallait mais je parvins à m’imposer, manipulant les uns contre les autres pour que l’on découvre que j’étais la solution à leurs problèmes. A défaut d’amour et de tendresse, je découvris le pouvoir. Je n’avais pas pris le temps de l’enfance. A 15 ans j’étais déjà adulte. Pas le temps pour le jeu et les amours adolescents, les fleurs bleues et les poèmes. Je m’abimais l’amour dans mon statut de dominant. Les filles me tombèrent dans les bras parce qu’elles me craignaient plus qu’elles m’admiraient. Du moins c’est comme cela que je le ressentais. Heureusement, il y avait la recherche scientifique pour occuper mes envies et mon temps. Le temps devint vite une contrainte. J’avais toujours plus besoin de dépasser le temps des protocoles pour avancer plus vite. Les gens autour de moi étaient lents, si lents. Il parait que j’étais odieux avec mes assistants. A peine un résultat était-il obtenu qu’il fallait que je découvre autre chose. Les revus scientifiques étaient emplies de mes rapports, de mes découverts et de mes avancées. Mes parents étaient morts. Je n’avais pas eu le temps d’aller à leur enterrement. Je dormais peu, je mangeais peu, je baisais peu. Je vivais mal mais n’avais pas le temps pour une psychanalyse. J’avais d’autres analyses à résoudre, beaucoup plus importantes. Et puis il y eut mon AVC. « Merde ! Pas le temps de rester aphasique. J’ai encore des recherches à diriger ». Là, j’avais beaucoup de temps, beaucoup trop. Je ne trouvais pas la solution. Alors je décidais de mourir. Je me disais avant de partir : « Peut-être que dans une vie ailleurs, j’aurai le temps de retrouver la douceur d’un sourire ou celle d’un être qui me consacrera du temps… »
Cette vie est très riche.
Je ne vois pas où est le mot irrattrapable. Peu importe, je me suis laissé prendre.
Le mot
« Racontez l’histoire de ce mot que vous n’avez jamais pu rattraper ».
Oh oui, il me plait bien le sujet du blog.
Je sais que j’ai de la matière pour illustrer ce thème. Je le sais mais ne me vient en mémoire ni la situation dans laquelle je me trouvais lorsqu’il m’a échappé ni bien sûr, le mot lui-même.
En réalité, les mots s’échappent plus souvent que je le voudrais. Généralement, c’est sans grande importance. Dans les mails ou textos envoyés, vous vous faites parfois avoir par le correcteur orthographique qui décide à votre place. Là, il est possible de présenter ses excuses et mettre, en rectificatif, le mot correct.
Quelquefois, c’est à l’oral, en situation de face à face ou par le biais du téléphone. Vous mettez un mot pour un autre. Vous vous en excusez, si vous vous en rendez compte, et les conséquences sont minimes. Il peut arriver aussi que votre erreur soit due à la confusion faite entre deux lieux, par exemple. Vous donnez une indication erronée à celui qui attend votre renseignement et qui part avec cette orientation trompeuse.
Oralement, je sais avoir employé des mots affectueux qui sortaient de mon vocabulaire ordinaire et que je suspectais avoir une incidence sur le lien que j’avais avec la personne réceptrice, à mon corps défendant, si je puis dire.
Je cherche, mais ne trouve pas ce qui me semblait illustrer parfaitement le thème proposé.
Quelquefois, quand je suis, comme actuellement, devant ma page en construction, je cherche un mot, souvent un verbe, que je sais être celui qui me fait défaut. Je tente de le retrouver avec une approximation que l’outil des synonymes rectifiera peut-être. Mais, cela ne me dépanne pas toujours. Parfois, j’en entends la musique ou pense qu’il contient trois syllabes mais il reste hors d’atteinte.
Me vient en mémoire une anecdote professionnelle :
Dans le bureau d’une unité industrielle, échangent, en ce début de journée, François qui reçoit Antoine, intervenant extérieur qui prodigue la bonne parole aux troupes et moi, en charge à cette époque, de la formation des personnels. Les trois personnes se connaissent de longue date.
Nous sommes en été. Je porte une jupe droite blanche et les deux hommes, des tenues confortables.
– Antoine, vous intervenez auprès de qui aujourd’hui ? s’informe François
– La maîtrise des grands transfos. Vous avez des recommandations particulières à me faire ? demande Antoine
– Ce sera sensiblement le même type de groupe que celui de la semaine passée, pronostiquais-je.
– Le plus important, est de diversifier les exercices. Sans doute, les gars en discutent-ils entre eux, reprend Antoine.
– Parfait, conclut François.
Assise à côté d’Antoine devant le bureau de François, je baisse la tête vers mes mains, croisées sur les cuisses, et réalise alors que ma jupe est, sur le devant, couverte de poils noirs.
– Oh, ma chatte ! m’esclaffais-je contrite.
Les deux hommes se regardent en souriant tandis que je réalise l’ambiguïté de mon propos, concomitamment au regard porté sur le haut de mes cuisses.
Tous trois pouffent de rire et commencent joyeusement une journée qui n’aurait peut-être pas été telle sans cette petite mésaventure d’un mot que je n’ai pu rattraper.
Et allez savoir pourquoi, j’ai gardé en mémoire cette anecdote sans intérêt !
Enfin ! Un vrai mot qui s’échappe, j’adore votre anecdote elle tombe au poil (facile)
Elle correspond vraiment à l’idée qui a donné naissance à cet exercice. Il nous arrive parfois de prononcer un terme qui déclenche ou provoque de l’inattendu irrattrapable.
Bon dimanche. Ici, la chaleur, quant à elle, nous prend au mot.
SHMILBLICK
Il court…il court comme le furet et moi après. Je me faufile il se défile en se glissant et je le sens comme un cheveux sur la langue, bien que serrant les dents, je crains qu’il ne s’échappe. Je le visualise, l’imagine, me le dessine, les synonymes affluent lui s’enfuit. Fantôme… Spectre… squelette… esprit… revenant… Ah oui, mémoire c’est ça ! Bien caché dans le fourre-tout , alors forcément j’ai beau gratter le fond… Il y en a un autre qui s’échappe aussi souvent c’est… Il est beau et donne des ailes… Chaud voire douillet… Qui commence par… A et finit par R… Non ça ressemble à autour !!! … Alors je vois un cœur, des mains qui se touchent, je sens la douceur de la caresse… Lui, j’aimerais bien l’avoir sur le bout de la langue.🐀
Un peu trop gourmande, peut-être ?
Toujours de se méfier des mots importés, ils ne sont pas bio et souvent frelatés.
Bon dimanche à l’ombre et « Aufray » Hugues : Adieu Monsieur le professeur.
Il y a ces mots que vous avez au bout de la langue et qui finissent par vous échapper en laissant votre phrase en travers de la gorge. Il y a ceux qui ne veulent pas sortir de leur trou parce que trop ancrés dans leur mémoire, la page blanche leur donne le vertige, un verbe les harcèle ou le sujet les intimide. Et puis il y a ceux, moches comme des poux, qui détalent comme des puces et vous polluent la tête.
« Putain de mot, reviens ici ! Reste là ! Il va vraiment trop vite pour moi, m’sieur. Vous l’avez vu ? Non, bien sûr. On l’entend siffler comme un coup de vent. ‘tain ! le revoilà. Vous avez vu comme il nous nargue. Mais bien sûr, monsieur de la Foix, je fais « qu’est-ce que » j’peux pour retenir ma langue. Mais il glisse dessus et me file chaque fois entre les dents. J’ai pas la langue de Molière, moi, mais celle de ma mère qui jure pour mieux se faire respecter dans la cité. Vous comprenez ? J’aurais aimé vous y voir, à ma place, à essayer de mettre votre langue dans votre dico de poche pour repousser les avances du petit Robert. Ce mot, il est vraiment pas méchant, m’sieur. S’il montre les dents, ou vous saute à la gorge, c’est pas pour vous mordre, non. C’est juste pour impressionner et nous défendre. Alors, m’sieur, vous pouvez toujours discourir pour le corriger, aucun professeur ne l’a jamais rattrapé dans la cité. Pourtant, moi, j’ai redoublé deux fois. Voyez, j’ai essayé, m’sieur de la Foix. Et il est toujours là, ce putain de mot. Regardez-le, comme il nous nargue, la langue bien pendue. Oh que t’es pas beau toi ! Oh non, t’es pas beau ! Mais je t’aime comme tu es avec ta sale grosse gueule, hein ? Et qu’est-ce que je peux y faire, m’sieur ?
— Laisse courir, Marie-Christine, c’est tout ton devoir qui est irrattrapable. »
Amateur de gros mots, je ne peux qu’applaudir Marie-Christine. Si son devoir est irrattrapable, c’est parce que ces phrases sont dopées ou JO.
Ça ira mieux, demain lundi.
Je n’en peux plus,
Je suis épuisée.
Je n’arrive pas à le rattraper,
Et sans lui, impossible de m’arrêter d’écrire.
Alors j’écris, j’écris, j’écris…
Mon histoire est en train de devenir la plus longue de tous les temps donc la plus ennuyeuse.
Il se joue de moi le « saligaud ».
Je le hais, mais j’en ai tellement besoin.
Sans lui je deviens fou – plus de répit – plus d’oxygène –
Vous rendez-vous compte que je n’arrive pas à rattraper le mot « FIN » ?
Vous rendez-vous compte ?
Non… Vous ne vous rendez pas compte !
Comme je vous comprends, Françoise, j’ai le même problème que vous. Je tente toujours de terminer mon livre, d’arriver à la fin. Mais, il m’en demande toujours plus, c’est un affamé des phrases plus ou moins bien tournées.
Bon dimanche à l’ombre du mot fraicheur.
Edition spéciale de l’Os à Moëlle du 10-08 52
Petites annonces
Recherche mot disparu il y a 24h de mon vocabulaire.
Genre masculin – Court : 6 lettres – Appartenant au vocabulaire courant – Racine latine – Inscrit au dictionnaire –
Pas de correspondance féminine – Pluriel en S – Ni grossier ni vindicatif .
J’espère beaucoup de vos recherches, il s’est enfui tel quel, sans fioritures ni orthographe fantaisie.
Si vous le retrouvez, veuillez appeler LITTRE 35 47. Merci d’avance, récompense assurée.
Je pense que ce mot est parti faire un tour à la plage, regardez bien la ligne d’horizon, Inutile de m’envoyer une récompense, votre imagination me suffit.
Ce devait être un mot visqueux. A chaque fois que je tentais de l’attraper, il me filait entre les doigts de l’écriture. Aucune combinaison des touches de mon clavier ne parvenait à le capter. Pourtant, je m’y prenais tôt, du matin, à l’heure où les poubelles rêvent encore à la perspective d’un beau voyage. Le café fumait dans ma tête. J’avais déjà plusieurs fois cru le coincer, ce foutu mot.
Il présentait bien, original, à la fois complexe et évident. Un mot plein de sens et de contresens, un mot qui pouvait tout dire et son contraire. Un mot sur une balançoire. Un mot ne se balançant jamais plus haut que les premiers nuages. Un mot ne traînant pas, non plus, ses pieds dans la poussière. Un mot d’enfance, quoi, un mot culotté, avec des pets aux genoux. Ce mot tenace avait dû me traverser, un jour de quasi extase, à une époque où la longueur de ce qui va suivre n’a pas de fin, ou l’on espère beaucoup de l’horizon qui recule, sur un rythme commun.
Ce jour que plus d’un aurait marqué d’une pierre blanche devint pour moi un petit chemin gris gravillonnant. J’y piétinais de possibles avancées. On me freinait l’enthousiasme. Certains livres me proposaient des mots savants au goût acidulés, des mots pas vraiment fondants, des mots me râpant, la pauvre langue, pourtant si volontaire.
Je l’ai longtemps cherché, ce mot que je croyais parfait, ce mot qui pourrait tout dire, tout ouvrir, tout contenir. J’y ai sacrifié des heures de paresse, des journées de congés, des mois de vacances, des années de voyages. J’en ai passé du temps dans le réduit de ma tête, j’ai bien souvent amorti mes doutes, abrégé parfois le cours de ma recherche, épuisé, au bord d’un gros gouffre, le goinfre des mots.
Un jour, je me suis rendu à l’évidence. J’ai rendu les larmes. Ce mot n’existait pas ou plus. Il s’était évanoui comme tous les malaises d’un instant. J’ai encore longtemps gratté les croûtes, sur les dos de mes mains.
Et puis, faute d’un mieux fantomatique, d’un mot miracle ou mirage, j’ai enfin accepté de combiner des phrases avec tout ce qui déjà existait.
C’est la preuve d’une grande sagesse 😇