662e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

C’était un allumeur de lueurs connu du monde entier.
Capable, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.
Une fois, alors qu’il…

Invitez votre imagination à inventer la suite


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21 réponses

  1. Peggy Malleret dit :

    Passait devant le kiosque à journaux le marchand l’interpella :

    – Kevin ! J’ai reçu le magazine que tu m’as commandé.
    – Ah merci. Dis donc, les gros titres ce n’est toujours pas la joie ! Et ça qu’est-ce que c’est ? Huan Huan déprime. J’adore, enfin une nouvelle qui sort du lot !
    – Oui, j’ai lu l’article. Figure-toi qu’au ZooParc de Beauval la femelle panda a un air tout tristounet. Personne ne comprend pourquoi. Elle n’est pas malade, elle mange normalement, elle joue moins, c’est d’accord, mais rien qui ne puisse expliquer cette situation. Peut-être que tu pourrais aller l’aider ?
    – Ouais, mais non. J’ai assez à faire avec les humains. La semaine prochaine, je pars au bout du bout du monde. Je me demande comment ils ont pu entendre parler de moi ceux-là.
    – Ça n’a pas l’air de t’enchanter. Pourquoi tu y vas ?
    – Il y a un type qui, paraît-il, réussit à guérir certaines pathologies uniquement avec son regard. Or, depuis un moment ce regard s’est éteint. Toute la tribu est au désespoir.
    – Je comprends, mais franchement tu aurais largement le temps de faire un saut au zoo. Tu imagines, si tu réussis aussi sur les animaux !
    – Non, franchement non.
    – Ok mec. Salut.
    – Salut.

    Kevin réfléchit à cette histoire de panda. Pour les Chinois, c’est une affaire d’État puisque le panda est considéré comme un trésor national. Je vais peut-être éviter un incident diplomatique !
    Il rebroussa chemin et leva un pouce en repassant devant le marchand de journaux qui leva son pouce en réponse.

    La vétérinaire prévenue de son arrivée l’accueillit reconnaissante et soulagée. Jamais elle n’aurait imaginé que lui, si connu, s’intéressa aux malheurs d’un panda. Lorsqu’elle le remercia à nouveau de s’être déplacé, leurs yeux se croisèrent :

    – Attendez, je ne comprends pas, vous avez besoin de moi ? Je vois à votre regard, d’ailleurs très beau, que vous pratiquez la même thérapie, vous êtes allumeuse de lueurs. Je me trompe ?
    – Non, vous avez raison, mais je n’y arrive pas. Pour le moment, je ne réussis à rallumer que les lueurs d’espoir. Accepterez-vous de m’initier ?
    – Bien volontiers.
    – Bon, allons voir Huan Huan. Je vous préviens c’est une première avec les animaux.
    – J’ai confiance. Et puis, non négligeable, vous rendez aussi service à la France.
    – Sacrée responsabilité, je vous sauve, je sauve Huan Huan et je sauve la France !

  2. B Colombani dit :

    C’était un allumeur de lueurs connu du monde entier

    Capable en un quart d’heure de rallumer l’ardeur d’un regard éteint

    Une fois, alors qu’il n’y pensait plus, qu’il croyait avoir oublié,

    avoir tout enfoui,

    alors qu’il vagabondait, il se détourna miraculeusement et tomba nez à nez sur

    l’être le plus ravissant jamais rencontré, assis sur un banc

    un visage de nacre, des yeux qui étaient un appel au large, une chevelure de sombre forêt, des lèvres de duchesse

    Il s’embrasa, fut pris de vertige, se couvrit de sueur, explosa

    Oui, l’allumeur c’est le désir !

  3. Michele B.Beguin dit :

    C’est un allumeur de lueur connu du monde entier
    Capable en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.

    Alors qu’il était de retour parmi nous après quelques mois d’absence, l’homme lumineux avait retrouvé le chemin des humains d’occident pour rallumer leur cœur et leur espoir.

    Une fois alors qu’il croisait un groupe de jeunes plutôt guillerets après une soirée arrosée, il s’approcha du plus jeune qui avait des larmes dans les yeux.
    – Dimitri, dis moi ce qui ne va pas ?
    Le garçon le regarda avec étonnement
    – Vous me connaissez ?
    – Je vous connais tous répondit-il en montrant les autres du doigt. Loïc, Charles, Arthur et Victor. Je veux que tu me dises ce qui te tracasse !
    – Mon cœur se brise tous les soirs à l’idée de retrouver ma mère qui s’use, qui trime chaque jour pour me payer mes études et tout ce dont j’ai besoin.
    – Et que peux-tu faire pour remédier à ça ?
    – Je ne peux pas travailler, j’ai trop d’heures de cours et de plus j’ai besoin de sortir avec mes potes là où je dépense trop….je m’en veux et j’ai mal pour elle.
    – Je constate que c’est sur toi que tu pleures, plus que pour ta mère. Tu as peur et cette émotion ne va pas dans le sens de l’amour pour ta mère. Tu comprends ?

    Dimitri le regarda sans vraiment bien comprendre… Mais tout à coup une lumière éclaira son esprit, son regard et son sourire.
    – Vous avez raison, je pourrai aider ma mère en me prenant en charge pour certaines choses. La voisine a souvent besoin d’un baby-sitter et j’ai toujours trouvé une excuse pour m’éclipser. Je pourrai au moins gagner mon argent de poche pour sortir et pour mes fringues.
    ‐ Je suis heureux que tu aies trouvé la solution à l’intérieur de toi, ĺà où sont toutes les réponses que tu cherches. Aies confiance en toi.

    Finalement Dimitri s’est senti allégé par sa décision et les mots chaleureux de l’homme qui remirent du soleil dans son cœur et sur son chemin. Dans un sourire lumineux de gratitude, il est allé rejoindre ses copains, fier de sa décision.

    La veille, l’homme avait déjà aidé un SDF en galère profonde qui rêvait de retravailler. Il l’a l’emmené dans une friperie pour le rendre propre et chic et l’a dirigé vers une connaissance qui cherchait un ouvrier vigneron.
    Les yeux de ce SDF se sont agrandis et ouverts pour laisser entrer la lumière de la vie. Son coeur s’est mis à palpiter quand il a enfin trouvé une chambre chez un habitant du village en attendant son CDI pour un studio.
    Et le soir il a apporté une bouteille de bon vin pour remercier l’allumeur de lueur, pour la chaleur qu’il était venu déposer dans son cœur, ses yeux et sa vie.

    Apres l’avoir serré dans ses bras L’homme lumineux est ensuite reparti vers d’autres regards éteints qui avaient besoin de lui, sans oublier de lui dire.
    – Tes pensées créent ta réalité. Tu est le maître de ta vie. Crois en toi.

  4. Françoise - Gare du Nord dit :

    C’était un allumeur de lueurs connu du monde entier. La Terre entière, de la Tanzanie au Togo, de Taïwan à la Tunisie, enviait ses multiples talents

    Capable de :

    = rallumer, en un quart d’heure, l’ardeur du regard éteint du détenteur d’un QI de 80.

    = d’insuffler de l’amour dans l’œillade assassine d’un chasseur de dots

    = provoquer une lueur de pitié dans l’œil d’un criminel nazi

    = animer un éclair d’humanité dans le globe oculaire d’un robot

    = faire jaillir une étincelle d’espoir dans l’esprit du gardien de but d’une équipe de football  menée 5 à 0 à 3′ de la fin du temps additionnel

    = amener une marque de confiance dans la tête d’un candidat au baccalauréat qui a 53 points à rattraper à l’oral

    Une fois, alors qu’il allumait les vitrines de la Ville-Lumière, il entendit des chuchotements qui s’amplifièrent pour devenir des murmures qui se multiplièrent, se répandant les dans les ruelles puis les avenues pour ensuite se transformer en bruits qui couvraient celui de la circulation et des manifestations et dégageaient des odeurs nauséabondes

    Qui était l’auteur de ces phénomènes ? Le monde entier commençait à s’intéresser à lui, la Terre entière, du Malawi à la Macédoine, du Mexique à la Malaisie, enviait ses multiples talents :

    Capable en 5 minutes de :

    = révéler l’intelligence du détenteur d’un QI de 80

    = dévoiler l’amour dans le cœur d’un chasseur de dots

    = démasquer la pitié dans l’esprit d’un criminel nazi

    = animer un éclair d’humanité dans le globe oculaire d’un robot

    = afficher le score de 6 à 5 pour l’équipe de France de football  pourtant menée 5 à 0 à 3′ de la fin du temps additionnel

    = annoncer la mention Très Bien au baccalauréat d’un candidat qui avait 53 points à rattraper à l’oral

    C’était un allumeur de rumeurs dénommé de nos jours lanceur d’alertes

  5. Urso dit :

    C’était un allumeur de lueurs connu du monde entier.
    Capable, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.
    Une fois, alors qu’il…

    Il était saoul, il se dit que peut-être il pourrait changer de job, d’existence, et partir au loin, pourquoi pas pour une autre planète.
    Alors une voix, toute petite, presque minuscule, dit oh non ne fait pas ça mon Bobby.
    -Ici sur Terre nous avons encore besoin de toi.
    Depuis des décennies tu as rendu de grands services à l’humanité et ton départ serait pour nous les terriens une véritable catastrophe.

    Bobby se mit en colère en devenant rouge tomate.
    -Ah cela ne va pas se passer comme ça. Moi je veux partir.
    Rallumer des lueurs cela ne me tente plus.
    Depuis que j’ai perdu mon briquet et mes allumettes je n’ai plus le goût à la vie.

    -Ah non reprit la petite voix. Reste avec nous Bobby. Ne t’en va pas.
    – J’ai trouvé une petite étoile et je sais que j’y serai ce soir avant minuit dit l’autre.

    La voix reprit.
    Reste avec nous et au même moment le chanteur Johnny se mit à chanter :
    Rallumez le feu …

    Et là notre rallumeur eut une seconde d’hésitation.
    -Ben non continua t-il je ne pars plus.
    Je vais rester sur cette planète Terre pour continuer à faire le bien et rallumer les lueurs, les feux, des regards éteints …

  6. mary poppins dit :

    Chaque jour, aux aurores, monsieur Michel Martin endossait son costume de salarié exemplaire et se rendait dans une entreprise, sans âme, pour y exercer le métier de comptable.

    A l’intérieur de son bureau sans fenêtre, assis sur son fauteuil en simili cuir, il passait ses journées à aligner des chiffres et des totaux dans des registres sinistres, où se croisaient des lignes aussi grises et mornes que sa propre existence.

    Son nom, sa profession, ses loisirs, sa façon de se vêtir, tout, chez lui, était normal, trop normal. Il connaissait par cœur ses numéros de sécurité sociale, de comptes en banque, de mutuelle et de contrats d’assurance. Il partait en vacances au moment où il fallait y partir. Il fêtait Pâques à Pâques, la Pentecôte à la Pentecôte et Noël à Noël. Il était toujours en avance pour payer ses impôts et ses factures.

    Depuis très longtemps, il s’était coulé dans un moule précis, petit, exact, conforme à ce que la société attendait de lui. Puis, année après année, il avait rentré la tête, fermé les écoutilles, replié les rames et étouffé ses rêves.

    Aucun hic, aucun couac ne venait perturber cette petite mécanique parfaitement huilée. Chaque chose était à sa place.

    Ça c’était le Monsieur Martin que tout le monde pensait connaître. Celui que l’on pouvait voir dans la journée, le regard perdu dans ses registres.

    Mais tout était bien différent la nuit. Oui, figurez-vous que Michel Martin ne dormait jamais, car le sommeil ne lui était pas nécessaire. Toutes les nuits donc, il exerçait une deuxième activité qui le passionnait par-dessus tout.

    Il était « Allumeur de Lueurs ». Ce qui consistait à aider les gens à réaliser leur plus grand rêve. On ne savait pas pourquoi mais ses aptitudes et ses capacités dans ce domaine, étaient vraiment hors norme et ça marchait à tous les coups. Sa réputation avait largement dépassé les frontières et, chaque nuit, on venait le consulter du monde entier.

    Le jour, il s’appelait Michel Martin, mais la nuit, il portait un autre nom « secret » que je ne peux pas vous révéler ici.

  7. Anne LE SAUX dit :

    C’était un allumeur de lueurs connu du monde entier.
    Capable, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.
    Un jour, alors qu’il s’apprêtait à exercer son art, il ressentit une violente décharge dans son crâne. Ses yeux se mirent à clignoter déjouant les tentatives de sa volonté à les stopper. Il était désorienté. Comment allait-il réussir à répondre aux sollicitations de la foule qui l’attendait dans la salle des fêtes de ce village reculé, perdu dans des montagnes plutôt hostiles ?
    Il avait hésité à accepter l’invitation du maire et du curé qui s’étaient ligués pour le persuader. Touché par leur insistance et leur immense désir de redonner de l’élan à leurs ouailles qui cédaient parfois au découragement face à des conditions de vie difficiles, il avait accepté de se déplacer.
    Il n’avait pas le droit de les décevoir. L’espoir de ces gens reposait sur ses épaules ou plutôt dans son regard. Celui la même qui savait projeter un rayon qui réveillait même les plus endormis. Mais comment faire avec un regard clignotant ?
    Il s’avança sur la scène, salua le maire et le curé qui l’avaient précédé et terminaient de chanter ses louanges. Il balaya l’assistance du regard. Un regard en code-phares. Il procéda comme d’habitude, invita les personnes, les unes après les autres, à exposer leurs déboires, leurs difficultés, leur découragement.
    Quelle ne fut pas sa surprise ! En effet, ce n’est plus d’un quart d’heure dont il avait besoin pour transformer les regards éteints. Une petite minute désormais suffisait à réchauffer les cœurs et ragaillardir les plus dolents.
    De nouvelles perspectives s’offraient à lui. Contre toute attente, son don venait de prendre une nouvelle dimension. Il se réjouit alors de ce clignotement impromptu, certes inconfortable, mais tellement efficace.

  8. mijoroy dit :

    C’était un allumeur de lueurs connu du monde entier.
    Capable, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.
    Une fois, alors qu’il… était à tenter de redonner le sourire et la voix à un petit garçon, prostré dans le silence depuis que sa maman était partie dans le ciel et que son papa était parti à la guerre dans son gros avion qu’on appelle un Rafale, l’extraordinaire se produisit.
    ─ C’est toi qui allumes le bonheur avec ton panache blanc sur ton chapeau ?
    ─ C’est exact mon petit.
    ─ Alors tu peux aider mam’zelle Camille à rencontrer mon papa. Il est triste et part toujours dans le ciel pour rechercher maman, mais moi je suis là et je l’attends, avec mam’zelle Camille. Je lui envoie dans le ciel, tous les jours des avions en papier en couleur, avec de jolis dessins de lui et d’elle. Je grimpe sur le tracteur de papé, puis sur le toit de la grange pour les lancer haut dans le ciel mais rien ne se passe. Papa ne revient pas, et mam’zelle Camille est toujours seule. Sauf que le Vieux Fumé qui passe ses journées dans sa chaise à bascule sur la véranda, il commence à la fixer avec des yeux bizarres. J’ai peur que mam’zelle Camille finisse par lui céder.
    Le papé exultait de joie. Son petiot avait recouvré la parole…hélas aussitôt exprimé son souhait, l’enfant se mura à nouveau dans le silence. Plus une once de vie sur son visage. Ni sourire, ni yeux rieurs.
    L’allumeur de lueurs rendit visite à mam’zelle Camille et quelle ne fut sa surprise. Il la trouva occupée à essayer de rédiger un courrier, tous les avions en papier du petiot à côté d’elle. Elle voulait les envoyer à la base du papa de l’enfant mais ne savait pas où trouver son adresse.
    ─ Moi je connais l’adresse dont tu as besoin et je peux même porter ton courrier en main propre.
    Mam’zelle Camille hésita, puis confia sa grosse enveloppe avec tous les avions qu’elle avait récupérés et glissa sa lettre à l’intérieur.
    Bien sûr l’allumeur de lueurs se garda bien de lui dire qu’il referait une lettre où elle déclarerait sa flamme au papa du petit garçon. Deux saisons passèrent et lorsque les arbres prennent leur manteau ocre et safran, un jour de grand vent, une voiture s’arrêta devant la maison de mam’zelle Camille. L’homme en uniforme, toqua à sa porte. Le petit garçon de sa fenêtre observait la scène, et souriait. Il descendit les escaliers en criant :
    ─Papa est revenu. J’avais raison de croire en mon rêve.

  9. Kyoto dit :

    André Lumignon, mondialement connu, avait la capacité, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint. C’était un allumeur de lueurs et sa réputation était à la hauteur de son arrogance.
    Malgré le fait qu’il soit mon époux, je le détestais. Je le surnommais l’allumeur de réverbères. Son regard ressemblait alors à un lance-flammes. Mais, jamais il n’osa me battre. Heureusement, car j’aurais eu le courage de lui fracasser le crâne à coups d’éteignoir. A son tour d’avoir le regard éteint.
    Ça me rappelle le jour où il pratiquait son art, au bout de quinze minutes, rien ne se passa. Le « patient », le regard vide, la bouche baveuse, les épaules tombantes, faisait peine à voir. Le grand André Lumignon persista à exercer son talent une demi-heure supplémentaire. Echec total : même pas une minuscule lueur de luciole.
    Patatras !
    L’homme a basculé, raide-mort !
    Après quelques minutes de stupeur, André envisageait de s’enfuir. Cependant, la nouvelle de l’incident avait parcouru la ville à la vitesse de la lumière. Une foule bigarrée en colère encercla le pauvre Lumignon qui s’était pris pour un dieu.
    Hommes vociférants,
    Mégères grossières,
    Femmes hystériques,
    Sorcières crachant du feu,
    Diablotins lançant des brandons,
    La vengeance avait de quoi se nourrir.
    Monsieur Le Curé, ayant l’air de porter sa croix, réussit à se frayer un chemin jusque Lumignon qui paraissait tétanisé. Je m’approchais d’eux, la peur au ventre.
    Nous prîmes André à bras-le-corps et notre trio improbable traversa la foule. A notre stupéfaction, celle-ci se fendit en deux et nous laissa passer dans un silence pesant. Un vrai miracle !
    Arrivés dans notre demeure, André se mit à crier :
    « Je suis…aveugle…une nuit noire a envahi mon corps et mon esprit. «
    Aveugle.
    Ange déchu.

  10. Nouchka dit :

    La salle de conférence est, ce soir encore, pleine de participants. Ils attendent l’intervention de cet Allumeur de Lueurs connu du monde entier. C’est ainsi que la presse spécialisée l’a surnommé. En effet, il participe aux colloques qui communiquent des informations scientifiques et pratiques sur la D.C.L.
    On dit que l’allumeur de lueurs serait capable, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.
    Et des regards éteints, il y en a un bon nombre dans l’auditoire des parents et soignants, dépassés par les symptômes de ce mal. Ils attendent des recettes pour comprendre et trouver la force de poursuivre leur sacerdoce.

    La notoriété de l’allumeur vient de son expérience auprès des patients mais aussi de la manière dont il diffuse ses conseils. Son visage est étrange. Il fait penser à certains singes aux petits yeux enfoncés dans leur orbite, aux grandes oreilles, au nez aplati au-dessus d’une mâchoire puissante et à l’implantation de cheveux basse sur le front.
    D’une voix calme, il rappelle les causes connues, les symptômes de cette démence et invite les participants à exprimer leurs demandes, leurs attentes.
    Chaque fois c’est la même chose. Il doit louvoyer entre les angoisses, le désespoir et les attentes d’un public si seul, si démuni face au malade et qui espère une sorte de miracle. Il leur rappelle qu’il est normal de ressentir de nombreuses émotions fortes et douloureuses, notamment la colère, la peur et l’incertitude quant à l’avenir. Il leur prouve ainsi qu’il les reconnait dans leur rôle d’aidant épuisé physiquement mais aussi émotionnellement.
    Parmi les symptômes, certains sont particulièrement perturbants, énonce-t-il : « Si, par exemple, votre malade pense que vous êtes votre sosie, n’argumentez pas. Il est persuadé d’avoir raison et vous dira que ce que vous dites pour vous justifier est exactement ce que dirait un intrus pour le tromper.
    Parlez calmement, doucement, et utilisez le langage corporel. Un patient atteint de démence réagit souvent à votre expression faciale, au ton de votre voix et à votre langage corporel bien plus qu’aux mots que vous choisissez.
    Utilisez le contact visuel, un sourire ou un toucher rassurant pour faire passer votre message.
    Essayez de rester souple, patient et détendu. Si vous vous sentez anxieux ou si vous perdez le contrôle, prenez un temps d’arrêt pour vous calmer. Dans ce cas-là trouvez un prétexte pour vous éclipser faire une pause, le temps de vous reprendre. Cela vous permet de revenir vers votre proche ou de votre patient plus serein…. »
    Notre Allumeur de Lueurs, comme à chaque rencontre voit l’ardeur du regard des auditeurs s’éveiller dès qu’il leur montre qu’il les reconnait, qu’il les comprend.

    Mais cette fois, alors qu’il répond aux questions de l’assistance, il prend conscience que les personnes présentes le prennent pour le Messie. Chacune se sent si isolée, si démunie qu’elle veut croire en un interlocuteur qui lui donnera la force de poursuivre sa mission.
    Mais lui, aujourd’hui, se perçoit comme un charlatan, un usurpateur, qui débite ses réponses, toujours les mêmes, sans jamais pouvoir apporter La Bonne Nouvelle, qui serait que les scientifiques auraient trouvé le moyen de stopper la progression du mal ou, mieux encore, comment éviter son apparition.

    C’est lui, Monsieur l’Allumeur de Lueurs, qui se sent tout à coup déplacé, illégitime. Il ne supporte plus son propre verbiage, pose le micro et abandonne le pupitre précipitamment pour fuir ce lieu, ces gens, cette cause, cette horreur qui s’abat sur certains inexorablement…
    Déprimé, notre Allumeur de Lueurs s’engouffre dans un bar et commande un triple quelque chose de très fort pour endormir sa mauvaise conscience ; et tant pis pour sa réputation de spécialiste capable de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.

  11. françoise dit :

    662/C’était un allumeur de lueurs connu du monde entier. 
    Capable, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.

    Une fois, alors qu’il était penché sur moi alors que je m’éveillais à peine je lui braquai en pleine phase si je puis dire mon portable en « mode photo »et à ma grande surprise il s’éteignit.Subitement dans le noir je me retrouvai en mode « panique incontrôlable » et vous aurez peine à me croire mais une galaxie d’etoiles s’alluma alors ; L’allumeur de lueurs – sans doute en panne de fonctionnement – alors que sa garantie de deux ans était dépassée, au grand soulagement de beaucoup.
    Le lendemain lorsque nous retournâmes en classe, tous « bon pied Bon oeil » nos professeurs avaient, semble-t-il, le regard éteint.Nous crûmes bon de prendre place en silence.Au tableau il y avait écrit « sujet rédaction « racontez l’histoire d’Anoki « l’allumeur d’etoiles »en deux heures et en silence.

  12. camomille dit :

    C’était un allumeur de lueurs connu du monde entier.
    Capable, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.

    Un jour, alors qu’il se trouvait face à la Joconde, il se dit :
    – Ce n’est pas concevable d’avoir autant de succès, de valoir aussi cher, et d’être aussi éteinte…

    – Si j’osais !

    – Et puis, elle a des cernes énormes, ses doigts sont boudinés et ses cheveux sont ternes…

    – Si j’osais !

    – Et son regard… On voit bien dans son expression qu’elle n’a pas inventé l’eau tiède. Faudrait raviver tout ça…

    – Si j’osais !

    Mais notre allumeur de lueurs, capable en un quart d’heure de rallumer l’ardeur d’un regard éteint… N’OSA PAS !
    Il continua son chemin en marmonnant : « quel gâchis » !

    Et c’est ainsi que la Joconde garda son regard insipide et sa célébrité, ad vitam æternam.

  13. Maguelonne dit :

    Dans cette famille on était allumeur de père en fils. De lointains ancêtres avaient commencé en étant allumeurs de chandelles, étaient ensuite devenus allumeurs de réverbères. Mais la fée Électricité tua le métier.
    Les allumeurs n’avaient pas dit leur dernier mot. Ils se creusèrent les méninges et la lumière fut. Ils seraient allumeurs de phares mais fallait pas avoir le mal de mer. Compliqué pour ces terriens.
    Alors une idée géniale pointa son nez. Ils seraient allumeurs de lueurs. Et là, dame Électricité pouvait aller se faire voir ailleurs ! Ils étaient tellement fiers de leurs jobs, ils le perfectionnèrent de génération en génération.
    Le summum fut atteint par le père de Nell. Il était connu du monde entier, capable, en un quart d’heure de rallumer l’ardeur d’un regard éteint. Il fut fou de joie à la naissance de son unique garçon. Son héritier ferait briller encore plus haut, encore plus loin cet art d’allumer les lueurs. Après moult réflexions il lui choisit un prénom d’origine grecque signifiant «  éclat de lumière ».
    C’était beaucoup trop pour les épaules de ce pauvre Nell, complètement écrasé par la célébrité, le talent et les espoirs de son géniteur.
    Face à ce parangon de père, il se sentit tellement nul, inapte, vil, qu’il n’essaya même pas de faire ses preuves. Pourquoi perdre son temps, il ne serait jamais à la hauteur.
    Il plongea dans le Pastaga, ( et oui, il était provençal). Grâce à ce nectar, pendant deux ou trois heures, il était fier de lui et existait enfin. Puis rapidement il redevenait une loque anisée qui ne voyait jamais le jour.
    Mais une fois, à cinq heures du matin, un besoin irrépressible l’obligea à se traîner à la recherche de son poison. Soudain à l’angle d’une rue, une lueur éclatante le sortit de sa léthargie.
    L’aube commençait à poindre dans le ciel. Puis l’aurore fit grandir une boule rouge, orange puis jaune vif qui illumina l’horizon. Il fut ébloui. Il n’avait plus le souvenir d’avoir vu autant de beauté, de splendeur. Ce fut une révélation qui le secoua quelque peu. Il eut honte de son comportement et décida d’assumer l’héritage : il serait allumeur de lueurs, comme son père, son grand-père…
    Pour autant, il n’était pas ingrat. Il n’oublia jamais le pastis qui l’avait ramené à la vie et lui rendit hommage de façon plus raisonnable. Il devint allumeur de lueurs, ne fit jamais aussi bien que son père mais qu’importe. Grâce à Pastis, il réussit parfois à allumer quelques étoiles.

  14. Alain Granger dit :

    Depuis tout petit il était comme ça, plein d’énergie. Il avait commencé à crier avant de sortir du ventre de sa mère. Son père ayant de l’humour l’avait prénommé Pierre pour l’ajouter à son nom de famille : Abriquet. C’était un enfant qui dégageait une étincelle de vie incroyable. Il rayonnait partout et tout le temps. Une vraie pile électrique. Il faisait dresser les poils à sa mère. Lui, il regardait parfois les siens. Il attendait, d’après elle, que le poil aboie. Pourtant il n’avait pas de chien, il préférait les chats. Il avait appelé son chat Lumeau. A l’école c’était un électron libre, toujours prêt à exploser ou à aimer, mais toujours à l’excès. Il fallait que l’alchimie passe pour qu’il se lie d’amitié. Mais une fois la liaison des atomes établie, il pouvait être très fidèle. Il avait toutefois rompu avec son ami communiste. Chez Guevara, plusieurs fois, il avait remarqué que les fidèles cassent trop. Alors il avait rompu. Il s’était alors ensuite engagé avec les radicaux, les radicaux libres. Sa réaction avait été chimique avec eux. C’était un gars qui s’enflammait facilement, pour une cause ou pour une femme. En tout il lui fallait avoir la flamme. C’était un passionné, par essence. Le plaisir des sens était important pour lui. Il entrainait rapidement sa conquête dans sa chambre de combustion pour atteindre au plus vite la déflagration, à grands coups de piston. Mais pas question de fonder un foyer. Il préférait sa liberté. Il avait pourtant beaucoup de succès auprès des femmes. En matière de drague, chez lui c’était soit l’incident, soit l’incendie. Il préférait la braise à l’eau tiède. Même s’il était un peu allumeur, il ne manquait pas de chaleur. Son pouvoir calorifique était unique. Il était capable d’affection, même jusqu’à l’affliction. Toujours dans l’excès. Ce qu’il adorait un jour devenait cendre le lendemain. Mais comme il n’y a pas de fumée sans feu cela lui occasionnait quelques inimitiés et rancœurs. Même s’il savait que son comportement le minerait, il continuait. Il était toujours sur les charbons ardent ; tout feu, tout flamme. En musique, son chanteur préféré c’était Joules. Quant aux voitures, il lui fallait absolument un moteur à explosion. Pas question de gasoil. Concernant le boulot, il préférait travailler en haut fourneau plutôt que se résoudre à l’étain. En restauration, il se donnait à fond pour le coup de feu. Il courait de partout jusqu’à en avoir des ampoules. C’était un véritable allumé. A force d’user son carburant il fit un jour un burn-out. Sa dépression le conduisît même jusqu’au suicide. Il s’éteignit en se faisant exploser le caisson. Il avait brulé sa vie par les deux bouts. Elle s’était consumée trop vite. Il ne restait plus que des cendres en ce mois de décembre. Sa mère l’éparpilla aux quatre vents afin que renaisse son étincelle dans un autre monde, un monde plus au Nord car celui-ci lui avait été trop picale.

  15. FANNY DUMOND dit :

    C’était un allumeur de lueur connu du monde entier. Capable, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint. 
    Une fois, en intervention, il s’approcha d’un petit garçon, assis sur les marches du perron de sa maison.

    – Que t’arrive-t-il, bonhomme ? Tu me sembles bien triste. 

    – J’ai oublié la clé pour rentrer chez moi et j’attends ma maman qui ne rentrera du travail que dans une heure et je ne sais pas quoi faire.
     
    – Tu n’as pas d’amis dans le quartier avec qui tu pourrais t’amuser ?

    – Bof ! Ils sont trop bêtes, ils n’arrêtent pas de se moquer de moi parce que je suis petit comme un nain et gros comme une baleine, qu’ils me disent.

    – Ce sont des imbéciles, il ne faut pas prêter attention à leur méchanceté. Moi, je te trouve adorable et je suis sûr que tu as un très beau sourire. 

    – Bof ! bougonna le gosse. 

    -Tu n’as pas de devoirs à faire en attendant ta maman ? 

    – Si, mais j’y comprends rien, je vais encore avoir une mauvaise note. Je dois calculer le nombre de piquets qu’il faut pour clôturer un jardin et puis faire une rédaction sur la fête des pères. Mais je n’ai pas d’inspiration parce que je n’ai plus de papa. Il s’est barré avec sa secrétaire l’an dernier. 

    – Écoute-moi bien. Pour ton calcul, tu fais un dessin comme si tu étais dans le jardin ; tu auras l’impression d’y être.  Puis, pour ta rédac, fais encore travailler ton imagination. Tu dois bien avoir de beaux souvenirs des bons moments passés avec ton papa. 

    – Oh, oui ! j’en ai plein, s’écria le gamin avec un grand sourire qui illumina son regard. 

    – Peut-être que lui ne s’en souvient pas, alors envoie-lui ta rédaction pour sa fête.

    – Je n’y avais pas pensé. Merci beaucoup monsieur, s’égailla le gamin en sortant de son cartable un cahier et un stylo.
     
    – Je t’en prie, c’est ma vocation de rendre les petits garçons heureux. 

    – Je ne serais plus jamais triste comme avant. Et quand je serai grand, je ferai votre beau métier, se réjouit le garçonnet avant que l’apparition ne disparaisse. 

  16. Catherine M.S dit :

    On l’appelle l’allumeur de lueurs
    Il a un bien beau labeur
    Toute la semaine il trime jusqu’à pas d’heure
    Le lundi il va chez un chômeur
    Il a le choix
    Dans le quartier il y en a
    En veux tu, en voilà
    Des jeunes , des vieux
    Des entre – deux
    Il rallume leur regard
    Pour chasser le cafard

    Le mardi et le mercredi
    Tout ragaillardi
    Il va à l’hôpital
    Pour lui c’est primordial
    Dans le service des tout-petits
    Avec ses copains clowns
    Il met son gros nez rouge cramoisi
    Ses chaussures jaune canari
    Et ensemble ils font rire les gamins
    Pour qu’ils dorment jusqu’au petit matin

    Les jeudis et vendredis
    Il passe du temps dans les cours de récrés
    A s’occuper des enfants mis de côté
     » Toi , j’taime pas
    Je sais pas pourquoi
    Mais c’est comme ça
    Ta tête me revient pas
    J’veux pas jouer avec toi »
    Alors notre ami sort sa corde à sauter
    Pour voir leurs yeux briller

    Quand arrive la fin de semaine
    Lorsque les jeunes se promènent
    Il rend visite à nos aînés
    Qui se sentent abandonnés
    Et autour d’une tasse de thé
    Ils revisitent leur passé
    Et nourrissent même des projets
    Afin de faire à la vie
    Un sacré pied-de-nez !

  17. Grumpy dit :

    Connu du monde entier, ça c’était certain. Pour toujours il aura été celui qui en avait été le plus grand et célèbre allumeur …

    Et voilà qu’à cause de sa première mission réussie brillamment, c’est à lui que l’on confia celle qui venait tout juste d’être mise sur pied en urgence à cause du réchauffement climatique dont toute la planète commençait à souffrir d’une manière ou d’une autre.

    Donc, voilà les grosses têtes d’ingénieurs de l’espace qui, regards braqués vers leurs écrans, subissent un suspense insoutenable. Assez confiants et sûrs d’eux tout de même, vu que l’opération de 1969 avait été le succès du siècle. Cependant, valeureux mais pas téméraires, deux études différentes avaient été menées, au cas où.

    Il y avait urgence, on commençait à compter les morts de chaud, c’est pourquoi ont les avaient priés de se bouger rapido le popotin (là ou était censé se trouver leur cerveau) afin que le pionnier soit une fois de plus leur pays. La CIA savait qu’on avait essayé de les imiter, pas question qu’ils se laissent gagner de vitesse, surtout s’agissant de celle de la lumière.

    Les tuyères lancées à fond de ballon, la terre tremble : 5, 4, 3, 2 , 1, ZÉRO…..
    C’est parti, applaudissements frénétiques debout, émotion, larmes aux yeux et tout le toutim.

    L’astronaute salue la terre puis s’occupe de tripoter ses boutons et vérifier sa trajectoire. Ça ne se voit pas sous son casque mais il devient vert. Il prend le micro :

    «Bande d’abrutis, qu’est-ce que vous avez foutu en bas ???»

    – Quoi, qu’est-ce qu’il y a la-haut ? Pas content ? On lui répond

    – Il y a que vous m’avez mis sur l’orbite du soleil, ma mission à moi, c’était l’autre, la lune ! Ah vous ne l’avez pas décrochée, ça s’est sûr! Et le soleil, justement, il commence à me chauffer et vous avec …

    – Ah, m…… alors, on s’est gourés, mais on te jure qu’on ne l’a pas fait exprès, une petite erreur à l’allumage

    – Si jamais je redescends, garanti, moi aussi je vais vous rallumer.

    Et je fais quoi moi maintenant de la supplique terrienne que je devais déposer sur la lune la priant de ne plus laisser le soleil nous chauffer plus de quatre heures par jour ?

  18. iris79 dit :

    C’était un allumeur de lueurs connu du monde entier.
    Capable, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.
    Une fois, alors qu’il était parti illuminer les yeux d’enfants qui pensaient leur triste destinée éternelle, il se dit qu’il allait se poser un instant dans ce lieu si vivant. Il avait envie pour la première fois de s’attarder un peu pour voir ce qui allait se passer une fois la flamme allumée ou ravivée. Il en tira beaucoup de bonheur et découvrit des choses qu’il ne soupçonnait pas. Il se dit que peut-être il serait temps de partager son savoir-faire, d’enseigner son savoir être.
    C’est alors que celui qui allumait des lueurs chez les autres en vit une dans ses propres yeux et dans son propre esprit. Oui il fallait transmettre, il fallait permettre au plus grand nombre d’être à leur tour celles et ceux qui allaient faire briller les yeux des autres, allumer des étincelles, être des porteuses et des porteurs d’espoir, initier des transformations, petites et grandes, permettre à chacun d’allumer la petite flamme qui saurait réchauffer chaque âme esseulée, blessée ou endormie. Oui, il fallait dès à présent se retirer de la célébrité, de son statut d’être magique et ne laisser que l’énergie à chacun de faire naitre ces lueurs dans les yeux de chacun. Les lueurs se multiplièrent d’abord timidement puis plus les gens s’essayaient à la pratique que l’allumeur de lueurs avait transmis aux sages qu’il avait choisis (sorte d’allumeurs relais) et qui à leur tour transmettaient, plus les lumières se mirent à scintiller sur la planète comme des flammes de milliers de bougies que l’on aurait pu voir de l’espace. Ces lueurs respiraient, rebondissaient, créaient des liens, parcouraient de longs chemins et parfois jaillissaient en joyeux feux d’artifices. Le monde allait mieux mais n’était pas guéri. La route était encore longue mais l’espoir enfin permis.

  19. Patricia dit :

    C’était un allumeur de lueurs connu du monde entier.
    Capable, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.

    Une fois, alors qu’il se préparait à recevoir un patient, il se dit qu’il commençait tout de même à fatiguer un peu. Il s’était rendu compte qu’il perdait à chaque fois une infime étincelle de l’énergie qu’il transmettait à ces regards dans lesquels la lumière n’était souvent plus qu’une vague veilleuse…

    Il y pensa longuement et se dit qu’il devrait peut-être enfin former des élèves qui prendraient la relève et lui succèderaient. Non seulement cela l’aiderait à se préserver mais en outre cela permettrait à de beaucoup plus nombreuses personnes de profiter de son don.

    Il se sentit ragaillardi par son idée qu’il mit très vite à exécution.
    Après avoir lancé une recherche de futurs ADL (allumeurs de lueurs) et après avoir sélectionné ceux dont il pensait qu’ils suivraient la même philosophie que lui, il commença leur enseignement. Cela prit de longs mois avant que ceux-ci ne réussissent vraiment à ranimer la pétillance dans les yeux mornes des volontaires qui étaient invités pendant les séminaires, mais ils finirent par y arriver et leurs résultats devinrent comparables aux siens propres, ce dont il se réjouit.

    Il n’y eut qu’un seul petit problème sur lequel il dut se pencher pour y trouver une solution : nombre de ses futurs successeurs devinrent carrément illuminés et commencèrent à proférer des paroles mystiques et des incantations qui dépassaient de loin le travail impartial et neutre demandé aux ADL.

    Il réfléchit donc, réfléchit encore et trouva la parade pour établir des garde-fous et éviter d’éventuels dérapages des illuminés, gourous en puissance. Il édicta, une espèce de charte que chacun dut signer avant d’être lâché dans la nature pour pratiquer son art.

    En repensant aux faciès béats de ceux qui semblaient vraiment avoir vu la lumière, il écrivit en dernière ligne, en gros, en gras, en rouge et avec un point d’exclamation :

    « Et surtout n’oubliez pas d’éteindre en sortant ! »

  20. Nadine de Bernardy dit :

    C’était un allumeur de lueur connu du monde entier.
    Capable, en un quart d’heure, de rallumer l’ardeur d’un regard éteint.
    Il avait fait de longues études pour obtenir son diplôme avec spécialité vétérinaire.
    Il voyagea dans le monde entier, de zoos en réserves, chez de simples particuliers, auprès de toutes sortes d’animaux.
    Une fois, alors qu’il avait été demandé dans un aqualand californien auprès d’un dauphin neurasthénique, il ressenti après la séance une grande fatigue, ses paupières lui semblaient terriblement lourdes.
    Rentré dans sa chambre d’hôtel, il dormit douze heures d’affilé. Au réveil celle ci lui parut plus sombre, triste, étroite. Inquiet par ces signes qu’il connaissait bien, l’allumeur de lueur alla se regarder dans le miroir de la salle de bain. Là, pas de doute, son regarde s’était éteint ! Il avait donné au dauphin ce qu’il lui restait d’ardeur.
    C’est un homme las, vieillit qui arriva chez lui deux jours plus tard.
    Désormais, sa grande question était :
    – qui va rallumer la lueur dans mon regard ?

  21. Laurence Noyer dit :

    Raviver les miroirs remontés
    Des épaves
    Du fond des abysses

    Incendier le cœur mécanique
    Des automates
    Aux os d’acier

    Embraser la lame coupante
    Du soleil
    Sous la porte

    Rallumer les yeux globuleux
    Des hortensias
    Sous la pluie

    Enflammer le regard éteint
    De la Vierge
    Des croyants éperdus

    Ranimer la mémoire perdue
    Des cloches
    Dans le lointain

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