686e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Une voyante lisait dans les lignes des pieds.  » Celles des mains ne mènent à rien » disait-elle. Grands ou petits pieds, pieds plats, fuselés, cambrés ou déformés, elle savait les faire parler. 

Prenez votre pied en Inventant la suite

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31 réponses

  1. Françoise Maddens dit :

    Une voyante lisait dans les lignes des pieds. » Celles des mains ne mènent à rien » disait-elle. Grands ou petits pieds, pieds plats, fuselés, cambrés ou déformés, elle savait les faire parler.Enfin elle nous traduisait car étant donné qu’ils parlaient le mandarin et si bas qu’il nous était impossible de comprendre
    Avant de commencer la séance elle nous les présenta en précisant que :
    le gros pouce (presque obèse) voulait maigrir
    – l’index demandait à ne plus être mis à l’index
    – le majeur répétait qu’il était heureux d’être le plus grand
    – l’annulaire disait que sa ténosynovite des fléchisseurs des doigts était guérie et qu’il ne souffrait plus
    – quand au petit doigt il essayait toujours , mais en vain, de se fourrer dans une oreille
    Et puis ses client(e)s repartaient, les uns la mine réjouie, d’autres le visage long comme un jour sans pain.

  2. Maguelonne dit :

    C’était un enfant de la France profonde qui avait deux pieds gauches c ‘est à dire qu’il multipliait les maladresses. Il avait aussi l’art de mettre les pieds dans le plat en toute innocence. On avait oublié son nom d’origine et chacun l’appelait : Comme un pied.
    Lui, qui n’avait pas inventé le fil à couper le beurre, ne s’en offusquait pas. Il grandit, devint beau comme un dieu. Les filles lui couraient après mais aucune ne restait. Pieds au plancher, elles prenaient la poudre d’escampette. Il se disait qu’au lit ce n’était pas une affaire, impossible de grimper aux rideaux! Il ne comprenait pas mais ça l’inquiétait et l’idée de voir une voyante commençait à s’infiltrer dans son esprit.
    Cette année là, Pétronille la parisienne, qui n’avait pas les deux pieds dans le même sabot, décida de démarrer son affaire. Elle ouvrit un salon de voyance mais elle était La Voyante qui lisait dans les Lignes des Pieds. «  Celles des mains ne mènent à rien » disait-elle. Grands ou petits pieds, pieds plats, fuselés, cambrés, déformés, elle savait les faire parler. C’était nouveau et cela attira les clients : tous les bobos de la capitale, le show-biz firent sa renommée. Même des politiques venaient discrètement la consulter. Son cabinet ne désemplissait pas. Elle devint très riche mais s’ennuyait ferme.
    Ce mois d’août, Comme un pied débarqua à Paris , impatient de consulter cette voyante qui lisait dans les pieds.
    Lorsque tout timide, il quitta ses chaussettes devant Pétronille, celle-ci s’extasia : belle gueule, beau corps et petons magnifiques, c’est un ange que je vais croquer tout cru ! Le chérubin à la peau douce et docile comme un agneau se laissa faire et tous deux prirent un pied monumental.
    Ils furent heureux et eurent beaucoup d’orgasmes.

  3. Sylvianne Perrat dit :

    Bonjour Monsieur, asseyez vous. Voyons voyons… les chaussettes en disent déjà long. Neuves, effilochées, distendues ou bien serrées. Courtes ou jusqu’au genou.
    Remercie-t-il ses pieds de le porter ? Ou est-il négligeant ?
    Là, chaussettes noires classiques, de bonne qualité.
    Pouvez vous enlever vos chaussettes s’il vous plaît ?
    L’homme les enlève précautionneusement et il les place bien à plat sur la chaise.
    J’en sais déjà long sur l’individu.
    Certains les lancent en boule, à l’envers par terre. Tirebouchonnés.
    Ses pieds sont soignés, manucurés avec soin.
    Est-ce pour venir me voir ? Si oui, son apparence est importante pour lui. Il me montre une facette de sa démarche… juste ce qu’il veut montrer.
    Les orteils sont équilibrés, bien rangés. Je soulève le pied, les lignes sont dessinées harmonieusement. Cet homme me paraît serein, heureux. Les deux pieds sur terre
    Un endroit m’intrigue.
    A la base du gros orteil droit., il y a comme un creux. Un trou prononcé. Lisse mais ancien.
    Je suis intriguée.
    Au niveau du talon d’Achille, il y a comme une fissure.
    J’interroge l’homme. Il se dit en forme, bien dans ses baskets, sûr de lui.
    Toutefois, son pied droit sursaute quand il parle.
    Je masse le talon d’Achille, il tressaille.
    Je touche le creux, il crie.
    Je prends sa chaussure droite et trouve un caillou !
    « Il a toujours été là » me dit-il.
    Je ne regarde jamais les étoiles !

  4. Urso dit :

    Une voyante lisait dans les lignes des pieds. » Celles des mains ne mènent à rien » disait-elle. Grands ou petits pieds, pieds plats, fuselés, cambrés ou déformés, elle savait les faire parler.

    Ce matin je me suis levé de mauvais poil.
    Je me sens bizarre. Comme si je n’avais pas dormi.
    Je vais à la fenêtre de la chambre à coucher.
    Là que vois-je dans la grande rue du village !
    Il est neuf heures dix et nous sommes au mois d’avril. Pas le premier mais le trois.

    Oh que vois-je !
    Des dizaines et des dizaines de pieds qui marchent dans la rue.
    De toutes sortes. Des pieds d’êtres humains et d’animaux : de boeufs, de canards, de chiens …
    Que c’est drôle !
    Où vont-ils ?

    Vite je sors de la maison.
    Aucun voisin dehors ni aux fenêtres, à regarder ce long défilé de pieds. Bizarre.
    Machinalement je lève la tête au ciel. Pour voir le temps qu’il va faire.
    Hi hi je vois mon perroquet Joe – absent de la maison depuis trois semaines.

    – Eh Alfred tu vois tous ces pieds. C’est moi qui leur ai dit la bonne nouvelle.
    Cette femme qui habite près de la mairie. Qui lit les lignes des pieds.
    Eux aussi ils veulent connaître leur avenir.
    – Tu es fou lui dis-je. Cette femme n’est pas honnête. L’autre jour elle m’a topé huit cent balles et elle n’a rien vu de ma vie.
    Peut-être du fait que je n’ai plus mes pieds originaux. Qu’à la place j’ai des pieds de porc.

    Je regarde le perroquet droit dans les yeux.
    Au fait pour quelle raison ces pieds ils n’ont plus leur propriétaire ?
    – Je n’en sais rien moi. C’est mon problème. Je n’ai pas envie de te le dire.

    Je ne l’écoutais plus. Je savais qu’il mentait.
    Je regardai ma montre. Tout à coup je vis deux pieds qui ne marchaient pas. Ils étaient immobiles.
    Chose étrange.
    Ensuite ces deux pieds se mirent à battre comme des ailes. Ils montèrent haut dans le ciel.
    Ce fut certainement un signal, car instantanément les autres pieds firent la même chose. Devinrent des ailes et s’envolèrent.

    Que c’est drôle.
    Ces pieds ailes. Maintenant à l’horizon.
    – Au fait me dit le perroquet. Tous ces pieds je ne sais pas d’où ils viennent ni où ils vont.
    – Quoi quoi répondis-je !
    Je regarde mes pieds.
    J’e suis sorti pieds nus.
    Quoi quoi je n’ai plus mes pieds de porc aux pieds.
    Je suis sûr que le perroquet lit dans mes pensées.
    – Je te l’ai souvent dit Alfred.
    Tu devrais manger moins gras.
    Éviter les langues de boeufs, les têtes de veau, foies de veau, les rognons et surtout les pieds de porc : plusieurs fois par semaine et aussi la nuit.
    À la longue des pieds tu en vois partout même dans la rue en train de marcher.

  5. Valérie Jacquin dit :

    Berthe, druidesse de Lanester, qui après s’être follement éprise d’un marin espagnol, l’a suivi sur sa terre andalouse pour devenir sa femme et la mère de ses sept enfants. L’homme, disparu en mer, avant la naissance du dernier né, obligea sa pauvre veuve à reprendre du service. Mais, le druidisme n’étant pas une coutume locale, Berthe devait se trouver un nouvel emploi.
    La cousine de feu son mari, Irma, qui commençait à voir flou au travers de sa boule de cristal, sentait qu’il était temps pour elle de lever le pied, et l’idée lui vint de se faire remplacer. Elle voyait en Berthe la candidate parfaite. Les deux femmes se mirent d’accord et Berthe commença sa formation dans la foulée.
    Après plusieurs jours à invoquer la boule de cristal, à décrypter les cartes de tarot, à observer le marc de café ou à lire les lignes de la main, le constat d’un échec était inévitable. Berthe n’avait aucun don pour la voyance, et ce malgré son acharnement.
    Irma fit triste mine quand elle lui annonça renoncer à leur projet et le désarroi de sa cousine lui fit regretter sa décision. Elle lui proposa alors une dernière tentative, le lendemain. Une jeune femme de la ville avait pris rendez-vous. Ce serait Berthe qui s’en chargerait, seule. Peut-être que l’autonomie lui serait de bonne compagnie et l’aiderait à révéler ses dons.
    L’ultime chance était arrivée avec un peu de retard dans une robe à dentelle blanche. Ses pieds étaient chaussés de mules plates et ses longs cheveux noirs virevoltaient sous un chapeau de paille. Elle jubilait d’être enfin arrivée et s’excusa de n’être point ponctuelle. Irma l’accompagna dans sa caravane et lui présenta Berthe, qui était déjà installée devant le guéridon en chêne. C’est à coups de louanges qu’elle mentit sur le talent de son admirable remplaçante. La jeune femme écoutait à peine et s’installa face à Berthe, impatiente.
    La sueur perlait sur le front de l’usurpatrice mais elle ne fit rien voir de son malaise. Il faisait très chaud à cette saison, cela n’était donc pas identifiable comme tel. Le regard pétillant de la cliente, qui ne cessait de la fixer, l’indisposait. Il fallait qu’elle trouve un moyen de faire illusion. Pour n’être plus soumise à l’observation pesante de la jeune femme, elle l’invita à s’allonger sur le sofa, prétextant une nouvelle méthode de divination qu’elle voulait éprouver sur elle.
    Curieuse, la cobaye s’étendit promptement après s’être déchaussée. Les yeux fixés au plafond, elle précisa être prête alors que de longues minutes s’étaient déjà écoulées. La voyante lui demanda de fermer les yeux afin de dissimuler son désœuvrement et se mit à battre les cartes de tarot pour se motiver. La maladresse résultant de son stress envoya les cartes valdinguer et s’éparpiller sur le sol. Berthe calma sa cliente qui s’inquiétait, en lui assurant que tout se passait normalement, qu’elle allait à présent pouvoir lire les messages que les cartes avaient à dévoiler. Elle s’assit au sol pour finir de jouer la comédie quand son regard se posa sur les deux voûtes plantaires qui lui faisaient face.
    Et c’est là, qu’elle eut une révélation !
    Il se dessinait devant elle, tout l’avenir de la jeune femme. Son mariage à Madrid. Ses trois enfants, que des garçons. Son voyage en France. Tout lui apparaissait clairement sur les lignes des pieds.
    Dès ce jour, le don unique de Berthe lui valut une grande renommée et son avenir en tant que voyante gitane allait être prospère.

  6. ROBERT Michel-Denis dit :

    Elle avait un don, c’est sûr. Et le savait depuis qu’elle avait remplacé un collègue au pied levé. Un gars charmant qui, lors d’un repas de fin d’année lui avait fait du pied. Un geste machinal, sans doute sans le vouloir vraiment;
    Pour la remercier, le dimanche suivant, il l’invita au restaurant le plus chic de la ville. L’orchestre rétro installé sur un podium décoré de mille feux lui mit des étoiles plein les yeux. Une fiesta comme elle n’en avait jamais vécue. Tourne, tourne la tête ! Ils prirent du bon temps. Elle n’en parla pas autour d’elle. Secret !
    On aurait pu croire qu’ils se lieraient pour la vie. Il n’en fut rien. Il dansait comme un pied. C’était juste ça, le petit couac. Il s’emmêla les crayons pendant la valse.
    Il l’avait seulement aidée avec bienveillance, à gravir son premier échelon. C’est quand elle lui parla d’étrier qu’elle se posa la question. Ce mot avait-il un rapport avec sa passion pour les chevaux ? Et puis, est-ce qu’il l’écrivait avec deux L ? Elle s’en étonna. Peut-être qu’il l’avait suivie jusqu’au manège ! Ce don dont elle lui avait parlé mit une puce à son oreille. En parlant de puce, sa carte bleue était invalide.
    Puis, réfléchissant, elle s’aperçut qu’il était aux antipodes de ce qu’elle recherchait. C’est alors qu’elle s’orienta vers sa deuxième passion, la danse contemporaine. Et, de fil en aiguille, elle prit un intérêt particulier pour ce plaisir que pouvaient lui procurer ses pieds. Ceux-ci, bien ancrés dans le sol, donnent la sensation d’être présents entre ciel et terre. Autrement dit, d’exister. Le signe était dans la danse. Elle le rencontra de nouveau dans le même restaurant. « Vous savez que je peux lire dans les lignes des pieds, dit-elle, d’un air mutin. Toute votre physiologie est inscrite sur la plante de vos pieds. Par exemple, je peux vous dire de qui vous êtes amoureux en ce moment. Je peux agir sur votre coeur rien qu’en lisant la plante de vos pieds. Et puis, remarquez que presque toutes les expressions qui comportent le mot pied ont une connotation péjorative. Alors que le ressenti sans les pieds, toute votre vie serait insipide. Ils tournèrent ainsi sur la valse des mots. »

  7. HOUSSAY dit :

    Une voyante lisait dans les lignes des pieds. » Celles des mains ne mènent à rien » disait-elle. Grands ou petits pieds, pieds plats, fuselés, cambrés ou déformés, elle savait les faire parler. C’est ainsi qu’elle menait ses clients au doigt et à l’œil… enfin à l’œil, n’exagérons pas car ses prestations n’étaient pas données.
    En plus, il faut préciser qu’elle était aveugle, ce qui est le comble pour une voyante ! Cela ne l’empêchait pas de rester lucide et même…extralucide ! Ainsi, elle avait prédit que, cette année, une fois encore, Noël allait tomber un 25 décembre ! Même si ça pouvait paraître banal, nul n’était à l’abri d’une remise en cause du calendrier pour s’adapter au réchauffement climatique.
    Quoi qu’il en soit, c’est au pied de la lettre qu’elle répondait à votre demande, ne serait-ce que pour vous donner un coup de main, et de vous promettre des lendemains qui chantent. Malheureusement, ce n’était pas toujours le cas et son optimisme incontrôlé devenait souvent son talon d’Achille…

  8. Françoise Rousseaux dit :

    Depuis longtemps on prétend
    Que l’avenir des gens
    S’inscrit dans les lignes de leurs mains
    Toute leur vie jusqu’à la fin.
    Mais à présent cette croyance est chamboulée
    C’est sous nos pieds que s’inscrit notre destinée !
    Et je vais vous le démontrer…

    Que vos pieds soient menus ou potelés
    Plats, tordus ou cambrés
    Qu’ils soient velus ou bien palmés
    Que vos orteils soient crochetés
    Ou au contraire tout allongés,
    Je me fais fort en les scrutant
    En les palpant, en les massant,
    De tout vous révéler
    Sur ce qui vous attend.

    Il suffira de prendre rendez-vous au pied levé
    par internet sur mon site de podologie appliquée.
    Puis le jour J vous arriverez
    Vous vous déchausserez
    Et là ce sera à moi de jouer !
    Votre avenir je prédirai
    Et vous me paierez ce que vous voulez.
    Ma seule exigence sera de vous priez
    De bien vous laver les pieds !

    A bientôt dans mon cabinet
    Pour d’importantes révélations soyez prêts !

    Eva Pedibus, diplômée en voyance podologique

    • Françoise Rousseaux dit :

      Désolée, il y a eu un couac quand j’ai copié/collé le texte et il s’est multiplié. Et là, je ne sais pas comment arranger ça!

  9. Anne LE SAUX dit :

    Mettez-vous pieds nus et allongez-vous sur la table de massage. Laissez dépasser vos pieds à l’extrémité. Voilà, c’est ça.
    Je vais lire les lignes de vos pieds : passé, présent et avenir vous seront dévoilés dans quelques minutes. Vous êtes prêt ? Parfait.
    Vous êtes droitier ou gaucher du pied ?
    Ah, vous ne savez pas… Vous n’avez jamais joué au foot ? Ce n’est pas grave. Réfléchissez, si vous voulez donner un coup de pied aux fesses à quelqu’un, vous lancez la jambe gauche ou la droite ? Cela ne vous est jamais arrivé. Alors, cherchons autre chose…
    Enfant, vous avez joué à la marelle ? Un jeu de filles ? Les garçons aussi peuvent y jouer pourtant. Sauter à cloche-pied ? Non plus.
    Je me demande s’il n’y a pas quelque chose qui cloche chez vous !
    Le matin, quand vous sautez du lit, c’est pied droit ou pied gauche en premier ? Ah, ça dépend des jours et aussi de quel côté du lit vous avez dormi.
    Tout cela ne m’aide pas beaucoup. Vous êtes un cas à part, un « ambipédestre ». Je vais donc utiliser une procédure exceptionnelle. Je vais lire vos deux pieds en même temps. Vous les rapprochez jusqu’à ce que leurs lignes s’inscrivent en continuité.
    Ouah ! Je n’ai jamais vu cela. Votre ligne de vie parle de 182 ans. Vous avez déclaré avoir 58 ans et vos pieds indiquent 18. Vous êtes à un tournant, celui des décisions qui vont impacter votre avenir, votre vie professionnelle, le choix des études supérieures ; le temps aussi de la fête avec les copains, le permis de conduire, le droit de vote…
    Ah bon ! Vous êtes-venu pour savoir si vous pouviez anticiper un départ à la retraite pour avoir le temps de profiter du temps qui vous reste ?
    Eh bien, mon cher monsieur, je vous l’affirme : vous avez 124 ans devant vous. Alors, écoutez vos envies. Vous avez tout votre temps !

  10. Genevieve T. dit :

    Une voyante lisait dans les lignes des pieds. ’’ Celles des mains ne mènent à rien’’ disait-elle. Grands ou petits pieds, pieds plats, fuselés, cambrés ou déformés, elle savait les faire parler.

    Maria avait vécu toute son enfance avec les gens du voyage. Depuis toute petite, elle passait une partie de son temps dans la caravane de sa vieille tante qui lisait les lignes de la main. Même quand celle-ci recevait des clients, Maria se faisait discrète, continuait de jouer mais ne manquait pas un mot des propos de la vieille chiromancienne.
    Très jeune, elle se mit à interpréter les signes qu’elle découvrait dans les mains des uns ou autres. Un jour, elle en eut assez de cette existence quelque peu étriquée, elle décida de s’installer dans un quartier populaire de Nimes. Rapidement elle se fit une petite clientèle, mais la pandémie arriva et les clients ne se soucièrent plus de savoir si leur avenir serait souriant ou pas. Les mois passèrent. Elle n’arrêtait pas de se répéter qu’elle devait trouver quelque chose d’autre. Un jour qu’elle terminait sa douche en se frottant les pieds, une idée lui traversa l’esprit et si je lisais les lignes des pieds ? oui… mais elle n’y connaissait rien, et n’avait jamais entendu parler de cela. Elle s’assit sur un tabouret, tendit les deux pieds vers son miroir pour voir en quoi consistaient les fameuses lignes. Quelle gymnastique se dit-elle !… quand !….Elle fut déséquilibrée et bascula du tabouret ! elle fut bonne pour quelques bleus, et se fit la remarque que sa ligne de chance plantaire n’était peut-être pas celle qu’elle avait imaginée !… De tout façon elle savait dans un premier temps, faire parler les gens, puis leur sortir les boniments qu’ils attendaient. Elle se débrouillerait bien.
    Elle remplaça sa plaque de porte par une nouvelle : Maria, Lignes des pieds.
    La pandémie finie, nombre de ses anciens clients revinrent la voir. Elle fut quelque peu décontenancée devant toutes les formes de pieds, au pied égyptien elle disait qu’il allait de l’avant, au pied grec, qu’il prenait le temps de réfléchir, à celui porteur d’hallux valgus, vous avez connu ou vous allez connaître des difficultés et puis il y avait les pieds plats, les petits et grands pieds. Dans ce domaine elle se sentait plutôt à l’aise, mais quand il s’agissait de déchiffrer les lignes des pieds c’était une autre affaire. Elle savait que la plupart des personnes étaient hypersensibles au niveau de la zone plantaire. Elle appuyait le dessus du pied contre sa main gauche, et ne voulant pas passer et repasser les doigts sous le pied, elle appuyait délicatement le pouce ici ou là tout en faisant semblant de lire l’avenir.
    Les retours de ses prédictions n’étaient pas très encourageants, les gens semblaient plus exigeants, moins patients… cependant plusieurs personnes lui firent remarquer que lorsqu’elle avait appuyé sous leur pied, ils avaient remarqué des changements. L’un avait moins mal à l’estomac, l’autre moins de migraine…
    Elle se dit que finalement elle s’était peut-être trompée de voie. Elle chercha une formation en réflexologie, travailla d’arrachepied !…. Comme elle aimait à le répéter et put très rapidement faire un échange de plaque.
    Un jour elle reçut une vieille chinoise qui ne s’exprimait pas très bien en français. Celle-ci lui dit : vous, bonne reflexologue, mais pourquoi pas lire lignes du pied ? Maria ouvrit la bouche ne sachant quoi répondre. Autrefois continua la vieille femme : dans mon pays, nous lire lignes des pieds…
    Après le départ de la dame âgée, elle sauta sur son ordinateur, dégotta sur des sites de livres d’occasion quelques vieux recueils qui expliquaient la lecture des lignes des pieds dans la Chine antique. Elle passa bon nombre de soirées à étudier, et un beau matin elle alla rechercher la plaque qu’elle avait décrochée quelques mois auparavant et vint la visser sous celle déjà présente.

  11. iris79 dit :

    Une voyante lisait dans les lignes des pieds. » Celles des mains ne mènent à rien » disait-elle. Grands ou petits pieds, pieds plats, fuselés, cambrés ou déformés, elle savait les faire parler.
    Prenez votre pied en Inventant la suite
    Elle était très forte et sa réputation n’était plus à faire. Et pourtant quand elle commença, elle fut la risée de toute la région. Certains la moquaient en disant qu’elle prônait les pieds pour se démarquer et attirer une clientèle alléchée par la nouveauté. Ce qui n’était pas tout à fait faux mais ce fut bien malgré elle qu’elle découvrit ce talent étrange.
    En effet un soir de pleine lune alors qu’elle sortait d’une douche bienfaitrice et s’allongeait sur une méridienne de la terrasse sous un soir d’été, alors qu’elle se massait les pieds, elle eut des visions très précises d’elle dans le futur. Très troublée elle s’empressa de noter ces visions et ne put que les vérifier les semaines suivantes. Très perturbée par cet événement, elle s’ouvrit à ses plus proches amis qui acceptèrent de lui prêter leurs pieds pour vérifier qu’elle ne devenait pas folle. Pour chacun d’entre eux les visions s’avérèrent tout à fait juste. Elle prit alors quelques semaines de réflexion et se résigna à ne plus nier ce talent. Elle ne savait pas encore si elle devait s’en désoler ou s’en réjouir.
    Elle reçut encore les amis de ses amis pour être bien sûr de sa crédibilité et se lança. Et ce fut un succès fulgurant qui la surprit elle-même. Au début, elle crut que certains pieds dévoilaient plus d’attraits que d’autres et permettaient une meilleure visibilité mais au bout de quelques mois et après en avoir vu de toutes les tailles, de toutes sortes, la première chose qu’elle se dit c’est comment elle n’avait pu remarquer avant cela qu’il existait à ce point une diversité de pieds qui disaient déjà, tellement juste en les regardant ! C’était édifiant et elle avait un talent certain pour en faire prendre conscience à ses clients. D’ailleurs elle constata que bien des gens ne prenaient jamais le temps de prendre soin d’eux en essayant de juste de se regarder sans jugement, simplement en observant son propre corps et ce qu’il avait à dire. Elle se fit donc la « portevoix » de toutes ces voix tues ou étouffées, écrasées sous le poids du temps, et les personnes étaient toujours troublées de constater tout ce qu’elles pouvaient voir par elles-mêmes. Ce fut là d’ailleurs ce qui fit que son succès ne se démentit pas et que sa renommée survécut aux premières semaines de curiosité. Sa propension à prendre les gens par la main pour lire eux-mêmes ce que leurs pieds avaient à leur dire (allez, bouge-toi ! Prends le temps de vivre ! Arrête-toi et fais tourner nos doigts en éventail ! Occupe-toi de nous donc de toi ! Achète des baskets et allons courir ! Viens, on va marcher, découvrir des paysages ! Tourne les talons, ne reste pas avec cette personne !).
    La thérapie par les pieds comme l’appelèrent certains clients se tailla une solide réputation !
    Le cabinet ne désemplissait pas et la voyante devait gérer nombre de demandes farfelues. Certains clients faisaient des pieds et des mains car ils pensaient que l’on pouvait peut-être lire bien d’autres choses dans d’autres parties du corps ! Elle dut recadrer très vite certains désaxés en rajoutant le mot « seulement » derrière lecture des pieds et cela ne rebuta pas pour autant.
    Elle avait trouvé un sens à sa vie et tous les matins elle se levait bon pied bon œil pour aider son prochain à mieux repartir de bon pied sur son propre chemin.

  12. mijoroy dit :

    ─ Debout les gars, c’est dimanche. Jour de Madame Bonaventure.
    ─ Non mais ça va pas Groszorteil de nous réveiller aussi tôt ? Il fait encore noir ! Rouspétaient les p’tits boudins de pieds.
    ─ On a pas trop ‘d’temps pour nous préparer. Il faut se laver, se récurer les cuticules, limer nos bouts d’ongles pour égaliser et enfin les gominer pour être tout doux et beaux comme des camions.
    Dans la lignée des zorteils ça grommelait, ça maugréait, bref ça ronchonnait.
    ─ Être beaux oui, mais alors pourquoi faut s’étirer, se courber, se plier au rythme de ton sifflet, eut l’audace de demander Petitzorteil.
    ─ Pour faire circuler le sang dans la maison du panard. Irriguer les conduits fera apparaître les plis et ridules de notre monde.
    ─ Et à quoi ça sert, surtout un dimanche matin ?
    ─ À être papouillés par les douces mimines de madame Bonaventure, puis à connaître notre météo chance pour la semaine à venir, lorsqu’elle lira nos lignes de pied.
    L’équipe des p’tits boudins éclata de rire. Ils s’agitèrent comme des petits vers bien gras, secoués par les spasmes du rire.
    ─ La météo chance ? Mais on s’en fout, car de toute façon on en a encore pour au moins deux mois à être en mode hibernation dans le moelleux et chaud des chaussettes. Répliqua Petitzorteil.
    ─ C’est vrai ça. La dame Bonaventure n’a qu’à lire les lignes des cousins de la main.
    ─ Que nenni, ces cousins sont trop sophistiqués entre les manucures, les bagouzes et les tatouages. Nous, nous sommes les fondations du véhicule humain. Nous sommes les révélateurs de ses faiblesses et de ses forces sans aucun artifice. Nous lui offrons la possibilité de se mouvoir debout. Renchérit Grosorteil.
    Un silence plana dans la troupe des Zorteils. Petitzorteil déclara :
    ─ Tu veux dire que nous sommes indispensables au véhicule humain ?
    ─ Absolument nous sommes la pièce maîtresse de sa marche. C’est pourquoi dame Bonaventure nous guide pour savoir où mettre les pieds chaque semaine.

  13. Coriandre dit :

    Une jeune voyante voulant faire un pied de nez aux pratiques conventionnelles en matière d’astrologie, ouvrit un cabinet pour le moins original car ses prédictions reposaient essentiellement sur l’examen des pieds de sa clientèle, et ce, en dépit de son entourage qui lui martelait que dans la vie, il fallait avoir les pieds sur terre.
    Elle décida de faire un pied de nez à tous ces réfractaires réac, son défi étant l’innovation.
    Son installation se passa merveilleusement bien, sa clientèle faisait le pied de grue devant son cabinet qui ne désemplissait pas.
    Un matin, une nonagénaire habillée de pied en cape ayant bon pied bon œil sonna à la porte de la douce Irma.
    – Entrez Madame et installez-vous confortablement, je suis à pied d’œuvre pour commencer ma consultation.
    – Comme cela, j’ai entendu dire que je devais vous montrer mes ripatons ? gloussa la vielle dame.
    – Tout à fait, je vais me mettre à vos pieds, me concentrer et y lire beaucoup de choses intéressantes.
    A la vue de ses pieds fripés, la professionnelle déclara :
    – Dans votre vie, chère Madame, une chose est sûre : vous n’avez pas eu les pieds palmés, vous avez beaucoup travaillé !
    – Ah pour sûr ! et je continue, je fais encore de la randonnée, j’adore aller en forêt dégoter quelques pieds de mouton, je les cuisine avec des pieds de veau !
    – C’est le moins qu’on puisse dire, vous n’avez pas les pieds dans le même sabot ! Pourquoi venez vous me consulter ?
    La cliente déclara sur un ton solennel :
    – Parce-que je suis harcelée par un homme et je ne sais plus que quel pied danser !
    L’astrologue étouffa un petit rire qui ne passa pas inaperçu chez la vieille dame.
    – Croyez-moi, je suis peut-être âgée mais je plais encore beaucoup et je constate que beaucoup d’hommes de ma génération cherchent encore chaussure à leur pied !
    – En effet, c’est terrible d’être victime de son sex-appeal mais grâce à mes conseils, cette séance vous remettra sur pied et vous aurez désormais confiance en l’avenir répondit la jeune femme très sérieusement.
    – Oh merci, mais de quelle façon ? interrogea la mamie.
    – Il faut lui tendre un piège comme cela il va sauter à pieds joints dans le panneau, c’est imparable !
    – L’idée est intéressante car il est bête comme ses pieds !
    – Ecoutez si vous souhaitez que ce harcèlement cesse rapidement, il faut mettre les pieds dans le plat, je n’entrevois pas d’autre solution.
    – Et ainsi, ,je retomberais peut-être sur mes pieds !
    – Exactement, vous avez tout compris et c’est la seule chance pour vous de ne pas perdre pied dans cette histoire.
    – Quelle est la stratégie que je dois adopter ? questionna l’’aïeule.
    – Il vous appartient de la trouver toute seule pour qu’elle soit efficace !
    – A présent, je vais travailler d’arrache-pied pour affiner un plan d’attaque cela m’évitera de me lever du pied gauche tous les matins, mon moral étant au plus bas !
    La professionnelle l’encouragea à faire des pieds et des mains pour que cesse son calvaire.
    La consultation prit fin, la nonagénaire se leva, toute requinquée avec cette sensation de s’être débarrassée d’une épine dans le pied. Ravie et légère, elle en oublia de régler la voyante.
    Cette dernière le lui rappela et la cliente, très contrariée de cet oubli, aurait souhaité être cent pieds sous terre…
    Finalement, comme le soutient le philosophe Michel SERRES, « on ne pense bien qu’avec ses pieds ».

  14. Grumpy dit :

    Après avoir été très déçu par une voyante des mains, ce qui n’avait servi à rien quant à m’informer sur mon avenir, vu que pendant la séance, les yeux au plafond, elle n’avait fait que caresser sa boule, on m’avait conseillé d’aller plutôt consulter cette voyante des pieds, une nouveauté dans la corporation.

    Elle a déjà pignon sur rue, tout au moins une plaque de cuivre toute neuve au bas de son immeuble. 3° étage, je finis par y arriver, au plus je monte, au plus ça sent mauvais. Des odeurs de pieds me confirment que je suis à la bonne adresse.

    Je sonne, un bouton me répond qui m’ouvre la porte. Là ça sent vraiment fort, mais au bout d’un moment, je vais m’y habituer. Je me garderai bien de faire une réflexion sur l’atmosphère car on m’a dit que la dame était très chatouilleuse. Inquiet sur mon avenir, ce n’est pas le moment de la ramener.

    Plusieurs clients dans la salle d’attente. Mon tour ne viendra pas vite. J’observe. Tous ont enlevé leurs chaussures pour les ranger bien alignées dans l’ordre des rendez-vous. Je constate d’où vient l’odeur et j’ajoute les miennes, pas dépaysées car elles puent un peu aussi.

    Pour patienter, j’observe ceux qui seront appelés avant moi, quelque peu inquiétants: l’un a une barbichette et des sabots, je vérifie avec anxiété qu’il ne porte pas de cornes. Un autre a enfilé un tutu par-dessus son pantalon qu’il a roulé jusqu’aux genoux, ses ongles de pieds sont vernis verts, son rouge à lèvres violet, ses faux cils lui font des yeux de girafe. Un troisième à l’accent marseillais a une tête de veau et des pieds paquets.

    Voilà mon tour. La voyante aux lunettes en cul de bouteille me fait tremper les pieds dans une bassine dont l’eau a déjà beaucoup servi. Ça me donne envie de faire pipi. Je me tortille sur ma chaise, elle me dit que je serai malheureux toute ma vie car je suis trop nerveux de nature et que ça ne guérira jamais. Et me réclame 150€ ….

    Alors pour me venger de cette escroqueuse, puisque j’ai le pied grec, (orteil plus long que les autres contigu au gros) je m’en sers pour lui faire un très très vulgaire orteil d’honneur… Je prends mes chaussures à mon cou et je suis en bas à la vitesse de la poudre d’escampette.

  15. camomille dit :

    – Toc toc toc !
    – Qui c’est ?
    – C’est pied droit !
    – Pied droit de qui ?
    – Ben si je le savais je serais pas là… Mais t’es voyante ou t’es pas voyante ?
    – Suis voyante quand j’ai le sujet entre mes mains,
    – Suis pas le sujet, suis pied droit !
    – Pied droit de qui ?
    – J’en sais rien que je te dis – me suis retrouvé tout seul comme ça dans la rue et suis un peu perdu,
    – T’es tout seul ?
    – Oui !
    – Vraiment tout seul ?
    – Oui !
    – Entre vite – C’est Rodin qui va être content – Depuis qu’il cherche un pied droit tout seul – vraiment tout seul – pour finir son œuvre !
    Auguste ! Ça y est ! J’en tiens un !

  16. Avoires dit :

    Un pied marin, qui voyageait depuis des années sur son bateau, décida de s’arrêter sur une île pour se reposer.
    Une étrange créature, mi femme, mi poisson l’aborda :
    Tu sembles bien las. Donne -moi tes pieds.
    Croyant que la créature allait les lui masser pour alléger sa fatigue, il les lui tendit.
    Oh ! dit-elle en les prenant dans ses mains . Tu es un grand voyageur à ce que je vois, ta ligne de vie le montre tout de suite. Tu as beaucoup navigué ; on dirait que tu viens de loin !
    Oui, je rentre de Troie
    Et tu rentres chez toi. Je vois que tu y arrives mais, je vois aussi bien des difficultés à te faire reconnaître. C’est curieux, il y a un chien qui te renifle et te saute dessus, il est tellement de te revoir !
    Pied marin n’en croit pas ses oreilles
    Il y a aussi un jeune homme
    Ah !
    Il vingt ans, il ne te connaît pas
    Et ma femme ?
    Je vois une femme entourée d’hommes qui lui font la cour…
    Pied marin s’agite entre les mains de la devineresse
    Reste calme, lui dit-elle, ne crains rien ! Tu vas retrouver ton épouse bien-aimée. Je vois de belles retrouvailles, oh ! oui, c’est certain, il y a une petite croix sur ta ligne de cœur qui ne laisse aucun doute.
    Ne sachant que penser, le pied marin regagne son bateau
    Comment t’appelles-tu ?lui demande l’étrange créature
    Ulysse, je rentre à Ithaque
    Bon retour ! cria la devineresse, n’aie pas peur, les dieux sont avec toi.

  17. HUGUET Rose Marie dit :

    Une voyante lisait dans les lignes des pieds. » Celles des mains ne mènent à rien » disait-elle. Grands ou petits pieds, pieds plats, fuselés, cambrés ou déformés, elle savait les faire parler.

    On nous libère de nos entraves, on étire nos extrémités, quel bonheur ! Est-ce notre jour de chance, celui dont nous rêvons depuis de si nombreuses années ? Des mains nous saisissent avec douceur, des yeux vifs et inquisiteurs nous auscultent. Une voix ferme rapporte ce que les mains sentent, ce que les yeux voient :
    • les bisous des premiers jours alors que nous n’étions que des petits bouts tout potelés
    • les premiers essais tout balbutiants de notre fonction
    • les premières blessures qui viendront s’ajouter à d’autres au fil des années et qui laissent de mauvais souvenirs trop souvent réveillés

    De nombreux messages d’alerte sont envoyés au centre de commandement. L’avenir s’annonce sombre et malodorant. Sans remise en question, les libertés chèrement acquises ne seront plus que des semi-libertés, au pire, elles s’évanouiront. Il faut dire stop et apprendre à écouter, à s’écouter. Mettre fin aux meurtrissures imposées depuis trop longtemps. Julie, notre donneuse d’ordres n’en revient pas. Elle nous regarde tristement puis sa colère s’éveille : elle voit s’envoler sa collection d’étaux pointus qui lui font la jambe si belle.

    Elle se rappelle alors ce vieil adage : qui veut aller loin, ménage sa monture. Oui, elle a encore beaucoup de chemin à parcourir. Elle prend conscience que son corps lui parle. Elle se sent prête à l’écouter, elle qui n’écoutait que les diktats de la mode.

    On dit de nous que nous sommes bêtes, mais avouez que vous avez tort, nous vous sommes indispensables.
    Nous espérions un massage relaxant, mais nous avons eu bien plus : de la reconnaissance.
    Aujourd’hui nous avons pris notre PIED.

  18. Alain Granger dit :

    Son premier client de la journée était un pied noir. Il avait le pied égyptien, avec le gros orteil comme doigt le plus long. Elle le fit parler. C’était un ambitieux. Il avait faillit rentrer d’Algérie les pieds devants. Il avait tout perdu : son commerce, sa femme et ses enfants, tués par le FLN. Arrivé en France, il s’était mis à pied d’œuvre pour tout recommencer. En homme mesuré, il avait commencé avec un pied à coulisse, simple ouvrier dans une fabrique de pneus. Arrivé à mi chemin de sa carrière, il concurrençait déjà Michelin. Il était venu consulter la voyante au sujet d’un projet de rachat de ce même conçurent. Elle avait lu les lignes de vie de son pied. Elle lui conseilla de fouler au pied l’offre de Michelin. Loin de perdre pied, il allait repartir d’un bon pied grâce à une prochaine offre d’un célèbre transporteur. Le pied noir sortit tout requinqué de chez la voyante.

    Le client suivant entra sur la pointe des pieds. C’était un timide. Elle lui arracha les vers du nez afin de comprendre. Pour elle, sa timidité venait du fait qu’il avait toujours été dévalorisé : « Tu es bête comme tes pieds », lui disait-on en permanence. Il avait fini par le croire. Sur la ligne de vie de son pied, elle remarqua une coupure suivie d’un changement de trajet de cette ligne. Elle prit donc le contre-pied de ce qui lui avait toujours été dit. Elle s’évertua à le rassurer, le rasséréner sur ses facultés et ses possibilités, lui démontrant à travers des exemples qu’il était loin d’être bête, qu’il pouvait prétendre être traité sur le même pied d’égalité que les autres. Il n’était pas un va-nu-pieds et allait bientôt faire un pied de nez à celui qui l’avait mis à pied dans son boulot. Elle lui expliqua que ce petit chef d’atelier, celui qui prenait son pied à l’humilier n’était en fin de compte qu’un colosse aux pieds d’argile. Lorsqu’il aurait le courage d’attendre de pied ferme son patron et de lui expliquer directement ses nouvelles idées, celui-ci ayant les pieds sur terre, ne pourrait que reconnaître sa valeur. Le petit chef perdrait pied et se retrouverait devant le fait accomplit. Son client allait même lui prendre sa place. Ce serait plus que de retomber sur ses pieds, ce serait le grand pied. Le timide se sentit des ailes en sortant de la séance.

    La voyante accepta au pied levé un dernier client. Le casse-pied arriva à cloche pied. Il avait mal. Ce qui expliquait son retard. Le client se déchaussa. Il présentait un gros cor au pied et un Hallux-valgus. Le transsexuel arriva habillé en pied de poule et en escarpins aux talons de 15 cm. Il était transformiste dans un night-club. Elle lui conseilla de lever le pied dans son activité s’il ne voulait pas finir ses soirées pied-nus ou en se foulant une cheville. Le client pleurnicha, lui disant qu’il ne croyait plus en son étoile ni en Dieu. Elle lui mit alors un bon coup de pied occulte afin qu’il se reprenne en main. Tout d’abord, porter des chaussures plates durant un temps. Ne pas jouer les étalons sur des cale-pieds trop hauts pour ne pas tomber de son piédestal. Il fallait qu’il garde espoir. Il serait sur pied prochainement avec la pommade qu’elle lui donna. En plus d’être voyante, madame Desplantes était un peu guérisseuse.

    • Grumpy dit :

      Deux souvenirs retrouvés dans ce texte :
      Réflexion favorite de ma mère « tu es bête comme tes pieds »
      Et de mon père « le coup de pied occulte »
      Souvent promis à mes frères.
      Ton ancien covoitureur vers l’atelier d’écriture du haut Var te dit merci.

      • Alain Granger dit :

        Merci Grumpy
        Oui je me souviens de nos covoiturages dans le Haut Var avec nostalgie.
        J’espère que tu es en forme.
        J’ai bien aimé ton « l’orteil d’honneur » qui remplace le doigt d’honneur.

  19. 🐻 Luron'Ours dit :

    686/DANS LES GRANDES LIGNES
    Madame Berthe était fille de facteur épouse de facteur, mère de facteur. Elle prenait soin des arpions plus que des paluches. Ses petits-enfants, des Galopins, prenaient le même chemin. Ça ne mènera nulle part, pensait-elle. Sur son smartphone, elle avait photographié les plantes de sa famille. Elle consulta madame Charlemagne qui lisait dans les pieds.
    La voyante reconnaissante lui fit un prix. Ça lui épargnait les odeurs, la crasse, le contact ! Par habitude, elle lut les lignes de la main de Madame Berthe. Elle se trouvait des affinités avec elle. Elle lui proposa un marché : vous prendrez le relais quand j’aurai trop de pratiques, sauf le mercredi évidemment, jour de football…
    Elles ont ouvert le cabinet les pieds Nickelés. C’est croquignolet, ça filoche et on fait la ribouldingue ! C’est le succès, quoi ! Allez-y, vous n’en reviendrez pas ! PS les chatouilles sont en suc, on ne lèche pas. 🐻

  20. Nadine de Bernardy dit :

    Une voyante lisait dans les lignes des pieds
    Grands ou petits, cambrés ou déformés
    Mais rapidement déçue par tous ces panards, ces petons
    Qui ne lui évoquaient que soucis et trahisons
    Elle alla chercher d’autres terrains de lecture
    Des pieds n’étant pas une simple sinécure
    Et du pied de biche au pied de nez
    Elle trouva un bonheur bien mérité

  21. 🐀 Souris verte dit :

    En me serrant la main elle me dit : vous avez des mains de beurre.
    – de celui qu’on met dans les épinards ?
    – si vous voulez mais pour lire les lignes, donnez -moi votre panard.
    Elle le regarde et constate
    – vous les avez plats.
    Vous avez dû en écraser des  »em…des » ?
    – oui, mais toujours du pied droit !
    – Alors, continuez votre chemin, il est tout tracé. 🐀

  22. Françoise - Gare du Nord dit :

    Je pressens en vous une personne riche et complexe, en aucun cas un pied plat. Un peu rebelle, un peu contestataire, à prendre souvent le contre-pied ; un taquin, un farceur, adepte des pieds de nez, n’est-ce-pas ? Solidaire et secourable à toujours enlever à quelqu’un une épine du pied ou à mettre le pied à l’étrier. Attention toutefois, à ne pas vous laisser marcher sur les pieds

    Sans affirmer que vous avez un pied dans la tombe, je dirais que votre santé est un peu fragile. Rassurez-vus, je ne vous vois pas six pieds sous terre, C’est curieux, je devine beaucoup de mots latins. Des mots en latin viennent à mon esprit : hallux valgus, hallux rigidus. Cela vous évoque quelque chose ?

    Côté cœur. Attention, vos pieds sont très attachés aux chevilles. Mais les mollets tournent autour d’elles et cela suscite des tensions, un véritable climat de jalousie qui ne favorise pas vos amours. Vous n’êtes pas près de trouver chaussure à votre pied..

    Côté sexe. Sexualité complexe et raffinée. Beaucoup de difficultés à prendre votre pied. Je me trompe ?

    Le travail. Votre personnalité velléitaire, irrésolue, vous conduit à ne pas savoir sur quel pied danser donne de vous une image dégradée. Attention, la mise à pied vous guette

    Question argent. Vous gérez vos finances de manière scrupuleuse parfois tatillonne. Mais je ne vois pas vivre sur un grand pied

    Pour conclure, j’ai une vision extrêmement puissante, je perçois une incarnation dans un futur très proche

    Pensez-vous que je devrais consulter un spécialiste de la réincarnation, quelqu’un qui pourrait me dire quelle est ma vie antérieure ou quelles sont mes existences passées ?

    Non, non, je vous conseillerais plutôt de consulter une pédicure pour votre orteil droit

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