693ᵉ exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue…
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J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction.
Pour que ça bouge, pour que ma situation s’améliore et que ça carillonne dans les tuyaux, il me fallait une idée saugrenue. Oui, mais, où la chercher ? Où la repérer ? Où la découvrir ?
Vous savez bien que, de nos jours, les bonnes idées ça ne courent pas les rues.
Après un long temps de réflexion, je me suis dit que le plus simple était d’aller dans un « Magasin d’Idées ». Et justement, une nouvelle boutique de ce genre venait d’ouvrir dans le quartier.
Je m’y suis rendu, plein d’espoir, et j’en suis ressorti avec une « proposition » qui me plaisait vraiment. D’autant plus, que je l’avais achetée pour seulement 10 euros 45 car elle était en solde.
L’idée était la suivante : « Souffler des phrases à l’oreille de certaines personnes pour tenter de bâtir un monde meilleur ».
Aussitôt dit, aussitôt fait.
J’ai choisi un P.D.G. d’entreprise, richissime, et je lui ai soufflé des mots justes et pleins de bon sens.
Depuis, chaque jeudi à 14 heures, dans sa superbe Bentley décapotable, conduite par son chauffeur, il parcourt lentement l’avenue Victor Hugo, au son d’une musique très chouette qui vous donne envie de danser.
Et depuis sa voiture, il distribue des liasses de billets de 20 et de 50 euros aux passants.
Vous verriez les sourires et la joie sur les visages, c’est impressionnant.
693 J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue…
Suivre la Vendée globe ! Je tombais pile l’année de cette course qui ne se passe que tous les quatre ans.
Ce n’est pas une mince affaire, nous sommes nombreux. La compétition est rude. Plusieurs vents s’affrontent pour savoir quels sont ceux qui vont avoir l’honneur de pousser les voiles des concurrents de cette prestigieuse et courageuse course. Comme ces marins, je suis un solitaire avec une grande différence et elle est énorme : je n’aime pas me battre pour gagner.
J’ai donc décidé de partir tout seul, quelques minutes après le départ du dernier bateau. Ni vu ni connu ! La vitesse n’est pas un handicap pour moi, c’est mon quotidien.
Depuis des dizaines de jours je suis de loin les efforts incroyables de ces marins passionnés, à se demander comment souffrir à tel point est un plaisir ! Sur ma route, une jeune femme en particulier a bien du mal. Vous avez compris, je décide de l’aider. Me voilà pris d’une énergie inhabituelle, oublié mon refus de me battre ! Je veux qu’elle gagne ! Je la pousse de toutes mes forces, elle est de moins en moins distancée par les autres.
Les radios, les journaux, tous les médias sont en effervescence ! Personne ne comprend ce revirement.
Seulement voilà, rien n’est idyllique. Je viens de me mêler de ce qui ne me regarde pas ! j’ai déclaré une guerre, la guerre des vents qui se lient contre moi. Une bagarre éclate, rendant fou l’océan, il en résulte la plus grande catastrophe jamais connue, des dizaines de bateaux ont chaviré, oui mais…ma concurrente a gagné !
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue…
Ça fait trois heures que je tourne.
Il n’y a pas de gonfleur d’hélices dans cette rue Soufflot.
Mince et mince.
Que vais-je faire ?
Je suis venu exprès pour le voir et je viens de très loin.
Je me présente.
Je me nomme Bibi, j’habite une lointaine étoile, c’est moi qui souffle sur votre planète, les moyens, les petits et les grands vents.
Depuis quelques jours, je ne me sens pas bien.
Avec le temps qui passe, ma vieille carcasse a dû se détraquer.
C’est pour cette raison qu’il n’y a presque plus de vent chez vous.
C’est moi le coupable.
Et comme, sur ma sympathique étoile, je suis le seul à faire ce job, il faut que je retrouve la pêche.
L’autre jour j’en ai parlé au roi du territoire, il m’a dit :
Va vite, rue Soufflot, à Paris, dans le pays de France.
Je connais un gonfleur d’hélices qui est là depuis une éternité.
Lui il te remettra d’aplomb, regonflant tes poumons avec plusieurs tonnes d’oxygène.
Et tu pourras, comme avant, souffler dans tes saxophones, tes trompettes … et aussi produire les vents sur sur …
– La Terre mon honorable roi !
Dans votre monde, c’est la première fois que j’y viens.
Je ne voyage presque pas dans l’immense univers.
Préférant vivre tranquillement dans le bourg où je suis né.
Le roi le roi, ah ce malfrat – certainement il m’a fait une blague.
Oh c’est quoi ça !
Ça souffle dans ce coin.
Qu’arrive-t-il ! C’est donc quelqu’un d’autre qui fait du vent.
Ah si je le tenais ce bougre de roi, je l’étranglerai.
Aïe aïe ça souffle vraiment fort dans cette rue Soufflot.
Ah il m’a eu ce satané roi.
Ouais je pige. Il voulait que je m’éloigne.
Mais dans quel but ?
Ce jour là, en effet, le vent était très fort dans la capitale.
L »inconnu » se mit à rire lorsqu’il vit des parapluies se retourner et des jupes se soulever.
Ah ah c’était donc ça.
Tout à coup, dans la rue, il entendit : Happy Happy birthday to you !
Happy happy birthday tou you !
Il lève la tête, ça semblait provenir d’un appartement du deuxième étage.
Ah que c’est joli.
Si j’allais voir !
Sur place, il vit plusieurs personnes qui chantaient, fêtant un anniversaire avec de beaux gâteaux sur la table de la salle à manger.
– Maman maman !
Je n’ai pas du tout soufflé s’écria l’enfant ; les bougies elles se sont éteintes toutes seules.
C’est vraiment bizarre !
Ce n’est pas moi maman je le jure.
Voilà comment, à Paris et ailleurs, se reconvertit notre « prince » des vents.
Il aida bien souvent les petits enfants et les moins petits à éteindre leurs bougies d’anniversaire.
Son souffle qui reprit sa vigueur habituelle lui servit également à beaucoup d’autres choses.
Il rendit de grands services sur notre chère Terre.
Il y resta très très longtemps avant de retourner sur son étoile.
En l’an 2 675 432 environ.
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était plus. Je manquais de souffle, de conviction. Un changement devenait nécessaire pour retrouver ma motivation première. J’ai alors décidé de démissionner de mon poste actuel pourtant prestigieux aux FSTO « Forces Spéciales Tempêtes et Ouragans » et de me lancer en freelance.
J’ai d’abord galéré, réduit à l’état de brise insignifiante qui n’aurait inspiré aucun poète. Puis, un jour de grand beau temps, une idée saugrenue m’est venue. Au lieu de souffler, j’allais aspirer ! Les débuts ont été difficiles. Je me suis retrouvé avec le béret d’un marin collé entre mes dents. J’ai déraciné nombre de fleurs et ébranlé des arbres. J’ai vidé les mangeoires des animaux et les bassins des jardins. J’étais ébouriffé, tâché, encombré ; je peux même dire dépassé.
J’ai pris le temps de calmer mes ardeurs. Je n’étais plus dans les FSTO. Je pouvais désormais prendre mon temps, vivre paisiblement. Je me suis fait connaitre et ai fini par me spécialiser. Séchage de larmes tout en douceur, effacement des tâches d’encre sur les cahiers des écoliers, absorption du trop plein d’arrosage des plantes vertes et, ce dont je suis le plus fier, aspiration méthodique de l’écume du demi de bière. Finies les moustaches !
692/J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était plus. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue mais elle est si saugrenue que j’ai peine à vous la dévoiler tant je crains votre émoi, votre courroux ou votre colère .Vous semblez soudain vouloir savoir.Eh bien voilà : par crainte de rencontrer des vents mauvais, je vais me mettre en mode « blizzard » . Zut il y a trop de soleil et la neige sera absente….
Je pars mais je reviendrai !!!
Les bourrasques de l’hiver m’avaient exténué, j’étais à bout de souffle, je manquais d’air, bref, j’avais besoin de me requinquer. C’est alors qu’une idée aussi sotte que grenue s’est installée dans mon esprit : aller faire une cure.
Me faire chouchouter, dorloter, quel rêve !
Je formulai un prompt bien tourné à ChatGPT pour qu’il me propose un établissement, des soins et une bonne prise en charge par la Sécu et la ma mutuelle.
Il me répondit en cinq secondes chrono qu’une cure de remise en forme pour les vents n’existe pas. Son argumentation était que les vents sont là depuis toujours, ils n’ont pas besoin d’être remis en forme.
Je trouvai la réponse amère et lui promptai aussitôt :
Mais dis donc Chat, tu fais une réponse de sophiste
Pas de réponse de Chat
Je reformule plus gentiment (il paraît que l’IA a une conscience…)
C’est sophiste qui t’as pas plus, excuse-moi, je retire le mot. Je te demande un conseil, c’est ton boulot je crois, et tu me réponds que je n’ai pas besoin de remise en forme. C’est quand même un peu fort, tu ne sais pas les duretés que j’ai traversées cet hiver, je suis rompu, fourbu, moulu, j’ai traversé la terre plusieurs fois du Nord au Sud et d’Est en Ouest. J’ai vraiment besoin de me reposer et pour cela j’ai pensé qu’une cure dans un bel endroit, avec des soins appropriés me ferait le plus grand bien. Non, tu n’es pas de cet avis ?
Toujours pas de réponse. Chat est fâché.
Je tape à nouveau une requête, un peu différente, mais dans le même esprit. Chat me répond.
Il y a un établissement de soins pour les vents dans une région qui a été ravagée lors de la tempête du mois dernier.
Maintenant je me souvenais d’avoir été aux avants postes de la tempête en question…
Bon, je crois que je vais changer d’idée.
Je retapai un prompt à ChatGPT…
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies, vous me direz quel est le rapport, et renversé des poubelles, mais le coeur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction, surtout envers les poubelles. C’était le temps où rien ne réussissait. Je ne voyais pas le jour. C’est pas que je m’ennuyais mais j’avais besoin de trouver un je ne sais quoi. Après le lycée, je passais des moments cool dans les troquets avec des amis. Les parties de tarots. Cela ne pouvait pas durer. Puis une idée saugrenue m’est venue. Un matin, j’ai voulu devenir banquier.
J’ai répondu à l’annonce d’une grande banque européenne. Je devais remplacer un aide comptable de mon âge, pendant son service militaire. Ca tombait bien, je ne devrais pas le faire à cause d’une malformation de ma tête qui ne supporterait pas le casque. La casquette, ça m’allait plutôt bien. Mais, le casque, surtout qu’il était lourd pour mes cervicales. Elles n’auraient pas tenu le cou. Si seulement, il avait été musical !
L’armée, j’aurais bien voulu, ça me tentait aussi. Alors pour me distraire, j’ai crée une autre façon de faire du business. Un jour, je suis arrivé avec un béret basque et des baskets. Ils m’ont dit, Monsieur, pourquoi pas en pyjama, tant que vous y êtes. Mais je suis dans les bureaux, personne ne me voit.
Bref, j’ai fait mon remplacement quand même. Je me voyais déjà au paradis, à l’abri du fisc. Puis, on m’a dit, le paradis fiscal, c’est pas exactement ça. J’y étais pourtant bien. Mais ils ont ri sous cape. Et de cape en aiguille, j’ai dû en changer. Pour avoir une bonne espérance de m’en sortir. Mais de sortir de quoi ? Là était la question. Finalement, j’ai fait l’armée aussi.
Avec mon intelligence naturelle, j’ai réfléchi. Le point faible de l’intelligence artificielle, c’est qu’elle ne sait pas si elle est sincère avec elle-même. Les sentimentaux ont ont encore de beaux jours devant eux.
Alors j’ai fait du cinéma !
J’ai retourné des parapluies, renversé des poubelles, secoué des feuillages, mais cela ne me satisfaisait pas. Alors je suis passé à la vitesse supérieure : poteaux arrachés, fils jonchant le sol, envolées de tuiles, cheminées démantibulées, arbres déracinés…en prime, mille foyers privés d’électricité ! Je me suis bien amusé mais, curieusement, je me suis lassé. Après quelques récidives, le coeur n’y était plus ! C’est alors que j’ai eu une idée : j’allais tout simplement cesser de souffler !
« Le vent tombe » disent-ils quand je me repose. Eh bien j’allais tomber, m’étaler, m’aplatir ! Je n’exhalerai plus aucun souffle ! Je ne me ferai pas brise légère, comme cela m’arrive parfois dans un excès d’indulgence, non, cette fois je tombe et je n’existe plus. Le calme plat pour une durée indéterminée…Je vais leur manquer, ils vont me supplier pour que je revienne, ce sera très amusant !
Mais quelle idée saugrenue ! Ce n’est pas du tout amusant en fait ; je ne me suis jamais aussi ennuyé ! Je suis tout déprimé !
Bulletin de Météo-France :vigilance rouge ! La tempête Mariette et l’ouragan Ferdinand vont atteindre nos côtes demain en début de soirée ! Des vents violents vont traverser tout le pays ! On attend des rafales à 200km/h !
Mais voilà ce qui me manquait, des copains ! Bienvenue Mariette et Ferdinand ! On va bien rigoler tous les trois ! Et vous, tous aux abris, ça va déchirer !
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue… Pourquoi ne pas demander le souffle de l’Esprit ? Je suis d’accord que l’Esprit souffle où il veut et quand il veut, mais si on veut rester au courant, il faut savoir se laisser inspirer….
Alors, j’ai prié et j’ai reçu un nouveau souffle. Ceux qui me voyaient en avaient le souffle coupé : « Mais comment fait-il pour rester dans le vent ? » C’est pourtant ces mêmes gens qui déclaraient encore il y a peu : « Il ne manque pas d’air, celui-là ! » N’oublions jamais que nous ne sommes qu’un souffle que la brise emporte au gré du vent là où nous n’avions pas prévu d’aller…
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue…
Je n’avais plus qu’à m’immiscer dans les conversations !
Dans le métro, un jeune provincial perdu interpelle un parisien qui a l’air cool mais qui est bien trop pédant pour, ne serait-ce, le regarder.
Au bureau, voilà que Bob pose une question à Esther et que celle-ci ne relève même pas le nez de son ordinateur.
A la cantine, Ghislaine appelle Ricardo pour qu’il vienne se joindre à sa clique et, après qu’il se soit avancé en leur direction, il bifurque sur la droite pour s’asseoir avec Jocelyne de la compta, sans même un « désolé, j’avais prévu de manger avec Jojo ».
A la sortie d’une école maternelle, un teckel et sa maîtresse essaient de se faufiler au travers d’une nuée de parents et de nounous et l’ignorance générale pour la septuagénaire n’est pas feinte. Ses « pardon, je voudrais passer » ou « pourriez-vous vous pousser un peu ? » n’obtiennent rien que des silences dérangés.
Au supermarché du coin, Brice reconnait Géraldine et lui fait signe avec les poireaux qu’il vient d’empoigner, mais le caddie de son ancienne camarade de classe s’engouffre froidement dans le rayon des surgelés.
On peut dire qu’il s’est pris un vent glacial celui là !
Je décidais de rendre visite à mon cousin flatulence et sa femme perlouse , les priant de me prêter leurs vies pour me ragaillardir jusqu’à la saison nouvelle :
« A moi le gaz naturel gratuit .
A moi les pétarades sans empreinte carbone .
A moi les météorismes abdominaux qui me gardent au chaud .
A moi le tapage nocturne qui ne déplace aucune police .
A moi les parfums modèles uniques , inattendus et éphémères qui tracent leur chemin .
Mais surtout à moi les prouts qui font rire petits et grands . »
Flatulence et Perlouse ne sont pas prêteurs , c’est là leur moindre défaut .
Dans un borborygme confus ils me souhaitèrent bon vent et m’expulsèrent tel un vulgaire courant d’air.
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction.
Je m’ennuyais ferme. J’avais tout essayé : sirocco, mistral, tramontane, autan, aouro, noroit, suroit… J’avais le foehn et j’errais dans la ville.
Et de là-haut, tout là-haut dans son paradis, j’entendais ma mère : « Bouge toi, bouge toi, bouge toi »
Et je lui criais : « Occupe toi de ton arthrose ».
Mais j’aperçois un petit couple en bagarre, il la secoue, la gifle. Mon souffle ne fait qu’un tour. Je l’entoure, le couche, le roule et le tourneboule loin, loin.
Et ma mère : « Dose, dose, dose »
Et moi de répondre : « Lâche moi, lâche moi »
Et je tombe sur ce gros chien qui veut avaler le petit. Je l’aplatis, l’estourbis, le démolis.
Et ma mère : « Mords, fais en des confettis »
Et moi : « Oublie, reste dans ton cagibi »
Puis une idée saugrenue m’est venue. Je serai justicier, défenseur de l’opprimé.
Et ma mère de rigoler : « Saugrenu, saugrenu, saugrenu »
Et moi : « Oh ma tête ! tohu-bohu, tohu-bohu »
Et enfin, l’idée lumineuse, l’apothéose :
Bouge toi, bouge toi, bouge toi
Occupe toi de ton arthrose
Dose, dose, dose
Lâche moi, lâche moi
Mord, fais en des confettis
Oublie, reste dans ton cagibi
Saugrenu, saugrenu, saugrenu
Oh ma tête ! tohu-bohu, tohu-bohu
C’est fort, ça groove : je serai RAPPEUR
Et de là-haut, tout là-haut, le commentaire de ma mère : « Y’a pire !!! »
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue…
On n’avait cessé de me répéter que j’étais membre de la tempête Titan, celle qui devait mettre les indicateurs en vigilance rouge dans le pays. D’énormes vagues m’avaient porté, encouragé, poussé jusqu’au rivage. Une fois arrivé, je m’étais redressé et hâté pour rejoindre la prochaine ville. J’avais compris le message, je devais y faire les 400 coups.
En cette matinée encore calme malgré les annonces répétées à la télé, la moitié de la ville déambulait tranquillement dans les allées du marché. Là, je me suis dit que j’allais bien m’amuser, j’ai commencé à soulever une jupe, ah ah…. Puis deux puis trois, je tournais autour de ces dames, soufflais légèrement et mon dieu que de jolis spectacles, puis le ciel s’est assombri, quelques grosses gouttes frappèrent le sol et là les parapluies s’ouvrirent. Je me suis mis à les retourner et même à en faire s’envoler quelques-uns. Mais je n’étais pas au mieux de ma forme ce matin, je devais bien le reconnaître. Je testai à nouveau mon souffle à l’encontre de quelques poubelles. J’en renversai certaines. Pour tout avouer, celles-ci étaient vides !…
Franchement le cœur n’y était pas, j’étais finalement le seul à m’évertuer à être à la hauteur des exploits que l’on m’avait annoncés. Je commençais à manquer de souffle et mes convictions semblaient avoir désertées. Puis une idée saugrenue m’est venue, et si je regagnais la mer en catimini, j’étais sûr que personne n’y verrait rien.
Tête basse, en traînant les pieds je repris le chemin de l’océan. Plongé dans mes rêveries, j’ai dû me tromper de direction et je me retrouvai au-dessus d’une énorme falaise, je n’avais qu’une solution, sauter. Je me mis en boule et dévalai la pente, je bondis et rebondis encore et encore. Il y a longtemps que je ne m’étais autant amusé. Arrivé en bas, oh… le sol était bien froid, mais fou de joie, je me mis à tourner et encore tourner entrainant des grains de sable dans ma ronde folle. Ceux-ci commencèrent à suivre le rythme, et les uns après les autres ils se mirent à bouger avec moi. Tournant de plus en plus vite, entrainant les voisins, ils commencèrent à chanter cet air d’Edith Piaf:
Emportés par le vent qui nous traîne
Nous entraîne, écrasés l’un contre l’autre
Nous ne formons qu’un seul corps
Et le flot sans effort nous pousse, enchaînés l’un et l’autre
Et nous laisse tous ensemble épanouis, enivrés et heureux…
Je n’oublierai jamais ce refrain qu’ils entonnèrent encore et encore, soulevant d’autres grains, s’élevant de plus en plus dans les airs. Mes forces décuplèrent et nous tournoyâmes en une folle farandole, jusqu’à prendre la forme d’une spirale qui commença à se déplacer. Nous étions suivis par un énorme nuage noir, il nous rattrapa rapidement et nous aspira, nous happa petit à petit. Nous longeâmes la plage et ce grand entonnoir de sable que nous formions, partit à l’attaque des terres. Je me redressai, respirai profondément. Je compris à cet instant que j’étais la figure de proue de la tempête, je devais me montrer à la hauteur et faire passer les voyants au rouge !
Je tourbillonnais tellement vite et j’étais tellement grand cette fois que j’aspirais tout sur mon passage et là, plus question de jupes, de parapluies…. Les poubelles pleines se mirent à valser, puis ce fut le tour des tuiles, des arbres, je renversai des voitures, arrachai des toitures… j’étais devenu le maître de la tempête, j’étais devenu à moi seul la tornade Titan !
Le vent n’avait pas grand moral à la sortie de l’hiver, son souffle était court, il se sentait vite essoufflé, il avait perdu de sa puissance et cela le désolait. Etait-ce dû à l’âge ? Peut-être, puisqu’il évente depuis la nuit des temps. Plongé dans le gouffre de ces questions, il rencontra le soleil.
Celui-ci regarda avec attention le vent recroquevillé sur lui-même. Il l’interpella :
– Alors l’Ami, tu n’as pas l’air en forme ce matin, tu fais grise mine, qu’est-ce qui ne tourne pas rond ?
– Rien ne va plus, tu sais, je n’ai plus la niaque, répondit le vent sur un ton de désolation.
– Pourtant jusqu’ici, tu avais le vent en poupe ! déclara le soleil chaleureusement.
– Oui c’est vrai mais vois-tu mes forces se dérobent et s’amenuisent au fil du temps.
– Ne le prends pas mal, je suis ton pote tu le sais, mais à mon humble avis, tu as trop fait la java ces dernières années, tu souffles quotidiennement le chaud et le froid, ton impétuosité te nuit considérablement, transformant la planète en désastres, tu travailles trop et mal et tu t’épuises !
– Tu as raison, c’est peut-être là le problème, je suis victime de ma fougue trop excessive ! répliqua le vent en haussant les épaules.
– C’est une nécessité de mener une existence plus mesurée, moins énergivore pour tes sens. Tiens, je te propose un plan d’action.
Le vent toute ouïe dehors, écouta religieusement le bel astre, puissant et rayonnant.
– Tout est une question de dosage, tes coups d’éclat sont trop brutaux, violents, anarchiques et nuisent aux populations.
– Tu crois ? Que veux-tu, je suis né sous une mauvaise étoile ! rétorqua le vent.
– J’en suis convaincu et qui dit mesure, dit musique. Je te suggère une collaboration artistique.
– Artistique ?
–
– Tu as bien entendu et musicale d’ailleurs !
Le vent sembla décontenancé.. Le soleil vola à sa rescousse en lui fournissant quelques explications sur la nature de son projet.
– Jai longuement réfléchi à la question et ce qui pêche dans nos vies c’est le rythme, la cadence, le tempo. Aussi, en fonction des saisons, je te propose d’allier nos énergies dans une danse à deux . Je m’explique :
l’été, nous pourrions danser le flamenco, je darderais mes rayons, et toi, tu soufflerais un petit vent sec, rapide et velouté, En automne, il y a souvent une belle arrière-saison, tu deviendrais plus calme, moi moins solaire, et nous danserions la rumba, une belle danse latine qui prolongera la période estivale. En revanche, l’hiver, nous freinerions nos ardeurs respectives afin de revenir à une danse plus intime, plus lente comme le slow, lumières tamisées pour les longues soirées d’hiver, un repos bien mérité tout de même ! Et le printemps, période de romantisme, rien de mieux que d’offrir aux terriens, une sarabande, danse savamment dosée, à la fois lente, forte, douce et noble pour célébrer le renouveau.
Le vent était ravi de cette proposition et lança au soleil :
– Dis donc, c’est une vraie cure de jouvence ton programme ! Je te remercie de me venir en aide. Nous allons joindre l’utile à l’agréable ! Et puis, je t’admire car tu tires toujours des plans sous la comète !.
Enjoués, ils rirent de bon cœur.
J’avais soulevé des jupes
Retourné des parapluies
Causant ainsi bien des soucis
Renversé des poubelles
Dans de minuscules ruelles
Où je m’étais engouffré
Comme un forcené
Mais tout ceci manquait de conviction
Au diable mes démons !
Ma force et ma puissance
Maintenant je m’en balance
Souffler fort ne m’intéresse plus
Je trouve ça totalement saugrenu
Alors j’ai eu une idée pas si farfelue
M’inscrire à L’école des Vents
Pour y acquérir quelques rudiments
Et apaiser mon tempérament
Par trop violent
J’ai d’abord intégré le premier degré
La classe des Alizés
Pour voyager dans d’autres contrées
Puis la classe des Zéphyrs
Parfaite pour m’adoucir
Et enfin la formation Magestère
0ù il n’y avait que des brises légères
Légères, légères …
Je suis dorénavant fin prêt
Pour caresser la joue des enfants
Ou les cheveux emmêlés des amants.
Soulever des jupes
Retourner des parapluies
Renverser des poubelles
Jouer avec les sacs plastiques.
Les remplir d’enthousiasme et de liberté
Décoiffer les plages pour les marchands de sable
Disperser les brumes, ensacher les brouillards
Emmitoufler les feuilles des arbres
Et les lumières de décembre.
Collectionner les graines que lâchent les oiseaux
Empaqueter les rêves et l’écriture du ciel,
Déchirer les miroirs aux alouettes et les rires perdus
Engouffrer d’inlassables couloirs et d’ineffables nuages
Emporter avec moi les rimes de vos chants.
Laisser les mains de l’air lester mes souvenirs
Guider mon souffle vers de lointains courants
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue.
Faudrait que je me fasse accompagner dans ma tâche.
Je le vois bien, Éole me fait la gueule en ce moment. Mon manque de conviction est trop visible. Je dois faire une petite déprime.
J’ai donc réagi et me suis inscrit sur un site de rencontres pour vents esseulés.
Je ne vous dirai pas ce que j’ai écrit sur mon profil parce que j’ai un peu menti.
N’empêche que j’ai eu tout de suite une réponse.
Elle s’appelle « rafale ».
Elle est belle et gentille.
Nous avons fait un essai pour tester notre compatibilité et ça a marché!!!
Ouiiiii !
Depuis, je continue de souffler mollement sans me forcer, histoire de faire le job, et Rafale intervient de temps en temps pour pimenter la chose et tout le monde s’y retrouve.
Éole me sourit à nouveau,
Rafale n’est plus seule,
Et moi je vais bien.
Moralité: à deux, c’est mieux !!!
Cet automne et cet hiver, j’ai soufflé tant et tant, que les forêts ressemblent maintenant à des mikados géants, dont certaines baguettes emmêlées et cassées montrent leurs plaies claires et déchiquetées au milieu des troncs sombres. Par ailleurs, bien sûr, J’ai soulevé des jupes, retourné des parapluies, renversé des poubelles, détruits des bateaux, des serres et, bien des toitures.
Au cent soixante douzième épisode de la saison, avec des rafales à plus de quatre vingt dix kilomètres à l’heure, la population était épuisée, ruinée et écœurée de la situation engendrée avec l’aide de la pluie.
Je me suis alors senti moi-même bizarre. Le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction.
A la « mauvaise » saison, comme disent les gens, ma raison d’être est de rendre la vie difficile, voire infernale à ceux qui vivent là où j’opère.
Puisque je n’étais plus chaque soir à la une de la météo régionale, une idée saugrenue m’est alors venue à l’esprit afin de retrouver un peu de notoriété. J’ai pensé à mon petit cousin le pet. Oui vous connaissez : flatulence, gaz, vent ?…
Et bien, j’ai cherché à devenir odorant comme lui. Ainsi, les émissions et entre-filets dédiés à la météorologie ne pourraient-elles plus me snober. Je retrouverai de la célébrité.
Je suis parti à la recherche de source d’odeurs désagréables, si possible, pour rester dans mon domaine de compétence.
J’ai reniflé les tas de fumier et de lisier ; j’ai pu imaginer comment user des effluves de coquillages putréfiés ; je suis allé trainer du côté des abattoirs, récupérer des odeurs de charogne. Je ne manquais pas d’idée.
Mon abattement s’en est peu à peu dissipé.
Et…, le printemps a mis, sur le terrain, tous les parfums de fleurs et d’arbustes sauvages ou plantés. Des senteurs subtils et délicates à la fois envahissaient l’espace.
Je n’ai pas résisté au plaisir de les transporter soigneusement.
Adieu mon côté rebelle ; bonjour la docilité, la douceur de mes courants, la caresse de l’air parfumé sur les pauvres hères hébétés. Eux, également, ont vu leur tonus et leur joie de vivre revenir.
La saison devenait de plus en plus ensoleillée. La chaleur estivale fit son apparition. Les bulletins météo ont énuméré les températures élevées mais n’ont pas omis d’évoquer mon rôle salutaire pour rafraichir le sol et les êtres vivants assoiffés. De nouveau ils parlaient de moi, mais cette fois, en termes élogieux.
Je trouvais cela tout à fait plaisant et m’efforçais de parfaire mon système de ventilation naturel sur les terres altérées afin d’entendre de nouveau les enfants chanter : « Vive le vent, Vive le vent »
soulevé des jupes, retourné des parapluie J’avais s et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue… Étouffant de colère, plutôt que d’expirer, mon salut ne surgirait-il pas d’une inspiration ?
D’abord ouvrant ma bouche, je sentis ma langue se délier puis l’air se fondre dans mes poumons. Observant que ma tête se relevait, mon esprit s’émerveilla de nouveau au monde. Pendant que mes mains s’activaient, palpaient, des formes stimulèrent mon imagination. L’œil se faisant plus vif, des couleurs subtiles apparurent enfin, ajoutant à toutes mes expériences, des nuances de choix. Et puis d’un coup, j’en pris plein le pif quand le Printemps précoce me chargea d’effluves florales. Je voulus soudain devenir chercheur de nectar. J’aurais donné mon royaume pour gouter l’essence du fruit. Mais un bourdonnement incessant vint me casser les oreilles. J’en profitais pour quitter la scène sur un trémolo, pour laisser place à la fanfare de la vie.
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était plus. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue.
Afin de retrouver ma motivation, j’avais tenté de prendre rendez-vous chez un spécialiste sur ce site bien connu. Mais, une fois devant les complications pour entrer tel et tel code, je soufflais comme une baleine et renonçai. Je décidai de contacter mes potes Mistral, Tramontane, Autant, Marin et Sirocco. Je compris vite que je les dérangeais dans leur travail pour lequel ils mettaient beaucoup d’ardeur. Lorsque je leur expliquai que mes taquineries ne m’amusaient plus trop, ils me conseillèrent d’aller voir un psy. Vexé, je leur raccrochai au nez et je n’étais pas plus avancé. C’est alors que je fus pris de cette subite inspiration. Je demandai de l’aide au Chat, vous savez, celui qui est plus rapide que l’éclair pour porter assistance à quiconque. Bien m’en prit, car en trente secondes chrono, il me conseilla de faire du yoga, de prendre quelques cours de respiration holotropique et que si cela ne suffisait pas, d’aller faire un stage là où les vents soufflent très fort. Tiens, tiens, elle n’était pas bête cette idée ! J’allais pouvoir sortir de mes ridicules bourrasques et, surtout, beaucoup m’amuser. C’est ainsi que je partis prendre des cours, chez de nouveaux potos, dans la mer des Caraïbes, puis dans le golfe du Mexique. Depuis mon retour, fier de mon nouveau savoir, je m’amuse comme un fou furieux et je suis à la Une de tous les journaux pendant que mes copains d’avant me jalousent et m’imitent. Bande de copieurs !
Moi qui avais été le Mistral tout puissant, qui avais fait les 400 courants d’air avec ma copine Tramontane, je me retrouvais soudain à bout de souffle. Il ne sortait plus de ma gorge qu’un râle ou le couic d’un oiseau auquel on a tordu le cou.
Changer d’air pour en recouvrer du frais serait la solution. Redonner à tout prix du souffle à mon cœur.
Le prix fut, au hasard, celui d’un aller simple à New York en Boeing qui ne perdit en vol ni ses pneus ni ses boulons.
L’atmosphère y était étouffante. Ne sachant où aller, j’ai tenté le métro, ressorti par hasard à la station Lexington Ave/East 52nd St.
Il y avait sur le trottoir tout un attroupement de techniciens, de câbles, de spots, l’attirail et l’excitation d’un tournage de film.
Et puis la voilà, la star. Blonde, élancée, robe blanche à jupe plissée. On la positionne sur la bouche d’aération. Je devine ce qui va se passer, je ne suis pas venu pour rien, c’est pour moi ça.
Je dévale l’escalier du métro quatre à quatre, et pile où il faut sous la grille, je remplis mes poumons comme jamais et j’expire le plus grand souffle de ma vie.
C’est d’ailleurs ainsi que je l’ai perdue, mais depuis 1954, cette scène tourne toujours autour du monde, j’y souffle pour l’éternité.
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue…
et si j’investissais un autre champ ? Plutôt que de me faire remarquer en démolissant, chahutant le premier venu, secouant les cocotiers et autres arbres et objets, j’avais envie maintenant de me faire discret et agir plus noblement. Je connaissais bien les humains, j’adorais les embêter régulièrement. Ils me rendaient parfois tristes avec leurs mines renfrognés. J’en étais d’ailleurs régulièrement la cause !
Mais aujourd’hui j’avais envie de rendre visite à certains. Pas pour les ennuyer ô non mais au contraire pour les propulser en avant, leur apporter un petit vent de folie qu’ils ne s’autorisaient que rarement voire jamais. Je me décidai sur plusieurs personnes, et quelques enfants, qui par grande timidité n’avaient jamais osé. Alors que je savais bien moi, pour en avoir eu vent maintes fois, que ceux-là avaient bien des talents mais n’osaient pas se lancer par peur d’être ridicule ou d’échouer. Je me fis un devoir de les aider et m’infiltrais discrètement dans leurs oreilles pendant leur sommeil.
A leur réveil je me mis à siffloter le plus doucement possible et dirigeais mon souffle dans les arcanes de leur cerveau pour atteindre la zone de l’audace. Je maîtrisais mon souffle et ma puissance. Mon but n’était pas de rendre visible un vent de folie qui aurait inquiéter tout le monde mais juste d’initier un début de changement en émettant juste ce qu’il fallait de souffle pour mettre en mouvement. Je dosais ce vent de folie car il en était bien un quand même. Les gens transformés le mesuraient pleinement après leur cheminement.
J’adorais ce nouveau job ! Je découvris avec bonheur que j’aimais plus que tout faire celui des autres. A chaque âge de la vie, ses défis !Après mes années folles de ma jeunesse, j’avais acquis la maturité pour devenir un autre vent, plus impétueux mais aussi plus respectueux car plus intelligent. Chaque chose en son temps !
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le coeur n’y était pas. Je manquais de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue :et si ce n’était pas simplement un manque de conviction mais une faiblesse respiratoire, genre asthme.
L’éolienne consultée confirma mes soupçons et me prescrit un stage à Sirocco le Beau Moulin.
C’est ainsi que je me retrouvais en pleine campagne, à faire des exercices respiratoires intenses, en compagnies de vents défaillants et essoufflés.
Trois semaines plus tard je retournais chez moi, ragaillardi, le souffle puissant. Sur les conseils du coach, je ménageais mes efforts, ne m’autorisant qu’un petite tempête d’honneur pour me prouver que j’en étais encore capable.
Ma vie ne rimait à rien, elle sonnait creux, elle sonnait plat, elle ne sonnait tout simplement pas. Je n’aspirais à rien, comme une paille au fond d’un verre vide, pompant l’air à tout le monde dans un sifflement infernal.
Ma vie, c’était du vent. Mais ça, c’était avant quand j’étais heureux, insouciant. Jusqu’au jour où je me suis pris au sérieux, j’ai voulu brasser de l’air pour engranger des millions sur un compte courant. J’ai claqué tout ce que j’avais en un rien de temps, des portes, des fenêtres, et même des dents lors de mémorables tempêtes. Catarina, c’était moi. Je n’en suis pas fier, aujourd’hui.
C’est en errant dans les rues soufflées de la Nouvelle-Orléans que j’ai réalisé les dégâts que je venais de causer. Oh, je ne parle pas des toits envolés, des vitres éclatées, des quartiers inondés, non. Mais de la musique qui s’était tue.
Bourbon Street jouait un silence de mort, loin des cortèges funéraires animés par des cuivres enjoués prompts à redonner un souffle de vie aux défunts. Trompettes, trombones, tubas et saxophones s’étaient tus. Ces « bluesants » de cuivre n’avaient plus le chœur à raviver la flamme de la ville. J’étais désolé autant qu’elle.
Alors, j’ai continué à errer, soulevant des jupes, retournant des parapluies ou renversant des poubelles, mais le cœur n’y était plus. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue.
Je me suis rendu. À Bourbon Street, en coup de vent. Aussitôt, ils m’ont reconnu, traité de tous les noms. Des sax scandaient « assassin » dans un rythme déhanché, un tuba grondait la tête basse, un trombone explosait sa rage à ma figure. Quand une trompette me demanda de la suivre. Elle était droite, silencieuse, brillante, ses lèvres pulpeuses à l’embouchure étaient une invitation à l’embrasser, ses pistons émergeant de formes à coulisses mirent mes sens en émoi. Je l’aurais suivie jusqu’au bout du monde, jusqu’à mon dernier souffle. Elle l’avait bien compris.
Je m’engouffrai alors dans son embouchure, sans qu’elle n’opposât la moindre résistance et nous déambulâmes la rue jusqu’au vieux carré du quartier français, dans une procession majestueuse et magistrale, sans savoir que mon souffle était bien le dernier, propulsé par le plus grand des maestros de cet instrument de voix divine, tel un bourreau des cors.
J’avais parcouru bien des miles dans ma vie, mais ce dernier fut le plus prodigieux, m’entraînant au septième ciel dans son ascenseur pour l’échafaud.
J’étais en pleine dépression. J’avais perdu ma belle mécanique des fluides. Elle s’était déréglée. Je pleurais sans discontinuer, telle une Alizée sortie du Top 50. Je n’étais plus larges des pôles même en équateur. Tempête sous un crâne. Ma vie n’était plus du tout Foehn. Les autres vents me prenaient pour une girouette. J’avais suivi Diablo à San Francisco. Avec lui, c’était un véritable ouragan, un souffle de bonheur. Il me faisait des bises sans arrêt. Et puis un jour en me Levant, ce fut le calme plat. Je ne supportant plus le Grain de sa peu. Plus aucune brise n’avait prise sur moi. Alors je suis parti en coup de vent. Bientôt, je connus un pilote de Rafale. Il m’a emmené boire un Chocolatero dans le Golfe du Mexique. Ce fut une tornade de plaisirs, un Ouragan de sensations. Mais cela ne dura guère. Je rencontrais ensuite Freud avec Simoun en Israël. Il était doux et chaud comme le magnifique Zéphir qu’il m’offrit. Il était très généreux. Au Portugal, il se montra fort Leste avec sa Ford Sirocco pour aborder les virages côtiers. Puis il me fit découvrir le soleil Levante en Espagne. Malheureusement, il voyageait beaucoup. Beaucoup trop de voyages d’affaires. Il a fallut que je le Cherch jusqu’en Tunisie. Je trouvais tous ces voyages de plus en plus Blizzard. Je finis par apprendre que ce marchand d’éoliennes était en fait un redoutable trafiquant, un Mongol fier qui ne vendait que du vent. Je décidais alors de ne plus être son esclave sexuel, son cerf volant au grès de ses phantasmes. Il m’en coutait. Ce fut d’Autant plus difficile que je l’aimais. Mais je le quittais pour retrouver ma vallée du Rhône. Elle n’était plus qu’une vallée de larmes. Un Mistral perdant au goût amer mais sans la mer.
Si par hasard, sur le pont des Arts, tu croises le vent, le vent fripon …
Salut Georges !
Figurez-vous qu’il y a bien longtemps, à Saint-Cyr sur Morin, dans le restaurant des frères Guibert, j’étais au comptoir à boire un café avec Georges, il était en compagnie de son ami Mac Orlan qui habitait une petite maison dans le village.
Chanceux Pascal : Café poétique inoubliable ! Il en avait lui, de la belle écriture naturelle, en plus il la chantait
Chanceux : Café poétique inoubliable, il en avait, lui, de la belle écriture naturelle, il ne redoutait que les cognes
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue…
Je suis facétieux, énervant, tempétueux, indomptable. J’amuse, je coupe le souffle de ceux qui admirent mes créations en bord de mer. Je suis multi fonctions. Mes compétences sont infinies. Puis un beau jour, je me suis senti patraque. Pourquoi ? J’en sais trop rien. Je n’allais pas me lancer dans une introspection pour savoir le pourquoi du comment.
Pour me changer les idées, je suis allé rendre visite à des machines qui soufflaient à longueur de temps dans des salles hermétiques, crachotant des données incompréhensibles inventées par des humains. Elles aussi en avaient ras le bol de s’époumoner pour des trucs de plus en plus dingos.
En échangeant nos souffles, nous avons eu une idée géniale ! Ces machines à qui on avait donné le nom d’ordinateur, renfermaient une nouvelle technologie, IA. Les humains en étaient fous ! IA – Intelligence artificielle ! Ils y travaillaient d’arrache pied, pour ne presque plus travailler dans un futur qu’ils espèrent très proche.
Moi, je suis ingérable, libre, autonome. Personne ne peut me dompter. Je fais ce que je veux ! En route ! Je me mets à souffler avec beaucoup de force sur toutes les éoliennes. Leurs pales tournent, tournent de plus en plus vite. A cette vitesse, elles vont finir par s’envoler. C’est la panique dans tous les centres de contrôle. Tout le monde se jette sur les ordinateurs leur donnant l’ordre de couper les moteurs. Mais c’est sans compter sur l’IA de mes complices qui augmentent la puissance. Incompréhensible ! La sueur coule sur les fronts ! Nouvelle tentative. Mais avant qu’ils ne touchent le clavier, les pales s’arrêtent. Soulagement et inquiétude. Je me calme un peu. Les humains veulent comprendre. Ils pianotent pour relancer les éoliennes et voilà qu’elles se mettent à tourner à l’envers, qui s’arrêtent, repartent dans l’autre sens, tournent de plus en vite alors que je retiens mon souffle.
Après de nombreuses tentatives, ils pensent avoir trouvé la solution. Je reprends le bon souffle, celui établi par les grosses têtes pour faire fonctionner au mieux ces blancs et longs tuyaux fournisseurs d’énergie. Mais, il ne se passe rien. Les pales sont statiques. Nouvelles prises de tête, nouveaux programmes, l’IA est sur sollicitée. Et cela dure, des jours, des semaines. Certains viennent à manquer de courant. La colère gagne. Pourtant je continuais de souffler à la bonne vitesse. Un jour, je retiens à nouveau mon souffle et les pales s’en donnent à cœur joie. Elles tournent allègrement ce qui a pour conséquence de faire chavirer les cerveaux des grosses têtes car bien qu’elles tournent elles ne produisent rien.
Mes complices se marrent bien. Ils sont heureux ! Ils ont pris le dessus. Ils peuvent manipuler l’IA comme bon leur chante. L’avenir s’annonce épique.
Moi, je me suis défoulé et retrouvé mon peps.
Encore quelques jours de sueurs froides pour ces braves informaticiens et nous remettrons tout en place.
J’avais soulevé des jupes, retourné des parapluies et renversé des poubelles, mais le cœur n’y était pas. Je manquais de souffle, de conviction. Puis une idée saugrenue m’est venue…
Je suis facétieux, énervant, tempétueux, indomptable. J’amuse, je coupe le souffle de ceux qui admirent mes créations en bord de mer. Je suis multi fonctions. Mes compétences sont infinies. Puis un beau jour, je me suis senti patraque. Pourquoi ? J’en sais trop rien. Je n’allais pas me lancer dans une introspection pour savoir le pourquoi du comment.
Pour me changer les idées, je suis allé rendre visite à des machines qui soufflaient à longueur de temps dans des salles hermétiques, crachotant des données incompréhensibles inventées par des humains. Elles aussi en avaient ras le bol de s’époumoner pour des trucs de plus en plus dingos.
En échangeant nos souffles, nous avons eu une idée géniale ! Ces machines à qui on avait donné le nom d’ordinateur, renfermaient une nouvelle technologie, IA. Les humains en étaient fous ! IA – Intelligence artificielle ! Ils y travaillaient d’arrache pied, pour ne presque plus travailler dans un futur qu’ils espèrent très proche.
Moi, je suis ingérable, libre, autonome. Personne ne peut me dompter. Je fais ce que je veux ! En route ! Je me mets à souffler avec beaucoup de force sur toutes les éoliennes. Leurs pales tournent, tournent de plus en plus vite. A cette vitesse, elles vont finir par s’envoler. C’est la panique dans tous les centres de contrôle. Tout le monde se jette sur les ordinateurs leur donnant l’ordre de couper les moteurs. Mais c’est sans compter sur l’IA de mes complices qui augmentent la puissance. Incompréhensible ! La sueur coule sur les fronts ! Nouvelle tentative. Mais avant qu’ils ne touchent le clavier, les pales s’arrêtent. Soulagement et inquiétude. Je me calme un peu. Les humains veulent comprendre. Ils pianotent pour relancer les éoliennes et voilà qu’elles se mettent à tourner à l’envers, qui s’arrêtent, repartent dans l’autre sens, tournent de plus en vite alors que je retiens mon souffle.
Après de nombreuses tentatives, ils pensent avoir trouvé la solution. Je reprends le bon souffle, celui établi par les grosses têtes pour faire fonctionner au mieux ces blancs et longs tuyaux fournisseurs d’énergie. Mais, il ne se passe rien. Les pales sont statiques. Nouvelles prises de tête, nouveaux programmes, l’IA est sur sollicitée. Et cela dure, des jours, des semaines. Certains viennent à manquer de courant. La colère gagne. Pourtant je continuais de souffler à la bonne vitesse. Un jour, je retiens à nouveau mon souffle et les pales s’en donnent à cœur joie. Elles tournent allègrement ce qui a pour conséquence de faire chavirer les cerveaux des grosses têtes car bien qu’elles tournent elles ne produisent rien.
Mes complices se marrent bien. Ils sont heureux ! Ils ont pris le dessus. Ils peuvent manipuler l’IA comme bon leur chante. L’avenir s’annonce épique.
Moi, je me suis défoulé et retrouvé mon peps.
Encore quelques jours de sueurs froides pour ces braves informaticiens et nous remettrons tout en place.
🐻 RÉGATES
Ça suffit ! Il est temps de passer à autre chose, c’est ce que m’avait dit mon mentor, maître Ecart. Depuis cet entretien, je ne souffle plus, j’aspire. Les pépins rentrent dans la pomme, les chapeaux clochent, les jupes obtempèrent, bat les pattes, fripon ! Ça n’est pas drôle mais, il faut raison garder ; je ne vais pas faire que affoler les satellites, je coopère. Pas plus tard que ce matin, j’ai aidé Maigret à allumer sa pipe et une meute de louveteau son feu de camp ! Dorénavant, je ne chasse plus les épidémies, je les ignore. J’aime toutefois siffler coquin dans le corridor du dortoir des filles, on ne se refait pas comme ça ! Pour avoir fait amis avec les fantômes drapés de blanc, j’ai une affinité avec leur chaîne dont les grincements me grisent quand la nuit nuit.
Ça suffit ! Comme maître Ecart l’affirme, j’ai changé de registre en prenant conscience des détails de l’existence, ça m’occupe. Je fais des pronostics sur un lacet défait, j’anticipe une pierre qui roule, la larme du crocodile m’émeut. Alors, qu’on me prête tous les malheurs du monde, ça me fâche, je ne me retiens plus. C’est pas de jeu ? j’ai déjà pris date à Paris avec ma délégation de la Rose des vents. Tapotez le baromètre, voyez si je mens, quand je mettrai les voiles…
🐻 Luron’Ours
693/ LE VENT EST PARTI
Au sol et désespérés les pilotes de planeurs, les cerf-volantistes, même les éoliennes sur leur patte unique se lamentent.
Revient vent… Revient… implorent-ils….
Plus bas les fleurs gémissent, plus de vent plus de pollenisation et nos abeilles bourdonnent bêtement dans le vide histoire de se donner une contenance.
Souffle vent…souffle…
Toute bleue et sans remous la mer s’étend couchée sous le ciel comme une amante sans passion et résolue.
Où est passé le vent canaille et égrillard qui soulevait et les jupes et l’indignation…
Tout simplement il a vieilli, s’est usé le mordant en érodant la roche.
Chassé, il a laissé la place à beaucoup plus agressif. Tornades, cyclones et ouragans violents violent l’intimité des rues et des campagnes.
Pour s’en protéger faudra-t-il ériger des murs hauts… si hauts que le soleil en serait caché ?
Tout cela est si triste que je ne veux y penser et pars me rouler, nu, dans le dernier champ de coquelicots.
🐀 Souris verte.