640e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais...

Invitez votre imagination à inventer la suite

Comment m’est venue cette idée d’exercice

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28 réponses

  1. Urso dit :

    Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais…

    Mais un jour la dame en eu marre de ce mépris à son égard.
    Elle s’acheta un cheval blanc, mit une perruque blonde, revêtit des vêtements resplendissants et parcourut les rues de la ville, en faisant hue, hue.

    Toute la population était aux fenêtres, découvrant cette beauté venue certainement d’une autre planète. Car elle paraissait d’ailleurs.
    On battait des mains, on chantait, on ouvrait des bouteilles de champagne. C’était la fête à voir cette belle dame au cheval blanc.

    Une chose inouïe eut lieu.
    Tout à coup le cheval en plein galop s’immobilisa.
    La femme retira sa perruque et ses vêtements. Elle redevint celle qu’on huait et houspillait auparavant.
    Les personnes aux balcons étaient presque transfigurées tant elles étaient surprises et étonnées.

    Le cheval prit la parole, avec une voix grave qui s’étendit à travers la ville.
    Il y a encore quelques jours vous ne cessiez d’huer ma patronne.
    Il a suffi qu’elle mette une banale perruque et de beaux habits pour que vous la portiez aux anges.

    Hi hi fit l’animal. On s’en va, on rentre dans nos pénates.
    En cadeau on vous laisse quelques bouteilles magiques.
    A peine vide elles redeviennent à nouveau pleines. Vous pourrez donc en boire à volonté.
    C’est du Malibu. Hi hi.
    Du bon Malibu de notre cru. Hue hue.

    Après ces propos la femme chuchota des mots étranges au cheval.
    Ils firent comme un dernier tour de piste.
    Puis soudainement ils disparurent au milieu d’une nuée de sauterelles.
    Certaines personnes plus proches de la scène ont affirmé par la suite que ces sauterelles chantaient hue hue malibu, hue hue, malibu …

  2. Peggy Malleret dit :

    640 Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais…

    C’est ainsi. Elle a beau changer de rue, elle ne comprend pas comment les habitants savent qu’elle passe à ce moment-là et d’où vient cette haine. Malgré une introspection très sévère, aucun défaut majeur n’en est ressorti. Disons que son allure et sa personnalité sont banales. De taille moyenne, un visage avenant, mère de deux enfants, mariée sans problème, comptable de métier, rien qui ne puisse provoquer tant d’animosité à son égard.
    Au fur et à mesure du temps sa tristesse se transforme en dépression. Elle envisage même de partir quelques mois pour couper court à toutes ces invectives. Finalement, elle change d’avis et décide de se battre.

    Les jours suivants, elle arbore un Tshirt avec imprimé devant et derrière « Pourquoi ? » en grandes lettres rouges. « Ah oui, au fait pourquoi ? » se demandent les gens. Personne ne sait plus.
    C’était l’été, il faisait chaud, partout on essayait de faire entrer un peu de fraîcheur dans les appartements. Un voisin, enhardi par les applaudissements qui avaient couru les rues décida, par jeu, de huer la première personne qui passerait sous sa fenêtre. Sans chercher pour quelle raison, juste pour rire, d’immeuble en immeuble chacun en avait fait bêtement de même

    Ce « Pourquoi ? » est comme un électrochoc. Aujourd’hui lorsqu’on la voit, c’est un « Bonjour, bonne journée » qui l’accueillent.

  3. Anne LE SAUX dit :

    Le 20h de France 2 s’en est fait l’écho. Même le sérieux journal LE MONDE lui a consacré un article. Intrigué, Léonard a voulu en savoir plus.
    Qu’a donc de particulier cette inconnue pour que, dès qu’elle s’aventure dans une rue, les personnes se penchent aux fenêtres, sortent sur le pas de leur porte et cessent toute activité pour la huer ? Ce n’est pourtant pas une célébrité ni une sommité.
    Les « hueurs » restent évasifs sur leurs motivations. L’inconnue refuse de répondre aux journalistes et aux enquêteurs chargés de faire respecter l’ordre public.
    Alors Léonard décide de prendre les choses en mains. Il se poste à la terrasse d’un café sur le parcours de l’inconnue, de plus en plus célèbre. Le grondement des huées se rapproche, enfle jusqu’à exploser à ses oreilles. C’est alors qu’il se surprend à se joindre à l’opprobre collective embarqué par le rayonnant sourire de la « victime ».
    Il lui fallut toute sa sagacité, son tact, sa patience, son empathie et son flair pour éclaircir le phénomène.
    Hildegarde – le prénom de l’inconnue – avait eu le déclic en voyant la reine d’Angleterre acclamée par ses sujets lors de son jubilé. Ne se trouvant aucune raison de recevoir un tel accueil, elle décida un pari osé et insolite : elle allait se faire huer par des milliers de gens et deviendrait célèbre grâce au record ainsi constitué. Elle s’allia l’efficacité des réseaux sociaux pour baliser son parcours et répandre la nouvelle. Les populations se prirent au jeu. Les édiles y virent l’occasion de faire parler de leurs communes. Les sponsors commençaient à affluer, flairant la bonne affaire. Il était question de hisser Hildegarde sur un char décoré, de lui poser une couronne sur la tête…
    N’en pouvant plus, l’intéressée, dépassée par sa notoriété nouvelle, décida subitement de tout arrêter et de retourner à un anonymat qu’elle jugeait plus confortable. Allait-elle pourtant résister aux appels de l’étranger ? Même Steven Spielberg s’était mis sur les rangs pour en faire un film.
    Léonard, rentré chez lui, était perdu dans ses pensées. Drôle de monde…

  4. Maguelonne dit :

    Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personne se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est portant pas une célébrité, ni une sommité mais alors pourquoi ?
    C’est une inconnue pour vous mais pas dans la cité. Madame Furet, toute menue se faufile partout, furète dans tous les coins. Très discrète, on l’oublie. Très vive elle voit tout, entend tout et extrapole gaillardement. Incapable de tenir sa langue elle se veut la parfaite amie qui vous veut du bien et sème la zizanie dans ce qui était une paisible petite ville.
    On l’adorait pour les ragots qu’elle colportait, on la déteste pour ces même ragots qu’elle a semé partout, sans discernement aucun.
    Mais madame Furet ne se pose pas trop de questions, ne se fait aucune critique. Pas de quoi se mettre la rate au court bouillon se dit-elle.
    Commérer, cancaner fait partie de son ADN, c’est le sel de sa vie. Alors elle se fait de plus en plus invisible, son teint tourne de plus en plus au céleri rave et se confond avec le crépi des murs. Elle ouvre de plus en plus grand ses oreilles et ses yeux et elle engrange. Elle attend son heure.
    Elle a quand même compris qu’il ne fallait pas lâcher tout et n’importe quoi n’importe quand, n’importe comment. Faut de l’intelligence, de l’habileté. Stratégie, tout est dans la stratégie. Faut que la calomnie soient distillée insidieusement, vienne d’on ne sait où, soit comme un ronron qui, de plus en plus fort, devient un brouhaha fracassant.
    Et là, ses bombes exploseront et tous ces gens qui la conspuent ne perdent rien pour attendre.

  5. Dubois Magali dit :

    Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais chacun l’attend au tournant. Atiffée d’une tunique nauséabonde, le regard torve, elle sème sur son passage des lames d’indignation, de l’incrédulité en lambeaux et des torrents de chagrin.

    On en a tous entendu parler. Parfois, elle s’invite déjà dans les cauchemars des plus petits, intuitivement conscients de ce mystère insondable qui les dépasse. Sans scrupule, elle frappe là où on ne l’attend pas: une jeune mère happée de l’autre côté du miroir; un ado balayé sur la route tel un grain de poussière, un bébé offert aux limbes du sommeil éternel.

    Ou alors, elle se fait diablement attendre, comme le temps dans un sablier sans fond. Dans les recoins mal éclairés d’une cafétéria, le coeur bat en paso doble, alors que les souvenirs forment une glue inodore, prisonniers d’un corps amorphe.

    On l’aimerait franche, elle est insidieuse.
    On la souhaite naturelle, elle se nourrit d’invraisemblable.
    On la voudrait belle, elle est laide et implacable.

    Alors, lorsqu’elle se pointe au coin de la rue, les badauds se pressent pour la huer. Ils n’ont qu’une chose en tête : lui faire la peau!

    Impassible, elle poursuit sa route. Elle ne le sait que trop: finalement, c’est toujours elle qui aura le dernier mot!

  6. Michel-denis Robert dit :

    Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penche aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité ni une sommité mais les bruits courent et personne ne peut les arrêter. C’est une rumeur, n’est-ce-pas qui fait les gens se retourner, bavarder, expliquer ce qu’ils n’ont pas vu ou se qu’ils prétendent savoir. C’est la rumeur ! Elle n’a ni queue ni tête. C’est un serpent dont le venin n’a pas d’antidote.

    Un jour, elle persuade de l’authenticité d’un évènement. Tout le monde en parle. C’est la grande nouvelle. Enfin tout le monde. Il s’agit seulement de quelques groupes disséminés par ci, par là. Et dans les quinze jour qui suivent, des éléments viennent l’infirmer ou la contredire. Elle s’épuise mais elle sait se ressourcer. Entre temps, elle a bifurqué et s’est appesantie sur autre chose. Elle s’était trompée de route plus ou moins, mais ce n’est qu’une apparence. Elle revient, car elle n’abandonne jamais, sur ses pas pour effacer des traces laissées sur son passage. Mais il est trop tard. De petits bruits ont poussé et se sont dispersés. Mais il est trop tard, elle a trouvé à en inventer d’autres. Il ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd.

    Rien n’est tout blanc ou tout noir. Dans ce narratif omniprésent qui imprègne autant les réseaux que l’actualité dispensée par de vrais professionnels, la rumeur s’immisce et tel un ruisseau inoffensif elle nourrit et parvient presque à faire oublier les pesticides.

    La semaine dernière, à la sortie d’un spectacle de danse, je regarde la critique dans un journal : comment elle avait trouvé la représentation. Elle disait qu’elle s’était ennuyée. Elle ne s’était pas subitement transformée en éloges. Elle n’a pas ce don. Ca lui aurait fait pourtant du bien. Ca ne l’aurait pas écorchée vive. La rumeur n’aime pas les dimanches.

    Alors que je m’étais distrait, j’avais complètement oublié la réalité. En un mot, je m’étais dépaysé. J’avais changé de pays. Et elle disait : « Ecoute, il ne faut pas dire que ce fut un beau spectacle. » La rumeur n’aime pas la beauté. Elle critique sans arrêt afin d’attirer les regards sur elle. On en culpabiliserait presque d’aimer le beau. Je m’intéressais à son cas et je me sentis soudain mal à l’aise de lui avoir prêté attention. est-ce que la rumeur pourrait être colportée par soi-même, simplement par une manière d’être non conforme à ce qu’elle raconte ? Je me suis posé la question.

    Mais elle concluait en disant : « Nul ne détient la vérité. » Elle me rassurait qu’à moitié. Encore une de ses ruses ?

  7. Francoise Rousseaux dit :

    Ca fait 3 fois que j’essaie de poster mon texte, mais ca ne passe pas. Sans doute est-il en attente quelque part. J’espère que Pascal pourra le repêcher!

  8. Françoise Rousseaux dit :

    La première fois que cela s’était produit, elle avait été surprise, bien sûr, mais ne s’était pas du tout sentie concernée. Quand vous partez à pied à votre travail, le matin, entre 8h30 et 9h, et quand dans la rue que vous longez, des fenêtres s’ouvrent et des gens applaudissent, vous vous demandez quelle célébrité passe en voiture , quelle star locale (et matinale!) emprunte cet itinéraire, pourtant peu fréquenté…
    Elle voulait en parler à ses nouveaux collègues en arrivant à la médiathèque, mais une réunion informelle avec sa directrice avait accaparé son attention et finalement, elle oublia…Elle y avait repensé en fin de journée en reprenant cette même rue en sens inverse, où d’ailleurs les fenêtres restèrent closes, mais décida que finalement cela n’avait guère d’importance. Seulement, voilà, le lendemain matin, ça recommença, et le surlendemain également ! Et bientôt, elle dut se rendre à l’évidence , c’était elle que qu’on applaudissait ! Les fenêtres s’ouvraient sur son passage, les gens l’interpellaient, la congratulaient, tapaient dans leurs mains comme à la fin d’un spectacle ! Et chaque matin, ça se répétait, jusqu’à ce qu’elle atteigne le bout de la rue. A ce moment là, les applaudissements cessaient et les fenêtres se refermaient, mais le jour où elle se retourna et fit quelques pas en arrière, ça recommença de plus belle ! Et comble de l’embarras, les autres passants finissaient par s’arrêter et à l’applaudir également !
    Par contre, le reste de la journée se passait normalement. A la médiathèque, ni ses collègues, ni les usagers ne faisaient allusion à cet engouement soudain pour sa personne. Elle avait des relations cordiales avec chacun, mais sans plus. Et le soir, quand elle repartait chez elle, la rue était de nouveau calme et silencieuse.
    Au bout d’une semaine, elle en eut assez ; ces quotidiennes séances d’applaudissements la plombaient complètement, elle ne les supportait plus. Alors elle inventa des échappatoires : elle partait à l’aube, longeait la rue sombre et déserte à pas de loup, les épaules crispées, le ventre noué, puis allait attendre l’ouverture de la médiathèque dans un café où personne ne prêtait attention à elle. Quand elle connut mieux cette ville où elle venait d’emménager, elle fit un grand détour pour éviter la rue aux applaudissements, marcha une bonne heure, ce qui l’obligea de toute manière à partir nettement plus tôt ! Mais un matin, où elle ne s’était pas réveillée, elle fut obligée de reprendre son ancien itinéraire à l’heure habituelle, et là, surprise, aucune fenêtre ne s’ouvrit, aucune exclamation ni aucun applaudissement ne retentirent ! Cependant, elle ressentit une terrible angoisse tout le long de la rue et se demanda si elle oserait le refaire le lendemain.
    Finalement, elle osa et rien ne se passa ! Les jours suivants, elle récidiva et les fenêtres restèrent closes ! Elle aurait dû être soulagée, mais demeurait sur le qui-vive . Le moindre bruit suspect la faisait sursauter et elle en rêvait la nuit.
    C’est un article dans le journal local qui dévoila le pot aux roses. En fait, ce phénomène avait eu lieu en même temps dans d’autres rues de la ville. Et c’était toujours de parfaits inconnus qui se faisaient applaudir ! Eh bien il s’agissait d’une performance imaginée par un artiste de la région, spécialisé dans les spectacles de rue. Les journalistes précisaient que les personnes applaudies seraient invitées très prochainement pour être présentées au public.
    Elle fut tellement soulagée qu’elle oublia d’être en colère et attendit avec impatience l’invitation. Mais celle-ci n’arriva jamais ; l’artiste avait quitté la ville, après avoir été obligé de parcourir le boulevard principal sous les huées des passants et des automobilistes. L’un des « applaudis » n’avait vraiment pas apprécié la performance !…

  9. Avoires dit :

    C’est une inconnue que l’on hue dès qu’on la voit… S’il s’agissait d’une inconnue célèbre, une illustre inconnue comme on disait autrefois, on pourrait l’apparenter à la famille Oxymore, connue, elle, depuis l’Antiquité ! Mais, là Pascal, une inconnue pas célèbre, c’est un Pléonasme, famille tout aussi célèbre, elle aussi que la précédente !
    Donc, je reprends : une inconnue pas célèbre et pas une sommité non plus est huée dès qu’elle s’aventure dans la rue. Ça alors! pourquoi est-elle huée si elle n’est pas commue ? Quand on hue le président de la République, c’est parce-qu’il est connu et je dirai même, célèbre ! De plus, c’est une vraie sommité – plus haut que lui, y’a pas ! Bref, il réunit les conditions pour être hué, n’est-ce pas ? Tandis qu’elle, pauvre inconnue de la rue…Oui, je sais, j’use et abuse d’inutiles détours parce que je n’ai rien à dire sur une inconnue que l’on hue. Juste ceci : et si elle était née de l’union d’Oxymore et de Pléonasme ?( et de mère inconnue, tiens donc.)
    Ah ! Je sais pourquoi elle est huée : parce qu’elle est très belle et que sa beauté dérange les fâcheux. Çà se tient comme explication, non ? Sa rousse chevelure, ses yeux verts et son teint de lait font frémir les envieuses, baver et verdir les jalouses et attirent les lubriques regards des idiots. La beauté de l’inconnue de la rue fait peur, l’inconnu fait peur, on a peur de l’inconnu, c’est bien connu. Et l’on hue.

  10. Odile Zeller dit :

    Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais tout le monde connaît sa tête sur la publicité. Oui oui elle brûle un feu, elle injurie un gentil papa, elle défie la police, dépasse un bus scolaire ! Alors elle est détestée, rejetée, montrée du doigt, sifflée ! Elle ne sort que masquée, coiffée d’un foulard et abritée derrière des solaires noires.
    Demain elle quitte la France, un rôle de gentille sorcière l’attend à Hollywood !

  11. Françoise Maddens dit :

    640/Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais avec son air sûre d’elle, un peu revêche, elle déplaît…
    Je trouve leur attitude un peu excessive car comme nous tous elle met un pied devant l’autre pour avancer et ce sans agressivité… L’autre jour,elle a mis son pied droit dans des excréments de chien, non seulement sa chaussure fut souillée mais sa chaussette aussi. Beaucoup ont ri bruyamment , elle a rougi en haussant les épaules, mais elle a eu le plaisir de voir un bel homme, d’ailleurs, s’approcher et l’aider avec un kleenex, à nettoyer le tout. Et on les vit partir ensemble d’un pas alerte. Je ne pus m’empêcher d’imaginer de vagues hypothèses notamment le début d’une idylle.
    Je hâtai le pas, j’avais quelques courses à faire car dans quelques jours je partirai faire une croisière via Rio de Janeiro.
    Et ce jour arriva. Alors que j’empruntai la passerelle quelle ne fut pas ma surprise de voir l’inconnue accompagnée de l’homme au kleenex mais sans klenex. Bêtement j’en eus les larmes aux yeux mais personne ne m’offrit de quoi les essuyer…..

  12. camomille dit :

    Mais c’est tout simplement une inconnue qui s’aventure dans la Rue Grande.
    Elle a attendu la tombée du jour pour essayer de passer inaperçue.
    Elle relève la capuche de son sweat sur sa tête et allonge le pas.
    « vont-ils me lâcher les baskets aujourd’hui ? » pense-t-elle, inquiète. « faut bien que j’aille me ravitailler au supermarché tout de même ! ».

    – Clac – clac – les persiennes s’ouvrent violemment et des têtes haineuses se penchent en criant :
    – La voilà, la voilà, Hou ! Hou !
    – Elle a volé, a volé, a volé l’orange du marchand,
    – Elle a volé, a volé, a volé l’orange du marchand.

    L’inconnue effrayée se met à courir en leur répondant :
    – Non, ce n’est pas moi… Vous vous trompez,
    – Je n’aime pas les oranges,
    – Vous vous trompez.

    Les têtes haineuses ne veulent rien entendre. Elles continuent de cracher leur médisance en bavant.

    A ce moment là, le marchand d’oranges arrive dans la Rue Grande, radieux en brandissant l’agrume :
    – Je l’ai retrouvée ! Elle avait roulé sous l’étal… Je l’ai retrouvée !

    – Clac – clac – les persiennes se referment violemment et les têtes haineuses dépitées disparaissent à l’intérieur.
    Leur reste plus qu’à trouver très vite une autre cible, quelle qu’elle soit, pourvu que la haine sorte sinon, à quoi bon vivre hein ?

  13. Alain Granger dit :

    Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais une semeuse de zizanie. Lucie Fer a crée sa micro entreprise sous le nom de « Fous la merde ». Sur Tic-Toc et Facebook elle reçoit des milliers de followers et son site internet ne désemplit pas de clients. Elle-même est surprise par son succès. Le nombre de gens qui veulent mettre la zizanie quelque part ou dans la vie de quelqu’un la dépasse. Les syndicats veulent la mettre dans leur entreprise, avec une particularité pour la CGT qui veut la mettre dans le système économique libérale lui-même. Certains politiques veulent la mettre dans les partis adverses tandis que certains d’entres eux veulent l’introduire au sein de leurs propres rangs. Peu de succès par contre chez les Ecologistes car ils la mettent déjà tout seul. Des épouses la sollicitent pour foutre le bordel dans la vie d’une maitresse tandis qu’un mari souhaiterait voir la bourse d’un amant financier exploser. Lucie avait bien ri en lisant sa demande. Devant son succès et un bouche à oreille favorable, les portes de l’Elysée s’ouvrent même pour elle par l’entrée de service. Lucie est rassurée lorsqu’elle voit que Brigitte est aux côtés du président pour la recevoir. Elle aime bien cette professeur de lettre qui à transgresser la loi et les « qu’en dira-t-on » pour se jeter dans l’amour. La petite fille sage aux taches de rousseur qu’elle affichait n’était en fait qu’un petit diable. Lucie avait toujours joué des tours pendables autour d’elle. Déçue par le comportement de son père elle avait trouvé le moyen de pousser sa mère au divorce en mettant en scène une fausse liaison. Son professeur de mathématique lui ayant mis un zéro à son devoir, elle glissa des propositions indécentes à madame la proviseur émanant de l’I. Phone de ce matheux au regard bizarre. Elle était douée pour créer la discorde. Ses copines pariaient avec elle sur une personne et la cible se retrouvait bientôt renvoyée de l’académie de danse laissant le champ libre aux copines vénéneuses. Avec le succès vint l’intérêt de la presse pour elle. Bientôt son visage s’étala dans les journaux. Alors aujourd’hui, impossible de mettre le nez dehors. Lorsqu’elle s’y aventure on lui saute dessus. Certains l’adulent et lui demandent des selfies tandis que d’autres lui crachent à la figure la soupçonnant d’être intervenue dans un malheur qui leur était arrivé ou à l’un des leurs proches. Lucy dut se faire passer pour musulmane afin de porter le niqab et pouvoir ainsi acheter du pain à sa boulangerie de quartier. Elle était parvenue à « foutre la merde » dans sa propre vie, le comble de la réussite. La boucle était bouclée.

  14. Jean Marc Durand dit :

    Dès que cet inconnu, cet oublié, cet écarté s’aventure dans la rue, une multitude de personnes se penche aux fenêtres pour le huer ou l’applaudir. Ce n’est pourtant pas une célébrité ni une sommité mais aujourd’hui, la presse a parlé de lui.

    Lui, il s’en fout de tout ce bazar. Il ne comprend pas bien pourquoi tout ce chahut du matin.

    Le petit homme envoie des baisers à ceux qui l’applaudissent et des doigts d’honneur à ceux qui le huent. Mais il continue son chemin vers son but. De l’herbe pour ses lapins, Jeannot, Pierrot, Myxomatose, le plus faiblard et Casanova, le plus chaud. Il sait, au bout du village sur quel talus dégoter le meilleur bouquet d’herbes savoureuses pour ses compagnons, ceux qu’il nourrit depuis longtemps mais qu’il ne mange pas. En attendant, il balance des grands signes à tout un chacun, ceux qu’il connaît de vue et ceux qui n’ont jamais croisé son chemin. Il salue tout le monde, à sa manière, car il n’a jamais été rancunier des choses de la vie.

    Il se dépêche sur le trottoir se rappelant, ensuite son rendez- vous avec le maire.

    Celui-ci veut lui parler de ses nouveaux amis et de tous les envieux ??

    « Brindezingue », c’est son nom officiellement officieux, est l’idiot du village. Et pour la seule et la première fois qu’il a acheté un ticket au bar de l’église, Brindezingue, merde alors, le con, il n’imagine pas encore toutes les possibilités de talus pour ses lapins. Il ne bave pas plus que d’ordinaire.

    Pourtant, il a bien décroché le super loto européen.

  15. mijoroy dit :

    Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais depuis qu’elle a impulsé le concept de colocation « immoriginal », qui vise la diversité hors…du commun des mortels, c’est un défilé de gens bizarres dans ce manoir du bout de la rue Fleurs du Mal. Pas de loyers mais juste une entraide et un respect des régimes alimentaires des uns et des autres.
    ─ Nous aurions dû nous méfier, d’une inconnue qui fait les soldes dans une boutique funéraire pour choisir un cercueil et qui opte finalement pour une urne mortuaire. Bougonna la vieille Rozenn, assise sur le banc près des hortensias. Chaque matin c’est un rituel, elle vient regarder la mer et ruminer sur l’inconnue avec Mam’Goulvenez.
    ─ Avant les gens de passages pour la saison venait dans notre auberge « Les bigoudènes » savourer nos galettes saucisses mais depuis son arrivée, elle nous rafle tous les clients.
    ─ Paraît même que l’Ankou y loge. Chuchote Rozenn.
    ─ J’ai ouïe dire que ça mange des steaks végétaux, des graines, du tofu et se font appeler Vegan, Végétaliens et même Flexitariens.
    ─ Tu ne m’ôteras pas de l’idée qu’il y a anguille sous roche. Le peti’t gars qui vient traire les vaches de Mam’ Gwen raconte qu’il y a un type tout de noir vêtu avec des crocs pour dentier, et qu’il a dans le frigo des poches de sang.
    ─ Dis-donc elle ne fabriquerait pas du boudin en douce ? Faut réagir, sinon elle va nous manger la laine sur l’dos.
    ─ T’as raison Rozenn, on va monter un comité de lutte contre celle qui nous enlève le beurre du pain.

  16. iris79 dit :

    Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais…

    tous ont entendu dire qu’elle apporte le mal avec elle alors aucun ne lui laisse de répit. Dès qu’elle apparaît, tous la conspue. De jour comme de nuit. Bien qu’elle essaya de rester indifférente pour les décourager, elle avait essayé de ne sortir qu’aux heures les plus sombres, une tactique pour se protéger. En vain. N’y tenant plus, elle décide de quitter cet endroit La plupart ne la connaisse même pas. Ils ont juste repéré sa silhouette qu’elle essaie de cacher derrière de longs manteaux et de chapeaux élégants. Elle ne sait pourquoi l’opprobre s’est ainsi déversée sur elle. Elle en frissonne dès qu’elle sort.
    En pleine nuit un soir de semaine, elle jette ses affaires à l’arrière de la voiture pour fuir ce village qui encense comme il condamne. Elle faisait juste partie de ceux que l’on n’aime pas ici sans qu’elle ait su pourquoi.
    Elle traverse le pays et jette son dévolu sur une ville bruyante et dense où tout le monde s’agite en tout sens. Elle se dit qu’ici au moins, trop affairés ils ne la remarqueront pas.

    Mais c’est l’inverse qui se produit. Tous les passants sont troublés par le regard unique qu’ils croisent, ils se retournent sur elle et se sentent hypnotisés par cette femme au sourire triste. Ils la remarquent et bientôt cherchent à la retrouver. Certains vont même jusqu’à placarder des annonces pour l’identifier. Tous disent qu’elle a peut-être besoin d’aide et qu’ils pourraient venir à son secours.
    Un soir de fête, alors que tous danse dans la rue sous les lampions, elle s’approche d’un pas feutré, l’allure légère, elle se tient droite, derrière le micro sur la scène au centre de la place. Tous se sont tus. Seuls les oiseaux continuent gaiement leur pépiements sous le regard médusé des badauds.
    Un son clair les enveloppe tous aussitôt. Son chant incroyable s’élève et les embarque. Sa voix, son timbre sont d’une clarté sidérante. Des larmes coulent sur les joues des personnes bouleversées par tant de beauté. Elle les subjuguent et les emportent sur d’autres rives inconnues. Tout se fige avant que le silence ne revienne. Elle fend la foule après avoir salué tous ces gens qui ne savent quoi faire. L’applaudir, la retenir…

    On ne la revit jamais.
    Des légendes se mirent à courir. Elle serait allée habiter seule dans des terres reculées et qui tendrait l’oreille à la nuit tombée entendrait son chant, présage de bonheur, pendant que les premiers, ceux qui l’avaient chassée, pensaient avoir réussi à éradiquer le mal, prisonniers de leur petit pouvoir suffisant qui faisait régner la peur et les ténèbres sur leur petite cité.

  17. FANNY DUMOND dit :

    Dès que cette inconnue s’aventurait dans la rue, une multitude de personnes se penchaient aux fenêtres pour la huer. Ce n’était pourtant pas une célébrité, ni une sommité.

    Bien que personne ne savait qui elle était ni d’où elle venait, la plupart des habitants du quartier savaient que c’était elle le corbeau qui leur envoyait des lettres anonymes. Qui n’avait pas reçu ses menaces, avec des lettres découpées dans des magazines féminins, les accusant tour à tour d’adultère, d’escroqueries, de délation, d’empoisonnement des chats, voire d’anciens meurtres. En outre, il n’y avait qu’à voir sa dégaine de midinette, alors qu’elle faisait la soixante bien tassée. Le bruit courait qu’elle était une ancienne arpenteuse de trottoirs et qu’elle racolait des petits jeunes qui la suivaient dans son boudoir.

    Quand les habitants ne la virent plus, ils supposèrent que, n’en pouvant plus, elle avait pris de longues vacances, peut-être déménagé, voire qu’elle était morte et qu’on retrouverait son squelette au bout de six mois dans sa maison. Mais, à l’étonnement général, le corbeau poursuivait sa funeste mission.

    C’est alors que tout ce beau monde se barricada chacun chez soi et qu’on ne vit plus personne dans la rue.

  18. Nouchka dit :

    « Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais… »

    …Revenons au début de cette histoire.
    Dans cette ville de montagne, l’agriculture et le petit commerce nourrissent la population.
    Un jour, un vélo remorquant une charrette parcourt les rues. Des couinements stridents avertissent du passage d’un vagabond. Il hèle la population de bruits de bouche bizarres. Chacun cesse de maugréer contre le vacarme, réalisant que, la charrette est l’atelier ambulant d’un affuteur de pièces métalliques. Néanmoins, comme souvent, en semblable circonstance, les habitants se méfient de cet étranger aux scarifications multiples et à la langue incompréhensible. Et puis, ce vacarme horrible, ses cris et crissements sont très angoissants.
    Les mois passant, le rémouleur a trouvé où positionner la charrette, à l’angle de deux rues. Là, des fermiers viennent lui soumettre quelques outils émoussés qu’il travaille sur la meule en activant la planchette qui sert de pédale.
    Les clients ne sont pas légion mais les services rendus trouvent au fil du temps une clientèle de bouchers, restaurateurs, coiffeurs et autres utilisateurs de lames.
    Puis un jour, la ville apprend que sa situation à la frontière d’un pays devenu belliqueux présente des risques. Cette situation est nouvelle. Jusque-là, les habitants des deux côtés de la frontière, vivaient en cousins éloignés par une langue différente mais échangeaient travail, marchandises, lieux de villégiature et autres richesses.

    Or, un beau jour d’hiver, les autorités de la ville demandent aux citoyens de partir. « Partez vivre chez des parents ou amis à distance d’ici ». Personne ne souhaite abandonner ses biens et chacun imagine comment répondre à ce risque d’intrusion étrangère. Pour ce faire, les chasseurs nettoient leurs fusils, les paysans regroupent les fourches, serpe, faucille, sécateur, gousotte et autre machette et chacun imagine de transformer en arme blanche leurs ustensiles familiers. Tout est répertorié : lames de rasoir, outils de couture, couteaux, canifs, ciseaux, tout ce qui pique ou qui tranche est regroupé.
    Le rémouleur qui, depuis quelque mois a acquis une meule électrique embarquée dans une fourgonnette d’occasion, se trouve tout à coup face à une multitude de clients impatients de lui soumettre les outils regroupés. Vraiment plus personne ne se risque à le huer.
    Face à cette nouvelle donne, le maire demande instamment au colporteur de se sédentariser dans Sa ville et de consacrer toute son activité à ses ouailles. Il propose même de trouver un local où l’aiguiseur pourra travailler plus longtemps avec électricité, eau, étagères et râteliers propres à stocker les outils en attente d’être aiguisés…

    Seuls les enfants trouvent à redire à l’évolution du Yéniche. En effet, de la roue ils ne voient plus pleuvoir mille étincelles d’or comme ils aimaient les admirer puis fondre au sol après s’être élever en gerbes troublantes de grâce et de feu.

  19. Nadine de Bernardy dit :

    Dès que cette inconnue s’aventure dans un rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité ou une sommité.
    On n’avait encore jamais vu cela, 35 degrés dès onze heures du matin. La Canicule s’engouffrait dans la rue, desséchant la verdure , faisant fondre le bitume sous les lazzis des riverains.
    Elle prenait son temps, ondulant avec insolence sous les fenêtres. Les volets s’entrouvraient :
    – Retourne chez toi, on ne te veut pas ici
    – On meurt de chaud, ce n’est pas vivable
    – Tous mes géraniums sont cuits, tu n’as pas honte ?
    – Ca ne va pas bientôt finir cette température de fou ?
    Chacun y allait de sa plainte pour le plus grand bonheur de la vague de chaleur se sentant enfin quelqu’un.Il lui fallait en profiter au maximum.Elle savait n’avoir que quelques semaines pour jouir de la situation.
    A la fin de l’été elle devrait repartir dans son grand désert natal aride où elle serait à nouveau seule au milieu de l’espace immense et silencieux.

  20. 🐻 Luron'Ours dit :

    LE MUR DU SON
    A marché, a marché, a beaucoup marché !
    A hué, a hué, a beaucoup hué ! J’aurais aimé faire un mixte entre le Ramuz de l’histoire du soldat et le Baudelaire des scènes parisiennes, témoin et acteur, quand il avait cassé l’attiraille d’un pauvre vitrier. C’était un petit métier d’autrefois parmi ceux qui chantaient leur complainte comme les marchands de peau de lapin, journaliers qui louaient leur service, porteurs d’eau, ramoneur, chanteur, rémouleurs, crieurs de journaux, cartomanciens. On n’en veut plus de ces mendiants- là qui parfois était nos parents à la faveur du déduit, pas plus que des cartes de rationnement et des asticots qui étaient de la viande sans ticket. Juste défiler encadrés, aux ides de mars et être filmés ! Bonnes gens, fermez vos fenêtres ! Rester devant vos étranges lucarnes y voir encore le grouillement de vie industrieuse quand tire-laines et argousins se faufilaient parmi le populo au son d’un orgue de barbarie…
    🐻 Luron’Ours

  21. Antonio dit :

    Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, pas même une prostituée ou une sdf qui affiche son indécence ou sa misère sur le trottoir, non ! C’est juste une « vieille peau », avec un « double menton », carrément « laide et bestiale », lit-on dans les yeux pleins de colère et d’indignation des manifestants aux balcons.

    « C’est honteux ! » s’insurge une maîtresse d’école, encore en peignoir, ce samedi matin.

    « Quelle aberration ! » s’étouffe un père, la bouche encore pleine de croissant.

    « Retourne d’où tu viens, euphémiste ! » l’agresse une grand-mère en bigoudis.

    « On ne veut pas de ta réforme ! » clame un étudiant, ulcéré.

    « On veut que Dahl ! » lâche une libraire, sur son pas de porte, brandissant un livre à la main, comme pour lui taper dessus.

    La vieille peau déguisée en vieille corneille un peu bête, a été obligée, sous la pression populaire, de retirer son vocabulaire tout neuf, faisant ressortir son vieux menton et toutes les grossièretés géniales de son pantalon, sous les applaudissements des gens aux fenêtres, savourant leur victoire.

    Tous referment les battants de couverture de leurs livres, prisonniers de la censure, et où les vieilles peaux et leurs gros mots doivent conserver le droit de circuler librement dans la rue de la création.

  22. Grumpy dit :

    Les uns après les autres, puis tous en chœur, les chiens de la rue se mettent à aboyer. C’est qu’eux ils n’ont pas seulement de la voix, ils ont aussi un sacré pif, et quand ils jouent des deux ensemble, ça fait un tel raffut que tous se précipitent aux fenêtres.

    Ils l’ont sentie venir de loin, son apparition les excite plus encore, tous crocs dehors maintenant qu’elle approche, ils se lèchent les babines à en baver.

    Et descendant des fenêtres, des balcons, on entend :

    « C’est encore elle ! La revoilà …. gonflée de revenir, elle ne manque pas d’air
    celle-là, un jour on va descendre, elle aura ce qu’elle cherche »

    Ce serait la saison qu’ils lui jetteraient des tomates ou pire ….

    Les harpies féminines sont folles de rage jalouse, les hommes sifflent, elle est comme elle est mais ils se la feraient bien quand même, hein ?

    Oui, ça c’est sûr. Même si elle est maigre à faire peur, une vraie naufragée.

    Mais les chiens, ça, ils s’en foutent, tout ce qu’ils voient d’elle c’est un sac d’os d’un mètre soixante et onze qui leur fait bien envie.

  23. Laurence Noyer dit :

    LA RUE – la dénigre et la brime – MEURT
    LA RUE – l’agresse et la bouscule – MEURT
    LA RUE – la vampirise et l’étouffe – MEURT
    LA RUE – la calomnie et l’écrase – MEURT
    LA RUE – la rackette et l’insulte – MEURT
    LA RUE – la menace et l’isole – MEURT
    LA RUE – l’accuse et la souille – MEURT
    LA RUE – la raille et la raye – MEURT
    LA RUE ———————– MEURT

  24. Natacha Bidaud dit :

    Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais elle est très élégante, elle attire le regard. Elle est assez populaire dans cette rue qu’elle prend fréquemment. Toujours habillée sur son 31 comme diraient certains, les femmes la regardent pour s’inspirer de son style et les hommes pour admirer sa classe et son joli minois, mais voilà aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres.

    Un peu plus tôt dans la matinée, après sa douche, Clara trouva sa salle de bain sens dessus dessous. Le petit chaton qu’elle garde a fait tomber les rouleaux de papier toilette, ce qui se trouvait sur l’étagère et a joué avec les shampoings et gels douche qui étaient positionnés sur le rebord de la baignoire, bref ce petit chat surnommé « mimi » est une vraie tornade ! Lorsqu’elle s’est habillée, un bout de papier toilette s’est malencontreusement attaché à la ceinture de son tailleur et même si Mimi a essayé, de lui dérober plusieurs fois avant qu’elle ne parte au travail, rien n’y a fait.

    La voilà donc dans cette rue, avec cette prestance et ce charme qui la caractérisent, et cette petite queue derrière qui s’envole au gré du vent comme pour les cerfs-volants et ces gens qu’elle entend huer sans comprendre ce qui se passe.

    Elle pense soudain : « le monde ne tourne vraiment pas rond ! ».

  25. Françoise - Gare du Nord dit :

    Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais une valeur respectable pourtant…

    Mais qui fut haïe, détestée pour avoir gâché les soirées de millions de collégiens, pourri les après-midi de tout autant de lycéens, à la chercher sans ne jamais la trouver.

    Combien de migraines, de cheveux arrachés, de punitions, de sanctions, de zéros commis en son nom

    Son nom : x. Sans aucune identité remarquable, condamnée à l’anonymat

    Excédée de subir seule le mépris et les huées, elle décide de s’adjoindre une acolyte que l’on nommera y

    Pour convaincre celle-ci de la rejoindre, elle lui tient ces propos, paraphrasant le chanteur Pierre Perret :

    « Viens ma petite sœur
    En s’unissant, on a moins peur
    Des cancres qui hantent les professeurs » (1) .

    Une inconnue dans une équation du 1er degré .

    Chanson « Lily » Paroles et musique de Pierre Perret
    Emprunt sans l’autorisation de l’auteur

  26. sylvianne perrat dit :

    Dès que cette inconnue s’aventure dans une rue, une multitude de personnes se penchent aux fenêtres pour la huer. Ce n’est pourtant pas une célébrité, ni une sommité, mais une simple passante apparemment. A son passage, elle déclenche une vague de colère. Personne ne la supporte. Elle est haïe. Dès qu’elle pointe le bout de son nez au carrefour, elle déclenche des cris, des insultes. Elle se sent seule. Elle ne peut rien n’y faire. Elle a tout fait pour se débarrasser de ce pouvoir maléfique. Blanche, est née comme ça. Elle a tenté le démagnétisme, le chamanisme, le désenvoutement .
    Pour supporter ces torrents de haine, elle pratique la cohérence cardiaque. Elle respire. Elle ne peut trouver ni studio, ni boulot, ni mec. Elle est bannie.
    Blanche, dès sa naissance a eu le pouvoir de couper les ondes. La tête à peine sortie du ventre de sa mère, l’hopital entier était déconnecté. Aucune onde transmise !
    Ce fut un scandale.
    Sa mère super écologiste l’appela Blanche comme zone blanche. Elle fut fière de sa fille.
    Quand elle passe dans une rue, plus de wifi, plus de radio, plus de Linky, plus de portable et tous ces appareils connectés ! Et tout le monde la hue !

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