697e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat
Des oreilles dénigrent le nez avec lequel elles voisinent.
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Les oreilles étaient aux aguets, prêtes comme d’habitude à dénigrer leur voisin, le nez. Elles espionnaient le moindre reniflement bruyant
-Tiens, il a encore oublié son cache-nez !
-Oui, il pourrait se moucher au lieu de renifler !
-Trop fatigant pour lui, il est tellement paresseux !
-Il a peut-être encore respiré des pollens…
-Il ne sait même pas trier, il est vraiment trop nul !
Leur occupation favorite était aussi de s’interroger sur l’utilité d’un tel appendice
-Ce doit être une erreur de fabrication, ce nez protubérant !
-Oui, une grosse bourde du créateur !
-Il devait lui rester une boule d’argile dont il ne savait que faire !
-Oui il l’a flanquée là en plein milieu pour s’en débarrasser et ne rien gâcher !
-On ne voit que lui, cela lui permet de « faire l’intéressant » !
-Il se croit important, pfff !
Un jour, n’y tenant plus, le nez leur a répondu
-Dites donc les filles, vous n’avez pas bientôt fini ! Vous ne vous entendez même plus parler. De vraies langues de vipère ! Pendant que vous me dénigrez, vous ne faites pas votre boulot. Vous feriez mieux de guetter les bruits environnants, de capter les mélodies, les chants d’oiseaux, les douces paroles d’affection, les confidences, les poésies déclamées. Cela vous changerait les idées !
Oh, miracle ! Les oreilles se sont tues … quelques instants !
Des oreilles dénigrent le nez avec lequel elles voisinent
Mon entraîneur il n’a jamais vu ça.
Un petit nez qui s’entraîne dur à la boxe anglaise.
Pour devenir un grand champion du monde.
J’ai bien vu qu’il ne m’a pas cru lorsque je lui ai dit cette ambition.
En fait je m’entraîne pour casser la gueule à ces deux oreilles qui abusent trop avec moi.
J’en ai marre de leurs méchancetés à mon égard, moqueries et cordonneries. Et surtout dingueries et dénigreries.
Déni déni grer, c’est un mot qui sonne bien à l’oreille. Il y a des mots comme ça.
Ouais je m’entraîne coriacement tous les soirs, pire qu’un forcené. Pour être très bientôt un champion du monde, dans la catégorie XLLLL lourd.
Ah ! Ah ! J’ai déjà le nez cassé. Pas de bol. Aucun combat, seulement de l’entraînement et Paf déjà le nez en morceau. Quel guigne.
Les oreilles en ce moment avec ce nez en marmemade, elles me regardent bizarrement.
Elles doivent penser que je me suis mouché trop fortement. Clac clac le nez qui s’est cassé.
Non mesdames, c’est la boxe qui a fait cela. Le sport, l’art des durs à cuire, les grands boxeurs. De vrais hommes.
Avec des pectoraux plein les bras.
Ah ! Ah !
Un après-midi ou un matin vous allez voir.
Je vais donner un fort gant de boxe en pleine poire. En plein dans les oreilles plutôt.
Et puis ce matin en me réveillant, quelque chose d’anormal.
J’ai regardé et regardé à plusieurs reprises. Je me suis approché de près. Elles ont disparu. Plus d’oreilles. Complètement évaporées.
Certainement elles ont eu peur.
On leur a dit que je m’entraîne à la boxe. Tous les soirs. Pour être très bientôt un champion du monde.
C’est sûr, elles sont parties pour cette raison.
Ah ! Ah ! Mon idée de boxe a bien marché.
Elles craignaient peut-être de devenir sourdes si je tapais trop fort sur elles.
Ça leur apprendra à rabaisser un pauvre nez comme moi, frêle et sans défense.
Oh j’y pense. Et monsieur sans ces deux oreilles que va-t-il devenir ?
J’ai un pote qui est boucher. Il doit bien avoir des oreilles de réserve qui traînent dans sa boucherie.
Ces nouvelles oreilles j’irai les coller moi-même sur monsieur. Voilà ce petit problème semble résolu.
Pour ma part j’ai mon idée.
J’adore me baigner, bronzer tout nu et manger des fars bretons.
Voilà je change de vie.
Demain je suis Nénuphar.
Des oreilles dénigrent le nez avec lequel elles voisinent. Il faut dire qu’elles n’ont pas le pied marin et qu’elles n’aiment pas la narine. Pourtant, elles sont bien pendues et ne perdent pas une miette de ce qu’elles entendent. Mais tout le monde ne s’appelle pas Cléopâtre dont on dit que, quand elle avait quelqu’un dans le nez… Et Dieu sait si elle l’avait long… Tout comme Cyrano pour qui c’était une péninsule, ce qui nous ramène à la narine, nationale j’entends.
Donc les oreilles ne souhaitaient pas faire corps avec le nez. Et pourtant, elles ne pouvait pas faire autrement : un seul membre vous manque et tout est désarticulé… Et sans le nez, il manquait un des cinq sens… Pourtant, elles ne l’entendaient pas de cette oreille… Que voulez-vous : quand on est sourd, c’est pas de pot…ou plutôt si. De plus, les oreilles ne pourront jamais sentir à la place du nez et le nez entendre comme les oreilles…
Donc, il fallut faire contre mauvaise fortune bon cœur… et chacun reprit sa place.
Chez nous, le Bacquet et le Fond du Guet sont deux petits vallons tranquilles. A cinquante mètres au-dessus de la Manche, ils paressent et incitent à paresser. Un plateau de maigres pâturages y ondule. Des passereaux y nichent. Quelques lièvres printaniers bouquinent leur littérature instinctivement érotique. Les fruits de mer embaument l’air. De petites sources englouties gargouillent par-dessous, dérivent jusqu’au milieu des falaises, s’y écoulent, fontaines pétrifiées l’hiver. Cette oreille posée là paraît quelconque.
Pourtant cette conque n’en peut plus. Trop de bruit par là-haut. Elle ne sait pas rechigner, elle se replie, elle s’esquinte à laisser les buissons proliférer.
Car chez son voisin, dans son petit plus haut, ses cent cinquante mètres tout mouillés, ça bouchonne.
Ça n’arrête pas, ça pétarade, ça piétine, ça parlote, ça parlemente. Ça se croit empereur, ça regarde l’anglais de loin par jour de brume, de tout près par jour de clarté. Ça couvre le sol de papiers gras et le cri des mouettes de chants bouffis. Ça vous tape sur l’enclume, à force, ça vous rendrait marteau.
Oui, en ce 1er Avril, et pas que, le Cap Blanc Nez est bien encombré.
Aujourd’hui assemblée générale extraordinaire de la copropriété « EnCorps », à la demande des oreilles.
Tous les organes convoqués sont présents ou représentés.
Ordre du jour : Incivilités de voisinage avec le nez.
Président de séance (suppléant) : le Crâne car le Cerveau est en fuite.
Les faits :
– Les oreilles accusent le nez de générer un écoulement nauséabond qui ruisselle dans la bouche avec diffusion et inflammation des parties communes, fond de gorge et trompe d’eustache.
Conséquences :
– les portugaises sont comme ensablées, assourdies, conjointement à des bourdonnements des grésillements voire des sifflements.
Elles ne s’entendent plus et demandent :
1) Une désinfection totale desdites parties communes afin d’éviter tout risque de dissémination et contamination aux organes privés de la copropriété.
2) Expulser ce blaze voire colmater le mufle.
Différents organes fulminent et explosent leur point de vue :
– Cessez de grognasser car à vue de nez on ne peut pas mettre le nez dehors, il est vital pour tous.
– Vous nous cassez les oreilles, ouvrez les yeux, ayez un peu de bon sens.
– Le nez fait la sourde oreille, trouvons en consensus.
En l’absence du cerveau, le vote des organes donne le résultat suivant :
– les Oreilles seront taillées en pointes afin de les avoir à l’œil.
– Le nez s’allongera tant qu’il exsudera.
Fin de séance
Copropriété « EnCorps » au Cap Blanc-Nez (côte d’opale)
Il a du flair ce blair
Du moins c’est ce qu’il dit
Et n’admet guère être contredit
Pourtant ses voisines les oreilles
Ne sont point de cet avis
Et n’ont pas leur pareil
Pour se moquer de lui
Comme elles, entend-il les potins du coin
Monsieur le tarin ?
Que nenni !
Est-il au courant des moindres ragots
Avec qui Untel fait dodo ?
Toutes ces rumeurs qui galopent
Hop, hop, hop
Qu’en sait-il ?
Une idylle qui se profile
Quelque part en ville
Ma foi qu’en sait-il ?
Et les commérages qui font rage
Il sait qu’ils annoncent l’orage?
Quant à ces cancans qui traînent
Ici ou là
Pour lui ce n’est que du charabia
Il clame pourtant qu’il sent ces choses-là
Taratata !
Il est sourd comme un pot
Juste bon à sentir le jasmin et le lilas
Il a beau trôner au milieu de la figure
Elles lui trouvent moult défauts
Et bien peu d’envergure !
j’ai juste oublié de vous dire que j’ai lu juste le début de l’énoncé : des oreilles dénigrent… ( j’ai zappé le reste ) cela vous permettra de comprendre mon récit …. bonne lecture …
Tout le monde avait entendu ! même les vieillards et les nouveaux nés avaient ressentis le frisson dans leur corps. C’était une note funeste, un ton de basse, long et plaintif, enregistré dans votre cortex depuis la nuit du temps. D’emblée, les gens étaient sortis de chez eux, il fallait se rassembler, faire front face à l’ennemi. Voilà déjà huit jours que l’étrange charivari, résonnait dans le canton. On était à cran, on ne dormait plus, les hommes beuglaient, les femmes s’affolaient, s’excitaient parfois, imaginaient les barbares à leurs portes, les enfants suivaient le convoi et imaginaient d’étranges bêtes venant les dévorer.
On devait agir…
Jusqu’à ce jour, et certainement depuis la dernière mobilisation de 1939, aux dires des anciens, personne n’eut à souffrir d’un tel blasphème.
Ce son vous prenait aux entrailles et vous rendez fou.
On convoqua le maire, la marée chaussée, l’armée, tout ce qu’on pouvait de bras et de force pour bannir de la citée à jamais ces indigents. Car de fait, il fallait un coupable ! Cela calmerait les ardeurs, les rebellions et les divorces qui s’annonçaient déjà.
On décida donc de se réunir le jour suivant à l’heure du « maudit bruit » , soit, aux environs de vingt-deux heures juste après la fin du feuilleton télévisée pour organiser la battue .
Pour aller jusqu’à l’antre maléfique, on fit appel à un lieutenant de louveterie, ses chiens seraient flairer la bête.
Le lendemain, à l’heure dite, les flambeaux étaient prêt, les hommes, fourches et pétoires en main faisaient les braves, les femmes jubilaient, les enfants survoltaient jetaient des pierres aux carreaux de l’église.
Soudain, lorsque les dix coups sonnèrent à l’horloge du village, on fit silence. On tendit l’oreille à l’affût du bruit.
– Ouh , ouh entendit t’on dans le lointain, quelques secondes après la fin des sonnailles. Une plainte rauque, bestial. C’était sans coup férir, le coupable.
le cors de chasse sonna le départ, les chiens jappaient, tiraient sur leur laisse, à en briser les liens. Le lieutenant de louveterie fit sentir un linge aux molosses qu’on supposa celui d’un quelconque coupable.
D’un seul mouvement, la foule se mit en marche, on entonna la marseillaise pour se donner du courage.
Après quelques centaines de mètres, arrivée à la sortie du village, la foule se mit en arrêt, les chiens avaient sentis quelque chose ?
– hum, hum , ou oh , oh… hurlait l’infâme bête.
Chacun huma l’air, leva la tête, chercha l’origine du vacarme…
– certainement là-haut ! susurra L’Emile
Chacun s’imprégna de la sentence. Oui ! ce devait être la haut, on avait déjà entendu dire qu’il se passait de drôles de choses la haut, des trucs pas trop catholiques …
Depuis qu’ils étaient arrivés, le rythme tranquille du village avait senti comme un vent fou envahir les âmes, faut dire que chez ces gens-là, on ne parle pas monsieur, on prie…
La « Jeanine » les avaient repéré de derrière ses carreaux tout propres, deux « pimbèches » , atrocement jeunes et belles comme le diable .
Pire, elles se tenaient par la main comme deux hirondelles annonçant le retour du printemps.
La » Jeanine » avait dit qu’il y en a une qu’avait des fleurs dans les cheveux et l’autre , elle était presque nu.
Tout ça sous sa fenêtre ! Le chien avait grondé, c’était pas bon signe !
C’était des filles de la ville, c’est sûr ! On avait pas de ça chez nous. L’Emile , il avait bien connu , la période yé-yé, ces citadins qui voulaient vivre d’amour et d’eau fraiche , ça c’était pas bien terminé.
Faut pas rêver, la terre ce n’est pas fait pour les fainéants ! Le travail voilà la seule vérité ! Alors qu’on vienne pas lui raconter qu’on vivrait avec des fleurs médicinales.
Parce que les filles d’en haut , elles voulaient vendre des fleurs.
Tout le monde rigolait ! et puis le bruit recommença.
Elles devaient avoir une bête dans leur cave, faire des incantations ou peut-être même qu’elles avaient enfantés d’un mutant, un centaure, un greemlins…
Uhm , uhm , uhm… gémit la bête .
Cette fois, c’était trop, il fallait intervenir.
Le lieutenant ordonna de faire deux groupes , l’un passerait par le bas , l’autre par le haut. Au coup de sifflet on lancerait l’assaut sur l’antre des diablesses.
La lune était à son paroxysme, brillante de mille feu, des notes suaves d’essence floral vous montaient dans l’âme, quelques chants de rapaces nocturnes annonçaient la renaissance du printemps, aux abords des dernières reliques de neige, crocus et perce neige chantaient le renouveau, un chevreuil surpris par la troupe de hussard poussa un cri rauque et s’enfuit d’un bond svelte et élégant.
Les barbares étaient à quelques centaines de mètres de la bâtisse, une vieille masure en pierre, où brillait à l’étage l’ambre d’une lumière tamisée.
Les assaillants, se mirent à ramper, tels de fieffés guerriers. On attendait le coup de sifflet.
– OH, OH, OH .
Le cri venait bien d’ici. Aucun doute, c’était là qu’on égorgeait une bête, un humain peut être, on devait offrir le sang d’une vierge ou d’un nouveau-né à une divinité inconnu.
Le coup de sifflet retentit, la horde des villageois se mit à courir, hurlant des cris de guerriers.
On enfonça la porte , arme à la main , parés à toute éventualité.
Et puis le silence se fit, on baissa les armes, on ne dit mot, on observait, muet et hagard, deux femmes faisaient l’amour !
-alors on a jamais rien vu ? se moqua l’une des deux nymphes, belle comme une perle de rosée. N’auriez-vous jamais entendu un orgasme féminin ? Avez-vous des oreilles conçus uniquement pour dénigrer ? Allez HOUSTE rentrez chez vous bande de nigauds.
Ce fut une volée de moineaux affolée qui s’échappa lorsque la belle se leva. On courut à perdre haleine jusqu’à sa demeure.
Ce soir-là , chacun fit l’amour comme des bêtes et on entendit des orgasmes féminins jusqu’à l’autre bout de la vallée, les hommes avaient eu peur que leurs femmes s’échappent de leurs girons patriarcaux.
Des oreilles dénigrent le nez avec lequel elles voisinent.
– Non, mais tu l’as vu, lui, non mais la tête qu’il a ce naze… Tellement immense !
– Ah ah, c’est le moins que l’on puisse dire.
– Allez, on lui dit ce que l’on a entendu hier au théâtre ?
– Tu crois qu’il va comprendre ? Après tout, ce n’est qu’un vague appendice, moche la plupart du temps, qui devient rouge, qui fait des bruits pas possibles, qui ne peut même pas se cacher…
– HA HA HA !
– Ah, lui il a dû aimer le covid, hein ? Il est resté dissimulé pendant des mois. C’était vraiment la meilleure chose qui pouvait lui arriver..
– Tu es trop drôle….
– Allez, on lui dit. C’était vraiment bien trouvé ce truc. C’était comment déjà ?
– Attends… Ah, j’en ai un bout : « C’est un roc, c’est un pic, c’est un cap ! Que dis-je ? Un cap ? C’est une péninsule ! »
– Tu as vu, ça ne le fait même pas se plisser. Peut-être n’a-t-il pas entendu.
– Ben vas-y toi, dis-lui-en une autre…
– « La vapeur du tabac vous sort-elle du nez sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
– HAHAHA !!!
Le nez restait stoïque. Ce n’était pas la première fois qu’il les entendait gloser sans fin, ces idiotes. S’il avait pu, il aurait souri. Mais il était prêt. Cela faisait un moment qu’il songeait à une réponse qui viendrait de lui et non pas d’un poète…
Et là, il l’avait trouvée sa réplique.
Il attendit donc qu’elles aient fini de jacasser comme des débiles et leur dit :
« Rira bien qui rira le dernier. Moquez-vous, moquez-vous ! Dépêchez-vous de vous moquer. Car un jour vous n’entendrez plus rien. Et vous serez inutile. Qui rigolera alors ? »
697 – Des oreilles dénigrent le nez avec lequel elles voisinent.
– Je l’ai vu ce matin. Il m’a fait un pied de nez ! Enorme ! Je ne te raconte pas.
– Si ! Allez, fais pas ta gardeuse. Qui te l’a dit ?
– Les jumelles, elles l’ont vu ce matin.
– Ah, bon ! Elles le surveillent aussi ?
– Pourquoi aussi ?
– Les lunettes, elles sont toujours sur son dos. Elles n’arrêtent pas de le déboiser. Mais celles-ci je m’en méfie.
– Pourquoi ?
– L’autre jour, elles se roulaient un patin.
– Oui, et ?…
– Pour des nyctalopes, elles pourraient éviter de le faire en plein jour.
– Ah ! Je n’aime pas dire du mal des autres, mais l’autre jour, c’était quand, déjà ?
– Jeudi dernier. Tu sais bien, quand tu dis l’aut’jour, c’est le jeudi.
– J’ai eu le sentiment qu’on me sifflait. Je me retourne, devine qui je vois ?
– C’était lui, il en avait encore un coup dans l’aile, je parie !
– C’est ça !
– T’étais bourrée jusqu’aux oreilles ou quoi ?
– Tu sais bien que je ne bois pas.
– Tu es sûre que tu n’en avais pas un coup dans l’nez aussi ! Si tu l’as vu derrière toi.
– J’ai l’ouïe fine, je ne peux pas le sentir.
– Alors, tu en es amoureuse. Même quand c’est un autre qui te siffle, tu penses à lui.
– Lui ! Je ne peux pas le voir en peinture. Je n’ai jamais pu le piffé.
– Les murs ont des oreilles.
– Ah ! Je vois de qui tu parles. Elles t’ont dit quoi ?
– L’autre jour, jeudi, justement, elles t’ont vue sortir de chez lui, la bouche en coeur.
– Ca m’étonnerait. Elles m’ont confondu avec l’autre aux yeux bridés.
– Oui, c’est ça. Tu étais maquillée jusqu’aux oreilles. Tu sais, le bouche à oreille, ça va vite.
Des oreilles dénigrent le nez auprès duquel elles voisinent…
Si les oreilles de Mme Labavasse sifflent souvent, c’est que les ragots du village y vont bon train.
En effet, sa seule préoccupation quotidienne en dehors des tâches domestiques, est de cancaner avec les commères du quartier. Ses oreilles sont aux premières loges de cet incessant caquetage au point de n’y pouvoir plus tenir.
Quant au nez de cette chère bavarde, il était doté d’un sens profondément manichéen. Il flairait la bonne ou la mauvaise discussion entre tous ces villageois désoeuvrés et ne se privait pas d’en faire part à ses voisines.
Un matin très pluvieux, le nez décida d’échanger avec les deux comparses. Bien que géographiquement proche, ,ils ne se parlaient guère tant les oreilles se méfiaient de cet appendice dont les sens aiguisés décuplaient leur jalousie.
– Bonjour, les oreilles, comment allez-vous ? dit sur un ton badin le nez.
– Qu’as-tu encore à nous révéler, le nez ? maugréèrent les oreilles.
– Rien de précis, je venais prendre de vos nouvelles car vous vous plaignez toutes les deux de bourdonnements, de sifflements voire d’acouphènes.
– Oui, et alors ? De grâce, arrête de mettre le nez dans nos affaires ! répondirent-elles sèchement.
– Ne le prenez pas mal, je reviens du village et je voudrais vous prévenir que cela ne sent pas bon pour votre propriétaire. Elle se livre tellement à des racontars que les femmes du village sont prêtes à lui régler son compte. En un mot, elle leur casse les oreilles ! lança le nez.
– En somme, tu viens nous avertir d’un imminent danger pour les délicates écoutilles de NOTRE hôte ?
– Vous avez bien compris, j’ai pensé que lorsque vous vous promènerez, vous entendrez sûrement sur votre passage, quelques remarques désobligeantes sur votre propriétaire car il y a toujours des oreilles qui traînent dans les petites cités, vous le savez bien !- Penserais-tu à notre bien-être à présent, toi qui passes ton temps à flairer la bonne occasion de te rendre indispensable, à tel point que tu es son préféré ? Notre propriétaire apprécie ta présence, car tu as du nez, tu détectes les parfums des fleurs et cela l’enchante ! Alors que nous, nos écoutilles sont au bord du burn-out ! Quand elle fait notre toilette en se saisissant d’un coton-tige, alors là autant te dire que nous subissons une réelle agression. Toi, tu es bien plus tranquille !
– Vous ignonez que Mme Labavasse désormais retraitée était parfumeuse et que ma présence était vitale comme tous les nez de cette planète mais aussi rentable car grâce à mes capacités olfactives, je la guidais dans la sélection des essences ce qui lui a permis au cours de sa carrière de se faire une riche clientèle, répondit le nez solennellement.
– C’est pour cela qu’elle te chouchoute autant, qu’elle ne te fait aucun mal.
– Détrrompez-vous ! Quand elle se mouche ou éternue, je ressens un véritable tsunami sans vous avouez qu’avec l’âge aidant, ses défenses immunitaires s’amenuisent et que mon nez vit en permanence dans l’humidité.
– C’est incroyable ! Nous, qui avons toujours cru que tu coulais des jours heureux, sans aucune contrainte.
Après cet échange, les oreilles se montrèrent plus amènes envers lui.
Comme l’écrivait si bien Marcel Proust dans son roman « A la recherche du temps perdu, La fugitive »
« C’est étonnant comme la jalouse qui passe son temps à faire de petites suppositions dans le faux, a peu d’imagination quant il s’agit de découvrir le vrai ».
– Et c’est reparti comme en 70. Le voilà qui renifle encore, il me tape sur le système, ce pif.
– Ouais, les mouchoirs c’est pas fait pour les chiens.
– Sauf que quand il se mouche, ça me fait des acouphènes.
– Ça NOUS fait des acouphènes. Tu ramènes toujours tout à toi.
– Ça va ! tu t’es pas écoutée. Tu le dénigres à longueur de journée. C’est à croire que tu es amoureuse de lui.
– Moi ! amoureuse de ce trompettiste. Tu rigoles ou quoi. T’as pas vu ses narines qu’on pourrait y passer deux doigts.
– Z’allez pas la fermer ! On n’entend que vous deux dans cette trombine, s’écrie l’œil droit. Moi, j’en peux plus de chialer à cause de ce foutu pollen.
– Tu te crois tout seul, toi aussi, larmoie son jumeau.
– ATCHOUM !!! ATCHOUM !!! ATCHOUM !!!
─ Et c’est reparti ! Que je te renifle, que je te mouche, que je te ronfle ! J’en ras l’ouïe Zoreillette de cet appendice nasal.
─ Je suis solidaire Zoreillie. Moi aussi j’en assez d’entendre du soir au matin et du matin au soir les bruitages intempestifs du Pif.
─ C’est clair ça me résonne dans l’conduit et me fait vriller le tympan.
─ Tout pareil ma chère Zoreillette. Et tu as vu les traits grossiers de ce tarin avec ses deux orifices disgracieux, j’aurai honte moi de trôner ainsi au milieu du visage.
─ Exact. Il n’a ni la délicatesse, ni la finesse de nos pavillons et l’arrondi de nos hélix.
─ As-tu remarqué qu’il voulait se rendre intéressant en nous copiant ?
─ Non, de quoi parles-tu ?
─ Dernièrement il s’est fait poser, un « piercing » sur une narines, dont il se vante. Il est loin de ressembler à nos petits lobes charnus rehaussés de l’éclats des boucles d’oreilles.
─ Oh oui, j’dirai même que dans ce cas, il veut plutôt singer le taureau ou une vache avec son anneau dans le nez.
Le blaze entendant les médisances des deux chipies, après s’être ébroué dans un éternuement bruyant, les admonesta :
─ Et les audibles, moi au moins le ravage des années n’a pas d’impact sur moi. Je n’ai pas besoin d’amplificateurs pour assurer mes fonctions même en vieillissant. Et vous vous êtes vues, avec vos toisons qui vous font ressembler aux pieds de poireaux ?
Une répartie qui ne tombât pas dans l’oreille des deux sourdes, qui piquées dans leur orgueil se muèrent dans un silence éternel.
Oreille Droite et sa sœur Oreille gauche sont ensemble chez le coiffeur :
– Non mais, tu l’as vue l’Amandine ?
– Oui, ben quoi ? Qu’est-ce qu’y a ?
– Son nez
– Oui, ben quoi son nez ?
– C’est plus le même. Tu te rappelles plus de son gros pif avec de la rosacée au bout ?
– Ma oui bon sang, qu’est-ce qu’elle a fait ?
– Bè, elle a fait comme l’année dernière. Chaque fois qu’elle va à Paris elle revient changée.
– Elle avait changé quoi l’an passé ?
– Que t’es bête ma pauvre fille, toi-même tu avais crié ‘Botox’ à propos de ses pommettes et ‘lifting’ pour les plis du cou
– Ah oui, c’est vrai
– Bè, cette fois c’est le nez.
– Ouh fan des pieds, ça a dû lui coûter un œil
– Que tu es courge, si tu crois qu’en essayant de se faire belle elle irait se perdre un œil
– T’as raison, il me semble bien qu’il y a deux ans, elle s’était fait raboter le menton même que c’était bien loupé, depuis il est plus pointu, il est carré …
– Tu fais un pari ?
– Ça dépend sur quoi …
– On parie sur ce qu’elle va faire l’année prochaine ?
– On attend de voir
– De voir quoi ?
– Si son nez si petit, tout fin, retroussé, si mignon, il va tenir longtemps en trompette
– Sur que oui, avec le prix qu’elle a dû y mettre
– Bon, d’accord, allez, on parie
– Et quoi ?
– Que l’an prochain, elle va revenir avec une bouche aux lèvres si grosses qu’elle va aller de toi à moi
– Parle pas de malheur, enfin … vaut quand même mieux entendre ça qu’être sourdes !
ASSEMBLEE GENERALE du 1er avril 2024
Messieurs dames, maintenant que nous sommes venus à bout de l’ordre du jour, avez vous des questions, des remarques ?
Oreilles : On n’en peut plus de notre voisin, ce nez toujours au milieu de la figure. Il prend toute la lumière, tout le soleil. Il nous fait de l’ombre.
Nez : Atchoum, Atchoum, At..
Oreilles : C’est tout. Tu penses t’en tirer avec des Atchoum ! Mais nous on va t’envoyer le marabout pour te boucher les tuyaux définitivement.Tu seras moins fier !
Nez: N’oubliez pas que nous sommes liés, à la vie à la mort. Si vous m’embêtez, je missionne mon Eustache pour vous assourdir à tout jamais. Atchoum… Et en plus, je vais vous tailler en chou fleur. Compris ? Atchoum, Atchoum…
Oreilles: Et en plus il s’est coupé les poils. Pas seulement ceux qui dépassaient, mais aussi ceux de dedans. Il ne sert plus à rien. Il laisse tout passer. Regardez l’état des sinus et des yeux. Ce nez, faut l’exterminer !
Nez : J’ai fait une erreur. Je regrette la luxuriance de mes défunts poils. Mais la bonne nouvelle, c’est que ça repousse.
Sinus : Tu pourrais peut être coller des faux poils en attendant ?
Nez : Atchoum, Atchoum, at…
Oreilles : Faut l’éradiquer. Qui est pour ?
Peau : C’est toutes les années pareil. Vous me fatiguez. Je pars me dorer la pilule à Ibiza.
Oreilles : Les DJ sont trop fort là-bas !
Tous : Interdit de râler. Tous à Ibiza
Vamos à la playa oh-o-o-o-oh
Vamos à la playa oh-o-o-o-oh !
Des oreilles dénigrent le nez avec lequel elles voisinent.
Deux feuilles de chou, marre de s’en faire rebattre à longueur de temps décidèrent de se défouler sur le tarin en trompette qui trônait au milieu de la fraise qui les supportait.
Chou-Fleur lança à Chou Rouge : t’as vu cette proéminence disgracieuse et empâtée qui se prend pour une star car on ne voit qu’elle ?
M’en parle pas, je suis sur le point de muter en chou frisé, tellement elle me rend vert. Pour qui il se prend ce tarin ? A claironner sans cesse, à renifler bruyamment, à remuer dès qu’un truc le gêne. S’il n’y avait que lui qui remuait, je m’en foutrais, mais ses gestes se répercutent sur nous qui n’avons rien demandé.
Quel gougnafier !
Mouais, c’est vrai rétorqua Chou-Fleur. En plus il éjecte des trucs pas possibles par les deux trous dont il est paré. C’est dégueu ! Et même pas discret ! Il se fout de son entourage !
T’as remarqué ces longs poils noirs qui pendent de ses trous ? Une vrai jungle !
Tu m’étonnes qu’on ne remarque que lui. On ne voit que ces lianes pas toujours très propres qui pendouillent, renchérit Chou Rouge. C’est encore pire en hiver !
Tu te rappelles quand on était aux sports d’hivers ? Ses lianes se sont transformées en stalactites, trop marrant !
T’as entendu qu’il voulait se parer de bijoux ?
Ouais ! N’importe quoi ! Il cherche à nous ressembler. Il rêve tout debout !
Remarque, à Noël il pourra accrocher des boules à ses branchages !
Excellent ! s’esclaffa Chou Rouge. On lui mettra une prise et il ressemblera à une ampoule.
Ah oui ! Comme quand grande gueule a englouti trop de jaja et que c’est tarin qui trinque en rougeoyant ! Quoique sur ce coup-là, nous aussi on trinque. Toi un peu moins, mais moi d’habitude si blanc, je prends une couleur fortement rosée.
Oui, répondit Chou Rouge, mais chez nous c’est discret. Lui il éclaire la nuit !
En plus avec ses boutons noirs, il ressemble à une coccinelle phosphorescente !
T’es vraiment imaginatif, mon cher Chou Rouge et compagnon de route. Mais n’oublions pas que nous devons nous rendre chez l’esthéticienne. Il ne faudrait pas qu’un jour le sujet soit inversé et que ce soit le tarin qui s’en prenne à nos feuilles. Nous devons être immaculées et irréprochables !
« Des oreilles dénigrent le nez avec lequel elles voisinent ».
– Que j’ai mal dormi cette nuit ! dit l’oreille droite.
– Je confirme, c’était une quasi-nuit blanche, acquiesce l’oreille gauche.
– C’est toujours ainsi au début du printemps, à l’arrivée du pollen.
– Oui, c’est la période où Monsieur Le Nez éternue et se mouche avec force. On dirait les Trompettes de Jéricho. Il nous bouche alors la trompe d’Eustache et nous empêche de dormir.
– Ces nuits-là, allongé, il étouffe ou ronfle comme une locomotive. Par instants, il reste en apnée et, quand il reprend sa respiration, il aspire et souffle comme un cachalot.
– J’ai parfois l’impression qu’il va nous faire crever.
– Oui, c’est ce que je ressens également…
– Déjà, les rares périodes où il n’est pas « encombré », il nous blesse entre la tempe et l’hélix avec sa racine de nez trop fine. Du coup, les lunettes n’appuient que sur nous et nous irritent.
– Voire nous blessent, suivant la monture de lunettes choisie.
– Sans parler de son anatomie : long, large, narines épatées, enluminé de rouge, bourgeonné, fleuri, suintant même hors des périodes de pollen, avec cette morve filandreuse, gélatineuse, transparente ou blanchâtre agrémentée de substance verdâtre, ou franchement jaune et épaisse quand il a les sinus encrassés…
– C’est tout de même un comble que nous dépendions ainsi de ce tarin !
– Que pourrions-nous imaginer pour améliorer les choses ?
– Je crains qu’il n’y ait rien à faire. Notre qualité de vie et de confort dépend de lui en grande partie.
– C’est déprimant de subir sans aucune autre possibilité d’action que celle de râler. Je sens que la déprime me guette.
– Ah non, pas toi ! Ça suffit les problèmes de santé. Allez, bouge-toi ; écoute les oiseaux qui se remettent à chanter. N’est-ce-pas un concert qui en vaut la peine en ce début de printemps ?
Des oreilles dénigrent le nez avec lequel elles voisinent.
– Oh… là là, qu’est ce qui bouge comme cela ?
– Il m’a encore réveillée !
– Ne me dit pas que c’est lui ? Dire que l’on dormait sur nos deux oreilles !
– Ouai, c’est une fois de plus l’aristo qui n’en fait qu’à sa tête !
– Ah tu l’appelles comme cela le grand pic qui se prend pour un Grec !
– Ouai, c’est lui…. Ce Monsieur à l’allure stricte et hautaine, qui se dit parfait et qui n’a jamais un regard pour nous… sauf quand il nous traite de feuilles de chou !… bien-sûr.
Aa atchoum m m….
– Pas besoin d’avoir une oreille qui traîne pour savoir ce qui se passe.
– Doit encore avoir la goutte au nez !
– Moi qui rêvais d’une petite promenade dans la nature, tu vas voir qu’il va faire le malade !
– Tendons l’oreille, pour voir combien de temps va durer la comédie
– C’est un malin, un jour ce sont les acariens, un jour c’est le pollen, un jour il fait trop froid… enfin il y a toujours quelque chose !…
– S’il mettait son cache nez ?….
– Tu parles les écharpes c’est bon pour nous, mais au moins on a bien chaud et on n’est jamais malades.
Aa atchoum mm…
– Cette manie, de ne jamais vouloir mettre le nez dehors, ça commence à bien faire !
– C’est certainement pour nous embêter !… Depuis toujours, il nous a dans le nez, peut pas nous sentir… peut être même, a-t-il une dent contre nous ?… va savoir !…
– Fais gaffe, tais-toi, il risque de venir mettre son grain de sel … euh !… son grand nez dans nos affaires
– … et nous tirer les oreilles ! ah ah…
– Ouai, pas intérêt à avoir une oreille qui traîne dans ces moments-là.
– Et si on lui tirait les vers du nez, à lui ? juste pour essayer de comprendre pourquoi on est cloué à la maison régulièrement.
– Euh, …. Si la moutarde lui monte au nez !….
– Il risque de venir nous casser les oreilles ?… c’est ça ?
– Y-a des chances, alors il nous reste plus qu’à faire les sourdes oreilles !…
Des oreilles dénigrent le nez avec lequel elles voisinent.
– Tu l’as encore entendu cette nuit?
– Oh Oui! il n’a pas cessé de renifler… Je ne le supporte plus,
– Il a chopé la grippe aviaire je crois,
– C’est pas une raison pour nous pourrir la vie,
– Qu’est ce qu’on peut faire d’après toi,
– Rien – Nous sommes vouées à subir,
– Crois-tu? Et si nous nous révoltions, et si nous prenions le pouvoir, et si…
– Arrête de rêver. D’autres l’on déjà fait – ça s’appelle faire le « ME TOO »- et ça n’a jamais empêché les nez de renifler la nuit.
– Alors… alors…
– Hola! les oreilles en feuille de chou! C’est pas fini ce ramdam?
Hé oui… les affres de la cohabitation, ça n’arrive pas qu’aux autres!
— T’entends ça, Gloria ? Monsieur fait du théâtre. Il a été sélectionné pour jouer le premier rôle dans Cyrano de Bergerac.
— Ah ah ! J’imagine la scène, Maria. « C’est un pic, c’est un roc, c’est un cap. Que dis-je c’est un cap…
— C’est l’entrée de la jungle ! ah ah ah !
— La forêt vierge ! ah ah ! Rassure-nous, ils ont une esthéticienne pour t’épiler avant de te saupoudrer ?
— Un jardinier, tu veux dire ? Avec une débroussailleuse, ah ah ah ! Comment ils ont pu te choisir ? T’as aucune prestance, tu ne sais même pas te tenir droit, tu t’écrases avant même qu’on ne te touche. Tu ne parles pas, tu geins comme Bob Dylan.
— Ça va, ne l’accable pas, Maria. Tu le fais renifler. Il va encore nous casser les tympans à se moucher. Après tout, c’est le nez des temps modernes, la nouvelle star des naseaux sociaux. Avec tous les abon-nez qui le suivent. Ils sont combien là-dedans ?
— Au moins cent mille ! Et par narine. Acariens et crottes en tout genre, beurk !
— Ah ! Ces influenceurs, sous prétexte qu’ils inspirent l’air du temps, tout le monde les suit les yeux fermés.
— À quoi bon les ouvrir, on n’y voit rien dedans, il n’y a pas un éclair de lumière. Oh ! tu peux faire ton blasé, n’empêche que tu trompes bien ton monde à brasser du vent pour le ressortir bien échaudé après qu’il a fait le buzz dans toute la planète.
— Il ment comme il respire. Écoute-le comme il fait le fier. Pauvre blaireau, va ! Ça ne te suffit pas de siffler toute la nuit, bouché comme t’es, tu vas, en plus, postillonner le jour des répliques qui vont faire couler pas que de l’encre. Et dire que l’on va être obligées de supporter ça, pendant des mois.
— À qui le dis-tu, Gloria !
— Bon, les Portugaises, vous ne voulez pas la mettre un peu en sourdine, là, que j’essaye de répéter le texte !
— Tiens, manquait plus que Bob Dylan ! On l’avait oublié celui-là, voilà qu’il sort sa langue de poche pour nous éblouir. Fermons les volets !
— T’as raison, Maria, il serait temps que sa voix se réconcilie avec monsieur Clapet. Elle l’a clairement dans le nez.
Deux esgourdes des plus malveillantes
D’un pif leur voisin se gaussaient
Deux feuilles de choux décollées
Faisaient de lui leur victime
Avez vous vu ce gros blair rougeaud dit l’une
N’est-il pas laid avec cette verrue
Oui da, et ses narines malpropres
Répondit celle de gauche
N’en parlons pas, c’est honteux
Dire que nous devons séjourner près de lui
Entendant ces malveillances
La trogne aux feuilles de choux répondit illico
Vous vous croyez plus belles sans doute
Ces poils blancs émergeant de vos pavillons
Vous savez apparemment médire
Mais vous n’entendez plus guère il parait
Alors que j’ai gardé intact mon odorat
Ainsi que mon flair de fin limier
Les oreilles, honteuses et confuses
Marmonnèrent de vagues excuses
Cherchant sans plus tarder
Une autre cible à dénigrer.
697/LES TRUCS QUI DÉPASSENT
sont en bisbille ! Les feuilles de chou dénigrent le perchoir à merle qui, en bon promontoire se la raconte. Sa position dominante affole tout le monde car les informations sont différentes.
– je sens le brûlé ! Dit il affolé..
– nous on entend comme un bruit sourd disent les esgourdes…
Et voilà tout le monde inquiet.
Depuis tout temps les filles ornaient leurs oreilles de petites boucles en or, ça c’était incontestablement un signe de reconnaissance mais voilà que récemment le nez est orné de piercing ! Pour peu que le nombril s’y mette aussi ! Lui qui se prend pour le centre du monde !
🐀 Souris verte
Des oreilles dénigrent le nez avec lequel elles voisinent. Il faut dire qu’elles n’ont pas le pied marin et qu’elles n’aiment pas la narine. Pourtant, elles sont bien pendues et ne perdent pas une miette de ce qu’elles entendent. Mais tout le monde ne s’appelle pas Cléopâtre dont on dit que, quand elle avait quelqu’un dans le nez… Et Dieu sait si elle l’avait long… Tout comme Cyrano pour qui c’était une péninsule, ce qui nous ramène à la narine, nationale j’entends.
Donc les oreilles ne souhaitaient pas faire corps avec le nez. Et pourtant, elles ne pouvait pas faire autrement : un seul membre vous manque et tout est désarticulé… Et sans le nez, il manquait un des cinq sens… Pourtant, elles ne l’entendaient pas de cette oreille… Que voulez-vous : quand on est sourd, c’est pas de pot…ou plutôt si. De plus, les oreilles ne pourront jamais sentir à la place du nez et le nez entendre comme les oreilles…
Donc, il fallut faire contre mauvaise fortune bon cœur… et chacun reprit sa place