703e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Imaginez ! Vous êtes une surprise. Qui allez-vous surprendre aujourd’hui et comment ?
Étonner, stupéfier, affecter ou réjouir, à vous de choisir.
Je réponds en privé à toute personne publiant un commentaire sur le dernier exercice publié. S’il correspond à un ancien exercice, je ne le promets pas.
SANS VOUS CE BLOGUE N’EXISTERAIT PLUS. DEVENEZ MEMBRE BIENFAITEUR. FAITES UN DON À L’ASSOCIATION ENTRE2LETTRES ®
703/703/Imaginez ! Vous êtes une surprise. Qui allez-vous surprendre aujourd’hui et comment ?
Étonner, stupéfier, affecter ou réjouir, à vous de choisir.
Je suis une surprise et je l’ai su dès qu’on m’a enveloppé d’un joli papier rouge acheté avec un ruban rouge.
Je suis rouge et je vais vous le dire je suis une pomme d ‘amour. Je plaisante je suis une pomme à cidre. En octobre avec mes semblables on fera du cidre et peut-être même du calvados. Je finirai peut-être dans l’alambic et les campagnards se saoûleront peut-être, s’enivreront même,rouleront sous la table, d’autres en cet état feront l’amour (c’est ce qu’ils disent) moi je ne l’ai jamais fait, et après peut-être ils dégusteront une tarte aux pommes. Même la chaleur du four ne me dérange pas à condition que la cuisinière ne mette pas le thermostat de celui-ci trop fort. Ils m’ont enlevé mes pépins ! Qu’en ont ils fait. J’ai soudain la réponse : des oiseaux les picorent. Ils ont l’air d’aimer cela. Ainsi s’achève ma vie de pomme ! Je trouve que j’ai eu une belle vie, les humains nous aiment parce qu’ on est pleines de pectine….. ;
—-
Imaginez ! Vous êtes une surprise. Qui allez-vous surprendre aujourd’hui et comment ?
Étonner, stupéfier, affecter ou réjouir, à vous de choisir.
– Oh Mamie que fais-tu là ?
Je te croyais au …
– Les chiacchiere * tu te souviens, tu les aimais tant lorsque tu étais enfant.
Je suis revenu exprès, et en plus un dimanche matin, pour te les faire déguster une nouvelle fois !
– Oui c’est vrai Mamie, tu m’en faisais presque tous les jours, j’en raffolais.
– Quoi tu as déjà 42 ans. Ah comme le temps passe si vite !
– Et toi Mamie ?
– Tu sais là-haut on s’ennuie tellement, les journées sont longues, longues. Et ton Papy qui n’arrête pas de rouspéter.
Tiens c’est bizarre, subitement je n’ai plus envie d’y retourner !
– Eh Mamie que fais-tu, que fais-tu !
Oh à la place, un petit papillon. C’est dingue pourtant je ne rêve pas. C’est dingue Mamie métamorphosée en papillon.
– Au revoir petit, tu vois je me suis transformée en papillon. Hi hi, l’éternité ce n’est pas mon truc.
N’oublie pas. Appelle moi quand tu veux. Je reviendrai très vite, même en papillon, pour te faire des chiacchiere.
Le jour et la nuit, à n’importe quelle heure, je serai là pour toi petit.
– Mamie reste avec nous, reste, ne me quitte pas.
Miam miam, qu’elles sont délicieuses ces chiacchiere.
Merci Mamie. Certainement je vais t’appeler tous les jours.
*pâtisseries italiennes
Je me suis surpris à être une surprise, ce qui était très surprenant car je ne m’y attendais pas… Quand je me suis mis à écrire, le but était de développer des compétences innées et d’en faire un outil professionnel. Ce but a été atteint et beaucoup ont été surpris parce qu’ils ont découvert un talent qui n’était pas d’Achille… Il a suffi d’une plume pour que les mots s’envolent sur le papier.
Certes, tout le monde ne s’appelle pas Victor Hugo et j’ai bien conscience de n’être qu’un misérable face à une légende des siècles, néanmoins le plaisir d’écrire reste intact. Et j’aime être l’artisan de surprises par le biais de petits mots, de discours dans le cadre d’un anniversaire improvisé, une célébration, une réception… Procurer du bonheur est toujours source de joie…
Big Ben éclairée la nuit, les aiguilles à 9h45, un bus rouge qui passe à ses pieds…
Je suis cette surprise, une carte postale, petit rectangle qui donne de la joie à quelqu’un. Je ne suis peut-être plus à la mode, mais je vous assure que celles et ceux qui me recueillent dans une boîte aux lettres sont aux anges. Comment, autre quelqu’un a pris la peine de choisir une image, d’écrire quelques petits mots bébêtes, une adresse, coller un timbre ?
J’ai pris les airs ou les rails, serrée dans des sacs, ballottée, malmenée, enfin être déposée, pour elle, pour lui, pour eux. Quelle joie de les voir sourire, leur visages rosir ! Parfois même, on m’embrasse !
Londres, le Puy-en-Velay, Hambourg ou Vesoul, je suis une baroudeuse qui aime ses destinataires. Je leur offre mes deux faces, la brillante au cliché bien cadré d’un côté, les petits mots, l’adresse et le timbre de l’autre. Ah ! Le timbre, j’adore être timbrée, c’est le signe du départ et les voyages sont ma raison d’exister.
A l’heure des selfies devant les monuments que l’on ne voit d’ailleurs pas, des photos envoyées par portables, je suis une incroyable preuve d’affection et ça, ça restera toujours une surprise, non ?
quelle bonne idée ! 🐀
C’est le grand jour ! Des semaines que je me prépare, que je lisse, que je brosse, que je repasse bref que je mets tout mon cœur pour me présenter sous mon meilleur jour. C’est la moindre des choses que je puisse faire pour elle. C’est tout de même le jour le plus important de sa vie non ? Ah ça depuis que j’ai entendu son souhait le plus secret, on peut dire que je n’ai pas ménager mes efforts pour être à la hauteur de ses espérances. Je suis impatient de voir la tête qu’elle fera lorsqu’elle déliera le ruban qui noue ma boîte en carton. Je vibrerai au rythme de ses pulsations cardiaques lorsqu’elle découvrira le sac de satin qui me préserve de toute attaque de poussière, ou de ces saletés de mites. Je me suis même mise au régime pour sauvegarder ma forme. Ah, vous verrez, vous aussi spectateurs vous serez ébahis de la complicité qui nous lie, elle et moi, lorsque je trônerai fièrement sur ses cheveux blonds-dorés, qui contrasteront avec la couleur bleu-roi de la feutrine qui m’habille. Elle marie son fils. Elle a prévu de se vêtir de bleu-marine et blanc. J’ai entendu qu’elle disait à son mari, vouloir me porter à nouveau, comme elle l’avait fait pour le mariage de leur fille il y a cinq ans. Sa crainte était que je ne sois plus en état, alors j’ai mis un point d’honneur à me briquer car ce matin elle a prévu de m’essayer.
Imaginez ! Vous êtes une surprise. Qui allez-vous surprendre aujourd’hui et comment ?
Étonner, stupéfier, affecter ou réjouir, à vous de choisir.
Parfois on m’appelle pochette ! Mais attention, pas n’importe quelle pochette. Je ne suis pas le petit plus qui complète la tenue vestimentaire de ces dames.
Comment me décrire ? A la base je suis immatérielle, on ne me voit pas, on ne m’entend pas, je n’ai pas d’odeur.
Pourtant, telle une petite graine, je pousse donnant des feuilles et des fleurs qui finiront par porter des fruits.
J’observe, j’écoute, j’enregistre. Tous ces éléments que je capture, je les mets dans ma petite pochette et le moment venu j’en fais une partition.
Beaucoup de personnes ont des rêves qu’elles n’osent ou ne peuvent réaliser. C’est là que telle une cheffe d’orchestre, j’entre en scène.
Elle a 94 ans et la musique est sa passion. Petite, elle a suivi des cours de violon, mais elle n’aimait pas cet instrument. À l’époque de son enfance, une fille ne pouvait pas faire ce qu’elle voulait. Il y avait les convenances, les traditions. Elle s’est tournée vers le piano plus proche dans une certaine mesure de l’instrument qui la ravissait mais qui était destiné à la gent masculine. Peu importe, elle était déterminée et les préjugés elle s’en balançait. Un jour, sa détermination a payé et elle a pu se procurer un accordéon, l’instrument qui la subjuguait. Elle apprit toute seule à en extraire les mélodies, elle y était parvenue. Et puis le temps a passé. Pour je ne sais quelle raison, elle n’a pas ou pu poursuivre son rêve pour lequel elle avait si âprement bataillé.
Mais on sent en elle le regret, ses yeux pétillent encore bien plus lorsqu’elle parle de cet instrument, alors j’ai sorti ma partition.
J’ai fait appel à d’autres pochettes et ensemble nous avons créé une symphonie.
Nous l’avons emmenée visiter une exposition dédiée à l’accordéon dont le guide était un grand professionnel. Grâce à sa complicité, il n’y avait pas d’autres visiteurs (visibles). En fin de visite, notre musicien lui tendit un accordéon et lui demanda de jouer un air. Cela faisait si longtemps, qu’elle n’osait pas, mais sa résistance fut de courte durée. Quelques couacs au début, puis la magie a opéré. Les notes furent plus fluides, elle retrouva sa dextérité. Toute à son instrument, elle ne se rendit pas compte que petit à petit d’autres accordéonistes l’accompagnaient. Tout d’un coup, des spots s’allumèrent. Elle se trouvait au centre d’une grande scène entourée de très nombreux musiciens qui suivaient sa mélodie et son rythme. Elle était le 1er accordéon !
LA SURPRISE fût telle que des larmes de bonheur coulèrent de ses yeux. Elle n’osait plus bouger, ni jouer, mais la dynamique des autres musiciens la gagna et tout à son bonheur elle reprit son élan et se laissa porter par la musique.
La pochette SURPRISE avait rempli sa mission.
_ Coucou ! Me voici, la plus charmante des surprises !
_ Surprise, vous avez dit surprise ? Mais vous êtes très présomptueuse chère amie ; êtes-vous certaine d’être capable de me surprendre ?
_ Mais oui, bien sûr, d’ailleurs…
_ Taratata ! On ne me surprend pas comme ça, moi, au pied levé…Tiens allez-y, faites-moi des propositions ou plutôt non, laissez-moi deviner : ce ne serait pas un anniversaire-surprise par hasard ?
_ Eh bien, en fait…
_ En plein dans le mille ! C’est vrai qu’à force de voir mon épouse pendue à son téléphone au fond du jardin …et puis cette date réservée sur la calendrier sous un prétexte quelconque…Ah, je vous vois toute dépitée chère amie, voyez-vous, ne surprend pas qui veut.
_ Mais ce n’est pas ça, pas ça du tout !
_ Ah, ce n’est pas l’anniversaire ? Alors, ça concerne mon job . Une nouvelle promotion ? Non, mais là franchement, ce n’est en rien une surprise. Je suis promu régulièrement chaque année, alors..
_ Non, ce n’est pas ça non plus. C’est …tout autre chose.
_ Autre chose ! Oh,là vous m’amusez ; vous êtes plus coriace que je le pensais ! Voyons…Mon fils et sa compagne se séparent ? Ce serait une bonne surprise, elle m’agace profondément avec ses discours féministes. Je n’y suis pas du tout ?Dommage !…Alors c’est ma fille qui a fini par trouver un emploi stable ? Non plus ! Bon, là, madame la Surprise, je commence à me lasser…Je vais vous prier de passer votre chemin.
_ Eh non, cher Monsieur, c’est impossible ! Vous allez être surpris dans très peu de temps. Voulez-vous un indice ? Oui ? Un prénom : Léon..
_ Léon, mon ami de jeunesse ? Je ne l’ai plus revu depuis mon mariage. Sans regrets d’ailleurs, il était un peu niais. Tiens on sonne à la porte, je vais ouvrir, Mais quelle surprise ! Ce bon vieux Léon, si je m’attendais…Eh mais, il m’a frappé ! Un crochet au menton ! Je m’écroule, à moitié groggy, et je vois ma femme, sa valise à la main s’en aller au bras de Léon. Ils montent dans une voiture et disparaissent au loin !…
C’était ça la plus charmante des surprises ? Eh bien, bravo, c’est réussi !
😉 !!!
Imaginez ! Vous êtes une surprise
Ah j’ai chaud là-dedans. Ça fait déjà plusieurs jours que je suis enrubannée de papier bleu à la caisse de ce magasin à attendre qu’un enfant soit suffisamment capricieux ou un parent suffisamment généreux et affable pour être pris, acheté, offert. Heureusement qu’un sale petit chenapan a égratigné mon emballage et y a fait un trou, ça me permet de respirer un peu et de voir ce qui se passe. Ca me distrait, et je vais pas m’en plaindre.
Je ne sais pas qui a eu cette idée de fabriquer des cornets de surprises vendus à la caisse des magasins mais ce n’est quand même pas ce que je préfère comme statut…J’aurais préféré m’endormir au pied d’un sapin à Noël et me réchauffer dans les bras de celui ou celle qui aurait déchiré le papier cadeau avec impatience pour me découvrir enfin. J’aurais profité de la chaleur d’une cheminée, de la douceur des chants de Noël et d’une ambiance douce et feutrée. Au lieu de cela, je poireaute ici au milieu des clients qui donne des coups de chariots à la caisse dans laquelle on m’a déposé sans ménagement à subir des chansons trop fortes. Je ne parle même pas de certains gosses qui saisissent le paquet dans tous les sens pour convaincre leurs parents de m’acheter et qui me donne des coups le long de la caisse ! J’aurais peut-être moins souffert dans un cornet rose. Il parait que les roses sont pour les filles. Quelle bêtise ! Moi je me vois très bien entre les mains d’une fille ! En plus je n’aime pas le bleu. Il pourrait soigner l’emballage et être un peu plus audacieux ! Rajouter des paillettes, des gommettes de toutes les couleurs au lieu de nous cataloguer et de nous figer à des rôles qu’on ne veut pas tenir…
Ah ! Oh là là, elle a l’air bien mignonne la petite là ! Je me vois bien passer du temps dans le jardin avec elle. Je suis sûr qu’on s’entendrait bien ! Allez ! Elle a l’air de m’avoir vu ! Elle approche ! Au bon sang, elle m’attrape, allez ! S’il te plait ! Dépose-moi sur le tapis roulant !!!
Je suis une surprise parait-il?
Mais une bonne surprise! rajoute ma douce et dévouée maman.
Mes six frères et sœurs quant à eux, ne bénéficient jamais de ce compliment.
J’en déduis qu’ils ne sont pas de bonnes surprises.
Maman est un peu fatiguée, je le vois bien.
La lessive, les repas, les devoirs de sa marmaille… elle gère ça comme elle peut car papa lui, il part le matin et il rendre le soir et il ne l’aide pas beaucoup à la maison.
Mais comme je suis une bonne surprise, maman continue de me sourire et ça me va.
Je me suis assez bien adaptée à cette vie jusqu’au jour où tout a basculé.
C’était un dimanche après-midi et je m’étais cachée sous la table du salon comme je le fais souvent, car j’adore écouter les conversations des grands.
Parfois je comprends ce qu’ils disent, parfois pas du tout. Surtout quant la tante Adrienne chuchote à l’oreille de maman de drôles histoires sur l’oncle Jean qui court.
Pourquoi faire tant d’histoires parce que l’oncle Jean court?
Bon, je vous disais donc que ce dimanche après-midi là, j’étais cachée sous la table et j’écoutais maman qui parlait à la tante Adrienne.
Je crois qu’elle se plaignait. J’entendais: fatigue…Charles trop absent… les enfants turbulents…
– Sept c’est vraiment trop! (disait la tante Adrienne)
Et c’est à ce moment là que maman rajouta:
Oui, que veux-tu, la dernière c’est un accident tu le sais bien….
Et me voilà passée en un seconde du statut de « Bonne Surprise » à « Accident ».
LE CHOC !
Depuis, tous les mercredi après-midis, maman me conduit chez une psy qui cherche à comprendre pourquoi je répète en boucle: Pin-Pon… Pin-Pon… Pin-Pon…
Excellent! J’aime beaucoup!
Mais tu es drôle tu sais Camomille ou c’est une surprise ?😉/🐀
Ces jours-ci, Antoine vient nous rejoindre là où nous séjournons. Kris va le chercher à la gare la plus proche.
Pendant cette absence, je cherche un déguisement parmi les vêtements usagés qui sont suspendus dans la remise. Des tenues de jardinage ou de bricolage pour homme s’y trouvent.
J’enfile un bleu de travail froissé et défraîchi, une casquette miteuse tachée de peinture et des croquenots gris de poussière et de boue séchée.
Dans la salle de bain, les crayons de maquillage permettent de me dessiner des sourcils broussailleux, des rides profondes sur le front ainsi qu’à l’extérieur des yeux. Des bacantes à la gauloise au-dessus des lèvres descendent de chaque côté de la bouche. Les joues sont constellées de points sombres imitant la barbe naissante et les cheveux courts partent dans tous les sens et deviennent gris grâce au shampooing à sec.
Une pipe dans la bouche complète cet accoutrement sensé m’ôter tout aspect féminin.
À leur arrivée Antoine et Kris restent quelques instants silencieux sur le pas de la porte en voyant cet énergumène assis dans la pièce principale, le dos courbé sur sa canne, l’air revêche et peu décidé, semble-t-il, à dire ce qu’il fait là.
L’étonnement de mes amis est si patent que j’éclate de rire en voyant leur mine médusée.
Le séjour d’Antoine débute sous les auspices de la farce, du rire et de la bonhommie ; chic, nous allons nous amuser….
703/UN LEURRE
Je me demande : quel est mon but aujourd’hui, étonné, stupéfié. D’interrogation d’ordinaire, j’affecte, je réjouirai peut-être… Je ne sais faire que ça, imaginez que je sois une surprise, toujours l’inattendu arrive dit-on c’est basé sur des statistiques, le plus parfait crétin c’est cela. Aujourd’hui, je me jette à l’eau. Je vais attraper un gros poisson. J’accroche à l’hameçon du pêcheur du dimanche un calme, un tranquille. Son plaisir, faire des ronds dans l’eau depuis la berge. Une gaule, un fil, un bouchon… Voilà que ça mord ! Il n’y croit pas ! Et là, il tire, un monstre… l’épuisette est pleine.
Il va rencontrer un ami, lui fait deviner: gros comme ça ? Plus ! Comme ça ? Tout à coup, un bruit de tôle. Une voiture en train de faire un créneau a embouti celle de derrière. À quoi vous jouez les gars ? Vous m’avez fait signe que j’avais encore un mètre pour me garer ? Pas du tout, mon pote m’expliquait la taille de son poisson.
Une belle prise !
Ça aurait pu mal finir, je l’ai remis à l’eau. 🐻
703 – Surprise ! Où sont les mots ?
Dans la salle d’un petit aéroport, j’attends. Des avions sont immobilisés à cause du gel. Une vague de froid imprévisible, fin octobre.
Mon épouse me l’avait dit, il va faire froid, n’y va pas.
Mais quoi qu’il arrive, je n’aime pas reculer.
Ici, la guerre a ravagé la vie. Mais la nature sauvage reprend ses droits. Je comptais survoler en deltaplane, cette région escarpée que je n’ai vue qu’au ras du sol. Car des mines anti-personnelles doivent s’y cacher encore.
Parmi les voyageurs, un homme déambule. Une dégaine de cow-boy, des cheveux blonds, longs tombant sur les épaules, coiffé d’un stetson noir, un jean troué au genou droit, des santiags vernies aux pieds, comme des miroirs, une chemise à carreaux marron clair et noirs et une moumoute. Accompagné d’un gars plus jeune que lui, qui grelotte. Au guichet, je devine ce qu’ils demandent.
Après tous ces morts, comment les gens d’ici sont revenus à leurs us et coutumes ? Parfois les mots me manquent.
Hier, sur le marché, la poissonnière qui m’a vendu des couteaux m’a fait un clin d’oeil de connivence. Elle les a mis sur la balance. Une bourrasque s’engouffra dans les allées. A ce moment, le vent porta un parfum praliné dans mes narines. La fabrique de dragées avait repris. La femme s’est arrêtée un instant. Quelque chose lui revint en mémoire. Elle avait perdu un fils. Elle chercha ses mots puis, elle dit :
– 5 euros.
Les gravats des explosions avaient été nettoyés. Tout à coup, je me suis senti vulnérable. J’ai pris les couteaux et je suis rentré à l’hôtel.
L’homme au chapeau s’est assis derrière moi, en dos à dos, un peu décalé. Il me dit :
– Bonjour mon capitaine.
Perdu dans mes pensées, j’allais répondre : « Où sont les mots ? » Puis, me ressaisissant :
– Je vous ai déjà vu quelque part. Qu’est-ce qui vous amène ici ?
– La même chose que vous, mon capitaine, le tourisme.
Au fond de la salle, on entendit un ado qui chantait : « Je m’en fous, j’ai du poil aux pattes, quand je m’ennuie, j’en fait des nattes. »
On me l’avait promis, j’allais être bien payé. A cette époque, celle du drôle d’âge d’incertitude, celui où l’on ne barbote plus dans la mère aux canards mais où on ne sait pas encore crawler avec les squales, j’avais besoin de monnaie, comme tous les pauvres en études, pas encore avalé par le monstre du travail.
« Tu verras, on te paiera bien, rien que pour faire la surprise. Tu fais juste ce qu’on te demande ».
L’innocence me mis à poil et m’enferma dans un grand carton circulaire. Une minuscule cheminée m’autorisait à respirer. 24h d’incertitude à se faire chahuter et trimballer, ce n’était ni la mer à boire ni la merde à manger. Juste une petite aventure. Un souvenir à raconter aux parents. Comme quoi j’étais, par moi-même, capable de me débrouiller, quasiment de m’investir personnellement, et tout ça pour pouvoir me payer une mobylette. Je dormis tout à fait correctement, jusqu’au réveil.
On frappait sur le carton. Ça gloussait tout autour. Le chant des 6 reines. Et puis le couvercle sauta. Ebloui par les bougies, je me frottais les yeux, je regardais le paysage. Puis tout fut consommé.
Etre la surprise, le contenu du gâteau d’enterrement de 6 jeunes filles, fut mémorable. Fatiguant mais bien rémunéré.
(Cette histoire est purement imaginaire. D’ailleurs je ne me suis jamais acheté de mobylette !)
Heureux papa d’une fille, je souhaitais, comme mon épouse, être à nouveau père.
– Avoir un garçon ferait bien la paire, disais-je à notre médecin généraliste.
– C’est possible de le décider, répliqua ce dernier.
Ma femme et moi nous regardâmes comme un poilu sur le chemin des dames, à la fois terrorisés mais heureux de se battre pour défier le choix qu’impose le destin. L’endocrinologue de formation nous expliqua la marche à suivre. Le principe était basé sur la chimie. C’est l’ovule qui décide d’accepter d’être fécondée par un spermatozoïde mâle ou femelle. Pour cela la chimie peut influencer cette décision. Un régime alimentaire que suivrait la future maman durant 3 mois permettrait de modifier l’environnement de l’ovule en la plaçant dans un milieu acide ou neutre. Selon le cas, elle acceptera un petit têtard mâle ou femelle.
– La science ne se lève jamais trop tard pour le progrès, nous dit le médecin.
Mon épouse suivit alors ce régime assez strict basé sur des mets plutôt salé avec absence totale de laitage pour avoir un garçon. Moins de 3 mois plus tard un ambrions de garçon descendait à l’étage de la fécondation. Notre bonheur fut de courtée durée. L’Elue de mon cœur fit une fausse couche. Mais cette fausse couche fut une vraie révélation. Le fœtus était un mâle. Tout d’abord sceptiques, nous étions convaincus. Je devins antiseptique pour soigner la douleur de la perte. Un nouveau régime plus tard, mon épouse tombait enceinte à nouveau. L’oreille sur l’enceinte de son ventre, j’écoutais souvent la musique de mon enfant. Lorsqu’il naquit ce fut la confirmation, celle de parents heureux à nouveau et celle de l’efficience de la science sur la chance. La méthode avait fonctionné, nous avions le choix du roi. C’était pour nous une véritable révolution. Si l’heureuse surprise ne le fut guère pour nous, elle le fut par contre pour nos amis et proches lorsque nous leur contâmes cette histoire de choix contre nature.
20 ans plus tard, forte de l’expérience de ses parents, mais surtout convaincu de son propre parcours, de ses propres choix, choix qui allaient bien souvent à l’encontre des conseils parentaux, notre fille aînée devint mère à son tour. Ses parents indignes esquissèrent un sourire lorsque leur fille pleura en apprenant le résultat de son échographie. Elle accoucherait d’un quatrième garçon.
Imaginez ! Vous êtes une surprise. Qui allez-vous surprendre aujourd’hui et comment ?
Étonner, stupéfier, affecter ou réjouir, à vous de choisir.
Nous savions que les jours étaient comptés. L’examen final était proche. A chacune d’entre nous de présenter notre thèse. Les trois meilleurs verraient leur plus grand souhait exhaussé à l’issue du bal des Pochettes. Malgré des années d’étude monotones voire ennuyeuses, mon sujet de fin de cursus, enfin celui que je m’étais choisi avait décuplé mon ardeur au travail et mes ambitions. Je voulais terminer première, c’était mon objectif mais je n’en dis mot à personne.
Pendant cette dernière année, je me penchai sur la psychologie de la surprise. Je ne devais pas me tromper de cible, Il y a des personnes qui n’aiment pas les surprises, certainement l’effet produit sur elles-mêmes leur déplait-il. ?… c’est incroyable pensais-je en découvrant cette réalité !… Prolongeant ma réflexion, je me dis que peut-être cela venait de leur éducation, ou du fait qu’elles avaient été trop gâtées par la vie ou finalement que la surprise était trop insignifiante à leurs yeux !
Non seulement je voulais produire un sourire, une exclamation de joie, et même que la personne se sente envahie de bonheur…mais là où ça se compliquait je voulais que ces sentiments ne soient pas seulement l’effet de quelques secondes, je voulais qu’ils se renouvellent chaque jour, ou tout du moins le plus souvent possible. Attention ! m’avaient suggéré mes professeurs, vous risquez d’être hors sujet. Mais je savais dors et déjà que cela n’avait pas d’importance
Alors que j’étais plongée dans mes réflexions, j’entendis au loin des chiens aboyer. Il me revint alors à l’esprit un de mes voisins. Il passait devant notre maison plusieurs fois par jour à heure fixe. Je n’avais jamais osé lui demander la joie et l’aide que lui avaient procuré son nouvel ami. Je me contentais lorsque j’arrivais à quelques mètres de lui d’un : bonjour Rémi, c’est Surprise. Ah c’est toi me répondait-il invariablement ? Nous échangions quelques mots et il continuait d’une façon immuable son chemin.
Très vite, de ma liste furent éliminés la plupart des enfants trop gâtés, les adultes qui s’offraient ce dont ils avaient envie quand ils en avaient envie ! Mais cette fois j’avais ma petite idée. Je listai un certain nombre d’associations qui pouvaient m’aider à mettre en relation la personne et la surprise que je comptais offrir. La surprise je le savais maintenant devait être si ce n’est une aide à la guérison, un énorme changement quant à la qualité de vie de la personne que j’avais choisie
Je pris rendez-vous avec un centre de rééducation et je me fis présenter les dossiers de jeunes patients qui avaient subi un grave accident de la route. Une fois mon choix arrêté et avec l’aval du corps médical et des accompagnants, je me montrai tellement convaincante qu’ils acceptèrent que j’amène la surprise au centre.
Je frappai doucement à la porte. Paul était installé dans son fauteuil, ses lunettes noirs sur les yeux bien que le soleil ne brillât point. Mon compagnon d’un jour qui se tenait à mes côtés, observa la chambre, et sans que je fasse le moindre geste, vint se blottir contre mon nouveau protégé. Paul passa la main sur le pelage de l’animal, chercha la laisse. Son visage se transforma, un immense sourire l’illumina, son corps si raide se détendit, il caressa encore et encore l’animal, des larmes coulèrent sur ses joues. ‘’A l’accueil’’, dis-je au chien. Le chien se retourna, son nouveau maître d’un pas encore hésitant et lui disparurent dans les couloirs de l’établissement.
Comme un djinn des contes orientaux je m’évanouis à jamais. J’avais peut-être gagné le premier prix mais cela n’avait plus aucune importance, car je savais qu’en réalisant le vœu le pus cher de ce jeune homme je m’étais transformée en une surprise qui allait se renouveler chaque jour pendant de nombreuses années…
La boîte à surprises est joliment décorée de petites fleurs multicolores sur un fond vert printemps. A l’intérieur ce n’est pas la même chose : trois surprises y sont enfermées sans possibilité d’évasion.
Car cette boîte appartient à la famille Hure. Une malencontreuse et surprenante sortie de route a envoyé les parents ad patres. Restent les enfants : trois garçons et une fille. Enflure, Raclure et Crevure sont de sales et méchants garçons.
Malgré un régime fait dans les règles de l’art, les parents n’avaient réussi qu’à pondre une unique fille alors qu’ils en voulaient deux. Aussi lui avaient ils donné deux prénoms : Roulure Cambrure qu’ils utilisaient au hasard de leurs envies et se donnaient ainsi l’illusion d’avoir deux filles.
Entre ses parents foldingues et ses saletés de frères, Roulure Cambrure grandit comme une fleur sur un tas de fumier. Sa beauté et sa gentillesse interloquaient tous les voisins. Pour autant elle savait se faire respecter, obtenait tout ce qu’elle voulait. Ses frères l’avaient bien compris et lui foutaient une paix royale. Elle était souvent absente, occupée à gagner du fric en arpentant le boulevard des Batignolles avec son petit sac vert printemps à fleurettes multicolores.
Une fois par an, les frères soulevaient le couvercle de la boîte. C’était le spectacle de l’année. Et c’était aujourd’hui le jour des surprises. Surprise N°1, N°2 et N°3 attendaient ça avec impatience : un peu d’oxygène, de lumière, d’azur, de soleil… Elles n’avaient jamais réussi à s’échapper pour de vrai. Mais cette fois-ci, c’était la bonne !!
– Il nous faut un truc totalement inattendu dit N°1.
– Inattendu, c’est un peu le principe des surprises, non ? Ça ne s’arrange pas chez toi dit N°2.
– C’est un pléonasme surenchérit N°3.
– Oh toujours à ramener sa fraise, celle-là !
– Je suis cultivée dit N°3, ce n’est pas ma faute.
– Cultivée, cultivée, moi je vais te bouffer la tronche et ta culture tu sais où je la mets.
– Ce que tu es vulgaire ma pauvre Surprise. En fait, tu vas très bien avec les Hure.
– Il y aurait comme un petit air de famille, non ? surenchérit N°3.
– Je vous hais, je vous hais pleurnicha N°1.
– Et bien reste dans la boîte, tu feras diversion suggéra N°2
– Si je ne pars pas, vous non plus. Que j’aille en enfer si je mens
– Tu viens déjà des bas faubourgs, l’enfer n’est pas loin dit N°3
Croc, un coup de dents coléreux décapite N°3
– Oh la salope, la salope, s’exclame N°2
Croc, un coup de dents furieux ampute N°2 de ses jambes.
– Mais tu es complètement folle crie N°3 qui est ventriloque
Crac, Crac Crac, N°2 frappe furieusement avec ses petits bras tandis que N°3 gesticule aveuglément et cogne tout ce qui bouge. N°1, toute estourbie, s’avachit sur ses sœurs, qui coincées et épuisées ne peuvent plus bouger.
Aucune n’a remarquée le ciel, la brise légère, le soleil qui réchauffe. L’évasion des surprises, c’est ratée pour cette année.
Les frères, sur des gradins de palettes, sur fond de mauvais rap, saucisson et bière à volonté, sont tout rouge de plaisir. Enflure rit comme une baleine, Raclure se poile comme un bossu et Crevure s’éclate comme une bouche d’égout.
Ils n’entendent pas Roulure Cambrure, de retour au foyer. « Ça suffit bande de sadiques ». Elle referme le couvercle de la boîte à surprises et déclenche la colère de ses frères, frustrés de leur spectacle. Ils réagissent comme un seul homme et envoient valdinguer sœurette qui passe à une encablure d’une ligne à haute tension et a droit à une permanente imprévue et gratuite.
A l’atterrissage, elle se dit qu’elle n’a jamais eu aussi chaud aux fesses. Les surprises ce n’est pas forcément ce qu’on croit. C’est souvent surfait.
J’adoooore !!!
Ça alors, pas possible ! Qui c’est qui est-là devant moi ? Mes yeux ont du mal à ‘en croire.’ Je me tâte (et je réfléchis en même temps, j’y arrive) Comment m’y prendre et quelle risque d’être sa réaction …
22 ans que je ne l’ai plus vu, depuis que l’on s’était quittés juste après avoir signé notre divorce (même que la Juge m’avait suggéré « Madame vous devriez demander une pension alimentaire ») Elle ignorait que c’était justement ça le motif du divorce, je ramais dur pendant que Monsieur ne se plaisait jamais plus que trois mois dans son « nouveau travail » Lassé, chauffé à blanc, le couvercle de ma marmite avait fini par sauter.
Comme il lui restait encore un peu de classe et de galanterie, il m’avait raccompagnée dans sa voiture dont j’avais fini de payer le crédit, depuis les magnifiques grilles du palais de justice en bord de Seine, jusqu’à ma rue Lecourbe, elle est une des plus longues de Paris, le trajet avait duré. Sans un mot. Merci, je claque la porte, pas d’au-revoir, adieu.
Et voilà qu’il est là. De dos, planté debout, toujours contemplatif de je n’ai jamais su quoi, lui non plus sans doute. Je me demande ce qu’il est devenu, déjà une chose est sûre, il est toujours vivant. Il est un peu plus gras, légèrement courbé, il semble plus petit qu’avant.
Je ne sais pas quoi faire mais je peux le faire : il est tout seul. Il a le cœur fragile, je ne l’ai pas oublié. Comment l’aborder sans lui faire peur. Manquerait plus que je l’assassine par mégarde, ce que j’aurais fait bien volontairement autrefois. Je ne lui en veux pas à ce point-là. Même plus du tout. M’en fous.
Je prends mon élan et lui file une grosse tape dans le dos en criant « SURPRISE !»
Il se retourne doucement, « Ah, c’est toi, ça faisait longtemps, toujours la bonne manière » à quoi je rétorque « ne t’inquiète pas, je ne reste pas, je file au boulot.»
Je me suis rendu, comme indiqué sur mon planning, au 177 de la rue de l’Église dans cette petite bourgade qui ne compte que cinq rues. Seulement cinq mais, interminables. À ce numéro là, se trouve un immeuble de quatre étages dont les façades sont agrémentées de balconnets, certains fleuris, d’autres canissés pour se protéger des regards curieux. Un interphone permet aux visiteurs de s’annoncer et j’appuie sur le bouton qui est à côté du nom que je cherche. Première sonnerie, rien. J’insiste. Une voix caverneuse me demande ce que je veux. (Il est 09h08, ai-je pu la sortir du lit ?) Je m’annonce, un blanc. Je me répète, peut-être n’ai-je pas été audible. Une sonnerie m’indique que la porte d’entrée vient de s’ouvrir et la voix me précise : “Deuxième étage, porte de gauche. Ne sonnez pas!”. Dans le hall, j’arrange ma cravate et je m’engouffre dans la cage d’escalier. J’ai un peu négligé les exercices sportifs ces dernières années, et ce brave docteur qui me suit m’a rappelé à l’ordre lors de mon dernier bilan sanguin. J’ai promis d’arrêter, ou au moins de diminuer, ma consommation de fromage et de pain et de me remettre au sport. Me remettre au sport, pour l’instant, ça se tient à ne plus prendre les ascenseurs. Je grimpe les escaliers deux par deux, ça me donne bonne conscience. Devant la porte d’entrée, je reprends mon souffle avant de toquer trois coups. Un enfant ouvre et me regarde avec des yeux encore endormis. Je crois bien avoir interrompu une grasse matinée. Il m’annonce : “Maaammmannnn ! Y’a un monsieur qu’est là”. Sa mère lui dit de me faire entrer et de m’installer dans le salon, le temps qu’elle termine de s’habiller. J’attends, coincé entre une table basse et un canapé clic-clac défraîchi, je n’ose m’asseoir. Un chien, de race labrador, est étendu de tout son long et m’observe du coin de l’œil. Sa maîtresse le chasse dès qu’elle fait son apparition dans la pièce. Il obéit et déguerpit pour aller se poster devant la porte fenêtre, le regard toujours fixé sur moi. Elle s’avance vers moi et me tend la main pour me saluer. Nous échangeons une poignée de main, et je fais attention à ne pas trop serrer la sienne. On m’a souvent reproché de faire mal et d’avoir les mains moites. Elle s’assoit mais ne m’invite pas à le faire, donc je reste debout et me présente en bonne et due forme : “Bonjour madame. Comme je vous l’ai dit dans l’interphone, je suis contrôleur pour la sécurité sociale, et je suis là aujourd’hui pour m’assurer que vous respectez bien les heures de présence obligatoire à votre domicile. Vous n’avez pas été prévenue de ma visite, car nos visites sont toujours inopinées”.
Elle me jauge assez froidement et me rétorque : “La confiance règne … !”.
Je me permets de lui répondre (ce que je n’aurai jamais fait en début de carrière, mais à deux ans de la retraite, je m’octroie parfois de petits dérapages) : “C’est que, j’ai cru comprendre, que vos arrêts maladie sont très souvent concomitants avec les périodes de vacances scolaires …”. Elle est surprise par mon aplomb et se radoucit. Elle me demande même si je veux boire quelque chose.
Ne trouvant pas de boulot après mes études en sciences de l’attendu, dans l’espoir de trouver mieux, j’avais accepté ce job dans une fabrique de pochettes surprises. Puis, un jour, j’en ai eu plus que plein le cornet de me faire bourrer de boules de papier journal froissé dans lesquelles se perdaient un autocollant, trois mini-crayons de couleur, un joujou en plastique made in China et où se battaient en duel deux caramels mous. Après ça, je restais à m’ennuyer sur un présentoir en compagnie de mes potes roses et bleus. Les parents me snobaient et de temps en temps, un papy tout fier de lui, m’emmenait en balade. Il m’offrait à son bout de chou, tout content de découvrir son cadeau, tandis que son aïeul, perplexe, regrettait déjà ses sous.
Après de bons et loyaux services durant des lustres, je me décidai à fouiller dans les petites annonces et c’est comme ça que j’ai trouvé un emploi qui, je l’espérais, me sortirait de mon spleen. Désormais, je ressemble à un stylo plat muni d’un écran lumineux. Je suis déballé dans la fébrilité, ensuite je suis aspergé et j’attends quelques minutes avant que l’intéressée sache si elle a un invité surprise. Et alors là, j’entends soit un cri de joie, soit un borborygme de dépit ou un hoquet de détresse et là, il m’arrive même d’être fracassé sur le mur.
Toutes ces émotions me perturbent le tempérament et comme j’aimerais atteindre l’âge de la retraite pour couler des jours heureux dans 15 ans, peut-être, je cherche une autre occupation, sans surprise.
En fait de surprise pour tout vous dire, je ne suis pas un cadeau ! Dès que j’arrive c’est l’angoisse pour la maîtresse de maison qui cherche en premier une chaise solide puis un bout de table qu’elle m’abandonne à regret ! J’ai appris à ne plus apporter un de ces majestueux bouquets qui ajoutait un soucis rien que pour trouver un vase à grand col qui, une fois posé au centre de la table, empêchera de voir les convives.
Alors on m’a bien expliqué que plus jamais ça. Que ça mettait la Josiane dans un état de nerfs pas possible et que déjà… Bon…il n’a pas finit la phrase et j’aime mieux ça on peut rajouter ce qu’on veut.
Un jour que je m’en ouvrais au porte manteau qui me sert de psy il a marmonné… ben alors pourquoi ?
Oui hein pourquoi ? Est ce parce que j’apportais le dessert et le vin qui allait avec ? Qu’à chaque anniversaire j’y allais de mon billet ? Que les cousines s’arrachaient mes sacs signés ?
Alors un jour j’ai décidé d’arrêter tout ça… Enfin ce n’est pas vraiment venu de moi mais limogée pour longue maladie. .. eh oui une sale maladie qui m’a laissée sur le flanc avec trente kilos de moins mais qui m’a fait comprendre que la vie est une richesse ! Eh bien ça aussi je l’ai bien compris et maintenant je ne suis plus cette pauvre Gisèle alors que je n’ai jamais été aussi fauchée mais j’ai intégré le club rassurant des ‘ comme tout le monde ‘. La taille fine, l’œil espiègle et la langue bien pendue je n’ai jamais été autant invitée et pourtant, si elles savaient les copines comme les maris les trouvent ternes et ennuyeuses !
Mais si… mais si viens, ma Gigi, Mais non n’apporte rien, viens comme tu es… Les mains vides… Et puis tu fais tellement rire Jean-Marc !
Je suis le cadeau empoisonné !
🐀 Souris Verte
Les surprises étant de moins en moins appréciées par une société qui veut toujours connaître le pourquoi du comment des choses, j’en étais réduite à faire du porte à porte sans beaucoup de succès d’ailleurs.
– Une surprise, non merci, si c’est pour la caméra cachée, on ne sait pas où vont les images
– Quoi, encore ! Le coup de la surprise on a déjà donné et quand on voit le résultat !
– Ah! ben ça alors, entrez donc ma p’tite dame, je m’en vas vous en faire une, moi, de surprise. Non mais alors.
De refus en rebuffades, les pieds douloureux et le moral en berne, je repartais vers sans doute un nouvel échec quand j’entendis derrière moi une voix avenante.
– Ne seriez vous pas la surprise dont on parle tant en ville ?
Me retournant je fis face à un être baroque, tout sourire.
– Je suis la joie de vivre et rencontre le même problème que vous. Les gens ne croient plus en moi, préférant leurs applis qui semblent les rendre heureux à ce qu’ils prétendent.
– Hélas c’est bien vrai, dis-je tristement
– Ouaip, répondit l’autre, et si on échangeait une belle surprise dont vous avez le secret contre une méga dose de cette joie de vivre qui vous fait défaut à ce jour
Ainsi fut fait pour l’entière satisfaction des deux parties.
👍