25 réponses

  1. Anne LE SAUX dit :

    Michel avait revêtu l’habit d’apparat : une grande cape noire bordée d’un liseré rouge autour du cou et un chapeau à larges bords assorti. Le moment était solennel. Pour son intronisation, il devait faire allégeance à la confrérie des « Mangeux de Lumas ».
    – Vous engagez-vous à cuisiner et déguster en toute conscience et sérénité les lumas ramassés sur les murs en pierre les jours de pluie ?
    – Oui, je m’y engage
    – Vous engagez-vous à avoir une pensée émue pour chacune de ces petites bêtes qui vous font l’offrande de leurs corps pour votre régal ?
    – Oui, je m’y engage
    – Vous engagez-vous à leur demander pardon pour votre gourmandise ?
    – Oui, mais…
    – Assassin !
    L’invective venait du fond de la cave voutée dans laquelle se déroulait la cérémonie. Tout le monde s’est retourné vers l’importun qui venait d’interrompre le bon déroulement du rituel.
    Il s’avance dans l’allée, rouge de colère.
    – Ce « mais » jeté dans la sauce est une offense, un scandale, une injure. Chacun sait ici que « mais » est un assassin d’idées, une tergiversation pitoyable, une hésitation condamnable. Un parjure ! Ici, on s’engage à 100 % ou on reste chez soi !
    Le murmure de la foule enfla jusqu’à couvrir ses paroles dans un brouhaha cacophonique.
    Les discussions se sont éternisées jusque tard dans la nuit. La sauce refroidit et se gélifia. Les lumas étaient pris au piège, piteux, peu ragoutants. Enfin, le verdict tomba. Michel avait une seconde chance. La question allait lui être reposée et il n’avait droit, cette fois, à aucune hésitation.

  2. Urso dit :

    Racontez la cérémonie du OUI MAIS

    – Quelle cérémonie !

    – Oui le chef a eu une bonne idée de faire entrer dans la famille un huitième lascar.

    – C’est incroyable, impressionnant, virevoltant.
    Tous les grands de ce monde sont venus dans notre village assister à la consécration de Oui Mais.
    Avec en plus les avions de chasse, la musique, le feu d’artifice, la quantité de victuailles …
    Tout ça c’est vraiment grandiose.
    Oui Mais, il n’est grand mais quelle allure, quelle classe.
    Et quel orateur aussi. Le discours qu’il vient de faire m’a complétement bouleversé.

    – Tu sais tu es un copain de longue date, je vais te dire un secret.
    Oui Mais malgré toutes ses qualités, je ne crois pas qu’il restera dans la grande famille.
    J’ai comme un pressentiment de « mauvais aloi » et au feu de bois.
    Pour moi le fait qu’il s’appelle Oui Mais ça sonne un peu faux à l’oreille. Il a donc peu de chance de rester avec les autres acolytes.
    – Quoi quoi – dit l’autre, tu penses que le chef n’a pas fait le bon choix. Qu’il s’est lourdement trompé.
    Tu sais il a été à la bonne école, à celle de la vie. Il sait donc parfaitement ce qu’il fait le chef.
    Moi je pense le contraire.
    Que Oui Mais aura toute sa place dans la famille.
    Et qu’il y restera le temps que durera l’éternité.

    Oh que c’est drôle, fantastique.
    Regarde regarde qui passe dans la grande rue du village : des petits chars remplis et garnis de jolies fleurs.
    Nos héros sont tous là, en plusieurs exemplaires, debouts, couchés, assis, saluant l’immense foule.
    Habillés, bariolés, avec des vêtements de toutes les couleurs. Et s’amusant comme des fous, dansant, chantant.
    En plus sur des musiques de Mozart, Ennio Morricone et Daniel Balavoine. Ah Ah.
    Quelle journée nous passons. Quelle journée. J’en-reviens pas.
    Pour moi c’est le plus beau jour de ma vie. Le plus beau. Hi Hi.
    Quelle belle idée de les avoir réunis, ces huit lascars  :
    « Oui Mais », « Mais », « ou », « et », « donc », « or », « ni », « car »

  3. Avoires dit :

    Racontez la cérémonie du OUI MAIS

    Un obscur fonctionnaire d ‘un sous- secrétariat aux Affaires étrangères alla, un jour, frapper à la porte du président pour lui proposer la création d’une nouvelle rencontre internationale. Il avait sous le bras un rapport de 2500 pages afin d’étayer son idée.
    Le président le reçut avec une certaine réserve et, en lui proposant de s’asseoir, lui demanda :
    Que proposez-vous ?
    Quelque chose de simple, Monsieur le président. Une réunion internationale qui regrouperait toutes les autres
    Vous voulez dire les conférences de l’Onu, les sommets dans les capitales, les G aux multiples chiffres ?…
    Oui, monsieur le président : j’y ajoute les COP, le BIT et l’OMS à Genève, l’UIT…
    Comment, vous supprimez le bonheur du lac Léman ! Les buffets et l’hôtellerie ysont toujours d’une qualité extrême… Nous n’irions plus à Rio, Tokio, Bamako…Vous y allez fort mon garçon ! s’exclama le président, contrarié. Vous avez dit l’UIP ?..
    UIT, monsieur le président, vous savez c’est encore une prérogative des Nations Unies qui s’occupe des technologies de l’information et de la communication
    Les TIC, donc ?
    C’est cela, monsieur le président
    Si j’ai bien compris, vous voulez regrouper le travail, le climat, la com, la défense, les droits de l’Homme…
    Le projet vise à unifier, si j’ose dire, tous les traités, pactes, chartes, conventions en un seul document universel et synthétique.
    Et comment appelez-vous votre… ?
    Le OUI MAIS.
    Ah ! C’est pas mal trouvé ça ! C’est vrai : au fond ?,les états ratifient tout un tas de réglementations qu’ils finissent par ne plus respecter. Nous nous réunissons, nous les grands de ce monde pour pas grand chose en définitive. Tout ça, c’est du pipeau ! Je vote pour votre projet OUI MAIS.
    Merci, monsieur le président
    Et, à quelle date aurait lieu cette rencontre ? S’il n’y a plus qu’une seule réunion internationale par an, il faudrait qu’elle ait du faste ! Qui en serait l’organisateur ? Techniquement, comment cela va-t-il se passer ?
    Très simplement, monsieur le président, sans cérémonie : par visio conférence, un document unique récapitulant tous les problèmes mondiaux et leurs solutions avec deux cases à cocher à la fin : une pour le OUI, une pour le MAIS
    Vous croyez qu’ils cocheront les deux cases ?

  4. gottlieb Eléonore dit :

    Racontez la cérémonie du OUI MAIS

    Oui, tranquille, assis sur un banc au bord du lac
    Oui est seul et vaguement penché en avant, il regarde au-dedans de lui les remous de l’eau.
    Oui est là, tranquille. Il s’ennuie en balançant ses pieds au gré des remous de son esprit. Si seulement il pouvait converser avec des amis, saisir une main chaude et la garder un instant dans sa main trop froide. Oui en a assez de sa solitude paisible, Oui en a assez d’être toujours « le gentil » de répondre « oui » à toutes les questions, à toutes les propositions. On finit par l’ignorer. Ah ! Oui n’est plus qu’une ombre, douce et fragile, sans aucune utilité. On se moque, on le bouscule, l’agace. Oui, est là, tranquille et serin sans passion, sans volonté autre que celle de plaire et d’être aimable. Oui n’est qu’une ombre discrète, une décoration qui plait et flatte les égos. Oui balance ses pieds au-dessus des remous du lac. Oui se penche en avant et observe son visage impassible sans émoi.
    Oui veut en finir.
    Au moment précis où son menton touche l’eau, il sursaute, il s’agrippe aux ronces qui lui arrachent les mains il grimace, cri.
    Oui sent des vagues qui remontent du tréfonds de son être, des vagues qui bousculent ses certitudes, des vagues qui lui retournent ses entrailles soumises.
    Oui se met à vivre ! juste au moment où il en avait assez de cette vie
    Insipide et tranquille.
    L’eau du lac se soulève, l’écume jaillit des profondeurs, Oui se redresse le regard nettoyé et tranchant, Oui pousse un grand cri qui résonne au-delà des arbres des collines et des matins calmes. OUI ! OUI ! OUI !

    Il entend frissonner dans les broussailles, il perçoit un chuintement au-dessus des branches que le vent malmène, il sent une goutte d’eau dans son cou, veut l’essuyer d’un revers de main, l’eau est chaude et légère, rassurante. Sur sa manche brille une étoile que le soleil allume, Oui est émerveillé. Qui es-tu ? demande-t-il timidement, un ami qui pleure de te voir si désespéré, si soumis à toutes les autorités, si perdu en ce monde.
    -J’aimerai que nous fassions équipe, si tu veux.
    Qui es-tu ? Oui renouvelle sa question ; je suis Mais, et tu sais seul je ne vaux pas plus que toi. On se moque on me dit que je bredouille sans cesse et que je n’ai rien à dire, pas de conversation cela me rend sombre et me désespère, comme toi j’ai voulu en finir et me taire à tout jamais. Me rayer du dictionnaire. Si nous faisions équipe et bien nous retrouverions un sens, une vie digne de ce nom.
    Tous viendraient nous interroger, nous entendre et même, pourquoi pas, nous écouter?
    Accord conclu l’union fut célébrée un matin de printemps au bord du lac, une foule s’est rassemblé joyeuse et animée, mille questions fusaient de toutes part entre les chênes et les tilleuls.

    Des philosophes, des savants, des, des journalistes, vidéos à l’appui voulaient savoir et transmettre. OUI, et MAIS, n’en finissaient plus d’être sollicités pas un jour ne passait sans que l’on vienne faire appel à eux.
    Leur vie fut une farandole de joie, de rires de réflexions gaies ou sérieuses selon les évènements du monde.
    Ils avaient enfin trouvé leur véritable route : (aider les humains à se poser des questions, et même… parfois peut-être , trouver des réponses.

  5. Françoise Maddens dit :

    650/Racontez la cérémonie du OUI MAIS
    La salle était comble
    Non seulement il y avait beaucoup de OUI MAIS
    mais DES NON MAIS,des MAI sans S, des MAIS OUI, des MAIS NON,etc etc
    Le Maître des cérémonies demanda aux présents si on pouvait s’en tenir à la forme affirmative. Il n’en est pas question répondit un professeur des écoles : quand elle est employée comme conjonction indique : 1. une opposition, une précision, une correction par rapport à ce qui a été énoncé : Il est intelligent, mais paresseux. 2. une objection : Mais pourtant vous m’aviez promis de venir. 3. le renforcement d’une réponse : Mais naturellement !
    L’intervenant ne répondit rien mais il semblait un peu vexé.Son voisin essaya de lui remonter le moral mais en vain apparemment
    Un autre professeur suggéra que chacun prenne une feuille de papier et un stylo pour écrire un quatrain dont chaque vers commencerait par « mais »
    Soudain la cloche sonna la fin des cours de la matinée.
    Professeurs et élèves se levèrent en faisant tomber leurs chaises et se ruèrent vers la sortie.
    On entendit le Maître des cérémonies debout sur l’estrade d’une voix forte dire « mais » mais la classe était vide……
    ___

  6. Jean Marc Durand dit :

    En ce jour de cérémonie, le ministre du OUI, fraîchement nommé, prit la parole par la gorge et la garda. Il dit, qu’En ce temps d’après déflagration, toutes les explosions de joie s’avéraient bienvenues, les pétarades autorisées sur le plancher des bals perdus. Il dit que les Neumis avaient été brouté hors des frontières. Que celles-ci seraient à redessiner et que la jeunesse, à peine sortie du sein, dès la maternelle, allait s’y atteler, comme l’âne au puits. Que le mouton avait botté le cul du loup et que qui tondra verra la pâleur de ceux qui crânèrent. Il dit aussi sa fierté, faute d’arbres, d’avoir à repeupler villes et villages de monuments aux morts flambant neufs. Il félicita tout ce qui avait flotté sur les mers, chenillé les campagnes et rampé dans les boues. Il promit la création d’une usine à médailles pour consolider les trous dans les familles. Il évoqua le bel avenir des ruines, le redressement de la natalité, bramant au fond des bois. Il évoqua les Grandes Ancêtres, ceux qui, à coup de poings, de baïonnettes et de tromblons avaient construit l’Histoire d’une ligne Marginale ne filtrant que les brises locales et s’écroulant sous les brisants. L’Histoire n’était d’ailleurs qu’un gros pâté d’encres sur une feuille surchargée dont chacun se devait d’être fier, quelle que soit la taille de son éclaboussure.

    Le chef de cabinet du MAIS était enfermé dans les siens. Il aurait voulu leur demander pourquoi les trous avaient été bouchés si vite. Il s’interrogeait, pourquoi, alors qu’il n’y avait plus besoin de se cacher, s’esquintait t’on à cacher les cachettes, à reboucher les trous douteux dans l’armure mité. Passées les dérouillées navales, pourquoi s’acharnait t’on à couler sur les thons, des tonnes inutiles de fer de lance rouillé. Pourquoi les survivants n’avaient-ils que des monuments aux morts à reconstruire ? Les tests anti-crash pour les tanks allaient-il vraiment participer à l’amélioration de la sécurité d’un futur parc automobile du loisir  ? Et la mémoire flageolante des peuples allait ’elle aussi être cuisiné à la vapeur des fours, attendrie jusqu’à fondre dans la bouche du dégoût ?

    Le chef de cabinet frappait la porte mais personne ne souhaitait l’entendre. Le couloir menant à la cour s’avérait trop excentré.

    Sur la place, les petits drapeaux farandolaient les illusions.

    Le ministre du OUI allait gravir les échelons du POURPOUVOIR, l’autre finirait homme pipi, astreint chaque jour à laver les souillures, sur les murs carrelés d’une propreté de surface.

  7. 🐻 Luron'Ours dit :

    LE FÊTE DU OUI-MAIS
    Chez les C’est-quoi-donc, Dom Ornicar célébrait le grand modérateur OUI-MAIS. C’est une variable d’ajustement, les deux versants d’un triangle isocèle versus Non !

    Crénom, en voila un qui est sans appel, encore que moins provoquant que Non-mais et moins définitif qu’une porte claquée.
    Certain peintre illustrait celle-ci d’un paysage en ligne de fuite, un échappatoire à idées noires.
    Nevermore, jamais plus.
    Edgar Poe nous enchante ! Résoudre une énigme, inquiéter afin de dévoiler, au-delà des apparences un champ d’ambiguïté.
    Est-ce le OUI-MAIS qui l’ aurait inspiré. 🐻

  8. Kyoto dit :

    Dans ce magnifique lieu de réjouissances, situé en plein cœur de la capitale de ce pays fantastique aux milliers de merveilles, l’émotion étranglait la gorge des membres présents.

    La question primordiale venait d’être posée.
    La réponse se faisait attendre.
    Un frisson parcourut l’assemblée.

    – Oui, mais…
    – Oui, mais quoi…
    – Oui, mais… non…

    Chacun en oubliait de respirer.

    – Ou c’est oui ou c’est non. Alors ?
    – Peut-être…
    – Peut-être QUOI ?

    Le questionneur commençait à griller ses nerfs et le public à suffoquer.
    Le doyen de cette communauté, nimbé de sagesse pour les uns, auréolé de sainteté pour les autres, s’approcha de la questionnée, et lui parla avec rudesse :

    – Si tu ne dis pas oui, je te renie.
    – Fais donc, abject personnage.
    – Es-tu devenue folle, pauvresse ?
    – La folie est une sagesse !

    Les femmes se pâmaient. Les hommes fulminaient.
    Les chiens à l’extérieur aboyaient.
    Les médias se marraient.

    – Gardes, arrêtez-la, qu’on la juge pour son insolence, son insoumission.
    Qu’on l’égorge, qu’on la pende, qu’on la brûle, qu’on la guillotine…

    Les gardes, au lieu d’obéir à tant de haine non justifiée, puissamment armés, arrêtèrent les accusateurs. Leur chef s’approcha de la questionnée et clama :

    – Cette femme, kidnappée, droguée, est mon épouse.
    Devant les hommes et non devant vos dieux !

    La foule honteuse et apeurée quitta précipitamment ce lieu maudit.
    Les journalistes et les photographes eurent le droit de rester.

    Main dans la main, la femme et son sauveur sortirent de cet antre malfaisant.
    Ils furent mitraillés…
    Par les flashes des médias.

    PS : Si vous désirez voir les photos et vidéos de cet évènement, cliquez sur ce lien :
    https://www.ceremonieduouimais.fr/kif/mi.

  9. CATHERINE M.S dit :

    Oui, oui, oui
    Elle est sûre d’elle
    La demoiselle
    Dans sa robe en dentelle
    Or elle n’a pas vu
    Tout de noir vêtu
    Un « mais » planqué dans un coin
    Tout chafouin
    Pas loin d’un « non » goguenard
    Tout droit sorti d’un placard
    Assis pas loin d’un « peut-être »
    Qui règne en maître
    Sur toute la rangée
    Des invités bien sapés
    Qui ne pensent qu’au souper !

    Entre eux
    La guerre des trois a bien lieu
    Bien plus qu’une rivalité
    Un conflit de loyautés
    D’ailleurs la jolie mariée
    A rêvé de ce « oui »
    Mais ne l’a pas encore prononcé
    Sa couronne a légèrement basculé
    Son voile a bougé
    Son dos a frémi
    Son fiancé a blêmi
    Sa voix a tremblé
    Elle s’est évanouie
    L’assemblée s’est levée …
    Sauf nos trois guerriers
    Restés assis
    Soulagés
    D’avoir gagné contre le « oui »

    Mais qui va l’emporter ?

  10. FANNY DUMOND dit :

    Ce soir-là, Manon lovée dans son canapé est impatiente d’arriver à la fin du suspens de ce livre qu’elle avait abandonné à regret le veille. Lorsqu’elle arrive au dénouement de l’intrigue, son téléphone la fait sursauter.

    « C’est Charlotte ! Que lui arrive-t-il encore ? Elle va à nouveau me faire des cérémonies, puis rabâcher toute sa vie et ses sempiternels problèmes, comme si j’étais sa psy de service. »

    Manon décide de ne pas répondre, mais finit par céder au bout de trois rappels.

    – Qu’est-ce que tu fabriques ? s’écrie Charlotte. Tu n’as pas entendu ton portable ?

    – Figure-toi que j’étais dans la salle de bains pour me délasser de mon harassante journée de travail. Que se passe-t-il de si urgent ?

    – Il se passe, il se passe que je vais divorcer. Je n’en peux plus de ce type qui rentre bourré tous les soirs et qui voulait me cogner.

    – Eh ben, tu en as mis du temps pour te décider depuis le temps que je te donne des conseils pour le quitter. En fait, c’est comme si je pissais dans un violon.

    – Oui mais, tu ne comprends pas que c’est difficile pour moi avec les enfants.

    – Tu attends quoi ? Qu’il te tue devant tes gosses !

    – Oui mais, je ne vais quand même pas retourner chez mes parents avec eux !

    – Tu gagnes bien ta vie, tu n’as qu’à te trouver une location.

    – Oui mais, ça m’embête pour les gamins de les changer d’école en cours d’année.

    Au bout d’une heure de « OUI MAIS », Manon est à bout d’arguments pour sortir son amie de ses retranchements et en a ras sa casquette de thérapeute improvisée.

    – Que veux-tu que je te dise et que je fasse de plus ? J’en conclus que tu es bien comme ça, tu te complais dans tes malheurs. Tu me demandes des conseils et, finalement, tu campes sur tes positions.

    – Je comprends. Oui mais, tu me connais depuis le temps, soupire Charlotte.

    – Moi, j’ai compris que tu te protèges de tes pensées et de mes conseils avec ton bouclier de défense pour refouler tes peurs.

    – Elle est belle l’amitié ! s’écrie Charlotte avant de raccrocher.

    Manon retourne à sa lecture qui n’a plus d’intérêt pour elle.

  11. Françoise - Gare du Nord dit :

    Tout le monde était venu : les parents, la famille, les amis, les officiels et les officieux, les témoins, la classe, l’ordre..

    L’officier de l’état-civil,après un discours où il était question de mixité, d’acceptation de tolérance, de différence, de genre ….., posa la question fatidique :
    « Voulez-vous prendre pour épouse Mademoiselle ?»

    Le promis, répondit, à la stupéfaction générale :
    « Oui mais… 
    – si elle se rase la barbe
    – si elle continue à toujours rester muette
    – si elle s’engage à conserver ses reflets dorés qui m’ont tant séduit
    – si elle accepte de prendre du poids
    – si elle abandonne toute aspiration aux manipulations génétiques
    – si elle renonce à recourir à la reproduction artificielle
    – si elle délaisse l’alimentation omnivore pour adopter comme moi la nourriture végétale »

    La réponse de la future, submergée devant une telle avalanche d’exigences si extravagantes, claqua comme un coup de fouet : »NON ! »

    Ce fut la première …et dernière cérémonie de mariage entre une carpe et un lapin. Elle entra dans les annales sous le terme de « La cérémonie du Oui Mais… »

  12. Coriandre dit :

    La cérémonie du OUI MAIS

    Le 08 Mai, une grande cérémonie se tint dans la ville de MOUAIS en Loire-Atlantique * pour célébrer la création d’un Institut de la Phonétique. Nos éminents professeurs : M. OUIMAIS, M.FAUTQUON et M.YAQUA en étaient les principaux fondateurs.
    Alors que les élus regagnèrent leurs sièges au premier rang, Monsieur OUIMAIS s’apprêta à rejoindre sa chaire pour un discours inaugural quand il vit Monsieur FAUTQUON se trémousser sur sa chaise en levant la main dans sa direction car selon lui quelque chose clochait…
    OUIMAIS s’en apercut, soupira, et lui fit signe de se rapprocher de son pupître.
    FAUTQUON s’avança en murmurant à son oreille :
    – Ca ne va pas, il faudrait que nous soyons tous les trois sur l’estrade car la création de cet institut est le fruit de notre étroite collaboration .

    – Tu as raison, oui mais comment inviter YAQUA à nous rejoindre ? regarde, il est tout au fond de la salle

    – Faut qu’on dépêche un appariteur pour lui demander de venir avec nous.

    – Oui mais le timing est serré !

    – Eh bien faut qu’on se dépêche voilà tout ! répondit M. FAUTQUON sur un ton agacé.
    M. OUIMAIS, très rapidement, héla un appariteur, qui en bon professionnel qu’il était, s’acquitta fort discrètement de cette tâche.
    C’est alors que M. YAQUA, s’approcha avec désinvolture en leur demandant ce qui les préoccupaient.
    – Pourquoi m’avez-vous fait demander ? Y a-t-il un bémol dans le déroulement de la cérémonie ?
    OUIMAIS et FAUTQUON un peu décontenancés devant l’attitude relâchée de leur collègue lui indiquèrent qu’il fallait qu’il prenne place près de la chaire.
    YAQUA, tout en mâchonnant son chewing-gum, leur rétorqua :
    – Y a qu’à parler chacun notre tour !
    – Oui mais ce n’est pas possible, ce n’est pas ce qui était prévu !

    – Eh bien, faut qu’on se débrouille pour scinder le texte en trois parties afin que chacun puisse participer à la présentation de notre création !
    Les trois hommes mirent un certain temps à trouver un terrain d’entente si bien que le député, Monsieur PINAILLEUR lança à ses voisins :
    – Mouais, çà ne m’a pas l’air bien ficelé cette affaire !

    Tandis qu’un brouhaha retentit dans la salle, les invités s’impatientèrent et partirent peu à peu. Les trois compères restèrent seuls constatant l’échec de cette cérémonie qui n’avait même jamais commencé.
    Alors qu’ils s’invectivèrent en se rejetant la faute de leur incurie collelctive , une dame âgée, très élégante, qui avait assisté à leur joute oratoire, s’avança et déclara :
    « L’homme ne devrait-il pas mettre autant d’ardeur à simplifier sa vie qu’il en met à la compliquer » ? Oh, ce n’est pas de moi, c’est d’Henri BERGSON .
    Moi, j’aurai simplement dit : pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ?

    Mouais fait partie de la communauté de communes du secteur de Derval et du Pays de Châteaubriant.

  13. Nadine de Bernardy dit :

    – Mes chers administrés, nous sommes réunis aujourd’hui premier avril autour de cette table pour préparer les festivités de la cérémonie du OUI MAIS qui aura lieu le 18 juin et non le 14 juillet comme d’habitude.
    Pâques, vous avez quelque chose à dire ?
    – Pas vraiment, je me pose juste la question, pourquoi ce changement ?
    – Pour des raisons d’organisation interne que je développerai, si besoin, dans le laps de temps qui m’est imparti pour mener à bien cette assemblée générale, qu’il m’a paru judicieux de programmer afin d’organiser, avec tout le sérieux qu’elle mérite cette cérémonie. Alors, toujours une question Pâques ?
    – Non, mais il me semble que vous n’avez pas répondu à ma demande
    Pentecôte et Ascension lèvent la main
    – Messieurs ?
    – Nous ne sommes pas dispos le 18 juin répondent ils en choeur, le 18 c’est le jour du vernissage de notre exposition sur le thème:
    Pourquoi tant de jours fériés !
    – Hé bien nous nous passerons de vous pour une fois
    – Ce n’est pas possible, nous sommes les membres les plus fidèles de l’organisation
    – Certes, cependant vous n’allez pas croire que tout le conseil va déplacer encore la date pour vos beaux yeux. Si ?
    – Non, mais la prochaine fois, vous seriez aimable de consulter le conseil municipal avant de choisir une date.
    – C’est facile de décider tout seul dans son coin, grogne Fête du Travail, à quoi servons nous, non mais alors
    – Ecoutez mes amis, faisons comme je l’ai décidé pour cette année,, je vous promet que vous serez consultés l’an prochain
    – Non mais des fois, je me demande ce qu’il lui prend, murmure Pâques à l’oreille de Chandeleur
    Vivement l’an prochain en tout cas, maugrée Saint Sylvestre en partant.

  14. Nouchka dit :

    Oui, mais

    Ils allaient se marier. Leurs familles respectives aspiraient à ce qu’il y ait une cérémonie religieuse. Eux, les amoureux, acceptaient par pure convention, n’ayant, eux-mêmes, foi en aucune religion ni en aucun dieu habituellement vénéré.
    Lors de la préparation de la cérémonie, le prêtre les incita à écrire une prière qui illustrerait leur engagement. Ils lurent des exemples de texte où il était fait référence à Dieu, la liberté, la fidélité, l’indissolubilité et la fécondité.
    Il leur semblait que nombre des notions apposées étaient contradictoires.
    Eux-mêmes étaient, en toute conscience, en représentation, comme au théâtre, en acceptant cette cérémonie.
    Leur satisfaction résidait dans le choix de la chapelle blanche qui les accueillerait et qui ouvrait face de la mer.
    Néanmoins, ils écrivirent le texte suivant qui leur semblait correspondre à leur idéal de vie. La seule concession faite, fut le mot « Seigneur » qui, dans leur esprit était davantage le Destin qu’une référence à quelque divinité :
    « Garde nous, Seigneur,
    Garde nous la patience, la sérénité, la confiance et l’amour ;
    Garde nous simples et sans mensonge ;
    Garde nous la joie ;
    Garde nos enfants heureux et libres ;
    Garde notre maison ouverte aux autres ;
    Garde nous de toutes les vanités du monde ;
    Garde nous, Seigneur, d’oublier cette prière ».
    Près de cinquante ans plus tard, elle relit ce texte sur le bristol d’origine et n’en renie pas un seul mot. Elle a simplement le regret que son amoureux soit, en cours de route, parti rejoindre le monde des ombres.
    Ils n’avaient pas envisagé, en écrivant le texte, devoir faire référence à l’adversité que représente aussi la vie…

  15. Laurence Noyer dit :

    Cérémonie du oui mais

    Déroulement

    Il convient de préparer la célébration en étroite collaboration
    avec les empêcheurs, les détourneurs, et les éviteurs.
    En rêgle générale la cérémonie se déroule
    devant le monument aux Morfondants.
    On y procède à la levée des froncements de sourcil,
    et du pincement des lèvres.
    On remet les décorations aux Samarcherapa,
    on y fait des allocutions de Sacerarien,
    on exécute le chant Ouimainon
    et on dépose des gerbes Sarestavoir.
    La cérémonie est ponctuée de commandements
    tels que « garde à vous » ou « présentez larmes ».
    La minute de silence compatit grosso modo 15 secondes.
    S’ensuit un vin d’honneur, où l’on sert du Grave, du Gémie, du Blâme
    Accompagné de verrines Jérémiade et de toasts Apitoyé
    Après avoir remercié les souffre-douleurs,
    l’autorité occupant le premier rang dans l’ordre
    des casseurs d’enthousiasme se retire la première,
    La cérémonie est alors terminée.

  16. 🐀 Souris verte dit :

    650/Racontez la cérémonie du OUI MAIS

    Déjà ça n’avait pas être facile !
    La cérémonie religieuse avait bien failli capoter au : – acceptez-vous…
    – oui mais…
    – jusqu’à ce que…
    – oui mais…

    On avait bien compris que cette union n’avançerait pas sur un chemin pavé de roses.

    Plumeau sur l’épaule il défile devant les meubles à épouster. Le sourire narquois et provoquant.
    Elle, tape rageusement la louche sur le couvercle … Non mais ! Tu vas…

    Ces bagarres incessantes suivies de réconciliations … les ont projetés dans la durée. Ils ont fêté leurs noces d’or…
    🐀 Souris verte

  17. iris79 dit :

    Racontez la cérémonie du OUI MAIS
    En ce jour férié ce furent les rayons du soleil qui perçaient à travers les volets qui réveillèrent la maisonnée.
    Tout le monde se prépara à son rythme en pensant à la journée à venir. Depuis que mai avait pointé son nez sur le calendrier, chacun se préparait à sa manière. Tout le monde était dans ses pensées plus qu’à l’accoutumée. A 10h sonnantes il fallait être prêts. Personne ne dérogeait à cette règle. On aimait bien s’habiller autrement ou se pomponner différemment. On sentait beaucoup d’excitation chez le petit dernier. C’est qu’aujourd’hui, il allait lire devant tout le monde et c’était la première fois.
    Ses aînés avaient tous connus ce privilège et ils en avaient été très fiers.
    A 10 h tapantes donc, chacun prit place autour de la grande table de la salle à manger. Le bâton de parole trouvé au hasard d’une balade en forêt trônait dans la corbeille au centre. Le benjamin, une fois le silence installé, se saisit du bâton et commença à lire le petit bout de papier qu’il avait préparé la veille avec l’aide de sa maman :
    – « je déclare ouverte la séance des OUI MAIS 2023, chacun prendra la parole et celle des autres respectera. ». Il continua :
    -Je souhaiterais jouer tous les jours dans ma chambre sans ranger mes jouets.
    -OUI MAIS cela pause un problème de sécurité et de propreté, marcher sur les jouets est désagréable et peut s’avérer dangereux, nous viendrons donc t’aider à ranger à tour de rôle. Cela te convient-il ?
    -OUI JE SUIS D’ACCORD.
    Il passa le bâton à son frère.
    -Je souhaiterais aller chez mes amis tous les vendredis soirs après le lycée.
    -OUI MAIS tu dois respecter les heures de retour à la maison et convenir d’un vendredi par mois ou tu rentreras normalement.
    -Je réfléchis à cette condition.
    Il passa le bâton à sa sœur aînée :
    -J’aimerais partir en vacances avec mes amis cet été.
    -OUI MAIS nous te demandons de nous parler de ton projet plus précisément et de trouver une idée pour participer à son financement.
    -Je le ferai.
    La mère prit à son tour le bâton.
    -Je souhaiterais que le dimanche après-midi m’appartienne sans condition, que vous ne me sollicitiez aucunement pour des corvées domestiques ou autres charges mentales.
    -OUI MAIS pourrait-on quand même faire des gâteaux ?
    -Le samedi, sera le moment opportun pour cette joyeuse parenthèse.
    Le père prit enfin la parole :
    -Je souhaiterais passer mon samedi matin entièrement dans le jardin sans que l’on m’interrompe pour faire le taxi ni me sollicite pour un quelconque service.
    -OUI MAIS qui m’emmènera au judo ?
    -on t’accompagnera à tour de rôle proposèrent son frère et sa sœur.
    La cérémonie dura ainsi jusqu’à épuisement des sujets. Il en était ainsi chaque année. Chacun savait qu’il pourrait compter sur les autres pour trouver des solutions à ses problèmes sans passer par le conflit. Cet exercice de démocratie impliquait chaque membre de la famille et chacun s’engageait pleinement à s’écouter respectueusement, à débattre et à argumenter sans agresser.
    Elle se terminait toujours par le partage d’un bon petit gâteau. Puis à 11h, tout le monde sortait de la maison pour se rendre à la cérémonie du 8 mai. Il était bien évidemment plus qu’essentiel de se souvenir de ce jour et de cet événement pour qu’il n’y ait plus jamais d’autres 8 mai et seulement des cérémonies de OUI MAIS…

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