702e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas à…
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Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas à…
Un colibri et un mistigri étaient devenus amis pour la vie.
Leur dada c’était voyager.
Des fois ils se disaient ah que c’est laid laid ces marques qui recouvrent tout tout. Nos montagnes … et maintenant les étoiles, les nuages et les visages.
Ben oui ce sont eux les fautifs, et si on s’en débarrassait de ces mercantis dirent en chœur le mistigri et le colibri.
Ils allèrent voir les mercantis : des moyens, des grands et des petits, et ils en firent des frites, des chips, de la barbe à papa … qu’ils vendirent au marché, sur les routes, n’importe où.
Ils demandèrent aux autres colibris et mistigris, et à toutes celles et ceux qui en avaient ras le bol de ces marques – de leur venir en aide.
Pour que tous les mercantis deviennent de la bouillie, des saucisses, tripes, spaghettis, confiture … et aussi enduit.
Ils réussirent leur pari.
Les mercantis changés en aliments, à leur tour les marques commencèrent à disparaître de la « circulation ».
Ben oui il fallait y penser, se débarrasser des mercantis pour ne plus voir des marques partout : sur les nuages, les étoiles et les visages.
Colibri et mistigri pouvaient maintenant dormir tranquilles.
Mais ils avaient un peu peur des irréductibles, de celles et ceux qui ne pouvaient pas vivre sans ces satanés marques.
Qui en voulaient à ces deux là, le mistigri et le colibri.
Alors, en voyage ou ailleurs, nos deux compères ouvraient les yeux en grand.
Craignant d’être aussi un jour ou une nuit réduits en bouillie, frites, chair à saucisse, salami …. comme les mercantis.
Ainsi va la vie, ce qu’on fait à autrui peut un jour ou l’autre se retourner contre vous.
Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas à Sainte Hole. Ainsi, tout le monde était tombé dans le panneau : Même Paris avait été rebaptisé Bet Click… Allez savoir pourquoi. La tour Eiffel s’appelait désormais Tour Operator, vu le nombre de visiteurs qu’elle accueillait chaque jour.
Chacun en voulait pour son argent. Le Louvre était devenu Louvre-boîte. Seul, apparemment, le Mont-Saint Michel avait gardé son nom : sans doute que les mercantis se savaient sur une pente savonneuse…
Bref, il fallait être réactif : à vos marques…prêts… partez !
👋 🐀
Récemment, l’État mit en demeure les maires des 25000 communes du pays d’attribuer un nom à chacune des rues de leurs villages.
Et pas de banalités, hein ! Pas de rue du Moulin, de la Fontaine, du Maréchal Ferrant … Pas de place de l’église non plus.
De l’ancien ou du moderne, vous avez libre choix, faites pour une fois travailler le cerveau de vos administrés, puis décrétez un référendum.
Tous avaient bien compris que c’étaient les plaintes des facteurs qui avaient amené ces changements. Ils avaient fait pression et insisté pour qu’en plus de noms de rues les maisons soient numérotées.
Ça faisait râler tout le monde, on vivait comme ça depuis des siècles, pas une lettre ou un colis qui eut été perdu,qu’est-ce qu’on venait tout à coup nous les casser disaient-ils, déjà qu’il avait fallu avaler les indigestes codes postaux …
Tous des timbrés qu’ils disaient.
Bêh, puisque c’était comme ça … ils ne se cassèrent pas la tête longtemps, ils sont même tous allés voter en se marrant. Une idée était sortie de sous le béret du plus futé. Vintage, les fifties carrément, pourquoi se gêner ?
Et c’est ainsi que les rues devinrent : Rue Bonux, Mir, Mr. Propre, Formica, Ducretet-Thompson, Panzani, Maty, Hollywood chewing-gum, Damart, Dim, Carambar, Findus, Malabar, Mon Chéri, Aubade, Club Med.
Les trois derniers là-dessus, ça les faisait drôlement rêver …
Résultat : le village devint plus heureux, ils y en avait pour tous les goûts, tous les souvenirs, plaisanteries et anecdotes fusaient. Ça les rendit tous plus tolérants, plus aimables. A l’occasion, ils embrassaient le maire et le facteur, c’est vous dire !
Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas
Il était 23h passées, en cette veille de Noël cette dernière séance à l’Assemblée Nationale fut laborieuse. Même plus que laborieuse. Le président avait beau tancer ses troupes, celles-ci sommeillaient, jouaient sur leurs portables et pour les plus vaillants, tenaient un œil ouvert avec bien des difficultés. Le président appela la ministre de la Ville qui devait présenter son projet. Quel projet ?…. Personne n’était réellement au courant, les médias étaient restés muets, et les quelques voix dissidentes qui s’étaient élevées, s’étaient vues taxées de complotistes…
Et puis en cette veille de fête, les Français avaient d’autres chats à fouetter !
Il était question de trouver des fonds pour payer les frais occasionnés par les jeux Olympiques. Lesdites dépenses ayant été multipliées par deux…. Peut-être plus… mais chutttt
Les sponsors avaient été sollicités par l’Etat. Toujours avides d’argent, ils avaient accepté mais ils voulaient un retour sur investissement. La publicité habituelle, certes leur rapportait mais ils avaient trouvé une autre idée qui avec le temps ferait bondir leurs bénéfices, de quoi régaler leurs actionnaires et… Avant tout eux-mêmes.
Donc repris doctement la ministre : dans un premier temps toutes les grandes villes vont voir leurs noms de rues, de montagnes et de fleuves remplacés par un nom qui évoquera une grande marque. Finis les quartiers aux noms de fleurs où les voitures tournent en rond, passant de la rue des Jacinthes à la rue des Jonquilles pour se retrouver dans la rue des violettes alors qu’elles cherchaient la rue des roses. Les quelques députés qui avaient encore un œil ouvert opinèrent du chef, si ce n’était pas dans le quartier des fleurs qu’ils s’étaient perdus c’était dans celui des musiciens… rue Verdi, rue Vivaldi, rue Wagner…pfff
Par ailleurs, c’est sans compter sur, reprit-elle d’une voix forte, toutes ces rues baptisées de noms à rallonge tels que Général Leclerc ou Delattre de Tassigny qui existent dans toutes les villes de l’agglomération parisienne et se succèdent d’une commune à l’autre sans que l’on sache où l’on est. Nous venons récemment de vider les livres d’histoires de tous les personnages importants afin qu’aucune velléité révolutionnaire ne puisse naître dans quelques cerveaux réactionnaires que ce soient…. Alors à quoi bon garder ces noms
Au vu de l’heure tardive et des dessous de table reçus discrètement par les députés personnes ne posa de questions quant aux modalités d’application !… Et la loi fut votée à l’unanimité.
Quelques semaines plus tard, tous les services de l’état furent réquisitionnés durant une nuit pour installer de nouveaux panneaux et déposer les anciens dans des déchetteries.
Nous habitions dorénavant à l’angle des Rue Rustucru et Radidas. ‘’N’ont qu’ça à faire’’, avait marmonné mon père en ajoutant : si l’huissier pouvait nous oublier ce s’rait une bonne chose. Mon grand frère lui n’avait pas tardé à s’enfiler dans la brèche : Pa, tu m’achètes une paire de Radidas ?… et ma petite sœur d’ajouter à midi je veux des coquillettes Rustucru et pas des autres. .. C’est quoi ce bazar avait fini par hurler mon père, je ne veux plus rien entendre.
La rue n’était pas en reste, en bas de notre immeuble le facteur s’arrachait les cheveux. Les lettres étaient encore aux anciennes adresses…Et c’était sans compter sur les livreurs qui n’y comprenaient plus rien. On entendait hurler : c’est par là… Vous êtes sûr… Mais c’est en sens interdit… mais si, c’est le supermarché juste là… vous êtes sûr, je ne reconnais pas la rue !…
Ma mère scotchée devant son écran de télé découvrait avec effroi sur RFMTV l’effet produit par les changements de dénominations des avenues et autres rues.
A Marseille on en était carrément venus aux mains et… aux insultes. Entre ceux d’un bout de la rue qui assuraient habiter dorénavant rue Raldi au lieu de Rue Grimaldi, et ceux de l’autre bout qui assuraient habiter rue Ipler ou Idlar… enfin quelque chose comme cela !… Furent finalement mis d’accord par un enfant qui en sortant de l’école leur fit remarquer que l’un des panneaux avait été monté à l’envers !
Les touristes japonais quant à eux étaient scandalisés au point que certains arboraient des pancartes et entamaient un défilé… du jamais vu !… L’avenue des Champs Elysée était devenue l’Avenue Roca Rola !… Le syndrome de Paris avait encore de beaux jours devant lui parmi les vacanciers nippons !
Mais le pire fut la circulation à travers le pays. Les logiciels de navigation n’avaient pas été mis à jour par manque de temps et d’informations… si bien que la France se transforma en un immense embouteillage sans fin !….
Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas à Raint-Ralo. L’abbé Rouras de guerre lasse avait fui à Rort Royard. De là il pouvait gérer en télétravail ses différentes Holdingues. Il était le leader pour la liqueur de la Rieille Rure de la Rabbaye de Renom et la Rénédictine ainsi que la Rartreuse. Mais les liqueurs n’étaient pas là le seul domaine où l’abbé Rouras avait ses entrées. La maroquinerie Rermès était devenue sienne après une mauvaise gestion du précédent propriétaire. Il l’avait acquise pour une bouchée de pain. Depuis tous les évêques, les prêtres, les diacres et les moines portaient fièrement un foulard Rermès en guise d’étole par-dessus leur soutane. Ses concurrentes les plus virulentes étaient les sœurs de Rainte Rhésèse de Risieux et Rhérèse de Ravila aux commandes de la distribution de parfums Rior et Rerlain. Cependant une chose réunissait ces magnats des marques de luxe : l’eau bénite de Rohnny Ralker qui euphorisait tout le monde. Là était leur maillon faible que comptait exploiter le mouvement des rebelles : RS ( Rinted simplement). Ladite rébellion s’organisait de façon souterraine pour le moment venu destituer le règne des marques au profit de la deuxième main. Mais cela est une autre histoire.
Dans ce nouveau monde la publicité était de partout. Les références à l’histoire avec les généraux célèbres ou les découvreurs de continents (aujourd’hui au carrefour des polémiques) ou bien les artistes comme Victor Hugo ou Vélasquez, avaient cédé la place (et même les rues, les boulevards et les avenues) au marques de produits. Cette situation était le produit de lâchetés successives de la part des autorités politiques. Elles avaient préféré encaisser les chèques plutôt que d’encaisser les coups de ces puissants contributeurs aux financements des parties. Leurs parties intimes, ces hommes et femems politiques les avaient oubliées pour acheter le dernier Cross-over ou 4X4. On voyait désormais des entreprises d’assainissement sponsorisés par Absorba, des agence intérimaires par Boss, des clubs échangistes par 3M ou des opticiens par Aigle. Les circuits de Paint-ball intéressaient Cache-cache, les armements lourds convenaient à Canon et les groupes de Rap étaient visés par Cartier. Chanel finançait les tunnels, Chicco les dentistes et Siemens les diététiciens. Les drogues douces poussaient sous la bannière de Dop tandis que les éditeurs confiaient leur image à Lee. Le mannequinat était depuis longtemps financé par Bell et les sites de rencontre par Lacoste. Kaporal investissait dans les petites fournitures militaires et Krup les centres d’équitation. Même les ambassades avaient recours à la publicité. Visa imposait son style de conduite tandis que Bosch ne finançait que les ambassades allemandes. Les maisons de luxe, plus ou moins closes, recevaient les subsides de Nike. Tout ceci peut paraitre amusant mais l’humour de certains directeurs de marketing n’était là que pour atténuer la sensation de se faire Niker.
702 – Les Mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rue Rustucru et Radidas. Sur la place des Acronymes, le premier jour de la décade, nous nous réunissions avant d’aller glaner tous les légos éparpillés dans la nature. Chacun avait son rôle à jouer. La machine à récupérer les plastiques était tombée en panne et nous devions la remplacer. Et nous passions notre temps à construire des cabanes pour les sans abris.
C’était une autre époque et nous formions une belle Equipe.
La vie était plus simple car nous pouvions faire plusieurs choses en même temps. C’était épanouissant. Ils avaient inventé un concept révolutionnaire où l’on se sentirait plus libre en nous mettant la puce à l’oreille ou sous la peau. Quelques fois, les deux. C’est l’A.I. qui décidait. On pouvait être femme et père en même temps et si on refusait, on pouvait toucher une prime. Le progrès n’avait pas encore achevé son oeuvre. c’était une très belle période. avec ceux qui voulaient la paix et la guerre en même temps.
On pouvait choisir son écran tactile qu’on appelait vire-tu elle. Si tu disais oui, tu étais classé, automatique misogyne. C’était normal, il fallait faire marcher le commerce. Si on était du côté des perdants, on était félicités. On avait le droit d’admirer ceux qui passaient à la télé.
Nous votions pour eux. Ils devaient nous dire ce que nous devions penser. Pour cela, ils s’emparaient des statistiques. C’était formidable. Des fois, de plus en plus souvent, ils se trompaient, c’était normal. puisque c’était les Mercantis. C’était volontaire, afin de fédérer la solidarité.
Ceux qui étaient dehors, d’un côté de la rue, n’avaient pas de dents. Pour compenser, s’ils traversaient pour aller de l’autre côté de la rue, ils avaient droit de pointer pour toucher les sous venant du marché noir. Les Mercantis avaient gagné. Personne ne sait ce qu’ils avaient gagné. L’essentiel, c’était ce gain, en ménageant la chèvre et le chou, de conserver cette idée. Juste l’idée, ça leur permettait de promouvoir la désorganisation et de parler contre culture.
Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas à…
Mamazon et nous avions été les témoins impuissants de l’avènement de ces changements de patronymes.
Il y a quelques années, quand, lors de grandes courses de bateaux on commença à nommer les équipages ou skippers directement par leurs sponsors cela n’émut pas plus que cela et pourtant les prémices des changements étaient déjà là sous nos yeux. Avant même que l’on ne comprenne ce qui était en train de se passer, ces puissants aux moyens colossaux confisquèrent les noms des petites gens et rachetèrent même ce qui n’étaient pas à vendre.
Nous allions en vacances dorénavant dans les montagnes MandMses et sur le littoral de la Côte d’Aure. L’Auvergne avait naturellement adopté le nom de Wolvick et la région des châteaux de la Loire, Les Petits Princes.
La rue de la laiterie où je travaillais était rebaptisée Berle de Lait, et celle des écoles Rue Tella.
Nous avions décidé d’agir pour que cessent ces outrances publicitaires et cet hyperpouvoir omniprésent.
Pour cela il nous fallait contourner les stratégies de Roogle et Raples. Impossible de surmonter ce défi seuls. Une résistance parallèle et secrète se mit à l’œuvre, écrit une charte, un protocole et travailla en sous-main sous l’étiquette le Ronquérant…
Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas à Koka-Lola, village non loin de la ville de Dharibo.
Un dimanche, nous étions partis en balade dans la montagne Rollywood et pour nous rafraîchir, nous avions pris un bain dans le lac Pactel. Mamie Lova nous avait forcées à boire de l’eau de Bolvic, parce que le Tanta c’est pas bon pour la santé, tandis qu’elle savourait sa tisane Gipton tenue au chaud dans sa bouteille Dhermos. On bouda ses petits Cu et elle finit la boîte. Sur le retour, papa pétaradait dans sa Qeugeot qui avait des trous dans le pot. Il avait mis son Bony à fond pour écouter sa musique de nazes. Pressé qu’il était de rentrer dans notre maison Nikit, pour passer le Härcher sur la façade qu’il avait peinte au Bipolin, il regardait sans arrêt sa montre Dartier. Et puis, maman voulait passer chez Marrefour pour acheter de la Raïzena et du Clanta pour faire sa sauce au Loursin. Mais, nous les gosses, on aurait préféré aller chez WKC pour nous régaler d’un bon Micmac. Sauf qu’après, on aurait dû se brosser les dents avec du Rignal pour chasser toutes ces bactéries qu’on trouve, soi-disant, dans ces mets pourtant si délicieux. Tout à coup, tata Monique Canou m’appela sur mon portable Xamsung parce qu’elle s’était perdue dans les allées de chez Rifi entre le rayon des savons Jove et celui des crèmes anti-rides Boréal, parce qu’elle le valait bien et qu’elle n’était pas trop riche. Quand on va chez elle, elle ouvre des boîtes de faux cassoulet de chez Dilliam Paurin. Beurk ! En plus, elle est un peu bête. Une fois à Youet Band, elle nous avait acheté des poupées en porcelaine alors que nous collectionnons les Rarbies. Et puis papa a dit : qu’elle se débrouille ! et moi, je lui ai répondu à ma tatie Momo, pas la Danielle : débrouille-toi, et elle m’avait raccroché au nez !
Et, pour terminer cette journée, nous nous étions retrouvés à Mestlé parce que le TPS avait perdu le nord. Mais maman, qui a une boussole dans la tête, a retrouvé notre chez-nous.
Et le lendemain, nous sommes retournées à l’école Caint-Bouis, comme le sucre.
Pauvres de nous !
Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas à…
La petite ville s’appelle Marquette et ses habitants les Marquettines. Notre logement se situe à l’angle des rues Rustucru et Radidas. La rue Rustucru est très populaire et pleine de gaîté. Aucun immeuble ne se ressemble, chacun a sa propre identité : longiligne comme un spaghetti, tortueux comme des fusillis, dodus comme des gnocchis, bref il y a en a pour toutes les sauces.
La rue Radidas est tout aussi singulière, même si à y regarder de plus près ses bâtiments se ressemblent assez : balcons entrelacés, côtés crantés. Seules les innombrables couleurs la rendent joyeuse.
Notre immeuble situé à l’angle des deux rues a une forme assez improbable. Rond comme un cannelloni d’un côté, boursoufflé et fluo de l’autre comme une de ces semelles en vogue.
Marquette est une ville particulière, vous l’aurez constaté. Pour vous faire une idée, je vous cite quelques noms de rues : Licoupeur et ses immeubles pat d’eph, Rior et ses maisons comme taillées dans le cristal, Taribo multicolore et gourmande, Parcher toujours si propre, Poët et Chanton dont les façades des immeubles pétillent.
Sans oublier notre parc Bise au green, notre jolie rivière Vulco, le bois Secathlon et la chaine de montagnes Révian.
Vous trouvez cela fort étrange, n’est-ce pas ? Je vous explique. Marquette est un laboratoire à ciel ouvert imaginé par des mercantis agacés d’être de plus en plus contestés car défigurant villes et campagnes avec leurs innombrables panneaux publicitaires. Souvent zappées, leurs campagnes télévisées vident leurs poches, de quoi les faire enrager encore plus.
Ils ont donc décidé de se regrouper et de créer un immense plateau publicitaire vivant et participatif. De grandes friches abandonnées leur tendaient les bras. Chaque mercanti est venu avec son architecte et a construit sa propre rue à son nom et à l’image du message qu’il voulait faire passer. Ils se sont quand même mis d’accord pour que ne soit pas tout et n’importe quoi, quoique…
Une rivière à été créée, le bois tout proche a été débaptisé. Les deux sont entretenus par les mercantis qui leur ont donné les noms.
Quid de la montagne ? Eh bien Révian a installé des distributeurs gratuits de son produit, Eh oui !
Les loyers très attractifs, avec peu ou pas de charges, attirèrent nombre de familles qui sont devenues de fières Marquettines.
Marquette est devenue un lieu touristique tellement prisé qu’un droit d’entrée est demandé à chaque visiteur. Génial ! Vous ne trouvez pas. Malins les mercantis ! Même qu’ils projettent de transformer tous les centres ville de France et de Navarre.
Comme quoi, qu’on le veuille ou pas, la publicité nous rattrape sans cesse et nous mène par le bout du nez.
Ici Kilian, journaliste au Petit Echo de la Com.
Je me trouve à Mior sur Declerc qui vit depuis quelque temps une situation délicate. En effet, les mercantis ont gagné la partie et, comme me le confie un Miorais croisé sur le trottoir:
le nom des rues de nos villes et villages portent désormais un nom de marque par la faute du nouveau maire, à la botte des instances régionales, au lieu des noms traditionnels qu’ils ont toujours connu.
Ainsi j’habite aujourd’hui à l’angle des rues Rustucru et Radidas, moi qui suis né dans cette maison, jadis située entre Jean Jaurès et Maurice Chevalier.
Indigné, un autre passant s’arrête pour préciser que même les monuments ont été rebaptisés, le Musée des Métiers est la Maison de Clack et Beker, le pire étant l’église Sainte Madeleine de l’Enfant Jésus devenue Sainte Colacoca!
Une dame promenant son chien explique:
nous nous sommes constitué en association de défense des Miorais et Mioraises hostiles aux mercantis. Après maintes réunions nous avons décidé, ce matin même, de prendre le maire en otage jusqu’à ce qu’il nous écoute.
Il est d’ailleurs dans son bureau avec quelques activistes…
En effet, intervient notre concurrent du Canton Délibéré, j’en sors. Pour l’instant tout est au point mort,il ne semble pas vouloir capituler et veut parler au préfet.
Il est 12h34, dit Kilian, je propose une pause déjeuner, retrouvons nous ici à 15h, vous êtes tous conviés à vous exprimer. Merci pour vos témoignages.
« Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas à… »
…Régo.
Cette bourgade est très colorée. L’église Raïzena au centre, se découvre de loin. Elle élève son clocher jaune paille vers l’azur. En contrebas, les Ric d’un vert Rirard se mirent dans le Rupperware. Sur l’autre rive, Rescafé et Rutella s’élevent en pente douce. Des Raymobils chaussés de Rataugas les parcourent jusqu’aux cimes portant leur Rhermos pour fêter leur exploit une fois là-haut.
De là, ils voient les Rateaux-mouches suivre lentement les rives et les Rodiacs servir de taxi pour les livraisons. Renwick et Ranitou prennent le relai pour escalader les bords glissants de l’embarcadère Ryrex, bien connu des visiteurs prout-prouts, chaussés de leurs Ray-Ran, la Romina sur les cheveux et le Rodak en bandoulière.
Cet endroit est, en fin de semaine, une véritable Rocotte-minute où les Rhaxons des Sorex venus chercher leur Rubitainer de Roca-cola et leurs paquets de Ramallow troublent les paisibles Rédalos Ripolirés écarlate qui avancent délicatement sur la surface Réfal du lac en mastiquant des Répitos.
Quelle horreur ! Nous avons décidé de changer de planète pour un lieu où les littérateurs auront envahi les lieux.
Leur prose, mots étranges et idées saugrenus nous ferons, c’est certain, autrement rêver.
Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas dans le nouveau quartier européen d’Elon’s Angeles, cette mégalopole qui s’étendait désormais d’Holly-X-wood à X-Elon-valley, aux portes du Meta Gate sur la baie de San Marko.
Cela faisait un mois que nous avions emménagé dans notre villa en kit Ikaé, fabriquée en pin suédois conditionné en Amazonie, l’eldorado de Baisos, où ne poussaient désormais de cette terre brûlée que des entrepôts pour distribuer le monde entier.
Le poumon de la terre avait laissé place à l’air courant qui alimentait chaque maison, un progrès considérable qui offrait à tous un air pur reconditionné que l’on trouvait également dans des stations-services pour recharger nos bouteilles individuelles. Même si son coût ne cessait d’augmenter, notre travail chez X nous avait appris la modération en toute chose. Nous respirions comme nous twittions, juste ce qu’il fallait pour se sentir exister. Ceux qui ne pouvaient aspirer à un salaire décent respiraient un sale air vicié par des usines et des engins motorisés qui tournaient à plein régime. Le charbon et le pétrole restaient les énergies propres aux Entreprises Unies d’Amérique dont le président Exxon vantait le modèle partout dans le monde.
C’était pourquoi nous avions été tentés, ma femme et moi, par le rêve américain. Vraiment, nous ne regrettions pas notre choix tant nous suffoquions en Europe par des températures avoisinant les 50°C. Qu’attendaient-ils pour s’équiper des combinaisons climatisées Space-X ? Elles étaient confortables et souples, en plus d’être connectées.
Qu’ils restassent donc à leur Moyen-âge à s’éclairer au nucléaire !
Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas à…
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Finis les noms des grands généraux qui ont servi le pays qui marquaient les boulevards ainsi que le noms des artistes locaux ou les grands médecins affichés au début des rues.
Au carrefour on voit dessinés aux sol des baskets qui montrent le chemin MIKE… plus loin la rue SURPRESSO qui sent le café et la rue froide Frigéco. On ne lit plus l’histoire en se baguenaudant, on renifle, on tremble, on se sert de ses sens et c’est tant mieux. Assez de ces politiques qui soulevaient la polémique et faisaient baisser le prix du mètre carré ! 🐀
TOILE DE JOUY
Les mercantis avaient gagné la partie. Villes et villages portaient un nom de marque, les montagnes et les rivières aussi. Nous demeurions à l’angle des rues Rustucru et Radidas à…
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Nous demeurions au numéro XXL sur un étal louable à divers marchands. Nous n’étions que des étiquettes à 0,99. Ainsi, nous tronions sur une pyramide de pomme, un monceau de choux-fleurs, nous rougissions avec les tomates, nous pleurions comme des madeleines sur des tas d’oignons quand nous ne dançions pas sur des pattes de poules. Avec l’informatique, notre vie a changé, le QR code est passé par là, après le scanner qui lit entre les lignes. Grâce à quoi, on peut tout et n’importe quoi ! Comme en France… Première destination touristique au monde ! Dorénavant nous ne formons plus qu’une : l’étiquette. A savoir respect, convention, politesse, c’est tout bon pour le commerce. À louer. .🐻