645e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Soudainement, le ton monta entre Toujours et Jamais.
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6 chemin de la Fabrique 33410 BEGUEY, France
– Vous préférez quoi, vous, comme mot : le mot « toujours » ou le mot « jamais » ?
– « Toujours »… Pourquoi ?
– Non, comme ça, pour savoir.
– Et est-ce que vous pensez que « jamais » est jaloux de « toujours » ?
– Non, je crois pas.
– D’après vous, lequel des deux a été inventé en premier : « toujours » ou « jamais » ?
– « Jamais » car il possède moins de lettres.
– D’accord… Je note… Et à votre avis, depuis que vous êtes né, vous l’avez dit combien de fois le mot « toujours » ? 750 000 fois ? 930 245,55 fois ? Un million de fois ? Ou plus ?
– J’en sais rien. Mais dites donc vous allez m’enquiquiner encore longtemps avec vos questions complètement crétines ?
– Non, non, c’est juste pour mes statistiques.
– Quelles statistiques ? Vous travaillez pour un institut de sondage ?
– Non, c’est pour mes statistiques personnelles. J’interroge des gens comme ça, au hasard, pour me faire ma propre opinion sur la société française.
– J’crois qu’on va s’arrêter là. Vous commencez à me taper sur le système avec votre air de demeuré !
– Mais si l’on tient compte du fait que « toujours » représente une ambiance beaucoup plus positive que « jamais », cela pourrait-il expliquer que « jamais » se sente rejeté et mal-aimé ?
Et si l’on admet l’hypothèse que les mots ont leur vie privée, pourrait-on supposer qu’ils ont aussi leur personnalité et leurs états d’âme, comme vous et moi ? Qu’est-ce que vous en dites ?
– Rien ! J’en dis absolument rien !!! Vous me fatiguez avec vos interrogations et vos raisonnements débiles ! Stop, ça suffit !
Lâchez-moi les baskets !!!
Soudainement, le ton monta entre Toujours et Jamais.
L’écrivain n’avait jamais vu ça.
Pourtant il n’était pas saoûl. Il se pinça plusieurs fois la peau du visage, se tira à plusieurs reprises les deux oreilles pour voir s’il était bien réveillé. Oui il l’était.
Il regarda par la fenêtre. Il vit que dehors rien n’avait changé : le jardin, les arbres, les oiseaux qui piaillaient. Tout paraissait toujours « à la même place ».
Pourtant ce qu’il voyait semblait dépasser l’entendement.
Deux mots venaient de quitter précipitamment la feuille de papier sur laquelle il écrivait et, à présent, presque à la verticale, ils se donnaient des coups de poings, des coups de pieds aussi, d’une grande violence.
C’était étrange. Plus il les regardait, plus ces deux mots s’agrandissaient. Ils avaient une hauteur d’environ cinq centimètres.
Deux mots qui faisaient de la boxe juste devant lui. Époustouflant.
Lorsqu’il dirait cela à sa jeune copine, elle le prendrait pour un dingue.
Bizarrement les mots qui se battaient ne faisaient pas du tout attention à lui tellement qu’ils étaient absorbés par leur bagarre.
En approchant un peu sa tête il remarqua qu’ils parlaient dans un vieux français comme dans le film des Visiteurs. Il crut entendre des choses vulgaires venant de leur part.
Machinalement il prit son stylo, regarda la plume et vérifia s’il restait beaucoup d’encre.
Il entendit un drôle de bruit. Ce n’était pas possible, quel spectacle ! C’était maintenant une rangée de mots, des morceaux de phrases qui s’extirpaient rapidement de la feuille et qui commençaient comme les deux premiers à se donner violemment des coups.
L’écrivain pensa qu’il était devenu fou, il ouvrit subitement les trois fenêtres de la salle à manger pour faire entrer de l’air pur du jardin.
Il courut à la cuisine pour boire un verre d’eau, en profita pour appeler sa copine, comptable dans une petite entreprise pas loin de la maison.
Lorsqu’il revint à sa table de travail l’esprit de nouveau léger pour continuer son manuscrit, il fut étonné de trouver un papier plié en six. Il se mit en colère.
Qui vient ici me déranger ! Qui m’a fait cette farce !
Le papier bougea, se déplia et vint se coller presque devant le visage de l’homme, très étonné de ce tour de magie devant ses yeux.
– Alors tu ne sais pas lire, tu ne sais pas lire, fit une voix aigue qui devait appartenir à une habitante d’une autre planète.
-Ben oui que je sais lire murmura l’écrivain.
– Va y continua la voix martienne. Lis Lis ce papier.
« Désolé monsieur pour le désordre,
Nous sommes deux vénérables mots, frères jumeaux de surcroît, dénommés « Toujours » et « Jamais ».
Cette fois-ci c’est tombé chez vous. Nous en sommes tous deux vraiment désolés.
Signé : Toujours et Jamais. Les deux frangins inséparables de la planète Ecrivus Inspiratus. »
La voix continua. – Merci d’avoir lu monsieur.
L’homme devint rouge. Il se dit qu’il devait prochainement voir un médecin. Voire un psychiatre.
La voix comme si elle avait lu ses pensées continua.
Ce n’est rien monsieur, ce n’est rien, Jamais et Toujours je les connais bien. Ce sont de gentils frères, ils vous l’ont dit, ils viennent de cette planète Ecrivus Inspiratus.
– Je m’en fous de vous autres cria l’homme, excédé par ce qui se passait chez lui depuis ce matin.
Il sortit précipitamment de la maison, et décida d’aller voir son copain Max, le barman du seul café du village.
– Un petit jaune dit-il en le voyant.
– Ah aujourd’hui je n’ai plus que des blancs d’œufs fit l’autre.
– Ah Ah allez un pastis voyons.
Moi le grand écrivain je suis en ce moment en manque d’inspiration. J’ai besoin d‘un remontant.
Non non pas eux s’écria t-il en buvant une gorgée de pastis.
Car il venait de voir sur le comptoir du bar, les soi-disant frères Toujours et Jamais, reprendre leur séance de punching ball …
645/Soudainement, le ton monta entre Toujours et Jamais.Le Maître tapa sur la table avec sa règle et leur demanda de se taire ! Ceux-ci continuèrent leur chahut. Le maître pour les punirent leur ordonna de copier deux fois la fable de La FONTAINE « Le corbeau et le Renard ». Ils ricanèrent. Le maître en descendant de l’estrade pour les mettre au coin se cassa la jambe droite. On l’emmena sur un brancard, à l’hôpital . Soudain,on entendit un coup de feu tiré de la classe et Toujours raide mort au sol.
L’enquête ne put déterminer comment et pourquoi Jamais avait tiré sur son camarade et où il s’était procuré cette arme.
A la rentrée le Maître rétabli reprit son enseignement .Quant à Jamais il est à vie dans un hôpital psychiatrique où il attend avec patience l’arrivée de Toujours.
Les tensions étaient moins vives entre Toujours et Jamais depuis qu’ils avaient entamé une thérapie de couple. Pourtant, ce jour là, le ton monta. Toujours entama les hostilités
– Elle – Tu ne m’écoutes pas, jamais !
– Lui – Pas la peine de m’invectiver. C’est, toujours le même refrain !
– Elle – Ah parce que toi, tu ne viens pas de m’invectiver, peut-être ?
– Lui – Non, madame, je suis toujours aux petits soins
– Elle – Aux petits soins, jamais !
– Lui – Ne renverse pas la vapeur, tu pourrais bien t’en mordre les doigts pour toujours
– Elle – Jamais de la vie
– Lui – Tu veux me sortir de ta vie, c’est ça ? et pour toujours ?
– Elle – Je n’ai jamais dit ça, tu déformes toujours mes propos
– Lui – Tes propos ne sont jamais clairs
– Elle – N’essaie pas de m’embrouiller comme toujours avec tes quiproquos
– Lui – Pourtant, je fais toujours le choix de mes mots pour ne pas te blesser
– Elle – Ne pas me blesser, je crois rêver ; je voudrais ne jamais me réveiller…
– Lui – Eh bien, fais de beaux rêves … jamais je n’aurais crû que nous en arriverions là
– Elle – Tu vois, tu ne sais que parler de toi, toujours
– Lui – Et toi, de toi au grand jamais
C’est à ce moment que le psy a décidé d’intervenir. Toujours et Jamais, je vous propose une trêve, juste le temps de reprendre votre souffle. Vous remarquerez que si je dis de quelqu’un qu’il est toujours honnête, je peux aussi dire qu’il n’est jamais malhonnête. C’est la même chose. Je ne suis pas sûr que la vie aurait été plus facile si vous vous étiez appelés Peut-être et Parfois…
Après réflexion, Jamais s’exprime en premier
– Je t’aime toujours, Toujours
– Je n’ai jamais voulu te quitter, Jamais
Bien, reprend le psy, restons en là pour aujourd’hui. A la semaine prochaine, même jour, même heure. Toujours, soyez à l’heure et Jamais ne soyez pas en retard !
Merci Anne,
j’ai bien ri.
Compliqué les histoires de couple.
La solution, c’est sur l’oreiller ou sur le divan ???
Sur le divan d’abord pour retrouver un peu d’objectivité… sur l’oreiller ensuite quand la paix est revenue ! Qu’en pensez-vous ?
Votre ordre des choses est bon, la paix avec les autres est nécessaire pour bien dormir et le matin repartir vers de nouvelles aventures.
Quand le Bon Dieu inventa le mot « toujours » il se dit que c’était le plus beau de tous. L’extra, le supérieur, le must. « Toujours » qui rimait avec amour et sentait l’éternel, l’infini, perpète ! Pendant des jours et des jours, il promena fièrement l’adverbe à la barbe et au nez de tous les saints du paradis, heureux de voir le boss comblé de sa trouvaille.
Mais Satan, qui ne voulait pas être en reste, défia le Père céleste de trouver l’antonyme. Le Bon Dieu releva le challenge et c’est le diable qui l’emporta en hurlant «jamais !». La messe était dite, le Créateur s’inclina.
Et depuis ce temps-là, le ton monte régulièrement entre « toujours » et « jamais », définitivement irréconciliables.
Soudainement, le ton est monté entre Toujours et Jamais.
La journée avait pourtant bien commencé. Et tout allait s’enchaîner dans la routine habituelle.
Le jour succédait à la nuit, rien d’extraordinaire, cela se reproduirait Encore et Encore jusqu’à la fin des temps.
Mais Toujours en avait décidé autrement, il provoqua Jamais et lui dit :
» même pas cap de m’empêcher de revenir Jamais » !
Tu es trop inexistant, insignifiant et transparent.
Tu n’est pas là, Jamais, alors que moi j’y suis et je perdure tout le temps.
On peut compter sur moi, présent à tout, Jamais. Compter et recompter jusqu’à la fin de la table de multiplication, jusqu’à la fin des nombres premiers, inépuisable.
Toujours sera Toujours le même, un super héros invincible au coeur d’or, un romantique quoi.
Jamais, on ne peut pas en dire autant de toi, un looser de première. Si on a besoin de personne, tu es là !
Tu n’es Toujours Jamais là, c’est bien le problème.
Alors la lute est inégale, certes, mais ton inutilité mérite d’être anéantie, annihilée.
Tu ne réponds pas, donc Jamais tu n’existe plus.
J’ai gagné, je gagne Toujours.
Soudainement, le ton monta entre Toujours et Jamais.
Et ni l’un ni l’autre ne voulant céder, on dut les séparer.
Avec le temps, le conflit empira et la justice fut obligée de s’en mêler.
Il choisirent chacun un avocat.
L’avocat de « jamais » lui conseilla la nuance,
L’avocat de « toujours » lui conseilla le pragmatisme.
Le jour du procès arriva et la population était en émoi.
Devant le tribunal, une horde de journalistes attendait l’arrivée des deux adverbes.
Ils attendirent… Ils attendirent… Ils attendirent…
« Toujours » et « Jamais » ne se présentèrent pas et on ne les revit plus.
Leurs avocats, désappointés, restèrent sans voix,
Les instituteurs et les institutrices se mirent en grève pour cause d’impossibilité d’enseigner correctement le français sans ces deux adverbes,
Le Maire se déclara incapable de préparer ses discours sans eux,
La gendarmerie organisa une battue,
Et le curé se mit à prier ardemment Saint Antoine de Padoue,
Bref, c’était la grande pagaille.
Quel suspens ! Quel suspens !
Cette histoire est palpitante n’est-ce-pas ?
Mais désolée,
Je n’en ai jamais trouvé la chute et pourtant, je cherche toujours.
Soudainement, le ton monta entre Toujours et Jamais.
Pourtant, jusqu’à une certaine période, il n’y avait jamais eu de tension entre eux.
Pour la bonne et simple raison qu’ils ne pouvaient pas se rencontrer. Comme le soleil et la lune, s’ils devaient se croiser, c’était le moment où ils s’éclipsaient l’un l’autre. Aucun conflit n’était donc possible. Lorsque l’un des deux était là, l’autre n’y était pas, et il était impossible de les associer. Et, comme Candide, ils se disaient que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
C’était sans compter sans les Humains, cette espèce assez récente qui s’évertue à trouver le moyen de tout distordre et d’inventer de nouvelles façons de se rendre la vie difficile. En effet, pourquoi faire simple lorsque l’on peut faire compliqué ?
Pendant des siècles, et même des millénaires, ils n’avaient aucune notion réelle du temps. Ils vivaient au jour le jour et leurs activités les plus importantes se situaient au bas de la pyramide de Maslow : assurer leurs besoins de base, être en sécurité, et faire partie d’un groupe qui pouvait s’entraider au mieux pour croitre et multiplier.
Or il advint que cela ne suffit plus à certains qui ne se contentèrent plus de la valeur du temps présent, qui les rendait heureux à chaque fois que le soleil se levait ou qu’un petit naissait. Il leur vint l’idée d’un futur qu’ils pouvaient influencer pour être soi-disant plus heureux.
Alors, ils se mirent à essayer de convaincre les autres qu’il fallait les écouter, changer les habitudes. Ils ne supportèrent pas de ne pas être entendus aussi facilement qu’ils l’avaient supposé. Ils ne furent pas longs à utiliser des mots antagonistes et définitifs pour clore toute discussion.
C’est là que le ton commença à monter entre Toujours et Jamais.
Toujours était dans le jour mais aussi dans la nuit. Jamais aimait la suivre mais il y avait toujours un mais. Lui n’était jamais satisfait, jamais entièrement partant, quelquefois par temps clair mais surtout par temps couvert. Il était couvert d’incertitudes, de peurs et d’hésitations pour suivre celle qui fonçait toujours, quelles qu’en soient les conséquences. Il l’avait toujours aimé pour ça, pour sa franchise, sa détermination et sa folie. Elle n’avait jamais douté de son amour pour lui, pour sa tempérance et son calme, même s’il restait toujours un peu en arrière, n’écoutant que la raison et la prudence. Jamais appuyait toujours sur le frein tandis que Toujours n’hésitait jamais à monter dans les tours. Elle était toujours un peu trop, il n’était jamais assez. Mais dans tout ça chacun trouvait son équilibre dans la contradiction de l’autre. Jamais la préservait du toujours, de l’un peu trop, de l’excès, du danger de dépasser l’impossible. Toujours l’encourageait à écouter l’adolescent qui piaffait en lui, à faire abstraction du raisonnable. Il y trouvait son compte en accomplissant parfois des actes dont il ne s’était jamais cru capable. Elle l’aidait à se dépasser tandis qu’il lui permettait de ralentir, de réfléchir, et finalement de fléchir sur l’expression de ses pulsions. Avec l’âge Toujours avait accepté le parfois tandis que Jamais avait appris à dire peut-être et surtout à ne jamais plus dire jamais.
Soudainement, le ton monta entre Toujours et Jamais. Pourtant,, jusqu’à présent, ils s’entendaient plutôt bien. Chacun avait son espace réservé, sur l’autre n’aurait jamais songé à empiéter :
« Je t’aimerai toujours et je ne te quitterai jamais »
« Moi vivant, jamais je ne commettrai un forfait. Toujours dans les clous
« Il a toujours le mot juste, jamais un mot de travers »
« Jamais de la vie, pour toujours »
Mais un jour, Jamais, se prévalant de son antériorité devant Toujours dans n’importe quel dictionnaire, usurpa la place de celui-ci dans le poème « Homme libre, Toujours tu chériras la mer »
Cela provoqua un tollé chez :
– L’Amicale des admirateurs de Charles Baudelaire
– L’Académie de la poésie française
– Le Syndicat des marins-pêcheurs
– L’adjoint au maire chargé de la Pêche à la Marie de Roscoff
– La Fédération française de sports nautiques
Mais cela n’atteint pas la hauteur de décibels de la dispute. Toujours poussant des hauts cris car on lui avait volé Sa place, Jamais l’accusant de vanité et d’égocentrisme
Le ton monta si haut que les Hommes verts, réveillés par ce tapage, s’en émurent et dépêchèrent le Médiateur du Dictionnaire de l’Académie français. Parfois
Son sens de la nuance, son ton mesuré, sa réserve naturelle, sa prudence légendaire devaient résoudre ce différend
Il posa cette question à Jamais
« Vous arrive-t-il de reconnaître vos tort ? »
« Toujours » reconnut-il
Puis cette seconde question à Toujours
« Vous arrive-t-il de nier vos erreurs ? »
« Jamais » avoua-t-il
Suite à ces aveux, l’ordre et la concorde régnaient comme jamais et semble-t-il pour toujours
Mais, tapi dans l’ombre, Rarement, le timide, le réservé, celui qui passe inaperçu, sous-employé, dont nul ne se méfie, veillait prêt à surgir et à prendre sa place…. et sa revanche
Dans les journaux, les lecteurs purent lire deux jours plus tard les témoignages de ceux qui prétendaient bien le connaître « Il était si aimable, très discret, toujours prêt à rende service quand on avait besoin d’aide»
très, joil ! merci pour ce moment poétique
Toujours, Jamais et Parfois
Haussaient le ton sur un étroit chemin audomarois.
Aucun ne voulaient céder le pas à l’autre,
Chacun estimant être dans son bon droit.
« Je suis le plus utile, bande de compatriotes,
Râla Toujours, regardez ma force et ma puissance
On peut compter sur moi, je vais en premier. »
Il fonça, tel un bélier mais à la première ornière
Qu’il trouva, il s’embourba. Le voilà vénère.
Et, bien sûr, un grand rire succèda à l’ire
Chez ses deux comparses, cela va sans dire.
Jamais se bedonnant, prend le chemin de guingois
Affirmant qu’il n’a jamais eu le moindre échec.
Jamais le moindre grain de sable pour le contrarier.
Il força le passage, avec une confiance aveugle en lui-même.
Hélas, il se renversa sur le bas-côté. Les quatre fers en l’air,
Rouge de honte, lui qui n’avait jamais failli, en resta coi.
Toujours eut la répartie aisée, et usa de billevesées.
« Les vantards par où ils pêchent, sont toujours punis
Dans le fossé ou le bourbier nous voilà réunis. »
Parfois se réjouis et se gaussa des infortunes de ses amis.
Lui sans confiance ni arrogance est un hésitant permanent.
De tous il est la risée ne sachant sur quel pied danser.
Avec un sourire narquois, il contourna les deux autres,
La prudence aux lèvres, il évita les pièges des deux nigauds,
Sans prendre garde aux branches et fougères agrippant son habit.
Prisonnier, il pesta, se cabra pour se délivrer, mais en vain.
Arriva Enfin, toujours à la traîne et jamais là quand il faut.
Mais fier de son confiteor « tout vient à point à qui sait attendre ».
Il esquissa quelques pas chassés et évita les déconvenues.
Faisant fi des fanfarons départis de leur mine de gaie lurons.
Apprenez de vos erreurs, soyez beaux joueurs.
Vient souvent vite et sans complaisance
Le jour où se voient vos insuffisances
Qui provoqueront la joie des moqueurs.
Soudainement, le ton monta entre TOUJOURS et JAMAIS. Pourtant, ils ne se croisaient pas souvent.
Henri Toujours riait de tout, il se riait des ridicules, il riait les rigides et quelques riverains riquiqui. Il savait aussi se moquer de ses propres rides. Mais la plupart du temps, son rire était gras et franchouillard, ce qui lui valait les surnoms de rigrolard ou de rigaulois, car en plus, il abusait des rillettes du Pays.
Henri JAMAIS faisait la gueule, presque toujours. Il ronchonnait comme un janséniste. Jasant sur le jargon parlé, il préférait se taire, jugeant les jacasseurs trop juvéniles. Il aurait volontiers jugulé leurs jactances, mais ne connaissait rien du ju jitsu.
Vous allez me dire : « Mais comment voulez faire monter le ton entre un qui bouffe tout l’espace de son rire et l’autre qui rumine son silence ? ». C’est que probablement, chères lectrices et chers lecteurs, vous qui vous battez pour acquérir à prix déraisonnable mes dernières pensées philosophiques, couchées sur un papier buvable, n’avez point encore acquis les bases de mon indéniable vénérabilité, celle m’autorisant à traiter de haut en bas, ces petits soucis de balcons.
« Le rire permanent mène à la corde et le silence à l’ermitage…et vice versa ! »
Donc, si Mr Henri TOUJOURS et Mr Henri JAMAIS avaient fini par en venir au vilain geste significatif du doigt et aux interjections violemment muettes, c’était d’avoir trop écouté les rumeurs gravées sous les sous bocks des cafés et sur les murs des toilettes des églises bien équipées.
Ils venaient juste, très vexés, de saisir, que pour chacun, de semblables faveurs leur étaient accordé, à tour de rôle, par une certaine Jeanne PARFOIS.
🐀 sort comme d’hab Jean-Marc. Toujours un régal de te lire…
🐀 super ! Ces bigorneaux n’ecrivent que des »c..ries » parfois c’est drôle mais d’autres … Ça énerve !
Toujours et Jamais se connaissaient depuis le bac à sable de leur école maternelle. Ils étaient antagonistes sur le papier, mais inséparables. Il leur arrivait, de temps en temps, de se donner des coups de râteau ou de pelle, mais ils se réconciliaient rapidement, comme tous les gamins du monde.
Longtemps il en fut ainsi, bien que leurs parents, Hier et Demain, les aient bannis depuis qu’ils s’étaient pacsés.
Par un bel après-midi de printemps, une affriolante Tantôt sema la zizanie dans leur couple. Elle faisait tantôt du gringue à Toujours, tantôt à Jamais et, parfois, au deux en même temps.
En ce faisant la tête, ils regagnèrent leurs pénates dans le manuscrit où ils logeaient. Le ton monta :
– Ça suffit maintenant ! dirent-ils en chœur.
– Tu m’avais juré fidélité à jamais, s’émut Toujours.
– C’est toi qui as commencé avec tes clins d’œil, s’agaça Jamais.
– Celle-là, c’est la meilleure ! s’écria Toujours. N’est-ce pas toi qui l’as abordée ?
– Eh ben, si on ne plus parler aux autres adverbes, autant restés enfermés dans ce stupide roman ! hurla Jamais.
– Il aurait mieux fait de le laisser dans son tiroir où nous étions bien peinards. Il a fait fort, quand même, d’élargir son répertoire, ironisa Toujours.
– Surtout qu’on se demande comment il a trouvé cette gourgandine de mot hybride et complètement absurde. Tantôt, il signifie à bientôt, tantôt cet après-midi, s’étonna Jamais.
– Tu ne l’as pas vu quand il a eu l’idée de chercher des synonymes sur son traitement de texte, s’amadoua Toujours.
– Là, on est mal, nos jours sont comptés avec ces machines, pleurnicha Jamais en se jetant dans les bras de Toujours. Dis, on restera quand même ensemble ?
– À jamais et toujours, tant que le dictionnaire existera, conclut Toujours, le plus optimiste des deux.
FULMINATE DE COTON
Toujours je fume et c’est jamais de ta faute ! Ainsi se plaignait le tuyau d’échappement au moteur. Celui-ci avait toujours un argument : c’est l’admission, c’est le carburateur, je vais griller une soupape, pôvre ! je suis en rodage, pire, c’est le chauffeur qui a laissé le starter ! Le tuyau toussota, moi, je n’encalamine jamais. On alla déposer au bureau. L’autre, qui jamais ne savouait vaincu, espérait parfois qu’on lui soufflât dans le gicleur.
Le garagiste avoua qu’en dernier ressort ça finissait encore chez lui. Il fallait mettre tout le monde d’accord, remettre tout à plat. On commença par parler pneus : Ils bandaient mou, restaient dans le flou. Le train avant, toujours d’attaque, l’arrière, jamais partant ! Au milieu de ces organes, le conciliateur courait de l’un à l’autre, jouait les courroies de transmission. On eût dit maître Jacques, le cocher dans l’Avare : à force de vouloir toujours marier on n’arrive jamais au compromis.
🐻 Luron’Ours
Toujours et Jamais
Se sont toujours adorés
Jamais l’un sans l’autre
Vous voyez, je vous le disais !
Deux notions contraires
Unis comme des frères
Jamais …sans cesse de la partie
Et toujours … bien sûr pour la vie
Mon amour toujours
Jamais sans toi
Croix de bois …etc …
On connaît la chanson
Des promesses sous les lampions
Des effusions à profusion
Des papillons dans les yeux
Des baisers langoureux…
Mais gare au coup de torchon
Qui survient sans crier gare
D’abord une petite bagarre
Un œil au beurre noir
Un nez écrasé
Une dent cassée
Œil pour œil, dent pour dent
La loi du talion
Sans aucune concession
Rien n’est plus comme avant
Toujours s’est carapaté
Jamais s’est envolé
Mais tous les deux vite remplacés
Qui va à la chasse
Perd sa place
Souvent s’est vite imposé
Quelquefois l’a suivi de très près
Tous les deux plus nuancés
Ensemble ont longtemps cheminé.
Jusqu’à présent complices, les voilà qui se fâchent
JAMAIS de TOUJOURS se moquant sans relâche
Vous êtes trop absolu, espérant sans répit
Que demain pourrait être encore mieux qu’aujourd’hui
Que l’on peut toujours trouver une solution
Même dans la plus grave des situations
TOUJOURS, resté calme, cette fois ci se fâcha
Et vous, de tout nier n’êtes vous encore las
» A Pâques ou à la Trinité, jamais de la vie »
Voilà votre credo, votre philosophie
Vos affirmations valent mes certitudes
Vous remettre en question n’est point votre habitude
N’êtes vous point chagrin d’ainsi tergiverser
De ne rien promettre, ne jamais décider
Tiens comme vous, voilà que je m’exprime
Peut être après tout est ce bon pour la rime
Déridé par ce discours proche de la vérité
TOUJOURS suggéra de cesser les hostilités
JAMAIS ayant déversé toute sa colère
Lui aussi souhaitait voir cesser cette guerre
Tope là l’ami, finissons la querelle
A jamais et pour toujours restons amis fidèles.
Soudainement, le ton monta entre Toujours et Jamais.
-ah mais tu me fatigues, tu me fatigues…T’es jamais content, jamais satisfait, jamais heureux, jamais enthousiaste. Mais tu me fatigues, si tu savais !
-ah ben c’est l’hôpital qui se fout de la charité ! Non mais je rêve ! Toujours à râler, toujours à critiquer, toujours à ne voir que l’aspect négatif des choses, toujours à se plaindre des verres à moitié vides et j’en passe ! « Les extrêmes s’attirent ! » qu’on nous avait dit…Remarque on y a cru…Pauvres de nous
-C’est quand même malheureux d’en arriver là. Je n’ai JAMAIS voulu cela, je te ferais remarquer…
-Oh je le sais bien. Et moi qui est TOUJOURS été au petits soins pour toi…
-C’est pas net…
-Tu ne le vois pas mais au fond, on court après le même dessein, c’est juste qu’on s’y prend à l’opposé sans jamais se rencontrer…
-Je n’ai jamais osé t’en parler, mais j’ai pensé qu’on pourrait consulter un conseiller conjugal. Il pourrait peut-être nous aider…
-Tu peux toujours rêver !!! Non mais ça ne va pas…Quoique…Après tout, qui ne tente rien n’a rien. On ne saura jamais si ça marche tant qu’on n’a pas essayé…
-j’ai commencé à me renseigner. Il y a un cabinet de deux thérapeutes associés à 30 minutes d’ici. Ils ont une excellente réputation.
-Comment ils s’appellent ?
-Parfait Parfois et Juste Quelquesfois…
-Jamais entendu parlé…
Soudainement, le ton monta entre Toujours et Jamais.
Toujours n’avait pas de limite et Jamais refusait tout
Tôt ou tard ils se seraient entre-temporisés
Ça ne pouvait pas durer plus longtemps
Il fallait les éloigner et faire appel aux juges-adverbes
Mais
Demain procrastinait
Cependant s’opposait
Hier était déjà parti
Encore en redemandait
Alors
On désigna Parfois et Souvent
Comme médiateurs
Pour nuancer et mettre de la distance
Désormais c’est Toujours le moment où Jamais
— T’as même pas connu l’amour !
— Mais, c’est pas vrai ! Justement…
— Oui, bien sûr, encore une promesse qui va s’envoler. T’as pas de métier, pas de chien, pas de voiture, pas de hobby, personne ne veut de toi, on te raconte des histoires et toi, t’y crois ! T’es rien, Toujours, t’existe pas !
— Parce que toi, tu crois que tu existes, Monsieur Jamais Content, qui se croit au-dessus des lois du réel, sur un nuage de principes qui s’évapore au premier rayon de soleil. Tu ne connais pas plus l’amour que moi, c’était qu’une illusion, il a fini par t’échapper pour mieux triompher. Bien fait !
— Pour s’illusionner avec toi, peut-être ?
— Et après ? N’empêche que ton métier dans le nucléaire, ton chien en appartement, ta voiture diesel, ou collectionner des maquettes en allumettes, ça ne t’appartient pas plus. Tu te crois à l’abri dans ton monde virtuel, mais ça n’existe pas, tout comme toi ! T’es qu’un parasite dans le monde des rêves.
— Et toi, t’es qu’un bonimenteur, Monsieur Toujours Pareil, qui a cru au Père Noël. Qu’est-ce que t’y connais en rêve, hein ?
— Hé ho ! C’est pas un peu fini, là-haut ! C’est possible de déguster l’instant présent en paix ? J’entends même pas mon cœur battre et mon ventre désirer ! Ah ! C’est encore Toujours Pareil et Jamais Content, ce premier jour barbant des résolutions !
645/ AU BANQUET DES MOTS
A l’organisation du banquet des mots le ton est monté entre Toujours et Jamais. L’ altercation entre les deux antagonistes eut lieu à propos du choix de la chanson de clôture. C’est important ça la note finale, on s’en souvient, on la fredonne, presque on l’a cajole comme un bon souvenir ou un beau rêve qu’on ne veut pas perdre si on se réveille.
»Déjà » se mit de la partie du côté de Toujours mais le viel Oncques, ancêtre très respecté de Jamais leva une objection apaisante
– Qu’est-ce que cette ire ? Tout ça pour croustiller à l’évent ! Reconciliez-vous car je rêve d’un peu de bonace pour me rasséréner un peu !
Un peu décontenancés par cet idiome mais par déférence pour le vieil Oncques, Toujours, Déjà, Jamais, décidèrent de s’unir et créer le clan des ‘J’ réunions le 1er jeudi de janvier…
🐀 Souris Verte